NDA 01/10/2022 : Bonjour à tous et à toutes, je suis navrée pour cette très très longue attente. Je me suis perdue en cours de route. L'IRL passe avant tout, vous le savez. Mais j'ai quand même de l'avance pour l'histoire, alors, j'essaierai de retrouver une certaine régularité.

Merci à Yz3ut3 pour sa review, ça m'a vraiment fait plaisir !

Disclaimer : L'univers appartient toujours à JKR, je ne possède que Sacha, et les idées débiles qui en suivent.

Une bonne lecture à vous, si vous êtes encore là, et n'hésitez pas à donner votre avis, même si c'est pour dire que ça déplaît, toutes les critiques sont bonnes à prendre !

Chapitre 8 : Les souvenirs les plus lourds

J'ai écopé de trois heures de colles en compagnie de Rogue. Il a fini par découvrir, allez savoir comment, que j'étais responsable du vol de son véritasérum. Au début, il a voulu que je le rende, mais comme ce n'était pas possible, et que je m'étais débarrassée du flacon, j'ai fini par lui mentir, en disant que je l'avais revendu pour m'acheter un rouge à lèvre. Pour un excellent legilimens, j'ai trouvé risible qu'il soit incapable de voir que je mentais, mais franchement, c'était le cadet de mes soucis.

Dans un peu moins de deux semaines, j'aurais officieusement 24 ans, et personne ne le saura hormis le concierge. Je ne lirais pas sur mon téléphone un joli message de Meleth nin, ni mon surnom de flammèche, et je ne recevrais rien des gens que j'aime. Parce que personne de ce genre n'existe dans cette réalité. Non, je suis toute seule. Toute seule avec mes névroses, youpi. Mais pire que ça…

Aujourd'hui, j'allais devoir assister à mon premier cours de défense contre les forces du mal. Jusque-là, j'avais été à l'infirmerie pour ce dernier, ou dispensée à cause de malaise… Mais à présent, je ne pouvais plus y échapper. Rusard avait tenté de m'aider, mais le couperet était tombé. Flitwick pensait que ça devenait urgent pour rattraper mes notes, que j'y assiste, et les autres professeurs étaient d'accord. Sous-entendus, ils avaient reçu un mot de mes supers parents menteurs pour dire que le rappel des souvenirs perdus devait s'accélérer.

Le problème, c'était que je savais très bien qui était réellement Maugrey, que je n'étais pas bien du tout, et qu'on allait plus que certainement s'entretuer vu mes capacités en défense. Voire ici que je ne peux rien faire du tout et que ça va autant l'énerver que moi. Peut-être même plus.

« Sacha ? » Je sursautais sèchement à cette voix et me tournais. Pamela, si tu étais gentille tu verrais que je ne veux entendre personne. « Tu as l'air tendu… C'est ton cours de défense qui te dérange ? Je sais qu'il est un peu violent, mais on apprend bien avec le professeur Maugrey. »

« Si tant est qu'il soit possible de t'apprendre quelque chose… » Répondis-je ironiquement. Mais l'ironie n'était pas pour tout le monde, visiblement.

« C'est vrai que je m'y connais beaucoup plus que la plupart des élèves ici. » Je roulais des yeux. J'avais commencé à ressentir le froid de façon trop virulente pour continuer d'errer dans les couloirs, du coup je campais dans la salle commune, et je devais supporter les deux connasses. On m'avait cependant élue plus rapide élève à s'asseoir devant le feu. J'avais damé le pion à absolument tous les élèves, parfois même en les obligeant à se lever d'une façon ou d'une autre. Oui, j'ai viré le sac de Deauclair en jetant le mien dessus.

Mais ça, aucun sorcier ne connait. Non. Alors que n'importe quel collégien ET lycéen normal, a déjà fait un lancer de sac pour prioriser un banc dans la cour. De préférence, plus le sac était lourd, et plus il pouvait être lancé de loin. Nous étions tous au courant qu'une journée d'histoire-géo suivit des langues permettait un lancer parfait sur trois mètres. Autrement dit, quand on a un énorme grimoire pour chaque matière, à 6 matières par jour, et qu'on pratique cet art, on est vainqueur.

Pénélope n'avait aucune chance contre moi.

Si seulement ce lancer me permettait de faire fuir les nuisibles de la même manière…

« Ne t'en fais pas, on apprend bien avec lui, même si tu as du retard, et il est juste un peu bourru, mais ça ira. » Helen cette fois.

