NDA : 17/08/2021 Et bonjour ! encore deux jours de retards sur mon programme, je sais… Mais, ce ne sont que deux petits jours, n'est-ce pas ? Je ne sais pas si vous avez commencé à lire, ou même si vous avez cliqué sur cette histoire, mais pour ceux qui l'ont fait, j'espère qu'elle vous plait…

Je vous souhaite une bonne lecture et n'hésitez pas à commenter, c'est ma seule raison de mettre en ligne, partager une histoire et connaitre les retours sur cette dernière.

Chapitre 3 : le cauchemar commence

J'ai l'impression d'être Coraline. Cette petite fille qui change de monde et retrouve une vie parfaite quoique identique dans son décor juste en passant par le placard de son salon. Mais la maman araignée essaie de la faire sienne, et veut lui coudre des boutons à la place des yeux.

Moi, je n'ai personne avec des boutons en guise de globe oculaire. Mais je crois que ce serait beaucoup mieux que cette fausse vie digne d'une pièce de théâtre comique. Les morts sont vivants, les vivants n'existent pas, les abimés vont très bien, et ceux qui vont très bien sont abimés. Je vivais juste une mauvaise blague. Les copies de mes parents étaient mielleuses et aux petits soins, quand bien même je les suppliais de me laisser seule, mon pseudo grand père qui aurait dû être mort était le médicomage le plus doué de France à son époque. Et mon arrière-grand-mère – normalement morte – tentait de convaincre tout le monde que je me sentirais beaucoup mieux si on m'emmenait faire les boutiques.

J'ai une tête à mettre du Chanel et du Dior tous les jours ?

Ça me rappelle un épisode de la fabuleuse madame Maisel. Lorsque Midge et Rose prépare leurs valises pour les vacances, et que le salon est envahi de 5 dressings différents. La mère et la fille se questionnent sur le nombre de robes spéciale pique-nique qu'il faut prendre, et le père arrive, leur expliquant qu'elles pourraient aussi n'en choisir que deux, et les utiliser pour plusieurs pique-niques. Les deux se regardent, rient, et en choisissent six chacune avant de chercher tous les accessoires qui vont avec.

Le dressing de cette chambre me fait exactement penser à cette scène. Il y a une longue tringle recouverte de robes en tout genre, moldu, sorcières, chic et simple. Puis une autre, avec cette fois des pantalons et des corsaires. Une autre encore, où sont accrochées tout un tas de vestes, caraco, chemisiers… Sur la gauche, une armée d'étagères, avec des hauts à manches courtes, d'autres plus longues, des trois quarts… Mais qui met ça ? ça ne rentre même pas dans les pulls sans devenir gênant ! Bref. Le mur de droite, il y a des jupes, des shorts… Et un rayon spécial sous-vêtements qui feraient honte à ma petite sœur.

Mais le pire, c'était le mur du fond, avec une armada de chaussures. Midge Maisel a certes, un coté très superficiel dans sa folie de toujours mettre de nouveaux vêtements et les assortir avec ses chaussures, ses chapeaux, ses gants et ses rouges à lèvres, mais elle au moins, à la décence d'être à mourir de rire et pleine d'esprit. Là je commence à avoir de sérieux doutes quant à l'intelligence de mon double.

Ça m'a tout l'air d'être la Pimbèche en talons qui couche avec le chef de l'équipe de foot dans toutes les séries pour ado.

Le fait est que j'ai élu domicile dans cette chambre, qui ressemblerait à ma chambre si elle n'était pas couverte de photo sorcière et que la coiffeuse n'arborait pas une mallette de maquillage monstrueuse. Ma chambre aurait dévoilé un bac à friandise à côté du lit en fer, un ordi portable, et une bibliothèque à côté de l'armoire, c'est tout. Donc là, le dressing magiquement agrandi, et la tonne de fringues ridicules, c'était non.

Et bordel, ce que j'avais mal à la tête… ça partait de la base du cervelet, et ça se propageait jusque sous mes paupières. Et ça battait la mesure. Je ne me sentais vraiment pas bien. Au début, j'ai cru que c'était la hernie qui se réveillait, parce que j'avais les mêmes effets. Mais ensuite, j'ai vu que lorsque je fermais les yeux, il y avait des images qui se superposaient sans cesse. Et lorsque je dormais, j'entendais des choses. Des rires, des voix bizarres, des formules. Et tout ça tourbillonnait jusqu'à me rendre malade.

