NDA : Et me revoilà! Désolée du temps pour poster ce chapitre, le pire, c'est qu'il était prêt depuis des mois... Mais j'ai complètement zappé. Comme à chaque fois... Pitié ne me frappez pas... En tout cas, même si je sais que certains lisent, n'hésitez pas à vous signaler, ça fait toujours plaisir, une petite review à la fin.
Bonne lecture!
Chapitre 6 : Pas de retour en arrière
J'ai le cœur en miette, la tête en feu et le ventre à l'envers.
Nous sommes le 20 Septembre 1994, et Sacha O'Nigay vient officiellement d'avoir seize ans. Même naitre, elle l'a raté. Vierge. Je ne suis pas vierge, je suis une balance avec une tendance à tirer sur le scorpion et le gémeau. Mais rien n'a voir avec ces prétentieuses que j'ai eu tendance à croiser dans ma vie. Quoique, ce connard de flic était vierge aussi, allez savoir d'où il tirait son ascendance, lui. Ce qui est bien, c'est qu'elle fête donc son anniversaire à Poudlard, et pas en famille, donc je n'ai pas à voir tous ces mensonges ambulants.
Le problème, c'est qu'elle fête son anniversaire à Poudlard, donc ses « amies » sont là et veulent fêter le jour si important, parce que c'est tellement bien, n'est-ce pas ? Tuez-moi.
J'en étais déjà arrivée à détester mon anniversaire à cause des massacres passés, mais là, j'ai l'impression que tout ceci est une blague. Je ne voulais qu'une seule personne à mes côtés pour cette année, je savais déjà que je ne l'aurais pas, et pourtant, le destin ou je ne sais pas quoi a réussi à me changer cette date pourtant si importante et massacrer mon moral. Ça fait plus de deux mois que je suis là, et je crois que je ne me suis jamais sentie aussi seule que maintenant. Il n'y a personne qui sache qui je suis, comment je me sens, pourquoi je suis là ou même à quoi je pense.
Ils sont persuadés d'avoir affaire à une adolescente boutonneuse et fragilisée par un foutu accident de voiture. Mais ils ne savent rien. Ils ne savent pas que mes nuits sont hantées par des visions depuis des années, que j'ai dépassé la vingtaine, et que je ne suis pas une sorcière. Non. Ils ne veulent pas voir, c'est plus facile de consolider le délire avec des paroles mielleuse, plutôt que d'accepter que je ne sois pas celle qu'ils ont connus. Ah, autre point positif, je ne croise plus cet idiot de Cédric. En même temps, nous ne sommes pas dans la même maison, ni la même année. Même si ça fait bizarre de me dire qu'il est plus jeune que moi.
Mais tout ça, c'est n'importe quoi.
Je suis une adulte au milieu de gamins de quinze ans… J'ai presque dix ans de plus qu'eux tous, et comme mon corps est sensiblement le même qu'avant, je fais toujours plus jeune. Petite, un peu ronde, bien que mon poids s'allège de jour en jour. Ils expliquent les cernes par mon accident et mes « cauchemars » … Cervelles de moineaux. Si un seul de mes cauchemars vous concernait, vous seriez déjà tous morts.
« Tes parents t'offrent toujours autant de cadeaux, c'est fou ! » Merci, Pamela pour ce commentaire envieux.
« C'est bien vrai, entre les confiseries, les cosmétiques sorciers, et les vêtements, incroyable. Je n'en ai pas la moitié pour Noël. » Et bien prenez les, faites-vous plaisir.
Cet étalage de présents me rend encore plus malade en fait… Ce n'est pas digne de mes parents ça… Mon père m'aurait trouvé un film ou une série sur internet, considérant cela comme un cadeau suffisant, et ma mère m'aurait seulement emmenée avec ma sœur manger une glace, ou faire les filles, comme on le fait si rarement. Là… Une telle opulence est ridicule, et je vois clairement qu'ils me pensent être redevenue l'ancienne Sacha. C'est étrange parce que j'ai volontairement évité de répondre à leur lettre.
Du coup, me voici, au milieu de la grande salle, pour profiter d'un petit déjeuner pourri par la découverte de cet anniversaire, et la quinzaine de cadeaux qui a débarqué par hibou. Je ne sais même pas combien il y en a en fait, c'est débile. Et le pire, c'est que probablement rien de tout ce qu'il y a désormais à la table de Serdaigle ne me plaira. Je vais certainement m'en débarrasser auprès de tous mes camarades, et ils penseront que je suis devenue la plus généreuse qui soit. Merveilleux. Ou alors ils vont croire que je les achète. Boarf, peu importe. Dire qu'à une époque j'aurais été la plus heureuse face à cette tonne de confiserie… Mais maintenant, ça me file juste la nausée.
