Toujours le même TW : harcèlement sexuel, mais chapitre relativement soft

yuishifuji, merci pour ta review (mais pas pour ce choix de pseudo impossible à retenir XD) J'hésite rarement longtemps pour trouver un titre à mes créations. En général, j'essaye de me forcer à trouver plusieurs idées, mais je reviens quasiment systématiquement sur la première qui m'est venue... Là, je voulais absolument un truc sur la fin de l'humanité, et mon principal soucis était que ça ne sonne pas trop zombies et apocalypse ^^ J'espère que tu aimeras la suite, car en effet, ça prend son temps...


La veille, Drago avait passé toute sa journée à laver, frotter, faire tremper, laver de nouveau sa chère housse de couette. Evidemment, il n'avait pas pu l'utiliser durant la nuit, et pour la faire sécher, l'avait suspendue contre les grilles de sa cellule en nouant ses coins aux barreaux.

Ce matin-là, il observait le résultat d'un œil critique. Une vilaine auréole jaune était encore visible.

Il avait déjà prévu, quelques jours plus tôt, de voler de la lessive, mais il s'agissait alors d'avoir de quoi troquer. Désormais, il réfléchissait aux risques et avantages à utiliser ce larcin pour son propre compte.

N'importe qui aurait trouvé le risque trop grand et surtout, l'intérêt trop petit… Mais Drago se souvenait avec émotion de tout ce qu'il avait ressenti en pénétrant son nouveau lit tout propre pour la première fois… S'il pouvait de nouveau éprouver ne serait-ce que la moitié de ce bonheur…

Une lumière blanche aveuglante jaillit des pourtours de la porte de sa cellule.

Drago quitta son chez-lui, se rendit en boitant devant les cuisines, et compta les minutes. Il posa sa main sur la barre de fer rougeoyante une seconde exactement avant que les portes ne s'ouvrent pour laisser le passage aux chariots. Il alla rapidement se saisir du sien, mais ne put toutefois échapper à Ackerley qui semblait avoir monté la garde.

« Malfoy ! salua-t-il d'un ton menaçant.

– Ackerley, répondit Drago en regardant nerveusement autours de lui. Une réponse de mon père, peut-être ?

– Oui, il te fait savoir que tu dois me donner ton cul ! »

– Pour le message d'hier ? Ça m'étonnerait. Ma bouche, à la limite. »

Ackerley posa son poing sur le chariot pour le bloquer et se pencha dangereusement vers Drago. Son visage n'était plus qu'à quelques centimètres quand il lui chuchota :

« T'es un putain de petit malin, toi, pas vrai ? »

Drago le regarda dans les yeux en essayant de conserver un air neutre.

« Ackerley ! » Le détenu de la veille, celui qui essuyait les assiettes et à qui Drago avait confié le message s'approcha. « Laisse ma petite souris tranquille, tu veux ?! »

Le type semblait beaucoup s'amuser à provoquer son collègue, mais ignorant le système hiérarchique en place dans les cuisines, Drago se demandait si c'était une bonne chose. Il avait entendu son nom, la veille… Rosier ? Un nom de Sang-Pur, mais ça ne lui apprenait pas grand-chose.

La file de chariots enchantés avait déjà atteint le monte-charge au bout du couloir, et ils commençaient à s'y ranger. Drago donna une légère impulsion à son chariot de ménage. « Les gars, je dois vraiment y aller. »

Ackerley ne bougea pas d'un poil, maintenant toujours le chariot en place et fixant Drago.

Rosier lui attrapa calmement le bras et, comme s'il aidait un ami diminué, le fit tout doucement se redresser. Drago lui adressa un signe de tête reconnaissant, et écarta la porte d'un petit coup de pied avant de faire passer son chariot et de sortir.

« Malfoy ! » Drago se retourna. Les portes se refermaient sur Rosier qui lui adressait un large sourire en lui montrant un parchemin plié. « Il a dit non pour ta bouche. Mais bientôt peut-être… »

Les portes claquèrent. Drago frissonna. Il ignorait franchement qui, de l'un ou de l'autre des cuisiniers, présentait le plus gros risque. Une bite était une bite. Peu importait. Il courut à perdre haleine dans le couloir, sentant ses cuisses le brûler, et propulsa son chariot dans l'embrasure des portes du monte-charge qui se refermaient. Celui-ci heurta des chariots magiques qui protestèrent en faisant tinter leurs clochettes d'or. Les portes se réouvrirent. Drago s'engouffra dans l'ascenseur, et il utilisa le temps de la montée pour faire taire toutes les sonnettes en les caressant gentiment, si bien que quand il arriva à son étage, plusieurs chariots lui adressèrent un petit tintement d'au revoir.

Quand Potter le fit entrer dans ses appartements, Drago n'eut pas le temps de ranger son chariot que déjà il se vit ordonner : « Assieds-toi. »

Potter lui désignait la table d'acajou ou il prenait son petit déjeuner. Il indiquait même spécifiquement la place en face de celle que Drago lui avait vaguement attribuée, au hasard, lors de son premier service.

