Chapitre 2

TW : mention de viol.

Disclaimer : Harry Potter et son univers appartiennent à JK Rowling.


Papillon de nuit

Aux rêves dépéris

Se jette dans la fosse des étoiles

Lance un douloureux râle

Aux oreilles de l'obscurité

Qui avale ses péchés

Hermione Granger sentait une douloureuse intrusion dans son esprit alors même qu'une confusion déroutante l'agressait. Oh, les cheveux noirs corbeaux de son professeur de Potions étaient bien différents de ceux, roux, de celui qui lui avait volé son innocence et presque sa vie. Mais la poigne ferme qui la maintenait clouée au sol était la même. Et cela la fit partir dans une crise de panique.

« Draco, sors d'ici, lui murmura Snape d'une voix blanche. Tout de suite.

-Mais tes blessures… marmonna le blond sans comprendre le changement soudain d'attitude de son parrain. Celui-ci se tenait plus droit, presque immobile, comme figé sur place, ses yeux fermement plantés dans ceux baignés de larmes de sa camarade.

-Sors, lança Snape d'un ton sans appel. »

Le Serpentard regarda une dernière fois la Gryffondor tétanisée qui pleurait et gémissait, avant de sortir à grandes enjambées, refermant derrière lui la porte.

Dès qu'ils furent seuls, Hermione sembla se calmer légèrement, sentant une présence masculine en moins. Un danger en moins.

Lentement, pour ne pas la brusquer, Snape lâcha ses poignets et se recula légèrement, tout en restant à proximité de la jeune femme. Son dos le brûlait, mais il n'en avait que faire. Son esprit lui criait de taire ses remarques cruelles et de ne pas fustiger la rouge et or pour son inattention.

Son esprit tournait à cent à l'heure. Il ne savait comment réagir, que dire, que faire pour la rassurer et la sortir de sa crise de panique. La frêle stature tétanisée de la jeune femme tremblait fortement, elle se retenait de faire le moindre mouvement, de peur de provoquer une réaction chez son enseignant. Ce dernier, de nature peu avenante, n'avait jamais su ni ressenti le besoin de réconforter autrui. Mais aux vues de ce qu'il avait découvert, il ne pouvait décemment la laisser sans un mot. Severus Snape était peut-être maladroit avec les sentiments, mais il n'était pas un monstre insensible non plus.

Alors il se leva et offrit sa main à la rouge et or pour que celle-ci se relève également. Elle hésita longuement, et alors que Snape perdait patience et s'apprêtait à retirer sa main, elle la saisit et se laissa aider par le professeur. Ses jambes tremblotantes avaient du mal à la maintenir debout, et elle dut s'appuyer sur la table de bois pour retrouver son équilibre. Sa respiration s'accélèrerait à mesure que les secondes passaient. Sa poitrine se levait et s'abaissait à un rythme inquiétant, et ses yeux confus ne pouvaient se fixer sur un point précis, si bien que Snape crut qu'elle allait s'évanouir à tout instant.

« Miss Granger, regardez-moi, lui ordonna-t-il d'une voix qu'ils espérait calme et rassurante. Respirez en même temps que moi. Inspirez, expirez. »

Petit à petit, la jeune femme réussit à retrouver une respiration plus lente, perdue dans les puits sombres qui l'hypnotisaient. Snape n'avait rien à voir avec lui. Snape était grand et l'emblème de la noirceur ; il était réconfortant, à sa manière. Toujours le même, toujours semblable, toujours aussi cru et cynique. Il ne mentait pas, ne manipulait pas -plus- pour arriver à ses fins. Ses humeurs étaient incertaines, mais ne basculaient jamais du tout au tout. Sa froideur constante était à cet instant un réconfort pour la rouge et or, puisqu'elle s'opposait aux brusques sautes d'humeur de son ancien amant lorsqu'il l'agressait, encore et encore.

Alors Hermione se laissa bercer par la voix veloutée de Snape, son regard envoûtant, et ses paroles sensées. Elle le laissait prendre le contrôle sur elle pour la calmer. C'était apaisant, de ne pas se retrouver seule dans ce genre d'épisodes, pour une fois.

Snape n'était pas lui. Elle n'avait rien à craindre.

