Chapitre 10: If a Body Kiss A Body

Une foule d'elfes mena les champions vers la grande salle ovale des Galadhrim. Là, les cinq archers s'inclinèrent devant le Seigneur et la Dame dans le hall vert et argent. Haldir et Eledhel se mirent à souhaiter qu'ils ne laisseraient pas de traces humides sur le sol.

« — Nous louons, seigneurs et dames, et nous félicitons avant tout la dextérité dont vous avez fait preuve aujourd'hui. Que les noms du prince Legolas, du premier maréchal Eledhel, de Dame Miredhel, du capitaine Haldir, de Belegil et de Farothin restent à jamais ancrés dans nos mémoires. », déclara le Seigneur Celeborn pour les accueillir.

De nombreux elfes avaient rejoint l'assemblée et applaudirent légèrement. La grande salle avait apaisé tout le monde, et la jubilation qui avait marqué le concours s'estompa pour laisser place à la révérence.

Dès que Dame Miredhel eut rejoint les autres, elle se sentit insignifiante au milieu de l'immensité de la salle et devant la grandeur du Seigneur et de la Dame. Elle regarda ses compagnons. Ils étaient de vrais guerriers. Aujourd'hui, elle n'avait jamais aussi bien tiré de toute sa vie, mais elle se sentait indigne d'être ici, avec eux. À de nombreuses reprises, elle avait vu Eledhel ou ses amis recevoir des éloges devant la cour. Ils avaient lutté contre les ennemis des Galadhrim et ils méritaient l'attention du Seigneur et de la Dame, mais pas elle, pas maintenant. Elle jeta un regard fugace au prince. Il avait l'air si majestueux. Elle l'avait trouvé fier, arrogant même. Maintenant, elle le voyait tel qu'il l'était, le fils du roi Thranduil, l'espoir de la race elfique parmi les Neuf Compagnons. S'il était fier, n'avait-il pas le droit de l'être? Elle détourna son regard et fit face à Dame Galadriel. La Dame semblait savoir ce qu'elle pensait, et Miredhel trouva du réconfort dans ses yeux exprimant la sympathie.

« — Seigneurs et dames, nous sommes ici pour honorer notre champion du tournoi, le Prince Legolas d'Eryn Lasgalen. Il a su gagner vos cœurs grâce à sa précision et son agilité sur le terrain. Laissons-le à présent réclamer un prix différent, digne d'un tel archer. Prince Legolas, approchez. »

Legolas s'approcha des trônes. Il s'agenouilla, tout en disant :

« — C'est un honneur, ma dame.

— Il me semble que vous ayez déjà un arc mais j'ai longtemps attendu un archer assez bon pour mériter ce carquois et ces flèches. Ils ne sont pas à utiliser à la légère car ils ont été enchantés il y a longtemps de cela, pendant les jours de Gondolin, pour percer l'armure la plus forte et même venir à bout du plus terrible des adversaires. », affirma-t-elle, ses yeux emplis de joie.

Legolas s'inclina et reçut son cadeau avec un effroi mêlé de fascination. Des gravures et des runes argentées ornaient le carquois et décoraient même la tige et les pointes des flèches.

Alors qu'il la regardait pour la remercier, le prince entendit une voix lui parler dans son esprit :

« — Utilisez-les à bon escient ! De nombreux périls sont encore à venir. »

Le prince se sentit confus. La dame avait sûrement eu des prémonitions. Bientôt, il quitterait la Lothlórien et ses frontières. Le danger persistait dans ce monde, et il devrait rester sur ses gardes s'il voulait protéger ses nouveaux partisans. Il se tourna vers le reste de la salle et reçut saluts et acclamations.

« — Nobles elfes de Galadhon, joignez-vous à nous ce soir pour fêter la victoire de nos champions lors d'un festin digne de ces derniers jours. », interpella Celeborn

Sur ce, la foule et les champions partirent. Eledhel et Haldir se hâtèrent d'aller revêtir des vêtements secs. Legolas chercha Dame Limaer afin qu'il puisse lui rendre son ruban et Miredhel se retrouva seule.

Elle observa le prince au loin et la façon dont Limaer rougit à son apparition, tout en secouant ses cheveux et en battant des cils. Le prince ne semblait pas émettre d'objections face à ses avances et alla même jusqu'à offrir son bras pour l'escorter hors de la salle.

« — Ils sont parfaits l'un pour l'autre-si égocentriques que si l'un est absent, l'autre ne le saura jamais. », souffla-t-elle, même si elle était réellement un peu agacée par le fait que Limaer essayerait de se jeter dans les bras du Prince Legolas.

