Lorsque Ginny fondit finalement en larmes, balbutiant quelque chose à propos de futur et d'enfants, Harry grogna soudain et il se leva, les toisant tous. Lorsque le silence revint, il prit la parole, d'un ton froid.
— Vous êtes une famille pour moi, mais je suis majeur et apte à prendre mes propres décisions. Nous nous disputions peut-être avec les Serpentard, mais il s'agissait de disputes d'enfant ! En tout cas, rien qui ne méritait Azkaban !
Ron intervint, marmonnant.
— Malefoy n'a jamais hésité à attaquer !
Harry plissa les yeux furieux.
— Et il m'a sauvé la vie, dans son manoir. Il nous a sauvé tous les trois ! Tu as la mémoire courte, Ron !
Leur ami se rembrunit, furieux, mais incapable de nier. Ginny intervint d'un ton plaintif.
— Et ce qu'ils ont fait à Poudlard sous le règne des Carrow ? Ils n'ont jamais hésité à lancer le Doloris !
Harry renifla.
— Comme certains autres élèves des autres maisons. Doit-on rechercher ceux qui ont obéi aux ordres pour ne pas être torturés, comme McLaggen ou Finch-Finley notamment ? Neville m'a tout raconté, que ce soit le comportement des Serpentard que celui du reste des élèves.
Ginny fit une grimace amère et elle croisa les bras sur sa poitrine, boudeuse.
— Et ceux qui m'ont agressée parce que j'étais ta petite amie, alors ? Tu les laisses s'en tirer ?
Harry roula des yeux.
— Tu n'étais pas ma petite amie, Ginny !
La cadette de la famille plissa les yeux et siffla, furieuse.
— Mais c'est le cas maintenant et ils savaient que nous étions proches ! Je veux qu'ils soient punis !
Harry soupira et il se tendit légèrement avant d'asséner, d'un ton dur.
— Ça n'a pas changé. Tu n'es pas ma petite amie. Quoi que tu espères, ça ne fonctionnera pas.
Il y eut un lourd silence alors que tous les yeux étaient fixés sur Harry, puis Ginny se mit à pleurer et elle s'enfuit en courant. Quelques secondes après, une porte claqua dans la maison.
Arthur soupira et secoua la tête, désapprobateur.
— C'était particulièrement maladroit et cruel, mon garçon. J'espère que tu comptes t'excuser et rectifier la situation.
Cependant, Harry semblait décidé à crever l'abcès une bonne fois pour toutes, puisqu'il se pencha légèrement les mains posées à plat sur la table. Il resta calme lorsqu'il parla, mais sa puissance était clairement visible, le rendant légèrement effrayant.
— Je ne vais pas m'excuser d'avoir dit la vérité. Et je ne compte pas entretenir la moindre relation amoureuse avec votre fille. Ginny est certes une amie, mais je ne compte pas aller plus loin.
Molly commenta sèchement, vexée.
— À ton âge, tes parents étaient mariés.
Harry fronça les sourcils.
— Mes parents s'aimaient à ce qu'on m'a dit. Le monde magique était en guerre et ils vivaient bien trop rapidement de peur de tout perdre.
Ron était resté étrangement silencieux, fixant Harry d'un regard noir. Il prit soudain la parole, avec un peu d'amertume.
— C'est pour ça que tu tournes autour de Hermione ?
Hermione hoqueta, prête à protester, mais Harry éclata de rire, plus amusé que vexé.
— Tu devrais savoir depuis le temps que je considère Hermione comme une sœur. Il me semblait que ce point était réglé depuis longtemps ! Plutôt que de me faire des reproches, tu devrais assumer tes décisions…
Hermione fixa Ron, qui semblait hésiter. Elle attendit longuement, le cœur battant, espérant qu'il allait enfin annoncer qu'ils étaient un couple. Leurs regards se croisèrent, puis Ron détourna les yeux et soupira.
— Ne me mêle pas à tes décisions idiotes !
Hermione dut se mordre la lèvre pour ne pas se mettre à pleurer, et elle se demanda l'espace d'un instant pour quelle raison elle continuait d'espérer que Ron mûrisse. Elle le connaissait pourtant depuis leurs onze ans, et elle avait suffisamment hurlé après lui. Elle connaissait ses défauts et ses faiblesses et sa réaction n'aurait pas dû l'étonner.
Harry la tira de ses pensées en se redressant et en annonçant avec calme.
— J'ai loué un appartement à Londres. J'emménage la semaine prochaine.
Affolée, Molly geignit.
— Mais tu ne peux pas partir, Harry. Tu sais que nous t'aimons, tu as ta place ici ! Tu seras en danger, à l'extérieur. Nous prendrons soin de toi, tu sais. Je te considère comme mon fils…
Harry secoua la tête.
— Je vous aime beaucoup, Molly, mais je suis majeur. J'apprécie votre soutien, mais je ne suis pas votre fils. De toute façon, il sera plus facile pour moi de vivre près du Ministère, puisque je vais y rentrer en septembre, non ?
Molly tenta de protester, visiblement défaite, et Hermione se demanda si la brave femme ne cherchait pas à compenser la perte de Fred en accaparant Harry et en le gardant à ses côtés.
— Arthur va au Ministère tous les jours, tu sais. Avec la cheminette, c'est terriblement simple. Et puis, tu seras avec Ron et il reste ici. Ce n'est pas la peine d'engager des dépenses alors que nous pouvons t'installer dans la chambre de Bill ou dans celle de Charlie. Maintenant qu'ils sont partis, tu peux avoir ton propre espace, mon chéri…
Harry secoua la tête, inflexible.
— Ça sera mieux pour tout le monde, Molly. Je viendrais vous rendre visite, je vous le promets, mais j'attends ce moment depuis très longtemps. Toute mon enfance, j'ai rêvé d'avoir mon propre logement pour y vivre comme je l'entendais.
Comprenant qu'elle n'obtiendrait pas gain de cause, Molly se mit à pleurer, s'essuyant les yeux de coin de son tablier. Harry quitta la table sans un mot de plus et Ron se tourna vers Hermione presque aussitôt, une lueur de colère dans son regard clair.
— Tu étais au courant, je suppose ?
Hermione écarquilla les yeux, stupéfaite.
— Quoi ? Bien sûr que non ! J'ai découvert tout ça en même temps que toi !
Ron grogna, doutant visiblement.
— Alors pourquoi tu n'as rien dit, bon sang ? D'abord, il fait libérer la fouine, puis il se tire tout seul ?
Hermione soupira.
— Malefoy ne mérite pas Azkaban, Ron. Quelques bagarres et des échanges d'insultes ne sont pas une raison pour briser la vie de quelqu'un ! Et Harry est libre de décider ce qu'il veut faire de sa vie…
Ron la pointa du doigt, les yeux plissés.
— Briser la vie de quelqu'un ? Ce mec est un poison ! Il te traitait de sang-de-bourbe ! Ça te plaisait tant que ça ?
Hermione grogna, furieuse, et elle se leva pour surplomber Ron.
— Tu es un idiot immature, Ron. La dernière fois qu'il a prononcé ces mots, je l'ai frappé, tu te souviens ? C'était une réponse largement suffisante, même à l'époque, je n'aurais pas voulu qu'il soit envoyé en enfer pour ça, ennemi ou pas ! Bon sang, grandis un peu pour une fois !