Au bout de longues minutes, durant lesquelles Snape n'avait cessé de lui parler calmement mais fermement malgré les brûlures qui déchiraient son dos, Hermione redevint alerte. Elle prit une grande inspiration et regarda aux alentours, prenant compte de la désertion de ses camarades et du carnage qu'elle avait causé. Elle porta une main à sa bouche, contrite, et regarda les bouts de tissus noirs troués qui recouvraient les épaules rougies de son professeur.

« Professeur, je suis tellement… entama-t-elle d'une voix tremblante. »

Le maître des cachots la fit taire d'un geste de la main. Retrouvant son regard froid, il la scruta avec indifférence un long moment. Mais son œillade restait intriguée, confuse, ce qui n'échappa pas à la lionne, qui comprit alors qu'il savait.

Alors une colère sourde s'empara d'elle, couplée à une honte écrasante.

Comment a-t-il osé s'introduire dans mon esprit ?

Fumante, elle attrapa rageusement ses affaires et s'envola à grandes enjambées vers la porte de la salle de classe. À peine voulut-elle l'ouvrir qu'elle entendit un clic caractéristique. Elle se retourna lentement, lança un regard noir à son enseignant, qui le soutint sans ciller.

« Laissez-moi sortir, grinça des dents la jeune femme.

-Pas de ça avec moi, claqua la voix de Snape qui plaça ses mains derrière son dos. Revenez ici. Tout de suite. »

Hermione serra la mâchoire, resta immobile. Elle bomba le torse, voulant se grandir pour s'imposer malgré sa petite taille au maître des potions.

« Tout de suite, Miss Granger. »

Hermione soupira imperceptiblement et s'avança vers son professeur, se postant à quelques centimètres de lui à peine.

« Vous n'aviez pas le droit, murmura-t-elle avec des larmes perlant à nouveau dans ses yeux chocolats, assombris par la colère.

-Ce n'est pas de ma faute si vous pensez si fort, Miss, répliqua Snape en haussant un sourcil. »

Hermione rougit fortement et fronça les sourcils, ne sachant que répondre. Snape soupira alors et s'éloigna d'elle d'un pas.

« Miss Granger, la situation dans laquelle vous vous trouvez est… délicate. Il est de mon devoir de professeur de vous demander plus d'informations ou, comme je vous l'avais proposé, de vous rediriger vers un autre membre du corps enseignant.

-Je ne veux en parler à personne, trancha la rouge et or d'une voix ferme qui surprit le potionniste.

-Et pourquoi donc ? Assurément, Potter et Weasley serait les premiers à vous défendre et vous aider, preux chevaliers qu'ils sont, ricana Snape d'un ton mordant. »

À la mention de ses deux meilleurs amis, Hermione déglutit difficilement, mais elle ne laissa rien transparaître. Cependant, cela n'échappa pas au maître des cachots qui fronça alors légèrement les sourcils. Alors qu'il s'apprêtait à commenter sa réaction, la jeune femme le devança.

« Je ne veux pas les déranger dans leur entraînement d'Aurors si prenant et pesant, cracha-t-elle avec une hargne qui surprit d'autant plus Snape.

-Dans ce cas, allez en parler à Miss Weasley, ou Monsieur Londubat, ou n'importe quel autre de vos stupides camarades. L'un d'eux sera bien apte à écouter vos tourments et vous offrir un peu de réconfort. »

À ces mots, Hermione sentit que quelque chose de profond céda en elle. Comme si toute la colère qu'elle retenait enfouie depuis des mois remontait enfin à la surface.

« Et qu'est-ce que ça peut vous faire, après tout ? cria la rouge et or en s'avançant d'un pas vers son professeur. Vous m'avez très bien fait comprendre hier que vous n'en aviez strictement rien à faire de ma pauvre et misérable personne en manque d'attention. Vous cherchez simplement à vous décharger d'un poids sur votre conscience, parce que par le passé, vous avez été incapable de faire quoique ce soit face aux tortures dont vous avez été témoin, ou auxquelles vous avez participé. »

Hermione était à bout de souffle. Elle réalisa lentement ce qu'elle venait de dire à son professeur, et une horreur sourde s'empara d'elle.