« C'est ça. » Répondis-je sans conviction.

Lorsque ce fut l'heure, je n'ai pas eu d'autre choix que de me lever en compagnie des deux taches, qui avaient passé la pause à se peindre les ongles et rire, pour quitter la salle commune. Je m'étais toujours persuadée que les énigmes posées pour rejoindre cette dernière devaient être particulièrement compliquées des fois. Mais la vérité, c'était qu'elles étaient tout simplement magique et aléatoires. Donc si on avait plus de connaissances, ou d'imagination que la statue qui les posait, on passait en force. La satisfaction de répondre avec des mots issus du seigneur des anneaux, Star Wars ou encore des répliques de films comiques était grande.

Le trajet se fit en silence pour moi, et je me posais à une table libre, mettant mon sac sur la chaise à coté, pour signifier que je voulais être seule. Le duo se plaça derrière moi, hélas. Jamais elles ne se lassent de me suivre ?

Visiblement non. L'une des deux me tapota l'épaule en guise de soutien, et ce fut comme un bain d'acide à partir de là. La bile me monta à la gorge, et j'ai mordu mon poing, fixant le bureau du faux Maugrey, qui n'y était pas encore. Cette impression de souillure chaque fois qu'on me touche est toujours aussi sympa. J'adore.

« On a une revenante, à ce qu'il parait. Miss O'nigay, vos camarades vous ont certainement parlé du sujet du jour. »

« Oui… » Je le sens mal, là.

« Vous connaissez donc les impardonnables ? »

« Oui. »

Il passa finalement près de moi, avant de laisser son œil magique dégueulasse tourner et virer, puis disparaitre de l'autre côté de son orbite. Une fois à son bureau, sur lequel il se laissa tomber comme une masse, témoignage de la difficulté à marcher avec un morceau de bois, et sorti sa baguette.

« C'est un peu comme un baptême, tous vos camarades y ont eu droit, pas d'exception. » Comment on dit, déjà ? Ah oui. Merde. L'impero traça sur moi sans que je ne puisse me jeter de ma chaise, et l'ordre fusa dans mon esprit avec autant de violence qu'une insulte gratuite. Montez sur votre table et faites des claquettes.

C'était… Surprenant. On décrivait les effets de l'imperium dans les livres, et dans l'ouvrage de JKR, un effet euphorisant, une volonté de suivre ce qui se tramait dans notre tête. Comme si nous n'étions plus là, et qu'on appréciait tout ce qu'on nous demandait de faire. Moi j'avais juste eu l'impression fugace qu'on m'insultait dans le seul endroit où j'étais censée être maitresse de tout. Et ce fut particulièrement dévastateur. J'ai senti que c'était mauvais dès la première bouffée de chaleur.

Mon corps à bouger tout seul, comme un pantin sous des fils invisibles. J'ai entendu les rires autour, comme quoi j'allais enfin ressentir ce que mes victimes ont subis par ma faute. Sauf que j'ai dû les décevoir, et je n'ai absolument pas fait ce que Maugrey voulait. Non. J'ai attrapé le vase qui servait de déco à ma portée, et j'ai rendu mon repas dedans. La grâce même, comme on dit.

« Merde, ce n'était pas prévu. Miss O'Nigay, ça va aller ? » Le professeur se pencha sur moi, prêt à me tenir l'épaule, mais je le repoussais d'un geste de la main. Un autre renvoi le fit grimacer. Plus que sa tête naturelle.

« Oui. J'ai… Quelques problèmes de magie. Depuis l'accident. » C'était la première fois de ma vie que je sortais un mensonge aussi crédible. Mais tous les élèves autour approuvèrent.

« Je n'avais jamais vu ça… Tu as entendu l'ordre ? » Son œil magique s'était fixé sur moi avec intensité, assez dégoutant d'ailleurs.

« Oui. » Il semblait extatique, c'était étrange.

« Et qu'est-ce que tu as ressenti ? Tu voulais obéir ? »

« Non. J'ai dégobillé dans le vase. Est-ce que je peux aller aux toilettes me rincer la bouche, au moins, professeur ? »

« Oui, oui, vas-y… » Il est parti vers son bureau de nouveau, et moi je me suis éclipsée de la salle en traversant l'allée d'élèves. J'ai eu le temps d'entendre quelques remarques sur mon passage.

