Cette fois, TW : agression sexuelle érotisée. (je précise, parce que je pense que le ressenti n'est pas le même)
Oznella, merci pour ta review ^^ et contente de voir que Rosier te plaise ! Concernant le jeune gardien sacrifié, oui, il s'en voulait probablement... Je voulais laisser entendre que non, ni tous les gardiens, ni tout le personnel ne sont pas des sadiques qui veulent profiter de Drago... Mais qu'il suffit parfois de deux ou trois individus franchement pourris pour entraîner les autres...
On entendait le faible tic-tac de l'horloge, les craquements légers du feu allumé en permanence, et le vacarme assourdissant des battements paniqués du cœur de Drago. C'est en tout cas l'impression que ça donnait.
Il avait lâché la plume comme si elle mordait, et se tenait fermement la main dans une tentative vaine de faire cesser ses tremblements.
La chaise de Potter grinça.
« Tu as fini ? »
Drago eut l'idée de jeter le parchemin à la cheminée, mais trop tard : Potter avait déjà saisi la feuille et la parcourait des yeux. Il s'attarda longtemps sur le cinquième nom. Drago se demanda quelle punition il allait pouvoir inventer… Son expression était indéfinissable.
Après un long silence, il demanda finalement :
« Qui est Bardolph Ward ? »
Drago remarqua que la plume était tombée au sol. Sur le tapis blanc. Il se pencha pour la ramasser et la poser sur la table. Heureusement, elle n'avait laissé aucune trace. Puis il se rappela l'encrier, et utilisa le petit buvard dédié pour essuyer proprement les bords de l'accessoire de bronze avant de le refermer.
Il estima alors être suffisamment maître de lui-même pour répondre.
Potter fut plus rapide :
« Peu importe. Tu veux ajouter un nom ?
– Non, répondit aussitôt Drago en adoptant une posture sûre de lui.
– Tu veux supprimer un nom ? » Il était difficile de déchiffrer l'expression du Survivant. Mais il semblait moins en colère que Drago ne l'avait anticipé. Il tenait le parchemin entre deux doigts comme s'il s'agissait d'un mauvais bulletin de notes, pas bien important, mais dont on avait quand-même un peu honte.
« Je ne sais pas, Potter, répondit finalement Drago. Est-ce que je devrais supprimer un nom ? »
Les deux hommes se défièrent du regard.
Comme toujours, ce fût Potter qui abandonna le premier la partie, plia le parchemin, et le rangea dans l'une des poches intérieures de sa cape en annonçant :
« Si je te vois avec quelqu'un qui n'est pas sur cette liste, tu auras de sacrés ennuis. »
Drago haussa les épaules et laissa son regard errer dans la pièce. Il avait toujours de sacrés ennuis.
Ses yeux s'arrêtèrent sur l'horloge. Il était déjà 9h. Il avait passé deux heures à écrire cinq noms.
« Maintenant, viens ici. »
Drago se mordit les lèvres. Il lui restait une heure avant de devoir retourner à sa cellule. La veille, il aurait dû nettoyer les toilettes, comme chaque lundi. Mais il s'en été de toute façon chargé la veille, après avoir vomi. Le mardi était le jour dédié au nettoyage des vitres et de l'argenterie. Les baies vitrées donnant sur le balcon étaient parsemées de minuscules embruns.
La négociation était possible.
« Ne me fais pas répéter, Malfoy »
La négociation était impossible.
Drago se leva, fit craquer son cou, contourna lentement la table en laissant glisser sa main sur le bois vernis. Il s'arrêta devant la chaise de Potter, et sans lui accorder un regard, s'apprêta à s'agenouiller entre ses jambes.
Potter le retint en lui attrapant calmement les hanches. Il empoigna le tissu gris de la robe et tira lentement le détenu vers lui, jusqu'à ce que Drago n'ait plus d'autre choix que de s'asseoir à califourchon sur l'une de ses cuisses. Il ne lâcha pas sa prise et entreprit de faire glisser le vêtement vers le haut. Drago leva docilement les bras et sentit le tissu rêche lui passer sur le visage.
Il frissonna, désormais à demi nu.
Ses cuisses étaient violacées. Ses genoux cagneux abimés.
Potter se pencha en arrière et caressa doucement les flancs et les côtes osseuses. Il passa le pouce sur un mamelon rose et tordu barré d'une cicatrice blanche en forme de morsure. On aurait dit qu'il voyait un corps masculin pour la première fois, et Drago repensa à la théorie de Macnair de l'homosexuel refoulé.
« C'que t'es maigre… », annonça enfin Potter, comme perdu dans ses pensées.
C'était l'occasion rêvée d'aborder le sujet des repas. Drago prit son inspiration.
Avant qu'il n'ait pu prononcer un mot, Potter s'était redressé et lui embrassait le cou.