Snape, quant à lui, conservait un air indéchiffrable. Il s'approcha un peu plus près de la rouge et or, et, se penchant vers son oreille, lui susurra ces paroles d'une voix tranchante.

« C'est justement à cause de ces horreurs que j'ai vues et commises, Miss Granger, que ce que vous avez subi me révulse. Elle m'est insupportable. Alors, oui, je me fichais de votre pitoyable tentative de mettre fin à votre fin, car contrairement à vous, je ne ressens pas le besoin d'empêcher les gens de faire ce qu'ils veulent de leur existence. Je vous ai sauvée par simple réflexe, pensant que vous aviez trébuché, maladroite comme vous pouvez l'être. Néanmoins, je ne peux vous laisser mettre fin à votre vie en sachant ce qu'il vous est arrivé. Car ayant été malgré moi dans la position d'un impuissant qui ne pouvait rien faire pour aider ces jeunes femmes violées des heures durant par des Mangemorts, je me suis fait la promesse, une fois la guerre terminée, de ne jamais plus rester impassible face à ce crime qui est, à mon sens, pire encore que la mort. Je ne peux vous regarder laisser cet homme gagner sur vous. Vous méritez mieux que ça. Vous méritez qu'au moins une personne vous entende et vous aide. Ce n'est peut-être pas à moi de le faire, mais je me dois de vous aider à ma manière, pour compenser toutes ces fois où je n'étais pas en mesure de le faire. Oui, Granger, j'essaye à travers votre cas d'alléger ma conscience, mais vous n'avez aucune idée, aucune, d'à quel point celle-ci est pesante. Alors épargnez-moi vos misérables tentatives de me blesser par vos mots, car ils ne me feront jamais aussi mal que ce que j'ai pu voir. Vous m'avez ôté le plaisir de mourir, alors laissez-moi au moins rendre mon existence un peu moins tourmentée par les regrets et les remords. »

La tirade de Snape laissa Hermione bouche bée. Sa colère était retombée d'un coup, comme si elle venait de prendre une douche froide. Un lourd silence s'éternisa entre le professeur et son élève. Hermione ne savait que répondre, et Snape attentait plus ou moins patiemment qu'elle daigne lui offrir des explications.

« Je… Je suis désolée, professeur, balbutia la lionne. Mes paroles étaient tout à fait déplacées.

-Je me fiche de vos excuses, gronda Snape. J'attends des explications.

-J'ai essayé, vous savez, confia Hermione. J'ai essayé d'en parler à Ginny, à Luna, à Harry. Mais je n'ai jamais réussi. Soit à cause de leur indifférence, soit à cause de leur regard rempli d'innocence et d'incompréhension, je n'ai jamais pu leur dire la vérité. Ils savent que je ne vais pas très bien, mais ils mettent cela sur le dos de la guerre. Et je me vois mal alourdir leur peine avec la mienne.

-Et comment pensez-vous qu'ils auraient réagi si vous étiez parvenue à vos fins, hier ?

-Ils auraient mis cela sur le compte d'un accident. Ils auraient été tristes, mais s'en seraient vite remis. Ils ont d'autres préoccupations. Maintenant que la guerre est terminée, chacun veut passer à autre chose et cesser de se lamenter sur les pertes accablantes.

-Miss Granger, dit Snape après un court silence, avec votre permission, j'aimerais informer Mme Pomfresh de votre état. Il est nécessaire que quelqu'un s'occupe de vos blessures, externes comme internes. Avez-vous pris des précautions après ce qu'il s'est passé…?

-Je n'ai pas pu, répondit Hermione d'une voix blanche. Je n'ai pas eu le droit.

-Comment ça, vous n'avez pas eu le droit ?

-Mon agresseur m'empêchait de sortir pour faire quoique ce soit, avoua-t-elle, honteuse. J'ai tout juste réussi à le convaincre de me laisser retourner à Poudlard.

-Pourtant, il me semble que vous avez passé l'été avec Potter et les Weasley… »

Soudain, une réalisation brutale tomba sur le potionniste. Il planta son regard dans celui, apeuré, de la rouge et or, qui hocha lentement la tête pour confirmer ses suspicions. Dans un sanglot étranglé, elle dit tout haut ce que Snape pensait tout bas.

« Ronald m'a violée et tenue captive tout l'été. »


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