Le prisonnier, craintif, s'exécuta en redoutant le pire : Le directeur avait-il eut vent du message codé ? Si oui, il ne semblait pas suffisamment en colère, compte tenu des démonstrations auxquelles il s'était prêté.

Potter s'installa à sa place et fit glisser vers Drago un parchemin vierge et une plume.

Drago considéra la plume, en essayant de se souvenir s'il s'agissait de celle qu'il avait utilisé la veille.

Potter posa ses avant-bras sur la table, croisa et doigts, et déclara : « Je veux que tu m'écrives la liste de tous ceux avec qui tu as couché. »

Drago fixa le parchemin comme s'il s'agissait d'une photographie de Dolores Ombrage nue lui adressant des baisers. Il cligna des yeux, chercha ses mots, et puisqu'aucun autre ne vint, il se contenta d'un « Pardon ? » stupéfait.

« Peut-être pas tous, nuança Potter avec un sourire mauvais. Uniquement ceux du personnel… J'espère qu'une feuille suffira ? ajouta-t-il d'un ton venimeux.

– Je ne peux pas faire ça… » expliqua lentement Drago en détachant chaque mot. Comment pouvait-il lui faire comprendre dans quel guêpier il se retrouverait s'il passait pour une balance ? Comme s'il n'avait pas déjà suffisamment d'ennuis…

« Tu vas le faire pourtant, si tu veux garder la cellule. »

C'était un coup bas. Drago lui avait clairement montré à quel point il tenait à sa cellule, la veille, et maintenant, Potter en profitait.

Drago adorait sa cellule, bien plus qu'il n'était psychologiquement sain d'aimer un lieu. Malgré cela…

« Je ne peux pas », chuchota-t-il en sentant son cœur se briser.

Potter se leva avec brutalité dans un grincement sinistre de chaise.

« Tu crois quoi, Malfoy ?! Que quiconque ici puisse te rendre la vie pire que je ne le ferais si je ne suis pas satisfait ? »

Drago fixa de nouveau le papier en étudiant ses possibilités. S'il acceptait, les gardiens le haïraient. Et Waren lui avait prouvé que sa cellule n'était pas un refuge sûr face aux gardiens. S'il refusait, Potter mettrait sa menace à exécution, et Drago rejoindrait le corridor 3 dans la disgrâce, rendant son père furieux… Son père, qui n'hésiterait pas à lui mettre également les gardiens sur le dos, si ça pouvait servir ses intérêts…

« Malfoy… » menaça Potter, le voyant hésiter.

Drago saisit la plume et fit mine d'en vérifier le niveau d'encre afin de gagner un peu plus de temps.

Son père… Il fallait qu'il réfléchisse comme son père. « Quand on ne voit que deux possibilités, c'est qu'on n'a pas bien cherché » lui avait-il appris. Drago ferma les yeux…

Il pouvait mentir.

Il pouvait balancer uniquement deux ou trois gardiens. Disons quatre pour rendre les choses crédibles. S'il choisissait les noms avec soin… Il pensa aux deux Surveillants qui s'étaient proposé pour remplacer Waren : Johnson et Sparvus. S'il mettait le nom de l'un, cela faciliterait les chances d'ascension professionnelle de l'autre. Johnson n'avait aucun intérêt, mais Sparvus avait profité de Drago plusieurs fois, et son père saurait comment le manipuler…

Drago posa la pointe de la plume sur le parchemin, décidé à inscrire le nom de Johnson.

La plume resta suspendue un millimètre au-dessus du papier.

Drago respira calmement. Il savait prendre la bonne décision. Il se força à abaisser la plume…

Sa main refusa de bouger.

Il leva les yeux avec effroi et contempla le Directeur qui l'observait d'un air mauvais.

« N'essaye pas de m'arnaquer, Malfoy. »

La plume avait été ensorcelée. Ou le parchemin. Ou l'encre, ou la chaise sur laquelle il se trouvait.

Drago baissa à nouveau le regard sur le papier. Il lui fallait vérifier.

Il posa la plume sur le papier en s'apprêtant à écrire le nom de Sparvus.

La pointe accepta de toucher la surface blanche ou elle forma une grosse goute d'encre, Drago luttant contre le sortilège pour faire partir son trait dans une direction que la plume refusait d'emprunter.

Potter se rassit, farfouilla dans des affaires qu'il avait entreposé à ses côtés, et fit glisser vers le prisonnier un petit encrier de bronze. Puis il s'installa profondément sur sa chaine, croisa les jambes et les bras et observa Drago comme s'il n'avait absolument rien d'autre de prévu de sa journée.

Drago saisit l'occasion en silence : Il parvint à arracher sa plume du papier, puis il ouvrit l'encrier, y trempa la plume, qu'il tapota sur le bord pour éliminer l'excédent…

« Prends ton temps… »

Drago ignorait quel était le pire entre les menaces directes et ce ton doucereux… Il déglutit, rassembla son courage, et posa franchement la plume sur le papier. Il traça les lettres d'une traite, sans réfléchir, puis relut le nom qu'il avait inscrit :

William Waren

C'était un début. Potter était déjà au courant, et c'était de toute façon trop tard pour Waren.