Comme tout ce qui est de ce monde.
Bon, entre les boites de fondants du chaudron, les patacitrouilles, chocogrenouille, dragées surprises, suçacides et autres conneries sucrées… Il y avait de plus gros paquets. Je me saisis d'un qui venait apparemment de ma mère. C'était… Une robe, visiblement. Une robe de sorcière vert pâle, avec des broderies en forme de cœur et de pic sur le décolleté, elle était fendue sur le côté, avec des volants en bas et de la dentelle. Hideux. Mais au cri de la blonde dans mon oreille, c'était quelque chose d'important. Ensuite, mon père, un… Je crois que c'était un poudrier, ça puait le parfum. Visiblement, Paulette s'était accordée avec lui, parce que j'avais un trio de rouge à lèvres.
Henry m'offrait une cape de velours bleu roi avec de la fourrure et une capuche. J'avais cinq paires de chaussures à boucles, avec des talonnettes, une pourpre, une bleue, les bottines vertes pour aller avec la robe, visiblement, des sandales avec des étoiles mouvantes, et des mocassins chics sorciers, eux aussi avec des boucles. Il y avait un haut avec des lacets sur les côtés, couvert de dentelle, blanc et rose, et une jupe longue dans les mêmes motifs. Je ne comptais même pas les boites de bijoux ridicules, perles, rubans, serre-tête, chapeaux de sorcières… Je n'ai pas pu tout ouvrir, ça m'énervait.
« Vous savez quoi, ça me saoule. Prenez ce que vous voulez, jetez le reste, je m'en fiche. » me suis-je entendue dire, avant d'enjamber le banc de ma table pour me sortir de là. J'ai pris une pomme dans l'un des plats sur la table, et j'ai commencé à m'éloigner.
« T'es tellement exigeante que tu ne veux pas de tous ces cadeaux, c'est ça ? T'es trop bien pour eux ? » Cette voix me fit m'arrêter en plein milieu de la grande salle, sous le regard de tous les élèves et celui des professeurs. « Tes parents ont fait l'effort de chercher ce qui pourrait te faire plaisir, nos grands-parents s'y sont mis, même moi j'ai dû t'acheter quelque chose… Et toi tu n'en as rien à faire ? Pire qu'une ingrate. »
Soudainement, j'ai commencé à avoir chaud, et à me sentir mal à l'aise. Pourquoi est-ce que ce mensonge-là se remettait à me parler d'un coup ? C'est toujours aussi horrible d'entendre la voix de mon cousin, et de savoir que ce n'est pas le jeune homme avec qui j'ai grandi et qui m'a appris à jouer à la console de jeu. J'ai serré les poings, et j'ai hésité à me tourner. Puis j'ai compris que les regards me mitraillaient parce qu'ils attendaient une réponse de ma part. Le super spectacle de la journée. J'ai le cœur qui bat trop vite…
« Si tu le dis, c'est certainement vrai. »
« Pardon ? » Mais je ne l'ai pas laissé finir, et je suis partie en marchant le plus rapidement possible, tout en essayant de rester digne.
J'ai pris la salle des escaliers mouvants, et j'ai commencé à monter des marches à l'aveugle, pour au final atterrir au 2e étage. J'aurais pu chercher à retourner au dortoir, pour prendre mon sac, et filer en cours, mais au lieu de ça, je me suis retrouvée dans les toilettes maudits. Mais je ne crains pas grand-chose, si Mimi geignarde est bien là, elle craint celle que je suis censée être à cause de nombreuses remarques faites, apparemment. Et comme les fantômes n'apprécient visiblement pas ma présence, elle ne risque pas de venir m'ennuyer.
Tiens, mes joues se creusent. C'est fou, c'est maintenant que le régime fonctionne. Il fallait juste perdre absolument tout ce qui constituait ma vie. Voilà ! La technique miracle pour perdre des kilos ? Annihiler toute votre existence en un coup, et la remplacer par du faux. Vous verrez, ça marche du tonnerre. Et moi je suis en train de craquer. Je ris et je pleure en même temps, mais ce n'est pas de la joie. Je fais comme ma mère, c'est nerveux. Ma main droite vient couvrir mon visage, alors que ma voix saccadée éclate en un rire malade.