« Il lui est bien supérieur », pensa-t-elle. Miredhel, tellement préoccupée par ses pensées, n'avait pas remarqué que Dame Galadriel l'avait rejointe.

« — Miredhel, vous avez été remarquable aujourd'hui.», dit cette dernière.

Miredhel s'immobilisa, étonnée par l'attention soudaine que lui portait la Dame. Elle se sentait plus qu'inférieure en présence de Galadriel.

« — Merci, ma dame. Je me suis moi-même surprise.

— Mais moi, vous ne m'avez pas surprise, car j'avais entendu parler de votre dextérité à l'arc et je m'étais demandée pour quelles raisons vous ne rejoigniez pas vos amis dans la Garde Forestière. »

Miredhel soupira.

« — Cela n'a jamais été par paresse, mais plutôt par désir de plaire à mon frère.

— Et maintenant, il semble que votre destin soit de le suivre en Ithilien ? », demanda Galadriel.

Miredhel hocha la tête misérablement. Comment la Dame savait toutes ces choses ?

« — N'ayez crainte, fille de Bragoglin. Vous trouverez votre courage et beaucoup plus sur les routes vers l'Ithilien. »

Les yeux de la Dame s'assombrirent.

« — Votre arc aura d'autres occasions de chanter. Puis-je le voir ? »

Miredhel remit doucement l'arc à Dame Galadriel.

« — Ce n'est pas un arc ordinaire. » poursuivit la Dame, « Mais je pense que vous le saviez, Miredhel.

— Pouvez-vous me dire quelques mots sur son passé ?, questionna Miredhel.

— Je me souviens avoir vu cette arme dans les mains d'une autre, il y a fort longtemps. »

Elle ferma les yeux.

« — Son passé n'a pas autant d'importance que son avenir entre vos mains.

— J'aimerais tout de même savoir, insista Miredhel.

— Cet arc fut confectionné à Gondolin, il y a fort longtemps, articula Galadriel, et l'éclat dans ses yeux devint lointain. Il fut fabriqué pour la fille du roi, Idril Celebrindal pour la protéger durant les derniers jours de son peuple. »

Miredhel regarda l'arc avec émerveillement, comme si elle le voyait pour la première fois.

« — Comment est-il arrivé jusque chez moi ?

— Je ne connais pas toutes les réponses, jeune elleth, dit-elle calmement. Utilisez-le à bon escient pour protéger ceux que vous aimez. Ses flèches ne sont pas susceptibles de s'égarer. »

Dame Galadriel remit l'arc à Miredhel puis elle se tourna vers son Seigneur Celeborn. Miredhel se sentit exaltée. Elle ne pouvait pas attendre pour annoncer la nouvelle à son frère. Il ne se moquerait plus jamais de la vieille histoire ! Elle se précipita vers son logis, souhaitant lui parler.

Pendant ce temps, Legolas tentait en vain de se détacher de Dame Limaer. Au début, il aimait ses attentions. Il était un homme après tout. A présent, elle l'avait suivi tout le long du chemin du retour, parlant dans un flot continu de ceci et de cela, et il souhaitait cruellement avoir la paix. Elle était assez belle et elle aurait pu devenir une conquête intéressante, si seulement elle s'arrêtait pour respirer un peu de temps en temps. Normalement, Legolas aurait trouvé d'autres moyens de la réduire au silence, mais le voyage à prévoir et l'Ithilien occupaient son esprit. Décidément, il se sentait perturbé par les paroles de Dame Galadriel.

« — Dame Limaer, l'interrompit-il. Je vous remercie pour votre gentillesse. Je dois m'en aller à présent ... pour me préparer pour ce soir. Je présume que vous y serez ? »

Elle hocha la tête avec enthousiasme et ouvrit la bouche pour parler, mais Legolas la coupa dans son élan.

« — D'ici là, portez-vous bien. », fit-il en s'inclinant avant de regagner rapidement sa chambre.

Avant la Guerre de l'Anneau, il l'aurait probablement ramenée dans sa chambre sans arrière-pensée, mais tout avait changé.

« Ou peut-être ai-je changé. », pensa-t-il misérablement.

Legolas espéra fugacement la présence de Gimli, ou encore de ses sœurs. Elles pouvaient toujours alléger ses soucis ou du moins le faire rire. Il les reverrait bientôt. Il se promit en silence d'oublier ses soucis assez longtemps pour profiter du dîner de ce soir. En outre, il devait encore réclamer son pari avec Dame Miredhel. Legolas sourit. Le dîner de ce soir s'avérerait plus intéressant. Il n'était pas vraiment sûr de ce qu'il devait faire avec Miredhel, contrairement à Dame Limaer qui était un livre ouvert. Elle était de toute évidence intéressée. Miredhel, d'autre part, s'avérait être un plus grand défi. Elle intriguait le prince. La plupart du temps, évidemment, elle le méprisait, mais peut-être qu'il pourrait la persuader de penser différemment ... Legolas dut se rappeler qu'il s'agissait de la sœur d'Eledhel, et peu importe ce qu'il voulait faire, l'honneur devait dicter ses actions.

