Chapitre 5 : Pour s'avouer vaincu
« Je te demande pardon ? » ça c'était ma voix, et elle était montée dans les aigues malgré moi.
« Quoi ? C'est vrai, non ? Cette fille est hideuse et totalement inutile… Mes parents m'ont dit que sa mère s'était fait exploser dans une expérience… Elle n'a pas sa place ici. Et avec ses délires de bestioles imaginaires, elle va pourrir la réputation de notre maison. »
« Ok. »
Je ne savais pas s'il valait mieux être sourde que d'entendre ça, mais je me sentais étrangement rassurée de ne pas être la cible d'un tel discours. Bien sûr, j'y avais eu droit, moi aussi, à une époque, et avec des nuances sur le contexte, mais… ça me faisait du bien de ne pas le subir aujourd'hui. Pourtant, lorsque je vois la cible de ces horreurs, muette et souriant tristement alors qu'elle va pour quitter la salle commune, je me dis que peu importe sur qui se déversent les insultes, elles ne devraient revenir qu'à celui qui les prononce.
Je suivis des yeux la petite blonde officiellement plus jeune d'un an quitter les lieux, avant de reporter mon attention sur la salope qui me servait d'amie dans cette vie. Je haïssais cette fille autant que son alter égo brun qui mastiquait toujours une plume en se croyant plus désirable ainsi. Mais voilà deux jours que je faisais semblant de me souvenir, pour qu'elles cessent d'être aussi collantes.
Autant dire que ça ne marche pas plus que ça, pour autant, les deux taches sont, au moins, un peu moins compatissantes avec mon malheur. Tout du moins la blonde recommence à parler d'autre chose que de la pauvre petite Sacha, Ô c'est terrible ces engins moldus, et comme tu dois avoir du mal avec ce qui t'entoure.
« Helen, tu crois que des gens s'intéressent à cette fille ? Je veux dire, hormis pour se moquer bien sûr ! » C'était la châtaine à la coupe carrée.
« Bien sûr que non, Pamela. Personne ne voudrait l'avoir comme amie. » Je clignais des yeux. Etaient-elles à ce point aussi pourries ? Visiblement oui.
C'est dommage, je crois que j'apprends leurs prénoms tous les jours, et à chaque fois, je les oublie. Ça doit être volontaire. Heureusement, je retiens un minimum ce que disent les professeurs malgré moi. Sinon ça commencerait à devenir compliqué. Ils excusent les lacunes, mais je doute que les dessins d'Edward Elric et Alphonse sur les parchemins oui. J'avais la sensation que cette plénitude à ne rien faire, à part déprimer, aller sous peu me retomber dessus. Même si je ne savais pas trop comment.
« Tu as divination tout à l'heure, c'est ça ? » La voix de Pamela me passa au-dessus, et je fixais les flammes présentes dans la cheminée de notre salle commune. « Sacha ? »
Machinalement, ma main vint se saisir d'un des pendants en calcédoine qui ornait mes oreilles. Il y a un membre de ma famille qui ne semble pas changer de personnalité, peu importe le monde dans lequel on est. Ma grande tante Poupette. Elle aime les récits d'aventures, les héros, les mercenaires, l'art… Et ne m'offre que des bijoux aux allures simples avec des pierres précieuses et semi précieuses. Poupette m'a offert cette parure pour fêter mon retour à l'école. Elle ne sait pas que je la portais dans mon monde, mais trouvait qu'elle m'irait à merveille, et elle avait raison. La boucle d'oreille se compose d'une chaine en argent qui pend le long de mon cou, se terminant par une perle en calcédoine, et ensuite, je portais un médaillon taillé en larme. Ce dernier était cependant caché sous l'uniforme, avec cette cravate hideuse.
Une main se posa sur mon épaule, et je sursautais, la repoussant vivement et fixant avec hargne son porteur. Enfin, sa porteuse. Helen avait retiré sa main et me regardait avec une sorte de tristesse trop maquillée et floue pour être vraie. Je m'excusais, disant que j'étais un peu perdue dans mes pensées, et lui demandais de répéter. Le cours de divination… Ah. Je n'avais pas envie d'y aller, c'était encore plus ridicule que je ne l'avais imaginé à partir des livres. Et surtout, mon nez ne supportait pas la quantité faramineuse d'encens bon marché supposé cacher l'odeur de l'alcool sous-jacente et celle du thé moisi.
« J'y vais. » Dis-je, en quittant mon assise.
« Quoi ? mais, c'est dans une heure ! » Pitié, mais jamais elles ne la ferment… ?
