Pas de TW \o/
Diri-chan, merci pour ta review ^^ Je pense continuer à sortir 1 chap par jour pendant un moment, j'espère ne pas vous lasser ^^
77Hildegard, bien vu, j'ai hésité à garder le passage sur les yeux verts, parce que c'est un peu trop tôt, mais... On va dire qu'en effet, petit message subliminal du cerveau XD
Merci les lecteurs pour votre accueil... Contrairement à pas mal de gens, on ne peut pas dire que j'adore écrire (je suis plutôt une personne du dessin), mais j'avais des trucs à extérioriser avec cette fic, et je suis contente que ça soit malgré tout lisible ^^
Quand Drago passa la lourde porte de bois sombre, Potter exhibait un immense sourire qui lui allait d'une oreille à l'autre. Il ferma la porte derrière Drago, puis éclata franchement de rire, comme s'il s'était retenu jusque-là.
« Mille Gorgones, Malfoy, parvint-il à dire, entre deux hoquets. T'es vraiment prêt à tout pour éviter une discussion ! »
Drago blêmit. Ses ennuis ne s'arrêteraient-ils jamais ? « Quelle discussion ? demanda-t-il d'un ton atone.
– Assieds-toi », ordonna tranquillement Potter en lui désignant la même chaise que la veille. Puis quand ce fût fait : « je vais avoir Mullan sur le dos pendant des jours… T'es chiant, Malfoy… »
Il farfouilla alors dans les déchets alimentaires qui avaient été empilés pêlemêle sur le chariot de service, s'empara d'un toast, et mordit dedans en rejoignant Drago. Celui-ci ne cacha pas son dégoût.
Au lieu de s'installer à sa place, Potter vint s'asseoir sur la table, juste à côté de Drago.
« Tu t'es pas loupé, observa-t-il en effleurant le cou et la mâchoire qui enflaient à vue d'œil.
– En effet, Potter. » Pour tenter de soulager son épaule, Drago croisa les bras.
« Est-ce que t'as fait exprès de tomber ?
– Pourquoi aurais-je fait exprès de tomber ? demanda Drago en détournant le regard.
– Pour qu'on n'ait pas l'occasion de parler de ce qui s'est passé hier.
– Rappelle-moi ce qui s'est passé hier.
– Tu m'as demandé de t'embrasser » répondit Potter en finissant son toast.
Drago le considéra en clignant plusieurs fois des yeux. Il s'était attendu à ce que Potter lui reproche de l'avoir poussé en s'enfuyant, ou de l'avoir arnaqué avec la liste de noms, ou d'avoir voler le pain et la confiture…
« Et… ? » tenta-t-il d'insister.
Potter se pencha en avant, le nez à quelques centimètres du sien, et demanda, sur le ton de la confidence : « Est-ce que je te plais, Malfoy ?
– Non. » La réponse était sortie claire et nette, sans hésitation, sans intonation moqueuse ou outrée, le simple reflet d'un sentiment évident. Puis Malfoy se souvint de l'explosion de colère après avoir expliqué au directeur qu'il ne lui faisait pas d'effet. Il voulut aussitôt atténuer les choses et précisa : « je n'ai pas… »
Potter lui coupa la parole : « Arrête de mentir, Drago. » Il se redressa, leva une jambe, et posa son pied entre les cuisses du prisonnier. La scène rappelait désagréablement celle de leur première discussion.
Drago étudia l'encombrante chaussure vernie, et expliqua, le plus pacifiquement possible : « Tu as un charme absolument inimitable, Potter, mais…
– Ta fuite hier, ta prétendue chute ce matin, t'as clairement un truc à cacher… » l'interrompit de nouveau Potter, assuré. Et on ne pouvait pas nier cela.
« Je suis vraiment tombé ce…
– Est-ce que tu veux que je t'embrasse encore ? » On sentait le défi ou la moquerie dans le ton employé.
Il s'était de nouveau penché, et le bout de sa chaussure appuyait légèrement sur l'entrejambe de Drago. Celui-ci se demanda un instant s'il était nécessaire de forcer son sexe à réagir, avant de réaliser que cela ne ferait que confirmer les allégations de Potter.
« Je pense que tu accordes beaucoup trop de signification aux baisers, Potter. » Puis, en repensant à la théorie de Macnair : « Est-ce que c'était la première fois que tu embrassais un garçon ? »
Potter sourit. « Non. Et toi, Malfoy, c'était la première fois que tu embrassais un homme ? »
Drago apprécia la répartie, mais refusa de laisser le souafle à Potter. Il tendit le cou, ignorant les protestations douloureuses de ses muscles, et quand il fut assez proche pour sentir le souffle chaud de Potter sur son visage, il demanda d'une voix chuchotante et sensuelle : « A ton avis, Potter, combien d'homme ici m'ont embrassé ? Combien de fois j'en ai embrassé deux en même temps ? »
Un imperceptible spasme agita le sourire de Potter qui ne s'en départit pourtant pas. Il caressa doucement la lèvre inférieure de Drago d'un index léger.