Voilà, j'aurais mis moins d'un mois scolaire à péter les plombs. C'est génial.
Mes amies me manquent, ma famille me manque, mes chats, mes rêves… Même cette pétasse de Neptune et son air suffisant. J'ai envie de m'ennuyer en cours d'histoire, et voir notre professeur disparaitre dans son anxiété. J'ai envie de manger dehors avec les filles, et qu'on s'amuse à faire peur aux imbéciles de skinheads avec les bestioles invoquées par Pluton, je veux entendre Mars pleurer devant un disney. Je veux sortir les nuits de pleine lune et voir à travers les yeux de Meleth nin comme il voit à travers les miens.
Je veux ce foutu portable sur lequel j'avais discord et lui dire à quel point il me manque. Lui dire ce que je pense depuis tout ce temps. Je veux entendre son cœur battre, et je veux que ce soit pour moi, je veux partir d'ici…
« Allez tous vous faire foutre connards de sorciers… je ne suis pas comme vous, je ne le serais jamais… Je ne suis pas une putain de sorcière, je suis juste une ratée et je veux rentrer chez moi… » Ma voix tremble.
Je ne sais pas comment je me suis retrouvée sous l'évier à pleurer et rire en même temps. J'ai beau essuyer mes yeux, ça ne change rien, les larmes coulent. Et j'ai mal à la tête. Je n'en peux plus, faut que je me tire d'ici, que j'aille chez les moldus, ou je ne sais pas, je n'en ai rien à foutre, mais je ne peux pas rester ici. Ça ne sert à rien à part me torturer. Sauf que.
Je ne peux pas.
Je suis Sacha O'Nigay… Je suis une sorcière de seize ans à peine, et j'ai des parents sorciers qui surveillent mon éducation. Je suis enfermée à Poudlard, et ce qui aurait pu être le rêve d'une jeune fille n'est qu'un horrible cauchemar. J'ai envie de crever. Ça faisait longtemps que ça n'était pas arrivé ça, tiens… Vouloir avoir mal pour ne plus ressentir la douleur. Bravo, les bas-fonds, tu y es retourné Sacha, super. Mais tu ne peux rien faire. Tu ne peux qu'attendre et agoniser en silence, parce que le moindre faux pas, et ils le verront. J'ai l'impression d'avoir froid au-dedans, encore.
Il y a des bruits de pas devant la porte des toilettes, et je me tais d'un coup. C'est bon là, on arrête, pas besoin qu'un prof me voit comme ça, ni un ou une élève. S'il n'y a pas de bruits, ils ne vont pas venir, pas vrai… ? Les battements de mon cœur s'accélèrent, et j'angoisse en voyant une ombre sous la porte. Mais l'ombre rétrécit, et les pas disparaissent au loin. J'ai cessé de bouger durant tout ce temps, les larmes ont dû emporter mon maquillage noir au passage, et j'ai un sanglot dans la gorge. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? La personne a renoncé ? ou bien elle a cru que c'était Mimi… ?
Je rêve ou… ça gratte le bois… ?
La porte a commencé à bouger lentement sous les grattements, grinçant de façon sinistre. Et peu à peu, je l'ai vu s'écarter du battant. La petite ombre s'est mise en mouvement, et moi je suis restée figée. C'est une petite patte féline qui s'est glissé dans l'entrebâillement, à coup de griffe, elle est parvenue à ouvrir pour de bon, et dévoiler la silhouette trop maigre mais couverte de poils d'une chatte aux yeux ambré que je reconnaissais.
Miss-teigne miaula à mon adresse, avant de se mettre à ronronner comme un moteur et m'approcher lentement. Son museau se frotta à mes jambes repliées, sur lesquelles elle grimpa finalement, pour se lover, bienheureuse, contre moi. Je restais stupéfaite, incapable du moindre mouvement, devant cette scène de tendresse. Je n'avais pas rêvé, quelqu'un avait déposé la chatte écaille de tortue devant la porte après m'avoir entendu.
Mais depuis combien de temps ?
Je n'étais pas totalement conne, la seule personne à pouvoir attraper Miss-Teigne, c'était son propriétaire, Argus Rusard, le concierge dont on disait des horreurs sans nom à travers les livres. Un homme aigri, sans magie, qui arpentaient les couloirs à la recherche d'élève à punir et enchainer aux murs. Alors pourquoi est-ce qu'il venait me déposer son plus précieux trésor alors qu'il menaçait de tuer les élèves qui s'approchaient de lui ? Je n'étais pas très à l'aise, pourtant, malgré moi, mon inconscient me poussa à poser la main sur la fourrure tiède de l'animal, que je caressais machinalement.
