Bonjour à tous, je vous ai manqué pendant deux semaines ? Est-ce que ça va bien ?

Moi...arf c'est compliqué. Physiquement, je vis une galère suite à un changement de médicament, je suis fatigué émotionnellement et physiquement alors que je suis en vacances (si jamais ça peut aider certains : Copenhague, vaut mieux y aller 3 jours, 4 si vous voulez faire un musée et un château en plus) et j'ai d'autres soucis personnels qui risquent la semaine prochaine de remettre un peu mon avenir en question...donc bon, gros bof quoi.

J'ai remarqué aussi que ça y est, EDL est ma fic la plus lue sur les trois sites, je suis contente ^^ j'aurais aimé une petite review pendant mes vacances mais bon je suppose qu'on ne peut pas tout avoir...

Je vous souhaite sans plus tarder une bonne lecture !


/!\ Les propos du personnage principal ou des autres personnages sur la sexualité et le rapport homme / femme ne reflètent PAS ceux de l'auteur (je préfère préciser au cas où...).


Chapitre 8 : Lullaby

Chère Lily,

Je m'excuse de ne pas avoir donné tellement de nouvelles ces dernières semaines. J'ai été pas mal débordé à la boutique. Après avoir préparé pendant des jours et des jours les bouquets pour la Saint-Valentin, on s'occupe désormais de la période de Pâques. Si je n'étais pas aussi prise par le travail, cela m'aurait déprimé, mais une fois là-bas, je n'ai même plus le temps de penser à moi.

Les petits de tante Gabrielle et d'oncle Frédérique vont bien, j'aide les plus grands pour leurs devoirs le soir maintenant, c'est tellement dommage que les écoles primaires sorcières n'existent pas en Angleterre… Joachim a eu également ses premières démonstrations de pouvoir : il fait voler ses peluches. Emmett tente de lui apprendre à les catapulter sur les jumelles, mais j'ai réussi à lui dissuader, pas besoin d'avoir des néo-Weasley à la maison.

En ce moment, Mlle Gardiner m'enseigne les différents bouquets nationaux, c'est vraiment intéressant, mais j'ai hâte de pouvoir créer mes propres compositions. Je retiens vite selon elle et elle serait même prête à m'aider à me lancer si j'ouvre un jour mon entreprise. Mais ça me semble loin avant d'y pouvoir, il me reste tant de choses à connaître.

J'ai enfin réussi à faire le tour de Paris durant mes journées libres ! C'est définitif, je préfère le sud de la France, c'est plus beau, propre et les gens sont beaucoup plus aimables. Bien sûr, j'ai croisé bien plus de monde qui parlait anglais là-bas, mais vraiment, hormis les monuments, le Quartier latin et les grands parcs alentour, ce fut un peu décevant. La ville du romantisme, mon œil…

Mes amis français m'ont présenté Julien, il est adorable, mais tu comprends…c'est compliqué de se laisser aller quand Teddy ne cesse d'hanter mon esprit. Je sors pourtant, je me focalise sur le travail, j'enfile les shots de Vodgarou, mais il revient toujours. Je ne pense pas que ça va marcher entre lui et moi…le fait que j'ai appris la grossesse de Victoire n'aide pas.

Tu n'osais pas me le dire, dans ta dernière lettre, de peur que je l'apprenne de ta bouche, c'était sans doute pour ça que tu n'as pas tant que ça parlé de Noël ? Teddy me l'a annoncé lui-même quand il a appelé par la cheminée, accompagné de ma sœur, en janvier… Je n'ai pas réussi à prétexter une excuse cette fois, tante Gabrielle m'a coincé et je n'ai pas pu filer après de brefs échanges de banalités. Je crois qu'elle a compris qu'il se passait quelque chose de bien plus grave qu'un vague souci familial… Contrairement à ma mère, elle aborde plus doucement les choses, sans doute je finirais par lui dire la vérité.

Je continue de ne pas savoir de quelle façon prendre cette nouvelle…j'ai été bouleversé au début, mais je n'avais même plus la force de pleurer. Je ne peux pas en vouloir à mon futur neveu ou nièce, mais tu comprends…Victoire enceinte, c'était bien trop tôt pour moi. J'ai mis un an à me préparer pour ce mariage et à peine ai-je réussi à l'accepter qu'on me demande d'accueillir un grand évènement en l'espace de quelques mois.

J'aurais aimé venir à Noël, mais…la voir dans cette maison qui tenait tant à cœur à Teddy et apprendre par-dessus le marché qu'elle attendait un bébé…non, cela se serait mal fini pour moi, j'aurais été capable de m'enfuir… Je ne sais pas si tu comprends tout cela Lily…toi qui n'as pas connu l'amour et l'effet que ça fait, d'avoir le cœur brisé. J'ignore si je viendrais cet été, l'enfant sera là, un an se sera écoulé mais suis-je prête à affronter leurs regards ? Louis me manque beaucoup et la Chaumière aussi. J'aime la verdure, mais ça reste chez moi… Merlin merci, Gabrielle et Frédérique ont une maison accueillante, un grand jardin et la chambre d'ami où je dors est agréable.

Mais assez parlé de moi, quelles sont les nouvelles de ton côté ? Voilà presque un mois depuis ta dernière lettre. Félicitations à James et Lucy pour leur victoire contre les Poufsouffle, ils sont au coude-à-coude pour la première place avec les Serpentard maintenant, je n'imagine pas même leurs excitations. Mon frère et Lucy sont également devenus majeurs, les années passent trop vite…et toi, tu approches des quatorze ans, déjà. Je te vois continuellement comme la petite fille à couettes qui trottinait derrière nous en espérant jouer avec les plus grands. Et pourtant aujourd'hui, cette si jeune cousine, c'est désormais une de mes rares alliées dans cette famille…

J'ai bien eu une lettre de Fred récemment, ne t'en fais pas, il va bien. Je lui ai répondu et j'ai informé que Hugo et toi étiez inquiets pour lui. Roxanne n'a pas dû vous le préciser dans ses messages je suppose…en tout cas, je suis impressionné par la rapidité dont il a réussi à s'adapter au monde Moldu. J'espère aussi qu'il nous reviendra un jour…

Une dernière chose Lily, il faut que tu en parles. Cela ne peut plus durer. Évidemment, je ne dirai rien à tes parents, mais Lily…ce que te font ces filles, c'est du harcèlement. Je ne comprends pas comment Hugo ne peut rien voir alors que vous êtes fourrés ensemble ! Et tes frères ? Et Rose ? On a beau être une famille soudée, on ne se rend pas toujours compte à quel point les autres souffrent autant que nous. Il n'y a qu'à regarder Fred…ou moi. Dans tous les cas, n'hésites plus et raconte ces histoires à un professeur, ça ne peut plus durer. Ne laisse personne t'insulter ou te traiter de cette manière, ne te fais pas détruire par ces pimbêches. À ton âge, c'est dangereux de se taire sur ce genre d'acte. Tu es une Gryffondor Lily, n'aies pas peur de sortir griffes et crocs ! Tu as eu raison de me l'avouer, je t'envoie tout mon courage et j'espère que cela sera bientôt réglé.