« J'ai besoin d'air. À plus. » Emportant mon sac avec moi, je quittais la salle commune sans écouter leurs protestations, et descendit les escaliers sans trop faire attention où j'allais.
Ce château est vraiment mal isolé. Il y a des courants d'airs glacés un peu partout, et de la mousse sur certains murs. Les arches, je n'en parle même pas. Pour dire la vérité, j'ai froid, alors que nous ne sommes que la première semaine de septembre. Mais j'ai froid tout le temps… Je me sens vide, fatiguée, en manque de quelque chose dont je n'avais jusqu'à lors pas saisi l'importance pour mon propre bien-être corporel. Un manque de sucre et d'oxygène en même temps, juste horrible.
Je ne savais vraiment pas où j'allais, je marchais juste, montant et descendant les étages simplement parce que je croisais des escaliers. Avant, lorsque je me baladais comme ça, j'utilisais mon téléphone pour écouter de la musique, et je me perdais vraiment dans mes pensées sans me sentir mal à l'aise. Mais là, ce n'était pas possible. Je croisais des élèves, des plus jeunes, des plus âgés, des professeurs parmi ceux qui ne travaillaient pas encore ou qui n'avaient cours que le matin. Et j'avais l'impression qu'à chacun de mes passages, leurs regards me suivaient et me jugeaient.
Le malaise grandit en même temps que les secondes passent, alors je me suis glissée dans une alcôve, le long du couloir qui mène à la tour du clocher. Ainsi appuyée contre le mur, même si j'étais gelée, je me sentais à l'abri de tous. Un refuge physique contre un problème psychique. C'était inutile et fictif, uniquement dans ma tête, je le savais, mais je ne parvenais pas à faire taire ces impressions. Et comme elles m'obsédaient, je devais me cacher, faire quelque chose. Les bras autour du corps, je me frictionnais, pour essayer de donner un semblant de chaleur, même si ce n'était pas ce que je cherchais.
Je crois que c'est justement parce que je ne me sentais pas en sécurité que je les ai entendus. Trois voix, deux féminines, et une masculine, j'aurais dit que c'était la même tranche d'âge que moi, et des pleurs, beaucoup plus fragiles. Dans mon alcôve, j'étais en sécurité, mais ce n'était pas ce qu'il fallait faire. J'aurais pu ne rien dire, comme je me suis tut pour le cas de Lovegood face aux deux connasses. Mais si les mots ont un pouvoir violent, je sais par expérience que les coups, une fois donnés, ne peuvent pas être retirés.
J'ai hésité, une seconde, peut-être deux, et pendant ce temps, je me suis penchée en avant pour voir l'autre bout de l'arche. Je ne voyais pas de visages à cette distance, seulement des nuances de couleurs, deux rouges, une bleue, et la verte par terre. Les ombres ne laissaient pas de doute, la verte était petite, les deux autres bien plus grandes. Un enfant contre trois adolescents… Je n'en avais rien à faire des maisons, mais ma logique me disait que je ne pouvais pas intervenir. Mon cœur aussi, me disait que je ne pouvais pas. Je ne ferais qu'empirer les choses, et me mettre en danger à mon tour. C'est égoïste, mais contrairement à eux, je n'ai pas de magie.
J'ai abandonné mon sac.
Honnêtement, je n'avais aucune assurance de retrouver ces gens-là à mon retour, ni même mes affaires. Mais j'avais eu cet âge, et j'avais été intimidée. J'avais été harcelée durant toute ma scolarité, jusqu'à ce que je devienne encore plus froide et brisée que possible, et laisser quelqu'un d'autre dans cette situation me mettait au même niveau que les harceleurs. Est-ce que ma réflexion était la bonne ? Je n'en savais rien. Mais dans mes souvenirs, deux options se côtoyaient, divination et arithmancie, et ceux qui assistaient au second attendaient dans la cour du clocher avant de retourner en classe, pour profiter un peu de l'air frais. Les 4es années ne doivent pas être loin, en conséquent, et j'espère tomber sur un serpent.
Il y avait plusieurs groupes d'élèves, la plupart hétéroclite, mais je visais celui qui était essentiellement constitué d'uniforme à cravates vertes. J'aurais pu choisir une cible bien précise, réfléchir à la façon de m'y prendre… Sauf que j'ai seulement attrapé le bras le plus proche pour tirer dessus.
« Lâche moi, O'Nigay ! Je peux savoir ce qui te prends ? t'es complètement malade ! » Une voix trainante, hautaine. Ciel, je ne voulais pas le croiser du tout, d'habitude, mais c'était trop tard.