« Elle a résisté ou c'était une mauvaise réaction ? » c'était une voix masculine.

« Je n'en sais rien, Harry… Je n'avais jamais lu quoi que ce soit du genre sur les impardonnables. »

« En tout cas, je n'ai jamais vu quelqu'un sécher autant les cours en si peu de temps, et sans être puni. »

J'ai atteint les toilettes assez rapidement, et après m'être rincé la bouche, j'ai dû me passer de l'eau sur le visage et la nuque. Comme si une grosse fièvre me prenait soudainement. Les dernières fois que j'avais subi ça, c'était lorsque Meleth nin était fiévreux des suites de sa chute, et que la douleur lui provoquait de l'hypertension.

J'ai coupé l'eau, prise d'un doute, et je me suis couverte les oreilles avec mes mains. Les yeux clos, j'ai essayé de me concentrer, mais je ne percevais que mon cœur, et la tuyauterie de l'école. Il n'y avait pas de second battement en contre-temps, pas de présence chaleureuse, ni d'impression d'être connectée. Alors pourquoi je me sentais comme s'il était mal… ? Est-ce qu'il était quand même dans ce monde, mais trop loin pour que je puisse le ressentir… ? Ou bien… Prise de vertige, j'ai dû m'asseoir par terre.

J'avais mal réagi à l'impérium, c'était évident, mais pourquoi ? Toutes les magies fonctionnaient sur moi, bon, après, j'ai eu droit essentiellement à des soins, mais là… ? Non… En fait, c'était évident. Un ordre ne pouvait pas être donné sur un esprit double. Même si Meleth nin n'est pas là, le lien, lui, l'est, bien qu'inactif. Et le faux Maugrey ne peut pas contrôler un esprit connecté à un autre, il ne peut pas toucher au lien. Mon corps n'a donc pas supporté cette tentative.

Il existe donc une autre utilité à ce pouvoir que de se torturer pour la personne qu'on aime sans pouvoir la toucher, ni la voir. Bien ma veine, tiens. J'ai dû me mouiller la tête, parce que j'avais manqué de me rendre malade, et je suis retourné en classe. Nous en sommes restés à la théorie, et le cours s'est passé aussi lentement que les autres. Mais je sentais, comme en potion, le regard du professeur sur moi. Lui aussi, il cherchait à comprendre l'anomalie que j'étais. Mais je suis désolée, personne ne peut, et c'est pareil pour moi. Je ne pige pas plus que ça ce que mon existence et ma présence ici, impliquent.

Je crois que je m'en fous, en fait.

« O'Nigay, je peux savoir ce que vous faites ? » Je sursautais, coupable, et les joues roses. Prise en faute pour avoir commencé des gribouillages sur mon parchemin de cours. Et puis je me suis rappelée que même si j'étais élève à Poudlard, les cours ne me serviraient jamais, j'étais déjà adulte, et je ne comptais pas faire carrière comme auror, ni professeur de défense, ni quoi que ce soit ici. Alors j'ai relevé la tête, pas vraiment fière, mais lasse.

« Je dessine un chat. »

« Et peut-on savoir ce qui vous le permet ? Vous vous croyez au-dessus de vos camarades ? » Il s'énervait, et son œil magique s'agitait.

« Le fait que je n'ai rien à faire ici. »

« Et pourquoi donc ? Votre réponse vous vaudra certainement quelques heures de colles avec le concierge ou Hagrid en forêt, alors réfléchissez bien. » Cette fois-ci, j'ai relevé la tête vers lui et croisé son regard. Il me tendait une perche, très bien. J'ai sorti ma baguette de son étui et je l'ai pointé sur lui avec conviction, reproduisant chaque geste que ma super mémoire doublée m'avait appris.

« Stupéfix. Bombarda. Immobilus. Reducto. »

Tout, absolument tout avait été parfait, ma gestuelle, ma prononciation, l'orientation de la baguette et ce n'était pas que des sorts inoffensifs. Et à la tête de Maugrey, et des élèves que j'avais visé avec mes sorts, le résultat de ces derniers n'était pas celui auquel ils s'attendaient. Rien, pas même une étincelle, n'avait animé le bout de bois au cœur magique que je tenais en main. Comme si la baguette était tenue par une statue, ou un moldu, pur et simple.

