Chapitre 16 : Between Sky and Earth

Legolas ne s'était jamais senti aussi impuissant qu'en ce jour fatidique à Amon Hen. Il pouvait juste voir le dragon voler dans le ciel et se précipiter vers Miredhel. Les yeux de cette dernière brillaient de larmes retenues alors qu'elle se mordait la lèvre, l'air déterminé. Legolas jeta un regard vers Eledhel alors qu'ils chevauchaient dans la direction de l'elleth. Ils n'arriveraient pas à temps, et les deux elfes le savaient parfaitement. Ils étaient trop éloignés et dans l'incapacité totale de lui venir en aide. Le visage d'Eledhel avait perdu ses couleurs alors qu'il observait la scène.

« - Eledhel ! Eledhel, écoute moi !, lui ordonna Legolas. Chevauchez jusqu'au pont. Peut-être que nous pourrons l'éloigner d'elle. »

Alors qu'Eledhel sollicitait sa monture et chevauchait en direction du pont, le dragon traversa les nuages et plongea vers la terre. Miredhel tira des flèches en visant sa gueule et ses yeux, mais la plupart furent brûlées et perdues dans le souffle ardent de la bête. Le dragon déplia ses griffes pour l'attraper, et Legolas jura. Elle ne devait pas mourir, si jeune et si belle. Il avait vu bien d'autres moins méritants qu'elle affronter la mort et y survivre. Ni lui, ni Eledhel n'avaient réussi à attirer l'attention du dragon. Pourtant, il devait agir. Legolas n'était pas du genre à s'asseoir et regarder quelqu'un mourir sans agir, alors il saisit son arc long, prit une flèche et tira. Son tir ne fit qu'alerter le dragon de leur présence à Eledhel et lui et cela avait sans doute énervé plus encore la bête. Avec un mouvement de sa puissante queue, le dragon rugit puis saisit, l'air victorieux, sa proie entre ses longues griffes.

Miredhel cria quand les cruelles griffes transpercèrent ses côtes, et elle se tordit en vain. Le sang coula librement le long de ses bras et sur son torse quand les griffes du monstre lui mutilèrent la peau. Elle savait qu'elle avait peu de temps pour agir, car la vengeance du dragon surviendrait rapidement. Si seulement elle pouvait libérer son bras de son emprise, alors elle pourrait prendre le petit poignard qu'elle gardait dans sa ceinture.

Le dragon volait à ras le sol vers le pont, et Legolas le poursuivait, visant prudemment avec ses flèches afin de ne pas toucher Miredhel. Le dragon avait l'intention de la déchiqueter puis de dévorer la jeune elfe devant ses compagnons pour les tourmenter. Il grimpa alors en flèche dans le ciel et effectua une boucle pour narguer l'elfe qui chevauchait derrière lui. Stupides elfes, il allait leur montrer ce que c'était de souffrir.

Le dragon relâcha son emprise sur la jeune fille pour l'empoigner plus étroitement et la faire crier alors qu'il passait au-dessus de l'elfe à cheval. Mais, quand il desserra les griffes, Miredhel libéra son bras et tira le poignard de sa taille. Rassemblant toutes ses forces, elle enfonça la lame dans la chair tendre sous la patte du dragon. Il poussa un hurlement et la relâcha. Battant ses ailes de rage, il virevolta dans le ciel et agita ses griffes pour retirer le couteau. Oubliant momentanément son butin, le dragon se précipita à travers les nuages et disparut. Soulagée de s'être échappée, Miredhel pressa avec ses bras ses côtes endolories alors qu'elle tombait du ciel tout droit vers la terre. Il n'y avait rien à faire pour la sauver.

Legolas haleta alors qu'il regardait sa chute puis il pressa Arod. Il ne permettrait jamais que cette jeune fille soit sauvée des griffes du dragon pour ensuite la voir choir vers sa mort. Il bondit de son cheval, puis se positionna pour l'attraper. Elle tomba dans ses bras avec une telle force que son bras et son épaule blessés le firent souffrir, et il eut un mouvement de recul. Les deux elfes roulèrent sur le sol, et Legolas l'attira près de lui et prononça à voix basse une prière de remerciement à l'encontre des Valar.