Je crois que ça fait trois jours que je suis dans la famille O'Nigay. Et je ne suis sortie de cette chambre que pour boire, manger, aller aux toilettes et me laver. Je n'ai pas prononcé plus de mots que pour qu'on me passe le sel durant les repas, et j'ai toujours réussi à esquiver les discussions. Être dans la même pièce que tout le monde… C'était dur. Les écouter parler, du monde magique, de la sorcellerie, de mes amies, de ma vie d'avant, et de la famille… C'était comme savoir que quelqu'un nous ment, et constater qu'il s'en fiche et poursuit dans son mensonge.

Je n'aime pas ces gens. Et ils pourront dire ce qu'ils veulent, ils ne seront jamais ma famille. Je ne les crois pas. Je ne veux pas d'eux. Oui, ma famille a bien des défauts, oui, j'ai porté les fardeaux de ma mère à sa place, et oui j'ai tout fait pour mériter ma place chez mon père plus tard, mais je les aimais. Et même si Bernard était un parfait connard avec moi, il a fait quelque chose de bien. Il a donné mon petit frère et ma petite sœur… Et ils me manquent. Leurs disputes incessantes, leurs jurons, leur manie de devenir adorable lorsqu'ils veulent quelque chose.

Ils étaient ma famille.

Pas ces gens-là. Je soupirais en enfonçant ma tête dans les coussins. Il fait plus frais que si nous étions dans le sud de la France, mais mon corps était malade, alors bien évidemment, même s'il faisait 35 degrés tous les jours, je passais mon temps sous les draps. Je crois que le pire dans cette maison, c'est l'absence d'animaux… J'ai toujours grandit avec des chats, des chiens, des poules et des chevaux partout. Et là… Rien. À part le hibou qui apporte le courrier.

Mes chats me manquent, aussi. Même s'ils étaient chez mon père, et que je ne pouvais les voir qu'en y allant, Mincka et Yuë n'étaient pas loin. Là… Elles n'existent tout simplement pas. Comme ma petite sœur ou mon petit frère. Comme les filles. Personne n'existe véritablement.

« Sacha ! Ton cousin Cédric est venu te voir ! » La voix résonne d'en bas, et je me crispe. Non. Ce n'est pas mon cousin, qu'il s'en aille, celui-là aussi. « Sacha, j'espère que tu es présentable au moins ! » Hurla de nouveau la voix de cette pseudo mère.

Je ne répondais pas.

On toqua à ma porte, avant qu'elle ne s'entrebâille et dévoile une grande silhouette musclée et taillée en V. Par principe, je détournais la tête, et remontais les couvertures. Je pouvais voir son ombre, à présent, se dessiner sur le carrelage de la chambre, à cause de la lumière.

« Bonjour Sacha… » La voix était grave, elle avait l'air douce aussi, et j'avais l'impression d'entendre mon cousin Fabien. « On m'a dit que tu étais amnésique… Et que peut-être, voire de la famille pourrait t'aider. »

« C'est dommage, je préfère ne pas me souvenir. Maintenant va-t'en. » Le garçon s'étouffa.

« C'est marrant, je n'ai pas l'impression que tu ais changé, en fait… »

« Merveilleux, tout va bien, donc, maintenant sors d'ici. » Repris-je, un peu plus froidement.

C'est ainsi que j'ai poursuivi ce qu'ils ont appelés les vacances d'été. En esquivant les gens qui venaient me voir, et les sorties en famille. Je préférais déprimer dans cette chambre qui n'était pas la mienne. J'en suis venue à préférer la compagnie des elfes de maison, que de ces gens qui disaient être mes proches. Ce sont eux d'ailleurs, qui ont commencé à comprendre que je n'étais pas totalement normale.

Artaban était un des elfes affiliés à la garde-robe de mon arrière-grand-mère, et trouvait étrange que les seuls vêtements que j'acceptais de porter, se composait de seulement trois ensembles mixtes, trop sombre pour aller ensemble. Il m'avait posé la question, disant que si je le voulais, il pouvait aller me chercher des choses de ce genre dans des boutiques, ou recoloriser pour que ça soit accordé. Et quand j'ai compris qu'il pouvait changer les teintes et les motifs, j'ai demandé à ce qu'il le fasse sur la garde-robe de l'autre moi. Je ne supportais plus les couleurs flachy qu'elle aimait tant. Ainsi, ne resta plus que des teintes pour la plupart unies, allant du blanc, au noir, en passant par le gris, le bleu foncé, et le vert émeraude. Il ne restait que quelques broderies simples, plus de pois, de rayures, ou encore de fleurs.