« Voilà, c'est clair maintenant ? Pas de magie, rien. Je ne suis là que parce qu'on m'y oblige, pour retrouver une mémoire qui n'existe plus. Que je dessine ou pas, qu'est-ce que ça change ? Votre cours ne me servira littéralement jamais. » Mon timbre de voix tremblait un peu, je ne savais pas si c'était parce que je me sentais mal à l'aise d'être le centre d'attention, ou parce que j'avais provoqué ce fait toute seule. « Du coup, je peux continuer ? Les heures de colles seront plus sympas que de me rappeler un truc que je ne peux pas pratiquer. »

Le silence me répondit, et faux Maugrey chercha visiblement quelque chose à dire. Même pour un mangemort sous couverture, la perte de la magie semble être un tabou.

« Je sais ce que vous pensez tous, la mémoire va revenir, et je redeviendrais la pourrie que vous avez croisé, ou subi. Mais non. Pas de mémoire, et plus de magie. Donc au final, vous gagnez au change, pas vrai ? » J'ai ramassé mes affaires dans le silence pesant que j'avais moi-même créé, avant de partir. « Désolée pour l'ambiance. » Dis-je sur le pas de la porte.

oOoOoOo

Les jours suivant furent lourds.

Les deux taches me suivaient à la trace, persuadées que j'allais faire une bêtise, comme me jeter de la tour d'astronomie, ou me tailler les veines dans la salle de bain. Les professeurs parlaient entre eux de mon comportement, essayant de me relever, parfois à coup de menaces, parfois en me soutenant des inepties. J'avais été prise d'un fou rire après avoir démarré la couture dans la salle sur demande. La petite Nora avait tenu à rester à mes côtés, au cas où j'ai besoin d'aide, et cette dernière s'était inquiétée de mon comportement. Je décompressais juste, loin des abrutis, qu'ils soient adultes ou adolescents.

Devant une elfe, je n'avais pas honte de mes véritables talents. J'avais coupé le tissu après l'avoir plus ou moins démarqué à l'arrache avec un bâton de fusain. Puis j'avais commencé à accrocher deux pans sur le mannequin à coup d'aiguilles. Le tout en chantant Art of the dress. L'elfe s'était plus ou moins détendue, et m'avait regardé faire, presque admirative. C'était agréable, et en même temps risible. Elle n'était ainsi que parce qu'elle voyait un sorcier s'occuper des mêmes tâches qu'elle, et sans magie.

Hélas, dès que je sortais, je devais faire face à la population agaçante de Poudlard. Là, l'exemple tout bête, c'était que je devais me taper Granger, Weasley et Goldstein pour un devoir commun en sortilège. Tout sur le sortilège d'attraction. Merveilleux. Nous étions donc dans la grande salle pour l'heure d'étude, tous les quatre, dans une ambiance tellement sympathique qu'un enterrement serait plus festif.

« O'Nigay, tu pourrais nous aider au lieu de regarder la porte. » Mon camarade de maison me fit tourner la tête vers lui avec cette remarque.

« Pourquoi tu parles de vous aider ? Granger fait tout, et vous parlez de… » Je clignais des yeux, surprise. J'avais encore enregistré naturellement ce qu'il se passait autour de moi. Le bras de sa sœur, comme je le disais à la fac. « D'équipe de Quidditch et autres conneries. » Je me suis grattée la joue. « Je ne suis pas plus utile que vous, mais moi j'ai la gentillesse d'être silencieuse pour la laisser travailler. » Cette dernière étouffa un rire, avant de me regarder, soudain mal à l'aise.

« C'est… C'est presque vrai, en fait. Merci de le souligner. » Je lui offris un sourire plus que bref.

« Je t'en prie. »

« On fait support, nous. » Riposta le rouquin. Je secouais la tête.

« C'est ça. Et moi je suis vierge. » C'était sorti tout seul, comme si je me trouvais au milieu de mes camarades de fac, ou de gens de mon âge. La brunette avait piqué un fard, et Anthony blêmit.

« T'es né en septembre, et alors ? » Ronald, visiblement, n'avait pas saisi l'allusion, trop immature. Soudain, ce fut comme si je me rappelais que ça ne servait à rien. J'étais plus vieille, plus mature, plus… Trop différente, au final.

« Je vais faire comme si je n'avais pas remarqué à quel point tu étais stupide, et vous laisser… Travailler. Bonne journée. » J'ai quitté le banc, et je me suis sauvée avant qu'ils ne puissent essayer de me rattraper.

