Hermione se précipita dans sa chambre en riant et après avoir pris des affaires confortables, elle se décida pour une douche rapide. Une fois habillée et les cheveux séchés, elle frappa à la porte de la chambre des garçons. Elle n'attendit pas la réponse pour entrer, décidant que Théo devait être en train de broyer du noir.

Il était allongé sur son lit, tout habillé, un bras sur les yeux. Lorsqu'elle ouvrit la porte, il grogna, avec lassitude.

— Pas maintenant, Harry.

Hermione s'appuya contre le chambranle de la porte et répondit d'une voix douce.

— C'est Hermione. Je viens de rentrer et je voulais savoir comment tu allais.

Théo retira son bras de sur son visage et il cligna des yeux, avant de soupirer, avec une légère grimace.

— Harry a dû te raconter les grandes lignes, non ?

Hermione lui sourit.

— Plus ou moins. Mais ce n'était pas ma question, Théo.

Le jeune homme roula des yeux et il lui fit signe d'entrer, sans pouvoir s'empêcher de lui adresser un petit sourire reconnaissant.

Hermione s'installa aux côtés de Théo, comme elle l'avait fait tant de fois avec Harry, le bousculant légèrement pour se faire un peu de place, s'allongeant près de lui sur son lit.

Elle le sentit se tendre légèrement, mais il la laissa faire et il resta silencieux, curieux de ce qu'elle allait faire.

Sans le regarder, Hermione fixa le plafond et reposa sa question d'une voix douce.

— Comment vas-tu ?

Théo soupira avant de murmurer, amer.

— J'ai connu mieux.

Comme Hermione restait silencieuse, il reprit, en chuchotant presque.

— Sans Harry à mes côtés, je serais probablement à Azkaban pour une raison ou une autre. Ils ont prétendu que les photos de ma mère pourraient représenter un danger si je les prenais. De simples photographies… c'est… c'était tout ce qui me restait d'elle.

Hermione tendit la main et agrippa la main de Théo, la lui serrant doucement.

— Je suis certaine que Harry réfléchit déjà à une façon de récupérer ces photos, Théo. Il sait mieux que personne ce que ça peut représenter à tes yeux, tu sais.

Le jeune homme laissa échapper un gémissement triste.

— Ils les ont brûlées.

Hermione se figea, horrifiée et elle se tourna vivement vers lui pour l'attirer dans ses bras. Il n'y avait rien à dire pour le consoler de cet acte de cruauté gratuit et elle comprenait mieux la colère de Harry à son arrivée.

Après quelques instants à profiter du réconfort offert, Théo s'écarta, mal à l'aise, et il soupira.

— Harry veut que je reste ici, mais je refuse de… je ne peux pas risquer de lui causer des problèmes. Imagine qu'ils viennent me chercher et qu'ils… l'attaquent ? Ou qu'il soit exposé alors qu'il tient tant à sa vie privée ?

Hermione laissa échapper un léger rire nerveux en secouant la tête, effarée de constater à quel point Théo vivait dans la crainte.

— Je suis d'accord avec Harry, Théo. Tu vas rester ici, avec nous, en sécurité. Et à Poudlard, je continuerai de travailler avec toi, quoi que tu puisses en dire. Tu n'as rien fait de mal. Tu n'as rien à te reprocher. Personne n'irait s'en prendre à Harry et il est de taille à faire face à toute cette situation.

Théo grogna.

— Je suis le fils d'un Mangemort. Pour ce que j'en sais, mon père a pu essayer de tuer Harry. Ou même de te tuer ! Vous ne devriez même pas m'aider en premier lieu !

Hermione haussa les épaules, avec un petit sourire amusé.

— C'était ton père. Pas toi.

Ils restèrent silencieux quelques instants, puis Théo chuchota, avec tristesse.

— Pour beaucoup, ça ne fait pas de différence. Je suis le fils d'un Mangemort et je suis dans la maison Serpentard. J'ai toujours été fier de ma maison, malgré ses défauts, mais je commence à… regretter. Si j'avais été dans n'importe quelle autre maison, on m'aurait laissé le bénéfice du doute, je crois.

Hermione renifla.

— Probablement. Mais tu es à Serpentard. Le professeur Rogue y était également et il a été héroïque. Il a sacrifié sa vie entière, il a pris des risques inconsidérables. Notre maison ne détermine pas nos choix de vie, tu sais ?

Théo s'indigna, surpris.

— Mais il détestait Harry ! Il était tellement injuste ! Nous avons tous pu constater à quel point il… s'acharnait sur lui, pour des broutilles !

Hermione soupira, en fermant les yeux un instant, l'image de leur professeur baignant dans son sang s'imposant soudain dans son esprit.

— Il l'était oui. Il haïssait le père de Harry parce que ce dernier était un idiot à Poudlard. Il… reprochait surtout à Harry de ressembler à son père, même si ça n'avait aucun sens. Pourtant, durant notre troisième année, nous nous sommes retrouvés face à un loup-garou, une nuit de pleine lune. Harry, Ron et moi. Le professeur Rogue était présent et il s'est interposé sans la moindre hésitation entre la créature et nous. Alors, il nous détestait peut-être, mais ça ne change rien au fait qu'il s'est montré héroïque à plusieurs reprises. Ni au fait qu'il a protégé Harry sans jamais hésiter.

Théo hoqueta, visiblement sous le choc de cette révélation. Hermione ne put s'empêcher de rire doucement, avant d'ajouter un peu plus sérieuse.

— Il était à Serpentard et beaucoup n'avaient pas confiance en lui. Pourtant, les parents de Harry sont morts parce qu'ils ont été trahis par leur ami Gryffondor. Nos maisons sont probablement un reflet de nos personnalités, plutôt de traits de personnalités les plus marqués, mais elles ne nous définissent pas entièrement.

Cette fois, Théo prit le temps de réfléchir quelques instants avant de murmurer.

— Et pourtant, d'ici quelques années, le monde magique refusera d'employer les Serpentard et les enfants qui y seront envoyés risqueront d'être rejetés.

Hermione claqua sa langue, agacée.

— Ce serait stupide. Les quatre maisons forment un équilibre. Il est impossible d'en supprimer une arbitrairement sans provoquer un effondrement de la société actuelle ! L'ambition doit être tempérée par la loyauté et le courage aveugle par de la réflexion.

Théo laissa échapper un rire amusé.

— C'est une théorie intéressante.

Hermione soupira, avant de hausser les épaules, essayant de masquer sa gêne de s'être enthousiasmée à ce point.

— J'ai eu beaucoup de temps pour lire et réfléchir pendant que nous… fuyons la guerre. J'ai aussi noté les anciennes maisons de chaque personne dont j'entendais parler et je me suis rendu compte que ce que nous avions entendu en arrivant à Poudlard n'était qu'un tissu d'âneries. Si Serpentard était la maison des mages noirs et mauvais sorciers, pourquoi tant de postes haut placés leur revenaient ?