Drago articula en silence, cherchant comment formuler les choses, maintenant que l'instant idéal s'était évaporé… Et puis au final, quelle importance ? A quoi bon réclamer trois repas par jour quand son estomac ne supportait même plus trois cuillères de porridge. Autant laisser tomber. Autant attendre que son corps abandonne la partie et s'évanouisse d'épuisement. On le nourrirait par intraveineuse, et il n'aurait plus à se soucier de rien.
Il réalisa avec embarras que tout en l'embrassant, Potter était en train de lui masser l'entrejambe à travers le tissu blanc du caleçon. Il savait devoir procurer une érection au directeur ou subir son courroux. Il ferma les yeux et rappela l'homme de son fantasme, imagina que c'était sa main à lui qui le touchait, ses lèvres à lui qui lui dévoraient le cou. Il se représenta le corps souple et musclé, la veine de l'avant-bras qui se gonflait à chaque mouvement…
Quand il devint évident que Drago ne parviendrait pas à obtenir plus d'une demi-érection, Potter abandonna la partie : « Fais-le, toi », soupira-t-il en s'adossant de nouveau à sa chaise…
Drago ferma les yeux, saisit son sexe et se caressa doucement en tentant de se convaincre qu'il était ailleurs et avec quelqu'un d'autre.
Rapidement, il sentit Potter se trémousser. Il entendit l'étoffe de la cape glisser, la braguette du pantalon s'ouvrir, il ressentit le mouvement régulier parcourant la cuisse au même rythme que sa main. Il entendit le souffle s'alourdir.
Une voix rauque murmura « Evanesco » et Drago sentit son sous-vêtement disparaître.
Il ne voulait pas que ses bottines de prisonniers ne s'évanouissent elles aussi dans le non-être, aussi les enleva-t-il lui-même en s'aidant des pieds de la chaise. A présent totalement nu, il sentit sa peau se couvrir de frissons et de chair de poule. Une main chaude vint apaiser sa hanche et son flanc droits.
Enfin, Drago sentit son érection suffisamment solide pour pouvoir survivre à un rapport.
Il lâcha le pénis désormais fièrement dressé, essuya distraitement sa main sur sa cuisse, se redressa et ouvrit les yeux.
Evidemment, Potter le fixait avec l'avidité d'un prédateur. Comme Drago l'avait deviné, sa main s'élevait et s'abaissait sans relâche sur sa propre érection.
Comme toujours, Potter baissa le regard le premier. « Continue » ordonna-t-il à voix basse en contemplant désormais le sexe de Drago. Comme pour expliciter son propos, il lui donna un léger coup avec son propre pénis, qu'il semblait incapable de lâcher.
Drago hésita un instant, puis se cambra en avant afin de remettre un contact les deux montagnes de chair. Il les saisit en même temps, et reprit ses caresses. Aussitôt, Potter poussa un gémissement et lui laissa le champ libre.
Drago posa son front au creux de son cou, et huma l'odeur de lessive et de gel douche. Il était plus facile de procéder ainsi, en se focalisant sur le plaisir d'un autre plutôt que sur le sien. Il pouvait se baser sur la respiration de son partenaire pour savoir ce qui était bon, quand serrer, relâcher, accélérer… Les mains qui lui parcouraient le corps lui indiquaient elles aussi un rythme, une intensité, auxquels il pouvait se fier.
Le torse contre lequel il avait pris appui se redressa, forçant Drago à se cambrer encore davantage, et les baisers dans son cou reprirent avec voracité.
Drago lâcha son sexe pour se concentrer sur celui de son partenaire.
Potter gémit, le lâcha et s'affala de nouveau en arrière. Drago ouvrit les yeux, et constata la frustration de l'homme qu'il s'évertuait pourtant à satisfaire : Il s'était saisi le visage à deux mains, et sa mâchoire était si crispée qu'on pouvait voir le muscle tressauter et entendre les dents grincer.
Les doigts de Potter s'écartèrent, et un œil vert et étincelant apparut.
« Recommence. » Ce pouvait être un ordre comme une supplique.
Drago avala sa salive, détourna le regard et rassembla de nouveau les deux pénis luisants dans son poing serré. La magie avait cependant disparu, et sans les caresses, sans les baisers, sans l'indice du souffle rauque étouffé par l'effort de Potter pour se contenir, ses gestes devinrent malhabiles et mécaniques. Le constat même de cette détérioration fit trembler et paniquer Drago, dans un cercle vicieux et implacable. Il vit de nouveau l'éclat de l'œil vert et en craignit les répercussions.
Il murmura « Embrasse-moi. »
Il avait voulu que l'œil se ferme, que les caresses reprennent, mais ne s'était pas attendu à ce que Potter lui saisisse le visage à deux mains et ne l'embrasse sur les lèvres. Par surprise, Il entrouvrit la bouche, et une langue avide s'infiltra entre ses dents.