Prends soin de toi, je t'écrirai pour ton anniversaire.

Dominique.

La lettre de Dominique ne quittait pas l'esprit de Lily. Elle l'avait tellement relu que la feuille de papier commençait à se trouer au niveau du pli. Le dernier paragraphe la troublait à chaque fois. Elle voulait le dire, du moins elle voulait que ça s'arrête, mais devoir en parler à Hugo, à un adulte ou à un de ses frères, cela signifierait un échec pour elle. Un échec en tant que Gryffondor, en tant que fille, en tant que sorcière, mais surtout en tant que Potter et Weasley.

Elle savait que bien que plusieurs de sa famille étaient passés par l'étape des moqueries et du jugement de la part des élèves. Son père par son statut de survivant, sa tante Hermione parce qu'elle était bonne en classe et autoritaire, James parce qu'il était un fils à papa durant ses premières années, Albus dû à sa maison… Même Solange était intimidée de son côté et Lily avait également su que plus jeune, c'était le cas pour Neville et sa marraine Luna. Qui sait ce qu'avait aussi vécu Teddy à l'école parce qu'il était orphelin et enfant d'un loup-garou, Dominique pour être la sœur effacée et tout le reste des cousins… Mais en tant que fille du célèbre Harry Potter, Lily sentait qu'elle ne devait ni se plaindre, ni échouer, ni compter entièrement sur sa famille pour s'en sortir.

Tout s'était déclenché suite à la victoire de Serpentard sur l'équipe de Serdaigle, au moment de la Saint-Valentin. Madison Moore, Milly Samson et Kimberley Drike devaient sans doute s'ennuyer depuis la reprise et avaient recommencé leurs railleries habituelles sur Lily, d'abord en cancanant à qui voulait l'entendre qu'aucun garçon ne voudrait se déclarer à elle en ce quatorze février. Hugo était vite intervenu en les menaçant, mais guères découragées, elles continuèrent d'une manière plus vicieuse, et ce, depuis maintenant un mois et demi. Malgré le match opposant Poufsouffle et Gryffondor, gagné farouchement par ce dernier, Lily n'arrivait guère longtemps à avoir du répit. Les remarques dévalorisantes s'enchaînaient, les croche-pieds quand on la croisait, les bouts de papier mâchés ou remplis d'encres balancés sur sa tête ou dans son dos durant la classe, les messes basses lorsque Lily était à leurs niveaux, fixée par les trois vipères…

Rapidement, Lily perdit le peu de volonté qu'elle avait pour se défendre. Même des Serpentard (et quelques rares élèves des maisons rivales) parfois plus âgés, semblaient s'y prendre au jeu, plus discrètement certes, mais cela ajoutait un poids supplémentaire sur les épaules de Lily qui partait en cours tous les matins avec un mal de ventre et des nausées. Elle ne voulait plus travailler à la bibliothèque et restait autant que possible dans son dortoir, quitte à négliger ces devoirs. Hugo avait beau avoir l'œil sur elle en classe et ne pas la lâcher d'une semelle, il n'avait pas le pouvoir de faire cesser les brimades. Solange se retenait de prendre ses jambes à son cou lorsque les moqueries résonnaient en sa présence et quant à Mary Nott, elle n'avait plus rien tenté depuis sa première intervention, Lily avait même l'impression qu'elle baissait désormais la tête quand elle était témoin de quelque chose.

Même si Lily faisait de son mieux pour ne pas craquer publiquement (ce qui était le défi des trois filles), chaque jour était devenu de plus en plus difficile à encaisser. Ce fut après une séance de pleurs dans son lit un soir qu'elle prit la décision d'en parler à Dominique, fin mars. Elle raconta ce qu'elle subissait depuis des mois, en détail, excepté l'intervention de Mary Nott au début de l'année. Il en résultait ainsi cette lettre, dix jours plus tard. Entre-temps, la situation s'était légèrement améliorée avec le retour des beaux jours qui permettait à Lily et ses amis de revenir au saule. Penser à Wilhem (qui, fort heureusement, n'avait jamais voulu l'embêter comme certains de ses camarades) la réconfortait quelque peu, bien qu'elle ignore toujours si elle ressentait de l'amour à son égard. Pourtant le lendemain, le mercredi après-midi, peu avant Pâques, un évènement bien plus stressant risquait de mal tourner, à savoir la première intervention sur la découverte et l'initiation à la sexualité et ses dangers.

Bien qu'obligatoire une fois par an pour les troisièmes, cinquièmes et septièmes années depuis le début des années deux-mille-dix, Lily n'avait aucune envie d'y assister. Elle savait que c'était important, que c'était pour rattraper l'immense retard et le tabou que le monde sorcier avait sur ce sujet (même son cousin lointain Moldu en connaissait plus que lors des premières interventions pour James et Albus). Cela consistait en une journée complète organisée par des volontaires venant de différents métiers médicaux. Pour cette première session, les filles et les garçons étaient séparés, cela aurait dû rassurer Lily, mais finalement, cela lui ajoutait une source d'angoisse supplémentaire, car sans Hugo à ses côtés, pas une âme ne voudrait la défendre si les trois vipères la prenaient à partie.

Le terrible jour arriva et Lily fut de son mieux pour imiter Solange en se faisant toute petite. Après avoir grignoté son petit-déjeuner sans grande conviction, Lily suivit toutes les filles de troisième année pour se rendre dans une salle d'étude désignée où une infirmière de Saint-Mangouste, Jessica Dunbar, les réceptionna. Des tables à une place avaient déjà été installées et une pile de papiers attendait d'être remplie.