Il ouvrit les yeux et se rendit compte qu'il la tenait toujours étroitement alors qu'elle était étendue sur lui. L'elfe esquissa un léger sourire et déclara d'une voix éteinte :

« -Je crois que vous m'avez coupé le souffle.

Cela n'a rien de flatteur.», dit-elle en haletant.

Son cœur battait encore à tout rompre dans sa poitrine, et elle essayait de ne pas trembler. Legolas la libéra de son emprise, et elle se redressa, pour presser ses côtes tout en affichant une grimace. Du rouge colora les flancs déchirés de sa robe d'équitation, où une profonde entaille marquait son ventre. Legolas le remarqua aussi, mais il ne pouvait rien faire pour elle maintenant, car le retour de leur ennemi semblait imminent.

Il se leva et lui demanda si elle pouvait monter, et plein de courage, elle acquiesça de la tête.

« - Bien, répondit-il. Nous devons partir, car le dragon va revenir, encore plus en colère que jamais, j'imagine.

Je ne peux pas expliquer son départ soudain dit-elle, en essayant de comprendre le danger et de ne pas montrer une once de peur dans sa voix en même temps.

Peu importe ce que vous lui avez fait subir, c'est bien plus que ce que je n'aurais pu accomplir, admit Legolas. Il tendit une main pour l'aider à monter et l'installa sur son cheval. Il monta ensuite devant elle. Ils chevauchèrent dans la direction d'Eledhel qui attendait sur le pont.

Vous ne pouvez pas vaincre cette créature, protesta Miredhel.

Non, c'est de la folie. Avez-vous encore votre arc ? , lui dit-il.

Je l'ai lâché quand j'ai été attaquée, » dit-elle et elle le désigna :

Il est par terre devant nous. Là. »

Legolas se pencha sur le flanc d'Arod. Alors qu'ils approchaient l'arc, il enroula le bras gauche autour du cou du cheval, puis balança le haut de son corps et avec son autre bras libre, il attrapa l'arc et son sac, jetant les deux objets à Miredhel. Ensuite, il chuchota une prière elfique de rapidité, et Arod accéléra l'allure. La secousse fit presque glisser Miredhel du dos du cheval, et elle plaça instinctivement ses bras autour de la poitrine de Legolas, assis devant d'elle. Il se raidit aussitôt, surpris par son geste, puis se décontracta. Legolas était habitué à avoir Gimli comme compagnon de selle et était heureux de constater que la sensation des bras de Miredhel qui l'entouraient était infiniment plus agréable. Il baissa les yeux pour remarquer les égratignures et les contusions qui la marquaient le long des bras. La colère s'empara de lui, brûlant ses veines comme de l'huile chaude. Il tuerait cette bête ; même si le prix était son propre sang, il voulait le voir mort.

Legolas pencha la tête derrière lui pour examiner Miredhel qui semblait souffrir un peu.

« - Pensez-vous toujours pouvoir tirer à l'arc ?, lui demanda-t-il en étudiant son expression.

Bien sûr, il faudra plus que quelques égratignures pour m'en empêcher, répondit-elle.

Bien, prenez quelques flèches dans mon carquois, lui ordonna-t-il. Mais j'espère que vous n'en aurez pas besoin. »

Ils se précipitèrent sur le pont de pierre où Eledhel attendait, l'épée tirée. Les yeux gris brillants, il tendit la main vers sa sœur, et elle tapa dedans en passant. Au pied du pont, Legolas mit pied à terre.

« -Je veux que vous attendiez loin du pont avec les chevaux. », ordonna-t-il.

Son regard s'assombrit et elle fronça les sourcils.

