Le silence autour d'eux se fit assourdissant après la tirade de Hermione. Ron semblait bouillir et il tira sa baguette de sa poche d'un geste brusque, la pointant vers la jeune femme.
Drago fit un geste pour s'interposer, mais Hermione le retint en croisant son regard inquiet.
— Tout va bien, Drago.
Sa familiarité avec le Serpentard provoqua un hurlement de rage chez Ron, mais avant qu'il puisse dire quoi que ce soit, une escouade d'Aurors arrivait et dispersait la foule efficacement.
L'un des Aurors approcha près de Ron et ce dernier murmurait furieusement, les sourcils froncés. Hermione soupira et jeta un coup d'œil en direction de Drago.
— Ça va ?
Il haussa les épaules, avec une grimace désolée.
— Je commence à penser que nous sommes maudits, si un foutu Weasley intervint à chaque fois qu'on se rencontre en public.
Hermione laissa échapper un rire discret.
— Il ne m'avait pas autant exaspérée depuis notre première année…
Drago hésita et sembla sur le point de poser une question, mais un des Aurors approcha, avec une expression sévère.
— Nous allons devoir vous interroger, monsieur Malefoy.
Hermione grogna, excédée.
— Pour quelle raison ? Par Merlin, il n'a pas dit un seul mot !
L'Auror sembla un instant déstabilisé et son regard navigua entre les différents protagonistes. Ses sourcils se froncèrent en voyant Théo derrière Harry, puis il secoua la tête.
— Nous avons été appelés pour stopper le début d'une rixe. L'Auror Weasley semble confirmer que…
Hermione le coupa grossièrement avec un ton autoritaire, les bras croisés sur la poitrine, le menton levé.
— Vous voulez probablement parler de Ronald Weasley, qui apparemment aurait besoin d'être un peu plus formé avant de se promener librement ? Il est celui qui nous a agressés. Vous pourriez peut-être poser la question à la quantité de témoins ici ? Il y en aura certainement quelques-uns qui auront le courage de dire la vérité !
L'Auror recula d'un pas, mal à l'aise, regrettant visiblement d'être celui qui faisait face à une Hermione Granger furieuse. Un de ses collègues, plus âgé, approcha, avec un petit sourire supérieur aux lèvres.
— Il paraît que la petite dame est sous imperium ?
Les yeux de Hermione étincelèrent de rage et Harry s'approcha, craignant visiblement ses réactions. Cependant, elle s'approcha de l'Auror et se pencha vers lui.
— Vraiment ? Vous avez déjà vu quelqu'un sous imperium ? J'ai l'air sous imperium ?
L'homme grommela, perdant sa jovialité, et il répliqua sèchement en désignant Drago.
— Pour ce que j'en sais, ce gars-là a pour habitude de s'en servir.
Hermione renifla et lui tourna le dos, pour s'approcher de Drago au pas de charge. Il eut un léger mouvement de recul, se souvenant soudain qu'elle avait eu cette expression le jour où elle l'avait frappé, des années plus tôt, mais Hermione leva les bras pour prendre ses joues entre ses mains et elle attira la tête de Drago vers elle, avant de presser fermement leurs lèvres ensemble.
C'était loin d'être un vrai baiser, pas avec la rage qui l'animait, mais elle prolongea l'instant volontairement lorsqu'elle sentit Drago se détendre entre ses mains et la laisser faire ce qu'elle voulait. Puis, elle s'écarta légèrement de lui, sans lâcher ses joues, pour le fixer dans les yeux un instant.
Drago avait les pupilles dilatées et les yeux écarquillés, et il semblait… totalement perdu. Hermione lui caressa les joues du bout des doigts en le relâchant doucement, réprimant l'envie de laisser échapper un petit rire de triomphe, satisfaite.
Elle s'excuserait plus tard auprès de lui pour sa brutalité, mais en cet instant, il semblait totalement ailleurs et personne ne pourrait imaginer que Hermione était sous l'influence d'un Imperium ou même d'un philtre d'amour — si Ron voulait se montrer encore plus idiot.
Lorsqu'elle se tourna pour faire face aux Aurors, elle rougit légèrement en voyant tous les yeux braqués sur elle, mais elle garda la tête haute. Harry cachait son sourire derrière son poing, ses yeux pétillant follement alors que Théo la regardait comme si elle venait d'une autre planète.
Hermione évita délibérément de regarder en direction de Ron et elle leva un sourcil en direction de l'Auror qui avait prétendu qu'elle était sous l'influence de Drago.
— Vous disiez ?
Ce dernier toussota, mal à l'aise, regardant autour de lui, puis il grogna, avec un haussement d'épaules.
— L'Auror Weasley…
— Le très jeune Auror Weasley devrait apprendre à réfréner sa jalousie. Il semble avoir décidé que je devais l'épouser sans me demander mon avis et il est furieux de découvrir que je mène ma propre vie.
Cette fois, tous les regards se posèrent sur Ron et il balbutia, mal à l'aise.
— Mais c'était… depuis des années, on était toujours ensemble ! C'était logique, non ? Et puis, ce…
Hermione le coupa, enragée.
— Si tu insultes Drago à nouveau, je te jure que je te frappe. Je suppose que tu te souviens de quoi je suis capable ?
Ron referma la bouche brutalement, son regard naviguant entre Hermione et Harry d'un air perdu, comme s'il ne comprenait pas comment il en était arrivé à faire face à ses meilleurs amis de cette façon. Il secoua la tête, amer.
— Je suppose que nous pouvons rentrer. Désolé, les gars, j'ai mal évalué la situation.
Hermione résista à la tentation de l'humilier volontairement et elle repoussa sa colère avec détermination. Elle hocha juste la tête, un peu raide, et répondit, en fixant l'Auror qui semblait en charge de l'unité présente autour d'eux.
— Parfait. Nous pouvons rentrer chez nous ? Tous ?
L'homme hésita brièvement, puis il soupira et hocha la tête, non sans annoncer, d'un ton ferme, comme pour ne pas perdre la face.
— Essayez de rester en dehors des ennuis, la prochaine fois.
Hermione ne répondit pas, se contentant d'un regard réfrigérant qui n'avait rien à envier aux œillades assassines de Minerva MacGonagall. Puis, elle ramassa le panier de Pattenrond et le mit dans les bras de Drago, préférant garder ses mains libres pour sortir sa baguette.
Il y eut une exclamation de stupeur dans leur dos et Hermione sourit, satisfaite, en glissant un regard en direction de Drago qui semblait perplexe.
— Pattenrond ne supportait jusqu'à présent que Harry et moi. Il a toujours attaqué Ron. Visiblement, tu fais partie des privilégiés.
Drago eut un sourire supérieur et il jeta un coup d'œil au chat dans le panier, qui ronronnait doucement en le fixant. Il hocha la tête et murmura, satisfait.
— Chat intelligent…