TW : viol (?) , automutilation

Oznela : C'est pas Drago qui a oublié, c'est moi XD Je m'en étais aperçue à la relecture, mais je m'étais dit qu'on s'en fichait, et que ça ne valait pas un édit... Mais je vois que j'ai un lectorat attentif, je serais plus rigoureuse à l'avenir X,D

Les appartements ont en effet des fenêtres et un balcon ! Drago vient d'y faire un tour pour le courrier, mais ça ne lui a finalement fait ni chaud ni froid... Au fond, Drago reste un petit Serpentard qui préfère l'abri des souterrains à l'air frais et à l'espace... Ça lui a fait un effet monstre quand il a revu le ciel après 3 ans sans, mais à présent... Bwof !


On était samedi.

Le samedi précédent, Potter avait eu une réunion à 9h… Mais il venait alors juste de prendre ses fonctions, et la charge de travail devait donc être conséquente. Aujourd'hui, il était possible que le week-end ne retarde le départ de Potter de ses appartements, ou pire, que ce soit pour lui un jour férié, et qu'il reste présent jusqu'à ce que Drago ne doive quitter les lieux. Il n'aurait alors aucune occasion de consulter les comptes-rendus de réunion, à moins que Potter ne s'absente aux toilettes, par exemple.

Aussi Drago haussa-t-il les sourcils, quand Potter lui ouvrit sa porte ce matin-là, et lui ronchonna en guise de bonjour « J'ai pas le temps de m'occuper de toi aujourd'hui, Malfoy », puis, tandis qu'il se dirigeait vers son bureau personnel : « Contente toi de faire tes trucs sans me traîner dans les pattes ! »

Drago se demanda si le Directeur était effectivement surchargé de travail, ou s'il était encore vexé de la veille. Cette pensée le fit sourire malgré lui. Il s'efforça de conserver un visage de marbre en dressant la table, puis décida qu'il n'y aurait rien de mieux que nettoyer les toilettes pour empêcher ses zygomatiques de le trahir.

Quand il eut fini, il aperçut Potter debout dans le salon, occupé par la lecture d'une masse désorganisée de parchemins et de dossiers. Drago jugea préférable de rester dans la salle de bain, et passa la serpillère jusqu'à ce que le sol étincelle et que la pièce dégage une agréable odeur de citron.

Il effectua le même travail dans la chambre, allant jusqu'à frotter loin sous le lit, puis dans la garde-robe.

Un bref coup d'œil au salon lui apprit que Potter avait de nouveau gagné son bureau, il s'occupa donc rapidement et discrètement de cette pièce, s'aprochant de la table basse en gardant un oeil sur la porte entrouverte du bureau... Jusqu'à ce qu'un bruit de fauteuil grinçant ne le fasse fuir vers la kitchenette.

Il nettoya le sol, ainsi que toutes les surfaces accessibles : plans de travail, dessus du frigidaire, table d'appoint… Il ouvrit le four et frotta jusqu'à ce que la plaque ait l'air neuve.

Quand il releva la tête, il s'aperçut que Potter l'observait, l'épaule posé contre le chambranle de la porte. Drago se releva doucement, peu certain de la conduite à tenir : Devait-il s'excuser de sa présence et rejoindre une autre pièce ? il pouvait toujours effectuer du rangement dans la penderie…

« Viens ici », soupira Potter en s'approchant de lui.

Drago hésita encore, le mouvement du Directeur contredisant son ordre. Mais déjà Potter l'avait rejoint, et lui caressait la joue. Le pouce s'égara sur sa bouche, accrocha la lèvre inférieure, et les yeux de Potter s'enflammèrent.

Le message était limpide. Drago osa pourtant insinuer : « Je croyais que tu n'avais pas le temps…

– Ouais, admit Potter. Ben qu'ils aillent tous se faire foutre. »

Drago tendit la main vers le pantalon du Directeur. Pour la première fois, il toucha un sexe au repos, mais qui s'éveilla rapidement sous ses caresses. Il dégrafa les trois boutons qui retenaient la braguette, puis s'agenouilla au sol. Quand il entama ses baisers, il sentit distinctement le corps de Potter se détendre et entendit un incommensurable soupir s'échapper de ses lèvres.