« - Je peux me battre. Laissez-moi vous aider, protesta-t-elle, mais Legolas laissa glisser ses doigts le long de son flanc à l'endroit où les griffes du dragon avaient déchiré sa peau. Sa main devint légèrement couverte de rouge.

Non, vous êtes blessée, ma dame. »

Il essuya précipitamment sa main sur le côté de sa jambe.

« - Restez ici et soignez vos blessures. »

Elle ouvrit la bouche pour protester mais Legolas la fit taire d'un regard qu'il avait appris de son père.

« - Je veux que vous chevauchiez dès que le premier d'entre nous tombe ... »

Elle l'interrompit :

« - Mais je ...

Non, il le faut, dit-il et il serra fermement sa main. Promettez-moi de faire cela. »

Elle ferma brièvement les yeux pour réunir le peu de courage qui lui restait puis plongea son regard dans le sien. Elle ne voulait pas le lui dire, mais elle ne pouvait pas le lui refuser non plus.

« - Je vous le promets. », dit-elle doucement.

Sa peau semblait presque translucide dans sa pâleur, et sa main tremblait alors qu'elle agrippait la crinière de Arod.

Il prit sa main dans la sienne dans l'espoir de la calmer.

« -Miredhel, commença-t-il à dire, mais une ombre obscurcit la terre au moment où il prononçait son nom. Il balaya le ciel du regard.

C'est le moment. »

Ce fut avec beaucoup de réticence qu'il laissa ses doigts glisser de la main de l'elleth et se tourna pour rejoindre Eledhel au milieu du pont.

Miredhel ne se rappellerait jamais si ce qui se passa ensuite releva davantage de sa propre volonté ou de celle de Arod. Le cheval se déplaça autour de son maître, bloquant le chemin de Legolas.

Legolas était ennuyé. N'acceptait-elle juste pas de quitter le pont ?

« - Miredhel ... Je pensais que nous avions décidé que vous ...

Je sais, l'interrompit-elle. Mais ... »

Ses yeux se levèrent vers le ciel. Le dragon commençait à descendre à pic vers le pont. Miredhel se pencha de façon inattendue et embrassa son front, les surprenant tous deux.

Elle fronça les sourcils dès qu'elle réalisa ce qu'elle venait de faire.

« - Je suis désolée. », murmura-t-elle et elle partit du pont.

Le dragon atterrit sur le pont entre Eledhel, toujours en train d'attendre au milieu, et Legolas, qui venait tout juste d'avancer à l'autre bout. La structure du pont craqua sous le poids de la bête, et Legolas remarqua une fissure s'élargir sous ses pieds. Les griffes du dragon résonnaient contre le marbre tandis qu'il rampait d'abord en direction de Legolas, puis de nouveau vers Eledhel, comme s'il était en train de les examiner. Ses yeux de serpent s'illuminèrent en reconnaissant l'elfe de la Forêt Noire. Legolas détourna ses yeux pour observer l'armure d'écailles de la créature, recherchant tout signe de faiblesse. Les griffes et la bouche de la créature étaient couvertes de sang et de fourrure, des traces de rouges bigarrant le noir. Legolas put seulement deviner que le cheval de Miredhel avait rencontré un funeste destin. Il examina les griffes acérées alors qu'elles s'approchaient d'Eledhel, et l'elfe ne put s'empêcher de se demander comment Miredhel avait pu survivre à leur emprise.

Le tapotement de ses griffes et le courant de la rivière en contrebas étaient les seuls bruits perceptibles. Legolas regarda vers le bas puis vers le haut. Les fissures dans la structure en pierre devenaient plus profondes sous ses pieds. Il savait que le pont était ancien, construit bien avant son époque. Il pouvait seulement espérer qu'il tienne assez longtemps.

A l'heure actuelle, la créature avait toute son attention portée sur Eledhel de l'autre côté. L'elfe se tenait au bord du fleuve, son épée abaissée à ses côtés, baignant dans la lumière dorée des yeux du dragon.