Il passa à la ligne suivante, et en se concentrant pour garder la même fluidité dans le geste, essaya d'écrire « Julius Johnson ». La plume s'immobilisa un millimètre au-dessus du papier. Même chose pour « Albert Runcorn ». Drago insista de longues minutes, appuyant sur ses doigts avec sa seconde main, mais la plume refusait de bouger.

Il essaya de nouveau, et constata, horrifié, que sa main n'avait aucune difficulté à inscrire un troisième nom :

Peter Sparvus

L'encre était irrégulière tremblotante sur les dernières lettres. Drago avait essayé de faire dévier le trait ou de relever la plume sans y parvenir.

Il aurait des ennuis quand son père apprendrait qu'il avait évincé Sparvus au profit de Johnson… Il espéra que le Directeur d'Azkaban aurait au moins la présence d'esprit de ne pas ébruiter les choses quand il licencierait des hommes compétents.

Il lui fallait encore au moins deux noms. Le temps paraissait s'étirer infiniment.

Le poignet de Potter émit un son étrange, une suite de petits « bip » rapprochés. Le bruit provenait d'une montre moldue que son propriétaire tripota jusqu'à faire taire. Après quoi, le Sorcier saisit sa baguette, fit un geste, et un petit Patronus Messager apparut.

« Notre réunion prévue ce matin est reportée à une date ultérieure que je vous indiquerai dès que possible, annonça Potter. Inutile de répondre à ce communiqué. Merci de votre disponibilité. » La boule lumineuse argentée scintilla doucement avant de se fondre dans les airs et d'aller transmettre son message.

Il reporta de nouveau son attention sur Drago, et murmura : « Continue. »

Drago regarda nerveusement autours de lui, et distingua l'horloge qu'il n'avait pas rangé la veille. Était-il possible qu'elle soit déréglée ? Était-il possible que cela fasse plus d'une heure qu'il fût assis à cette table et ait écrit deux noms ?

« Concentre-toi. »

Il fixa le parchemin, et nota :

Anton Northfield

C'était injuste pour le jeune Northfield qui ne l'avait violé qu'une seule fois. Et encore ne l'avait-il même pas vraiment voulu. Il s'agissait plutôt à l'époque d'une sorte de bizutage organisé par les autres gardiens. Un enterrement de vie de garçon pour fêter la fin de sa période de stage et l'entrée dans la cour des grands.

Mais Northfield ne manquerait à personne, n'avait aucun pouvoir, et pas spécialement d'ami d'après les souvenirs de Drago. En outre, il ne travaillait pas dans le corridor 3. Si une vague de licenciements devait survenir et que Northfield faisait parti du lot, son nom brouillerait les pistes pour trouver le point commun des Surveillants remerciés.

Drago relut sa liste en cherchant désespérément un nom à ajouter, un pion à sacrifier…

Le silence était à couper au couteau.

On frappa à la porte. Potter ne répondit pas. On n'insista pas plus.

Les yeux de Drago restaient fixés sur le nom de Waren, sentant qu'il était sur le point de trouver quelque chose… Il plissa les paupières et se répéta les instructions du Directeur. C'était ça. Potter avait demandé les noms « du personnel », pas forcément « des gardiens », et le nom de Waren tracé sans trembler prouvait qu'un individu ayant déjà quitté les lieux pouvait correspondre aux instructions du sortilège enveloppant la plume.

Il trempa de nouveau la plume dans l'encre et inscrivit :

Bardolph Ward

Ward avait exercé en tant qu'infirmier sur l'île pendant un peu plus d'un an. Sadique, sans scrupule et adepte des expérimentations médicales magiques, il était parti de lui-même quand même les gardiens avaient commencé à critiquer ses méthodes. D'après les rumeurs, il avait quitté la Grande Bretagne pour aller s'installer dans un Etat plus permissif.

Drago avait quatre noms. Seuls deux d'entre eux pouvaient pâtir d'avoir été dénoncés. Seul un risquait de provoquer l'ire paternelle. Quatre. Potter ne trouverait certainement pas ça suffisant, mais il ne pourrait pas accuser Malfoy de n'avoir pas essayé.

Se sentant libéré d'un poids, Drago fut à peine conscient de déplacer sa plume sur une cinquième ligne. Il traça les premières lettres sans réfléchir, puis ce fût trop tard pour s'arrêter. Il eut beau forcer sur son poignet, rassembler toute sa volonté, la plume refusa de quitter le papier tant qu'il n'eut pas achevé la dernière lettre. Quand enfin, il put arracher sa main du parchemin et lâcher l'accessoire, tout son bras tremblait.

Il regarda la liste, épouvanté :

William Waren

Peter Sparvus

Anton Northfield

Bardolph Ward

Harry Potter


Entre nous, à la place de Harry, je ne me serais pas contentée de 5 noms.