Hermione resta silencieuse un long moment, puis elle souffla, soudain épuisée.
— Ron…
Harry leva un sourcil, mais elle secoua la tête avant de reprendre.
— Il souffle le chaud et le froid. Un jour, il est tendre et amusant, celui dont je suis tombée amoureuse, et je me dis qu'il a juste besoin d'un peu de temps pour se remettre de tout ça. Le lendemain, il est… infect. Soupçonneux et jaloux, vindicatif. Je suis aussi épuisée de sa volonté de cacher notre relation, s'il y a une relation en fait.
Harry secoua la tête.
— Ron est… Oh bon sang. J'essaie de lui trouver des excuses, la plupart du temps. Je me demande si l'horcruxe n'a pas eu des effets sur son caractère, si c'est sa façon de traverser les traumatismes. Mais si je veux être honnête, il a toujours eu un fond de jalousie en lui, depuis notre rencontre. Il manque de confiance en lui, mais il est incapable d'aller de l'avant et de s'affirmer.
Hermione grimaça.
— C'est pour ça que tu ne semblais pas ravi quand il a évoqué votre partenariat en tant qu'Aurors ?
Harry hocha la tête.
— Oui. Je ne veux pas avoir à le rassurer en permanence. Bon sang, j'aimerais qu'il aille mieux, vraiment. Qu'on puisse retrouver notre amitié, sans devoir se méfier de chaque mot prononcé devant lui.
Hermione se mordilla la lèvre, puis elle souffla, incertaine.
— Je sais que ça va mal finir, lui et moi. Je le sais, mais je suis pour l'instant incapable de le repousser. Je me sens tellement stupide. Il est… c'était mon premier amour, et je pensais que je vieillirais à ses côtés.
Harry soupira.
— Tu vas faire quoi ?
Hermione ricana tristement en détournant les yeux.
— Je vais juste retourner à Poudlard et vivre ma vie, tout en regardant ce train-là dérailler.
Le reste de la semaine se déroula dans un calme trompeur, mais tout sonnait faux. Ginny était terriblement silencieuse et se retranchait dans sa chambre autant que possible. Molly semblait être sur le point de fondre en larmes à chaque instant et elle cuisinait sans cesse, essayant de faire les plats préférés de Harry, comme s'il pouvait encore changer d'avis.
Arthur allait travailler et rentrait, mais il semblait manquer d'entrain, tandis que Percy avait refusé de remettre les pieds au Ministère, apparemment effrayé à l'idée d'être vu comme un traître.
Ron… se contenait. Il restait près de Harry et Hermione, mais il était la plupart du temps silencieux. Il les observait d'un air soupçonneux, comme s'il cherchait à prouver quelque chose à leur sujet, ce qui agaçait profondément Hermione.
Harry faisait comme s'il ne voyait rien de tout ça, mais Hermione savait qu'il prenait sur lui, se retenant d'exploser. Elle le voyait dans la tension de ses épaules ou dans sa façon de se mordiller les lèvres.
Le départ de Harry coïncidait avec celui de Hermione et la jeune femme avait préparé ses affaires en ayant l'impression que l'enfer allait se déchaîner sur le Terrier sous peu. Cependant, ils quittèrent la maison des Weasley dans un silence de mort.
Ils transplanèrent pour Londres et Hermione soupira à l'arrivée.
— Ça ne s'est pas si mal passé, non ?
Harry renifla d'un air amusé, mais il ne commenta pas, l'accompagnant jusqu'à la gare. Il l'enlaça brièvement et il la poussa vers le Poudlard express.
— Allez, file. On se verra dans le mois, je pense, j'ai reçu une invitation de la directrice à passer la voir. Je te raconterai…
Hermione leva un sourcil perplexe, devinant que Harry préparait un tour à sa façon, mais il lui sourit juste sans s'étendre sur le sujet.
Elle hissa sa lourde malle derrière elle, le panier de Pattenrond sous le bras, puis elle dégagea ses cheveux de son visage avec un soupir.
En regardant sur le quai, elle vit que Harry lui tournait le dos, discutant avec un groupe de Serpentard. Elle hésita à le rejoindre, un peu inquiète, avant de remarquer qu'il souriait et ne semblait pas perturbé, et elle secoua la tête, se morigénant de sa soudaine suspicion. C'était probablement la réaction qu'auraient beaucoup de gens désormais et elle se jura de se montrer amicale avec eux tant qu'ils n'ouvraient pas les hostilités.
Sans quitter la scène des yeux, elle se laissa tomber sur la banquette de son compartiment. Si elle n'avait pas reconnu Parkinson dans le groupe, elle aurait pu penser que Harry riait avec des amis. Il semblait détendu, tout comme les Serpentard.
Puis, un homme s'approcha du groupe, baguette en main, le visage sombre et il s'adressa à Harry, tout en menaçant les Serpentard. Aussitôt, Harry s'interposa, les sourcils froncés et il s'adressa à l'homme avec de grands gestes. Il devait parler fort, parce que les personnes autour d'eux se tournèrent pour assister à la scène, avec une certaine avidité.
L'homme finit par baisser sa baguette, l'air mécontent, avant de battre en retraite, et Hermione se détendit légèrement. Au moins, la situation n'avait pas dégénéré.
Elle était tant absorbée par ce qui se passait sur le quai qu'elle sursauta lorsque Luna et Neville entrèrent et s'installèrent en souriant.
Neville désigna Harry avec un sourire amusé.
— Il va encore faire les gros titres, il va adorer ça.
Hermione plissa le nez et secoua la tête, mais Luna laissa échapper un rire.
— Harry le sait, maintenant. Je suis certaine qu'il savait ce qui risquait de se passer en venant ici.
Hermione la dévisagea avec surprise, pensant une fois de plus que Luna n'était pas si étourdie qu'elle le semblait. Elle l'avait souvent sous-estimée par le passé et seul Harry semblait la comprendre.
Hermione sourit, puis elle hocha la tête, en regardant la Serdaigle.
— Tu as probablement raison. Je suppose que Harry risque d'agiter encore un peu le monde magique, le connaissant.
Neville ricana en se laissant aller dans son siège, plus sûr de lui qu'il ne l'avait jamais été auparavant.
— Évidemment, sinon ce ne serait pas Harry. Poudlard va être triste sans lui, mais je comprends qu'il ait d'autres projets.
Hermione hocha la tête distraitement, caressant son chat à travers les barreaux de son panier. Puis elle murmura, avec un sourire.
— Il a déjà prévu de nous rendre visite prochainement…
Cette fois, Neville se mit à rire en secouant la tête, et il tira Luna plus près de lui pour l'enlacer. Hermione ne put s'empêcher de ressentir une pointe de jalousie en les voyant interagir avec tellement de simplicité, avant de secouer la tête lorsque Neville commenta, malicieux.
— Et bien, ça devrait être intéressant…