N'est pas accro aux chats qui veut. Du coup, est-ce que je dois comprendre que Rusard sait pour moi et que c'est de la pitié ? Non, ce n'est pas lui du tout. Mais alors ça vient d'où ? Et je dois faire quoi ? M'inquiéter de me faire pourrir une fois encore ? Aller, je me sens toujours mal, et ça continue. J'ai besoin d'air, vraiment. Tant pis si quelqu'un me voit, je n'en ai plus rien à foutre. Faut que je sorte de cette foutue école. J'ai repoussé lentement la minette sur le côté, et elle s'est remise sur ses pattes, miaulant à mon adresse.
« Je suis désolée, faut vraiment que je prenne l'air, tu diras à ton maitre… Non oublie… » Et je suis repartie aussi vite que possible, courant presque dans les escaliers pour redescendre.
Mais il y avait du monde dans le parc. Tous ceux qui profitaient de la matinée de libre, et le professeur Chourave qui se baladait avec des pots de fleurs agitées. Même en l'ayant dit, je me rends compte que je n'en suis pas capable, je ne peux pas rester mal au milieu de la foule, c'est juste pire. Alors je me suis mise en marche. Je n'ai pas regardé où j'allais, et j'ai même percuté quelqu'un. Je crois que j'ai balbutié un pardon avant de partir en courant pour de bon.
C'est en arrivant à l'alcôve ou je m'étais cachée quelques jours plus tôt que je me suis sentie presque à l'abri. Alors je me suis recroquevillée dans mon coin, subissant la brise glaciale autour, et pleurant tout mon saoul sans que personne ne puisse le découvrir. Nebesa s'est mis à couler sur mes lèvres. C'est étrange, je n'ai jamais compris pourquoi, mais quand je suis dans cet état, ce sont des chansons étrangères qui me viennent en tête. Le russe était une langue que j'adorais chanter au lycée, mais ensuite, c'est devenu quelque chose que je ne voulais entendre que lorsque j'allais mal. Je ne peux pas l'expliquer.
Je n'explique plus rien de toutes façons.
oOoOoOo
Trois jours ont passé depuis cet anniversaire ignoble. Je ne sais toujours pas quoi penser de ce qui est arrivé. Miss-Teigne est revenue me trouver plusieurs fois après les cours pour me réclamer des câlins, et si j'ai eu du mal au début, en repensant au fait que son propriétaire était peut-être au courant de ce que je vivais, j'ai fini par céder. Les chats ont toujours ressenti ma détresse et m'ont toujours aidé. Cependant, outre sa présence, j'ai aussi recommencé à chanter un peu. Les morceaux que j'écoutais autrefois, et que personne jamais, ne pourrait connaitre ici. Quand je fredonne, les personnes autour me regardent bizarrement, mais ça aussi je m'en fiche.
Là par exemple, je suis en potion, et même si aucun son ne franchit mes lèvres, ces dernières bougent au rythme de Believer, d'Imagine Dragons. Et c'est exactement la même chose qu'en cours de Philo au lycée. Je fais deux choses en même temps, et tout fonctionne. Je ne me concentre que sur les paroles, et mes mains obéissent d'elles-mêmes aux consignes.
Je n'ai aucun espoir de mener cette potion à terme, je les sais, pour la simple et bonne raison qu'on a besoin d'utiliser sa baguette sur la fin, mais ce n'est pas grave. Je fais juste ce qu'on me dit de faire, à la manière d'un automate. J'ai un peu moins mal à la tête en faisant ça, peut-être que le souci venait de ma concentration, finalement, je n'en sais rien. Toujours est-il que je me perds moins dans mes pensées ignobles, même si ça ne va toujours pas. J'arrive à occulter l'ensemble, et agir sans perdre les pédales. J'ai remis le masque, en fait.
Je suis de plus en plus brisée, mais je ne peux plus laisser quiconque le savoir. Je ne veux plus donner de pouvoirs à ces mensonges ambulants. Je veux pouvoir partir au plus vite, et pour ça il faut les endormir. J'ai une idée pour ça, et je vais avoir besoin d'aide, mais je n'arrive pas encore à savoir vers qui je pourrais me tourner sans que ça ne devienne un cataclysme.
« Je peux savoir ce que vous êtes en train de faire ? » La voix glaciale me laissa un gout de cendre en bouche, mais je ne sursautais pas.