J'avais mal partout en arrivant dans la salle sur demande, et je me suis posée sur un bureau. Allongée sur le dos, les jambes repliées sur mon ventre. Heureusement qu'il n'y avait personne vu la magnifique jupe que j'étais forcée de porter. J'ai inspiré longuement, avant de repenser à quelques chansons qui me venaient en tête. Entre comédies musicales, disneys, mangas, dramas chinois, j'avais l'embarras du choix. J'optais pour marmelade no sora, de Kanon Wakeshima, et quittais mon bureau, pour me mettre à bouger un peu dans la pièce.

Le meilleur endroit pour chiner des affaires sympas. Entre du matériel de couture, des bijoux particuliers, des vêtements étranges aussi. J'ai vu des outils de jardinages, des livres, des appareils photos magiques aussi. Tout et n'importe quoi. Le seul truc qui ne m'attirait pas du tout, c'était le diadème de Serdaigle que je voyais sur son socle. Il brillait, essayant probablement de se montrer, mais que ce soit l'horcruxe ou l'artefact en lui-même, ce truc était pour moi un répulsif.

J'aimais tout ce qui touchait aux arts, et les bijoux, les parures, l'art d'être et paraitre, comme on dit, avait un sens. Ce truc était aux antipodes de ce que j'aimais. C'était tellement grossier. Un aigle qui s'envole avec un énorme saphir au milieu. Le coté Reich me venait à l'esprit, en plus du « trop. » Je préférais mille fois les parures nuptiales du phénix et de la grue qu'on trouvait en chine.

J'ai toujours rêvé d'en porter une… Pourtant je n'aime vraiment pas le rouge, d'habitude, mais là… ça me donnerait envie de prêter serment devant le ciel et la terre. Enfin, ce n'est pas possible de toutes façons. Continuant à fouiller pour trouver de quoi m'occuper, je me suis simplement laissée aller. Des morceaux de chez moi, des choses dont je ne connaissais pas très bien les paroles, mais dont l'air m'était tellement familier, que ça me rassurait. Sauf que l'amusement ne pouvait pas durer.

J'ai beau passer tout mon temps libre à coudre, à essayer de m'amuser, à me rappeler qui je suis… Il vient toujours un moment où je dois retourner dans la peau de Sacha O'Nigay, retourner en cours, et écouter les professeurs. Heureusement, Rusard m'offrait quelques heures de son temps la nuit, et j'avais le droit de discuter comme une adulte, de choses et d'autres. C'était le seul à vraiment être humain avec moi.

Il me racontait que Miss-Teigne ne lui appartenait pas, à l'origine. Et je me suis rendue compte que l'auteur de ce bouquin était une pauvre cloche. Argus était bel et bien un cracmol, mais il n'avait pas pour autant vécu seul toute sa vie. Il avait rencontré une jeune sorcière lorsqu'il travaillait pour Barjows et Beurks. Elle s'était perdue dans l'allée, à la recherche d'ingrédients de potions rares, elle n'était pas très douée, mais elle voulait impressionner ses parents. Il l'avait aidé, puis raccompagné. Ils s'étaient revus de nombreuses fois, puis ils étaient tombés amoureux.

Les parents de Rosemary n'étaient pas pour leur union, du tout, mais elle avait décidé qu'elle s'en fichait, et Argus, bien qu'un peu austère sur les bords, était l'homme de sa vie. Ils s'étaient mariés, mais la guerre avait changé bien des choses. Il avait perdu son emploi, ils s'étaient retrouvés à la rue, forcé de demander l'asile chez la belle famille, qui avait accepté à contre cœur. Puis, leur union avait été bénie d'une grossesse, qui n'avait pas enchanté la famille de Rose du tout. Serait-ce un sorcier ou un cracmol ? Ils s'étaient tous posé la question.

Cependant, après avoir accouché d'un petit garçon, son épouse était tombée malade. La dragoncelle, ainsi, elle n'avait plus le droit d'approcher le nouveau-né. Et Argus s'occupait de l'enfant comme il le pouvait, recevant les nombreuses remarques de la famille. Espérant toutefois remonter un peu le moral de son épouse, il lui avait offert un chaton, possédant à la fois sa douceur et sa sévérité. Rose l'avait baptisée Miss-Teigne, parce qu'elle gardait des allures précieuses, tout en grognant sur tous ceux qu'elle n'appréciait pas. Une petite teigne.