« Peu m'importe. C'est du passé, et je les ai tous fait virer. »
Drago aurait pu exposer la contradiction de cette réplique, mais il préféra enfoncer le clou :
« Les gardiens, oui. Il reste les détenus, et ils sont des centaines… »
L'index se figea. Drago y apposa un petit baiser insolent sans cesser de fixer Potter. Les lunettes commençaient doucement à glisser, comme si ces suggestions indécentes rendaient sa peau moite.
Satisfait, Drago s'adossa confortablement dans sa chaise – du moins aussi confortablement que son épaule et son omoplate enflammés ne l'y autorisaient – et ricana en regardant ailleurs. Il n'éprouvait aucune fierté à avoir servi de défouloir et de jouet sexuel aux dizaines d'hommes entre les mains desquels il était passé… Mais il était capable d'apprécier l'idée que ce fait dérange le célèbre Harry Potter.
« Tu es isolé, affirma enfin Potter en se redressant et en réajustant nerveusement ses lunettes et sa cravate. Plus aucun détenu n'aura l'occasion de toucher à un seul de tes jolis cheveux.
– Oh, je continue d'en croiser aux cuisines… », corrigea Drago en ayant conscience de jouer avec le feu.
Ses yeux s'étaient posés sur la baie vitrée dont il avait déjà repoussé plusieurs fois l'entretien. A l'extérieur, une neige épaisse tombait sur une mer d'huile. Drago réalisa que l'on était en hiver, et que depuis qu'il avait accepté ce travail, il n'avait pas vu le soleil une seule fois. Il se demanda si, sous ces latitudes, ce dernier serait visible avant 10h en été. Il douta d'avoir un jour la réponse à cette question. D'ici là, Potter se serait lassé de lui, et les hommes avec qui il serait contraint de coucher se ficheraient bien du nombre de ceux qui étaient passé par là avant eux…
Il sentit la chaussure de Potter quitter ses cuisses et croisa à nouveau les jambes.
« Est-ce que tu as déjà baisé avec l'un de ceux qui travaillent aux cuisines ? »
Drago étudia la question et ses possibilités de répondre sans mentir.
« Jusqu'à aujourd'hui, non… » déclara-t-il enfin. Jusqu'à aujourd'hui, Macnair n'avait jamais mis le pied aux cuisines.
Il sentit Potter se relever et les coins de sa cape le frôler tandis qu'il s'éloignait.
« Et bien tâche de faire en sorte que ça continue comme ça. Sinon, tu peux dire adieu à notre contrat, à ta petite cellule personnelle, et à tous tes privilèges. Et n'imagine même pas que je te replacerai avec ton père. »
A ces mots, Drago tourna vivement la tête, et la douleur lui fit pousser un petit cri et porter la main à son cou. Il avait toujours su que le contrat et la cellule ne seraient pas éternels, mais n'avait jamais envisagé le fait qu'on puisse le séparer de son père.
En grimaçant et en se massant la chair, il vit Potter enfiler une cape d'extérieur. Un souvenir récent le fit se lever et paniquer : « Attends. Tu vas où ? Quel ferry ? »
Potter gloussa. « Qu'est-ce que ça peut te foutre, Malfoy ?
– Quand reviens-tu ? »
Potter ajusta les plis des épaulettes puis considéra le prisonnier mal fagoté et couvert d'ecchymoses qui lui faisait face. « C'est mignon, tu as peur que je m'éloigne de toi, maintenant ? nargua-t-il, goguenard.
– Est-ce que je travaille demain ? demanda Drago, la voix blanche.
– Oui, je serais de retour avant demain », répondit finalement Potter d'un air las.
Soulagé, Drago recula d'un pas.
« Je vais lancer un Récurvite dans le couloir, ajouta-t-il en ouvrant la porte. T'as pas à t'en occuper.
– D'accord », marmonna Drago quand il devint évident que Potter attendait une réponse.
Celui-ci hocha la tête à son intention, puis disparut.
Drago resta immobile quelques instants, puis alla coller son oreille à la porte que Potter venait de franchir. Pas un son. Il gloussa de soulagement, se retourna, s'adossa à la porte, et se laissa glisser au sol.
Potter était parti.
Macnair l'avait presque détruit, mais il devait exister une espèce de justice cosmique, car Potter ne l'avait pas touché. Et désormais, Potter était parti.
Drago se prit la tête entre les mains, et rit franchement, nerveusement. Sa mâchoire brûlait, mais cela le fit rire encore davantage. « Une bite est une bite » : peu importait, au fond, qu'il ne soit violé par l'un ou par l'autre. Mais aujourd'hui, il n'y en aurait qu'un là ou il en avait redouté deux. Il fallait se satisfaire de petites victoires, des petits cadeaux quotidiens.
A cette pensée, il se releva, fouilla le chariot de service, et découvrit le pot de confiture du jour, intact. La gelée était orange doré alors qu'elle avait été rouge la veille. Drago l'empocha. Il alla ensuite consulter l'horloge – il avait presque trois heures complètes devant lui –, et remarqua, en passant, une dizaine de cartons alignés ou entassés le long du mur.