« Viens avec moi. » Me suis-je entendue dire sans intonation. Son bras s'est dégagé très vivement de ma poigne et il m'a repoussé avec violence, avant de ricaner.
« De quel droit tu me touches ? On n'a pas élevé les hippogriffes ensembles. » J'entendis les rires autours, et mes joues se sont mises à chauffer. Une fille commença à dire que peut-être, j'étais tombée amoureuse et je voulais me déclarer. Les étudiants firent la grimace avant de rire, tandis que ma cible faisait mine de vomir. Mon cœur s'est mis à battre plus vite, non pas de gêne, mais de rage, cette fois. Outre le fait que ce soit un parfait connard et ses amis avec, plus on trainait, et plus longtemps l'enfant subissait des horreurs.
« Ta gueule, Malfoy. » Je le reconnais, j'ai toujours aimé avoir de longs ongles, et j'ai tendance à les limer légèrement en pointe depuis ma dernière année de lycée. J'ai donc bel et bien entendu sa plainte lorsque mes doigts se sont plantés dans son poignet sous sa robe de sorcier, alors que je le tirais vers le couloir d'où j'étais venue.
« O'Nigay je ne sais pas ce que t'as mais tu vas me lâcher ! »
Il avait parfaitement la force de se retirer, voir même de m'expulser contre un mur, et il avait le contrôle de sa baguette contrairement à moi. Mais peut-être que nos derniers échanges l'en ont dissuadés, ou bien était-ce sa curiosité. Toujours est-il que, malgré ses demandes impérieuses, il est venu avec moi jusqu'à l'alcôve où j'avais abandonné mon sac. Là, il blêmit. Ses yeux gris se posèrent sur moi, tandis qu'il fronçait les sourcils, et me faisait enfin lâcher son poignet, un air de dégout inscrit sur le visage.
« Parce que c'était vrai… ? » Je l'ai frappé au visage par reflexe.
« Arrête tes conneries et regarde sur ta gauche, deux coins plus loin. » Ordonnais-je froidement. S'il me mitrailla du regard, ce dernier se figea dans une expression que je ne su pas déchiffrer après qu'il se soit exécuté.
« J'ai compris. »
Un instant. J'ai vu un homme devant moi. Ce n'était pas ce sorcier insupportable qui me tapait sur le système, c'était un vrai être vivant, avec des sentiments et un passé lourd. Le type devant moi n'était pas un personnage de roman pour enfant, c'était un humain, et cette vision m'a dérangé. Alors j'ai fait ce que je savais faire de mieux depuis mon entrée dans cette vie. J'ai pris mon sac et je suis partie. Il y a eu des éclats de voix derrière moi, et le souffle glacial est devenu plus intense lorsque je suis repassée par la cour. Mais tout ce qui comptait, c'était que la scène que j'avais vu, et qui m'avait rappelé mes années d'école, ne se reproduise pas, peu importe avec qui.
oOoOoOo
Mes yeux me piquent.
Ça doit être comme avoir la myxomatose… C'était ce que disait ma mère quand j'avais les yeux rouges et gonflés. Etouffant un bâillement derrière ma main, je papillonnais des yeux en cherchant à comprendre ce qu'il se passait autour de moi. Grimper à la trappe fut comique, mais maintenant, nous étions tous livrés à nous-même, avec des bouquins qui n'expliquaient absolument rien de ce qu'il fallait faire, et une enseignante comateuse en fond. Nous étions quatre maisons mélangées, encore qu'il n'y eût que Millicent Bulstrode de Serpentard, et je me retrouvais à la table de deux Serdaigle et une Poufsouffle.
« Terry, ta main dit que tu vas finir vieux et obsédé par un match que tu auras raté… » Une voix masculine.
« N'importe quoi. » Répliqua l'autre.
A ma table, Terry Boot, Hannah Habbot, qui espérait que je dise quelque chose pour le cours, et Anthony Goldstein. Allez savoir pourquoi ce plan de table, d'ailleurs. La blonde aurait dû être avec Ernie McMillan, mais non, il se trouvait avec l'une des sœur Patil, et les deux garçons du trio d'or insupportables.
« Vous savez, je pense qu'on devrait suivre les lignes de nos mains… la chance, tout ça… » La pauvre ne semblait pas du tout à l'aise.
Je les regardais déblatérer tous les trois, les garçons essayant de reconnaitre des symboles fictifs dans les marques fines de leurs phalanges, tandis que la Poufsouffle cherchait de l'ordre et s'inquiétait pour leurs notes. Enfin, nos notes. Mais je m'en fichais.