L'heure du banquet approcha, et le prince chemina vers la salle. Il pensait à sa première nuit dans la cité, lorsqu'il avait dû s'asseoir avec le Seigneur Gilgafier et parler des runes toute la nuit. Il avait alors quitté la table pour prendre un bol d'air frais et avait parlé avec Miredhel pour la première fois. Ensuite, ils avaient fini par se disputer. Sinon, lorsqu'il la retrouverait seule sur le balcon ce soir, il engagerait une conversation bien plus agréable. Il ne lui donnerait aucune raison de trouver à redire quoique ce soit, et alors il s'acquitterait d'obtenir la récompense de son pari. Legolas sourit malicieusement et pénétra dans la salle de banquet.

« — Bonsoir, mon seigneur, le salua Eledhel.

— Cette soirée vous retrouve en bien meilleure condition que cet après-midi, Eledhel, fit Legolas puis il lui serra la main.

— Vous savez que j'aurais pu gagner, si je n'étais pas tombé dans la Nimrodel, affirma Eledhel.

— Peut-être, convint Legolas. Quand nous atteindrons l'Ithilien, nous aurons une revanche dont le Gondor et la forêt entière entendront parler.

— Eh bien, nous avons au moins gagné le pari contre ma soeur. Je me réjouis de cette victoire-là. Ma joie était à son comble en sachant qu'elle nous rejoindrait, déclara Eledhel.

— Où est-elle ?, demanda innocemment Legolas.

— S'agitant à propos de ses cheveux ou de sa robe, je suis certain. », affirma Eledhel

Il regarda alors curieusement Legolas.

« — Vous savez, d'habitude, elle ne se soucie pas de ce genre de choses, mais ce soir ...»

Il s'interrompit.

« — Pourquoi cela vous intéresse-t-il ? Et quel est ce pari secret que vous avez fait avec elle ?, demanda-t-il.

— C'est elle qui ne voulait pas vous parler des termes de ce pari, souligna Legolas.

— J'exige que vous m'en parliez, appuya-t-il en fronçant des sourcils. En tant que frère et tuteur, j'ai le droit de savoir. Quelles sont vos intentions ?

— Des plus honorables. », lui assura Legolas.

Les yeux de Eledhel s'obscurcirent alors qu'il prévenait le prince,

« — Sur notre amitié, soyez vigilant lorsque ma sœur est concernée. »

Il prit une profonde inspiration, et ses yeux s'éclairèrent.

« — Au moins, n'ai-je pas trop entendu d'histoires affreuses sur vos poursuites amoureuses. Belegil, quant à lui …

— Ne soyez pas jaloux, Eledhel, plaisanta Belegil, espérant alléger l'atmosphère. Peut-être que les jeunes elfes de Forêt Noire vous porteront plus d'attention. »

La plaisanterie aurait continué indéfiniment si deux raisons ne l'avaient pas stoppé: la première étant que le dîner était servi, et la dernière, l'apparition soudaine de Miredhel. La compagnie elfique se rassembla autour de la table, et Legolas était heureux de se trouver en présence de camarades plus sociables que le très terne Seigneur Gilgafier. Les événements du concours de tir à l'arc dominèrent la conversation au dîner, et toutes les personnes présentes élaborèrent de belles théories sur les raisons pour lesquelles il ou elle n'avait pas gagné la compétition. Legolas mangea silencieusement. Il pouvait difficilement se joindre à la discussion étant donné qu'il avait, après tout, remporté le tournoi. Au lieu de cela, il riva ses yeux sur Dame Miredhel qui était assise sur la table à côté de son frère. Il remarqua qu'elle évitait soigneusement de croiser son regard. Elle était une vision, belle et éphémère.

« Si seulement elle ne détestait pas le fait de me voir. », pensa Legolas, amer.

Eledhel remarqua le silence consterné de son ami.

« — Pourquoi un tel silence, mon Prince ?

— Vraiment, Eledhel, dit Legolas, levant les yeux de son assiette. S'il vous plaît, laissez de côté le titre.

— J'essaierai, mais je me sens intimidé par votre ornement, là. », le taquina Eledhel, tout en pointant du doigt la couronne d'argent que le prince portait à présent.

