NDA 15/03/22 : Bonsoir à tous. Pardon pour l'attente, j'admet que j'avais d'autres choses à penser ces derniers mois. Ceci dit, l'histoire est toujours bien avancée, donc si je me bouge, vous êtes censé avoir un chapitre dans deux semaines aussi. N'hésitez pas à dire ce que vous en pensez, encore une fois. Nous n'avons pas de salaire pour nos récits, mais c'est toujours agréable d'avoir quelques commentaires à la sortie ^^

Chapitre 7 : Lever le voile de la vérité

Je n'arrive toujours pas à me décider. Est-ce que c'était de la chance ? Ou au contraire de la poisse ?

J'ai bel et bien réussi à ouvrir ce foutu verrou, et récupérer la potion que je voulais. J'ai même pu refermer sans souci derrière mon passage comme si de rien n'était, et finir de nettoyer les chaudrons avant le retour de Rogue. Non c'est juste… C'est juste que je me suis bel et bien plantée la boucle d'oreille dans la main, que foutre ensuite cette main dans l'eau sale était une mauvaise idée, et que maintenant ma main gauche est infectée, légèrement violette, et Pomfresh continue de m'engueuler que je ne sais pas prendre soin de moi.

Mais, étonnamment, la douleur m'est agréable… Elle est tangible, elle. Je sais pourquoi j'ai mal, c'est quelque chose que je vois, et que je sais comment soigner, contrairement au manque de l'autre, au vide, aux mensonges… Je sais que ce n'est pas bon signe, c'est comme ça que les scarifications ont commencé autrefois, sauf que là, je ne peux rien y faire, c'est trop tard, je suis blessée.

« Il va bientôt être l'heure de déjeuner, je ne vous retiens pas pour rejoindre la grande salle. » Sous-entendu, allez manger car je vous surveille.

Je hochais la tête sans un mot et quittais l'infirmerie. Je n'avais pas vraiment faim, je savais que je devais manger si je voulais tenir debout, mais de plus en plus de nausées me secouaient. Chaque fois qu'on me demandait si j'allais bien, ou qu'on me disait que tout allait rentrer dans l'ordre. Arrivée dans la grande salle, je soupirais. Les deux connasses me faisaient de grands signes de main. Je ne pouvais pas les esquiver sans susciter encore plus de remarques et questions. Assise en face des deux, j'ai mangé sans appétit, quelques pommes de terre au jambon fumé, et un peu de salade. Je n'écoutais absolument pas ce qu'elles disaient.

« Sacha, tu nous écoutes ? » Non.

« On disait que tu étais vraiment triste ces derniers jours, tu as peur pour tes examens ? »

« C'est ta main qui te fait mal ? Le batard graisseux aurait pu te faire faire autre chose, vraiment... C'est de sa faute si tu es… »

« Ferme la, par pitié… » Murmurais-je, la fourchette entre mes lèvres.

« Quoi ? » Je levais une main en direction de Pamela, la gauche, et la secouais.

« Laisse, je ne me sens pas bien, je retourne à la salle commune. » Je ne lui ai pas laissé le temps de protester, et je suis partie.

Mais je ne suis pas retournée chez les Serdaigle. Je me suis volontairement perdue au septième étage. Il est censé y avoir ici une pièce nommée va et vient, et je compte bien m'y réfugier. Le seul endroit où personne ne pourra venir me chercher et me dire de retourner en cours. J'ai fini par trouver la statue, et j'ai commencé à réfléchir, quel genre de pièce je voulais, mais je n'arrivais pas à visualiser les choses correctement, rien.

Hormis une porte un peu bizarre, apparue de nulle part.

Je ne savais pas ce que ma tête avait créé, mais en tirant sur la poignée, j'ai compris que Poudlard non plus, ne me comprenais pas. C'était la pièce avec tout le bordel pas possible. Il y avait de tout, tout, et n'importe quoi. Pire qu'une chambre d'enfants en plein anniversaire. Des armoires, des tabourets, des bureaux, des livres, des lampes, des chaudrons… Il y avait vraiment de tout. A l'autre bout, il y avait un mannequin, avec un début d'uniforme rapiécé dessus, ça me rappela mon envie de coudre, de faire des pompons, de m'occuper les mains. Je me suis approchée de l'objet. Ce n'était pas un vieil uniforme abandonné, c'était un récent… Celui d'un Poufsouffle.

Un bruissement sur ma droite me fit tourner la tête, et je vis un petit être avec de grandes oreilles, les armoiries de poudlard sur une taie d'oreiller en guise de vêtement, et une pelote d'aiguille au poignet gracile. La créature couina, et se cacha derrière un meuble qui ressemblait presque à une étagère ikea qu'on aurait démonté trop souvent pour réussir à la remettre en état.