Et puis, le drame était survenu malgré lui. Argus avait tenu Rosemary contre lui tandis qu'elle rendait son dernier soupir, on l'avait accusé d'apporter la poisse sur eux, puis chassé sous prétexte qu'il ne pourrait jamais s'occuper correctement de son fils. Il s'était retrouvé à la rue, sans emploi ni argent, et il avait erré pendant deux ans, jusqu'à croiser le chemin d'Albus Dumbledore. Ce dernier avait vu sa détresse, et lui avait offert un poste en tant que concierge, assurant que le départ d'Appolon Piccot n'avait rien à voir avec sa venue.

Alors, il avait pris place à Poudlard, en 1963. Il avait parlé de son fils, Harold, mais personne n'avait jamais essayé de l'aider pour récupérer sa garde, et il ne parvenait plus à contacter la famille de Rosemary. Ces derniers ayant décidés de renier son existence, et de faire passer l'enfant pour le fils d'un sorcier inconnu.

Il m'avait confié avoir gardé espoir de le croiser un jour à Poudlard… Mais aucun petit Harold n'avait été vu dans l'école. Il s'était dit que peut-être, ils avaient changé son nom, peut-être, qu'il le reconnaitrait parmi tous les enfants passant leur scolarité ici. Mais pas de trace non plus. Et peu à peu, il était devenu aigri, et en colère. Parce que jamais il n'avait pu réaliser le souhait de sa défunte épouse, ni élever leur fils dans les règles. Et ici, tous ces enfants se fichaient éperdument des enseignements de leurs parents, ils se mettaient parfois en danger, et en danger leurs camarades.

Et lui, n'était que concierge. Il ne pouvait que distribuer les retenues, et rien d'autres. À force, il s'était forgé une réputation horrible, menaçant les élèves avec les mêmes propos que ceux de son ancienne belle famille. Et à l'arrivée des maraudeurs, il avait décidé de la conserver afin de calmer les terreurs de Poudlard.

Résultat, il comprenait aussi la détresse de mes faux parents, ainsi que leur acharnement pour me faire recouvrir la mémoire. Mais mon point de vu primait, j'étais adulte et je n'étais pas leur fille, selon lui, je devrais couper les ponts dès ma majorité sorcière, avant de ne pas les blesser plus. J'étais parfaitement d'accord, même si j'aurais aimé pouvoir avancer cette date.

oOoOoOo

La journée était presque terminée.

Le 15 Octobre. Un jour que je craignais depuis des années. C'était toujours avec ce jour-là, que je savais si mon anniversaire serait moisi. Mais chaque jour l'était depuis mon arrivée dans ce monde, alors je ne pouvais même plus appréhender convenablement. Je n'avais pas envie d'être à demain, j'aurais voulu dormir jusqu'au vendredi, pour ne pas assister à cet anniversaire maudit.

Je quittais la serre numéro 3, accompagnée de mes deux chiens de garde, prêtes à tout pour me faire manger, boire, rire… Elles me suivaient à la trace, cherchaient toujours à me contenter. En soi, c'était de bonnes amies, pour la Sacha d'origine. Mais je n'étais pas cette personne, et leur volonté de me faire plaisir à coup de maquillage et insultes sur les autres me rendait encore plus malade.

« Sacha, on va poser nos affaires et prendre un goûter aux cuisines, ça te va ? » M'annonça Pamela en se rapprochant.

« Allez-y sans moi. » Répondis-je. Elle s'arrêta.

« Pourquoi tu es aussi mal, je ne te reconnais plus du tout. On dirait que tu as perdu toute joie de vivre… Ta mémoire va revenir et ta magie aussi, faut arrêter d'être aussi lugubre ! »

« Oui. Regarde, on est là pour toi, on ne te laissera pas tomber ! » Reprit Helen.

« Eh bien, je ne suis pas lugubre, je suis juste moi, et je ne veux pas de votre aide, merci bien. » Je les ais bousculé, et je suis partie au plus vite.

Je n'avais pas faim, je n'avais pas envie de les écouter parler encore et encore, et je me fichais pas mal des livres de cours. Je voulais juste faire une pause. Une pause loin de tout et de tous. J'ai gravi les marches tellement vite entre chaque palier que j'ai dû m'éclater les genoux entre deux, vu le nombre de clacs que j'avais entendu.