Miredhel porta son attention vers le prince, attendant sa réaction. Legolas n'apprécia pas du tout que Eledhel attire l'attention sur sa couronne.

« — C'est à la fois un honneur et un fardeau, un rappel constant de mon devoir et des gens que je dois servir, dit-il prudemment et il enleva la couronne de sa tête, la faisant tourner dans ses mains. Une si petite chose, et pourtant elle pèse si lourdement entre mes mains et dans mon esprit. »

Il remit la couronne à Miredhel. Elle la prit à contrecœur.

« — C'est si léger, Prince Legolas, dit-elle et rapidement, elle la passa à Eledhel.

— En effet, mais seulement pour ceux qui n'ont pas à la porter. », déclara Legolas.

Eledhel plaça la couronne entre ses mains. Il avait marqué un point.

« — Vous avez des amis qui pourront vous aider, Legolas, promit Eledhel.

— Et vous de même ! »

Les yeux de Legolas brillèrent.

« — Je n'en attendais pas moins de vous, mon ami. »

Il tourna son attention vers Miredhel.

« — Votre performance lors du tournoi, aujourd'hui, était remarquable, ma dame.

— Pas assez impressionnante, mon seigneur. Je n'étais pas en mesure de vous battre.

— J'entends plus de gens parler de vous, que du véritable vainqueur de la course, hasarda Legolas.

— Cela vous importune-t-il ?, questionna-t-elle avec malice.

— Bien sûr que non ! »

Legolas se mit à rire.

« — J'ai sérieusement envisagé de fausser la course, juste pour éviter l'attention. »

Elle le regarda curieusement. Cette déclaration était bien peu conforme à l'idée qu'elle s'était faite de lui.

« — Pourquoi ne m'avez-vous pas laissé gagner alors ? »

Il la regarda avec une lueur sournoise dans les yeux.

« — Vous savez bien pourquoi … »

Miredhel ne trouvait rien à répondre à cela, et à la place elle lutta désespérément pour ne pas rougir sous son regard, énervante créature. Elle souhaitait que ce calvaire prenne fin.

Se levant de son siège, elle pria ses amis de l'excuser. S'il voulait réclamer son dû, alors qu'il vienne la retrouver. Elle quitta la salle de banquet et descendit en bas des escaliers au niveau de la forêt.

L'air du soir était frais, et les étoiles étaient basses et lumineuses au-dessus des arbres. l'Ithilien aurait-elle au moins la moitié de cette beauté ? Elle emprunta le chemin de la cité qui descendait à travers la forêt, submergée par les souvenirs, à la fois doux et amers, que chaque vision familière lui procurait. C'était sa maison, la terre pour laquelle son père avait versé son sang pour la protéger. Elle aurait fait la même chose si nécessaire. La joie de chaque moment était liée à ces bois. Comment pouvait-elle trouver le bonheur ailleurs? Des larmes lui montèrent aux yeux, et elle se traîna vers son jardin favori. Seul cet endroit pouvait la réconforter.

Legolas avait pris congé peu de temps après le départ de Dame Miredhel. Il soupçonnait qu'elle préférât errer sur les chemins forestiers plutôt que de retourner chez elle. Son intuition elfique le trompait rarement, et il espérait qu'elle l'attendait dans le jardin. Le doux clair de lune illuminait les statues, et les murs de jardin recouverts de fleurs blanches dont la forme rappelait les étoiles semblaient tissés à partir des cieux.

Dame Miredhel entendit le prince approcher, et avant qu'il n'entre dans le jardin, elle se hâta d'essuyer toute trace de larmes dans ses yeux.

« — Qu'avez-vous, Dame Miredhel ?, demanda-t-il avec douceur, traversant le jardin pour être près d'elle. Si c'est au sujet de notre pari, considérez-le comme annulé.

— Non, mon prince, répondit-elle en calmant sa voix. Je vous ai promis d'accepter gracieusement les termes de notre pari. »

Elle se leva et tendit la main vers lui. Il serra sa main entre les siennes, sentant la demoiselle frémir à son contact. Cela n'allait pas.

« — Vous n'êtes pas bien, remarqua-t-il. Vous désirez évidemment que je m'en aille. Je vais vous laisser à présent. »

Legolas lâcha avec regret sa main. Il était dans un jardin extrêmement romantique, et un soir comme celui-ci il ne pouvait même pas obtenir un baiser promis de cette jeune fille. Quel était son problème ? Aucun, décida-t-il. C'était juste Miredhel, cette jeune elfe si particulière. Malheureusement, alors qu'il l'examinait, il réalisa que c'était elle qu'il désirait. Il se détourna pour partir.