« J'écrase des scarabées en poudre. »
« Et on peut savoir pourquoi, puisque la poudre brune est déjà sur l'étagère ? » Ce professeur doit s'ennuyer finalement, à toujours chercher la petite bête.
« Parce que lorsque la poudre est fraiche, la potion est plus efficace. » Je l'ai vu cligné des yeux, avant de me fusiller avec.
« Où êtes-vous allez chercher ça, petite impertinente ? »
« J'ai seulement réfléchi, professeur. »
« D'accord, je retire 5 points à Serdaigle pour insolence. Vous viendrez à la fin des cours récurer les chaudrons de vos camarades, puisque vous êtes si intelligente. » Je l'ai vu retourner vers son bureau avec un jeu de cape digne de celui d'un acteur.
Bien, je suppose que voir une élève qu'il ne supportait pas avant avoir raison l'a mis en rogne. Surtout qu'elle bouge les lèvres sans rien dire, et se comporte bizarrement. Ce ne sera clairement pas vers lui que je vais me tourner… Cela dit, je risque d'avoir besoin de quelque chose qu'il possède. Même si je demande de l'aide à quelqu'un, je vais devoir lui expliquer la situation, et jamais personne ne me croira si je ne peux pas le prouver. Je vais avoir besoin de veritaserum. Le fait d'être en retenue juste après les cours m'arrange, finalement. Mais je vais éviter de lui dire merci, quand même.
A la sonnerie, j'ai laissé tomber. La potion n'était pas devenue verte, évidemment, et par conséquent, je ne pouvais pas rajouter la bile de tatou non plus pour le final. Pas de magie, pas de potion, logique. Rogue retira 5 autres points à Serdaigle, ce qui me valut des regards en colère pour la plupart, et surprit de mes super copines. Les élèves partirent les uns après les autres, et moi, je trainais des pieds. Je devrais revenir ici de toutes façons après la métamorphose. Mais je n'avais pas envie d'aller au cours suivant. Pas vraiment le choix ceci dit. Une fois installée, j'ai pris ma plume, et j'ai commencé à rédiger ce qu'il y avait au tableau, du moins j'ai essayé. Puis je me suis sentie partir toute seule dans les limbes.
La silhouette marchait le long du couloir humide, laissant dans son sillage un parfum doux et masculin. L'absence de lumière ne semblait pas la déranger, comme si elle connaissait ce chemin par cœur. Sur son épaule, l'étui d'un violon battait la cadence de ses pas. Bien que le temps passe, le couloir semble ne jamais en finir, et les secondes deviennent des minutes éternelles.
Et puis, une voix grave, faisant vibrer les cœurs, se met à fredonner la romance d'un morceau habituellement joué au piano, et le couloir semble trouver une fin, dévoilant l'ombre massive d'une porte. L'homme au violon tendit sa main vers la porte et s'écorcha sur cette dernière. La douleur qu'il ressentit fit écho à celle d'une autre, et tandis que l'éclat blafard qui se cachait derrière l'ouverture reprenait ses droits sur les lieux, le silence revint avec une violence inouïe.
« Miss O'Nigay ? Vous allez bien ? » Je clignais des yeux, surprise, et les joues humides. La main du professeur McGonagall se posa sur mon front avec une certaine douceur, mais je me reculais à cause du geste. « Vous n'avez pas de fièvre mais… Vous feriez mieux d'aller à l'infirmerie, vous semblez toujours sujettes aux malaises. »
« Malaise… ? » C'est à cet instant que je pris conscience que j'étais sur les genoux à coté de mon bureau, et non sur ma chaise, mes affaires avaient été éparpillées tout autour. « Je… Je ne m'en suis pas rendue compte… »
« Mr Goldstein, menez votre camarade à l'infirmerie je vous prie. » Ordonna le professeur de métamorphose.
Pamela m'aida à ranger mes affaires dans mon sac, et je le jetais sur mon épaule avant de quitter la salle lentement, accompagnée du blond. Le trajet se fit en silence, du moins jusqu'à ce que nous arrivions devant les escaliers. Il sembla hésiter, puis fouilla une de ses poches et en tira un mouchoir qu'il me tendit.
« Tiens, pour tes joues. » Je le regardais alors comme s'il était devenu bleu. « Tu… Tu pleurais du sang, c'est pour ça que McGo s'inquiétait. » Je touchais mon visage du bout des doigts, révélant ces derniers sanglants.