« Sacha… Je sais que tu n'es pas bien, mais tu ne veux pas dire quelque chose… ? S'il te plait… » Je me tournais à peine vers la jeune fille, un nouveau bâillement prêt à m'harasser, et haussais un sourcil.
« Tu… que… Pourquoi faire… ? » Cette question sembla la désespérer.
« Mais parce qu'on doit quand même travailler… Et ils ne m'écoutent pas, on ne m'écoute jamais… mais toi ils sont de ta maison, tu peux faire quelque chose, s'il te plait… »
Je n'étais pas Sacha O'Nigay. Je le savais, parce que je voyais bien que Hannah ne croyait absolument pas en ma volonté de l'aider. Elle demandait juste par principe, mais avait déjà renoncé. Pire, elle semblait s'attendre à une remarque de ma part au sujet de sa tenue, parce qu'elle n'arrêtait pas de défroisser sa jupe d'uniforme – chose stupide vu qu'elle était assise sur un pouf. J'ai hésité, et puis, j'ai regardé tout autour de nous.
Sur les 10 tables rondes, personne ne parvenait à comprendre, peu importe le blason qu'il arborait sur son poitrail. Certains jouaient, d'autres étaient plongés dans leurs livres, quelques-uns essayaient de déchiffrer les lignes des mains de leurs camarades, mais rien de concret n'en sortait. Ils bafouillaient tous. Et l'autre tâche qui servait de professeur cuvait son xérès sur le bureau, reniflant de temps en temps. Les maux de tête revinrent aussi vite, parce que le fait d'embrasser la salle du regard m'avait obligée à retourner dans la zone encens flottant.
« Et merde. »
Je ne sais pas combien de temps j'avais mis pour prendre une décision, mais mon juron fit sursauter les trois élèves de ma table, et la petite blonde me lança un regard totalement perdu, alors que je me levais du pouf et me plaçais au centre de la pièce. Je n'aimais pas attirer l'attention plus que ça, j'avais tendance à me sentir mal à l'aise, pas à ma place, et à vouloir me cacher… Mais ici, j'avais l'avantage d'être quelqu'un d'autre, aux yeux de tous, et surtout, ce que j'allais dire, aucun professeur de Poudlard n'aurait pu me le retirer. Je ne suis pas une idiote qui lit dans les feuilles de thé pour s'amuser… Je dirais même, je ne suis pas une petite voyante de rien du tout… J'ai l'incroyable honneur d'être l'héritière du 3e œil, comme on dit chez moi. Sélène…
« Qu'est-ce que tu fous, O'Nigay ? T'as une remarque à faire ? » Ah, Bulstrode parle, c'est donc possible.
« On m'a demandé de faire quelque chose, alors comme je suis serviable, je m'exécute. » Répondis-je d'une voix franche. Je crois que je viens d'assassiner la pauvre Abbot, elle tousse et est toute pâle maintenant.
« Epargne nous tes sarcasmes, O'Nigay… On a des devoirs à faire, au pire, pas besoin de toi. » Cette fois, je me tournais vers le rouquin qui avait parlé, la table derrière la mienne. Saint Potter ne disait rien, lui, il avait l'air mal à l'aise, comme perdu entre deux pensées. Ou, il doit s'attendre à un sinistros, et ne pas savoir si je vais vraiment mal, ou si je suis de nouveau aussi ignoble que celle que je suis supposée être.
« Des devoirs à faire, je n'en doute pas, surtout sans ton amie Granger pour aider, ça doit être dur. » Je le vis rougir, et vouloir se lever. Heureusement que l'autre cuve son alcool, sinon ça se serait passé différemment. « Je ne me suis pas levée pour qu'on se prenne la tête, surtout que tu perdrais très vite je pense. » La remarque fit rire l'unique serpent de la salle, et je repris. « Toi j'ai découvert que tu parlais il y a deux secondes, et maintenant j'apprends aussi que tu sais rire, c'est fou. » Le silence se fit.
Finalement, imiter une version pétasse de moi, c'est presque drôle, comme au théâtre. Sauf qu'ici je ne joue pas la méchante sorcière de l'Ouest. Je pris une inspiration, et me resituais un peu, histoire de ne pas dire de connerie ni faire un malaise au milieu des supers élèves qui me servent de camarades de classe.
« Vos livres ne vous apprendront absolument rien, on ne lit pas l'avenir dans les lignes de la main. »
« T'as bu toi aussi, O'Nigay ? » Lavande Brown, cette fois. Bien, jouons à ça, pimbèche contre pimbèche.