- Ce formulaire sera anonyme donc ne vous inquiétez pas, vous pouvez être vraiment honnête, rassura la jeune femme en voyant la quantité d'étudiantes se regarder nerveusement une fois assises. Je vous laisse une demi-heure pour le compléter et nous passerons à une nouvelle activité.

Le questionnaire faisait trois pages. Il contenait à peine une ligne pour griffonner sa réponse. Derrière Lily, Solange fit la moue, les joues carminées et au fond de la classe, Mary Nott se tenait la tête avec sa main gauche, guère motivée à écrire. Lily attendit que toutes ses camarades aient le nez plongé dans le formulaire avant de parcourir le sien. Moult questions lui paraissaient très intimes comme « Question n°3 : Êtes-vous réglée ? Si oui, depuis quand ? » qui lui rappelait amèrement l'été de l'année dernière. Les premières crampes, des douleurs à la poitrine, la gêne de mettre les protections pour la première fois, la longue discussion que sa mère, quelque peu mal à l'aise, eut avec elle à ce sujet, les façons de gérer ce problème à Poudlard, les craintes que Lily avait eues telles que la quantité de sang, les déclenchements au mauvais moment…

La question huit fut bien pire : Avez-vous déjà eu des relations sexuelles ? Si oui, à quel âge ? ». Lily ne put s'empêcher de grimacer en imaginant que les autres de son année s'étaient essayés à ça. La moitié n'avait pas encore quatorze ans ! La question onze portant sur la masturbation l'acheva de honte et elle espérait grandement que personne n'avait aperçu ses rougissements. C'était à peine si Lily connaissait ce mot, elle ne savait même pas comment s'y prendre ! Ce genre de truc, c'était davantage pour les garçons, aucune fille n'en parlait de toute façon…

Quant à la dernière question abordant les potentielles interrogations qu'elle pourrait avoir, Lily dut se retenir pour ne pas écrire tout ce qui lui passait par la tête : pourquoi les garçons étaient-ils si pervers ? Y avait-il un dictionnaire pour les comprendre ? Pourquoi beaucoup de filles avaient-elles mal pendant les règles ? Pourquoi possédait-elle de l'acné et pas les trois pestes ? Pourquoi les hommes avaient-ils une obsession pour les formes féminines ? Pourquoi un tel intérêt sur l'acte sexuel (surtout pour les garçons) ? Pourquoi n'existait-il pas une potion qui permettait aux poils de ne plus repousser après les avoir rasés ou épilés ?

Mais de toute façon, elle n'aurait jamais la réponse à ses questions farfelues et Lily préféra sauter cette partie. À la fin du temps imparti, Lily et ses camarades glissèrent leurs feuilles sur un coin de leurs tables et Jessica put désormais commencer son intervention.

Même si les matières scientifiques n'étaient pas ce que Lily adorait par-dessus tout, elle écoutait avec attention le discours de Jessica. En premier lieu, elle parlait de l'origine du pourquoi ces journées pour les élèves furent organisées. Les différentes études sur les sorciers entre quinze et vingt ans qui ont été menées au début des années deux milles par le ministère. Du pourcentage affolant sur la méconnaissance sur de nombreux sujets, en particulier sur le corps et la sexualité. Du tabou dans des familles, des adultes sortis de l'école qui avaient dû consulter un médicomage, car ils ignoraient même la façon dont la reproduction s'effectuait (il eut plusieurs exclamations choquées à ce moment-là).

- Pour une petite partie des sorciers, le sexe était uniquement présent dans le but de concevoir un héritier et c'est quand même dommage de résumer cet acte qu'à ça, vous ne croyez pas ? reprit Jessica une fois les filles calmées. Bien sûr, vous êtes un peu jeunes, peut-être que tout ceci et ces questions autour ne vous intéressent guère, mais il faut en parler. Ainsi, une proposition de loi fut votée et cette journée existe donc depuis une dizaine d'années maintenant. Ces heures sont consacrées à la puberté, l'adolescence, les premières envies, la contraception, mais aussi les maladies sexuellement transmissibles, les risques lorsqu'on pratique des relations sexuelles avec une espèce magique humanoïde telles que les vampires, les loups-garous, les vélanes…

Lily déglutit difficilement… Elle se souvenait des cas de métissage avec des créatures particulières. Hagrid qui était demi-géant, des personnages à moitié elfe, gobelin… Elle secoua vivement la tête pour ne pas avoir d'étranges images dans son cerveau et se focalisa à nouveau sur Jessica.

- Vu que c'est votre première intervention, nous ferons qu'aborder les bases que vous approfondirez lors de la deuxième séance. C'est donc pour être plus à l'aise que vous avez été séparés des garçons, mais dès la prochaine fois, vous serez remis ensemble.

L'idée de parler librement de règles ou d'acte sexuel à côté d'Hugo ou de n'importe quel autre être masculin de son âge n'enchantait pas du tout Lily. Sans exprimer le moindre commentaire, elle remarqua au loin, les trois vipères déjà lassées du discours de Jessica et qui chuchotaient entre elles en mimant des gestes grossiers avec des rires étouffés. Lily soupçonnait même d'avoir aperçu des doigts pointés vers sa direction.

Le reste de la matinée passa en un éclair. Elle fut consacrée à l'étude de la puberté, des schémas sur les appareils génitaux (Lily crut mourir de honte lorsque ce fut le tour du sexe masculin, certaines filles ne purent s'empêcher de pouffer à chaque nouvelle description et fonctionnalité), les règles, l'acte en lui-même et l'étape de la fécondation (comment ça pouvait rentrer là-dedans ?!). Le plus horrible fut la projection d'un accouchement juste avant le déjeuner. Lily fut tellement déroutée et écœurée qu'elle aurait voulu s'oubliéter elle-même si le sort n'était pas devenu presque illégal. La potion antidouleur avait-elle vraiment agi ? La dame semblait pourtant souffrir…

L'après-midi aborda une introduction à la contraception et aux deux façons de se protéger : à la sorcière ou à la Moldue. La première était une fiole, à prendre chaque jour, uniquement achetable chez son un apothicaire. Très compliqué à reproduire, les composants ne furent pas détaillés, seuls les potionnistes étaient autorisés légalement à en fabriquer, car une mauvaise préparation pouvait, au pire des cas, rendre stérile. Chez les Moldus c'était plus varié : pilule (qui fonctionnait donc comme la potion contraceptive), patch, stérilet, préservatif pour les garçons ou les filles…