Artaban avait dit que je devenais plus sombre, mais avait accepté avec plaisir, puisque je disais qu'il n'y aurait que comme ça que je me sentirais mieux. C'est grâce à lui que je me suis sentie assez à l'aise pour « sortir » faire mes achats scolaires. Vêtue d'une robe d'été noire, longue et volante, avec un décolleté et des bordures en dentelle blanches, j'avais pu contempler mon reflet dans un miroir juste avant de sortir.

Je n'étais pas très loin de Blanche Neige. Quoique Mercredi Addams aussi.

Je fis les courses en compagnie de ma mère, qui acheta avec soin les fournitures demandées pour Poudlard, fit refaire mon uniforme, me forçant à patienter sur ce foutu tabouret pendant que les mètres volaient autour de moi. J'eu des compliments de Madame Guipure, disant que j'étais devenue une très jolie jeune femme. Elle devait délirer, elle aussi. Beaucoup de monde parlait de la coupe du monde, et des fous qui avaient jeté la marque pour semer le trouble. Mais moi je m'en fichais un peu.

Je me suis d'ailleurs éloignée quand j'ai vu ma mère se diriger vers Mr. Diggory et son fils. Ils parlèrent de la coupe de feu, qu'ils y étaient, à quel point ça avait été merveilleux. Je ne voulais pas entendre ça, je voulais juste m'éloigner de là, et ne plus entendre ces gens qui prétendaient être les membres de ma famille. Je me suis mise à errer au milieu du chemin de traverse, mes sandales à talons me guidant un peu partout.

« Tu vas à un enterrement, O'nigay ? » La voix trainante me laissa un goût âpre en bouche, alors que je me tournais vers le blond qui me parlait. Il était plus grand que moi, mais ce n'était pas dur, avec les cheveux souples retombant sur les côtés de son visage. Les yeux gris étaient moqueurs. Un vrai harceleur, j'en étais plus que certaine. Mais vu sa tenue, il ne pouvait rien dire.

« Le même que toi, visiblement. » Je ne savais pas qui c'était, mais je m'en fichais. Un éclair traversa ses yeux, de la colère. Il ne devait pas avoir l'habitude qu'on lui réponde. Je l'ai vu faire un pas de plus, et j'ai repris la parole, avec ce même timbre blasé que j'employais contre Neptune à l'académie. « Ecoutes, je ne suis pas d'humeur à t'écouter te plaindre, donc si tu veux emmerder quelqu'un, tu as tout le chemin de traverse pour ça. Maintenant, laisse-moi. »

Je fis volteface, prête à reprendre mon errance solitaire, lorsque j'ai vu l'ombre dans mon dos lever la main. J'ai tourné la tête de trois quarts, et j'ai plongé mes yeux dans les siens avec froideur.

« Qu'est-ce que… Tu… Tes yeux… » Il hésitait à présent.

« J'ai dit, laisse-moi. »

Et c'est ce qu'il a fait. Je l'ai toujours dit, pas besoin de baguette ou de magie pour faire fuir quelqu'un. Il suffit de penser à la chose la plus horrible qu'on ait vécu, et le fixer en silence. Les émotions se transmettent naturellement, et la personne s'écarte pour ne plus être mal. C'est Mars qui a eu le plus de mal avec ça.

C'est en rentrant que j'ai pris conscience que le mois d'aout s'achevait, et que j'allais bientôt devoir rejoindre Poudlard, porter l'uniforme immonde, et avoir une jupe plissée constamment, alors que je déteste ça… J'allais me ridiculiser en compagnie de gens idiots, fermés et profondément racistes entre eux.

Me posant sur le banc devant la table de pierre, dans le premier jardin, je plaçais ma tête entre mes paumes, coudes sur la table, et fermais les yeux. C'est le son répétitif d'une canne qui accompagne une vieille personne dans sa démarche qui me tira de ma torpeur.

« Je vois une adolescente sur le point de retrouver son école et ses amies… » Paulette, par pitié fermez-là… « Je t'ai rarement vu porter des vêtements aussi sombres, ma petite… »

« Et bien maintenant c'est le cas. » répondis-je, lasse.

« Ecoutes mon enfant… Je sais que ce que tu as vécu est traumatisant, mais pour avoir fait deux guerres, crois-moi, ce n'était rien. Il va falloir te ressaisir, et tout de suite. » La voix m'énerve, le ton m'énerve, les mots… J'ai envie de lui balancer tout ce que j'ai sous la main, sauf que présentement je n'ai absolument rien.