Son programme du jour était chargé, mais il n'avait jamais disposé de tant de temps seul dans ces appartements.
D'abord, il lui fallait se charger de ses tâches domestiques quotidiennes : Il fit le tour de la chambre, de la salle de bain, de la cuisine… Il en profita pour fouiller les placards et découvrit un ancestral pot de moutarde dont personne ne remarquerait la disparition, et une fiole de vinaigre quasiment vide. Il remplit l'évier d'eau et mit ses trouvailles à tremper. Il passa le balai dans chaque pièce, frotta à l'éponge là ou c'était nécessaire, et trouva bientôt l'état des lieux acceptable. Il passerait la serpillère et effectuerait un nettoyage plus approfondi une prochaine fois.
Il fallait ensuite s'occuper de divers larcins. Le pot de moutarde et la fiole furent soigneusement essuyés. Il remplit le premier de lessive en poudre, et inscrivit, dans son bloc-notes « lessivage tapis couloir » en justification de la perte exceptionnelle de produit. Il hésita un moment sur quel produit attribuer à la fiole, et se décida finalement sur la soude caustique. C'était un produit multi-usage dont le prix pouvait atteindre celui de l'alcool quand les toilettes d'une cellule se retrouvaient bouchés, qui pouvait faire office de poison diablement efficace ou d'outil de torture. Dans son document, il écrivit « entretien canalisations évier cuisine ». Il retourna ensuite fouiller le secrétaire du salon : La plume et l'encre qu'il avait empruntées l'avant-veille reposaient exactement là ou il les avait laissées, dans la même position inélégante. Il s'en empara. Il trouva également un joli stock de papier de correspondance orné d'une élégante sérigraphie dorée. Il en subtilisa trois feuilles.
Le volume de fournitures à cacher devenant un peu trop important, il s'en tint là pour les vols.
Il lui restait désormais une bonne heure pour fouiller à nouveau les comptes-rendus de réunions que Potter laissait négligemment traîner. Il réorganisa le tas de journaux qui avait encore grossi, rassembla les deux livres qui avaient quitté la bibliothèque et leurs six nouveaux compagnons, puis s'installa confortablement dans le canapé, pour parcourir l'ensemble des comptes rendus. Peu avaient un véritable intérêt : il s'agissait principalement de doléances des gardiens concernant le salaire, les heures travaillées, les jours chômés, le trajet jusqu'à la Grande Bretagne qui n'était pas pris en charge, et qui pouvait être dangereux en période de tempêtes… Beaucoup de réunions dataient de plus d'une semaine, alors que Potter n'était pas encore Directeur. Le manque d'informations pertinentes rendit la tâche beaucoup plus rapide que prévue. Drago fit un petit tas bien carré qu'il reposa proprement sur la table basse.
Puisqu'il lui restait du temps, il décida de se faire plaisir. Il retourna dans la salle de bain et, en ignorant soigneusement son reflet dans le miroir au-dessus du lavabo, s'empara du tube de dentifrice de Potter. Il sortit de sa poche le petit pot de confiture qu'il avait fini le matin même, et le rempli à raz-bord. Il huma avec passion l'odeur puissante, presque trop forte, de menthe poivrée.
Il retourna au salon, vérifia l'heure. Il jeta un œil aux cartons qu'il avait aperçus plus tôt. La plupart portaient la belle écriture ronde et italique de Granger. Drago la connaissait par cœur pour l'avoir lue à de nombreuses occasions lors de réunions préfètes à Poudlard. Ils indiquaient « livres », « vêtements », « affaires personnelles » ou encore « fournitures de bureau ». L'un d'eux, visiblement emballé moins soigneusement que les autres, portait l'annotation « De la part de Ron » avec la même calligraphie soignée. Celui-ci était ouvert, et on pouvait y voir confiseries, jeux de cartes, revues de Quidditch, et ce qui ressemblait à un minuscule sapin. Les cartons restant venaient du ministère, étaient scellés, et portaient la mention « confidentiel ». Soit que Potter lui accordait toute sa confiance, soit qu'il était stupide.
Drago s'empara de l'un des cartons « livres » ouverts, et entreprit d'en ranger le contenu dans la bibliothèque. Il s'agissait principalement d'ouvrages pratiques, du genre Les 50 Potions indispensables de la Vie courante, ou Petits Bobos, quand Episkey ne suffit pas. Mais on y trouvait aussi de nouveaux livres traitant des Détraqueurs, d'Azkaban, ou de la Magie des Ténèbres, et enfin, une surprenante sélection de romans moldus, reconnaissables à leur couverture souple et à leur vocabulaire étranger. Drago choisit une organisation par genre, en essayant de placer à portée de main les livres les plus utiles ou qui semblaient le plus consultés. Il va sans dire que les romans moldus gagnèrent aussitôt l'inaccessible étagère du haut.