C'était un baiser passionné et possessif, de ceux auxquels on est obligé de répondre si l'on veut pouvoir garder une chance de respirer. Les deux langues se rencontrèrent, tournèrent l'une autours de l'autre, et entamèrent un tango endiablé où elles ne s'écartaient l'une de l'autre, sans jamais se quitter tout à fait, que pour pouvoir se rejoindre à nouveau, plus enlacées que jamais, comme guidées par une profonde attraction mutuelle.
La main de Drago se fit vorace.
Celles de Potter étaient à la fois dures et caressantes. Ses doigts parcouraient la ligne de la mâchoire, les pommettes, les oreilles, se glissaient entre les cheveux blonds pour trouver sur le crâne et la nuque des points névralgiques à comprimer.
Quand la poitrine de Potter se mit à se gonfler et se vider à un rythme de plus en plus rapide, Drago accéléra la cadence de sa main, raffermit encore la prise, se plaqua sur le torse qui ondulait comme une mer un jour de tempête. Il prit les rênes du baiser qu'il rendit moins rapide mais plus profond…
Enfin, il sentit le sexe de Potter se tendre, les vagues parcourir les veines gonflées, et pour finir sa jouissance éclabousser son ventre. Il continua ses caresses jusqu'à ce que les dernières gouttes fussent extraites, et même alors, il prit tout son temps avant de laisser mourir son mouvement. Le baiser s'assagit, devint plus doux que passionné, et les lèvres se séparèrent enfin sur un dernier échange d'air chaud.
Les mains de Potter reposaient désormais sur les hanches de Drago. Ses yeux étaient fermés, et sa respiration s'apaisait.
Drago glissa doucement de la cuisse sur laquelle il était assis et se pencha pour ramasser et réenfiler sa robe. Il saisit, sur le chariot de service, une petite serviette de tissu qu'il utilisa pour s'essuyer le ventre. Quand il chercha des yeux ses bottines, il croisa le regard de Potter. Il l'ignora, ramassa ses godillots et les chaussa sans un mot en jetant un œil à l'horloge.
« Malfoy… »
Drago n'aurait jamais le temps de s'occuper de la baie vitrée. Il jeta la serviette dans la poubelle de son chariot de ménage, et se rendit dans la chambre pour s'occuper du lit et des vêtements sales.
« Malfoy ! »
Il n'aurait pas non plus l'occasion de fouiller le tas de papiers de la table basse. Il ne pourrait pas prévenir son père de se rapprocher du Surveillant Johnson avant qu'il ne soit trop tard.
« Malfoy. »
Potter se tenait dans l'encadrement de la porte, de nouveau présentable, si ce n'est le col desserré et la cravate légèrement décentrée.
« Demain, Potter, marmonna Drago, qui sentait encore sa main coller, et déjà son ventre se couvrir d'une pellicule sèche.
– T'as vraiment le truc pour casser une ambiance, toi », ricana Potter en croisant les bras et en se laissant reposer contre le chambranle. Il inclina la tête et observa Drago qui ramassait les vêtements jetés au sol la veille. Il avait l'air détendu, satisfait.
« Désolé, Potter. Je n'avais pas réalisé qu'une ambiance avait été construite. »
Il se dégagea le chemin d'un coup d'épaule, et se dirigea vers la salle de bain pour remplir le bac de linge sale. Potter le suivit en soupirant.
« Malfoy, insista-t-il comme un perroquet absurde.
– Potter… », parodia Drago en se sentant ridicule et immature. Il fit volteface et s'aperçut que cette fois, son poursuivant ne s'était pas négligemment adossé à l'encadrement : Il se tenait parfaitement au milieu du passage, les bras légèrement écartés pour empêcher toute fuite. Son expression avait pris une nuance narquoise.
« Malfoy, répéta-t-il encore après un silence. Tu penses pas qu'il serait temps qu'on… »
Un bruit en provenance du salon l'interrompit. Celui des petites roues du chariot magique qui se mettait en route. Les yeux de Drago s'arrondirent, sa bouche étouffa un juron. Il se précipita en poussant violemment le Directeur qui poussa un grognement en heurtant le mur. Il n'avait pas le temps de s'en soucier, et en assumerait les conséquences le lendemain. Pour le moment, l'urgence était de sortir d'ici, de rapidement rejoindre Rosier aux cuisines et de recevoir la réponse de son père. Il déboula dans le salon alors que le chariot enchanté passait les portes. Il s'empara de son matériel, effectua la manœuvre de demi-tour en maintenant ouverte la porte avec son pied, et quitta les lieux sans laisser le temps à Potter de débarquer.