Quant à la manière de savoir si on attendait un enfant, de nouveau, il existait deux différentes méthodes. Les sorcières allaient chez son guérisseur, son gynécomage ou utilisaient une vieille recette de grand-mère : les feuilles de Belladone. Il fallait les bouillir une heure dans son chaudron avant de laisser tomber une goutte de sang dedans, si le breuvage prenait une teinte vert bouteille, la sorcière était enceinte. En tout cas, Lily trouvait cette méthode bien plus pratique que le test de grossesse Moldu, qui la dégoûtait… La dernière demi-heure fut consacrée à aux questions où Jessica démantelait les quelques idées reçues des élèves…

- Non Mlle Zackareux, un calice n'est pas l'âme sœur d'un vampire qui lui donne volontairement son sang pour le nourrir, un calice est uniquement un vase sacré dans la religion des Moldus. Ça ne marche pas comme ça l'amour chez les vampires et si c'était le cas, ce serait vite interdit par la constitution mondiale des sorciers. Non Mlle Prescott, un « veela » n'est pas un homme vélane, déjà parce que ça n'existe pas, et ils n'ont pas non plus d'âmes sœurs avec un lien magique, ce n'est pas ainsi que la magie fonctionne.

- Mais pourtant Louis Weasley…se risqua Lexis Peters.

- Ne possède qu'un huitième de sang vélane, donc il n'en est pas « un » véritablement. Je vous encourage à relire votre livre de Vie et Habitat des créatures magiques ou vous renseigner de nouveau sur les vélanes et les vampires si vous voulez en savoir plus. Et enfin : non mesdemoiselles, un couple composé de deux hommes sorciers ne peuvent pas avoir d'enfant entre eux, même en utilisant la magie. Le corps d'un homme, du moins un être constitué d'organes génitaux masculins, n'est pas fait pour accueillir un bébé.

- Et puis quoi encore ? marmonna Kimberley Drike assez fort pour être entendue. Comme si on allait laisser ces dégénérés se reproduire en plus !

- Mademoiselle, de tels propos n'ont pas leurs places ici, corrigea Jessica qui perdit très vite son sourire.

- Mais imaginez si, demanda d'une voix timide Emily Young, une camarade de Lily à Gryffondor, les homosexuels sont bien plus acceptés (il eut comme un malaise, un petit nombre de filles abordèrent une grimace et Madison Moore fit même semblant de vomir) et qu'ils veulent avoir leur propre enfant génétique, est-il possible qu'on parvienne à réaliser ça un jour ?

- Tu as une confession à nous dire Young ? On préfère les coquillages aux manches à balai ? lança Moore sous quelques ricanements discrets d'une dizaine d'élèves.

- On se reprend de suite, ça suffit ! menaça Jessica en tapant des mains pour réclamer le silence. Et pour répondre à cette question, bien qu'on ne puisse que formuler des hypothèses, la meilleure solution serait de procéder comme ce qu'on tente de mettre en place avec les couples infertiles. En plus de l'adoption, il y a également l'idée des mères porteuses à développer ou, qui est toujours en réflexion, le projet des « bébés chaudrons » l'équivalent des bébés-éprouvette ou Procréation Médicalement Assistée dite PMA chez les Moldus, mais avec l'ADN des deux pères ou mères sorciers.

- C'est vrai que les Moldus, c'est teeeellement des bons exemples pour notre monde ! commenta une voix dont Lily ne parvint pas à reconnaître.

Forte heureusement, la cloche sonna et l'intervention touchait à sa fin. Jessica les remercia poliment et avant de partir, distribua à chacune…des préservatifs. Un peu confuse par ce présent, Lily quitta la classe la tête vide de toute pensée, Solange sur ses talons. Les garçons dans la salle en face, n'étaient toujours pas sortis.

- Qu'est-ce que tu veux que j'en fasse ? grimaça Lily en regardant le petit sachet en plissant les yeux. Comme si j'allais…l'utiliser bientôt !?

- C'est sans doute par précaution, s'empourpra Solange en fixant l'emballage entre son pouce et son index. Tu as entendu toutes ces filles qui croient aux « veela » mâles, de liens magiques ou de calices ?

- Tu parles, c'est d'une bêtise ! Même avec ce qu'on lit toi et moi, je ne peux pas imaginer un truc aussi malsain et stupide ! Et tu as vu ce que les pestes ont dit sur les homosexuels ? Comment Mlle Dunbar a-t-elle pu garder son sang-froid face à ça, c'est horrible de tenir des propos pareils !

- Mais tu sais ce que pensent les sorciers de ça…

Solange fut interrompue par la sortie des garçons, la plupart ricanaient avec leurs préservatifs à la main. L'un d'eux, un Serpentard, s'acharnait à en récupérer plusieurs chez ses camarades masculins et se dirigeait également vers les filles.

- Ça s'est bien passé ? interrogea Hugo en les rejoignant, après avoir fourré le petit cadeau dans sa poche de pantalon.

- Plutôt tendu à la fin, admit Lily avant que le collecteur n'arrive devant eux.

- Hey, Weasley, Potter, Londubat, vous les gardez vos capotes ou pas ?

-Tu as fait quoi pour en avoir autant ? le sollicita Hugo en louchant sur la dizaine de préservatifs qui s'accumulaient dans ses bras tandis que les filles le fixaient avec méfiance. Tu demandes à tout le monde ?

- On ne sait jamais ! Et puis je m'en fiche si ça en dégoûte certains car c'est Moldu. Tant que je suis protégé…

- On se serait passé de te connaître ta vie sexuelle Zabini, intervint Mary qui arrivait derrière lui. Prends la mienne, ma mère risque d'avoir une attaque si elle trouve ça dans mes affaires.

- Je le conserve au cas où, répliqua Hugo. Lily, tu en fais quoi ?

- Ah non beurk ! Tiens ! grimaça Lily en lançant le sachet au dénommé Zabini. Et toi Solange ?

- B…bah…je…je crois que je vais quand même la garder…

- Pouah ha ha ! Londubat qui espère se faire tringler un jour, la bonne blague !

Les trois pestes étaient de retour, Zabini préféra s'éclipser en haussant les épaules pour réclamer des nouveaux préservatifs ailleurs. Mary eut un léger recul et s'apprêtait à tourner les talons.

- Pas si vite Nott ! On doit avoir une petite discussion entre camarades Serpentard, dit avec une malice effrayante Madison Moore.

- Et si elle n'en a pas envie ? intervint Hugo les yeux menaçants. Vous ne pouvez pas nous laisser tranquilles ?!