« Nora est désolée, Nora ne voulait pas perturber la jeune miss… Nora va s'en aller… »

« Attends ! » Ma voix tremble un peu, mais pourtant, même si je la retiens, je ne sais pas ce que je vais dire, il faut que je gagne du temps… Pourquoi ? Je n'en sais rien… « C'est toi qui as fait ça… ? »

« Oui… Miss… » La créature semblait inquiète que je l'engueule, la pauvre.

« C'est très bien fait… Je me demandais… Est-ce que… Est-ce que je pourrais t'emprunter le mannequin de temps en temps… ? Je voudrais me faire une robe… » Une robe… Oui, je savais très bien laquelle, même. Sélène… Sérénity. Je voulais retrouver mon monde de cosplay et de musique japonaise, fermer les yeux et être chez moi.

« Nora peut aider miss à refaire ses robes de sorcières s'il faut, c'est le travail de Nora de repriser les uniformes des élèves. » Je secouais les mains en négation.

« Non… pas un uniforme… Je vais me créer une robe, pour moi… j'ai besoin de coudre, de créer quelque chose que personne d'autre n'aura… » Les yeux globuleux de l'elfe de maison se posèrent sur moi et brillèrent étrangement.

« D'accord, Nora laissera le mannequin libre les vendredis soir et samedi après-midi… ça vous ira… ? » Je hochais la tête.

En cherchant la salle sur demande tout à l'heure, j'avais besoin d'un endroit où me poser, être en paix avec moi-même. Mais en sortant, j'avais trouvé quelque chose à faire pour me tenir éveillée. Loin de ce cauchemar, ce mensonge vivant qui me torturait chaque seconde depuis que j'étais apparue dans ce monde.

oOoOoOo

Assise dans la salle de cours de métamorphose, j'attendais. Il devait être minuit, et personne n'était là hormis moi, bien évidemment. Moi, et Miss-Teigne. Assise en tailleur sur le bureau du professeur McGonagall, je caressais la chatte rachitique qui ronronnait sur mes genoux. J'avais pris une décision et je comptais m'y tenir. De toutes façons, dans ce monde, je n'ai rien à perdre.

Dans ma poitrine, je pouvais sentir la nausée et le sanglot hésiter sur le premier qui surviendrait. C'était comme ça tout le temps. Je n'étais pas calme, non, j'avais cette douleur poignante qui ne voulait pas s'échapper de moi. Ce froid morbide depuis qu'il n'était plus dans ma vie. Meleth nin…Je me sentais devenir froide… Et je ne pouvais rien y faire, c'était le manque de lui. Tant que je ne serais pas rentrée, tant que je ne l'aurais pas retrouvé, je souffrirais. Nous sommes liés.

Les minutes s'écoulaient, et bientôt, la porte fut grattée, comme si un chat voulait rentrer, mais c'était trop haut pour venir d'un animal. Je reconnaissais le signal de Rusard pour dire à Miss-Teigne de rentrer. C'était aussi un moyen de me dire que je devais retourner dans mon dortoir, et qu'il ne dirait rien si je me dépêchais. Mais je ne comptais pas rentrer chez les Serdaigle, cette maison d'hypocrites instables, je devais révéler la vérité ce soir. Avant que le mois d'octobre ne commence

« Vous savez, aucun chat ne serait aussi haut pour gratter la porte. Entrez, Rusard, je ne vous en veux pas. » Dis-je d'une voix calme.

La porte grinça, dévoilant la silhouette rachitique et courbée du concierge, ses vêtements bruns donnant un aspect négligé à ce dernier. Je ne pus m'empêcher de me dire qu'il devait crever de froid, habillé comme ça. Ses yeux se posèrent sur moi, et j'y lus à la fois de la compassion et une sorte de colère sous-jacente. Il referma la porte derrière lui, comme pour couvrir un secret.

« Alors, vous saviez. » C'était un constat amer.

« Oui. » Dis-je, doucement. « Et c'était adorable de votre part, de venir prendre soin de moi, et de me laisser libre. Je sais que vous détestez ceux qui ne respectent pas les règles. »

Le vieillard hocha doucement la tête, alors que Miss-teigne quittait mes genoux et rejoignait ses bras.

« Je sais ce que ça fait, que d'être entourés de sorciers et de ne pas faire de magie. »

« Oui… Mais votre expérience et la mienne sont différentes. » Ma réponse sembla être un peu violente, et il se crispa, les mains ridées se serrant dans la fourrure de la chatte écaille de tortue.

« Oui, c'est vrai, vous connaissiez la magie, et moi pas. Je ne sais pas ce que j'ai perdu, j'envie ce que je n'ai jamais eu. » Je secoue la tête.