Il était évident que cet homme demandait davantage de douceur que d'ardeur. Drago s'appliqua donc à satisfaire tendrement les besoins de Potter, s'occupant de lui comme il l'aurait fait d'un amant adoré, s'imaginant amoureux d'un bel éphèbe épuisé…

Des doigts sur son front. Comme toujours, Potter voulait une meilleure vue. Mais les doigts le repoussèrent jusqu'à ce que le sexe ne quitte ses lèvres.

Était donc venu le temps de l'éjaculation faciale. Drago garda les yeux délicatement fermés et une expression neutre, les lèvres légèrement entrouvertes. Les doigts quittèrent son front. Drago attendit.

Un bruit de tissu. Drago ouvrit un œil. Potter était en train de se rhabiller. Drago ouvrit la bouche, voulut poser une question, mais rien ne lui vint.

Potter quitta la cuisine sans un mot ni un regard, abandonnant le prisonnier agenouillé sur le sol brillant et parfumé.

·

Quand il avait 16 ans, Drago s'était vu apposer la Marque des Ténèbres sur l'avant-bras gauche.

Sa famille était encore dans les bonnes grâces du Mage Noir, et parmi eux, Drago faisait figure de champion. Il était le plus jeune des Mangemorts, et l'un des plus précieux. On lui avait confié l'une des missions les plus déterminantes pour la réussite du Grand Plan.

Ou plutôt, on lui avait confié deux missions.

Il lui fallait assassiner l'un des Sorciers les plus puissants de toute l'histoire du monde magique. Un homme qui effrayait le Seigneur des Ténèbres lui-même. Une mission suicide à laquelle il avait lamentablement échoué. Drago ne voulait plus y penser.

Il devait aussi trouver un moyen de faire entrer les Mangemorts dans l'enceinte de l'école. Là, l'objectif était facile à atteindre : Il suffisait de venir en balai, comme les amis receleurs de Dragonneau de Potter l'avaient fait. Il suffisait d'utiliser du polynectar. Il suffisait de relier une cheminée au réseau de Cheminette. Il suffisait de créer une zone incartable au sortilège empêchant le transplanage. Il suffisait d'interroger chaque fantôme, chaque tableau de l'école pour en découvrir chaque passage secret. Il suffisait d'apprendre la Legilimancie afin de connaître les issues de secours du Château. Il suffisait d'apprendre l'Occlumancie pour que personne ne découvre ses plans. Il suffisait, il suffisait, il suffisait. Rien ne fonctionnait.

Oh, Drago était toujours aussi doué. Il avait maîtrisé la Legilimancie et l'Occlumancie à une vitesse qui avait rendu chaque Mangemort jaloux. Il avait appris des sortilèges que des Sorciers bien plus âgés et respectés que lui ne connaissaient que de nom. Il avait même inventé deux ou trois sorts afin de couvrir ses traces ou d'espionner. Il avait découvert les sept passages secrets – mais désormais impraticables – permettant de relier Poudlard à l'extérieur.

Mais rien n'avait fonctionné. C'était comme si les antiques murs de pierre de Poudlard avaient décidé de lutter contre lui. Les charmes millénaires que les quatre Fondateurs avaient tissés entre eux, et auxquels les Directeurs suivants avaient, les uns après les autres et au fil des siècles ajouté leurs propres sortilèges, refusaient de lui laisser la moindre ouverture. Quand il parvenait à en contourner un, dix autres surgissaient pour laisser le temps à leur ami blessé de se régénérer.

Le Seigneur des Ténèbres n'était pas patient. Comme son père, il se fichait des excuses et des justifications. Il se moquait des avancées obtenues et des demi-réussites. Il lui fallait un succès total.