« - Eledhel. », cria Legolas, mais Eledhel ne semblait pas l'entendre.

Le dragon se déplaça furtivement, toujours plus proche, si bien que sa bouche et ses yeux se trouvaient à seulement une main de celle du guerrier, et le souffle du dragon souffla dans ses cheveux alors qu'il respirait.

« - Eledhel ! », cria à nouveau Legolas et il agita ses bras.

Le dragon se tourna avec une lueur soigneusement élaborée dans ses yeux puis il lui adressa la parole :

« - Elfe de la Forêt Noire, pourquoi devrait-il t'écouter ? Tu t'es montré faible, incapable de tirer la moindre réaction de cet elfe. »

Les yeux de Legolas rétrécirent et sa mâchoire se serra alors qu'il tendit son arc :

« - Je vais te tuer, dit-il à voix basse et il tira une flèche dans le flanc de la bête. Peu importe la faiblesse que tu m'attribues.

Me tuer ? Ha ! »

Le dragon gloussa puis, d'une voix plus mielleuse, il s'adressa à Eledhel :

« - Je pourrais vous tuer tous les deux d'un seul coup de queue, mais je recherche une nourriture différente, une viande plus douce. Apportez-moi la jeune fille, la récompense qui m'a été volé plus tôt, et j'épargnerai vos tristes vies ... et la vie de tous les autres elfes de la Lorien. »

Il adressa un air interrogateur à Eledhel, et la lumière jaune de son regard enveloppa le guerrier.

« - La jeune fille ... » Eledhel répéta après le monstre, les yeux vitreux.

L'air alarmé, Legolas jeta un regard vers les arbres et la rivière où Miredhel se trouvait. Elle était assise avec les chevaux et bandait ses plaies, en les regardant sur le pont, mais Legolas savait qu'elle n'était pas consciente de ce qui venait de se passer.

Le dragon gloussa à nouveau.

« - Oui, la jeune fille. Amène-la-moi maintenant. »

Au grand dam de Legolas, Eledhel se mit à marcher délibérément vers sa sœur.

« - Eledhel ? C'est votre sœur dont il parle ! Êtes-vous fou ? »

Legolas hurlait mais son ami ne répondit pas. Au lieu de cela, il souleva la poignée de l'épée jusqu'à sa poitrine et repoussa le prince hors de son chemin. Le dragon déploya ses ailes et se positionna sur la grande arche au-dessus du pont. Sa queue serpentait autour de la figure elfique en pierre, et les fentes étroites de ses yeux s'illuminaient d'une joie bestiale. L'air triomphant, les commissures de sa bouche se contractèrent alors que les deux elfes se faisaient face, armes à la main.

Legolas savait que le dragon avait usé d'un charme mortel, qu'il devait contrecarrer. L'elfe courba son arc autant qu'il le pouvait ; ce tir devrait avoir assez de force pour traverser les écailles noires et lisses. Rapide et mortelle, la flèche fila vers son destin, mais Eledhel s'avança et la dévia de sa lame.

« - Eledhel !, cria Legolas, son visage devenant rouge. Qu'est-ce que ... »

Mais le dragon s'exprima en même temps, et sa voix avait le pouvoir de couvrir toutes les autres.

« - Ne vois-tu donc pas, elfe ? Il voulait te détruire avec cette flèche. Il veut annihiler ton peuple et assouvir ses désirs. », ronronna le dragon.

Eledhel s'approcha de son ami à présent oublié.

« -Traître, meurtrier ... , cracha-t-il.

Cela fait trop longtemps que mon peuple se meure pour votre espèce. », murmura-t-il ensuite en tournant autour du prince.

Legolas rangea son arc dans son carquois.

« - Eledhel, m'entendez-vous ? C'est moi, Legolas, votre ami. Je n'ai pas d'armes dans les mains, déclara Legolas et il fit un pas vers le guerrier. Ne voyez-vous pas ? Il veut semer la discorde entre nous !