- Tiens c'est étrange, je deviens folle car j'ai cru entendre une voix de traître à son sang, simula Milly Samson en portant une main à son oreille. Comme si on demandait l'avis de ce genre de raclure.

- Dégageons de là, ça empeste le déshonneur et la faiblesse, ricana Drike en agrippant la manche de Mary pour l'empêcher de fuir.

- On espère découvrir tes prouesses sexuelles la prochaine fois Londubat ! lança Moore tout en s'éloignant. Et lave-toi les cheveux Potter soi-disant passant, ta rousseur transpire la crasse !

Sous des gloussements de dindes, le trio fixait Mary et les trois pestes au loin. Hugo bouillonnait de rage, Solange était au bord des larmes et Lily était restée bouche bée.

- Ces sales petites sal…allait jurer Hugo avant que Lily ne le coupe en lui donnant un coup de coude.

- Laisse tomber Hugo…inspira Solange, abattue. Elles finiront par se lasser... Allons ailleurs…

- Et Mary ? Vous croyez qu'elle va les gérer toute seule ? questionna Hugo en lançant un regard derrière lui.

- Elle n'est pas comme nous Hugo…haussa les épaules Lily, qui se touchait nerveusement ses cheveux. Elle vit avec elles depuis presque trois ans…elle saura se débrouiller.

Lily n'était néanmoins aucunement convaincue par ses propos. Elle avait l'impression que quelque chose n'allait pas et qu'elle avait fait une erreur en la laissant avec les trois pestes. Ce n'était pourtant pas son problème, mais…elle regrettait un peu de ne pas être intervenue. Quand bien même elle n'aurait pas su quoi dire. Lily voyait encore Moore agripper Mary et la traîner dans le couloir. Les propos de Scorpius dans les escaliers lui revinrent également en mémoire. Non, ces filles n'avaient rien à reprocher à Mary. Sa famille avait peut-être des antécédents mangemorts, mais cela ne suffisait pas pour qu'on s'en prenne à elle, sinon la moitié des Serpentard seraient harcelés tous les jours. De plus, Mary avait de la répartie, restait impassible dans chaque situation et contrôlait ses émotions, il était impossible qu'elle ne se défende pas. Les Serpentard pouvaient être très soudés entre eux, les trois pestes ne lui feraient sans doute pas autant de mal que ça.


Si cela avait été possible, Rose Weasley aurait pris en troisième année toutes les options que lui proposait le programme, mais c'était malheureusement inconcevable. Il en fallait deux ou trois, pas plus pas moins. Elle gardait en souvenir la discussion qu'elle eut avec sa mère à ce sujet, lorsqu'elle avait abordé tous les choix à Noël, en deuxième année, de son envie de tout étudier. Rose fut vraiment surprise quand elle vit qu'Hermione Weasley n'était pas du tout enchantée par la révélation que lui avait faite sa fille.

Sa mère lui avait alors avoué de son utilisation exceptionnelle d'un retourneur de temps lors de sa troisième année et lui raconta en détail la pression physique et psychologique qu'elle avait éprouvée à l'époque, les mois qu'il lui fallut pour admettre qu'elle ne pouvait pas tout cumuler... Rose sut presque tous les détails : perte d'appétit, douleur au dos à cause de la quantité de livres à transporter, journée bien plus longue que tout le monde, des devoirs à n'en plus finir, l'angoisse quotidienne, accumulation de fatigue et heures de sommeil supprimées… Cela découragea bien vite la jeune Rose qui en fut effrayée par ce récit, d'autant plus que de toute façon, il n'existait plus de ces objets en Angleterre depuis vingt-cinq ans.

Lorsque le moment fut venu de choisir, Rose prit les trois matières qu'elle jugeait les plus intéressantes et utiles à étudier en profondeur. Celles restantes, elle les découvrirait dans ses heures libres, grâce à sa lecture personnelle. C'est ainsi que chaque soir, avant d'aller se coucher, Rose lisait des livres sur l'étude des Moldus. Sa meilleure amie, Miu Ravenel, ne comprenait pas pourquoi elle s'embêtait avec ce sujet, après tout, Rose avait des grands-parents Moldus qu'elle voyait quelques fois par an et reçut une éducation hybride entre les deux mondes. Elle n'était pas allée à l'école primaire (et Merlin savait que sa mère avait tenté de convaincre son père à ce sujet pour Hugo et elle), mais possédait plusieurs bases et cultures comme un Moldu de son âge. Rose posait même des questions à ses cousins James, Albus et Lily, sur les neveux de son oncle Harry. Mais c'était plus fort qu'elle : elle voulait en savoir autant sur ses deux mondes auxquels elle appartenait, la vision des sorciers dessus et comprendre pourquoi des êtres dépourvus de magie, inspiraient des sentiments si contradictoires par ses pairs.

Depuis l'année dernière, Rose découvrait également les ouvrages sur l'histoire politique des sorciers du Royaume-Uni et des différents pays, tout en empruntant occasionnellement, les livres de Louis sur les créatures magiques. Cela lui arrivait d'aller prendre un thé avec Hagrid pour approfondir ses acquis, mais elle savait pertinemment que l'avis du géant quant à la dangerosité ou non d'une créature, tenait majoritairement du subjectif que de faits intraitables.

Jamais Rose ne voulut paraître plus experte que les autres, malgré sa grande soif de connaissances et sa curiosité extrême. Ce furent les principales raisons de sa répartition à la maison des aigles. La bibliothèque de sa salle commune avait été entièrement épluchée durant ses quatre premières années grâce à sa rapidité en lecture et elle se fixait comme objectif de finir tous les livres de la bibliothèque (sauf peut-être ceux de la Réserve et éventuellement, ceux de Quidditch), avant ses ASPIC ! Heureusement que ses amis et cousins étaient compréhensifs à ce sujet, bien que la plupart la surnomment « l'encyclopédie » pour la taquiner.

Rose ne voulait pas devenir la nouvelle Hermione Granger, bien qu'en étant sa fille, elle serait toujours comparée à elle, dès l'instant où elle a commencé à s'intéresser aux livres et à réfléchir de manière fluide. Elle savait que ce n'était pas à mal qu'on la désignait ainsi, son père avait décrété tout bonnement qu'il valait mieux tenir de leur mère que de lui (et comme à chaque fois, Hermione l'embrassait sur la joue et lui demandait de cesser de dire des bêtises). Mais cela restait agaçant à la longue. Elle était Rose Elizabeth Weasley. Elle avait les cheveux roux, des joues rondes, des discrètes taches de rousseur, tant de choses la différenciaient de sa mère. Elle n'avait pas le même courage, les mêmes méthodes scolaires ou la même autorité et encore moins cette envie de se lancer en politique.