« Non, je sais juste que c'est stupide d'espérer lire l'avenir dans un élément du présent. » Silence général, clignement des yeux. Bien, j'ai capté l'attention. « Vos mains sont ce que vous en faites aujourd'hui. Si vous cultivez des plantes, jouez avec vos animaux, écrivez sur vos parchemins, et restez souvent dans le froid, certaines lignes seront plus marquées que d'autres. Si vous vous blessez, si vous portez des bijoux, ça aussi, ça se verra. La chiromancie c'est l'interprétation de l'avenir sur le présent que vous vivez. » ça ne dit toujours rien, je crois que je les ais perdus.
« D'où est-ce que tu sors ça ? » Ah non. Padma Patil qui demande. Au moins une qui n'aura pas perdu sa langue.
« J'ai juste réfléchi. Ce qui est normalement une capacité que nous possédons tous ici. » Soupirant, je me tournais vers cette nouvelle assemblée, et prit le premier exemple logique qui me faisait face. Saint Potter, qui allait très certainement m'en vouloir, d'ailleurs. « Regardez les mains de Potter. Elles sont abimées, caleuses, et couvertes de petites cicatrices. Ce que ça en dit, c'est qu'il est quelqu'un de manuel, qui fait du sport et beaucoup de travaux. Ça ne veut pas dire qu'il finira comme joueur de Quidditch professionnel, mais que sa vie future tendra vers les activités physiques, là-dessus, il suffit de savoir un peu comment il est, et vous saurez quoi penser de son avenir. » Silence total de nouveau, et regard surprit de l'intéressé.
« Comment tu peux savoir comment sont ses mains ? » Lavande, le retour. On dirait qu'elle cherche une connerie à dire.
« J'ai des yeux, comme tout le monde. » J'ai conclu, avant de retourner m'asseoir et croiser mes bras sur la table pour y loger ma tête.
Je ne sais pas ce qu'il s'est dit ensuite, j'ai seulement fermé les yeux, et ignoré les pulsations douloureuses à l'arrière de mon cervelet. Lorsque la sonnerie a retenti, j'ai senti plus que je n'ai vu les regards des autres me suivre. Je tirais mon sac avec peine, et descendit l'échelle avec difficulté. J'ai hésité à me laisser tomber, puis je me suis dit que même si le choc serait léger, j'allais certainement vomir à cause de la pression sur mon crâne. Il me restait un cours je crois, dans l'après-midi, mais je n'étais pas sûre du tout, et je n'avais aucune envie de bouger.
Tout du moins pour autre chose que de rejoindre mon lit.
oOoOoOo
Je n'ai pas rejoint mon dortoir, je ne m'en suis pas sentie capable. La tour de Serdaigle était à l'opposée et je n'avais pas la force de réfléchir pour répondre à une énigme, alors je me suis juste remise à errer dans les couloirs. À un moment, tout s'est mis à tourner autour de moi, comme si ma tête refusait de se concentrer sur les couleurs et les objets. Un flou gaussien bien moche caractérisait ma vue, et c'était particulièrement compliqué de continuer à avancer. Est-ce que j'avais faim, ou seulement mal ? Je n'en savais rien.
Assise… Vautrée au milieu d'un couloir désert de ce que je pensais être le 6e étage, j'attendais que ça passe. Je n'étais pas sûre du tout que ça fonctionne, je ne savais même pas si c'était ma mémoire stupide coupée en deux, ou un problème autre qui me mettait dans cet état, mais je n'arrivais vraiment plus à rien.
Les yeux clos, je me suis sentie partir sur le côté, j'allais certainement finir par terre, à vrai dire. Plus qu'à attendre qu'on me trouve dans cet état, et comme la chance semblait de mon côté, ce serait soit une personne qui me déteste, soit un professeur que ça gave. Il y a des pas qui résonnent un peu plus loin, je le sais parce que j'ai l'impression qu'un abruti marche sur des tambours. Les sons partent en vrille dans ma tête, eux aussi. Aller, bientôt je vais récupérer des jurons et des remarques, et on va me soulever avec un sort pourri pour me mener à l'infirmerie. C'est forcé. Après tout, il y en a marre des caprices de Sacha O'Nigay, pas vrai ? Elle est insupportable cette fille, moqueuse et arrogante avec tout le monde. Et même si j'ai essayé pendant ces derniers jours, je n'y arrive pas. Je ne suis pas elle…
Pourquoi j'ai la sensation qu'on me chatouille avec des moustaches ?
