En entrant dans la Grande Salle, Hermione surprit quelques regards appuyés sur elle ainsi qu'une vague de chuchotements. Elle les ignora avec brio et alla s'installer à sa table, agissant comme si tout était normal et que les conversations ne s'étaient pas subitement tues à son entrée. Neville, installé près d'elle, eut un rire amusé.
— Tu es au centre de toutes les rumeurs…
La jeune femme soupira et secoua la tête, avec un sourire crispé.
— Qu'ai-je encore fait pour mériter ça ?
Neville lui jeta un coup d'œil en coin, puis il leva un sourcil moqueur.
— D'après ce que j'ai entendu dire, tu as offert une sacrée représentation à King's Cross. Je suis curieux de savoir ce qui s'est réellement passé à ce sujet.
Hermione grogna en rougissant légèrement, avant de soupirer.
— Disons que je suis… proche de Drago Malefoy.
Neville pencha la tête en l'observant attentivement, puis il sourit doucement.
— Proche à quel point ?
Hermione sentit ses joues brûler et elle se frotta le visage avec un gémissement agacé. Puis elle soupira.
— Je l'ai… embrassé sur le quai ?
Neville gloussa doucement et il insista gentiment, taquinant son amie.
— C'est une question ou tu es sûre de toi ?
Malgré elle, Hermione se mit à rire, toujours aussi rouge. Cependant, elle avait confiance en Neville pour ne pas la juger ou la repousser aussi elle se pencha vers lui en baissant la voix.
— J'ai appris à le connaître, d'abord par courrier et puis… j'ai été chez lui passer les vacances.
Neville resta un instant silencieux, puis il hocha la tête lentement.
— D'accord. Plein de gens vont te faire la leçon alors je vais t'épargner le côté moralisateur. Je suppose que tu n'as pas oublié toutes vos disputes et donc, vous avez dû… surmonter tout ça.
Hermione haussa les épaules, avec une légère moue.
— Il n'y a rien à surmonter. Nous étions des enfants, nous nous battions. Nous avons tous les deux grandi et appris à nous découvrir… autrement.
Neville haussa un sourcil en hochant la tête, avant de soupirer, soudain sérieux.
— Certaines personnes se demanderont si tu es… consciente de tes choix et si tu n'as pas été… influencée.
Hermione se tendit, serrant les poings, avant de siffler, d'une voix tranchante.
— Drago n'a pas utilisé le moindre sort ou la moindre potion sur moi. Je suis celle qui a fait le premier pas et il… Il est loin d'être une mauvaise personne. Il était juste coincé dans une famille appartenant aux ténèbres et il s'est débattu comme nous dans une guerre qui ne le concernait pas.
Neville renifla, détournant les yeux, incapable de cacher son amertume.
— Crois-moi, je suis bien placé pour le savoir. Cette guerre m'a arraché beaucoup de choses. Cependant, il y aura des sorciers plus chanceux que nous qui se permettront de juger et de donner leur avis… Je veux juste être certain que tu es consciente des conséquences de tes actes, Hermione.
Hermione cligna des yeux, un peu surprise, puis elle hocha la tête lentement, dévisageant Neville. L'ami un peu naïf et balourd s'était transformé au cours de leur scolarité pour devenir un homme solide, empli de bon sens et de gentillesse. Il semblait également particulièrement lucide sur le monde autour de lui.
Avec un soupir, elle souffla, épuisée.
— Je sais. Je n'imaginais pas que…
Neville leva un sourcil interrogatif à sa phrase laissée en suspens et elle sourit brièvement.
— Que je m'attacherai aussi rapidement à lui. Il n'est pas celui qu'on imagine, Neville, loin de là.
Le jeune homme tapota la main d'Hermione sur la table et il sourit.
— Tu n'as pas à me convaincre, Hermione, je m'en doute déjà puisque tu sembles… toujours ravie lorsque tu reçois ses lettres. Tu es mon amie et je voulais juste être sûr que… tu as conscience de ce qui t'attend.
Hermione eut un sourire triste, avant de baisser les yeux pour fixer la table, indifférente aux regards insistants posés sur elle.
— Drago a abordé le sujet et je me doutais qu'il y aurait quelques… frictions, mais je n'imaginais pas vraiment que ce serait à ce point. Cependant, je ne compte pas céder à la pression ou changer d'avis.
Neville laissa échapper un petit gloussement approbateur.
— Bien dit. Sache que Luna et moi serons à tes côtés.
La jeune femme lui souffla un remerciement sincère et elle picora dans son assiette, l'appétit coupé. Elle comprenait plus que jamais Harry et son envie d'anonymat en cet instant et elle espérait qu'elle ne serait pas le centre de l'attention de la Grande Salle.
Le lendemain matin, Hermione se leva de mauvaise humeur. Si la conversation avec Neville avait été amicale, les choses n'avaient pas été aussi agréables dans son dortoir. Toutes les filles de septième année écoutaient attentivement alors que Parvati lui posait des questions sur sa relation avec Drago Malefoy.
Hermione avait croisé le regard furieux de Ginny, mais la jeune fille était restée en retrait, sagement assise sur son lit.
Contrairement à Neville, Parvati n'avait pas hésité à suspecter qu'elle soit sous imperium ou droguée avec un philtre quelconque. La jeune femme avait même fait remarquer perfidement que Drago était celui qui avait tenté d'empoisonner Ron, alors que celui-ci était en couple avec Lavande.
Fatiguée de cette inquisition, Hermione avait sèchement rappelé qu'elle était libre de ses propres choix et qu'elle n'avait de comptes à rendre à personne. Cependant, elle se doutait que la conversation reviendrait à un moment ou à un autre… Elle songea qu'au moins, elle n'avait pas à répondre aux attaques de Lavande. Après avoir été attaquée par Greyback, Lavande était toujours à Sainte Mangouste, dans le service des blessures par créatures magiques. Heureusement pour elle, elle n'était pas devenue louve-garou, mais elle semblait avoir quelques problèmes d'agressivité et des envies de viande rouge incontrôlables.
Hermione avait conscience que son absence pesait énormément à Parvati, mais à ses yeux, ce n'était pas une raison pour la laisser imaginer que Drago Malefoy était au centre d'un complot visant à prendre la tête du monde magique en se servant de la pauvre Hermione Granger… Si elle n'avait pas été directement concernée par ses élucubrations, Hermione aurait pu rire de son imagination.