« Et bien justement, c'est ce que je fais, je me ressaisis, et je le fais comme j'en ai envie. Merci. »

« Ne me parle pas sur ce ton, Sacha. » Voix polaire… Paulette, la vraie, n'aurait jamais été comme ça. Elle m'aurait apporté de la fougasse aux lardons et un verre de lait, avant de me demander si je voulais une histoire, pour me libérer un peu l'esprit. C'est elle qui a éduqué ma mère, parce que mon grand-père préférait sa nouvelle femme et en avait oublié ses trois enfants. Cette vieille femme là, n'avait rien à voir avec ma grand-mère sportive, capable de tenir ses enfants sous le bras pour quitter le pays et s'éloigner de l'occupation à pieds.

« Et comment voulez-vous que je vous parle ? Je ne vous connais pas. Vous n'êtes mon arrière-grand-mère que sur papiers. Je ne prétends pas connaitre votre malheur, mais ne prétendez pas savoir ce qu'il se passe dans ma tête. Si je porte du sombre, c'est parce que je trouve que toutes vos couleurs claires et vives sont faussées et me rendent malade. Maintenant, je n'ai pas pour habitude d'être hypocrite, et je porte ce qui me met à l'aise. Si ça vous dérange, je ne vous force pas à me fixer… Sur ce… »

Je me levais du banc et quittait le premier jardin pour rejoindre la chambre à nouveau. J'allais m'enfermer jusqu'à la rentrée. Je n'avais aucune envie d'aller à Poudlard, mais pour le coup, c'était presque un soulagement, parce que ça voudrait dire m'éloigner de ce mensonge vivant et de cette maison. Je ne voulais plus les voir, ces copies imparfaites des membres de ma famille, normalement morts pour certains.

Je me suis faites sermonner lors du diner, mais je n'ai écouté absolument personne.

Au premier septembre, j'étais toujours d'aussi méchante humeur. Je n'avais finalement pas plus envie de rejoindre l'école de magie que de rester chez moi. Le destin avait choisi pour moi, cela dit. Lui, si je retrouvais son auteur, j'allais lui faire manger sa plume.

Je portais l'uniforme dégueulasse sous une grande robe de sorciers, et tirais ma valise en cuir noir. Il y avait le sceau des O'Nigay dessus, c'était la seule chose que je retrouvais de chez moi. J'avais hélas eu droit à un accompagnateur. Cédric Diggory, alias mon super cousin chiant. J'étais certaine que Paulette avait flairé mon idée de fugue et l'avait désigné pour être sûre que je ne la mette pas à exécution. Saleté.

« On m'a dit que tu étais vraiment mal. Je suis désolé pour la dernière fois. » Entendis-je alors que nous marchions sur le quai.

« Ecoutes, mal ou pas, ça ne changera rien. Je ne te connais pas plus que les autres, et pour être honnêtes, je n'ai aucune envie de réapprendre. » Le pas rapide s'arrêta, et il se tourna finalement vers moi, les yeux gris grand écarquillé.

« Tu es sérieuse ? »

« Oui. Au risque de te décevoir, je ne suis pas ta cousine. J'en ai peut-être la tête, mais ça s'arrête là. Je n'aime pas cette famille, ni ce manoir, ni tout ce qui constitue ma vie, et je vais me débrouiller pour m'en aller au plus vite. Donc arrête ton cinéma, tu n'aimais pas non plus la version originale vu tes mots, et profite du fait qu'on ne se connaisse plus pour m'ignorer. Merci. »

Nous avons passé la voie 9¾ en silence, et je me suis éloignée de lui dès que j'ai vu le train. Autrefois, voir cette locomotive rouge m'aurait fait quelque chose. Je me serais précipitée, heureuse, de pouvoir enfin réaliser ce rêve. De m'évader loin de ma vie de collégienne. Là, je sentais juste mon ventre se nouer, et cette envie terrible de me réveiller prendre possession de moi. Mais ça fait plus d'un mois que j'essaie, et ce cauchemar ne s'arrête jamais.

Montant dans le Poudlard Express, je déambulais dans les wagons à la recherche d'un compartiment vide. J'en ai trouvé un assez vite, nous étions dans les premiers arrivés. Pour l'honneur ou je ne sais plus quoi. Des conneries en somme. J'ai posé la valise sur la banquette en face, signe que je ne voulais personne avec moi, et je me suis installée près de la fenêtre. Il y avait pleins de têtes inconnues et d'autres reconnues qui déambulaient. Mais tous n'étaient que des mensonges éhontés.

