Chapitre 5 : Agir
Une semaine, cela faisait une semaine que TK avait été agressé, une semaine qu'il avait été accusé de cet acte ignoble, une semaine que TK était maintenu dans le coma et qu'il avait interdiction de l'approcher. Cela faisait une semaine qu'il était coincé chez ses parents, une semaine qu'il ressassait ce qu'il s'était passé ce jour-là, une semaine qu'il se sentait inutile.
Il avait l'impression de devenir fou, rien n'avait changé en une semaine et ça le tuait de l'intérieur. Il passait ses journées à l'extérieur, à l'ombre d'un arbre, à faire du sport ou perdu dans ses pensées, il faisait d'ailleurs des pompes quand son père l'appela.
A contre-coeur, mais avec l'espoir d'avoir des nouvelles de TK, il rentra. Il ne pouvait avoir des nouvelles de son fiancé que sur le téléphone portable de son père, le sien n'ayant toujours pas été retrouvé à sa connaissance, et certains proches de TK semblaient moins enclins que d'autres à appeler. Paul, Judd, Nancy et Tommy ne manquaient pas de lui dire comment allait TK, de lui envoyer quelques photos, voire même de faire un visio avec lui sur l'appareil de son père, mais Owen, ne le faisait jamais.
Il fut surpris de découvrir dans le salon de ses parents beaucoup plus de monde que ce qu'il aurait pu imaginer : ses parents bien sûr, son avocat, un jeune Texas Rangers, Paul et Judd. Il salua Maître Vargas et le collègue de son père avant de serrer ses amis dans ses bras, tous deux lui rendirent son accolade avec force et tous s'assirent autour de la table de la salle à manger.
"Carlos, je te présente Antonio Makula, jeune recrue des Texas rangers, mais qui a fait ses preuves comme détective en Ohio avant de nous rejoindre il y a trois mois.
- Bienvenue au Texas, répondit sombrement le jeune homme.
- Maître Vargas a des nouvelles pour nous, continua son père.
- Pour commencer, le juge a accepté notre demande d'abandon des charges contre vous pour vice de procédure. Vous êtes libre d'aller où vous souhaitez à l'exception de votre appartement qui est toujours sous scellés et de l'hôpital nord. Vous ne pouvez pas non plus quitter l'Etat."
Le soulagement n'atteignit pas le cœur de Carlos qui comprit surtout qu'il ne pouvait toujours pas être auprès de TK.
"Je suis toujours soupçonné de l'agression ?
- Certaines personnes préfèrent que vous restiez à l'écart tant que l'enquête ne vous aura pas complètement blanchi.
- Qui ?"
Un silence tendu lui répondu, Paul, Judd et l'avocat semblèrent mal à l'aise.
"Qui ? s'énerva-t-il.
- Owen Strands, il a été consulté par la juge avant qu'elle ne rende sa décision."
Il sembla à Carlos que le ciel lui tombait sur la tête. Il lui avait bien semblé quand il avait eu son beau-père au téléphone la semaine précédente et que celui-ci ne lui montre TK, que quelque chose n'allait pas avec lui. Il avait cru que c'était parce que le secouriste était à nouveau sur un lit d'hôpital entre la vie et la mort, mais il semblerait que ce soit qu'il le pensait coupable de sa situation. Carlos se prit la tête entre les mains, comment son cauchemar pouvait-il avoir tellement empiré avec ce qui était censé être une bonne nouvelle ? Les mains de Paul et de Judd, entre qui il était assis, se posèrent sur ses épaules et les pressèrent en signe de soutien.
"La juge a aussi ordonné une enquête conjointe entre les Texas Rangers et la police d'Austin pour trouver ce qui est arrivé à monsieur Strands. Elle a demandé à ce que la détective Serina Washington soit en charge de l'enquête avec Monsieur Makula. Elle a aussi ordonné une enquête interne concernant le comportement des officiers Gordon et Humpfrey.
- OK, Washington est compétente et impartiale, c'est une bonne nouvelle, reconnu Carlos. Est-ce qu'on peut faire quelque chose de notre côté ?
- Oui, répondit Makula. Vous et vos amis allez venir avec moi aux bureaux des Texas Rangers, la détective Washington nous y rejoindra, et nous allons reprendre vos déclarations. Ensuite, monsieur Reyes et monsieur Strickland vous viendrez avec nous sur la scène de crime pour une reconstitution des faits et analyser les lieux."
Carlos regarda Antonio près d'une minute avant de lui sourire et de le remercier. Il fit de même ensuite avec l'avocat et tout le monde, sauf sa mère, monta en voiture, Carlos avec Paul et Judd, son père avec Antonio et maître Vargas.
"Comment va TK ? demanda Carlos dès que Judd eut démarré.
- Toujours dans le coma, mais quelques signes cliniques font penser aux médecins qu'il y a des raisons d'espérer, répondit Paul.
- Je devrais être à ses côtés…
- Tu le seras bientôt, lui assura Judd.
- Est-ce que Owen me croit réellement coupable ?
- Non, répondit le plus âgé, mais il a peur que ce soit le cas. Il a peur de s'être trompé sur toi et de t'avoir donné sa bénédiction. Il a peur de te laisser revenir à ses côtés et que tu le tues et en même temps, il a peur de te condamner pour quelque chose que tu n'as pas fait.
- OK…"
Il se sentait presque peiné pour l'homme, mais ne pouvait s'empêcher de lui en vouloir de le garder loin de l'amour de sa vie.
"Et vous ?
- Aucune chance.
- Jamais." répondirent les deux hommes en même temps.
Carlos se sentit soulagé de savoir qu'au moins deux de ses amis ne doutaient pas de lui.
"Eh, on va trouver celui qui a fait ça, OK ? Tu as un super bon avocat qui s'est débrouillé pour avoir les meilleurs enquêteurs sur cette affaire, Paul marqua un temps d'arrêt. Par contre, il faut que tu t'attendes à apprendre des trucs qui ne vont pas te plaire sur TK je pense.
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
- Quand j'ai trouvé TK, les marques sur lui montrait que c'était personnel. Le gars qui lui a fait ça le connaissait personnellement et savait comment te faire tomber à sa place."
Une sorte de rage l'envahit à l'idée que ce soit un proche de TK qui lui ait fait autant de mal, que quelqu'un leur ait tendu un piège. Il resta silencieux le reste du trajet qui les mena jusqu'aux locaux des Texas Rangers.
