Un texte plus ou moins parodique sur un point du jeu, que je n'ai pas vu abordé nulle part encore (même si je serais heureuse d'être détrompée).
Abby avait des secrets. Elle faisait de son mieux pour garder pour elle, dans une ville aussi petite que Pelican Town où les rumeurs aillaient bon train. Elle savait qu'un jour, quelqu'un apprendrait et que le lendemain, tout le monde saurait. On se rappellerait toutes les étrangetés d'Abby et on hocherait la tête l'air de dire que l'on savait déjà. On soulignerait son obsession pour les cimetières et les lieux étranges, son envie de solitude, ses intérêts trop particuliers même pour sa mère et même son désir entêté de garder ses cheveux de cette teinte de violet. Mais elle n'en était pas encore là.
La femme de la ville la salua le premier jour sans la moindre once de jugement. Cela plut aussitôt à Abby. Elle était… vraiment gentille. Un peu perdue, parfois, parmi ces vastes espaces. Abby la croisa parfois tandis qu'elle explorait les environs en se demandant parfois ce que serait l'inverse.
La deuxième semaine, leur de leur deuxième contact, la femme lui offrit un morceau de quartz. Abby l'avait vue de loin en faire de même avec plusieurs, elle avait dû se renseigner sur ce qui leur plairait en guise de cadeau de bienvenue. Abby, ravie, parla trop vite.
Elle avait toujours un morceau de gâteau au chocolat ou de tourte aux mûres à proximité, quand elle jouait à un de ses jeux préférés. À une époque, elle avait aussi une belle collection de pierres et de gemmes, récoltée petit à petit. Un jour, concentrée sur son écran, elle avait tendu la main pour attraper sa collation du jour, pris une bouchée, délicieuse, par ailleurs. Elle en était à sa troisième bouchée quand elle avait réalisé que le sublime gâteau au chocolat de Caroline n'était pas censé avoir ce goût juste assez salé. Ni croquer sous la dent comme ça. Elle regarda avec horreur l'améthyste dans sa main et les traces de dents, aussi nettes que si Abby avait eu des dents en iridium, recracha un mélange de sable violet et de salive et se défit de sa collection le lendemain. Caroline en fut trop heureuse pour poser de questions.
Ça ne l'empêcha pas de réessayer, une fois le choc passé, juste pour être sûre qu'elle n'avait pas rêvé.
-Hé, comment as-tu su que j'avais faim? Ça a l'air délicieux!
S'entendant parler, Abby eut une soudaine envie de disparaitre, mais heureusement pour elle, la femme de la ville continua à sourire. Elle devait croire qu'il s'agissait d'une blague. Abby se contenta de sourire en retour.