Quelques années plus tôt, on avait proposé à Hermione Weasley de se présenter aux prochaines élections ministérielles. Bien que flattée, elle refusa catégoriquement. Enfant, Rose n'avait pas compris pourquoi, après tout, sa mère était très respectée, elle était source d'admiration, une ancienne héroïne de guerre et elle avait réussi à changer une grande quantité de lois au sein du ministère. Ce n'est que plus tard que la jeune fille devina la raison de son veto : Hermione ne voulait pas s'éloigner de sa famille, ni de Ron qui lui reprochait déjà de trop travailler.

Rose ne pouvait donc qu'approuver son choix, devenir ministre aurait bien plus fragilisé son mariage avec son père. Ils se disputaient au moins une fois par semaine, allant de la broutille d'un vêtement mal rangé au conflit qui semblait irrésolvable sur la façon dont chacun gérait leur parentalité. Petite, elle craignait qu'ils ne divorcent, mais à chaque réconciliation, le couple paraissait plus heureux que jamais. Et de toute façon, que serait une maison Weasley sans son lot de cris ? Ainsi, Hermione conserva son poste actuel, Hugo et Rose grandirent en continuant de voir leur mère le soir après le travail, Ron était aux petits soins avec ses enfants comme avec sa femme et ils ne furent pas plus exposés aux feux des chandelles de la presse people plus que nécessaire. Rose détestait les ragots et elle savait également que sa mère en avait gardé un très mauvais souvenir avec Rita Skeeter.

Les filles du dortoir des cinquièmes années de Serdaigle gloussèrent un peu plus fort, provoquant une nouvelle fois l'agacement de Rose. Ginger Faucett devait encore parler de garçons avec les autres. Pourquoi en créer tout un chaudron et en discuter des heures ? Cela la déconcentrait de ses lectures du soir et de toute façon, jamais rien de concret n'arrivait dans leurs histoires. Rose avait déjà sa cousine Roxanne qui leur rabâchait potins et rumeurs presque tous les matins, merci bien ! Elle soupira bruyamment pour faire entendre pleinement son agacement, feignit à nouveau de les ignorer et après s'être redressée dans son lit à baldaquin aux couvertures bleu ciel, elle reprit sa lecture du chapitre six de « La popularisation de la culture Moldue depuis la fin du XXème siècle : entre fascination et crainte ».


Une semaine s'était écoulée. Plus un seul n'avait évoqué la journée sur la sexualité depuis, chaque élève reprenait ses habitudes, ses devoirs, ses clubs, tous, sauf Lily, qui continuait de cogiter à ce sujet, en particulier sur ce qui s'était passé avec Mary. Tout se bousculait dans sa tête sous la forme d'une bouillasse sans réelle cohérence, mêlée à divers évènements depuis la rentrée scolaire. Elle n'osait pas se confier à Hugo sur ce sujet, lui qui ne s'attarde pas trop longtemps sur une affaire, il ne comprendrait pas qu'elle reste fixée sur plusieurs éléments qui étaient résolus à ses yeux. Solange, elle, gérait bien moins ce genre de choses. Peut-être en parler à Rose ? Mais ses BUSE approchaient et Lily ne voulait pas la déranger, James non plus avec ses ASPIC et il avait également une coupe de Quidditch à gagner. Teddy se préparait à devenir papa (l'accouchement était prévu pour dans un mois), il n'avait sans doute plus la possibilité de s'inquiéter de ses angoisses. Dominique peut-être ? Avait-elle obtenu le statut de confidente depuis le mariage ?

Pourquoi les choses ne pouvaient-elles pas être aussi simples ? Une vie banale, comme toutes les filles de sa classe…et sans les Héritiers Noirs qui continuaient à agir. Hier encore, un quartier Moldu avait fini en flamme, formant leur marque parmi les maisons brûlées. Les aurors avaient dû intervenir tandis que le ministre Gilles Stewart s'entretenait avec le Premier ministre Moldu en catastrophe, l'excuse de la fuite de gaz fut avancée, mais pour combien de temps le peuple anglais non magique allait croire en ces explications bateaux ? Quand ses attentats hebdomadaires s'arrêteraient-ils, partout dans le monde ?

Lily repoussa sa part de tarte au citron meringuée, sa gorge s'était comme resserrée et elle était incapable d'avaler davantage. Hugo, à côté d'elle, était trop occupé à discuter avec James, Lucy et Roxanne, si bien que lorsque Lily se leva et quitta la table, ils ne firent pas attention à elle. Elle avait besoin de calme et de se rafraîchir la figure au plus vite, les toilettes de Mimi Geignarde feraient l'affaire.

Le fantôme s'était visiblement absenté, car le lieu plongeait dans le silence. Quelques gouttes d'eau tombaient sur le sol et une fenêtre ébréchée faisait rentrer une mince brise dans cette pièce déjà si peu attractive. Lily n'y allait pas plus d'une fois par mois, même quand elles n'étaient pas inondées. Néanmoins, ce lieu était pratique lorsqu'on cherchait un peu de tranquillité, surtout quand Mimi ne rôdait pas dans les parages.

Lily se dirigea immédiatement dans les lavabos et ouvrit un robinet. L'eau froide sur son visage lui donna des frissons et une fois suffisamment rincée, elle se fixa dans la glace quelque peu rongée de moisissures noires. Elle avait de légères poches sous ses yeux, l'acné sur ses joues avait continué de se développer au point qu'elle avait fini par mander à sa camarade de chambre, Evannah Higgins, de lui prêter de la crème, ainsi que d'interroger Roxanne pour qu'elle recommande un lot de produits de beauté pour camoufler tout ça. Ses cheveux étaient décoiffés par sa journée de cours et ses mèches sur le devant gouttaient après avoir été éclaboussées. Ses doigts droit avaient des taches d'encre, elle avait consacré une partie de l'après-midi à griffonner des bouts d'idées, des aventures qui lui venaient en tête.

- J'ai l'air misérable, blâma Lily à voix haute avant de passer ses mains le long de son faciès.