« Non, je ne parlais pas de ça… » Je me suis relevée de sur le bureau, j'étais plus petite que lui, mais ce n'était pas dur, même pour un vieillard, que d'être plus grand que moi. « J'ai besoin de parler, vraiment, auprès de quelqu'un qui sait ce que ça fait que de ne pas être à sa place en continue, et qui n'essaiera pas de me bercer d'illusion. Mais ce que je vais dire est incroyable, et digne, même pour le monde des sorciers, d'un conte de fée. »

Il se recula d'un pas, tenant toujours Miss-Teigne contre lui. Méfiant, mais pas pour autant réfractaire.

« Je ne suis pas Sacha O'Nigay, élève de serdaigle. Je n'ai jamais été cette fille, et même si nous avons la même apparence, nous ne serons jamais semblables, et je peux le prouver. » Là, ses yeux se firent craintif, et il fronça les sourcils, certainement inquiet pour les élèves.

« Si vous n'êtes pas élève ici, qui êtes-vous ? » Je lui tendis le flacon de véritasérum, encore plein.

« Vous avez la coupable du vol de la réserve du professeur Rogue devant vous. Je prendrai cette potion, et vous allez me reposer la question, ainsi que toutes celles qui vous viendront à mon sujet, et je serais obligée de répondre. Vous connaissez le principe, n'est-ce pas ? »

Il hocha la tête, toujours méfiant mais reconnaissant parfaitement ce que je tenais en main. J'ai débouché le flacon et bu le liquide incolore. Heureusement, ça n'avait aucun goût, et vu que je venais de m'enfiler le flacon, il aurait largement le temps de savoir tout ce dont j'avais besoin de dire.

« Je suis prête. » Dis-je, alors que nous nous asseyons chacun d'un côté de la pièce.

« Votre nom, et votre date de naissance. » Il était froid, mais je le comprenais, je pouvais être un danger, surtout cette année.

« Sacha Coppelia O'Nigay, née le 16 Octobre 1995. » Sa main subit un spasme, dans la fourrure de la minette, qui nous fixait. Nous n'étions pas encore en 1995.

« D'où venez-vous ? »

« De l'isle sur la sorgue, une ville dans le sud de la France, mais je ne suis pas de ce monde, je viens d'un autre, qui lui ressemble. » Je ne pouvais pas mentir, ma voix, monotone, se laissait guider par les réponses sans que je ne puisse hésiter.

« Comment êtes-vous arrivez là ? Et si vous n'êtes pas une sorcière, qu'êtes-vous ? » Il n'aimerait pas les réponses.

« Je ne sais pas exactement, j'ai voulu sauver l'homme que j'aime d'une voiture, et une fumée noire m'a emportée, je me suis réveillée à la place de la Sacha O'Nigay de ce monde. Je suis ce qu'on appelle chez moi une héritière, c'est une personne qui possède la marque que les druides offraient aux gens qu'ils utilisaient pour combattre les romains, il y a plusieurs siècles. C'est supposé me conférer des pouvoirs particuliers, mais ces derniers sont fragiles et restreints. »

« Et quels sont vos pouvoirs ? »

« Je possède un lien empathique indéfectible avec l'homme que j'aime partout où il est, et une seconde vue médiocre. » Là encore, il était encore plus sombre, et en même temps, je voyais que son regard changeait.

« Pourquoi être venue ici, à Poudlard ? » La, c'était la question pour se rassurer, étais-je un danger pour les élèves ou les habitants du château.

« Parce que les parents de la Sacha de ce monde sont stupides, et préfèrent penser que je vais guérir et redevenir leur fille chérie, plutôt que de croire que je ne suis pas cette dernière. »

« Mais quel âge avez-vous ? »

« J'ai 23 ans. »

Nous avons passé la nuit à discuter, après avoir achevé l'interrogatoire. Je lui ai raconté un peu ma vie d'avant, et ma vie maintenant, il était plus que compatissant pour un personnage décrit aigri et haineux. En fait, c'était probablement le plus humain et le plus réfléchi de toutes les personnes que j'avais croisé depuis que j'étais arrivée dans ce monde. Au final, je pris conscience qu'être vue comme une adulte me manquait, et notre conversation, bien qu'elle passe du rire aux larmes, me fit un bien fou.

« Vous disiez toujours posséder vos anciennes cicatrices, mais que Sacha ne les avait pas, à quoi pensez-vous ? » Miss Teigne dormait de nouveau sur mes genoux, et lui, semblait bien plus vieux et sage que Dumbledore en cet instant.

« Je l'ignore… Je me dis que peut-être, ce n'est pas son corps, mais le mien, qui est ici. Ça expliquerait pourquoi la seule et unique magie dont je suis capable, c'est celle de me priver de sommeil et de rêver de n'importe quoi… »

« Ce serait logique, oui… Il faudrait pouvoir vérifier, mais sans magie… »

« Je préfère éviter oui, ou du moins, personne d'ici… »

« Pourquoi m'en avoir parlé à moi, alors… ? » C'était une vraie question, pas d'amertume, non plus, juste un pourquoi qui devait lui brûler les lèvres depuis le début.

