Une fois seuls, Drago soupira.
— Je suis désolé. Ma mère est un peu… empressée. Elle craint que tu changes d'avis, elle est persuadée que c'est ma seule chance de… d'être réhabilité.
Hermione dévisagea Drago un moment, puis elle murmura, les joues un peu rouges.
— Tu sais que j'ai pris ma décision, n'est-ce pas ? Je veux dire, maintenant, c'est à toi de dire ce que tu veux.
Drago détourna les yeux, sans lâcher sa main. Hermione ne chercha pas à se dégager, appréciant le contact. La main brûlante de Drago dans la sienne rendait toute cette situation réelle, et sa nervosité l'aidait à ne pas paniquer.
Après quelques secondes, il finit par murmurer, pensivement.
— Je ne vais pas reculer, Hermione. J'ai accepté, aussi fou que ça puisse paraître. Certains jours, je pense même à un genre de plaisanterie, parce que ça semble… impossible. Nous deux, je veux dire. Comment toi, l'héroïne de guerre et amie proche de Potter, pourrais-tu vouloir m'épouser ? Après tout ce que j'ai pu faire.
Hermione pressa doucement ses doigts, la gorge serrée. Elle répondit avec douceur.
— Je ne ferais jamais quelque chose d'aussi cruel, Drago. Plaisanter à ce sujet…
Il tourna la tête brièvement et lui sourit, ses yeux brillant légèrement.
— Je sais.
Hermione hésita, avant de se décider à chuchoter, debout dans la bibliothèque du manoir Malefoy, tenant la main de Drago.
— Depuis toujours, je me fixe des objectifs et… je fais en sorte de les atteindre. C'est comme ça que je fonctionne, tu vois ? Quand… quand tout s'écroule autour de moi, je continue d'avancer, parce que je vois la ligne d'arrivée. À Poudlard, mon objectif était de passer mes Aspics. La ligne d'arrivée n'a jamais été aussi proche. À portée de main, même. Lorsque j'ai pris conscience de tout ce qui avait besoin de changer dans le monde magique, je me suis dit que ce serait mon objectif suivant. Faire quelque chose qui compte, quelque chose qui puisse… améliorer l'avenir. Notre avenir à tous, celui de nos enfants.
Hermione s'interrompit un instant, puis elle secoua la tête, avec un rire nerveux.
— En un sens, tu avais raison, tu sais. Cette histoire de mariage arrangé, ça ne me ressemble pas. Je devrais… hurler sur ces pratiques barbares, me battre pour faire oublier tout ça et pour entrer au ministère sans ce subterfuge…
Elle sentit Drago se tendre à ses côtés et elle pressa une fois de plus sa main, doucement, alors qu'elle reprenait son souffle. Elle reprit, baissant encore la voix, parlant dans un souffle.
— La vérité c'est que… je suis seule désormais. Je n'ai plus de parents et Ron… il semblait être un refuge avant. Je l'ai probablement idéalisé, lui et sa famille. Je me suis imaginée me glisser parmi eux, avoir des proches sur qui compter. Sauf que ça ne peut pas fonctionner. Je l'adore et malgré ses… défauts il est réellement quelqu'un de bien, mais il n'est pas fait pour moi. Nous sommes diamétralement opposés et nous finissons toujours par nous disputer.
Hermione cligna des yeux nerveusement, puis elle passa la langue sur ses lèvres sèches, incapable de tourner la tête vers Drago. Elle savait qu'il écoutait attentivement, alors elle reprit, mal à l'aise, mais déterminée à être honnête avec lui.
— Je savais que ça ne fonctionnerait pas. Harry commence une nouvelle vie et il… n'a pas besoin de moi dans ses pattes. Je me voyais… coincée dans cette solitude et lorsque Théo m'a parlé de ces mariages arrangés, ma première pensée n'a pas été l'indignation, mais le soulagement.
Drago murmura, avec douceur.
— Parce que tu avais une solution pour ne plus être seule.
Hermione hocha la tête en réprimant un sanglot nerveux.
— C'est ça. Ça semble plutôt pitoyable, non ?
Drago l'attira contre lui, un peu maladroit, et il lui frotta doucement le dos avec un soupir.
— Avant… avant que je sois marqué, mon père recevait régulièrement des propositions d'unions. Des parents qui vendaient littéralement leurs filles pour avoir un accès à notre fortune. Qu'est-ce qui est le plus pitoyable selon toi ? Tu me tires de ma propre solitude, tu m'offres une rédemption que je n'espérais pas et tu continues de te battre pour changer le monde…
Hermione renifla en marmonnant, sans cacher son soulagement face à la réaction du jeune homme.
— Pas besoin de… me flatter, tu sais !
Drago ricana, sans pour autant lâcher Hermione.
— On va se marier, je suppose que je peux te dire que je t'admire sans que ma fierté ne soit froissée.
Hermione émit un hoquet surpris et Drago haussa les épaules.
— Depuis la première année, tu es systématiquement la meilleure élève alors que tu es une née-de-moldu et que tu ne connaissais pas la magie avant Poudlard. La seule matière dans laquelle je réussis à te battre, c'est en cours de vol et encore, Potter passe devant moi…
Hermione gloussa.
— Tu oublies la divination. J'ai claqué la porte du cours.
Drago claqua la langue.
— Cette cinglée de Trewlanney ne se rend même pas compte que certains d'entre nous utilisent sa salle de cours avec ses coussins confortables pour faire la sieste. Mon père m'a imposé ce cours stupide, j'ai compris pourquoi bien après.
Hermione se tendit et souffla, les yeux écarquillés.
— C'est elle qui a prononcé la prophétie qui concernait Harry.
Drago hocha la tête, avant de changer de sujet subitement.
— Pourquoi m'avoir choisi, moi ? Il y avait d'autres sang-pur qui auraient pu t'ouvrir des portes, des personnes plus recommandables.
Hermione laissa échapper un rire amusé.
— Tu veux savoir si tu avais des concurrents ?
Drago roula des yeux, mais il attendait la réponse, attentif. Hermione haussa les épaules avec un sourire gêné.
— En fait, si tu avais refusé, je ne sais pas si j'aurais eu le courage de demander à quelqu'un d'autre. Je te connais, Harry a confiance en toi. Ta famille a un sacré poids politique, même avec une réputation entachée.
— Est-ce une façon polie de me dire que je ne pouvais pas refuser ton offre ?
Hermione secoua immédiatement la tête, les sourcils froncés.
— Bien sûr que non ! Je ne suis pas devenue proche de Théo, de Blaise et de Pansy par calcul. Même si tu avais refusé, je n'aurais pas essayé de t'éviter, bien au contraire. Tu peux… dire non à ce mariage et je ferais quand même en sorte de t'aider.
Drago la fixa longuement, avant de hocher la tête.
— Merci. Je suppose. Même si je ne comprends pas vraiment ton raisonnement. La partie où tu acceptes de m'aider même sans contrepartie.