Miredhel se sentit idiote. Elle ne voulait pas que cet elfe pense qu'elle était incapable de mener à bien son propre pari stupide. Alors qu'il se tournait, elle attrapa sa main. L'attirant vers elle, elle enroula son autre bras autour de son cou, étrangement captivée par la douce chaleur de ses cheveux contre sa peau. Sa respiration se bloqua dans sa gorge, et avant qu'elle ne puisse s'en dissuader, elle ferma les yeux et l'embrassa. Surpris, il hésita puis entoura de ses bras sa taille et son dos. Tout le jardin parut ralentir jusqu'à l'arrêt complet, les étoiles, la brise du vent, les fleurs -comme si une chape de silence s'était soudainement déployée - et à ce moment, il n'y avait que Legolas et Miredhel. À contrecœur il se détacha d'elle, lui caressant tendrement le visage de la main.

Elle entrouvrit les yeux. Depuis combien de temps un elfe l'avait-il embrassée ainsi ?

« Trop longtemps. », pensa-t-elle.

Une partie de son être espérait qu'il l'embrasse encore, et l'autre moitié, plus raisonnable, lui disait de partir maintenant et de préserver sa dignité. Elle fixa ses yeux, lumineux et bleus, seulement à quelques centimètres des siens, car il se tenait toujours près d'elle.

Legolas l'attira pour l'embrasser à nouveau. Au début, elle s'y soumit totalement, dégustant ses lèvres et frémissant dans ses bras, mais finit par résister et s'écarter de lui.

« — Je dois y aller, dit-elle, souhaitant que le jardin cessât de tourner.

— Miredhel, si je vous ai offensé ... , commença Legolas.

— Non, mais notre pari n'était, après tout, que pour un seul baiser, lui rappela-t-elle.

— Tout ceci n'était donc que du fait de notre pari ?, articula Legolas. Il aurait dû s'en douter.

— Vous avez gagné. J'ai perdu. », dit-elle en haussant les épaules.

Sa voix, dépourvue de toute émotion ou de nostalgie, le fit se sentir stupide.

« — Est-ce si horrible que j'ai gagné, et que nous nous soyons embrassés ? Suis-je donc si repoussant à vos yeux ? »

Legolas essaya de ne pas hausser le ton.

« — Non, mon seigneur, mais ne vous méprenez pas en pensant que je vous ai embrassé pour une toute autre raison que celle de remplir les termes de notre pari, déclara Miredhel, les yeux étincelants.

« — Je vois, dit Legolas. Mais vous ne pouvez pas nier que vous n'en avez pas en profiter.

« — Je... certainement ... », commença Miredhel, mais le prince l'attira à nouveau à lui.

Ses lèvres s'emparèrent des siennes et pendant un instant, il put sentir le cœur de Miredhel battre la chamade contre le sien. Miredhel se dégagea et leva une main pour le gifler, mais Legolas saisit son poignet au vol. Les deux elfes se regardèrent l'un l'autre, le regard bleu acier défiant le vert sombre.

« — Lâchez-moi. » siffla-elle.

Legolas relâcha son poignet, et elle s'éloigna de lui.

« — N'ayez crainte, madame, dit-il. C'est entièrement de ma faute, car je pensais à tort ...non, j'espérais, que vous partagiez mes sentiments. Je vous assure que je ne réitérai pas mon erreur. »

Il s'inclina et ensuite, quitta le jardin aussi vite qu'il y était entré. Miredhel se sentait perdue, confuse. Il avait fait exactement ce qu'elle avait souhaité, qu'il parte. Alors pourquoi donc se sentait-elle si mal ?

« — Je l'ai probablement mis en colère, murmura-t-elle avant d'élever la voix. Mais quand bien même, il s'attend à ce que toutes les jeunes filles s'évanouissent à ses pieds, et ça, je ne le ferai jamais ! »

Elle le regarda partir sur le chemin, et elle vit ses épaules se tendre à ses mots. Elle savait qu'il l'avait entendue. Qu'il entende; peut-être avait-il attendu trop longtemps de recevoir une leçon concernant le cœur d'une femme.

La situation était vraiment abominable. Miredhel ne pouvait qu'espérer que son frère ou ses amis n'entendent jamais parler de toute cette affaire. Elle croyait fortement qu'elle pouvait compter sur le prince Legolas pour garder le silence. Ses actions à elle ternissaient autant la réputation du prince que la sienne. Bientôt, ils seraient sur le chemin de l'Ithilien, et toute cette histoire pourrait être oubliée. Du moins, c'est ce qu'elle espérait.