« Parce que vous êtes seul à n'avoir jamais essayé de me changer, qui ne voit pas de façon manichéenne les gens, et dont la méfiance n'est pas aussi paranoïaque et calculée que celle des porteurs de magie. » Le regard qu'il posa alors sur moi me fit comprendre à quel point il devait se sentir seul, à réfléchir ainsi, au milieu de centaines d'opposés.

« Vous êtes bien plus étrange que votre homologue sorcière, Miss O'Nigay, mais aussi bien plus sage. C'est agréable, bien que les circonstances de votre venue, tragique… »

« Merci… » Soupirais-je. « Si encore, je savais pourquoi j'étais là, et qu'on me laissait tranquille… Mais non, il me faut des copies ratées de mes parents sur le dos, et un rôle de sorcière à tenir. » Cette fois, ce fut le concierge qui soupira, semblant peser le pour et le contre.

« Si… Si vous avez besoin de sécher certaines classes, comme la défense, ou la botanique, là où vous avez cruellement besoin de magie pour ne pas finir blessée, je vous trouverais une excuse. Des heures de colles à tenir, par exemple, ou bien, un incident quelconque. » Mon cou craqua, tandis que je vrillais la tête vers lui.

« Vraiment ? » Il hocha la tête, il n'aimait pas ça, mais semblait s'y tenir tout de même.

« Oui. Ce serait contraire au règlement, mais mettre une non magique en danger tout autant, alors, je préfère garder ma conscience claire plutôt que de suivre une règle qui ne s'applique techniquement plus à vous. »

« Merci, monsieur Rusard, vraiment, c'est admirable et je sais ce que ça signifie pour vous… merci. »

En voyant les premiers rayons du soleil traverser la fenêtre, nous nous sommes mis d'accord pour reprendre le cours de nos vies comme si rien ne s'était passé, tant que le regard des autres pesait. Mais il m'avait mise en garde. Le tournoi des trois sorciers aurait lieu, que je le veuille ou non, et être au milieu était bien plus dangereux que n'importe quoi d'autres. J'étais épuisée d'avance, bien qu'il m'assure tout son soutien. Il me rappela de profiter des heures d'études pour zoner à la bibliothèque et chercher si d'autres cas comme le mien était survenu autrefois.

Mais une fois à la table des Serdaigle, tout le bien-être que j'avais ressentie en vidant mon sac disparu. Entourée des deux salopes, j'écoutais malgré moi les horreurs qu'elles proféraient sur la pauvre Luna Lovegood. Mieux valait elle que moi, me disait une petite voix dans ma tête, et pourtant, ces discours me revenaient en boucle, et les noms changeaient…

« La plus grosse connerie de tes parents, c'est toi. »

« Vraiment, oh, c'est terrible ce qu'on t'a dit, mais dis-moi, tu as le nom de cette personne ? »

« Tu as dit à la prof de catéchisme que je t'avais dit de crever, mais elle m'a cru moi, parce que toi on ne te veut pas. »

« Un mensonge pareil, j'aurais honte à ta place, Celia n'a jamais rien dit de tel, et je la crois. Vraiment… J'ai honte, j'espère que tu te repentiras. »

« Entre ton nom et tes trucs bizarres, tu ferais mieux de te cacher, personne ne t'aime. T'es qu'une grosse conne. »

« Toi ? Tu fais quoi encore ici, t'as pas compris qu'il y avait que des gens bien là ? Va crever dans un fossé. »

« Arrêtez de vous plaindre, c'est votre copain, si vous vous disputez et que le sexe dérape un peu c'est votre problème, pas le nôtre. »

« À une soirée vous dites ? Fallait pas boire, moi je peux rien pour vous si c'est de votre faute. »

« J'avais pitié de toi, mais ensuite je me suis rendue compte que t'étais utile. Plus maintenant, alors dégage. »

« Hey, Loufoca, quand on te parle, tu réponds. » C'était de trop.

Je me suis levée sous les yeux surpris des élèves assis à ma table, et j'ai posé les miens sur les deux filles qui servaient d'amies à ma version salope. Je n'arrivais pas à savoir ce que je ressentais, un mélange de honte, de colère et de dégoût. J'avais envie qu'elles se taisent et souffrent autant que toutes leurs victimes. Ma tête s'est mise à tourner, et j'ai dû appuyer mes mains sur la table pour ne pas tomber.

« Sacha, ça va ? » Je me suis crispée à la question, et la main qui approchait de mon épaule me fit reculer.

« Oui. Bonne journée. » Et j'étais partie la seconde d'après.