Cédric discutait avec une asiatique qui souriait bêtement à la moindre de ses phrases, et lui ne voyait rien, continuant son discours. Il y avait une ribambelle de rouquins de plusieurs tailles avec des pulls en laine colorées et des lettres dessus. Un peu plus loin, accompagné d'une femme à l'aspect fragile et aristocratique, l'harceleur du chemin de Traverse. Les noms du livre me revenaient en mémoire. Weasley, Malfoy… Potter… Des gens fictifs. Tout est toujours faux. Soupirant de lassitude, je me tournais vers le couloir, les gens commençaient à monter dans le train.

J'ai prié pour qu'on me laisse tranquille, que voyant mon allure personne ne voudrait s'asseoir à mes côtés. Mais aucune prière ne fut entendue. Et deux filles passèrent la porte avec des sourires de mégères. La première était blonde cendrée, elle avait attaché ses cheveux avec des perles en un chignon sophistiqué. L'autre était châtain, les cheveux coupés en un carré plongeant, et trop de maquillage pour que ce soit normal.

« Sacha O'Nigay comme tu m'as manqué ! » Une voix criarde, alors que la blonde entre et se jette à mon cou. Je ne bouge pas. Je ne me sens pas bien. L'autre vient faire de même.

« On a appris pour ton accident, ma pauvre, ces moldus sont vraiment des idiots… » Raciste… Génial.

« Et toi alors, tu te sens mieux ? Prête à écraser de nouveau les bouseux ? » J'ai hoché la tête à absolument tout ce que ces deux-là disaient, avec l'espoir de plus en plus mince que ça les fasse taire.

Et c'est ainsi que j'ai passé tout le trajet pour Poudlard. J'ai eu un peu de répit en prétextant être encore fragile, et elles m'ont laissée « dormir. » Ça promettait d'être la pire expérience de ma vie. Après mon propre établissement, bien sûr.

J'étais fatiguée, j'avais mal à la tête, mes paupières closes voyaient des choses qui n'existaient pas, les deux harpies braillaient sur qui était correct et qui ne l'était pas, et les heures mettaient trop de temps à passer. Je détestais les transports en commun lorsque je n'avais pas de musique dans les oreilles. J'avais besoin de m'enfuir, et là, je ne pouvais rien faire. Pourtant, en écoutant le discours ignoble de celles qui semblaient être mes futures ex meilleures amies, je ne pensais qu'à une chose.

« I'm rotten to the core » Murmurais-je pour moi-même.

« Qu'est-ce que tu as dit, Sacha? » Et merde. On ne peut pas chanter les morceaux de Descendants, tranquille ?

« Rien. J'ai juste mal à la tête. » Elles me plaignirent de plus belle, et je me pris à m'imaginer dans American Horror story, une hache à la main.

Heureusement pour elles, je ne trouvais pas le moyen de les faire taire définitivement. Le Poudlard express est entré en gare, et nous sommes descendus à quai, laissant nos valises sur place pour rejoindre les calèches. J'avais beau ne pas trop savoir pourquoi j'étais dans cette vie, un constat se fit lorsque nous arrivâmes devant les calèches abimées.

La Sacha de ce monde vivait comme une princesse pourrie gâtée, elle semblait n'avoir pour drame que ses ongles cassés et ses idoles sorcières trop belles pour daigner poser leurs yeux sur elle. C'était une fille qui n'avait probablement connu de souffrance que le choc d'une voiture moldue, mais comme elle n'était pas là pour le voir, pas de souci. Cette Sacha pensait certainement qu'il n'y avait rien pour tirer les carioles jusqu'au portail de l'école. Que c'était juste magique.

Le cheval osseux et noir qui me faisait face me fit bien comprendre que l'ancienne Sacha et moi n'avions que nos noms en communs. La bête me fixait ostensiblement, et ses yeux bridés de cuir semblaient chercher quelque chose en moi. L'animal était inquiet de me croiser. Et c'était probablement aussi étrange de se dire que pour une fois, je me sentais à l'aise. Mais ça ne suffirait pas à m'aider. Je n'étais pas chez moi, et alors que l'animal nous tirait enfin vers l'école, je su que je n'étais pas au bout de mes peines…

Que le cauchemar commence.