Non, je comprends tout à présent, déclara Eledhel d'une voix basse et dénuée de vie. Il fit un autre pas vers Legolas. Ils n'étaient plus qu'à un mètre l'un de l'autre à présent.

Vous aviez connaissance du danger que représentait la bête. Vous nous avez conduit à la mort. Vous avez tué Valraen. Vous me tueriez aussi. »

Alors qu'Eledhel parlait, une flamme jaune vacillait dans ses yeux, et il regarda sa sœur par-dessus l'épaule de Legolas.

« - Je préférerais répandre moi-même son sang plutôt que de vous la laisser.

Eledhel, vous ne savez pas ce que vous dites. Je ne vais pas me battre contre vous, se défendit Legolas.

Alors, vous devez mourir. », répondit-il en levant son épée.

Eledhel abattit l'épée vers le bas, d'un mouvement diagonal puissant. Legolas bondit en arrière, et ses mains attrapèrent ses dagues. Croisant les deux lames devant lui, il y coinça l'épée de Eledhel. Les deux elfes se fixaient d'un regard défiant , le corps raidi derrière leurs armes, les dagues et l'épée, un trio de métal mortel.

Legolas serrait les dents alors qu'il repoussait avec ses dagues le poids de la lame de Eledhel. Il avait combattu son ami auparavant, pour s'entraîner, pour le plaisir. Ce combat-là était réel. Eledhel était fort, et adroit dans l'art de l'escrime. Legolas connaissait les points forts de son ami ainsi que quelques-unes de ses faiblesses, et il était quasiment convaincu qu'Eledhel, en dépit de son esprit empoisonné, se souvenait des siennes également. Legolas poussa sur ses dagues. Se battre contre Eledhel semblait si étrange, comme l'un des ces nombreux rêves si sombres qui avaient envahi ses nuits depuis la guerre. Legolas balaya du regard l'environnement qui l'entourait. Le ciel était bleu et le pont, magnifique. Il ne s'agissait pas d'un cauchemar. Il ne dormait pas, et il ne pouvait pas se réveiller. Il jeta un regard horrifié car une autre fissure craqua et s'élargit dans leur direction.

Les événements s'accélérèrent, les deux amis étant figés l'un en face de l'autre. Les deux se penchaient légèrement en avant, les bras raides, en attendant que l'autre attaque. Legolas était dans une impasse ; au combat, il avait un certain nombre de stratégies pour désarmer ou même détruire son ennemi, mais cet adversaire était son ami. Le prince voulait le désarmer sans lui causer de graves blessures, mais il savait que les intentions d'Eledhel ne seraient pas si bienfaisantes. Legolas essaya une fois de plus de discuter.

« - Eledhel, persista-t-il. Lâchez votre arme. Je ne vous veux aucun mal. »

La lumière jaune s'estompa dans les yeux de l'elfe et ses épaules s'affaissèrent.

« - Legolas ...? , demanda-t-il, confus.

Il va te duper !, vociféra le dragon, et Eledhel tourna la tête pour le regarder.

Achève-le. Tue-le ... », ronronna le dragon.

Eledhel se retourna à nouveau pour regarder Legolas.

« - Tue-le. », répéta-t-il d'une voix sourde.

La lueur jaune dans ses yeux était revenue, et son visage devint à nouveau menaçant. Il porta tout son poids dans l'épée et se libéra des dagues de Legolas, repoussant le prince.

Ce fut à ce moment que Legolas décida de lancer une offensive contre son ami. Il le devait. Il fit tournoyer ses dagues dans ses mains alors que Eledhel et lui se tournaient autour.

« - Je crois que la bête veut que nous nous entretuions. », affirma calmement Legolas alors qu'il analysait la position d'Eledhel.

Il savait que son ami attaquait par la droite, et il allait profiter de ce fait. Legolas feinta à droite et attaqua ensuite par la gauche. Eledhel suivit son mouvement, puis se corrigea quand il se rendit compte qu'il avait été trompé.