Doucement, Drago avait perdu sa confiance. Plus personne ne louait ses talents et son utilité. Un jour, le Mage Noir avait ordonné à ses Mangemorts, et alors que Drago était prosterné à leurs pieds : « Trouvez-moi un autre enfant qui séjourne à l'école. Aucun ne sera aussi inutile que celui-là. »

Doucement, Drago était tombé en disgrâce.

·

Et c'était ainsi qu'il se sentait à nouveau, seul dans une pièce qu'il venait de récurer du sol au plafond, oublié comme un Elfe de Maison trop vieux pour servir encore. Il était tombé plus bas qu'un moldu. Pas même une catin correcte.

Une nouvelle crise de panique arrivait. Drago tordit violemment sur son auriculaire gauche pour s'aider à garder sa concentration. La douleur le ramena sur terre. Pour faire bonne figure, il saisit le doigt à pleine main et le replia brutalement vers l'arrière. Il entendit le craquement avant de sentir la chaleur, puis la souffrance. Il ouvrit la bouche sur un cri silencieux qui lui fit définitivement reprendre ses esprits.

Il essuya les larmes qui lui goutaient des yeux et observa sa main gauche. L'auriculaire était resté bloqué en position verticale, tel la minuscule voile d'un bateau répugnant. Le doigt enflait et rougissait à vue d'œil. Sur son avant-bras pâle, la Marque des Ténèbres, bien que délavée, ressortait plus fort que sur aucun autre Mangemort. Drago se leva et passa sa main sous l'eau froide de l'évier.

L'eau emporta une partie de la douleur avant que les muscles et les nerfs se s'y habituent et ne recommencent à brûler. Drago ne regrettait pas une seconde cet acte d'auto-torture qui lui avait permis de rester maître de lui-même, mais il craignait désormais de replacer le doigt correctement : Il n'avait pas la maîtrise innée de l'anatomie de Macnair, ni ses gestes assurés. Il tâta prudemment son auriculaire blessé avec les doigts de sa main droite, mais la douleur le fit presque aussitôt arrêter.

Il réfléchit.

Dans le salon, on pouvait entendre Potter fouiller ses documents et ses livres. Aux bruits de papiers froissés succédait le grattement d'une plume sur du parchemin. Potter était clairement responsable de la blessure de Drago. Pas stricto-sensu, évidemment, mais il était l'auteur de la crise de panique qui avait forcé Drago à s'infliger cette blessure. Bien sûr, il n'avait sans-doute pas prévu les choses ainsi. Il avait été humilié la veille et avait cherché à rendre la pareille aujourd'hui. Tel un adolescent frustré, il avait voulu montrer à Drago ce que l'on éprouvait à ne pas être désiré.

Et Drago avait failli tomber dans le piège. Comme si l'opinion d'un stupide Traitre-à-son-Sang sur ses compétences sexuelles avait une quelconque forme d'importance. Drago savait ce qu'il valait. Contrairement à Potter, il ne vivait pas uniquement grâce au regard des autres. Il se moquait bien de satisfaire le Directeur d'Azkaban, parce qu'il était bien davantage qu'un vulgaire trou dans lequel se vider.

Ces réflexions lui remirent les idées en place. Drago empoigna fermement son doigt qu'il fit craquer dans le bon sens. Il ignora la douleur et sortit deux glaçons du congélateur qu'il s'enroula autours du doigt avec un morceau de papier essuie-tout. Il fouilla son chariot, et trouva une paire de gants en caoutchouc dont il découpa un bout pour faire tenir le tout.

Il attendit de voir Potter retourner dans son bureau avant de se faufiler discrètement dans le salon. Il débarrassa furtivement la table du petit déjeuner – Seul le café avait été bu – puis récupéra son chariot, ses affaires et sortit dans le couloir.

Il se posta à l'angle du mur que la Surveillante Major Mullan lui avait indiqué lors de sa première journée de travail, et attendit patiemment que les chariots magiques ne sortent et ne lui ouvrent les portes du monte-charge.