Elle allait fuir le miroir quand elle remarqua quelque chose sur le coin gauche. Une forme sur le sol, du côté des cabines sur sa droite…ce n'était pas une trace sur la vitre, elle se retourna et observa que c'était plus long, plus fin. Une baguette.

Intriguée, Lily s'avança prudemment. Qui l'aurait perdue dans cet endroit ? Les lieux semblaient déserts… Elle s'accroupit et ramassa la baguette humide. Elle était un peu plus petite que la sienne et d'un bois plus sombre. Lily jeta un coup d'œil aux alentours, s'attendant à une farce, mais rien ne se présentait. Alors, prudemment, elle appela :

- Il y a quelqu'un ?

Par réflexe, Lily frôlait du bout des doigts sa propre baguette, bien qu'elle se sait complètement désavantagée si on l'attaquait par surprise. Pendant un instant, il n'eut que le silence pour lui répondre, avant qu'une petite voix tremblante, se fît entendre :

- Lily ?

Elle venait d'une des cabines au fond à gauche, que Lily aurait pu facilement confondre avec des toilettes condamnées. La jeune Potter fronça les sourcils, ce timbre lui était familier.

- Lily Potter ? Lily, c'est toi ? redemanda la personne.

- Oui oui, c'est moi, qui est-ce ? questionna Lily, restant un peu méfiante.

- C'est…c'est Mary Nott.

- Nott ?! s'écria Lily en sursautant. Mais qu'est-ce que tu…c'est ta baguette sur le sol ?

- À ton avis, à qui d'autre ? dit Mary avec une pointe d'agacement dans sa voix. Samson et Moore m'ont coincée là en jetant un sort à la serrure, j'ai également mon sac quelque part, mais tu penses bien que désarmée, je n'ai rien pu faire.

- Quoi, elles ? Mais pourquoi ? Et tu es là-dedans depuis longtemps ?

- Peu importe…est-il possible que tu m'aides s'il te plaît ?

Sans plus tarder, Lily s'approcha et retrouva la cabine de Mary, la plus au fond et prononça un « Alohomora » qui ouvrit la porte avec un cliquetis sonore. Mary Nott était dans un état épouvantable : ses cheveux blonds étaient décoiffés et de l'encre noire dégoulinait le long de sa chevelure, une manche de sa chemise avait été déchirée et une multitude de papiers toilette trempés juchaient à ses pieds ainsi qu'une bouteille d'encre brisée.

- Pas très glorieux en effet, commenta Mary les yeux fixés sur ses chaussures avant de sortir sans plus attendre de ce qui lui avait servi de cachot.

Elle ramassa sa baguette, la passa rapidement sous le jet d'eau d'un robinet avant de fouiller une à une les cabines. Ce fut dans celle opposée à la sienne, non loin où Lily avait trouvé sa baguette, que Mary repêcha son cartable dans une cuvette. Lorsque Lily jeta un coup d'œil vers sa direction, elle constata que le sac était entièrement mouillé, les livres flétris et les parchemins répartis sur le sol commençaient à se décomposer. Les jambes figées, Lily n'osait pas faire un geste et ne quittait pas du regard Mary qui tentait vainement de rincer ses cheveux dans un lavabo. Cela n'eut pour effet que de répandre des flaques noires sur ses mains, le bord de ses manches et tacher l'évier davantage.

- Tu peux partir Potter, je ne te retiens pas, marmonna Mary qui s'essorait les mèches.

- Je…bredouilla Lily avant de répondre soudainement plus fort. Non. Non, je ne peux pas te laisser comme ça !

- Pitié Potter, ce n'est pas comme si tu pouvais faire quelque chose…ou si tu voulais faire quelque chose.

- Mais pourquoi te font-elles ça ? renchérit Lily qui essayait de paraître moins nerveuse alors qu'elle se demandait si Mary faisait référence à la fois où les trois vipères l'avaient emmenée. Elles n'ont aucune raison de s'en prendre à toi.

- Aucune raison ?

Mary eut un rire amer, récupéra son sac et revint auprès de Lily, lui faisant face, l'expression noire.

- Tu crois qu'ils s'en trouvent une pour qu'on soit…humilié comme ça ? Elles le font parce qu'elles le peuvent, parce que personne ne lèvera le petit doigt pour moi ! Ni toi, ni Hugo, ni Scorpius qui a ses propres problèmes, ni Londubat, ni les profs, personne ! De toute façon, qui se soucie de ce qui arrive à Mary Nott, n'est-ce pas ? Son grand-père a été mangemort, elle est hautaine, froide et n'a pas d'amis, elle est à Serpentard, je n'ai pas à me plaindre, je l'ai cherché après tout !

- Non, non, ce n'est pas vrai, balbutia Lily qui était intimidée par son attitude.

- Et toi Potter, toi qui subis ça, tu n'as rien fait ! Tu m'as vu partir, tu as vu que je ne voulais pas y aller, mais tu n'as rien fait ! Tu n'as pas…même Weasley s'est excusé après ça ! Toi, ça t'arrange que quand on t'aide, mais tu es incapable de rendre la pareille ! Alors que je t'ai épaulé par le passé, je t'ai défendu face à elles, alors qu'elles se moquaient déjà de moi et regarde ce que j'ai reçu en échange !

- Ce n'est pas de ma faute ce qui t'arrive ! riposta Lily sur la défensive. Tu n'avais qu'à me laisser me débrouiller si tu me détestes !

Mary souffla du nez et perdit peu à peu sa fureur.

- Je ne te déteste pas…même si tu as dit du mal de Scorpius ou…c'est juste que…tu ne réalises pas la chance que tu as…

- La chance que j'ai ? s'exclama Lily qui manquait de s'emporter. Oh oui, quelle chance j'ai d'être insultée, brimée et jugée par-derrière ! Tu me traites de lâche, mais tu l'es autant que moi, car toi aussi tu n'as plus cherché à m'aider depuis que Moore, Samson et Drike s'en prennent régulièrement à moi, ou à Solange ! Tu as baissé la tête, tu n'as rien fait juste par crainte qu'elles se vengent sur toi !

- Mais ouvre-les yeux Potter, perdit toute retenue Mary, les iris rutilants. Toi tu as tes frères, tes amis, ta famille entière à te défendre si tu faisais preuve de plus de courage pour aller te plaindre ! Tu crois que j'ai quelqu'un moi ?! Bien sûr que non et Scorpius non plus ! Ta famille est majoritairement aimée, tu es capable d'arrêter tout ça et d'être soutenue ! Pas moi, pas Scorpius ni les enfants d'anciens mangemorts qui n'ont rien demandé ! On s'en fiche de ce qui peut nous arriver !