Legolas dévia la longue lame dans l'air, et le duel commença. Les deux elfes passaient facilement de la défense à l'attaque, anticipant chaque mouvement, puis réagissant par de rapides réflexes. C'est ainsi qu'ils combattirent, dans un flou brillant d'argent froid. La rivière, le dragon, le pont - tout s'était estompé aux yeux de Legolas alors qu'il se battait contre son ami, dagues contre épée. Il ne sentait et ne voyait rien, seulement le bruit clair du métal contre le métal. Il porta un coup puis se tourna, esquiva et para; Eledhel suivait chacun de ses mouvements. Ensemble, leurs mouvements tissaient une tapisserie mortelle d'argent, de blond, de vert et de gris; et les yeux du dragon brillaient d'une rage meurtrière.

Alors qu'il contrait l'attaque de l'épée de Eledhel, Legolas commençait à désespérer car il ne parviendrait à arrêter son ami sans que l'un d'eux ne soit gravement blessé. Miredhel ne le lui pardonnerait jamais, si par inadvertance, il mutilait son frère. Legolas jeta un regard vers les arbres où elle était en train d'attendre. Elle était toujours là, mais semblait confuse. Il ne le lui reprochait pas. Il était en plein combat et il ne savait pas ce qui allait se passer. Le Prince évita un coup d'épée d'Eledhel, conséquence de sa distraction. Il devait prendre l'avantage. Il était temps d'essayer une tactique peu conventionnelle. Comme Eledhel avait anticipé chacun de ses mouvements, Legolas fit une chose qu'aucun elfe n'aurait prévu, une vieille combine enseignée par Aragorn. Le prince saisit ses deux dagues d'une main et porta un coup à gauche. Eledhel contrecarra. Juste au moment où son ami dégageait son épée, Legolas recula et envoya son poing dans la mâchoire d'Eledhel. L'elfe chancela, et Legolas le désarma. Eledhel écarquilla les yeux de surprise.

Legolas pointa ses lames vers son ami.

« - Vous avez essayé de me tuer, affirma-t-il en rengainant une de ses dagues. Un crime passible de mort. »

Il fixa Eledhel du regard.

« - Ne bougez pas, ou je serai forcé de faire quelque chose que nous pourrions tous deux regretter, ajouta-t-il et il marcha vers l'épée pour la récupérer ; durant tout ce temps, il garda un œil vigilant sur le propriétaire de la lame qui l'avait si bien maniée. Il ramassa l'arme et la pointa vers le dragon toujours perché au-dessus de l'arche.

Tu es un fléau pour mes terres et pour mon peuple. Avant que le soleil ne se lève, je baignerai cette épée dans ton sang. »

Le dragon eut un léger sourire satisfait, l'air amusé.

« - Me tuer ? Tu n'es même pas capable de tuer cet elfe. », dit la bête.

Il se redressa de toute sa hauteur et tendit complètement ses ailes.

« - Regardez-moi ! Je suis Anglachur, la terreur de Dol Guldur. », dit-il avant de rugir de manière à ce que Legolas place ses mains sur ses oreilles, sentant le pont craqueler et bouger sous ses pieds.

Ce fut à ce moment-là qu'Eledhel fut sur lui, luttant pour enlever l'épée de sa poigne. Quelques secondes plus tard, quand le dragon descendit en piqué de son promontoire, l'elfe dirigeait la lame de l'épée en direction du cou du prince.

Legolas ne prêta pas attention au contact glacial contre son cou au dessus du haut col de sa tunique. Il cligna des yeux et regarda vers le ciel. Son esprit était en ébullition, à la recherche d'une solution, un quelconque avantage. Etrangement, il ressentit une vague de soulagement en réalisant qu'il ne pouvait rien faire. Le combat était finalement terminé. Il avait perdu. Il ne pouvait pas se sauver lui-même, et il ne pouvait certainement pas sauver ses amis.