Hermione soupira, consciente que ce pourrait être difficile pour son ami de se mêler aux autres sorciers. Sa célébrité le rongeait, et l'admiration qu'il recevait la plupart du temps lui semblait souvent déplacée.
— Il suffit de trouver quelqu'un en qui tu as confiance, Harry. Ça semble probablement facile de le dire comme ça, mais je t'assure que tu finiras par…
Elle s'interrompit et Harry ricana, en lui retournant son regard, un sourcil levé.
— Par m'intégrer ?
Hermione roula des yeux et grogna, avant de répondre un peu sèchement, agacée.
— Un de tes collègues langue-de-plomb connaît peut-être un sort pour t'assurer de la discrétion de tes colocataires ? Ou une façon de garder l'anonymat ?
À ces mots, Harry éclata de rire, amusé.
— Je vois d'ici la une de la Gazette : « Il ensorcelle ses colocataires. Harry Potter : prochain mage noir ? »
Théo entra dans la pièce à cet instant et il afficha une expression confuse.
— Tu as l'intention de nous ensorceler ?
Harry secoua la tête, avec un léger sourire amusé.
— Non, vous n'êtes pas des colocataires, vous êtes mes amis. Et mes invités.
Hermione intervint en expliquant la situation à Théo.
— Harry s'ennuie tout seul apparemment, alors je lui ai suggéré de prendre un colocataire. Mais il a visiblement quelques soucis de… confiance.
Harry grogna, les joues rouges.
— Je vous fais confiance, à vous deux. Mais je ne peux pas risquer de faire confiance à un inconnu ! Je refuse de voir ma vie encore une fois exposée…
Hermione soupira, tout son agacement s'envolant immédiatement et elle enlaça son ami affectueusement.
— Je sais, je sais. Mais ça me rend dingue de te savoir si seul lorsque nous sommes à Poudlard !
Lorsqu'était venu le moment de reprendre le Poudlard Express pour retourner à Poudlard, Harry les avait accompagnés une fois de plus à la gare. Il avait grogné d'agacement en voyant Skeeter sur le quai, gardant une certaine distance de lui, mais notant avidement dans son carnet tandis qu'un photographe à ses côtés mitraillait allègrement dans leur direction, comme s'il couvrait un évènement majeur et non pas un jeune homme saluant ses amis.
Voyant que Théo semblait mal à l'aise d'être ainsi la cible de l'attention, Harry lui adressa un clin d'œil complice, puis il fit un geste discret de sa baguette en marmonnant un sort entre ses dents.
Fier de lui, il les enlaça l'un après l'autre chaleureusement avant de s'expliquer, les yeux brillant de malice.
— C'est un petit sort bien pratique, puisque toutes les photos seront floues. Totalement inexploitables. Vraiment pas de chance pour cette chère Rita, rien pour illustrer son article.
Théo se détendit légèrement, reconnaissant envers Harry de protéger ainsi sa vie privée, et Hermione eut un léger rire, incapable de désapprouver le geste de Harry.
— C'est au Ministère que tu as appris ça ?
Harry se tendit légèrement et il secoua la tête.
— Non. C'est Fred et George. Avant… Avant.
Hermione soupira et le serra une fois encore contre elle, attristée elle aussi. Parfois, elle oubliait que Fred était mort, parce que dans son esprit, les jumeaux étaient inséparables. Puis, quelque chose lui rappelait la terrible réalité et une vague de tristesse la submergeait.
Lorsqu'ils furent installés dans le train, Théo interrogea Hermione, curieux.
— Vous sembliez très proches des jumeaux Weasley ?
Hermione hocha la tête, repoussant ses larmes.
— Oui. Surtout Harry en fait. Les jumeaux le voyaient comme un petit frère, je crois.
Hermione eut un rire amusé, perdue dans ses souvenirs, puis elle continua d'un ton tendre.
— Harry leur a offert ses gains lorsqu'il a remporté le tournoi des trois sorciers, pour qu'ils puissent ouvrir la boutique de leurs rêves.
Théo siffla doucement entre ses dents.
— C'était un sacré cadeau… et une très bonne idée, puisqu'ils ont un succès fou…
Hermione ricana en levant les yeux au ciel.
— Ils ont ça dans le sang. Ils ont voulu refuser, mais Harry leur a dit que le monde magique aurait besoin d'eux et de leurs blagues pour s'en sortir. Il n'en parle pas beaucoup, mais je suppose qu'il s'en veut de ne pas avoir pu… protéger tout le monde.
Théo hocha lentement la tête.
— Pourtant, il a fait tant de choses… Personne ne pourrait lui reprocher quoi que ce soit.
L'arrivée de leurs autres amis mit fin à la conversation et ils se saluèrent joyeusement. Comme Théo l'avait assuré, Blaise présenta immédiatement ses excuses à Hermione pour son comportement lors de la soirée de Noël, sous le regard perplexe de Pansy. Cependant, cette dernière ne posa pas la moindre question, et ils changèrent rapidement de sujet pour bavarder tranquillement de sujets sans importance.
Le voyage fut agréable, plein de bonne humeur, si bien qu'ils ne virent pas le temps passer. Ils arrivèrent à Poudlard à l'heure du dîner et ils se pressèrent pour rejoindre la Grande Salle, affamés.
Lorsqu'elle entra entourée des Serpentard, Hermione récolta encore quelques regards noirs, qu'elle ignora avec dédain. Ils étaient de moins en moins nombreux à lui reprocher de se mêler avec la maison vert et argent, probablement parce que les élèves de cette maison se faisaient oublier de leur mieux.
Hermione rejoignit Neville et ils se racontèrent leurs vacances dans les grandes lignes, heureux de se retrouver.
La routine des cours reprit, un peu ennuyeuse. Deux jours après son retour à Poudlard, Hermione vit arriver le hibou de Drago, majestueux, qui se posa devant elle et lui tendit une lourde enveloppe.
La jeune femme s'en saisit, cachant de son mieux le tremblement de ses mains et son impatience, et elle donna un petit morceau de bacon au rapace majestueux. Puis, elle reprit son repas en ignorant les regards curieux posés sur elle.
À peine la dernière bouchée avalée, elle s'excusa auprès de Neville et quitta la grande salle à pas pressés, impatiente de lire en toute tranquillité la réponse de Drago.
Elle avait encore un peu de temps avant le début des cours, aussi elle rejoignit son dortoir et tira les rideaux de son lit pour avoir un peu d'intimité. Enfin, elle ouvrit l'enveloppe, observant soigneusement le sceau avant de le briser.
Drago avait une écriture parfaite et elle songea qu'il avait probablement eu un tuteur lorsqu'il était petit pour apprendre à manier la plume. Lorsqu'elle déplia la lettre, elle eut un hoquet de surprise, puisqu'il avait pressé une rose séchée entre les pages.
Elle l'observa attentivement, avec un léger sourire. La fleur était blanche et pourpre, comme si elle avait été aspergée de peinture rouge. L'effet était saisissant, la fleur paraissant presque avoir été peinte par l'homme…