« Ah. Merci… » Je récupérais le mouchoir et m'essuyais les yeux. Aller à l'infirmerie ne servirait à rien, c'était mon don qui avait réagi, ici… Le petit gramme de magie que je possède, en fait. « Tu devrais retourner en cours, je vais y arriver seule. »
« Tu es sûre ? » Le regard d'Anthony dériva sur moi comme l'avaient fait certains en doutant de mon identité.
« Oui. » Il hocha la tête, et me laissa seule.
Je suis restée jusqu'à 18h dans le couloir où il m'avait laissé, assise sur les marches, à attendre que ma tête cesse de bourdonner. J'avais pris mon petit carnet de rêves d'ici, et noté celui qui s'était incrusté dans ma tête à l'arrivée en classe. Je ne le comprenais pas, même si j'avais reconnu très clairement qui était l'homme qui fredonnait. Et cet air… Corpse Bride… C'était le morceau qui nous avait unit la première fois, il l'avait joué pour moi, et je l'avais chanté pour lui. J'ignorais pourquoi je l'avais vu… Mais c'était le premier rêve que je faisais le concernant depuis mon arrivée, et il était hors de question que je le lâche.
C'est peut-être signe que j'avance avec mes idées, peut-être que mon changement de monde l'a aussi affecté… Nous sommes liés après tout. Je dois être sur le bon chemin si le rêve survient maintenant. Il faut donc que je sois la plus efficace possible tout à l'heure et que j'arrive à voler cette potion avant que Rogue ne revienne ou ne s'en rende compte. J'ai l'avantage de ne pouvoir laisser aucune signature magique, contrairement aux élèves.
J'ai pris le peu de force qu'il me restait à bout de bras, et je me suis mise en route pour les cachots. J'ai manqué de me perdre à nouveau, comme si ma mémoire avait quelques défaillances à cause de la vision surprise, mais heureusement, je n'étais pas en retard. Il ne manquerait plus que je l'énerve encore plus et qu'il souhaite rester tout au long de la retenue pour me surveiller. J'ai toqué à la porte de la salle de classe, et soudainement, cette dernière s'ouvrit sur la silhouette sombre en cape du professeur de Potion.
« Je me demandais si vous me feriez le plaisir d'être en retard. Il semblerait que non. » Je ne dis rien, hochant seulement la tête. « Maintenant vous êtes muette, très bien, très bien. Vous allez me nettoyer ces chaudrons sales. Sans magie, bien sûr. Je vous surveille. » Pour le coup, j'avais quand même envie de rire. C'était risible.
S'il pensait me démolir en m'interdisant d'utiliser la magie, il ne se rendait pas compte de son erreur. Je n'avais pas de magie, je ne risquais pas de pleurer parce que je ne pouvais pas l'utiliser pour nettoyer une dizaine de chaudrons. Peut-être ne sait-il pas à quel point récurer une marmite de cent litres avec de la soupe de légumes cramés en fond avec une éponge en métal est épuisant, parce que, ce qu'il me donne là, ce sont des petits sirops collés, à la limite. Mais les sorciers ne savent pas faire de véritables efforts. Je me suis mise à l'ouvrage, allant remplir les chaudrons un à un avec de l'eau chaude pour faire tremper, puis usant d'une vieille brosse, je raclais les fonds brulants sans produit pour l'instant.
C'est au bout d'une heure que j'ai vu une ouverture. Un élève de serpentard déboula, totalement essoufflé, parlant d'une escarmouche entre élèves. Je n'avais aucun doute sur les personnes impliqués, et je serais allée les remercier si je ne les détestais pas comme tout le reste de la populace ici. Cependant, comme je le disais, cette arrivée fut suivie d'un juron peu sonore, et du départ de mon geôlier, assurant qu'il revenait immédiatement et que j'avais intérêt à terminer avant son retour.
À peine la porte s'était-elle fermée sur ses capes, que je lâchais ma brosse et me précipitais sur l'armoire personnelle du professeur. Elle était verrouillée, mais j'avais déjà une petite idée. Il faut savoir que j'ai toujours eus beaucoup de bijoux anciens pour le cosplays, et que j'avais tendance à fabriquer les miens, aussi. Ce qui faisait qu'à une époque, j'accumulais les boites à verrous étranges. Comme je perdais tout le temps les clefs, j'ai pris l'habitude d'ouvrir ces petits cadenas avec mes boucles d'oreilles. Bon, je sais que ça se finira avec un trou dans un doigt, mais le verrou cèdera.
Peu importe ce qu'il se passe, je ne sortirai pas de cette salle de classe sans véritasérum.