Les deux filles se stoppèrent, presque essoufflées. Mary se frotta le visage pour dissimuler la rougeur qui s'y trouvait et Lily eut presque envie de s'asseoir par terre si le carrelage n'était pas trempé. Ses jambes étaient lourdes et elle se sentait proche de fondre en larmes.

- Je…je ne m'en fiche plus…

Les lèvres de Lily avaient bougé toutes seules. Mary, surprise, la fixait intensément.

- J'ai été lâche, mais…je n'aime pas voir les gens…souffrir comme ça, continua Lily tandis que sa colère s'évanouissait. Que ce soit toi ou…Malefoy. Toi et moi…nous sommes en tort toutes les deux, on a été lâches, mais…tu ne me connais pas, tu ne sais de ce dont j'ai peur.

- Je suis autant terrifiée que toi, interrompit Mary un peu plus douce dans sa voix. Il y a beaucoup de choses que tu ignores…

- Alors je ferais en sorte de ne plus détourner le regard, reprit Lily, plus décidée. Je suis désolée si j'ai pu te paraître…froide ou…inconsciente. Et de n'avoir rien fait la dernière fois.

- Excuse acceptée, répondit Mary en baissant la tête. Désolée également de…m'être emportée.

- C'était plutôt légitime, haussa les épaules Lily. Tu sais Nott…tu as l'air bien plus courageuse que moi. En vrai, tu aurais dû être à Gryffondor à ma place.

- Merlin non merci, eut un discret rire Mary. Et où tu irais, toi ? Mais c'est gentil Potter…peut-être as-tu bon cœur en réalité ? renchérit-elle avec un léger dédain qui lui rappelait Scorpius.

- Pas plus que ma famille, se colora nerveusement Lily. Je t'ai aidé, mais je n'ai jamais agi tous les jours d'une façon noble…

- Je ne suis pas non plus très agréable de mon côté…je ne sais pas comment fait ton cousin pour venir discuter avec moi.

- Quoi ? Hugo et toi, vous vous parlez ?

- Longue histoire…mais ce n'est qu'occasionnellement, je ne pense pas qu'on soit ami ou spécialement proche en réalité…

- Hugo n'irait pas passer du temps avec toi s'il ne t'appréciait pas…vous l'êtes à mon avis…et…peut-être que toi et moi on peut aussi le devenir ?

Les yeux de Mary s'écarquillèrent tout comme les lèvres de Lily. Elle avait réellement réussi à dire ça ? Avec sincérité ? Où était caché son courage auparavant ?

- Pourquoi ? questionna Mary, stupéfaite. On ne se connaît pas tant que ça…

- Pourquoi pas ? renchérit Lily, encore légèrement hésitante. Tu m'as aidé, j'ai remarqué que tu allais mal…c'est déjà avoir un lien en quelque sorte.

- J'ignore ce que ça fait d'avoir des amis, répondit Mary, le carmin de ses pupilles s'étant désormais logé sur ses joues. Et qui sait les réactions des autres si on traîne ensemble ?

- Si Albus et ton cousin ont fini par devenir proches, pourquoi pas nous ? Peut-être que les trois pestes oseront moins se prendre à nous si on est regroupé ?

- Les trois pestes ? se permit avec un relevé de sourcil Mary.

- Les surnoms de Moore, Samson et Drike…se justifia Lily, un peu honteuse.

- Très appropriée en soi…et tu penses que Londubat voudra de moi ?

- Tu ne l'as jamais insulté et tu as été là pour son épouvantard, j'imagine qu'elle arrivera à te donner sa confiance. Elle peut être très ouverte d'esprit quand elle n'est plus mal à l'aise avec les gens.

Les deux filles s'échangèrent un sourire timide, ce qui changeait complètement le visage de Mary. Elle semblait moins effrayante ainsi. Lily de son côté, se libéra sa paralysie et se sentait plus légère. Elle croisa le regard de Mary Nott : ses iris gris retranscrivaient sa sincérité et peut-être même une petite dose de joie qu'elle tentait difficilement de dissimuler.

- Amies ? osa doucement Mary.

- Amies, répondit Lily avec assurance.

Mary tendit sa main droite et Lily la serra sans aucune hésitation. Une fois que Lily l'ait aidé à rassembler ses affaires et à jeter tout ustensile détruit, elles quittèrent les toilettes côte à côte.

- Tu crois que ta famille va bien le prendre si j'entre dans ton groupe ? interrogea néanmoins Mary au moins de se séparer pour différents chemins.

- Cela va certainement jaser, mais si Scorpius a pu être toléré, tu finiras par l'être aussi. James te fichera la paix, il préfère davantage embêter Albus que moi. Roxanne va sans doute commérer, mais à part ça…je pense que tu seras à peu près tranquille.

- D'accord…j'aimerais juste que ça ne va pas trop s'ébruiter au niveau de nos parents, se mordit nerveusement les lèvres Mary. Je ne connais pas les tiens, à part, tu sais, le fait que ce soit Harry et Ginny Potter, mais de mon côté, enfin surtout ma mère...ce serait compliqué si elle apprenait.

- Oh…je suis désolée pour ça, s'excusa Lily, assez gênée. J'espère que ça ira pour toi. Tu penses qu'elle…t'interdirait de nous voir ?

- Fort possible, mais je ne l'écoute pas…moins elle en saura, mieux ce sera.

Lily déglutit. Elle se souvenait vaguement de l'épouvantard de Mary, cette femme qui lui ressemblait. Si cela représentait Mrs Nott, elle ne pouvait qu'acquiescer face à cette description.

- On se retrouve demain ? s'hasarda Lily pour changer de sujet.

- Oui, on verra la façon dont je…dont ça se passe, répondit Mary qui se détendit à nouveau. Bonne nuit Potter.

- Appelle-moi Lily maintenant et fais de même avec Hugo et Solange, sourit la dénommée. On est amis dorénavant, tu te souviens ?

Mary eut un léger sourire et hocha la tête.

- Oui, bonne nuit Lily.

- Bonne nuit Mary, à demain.


Et voilà, j'espère que ça vous a plu, n'hésitez pas à vous manifester en écrivant un commentaire !

On reprend donc une publication hebdomadaire et le prochain chapitre, le neuvième, se nommera "Fly high".

A bientôt !