J'aurais pu me caler dans la salle commune, mais je n'avais pas envie d'être entourée du tout. Je voulais qu'on me laisse crever en paix. Alors, au moment de répondre à l'énigme, je me suis rendu compte que j'allais devoir me dépêcher, car j'entendais la voix de crécelle d'Helen.

« Je suis capable de réduire l'influence de la lune sur les lycanthropes, que suis-je ? » Me demanda la statue. J'ai immédiatement pensé au stage d'Oz dans Buffy, qui s'était rendu chez les moines tibétains pour réduire son petit problème de fourrure et le contrôler.

« Le temple taoïste de Kunlun, pour les lycanthropes en perdition. » La statue du sphynx sembla écarquiller ses yeux de glaise, et le pan derrière lui s'ouvrit.

Je n'étais pas sûre qu'il sache de quoi je parlais, ni même si ça existait bel et bien ici, mais je m'en fichais. Je voulais juste qu'on me laisse en paix. Priant pour que le passage se referme derrière moi afin que les autres doivent attendre, je me dépêchais de rejoindre mon dortoir. Un lancer de sac plus tard, je récupérais mon pyjama et traçais vers la salle de bain. Je crevais d'envie d'une douche brûlante.

Ce serait encore mieux si toutes les horreurs de la journée disparaissaient dans le syphon en même temps que la saleté. Mais ce n'était pas possible. Alors je me suis contentée de me laver, sans même me sécher les cheveux à la sortie. Le pyjama de Sacha, anciennement ensemble mauve de soie, était noir depuis que j'avais demandé aux elfes de la maison de teindre tout ce qui me semblait hideux, restait la seule tenue à peu près confortable que je pouvais porter depuis mon arrivée ici.

Je me suis couchée, tirant les rideaux pour bien faire comprendre que je ne voulais pas être dérangée. Une fois sous la couette, roulée en boule, j'essayais de faire le vide, d'oublier ma journée, mes pensées lourdes, et tentais de me focaliser sur mes souvenirs heureux. On aurait pu croire que je voulais apprendre à lancer un patronus, mais non. Je souhaitais juste me perdre dans quelques douceurs, loin de ce monde de merde. Et de tous les cons qui y vivaient.

Je voulais oublier Chourave, avec ses « mon petit » chaque fois qu'elle me parlait, comme pour signifier qu'elle me donnait un peu d'affection. Oublier McGonagall et ses regards circonspects chaque fois que je laissais tomber ses cours dès qu'on arrivait à la pratique. Oublier Maugrey qui me fixait comme une bête de foire. Oublier Rogue et ses claquements de langues chaque fois que je faisais quelque chose de convenable sans suivre ses ordres. Flitwick et sa voix fluette pleine d'espoir à mon sujet alors qu'il était évident que je n'en avais rien à faire. Et tous les élèves qui se trouvaient à Poudlard.

Je voulais oublier, et ne me rappeler que des battements de cœur qui me manquaient terriblement. Relire ses messages, nos échanges, nos partages, cette sensation d'être entière lorsqu'il me parlait… Meleth nin… Il me manque tellement… Bien plus que tout ce qui constituait ma vie. Un bout de cœur arraché par son absence. Les larmes se sont mises à couler.

J'ignore combien de temps je suis restée ainsi. Je ne sais pas non plus si je me suis endormie, ou si j'étais juste somnolente et perdue dans mes pensées. Toujours est-il qu'il était tout juste minuit lorsque mon corps m'a rappelé de m'étirer et de changer de position. Me plaçant sur le côté, je glissais ma main sous mon oreiller, je voulais seulement être un peu mieux installée. Sauter le repas n'était pas grave, mais j'avais pleuré un moment, et j'étais fatiguée.

Mes doigts se heurtèrent à quelque chose.

Surprise, je me redressais, il faisait sombre, mais j'avais toujours eu quelques facilités dans le noir. Je ne voyais pas les couleurs, ni convenablement les objets, mais c'était comme si je pouvais capter leur présence. J'ai attrapé ce qui avait été placé sous ma taie sans savoir de quand ça datait, et le parcouru du bout des doigts. Ça ressemblait à un petit écrin de velours. Il y avait une encoche, et je sentais la fente de chaque côté de cette dernière. Alors j'ai ouvert l'écrin. Je ne voyais toujours pas ce que c'était, mais je l'ai touché.

Et ce fut comme si le poids du monde se retirait de mes épaules soudainement. Nous étions le 16 depuis quelques minutes, tout au plus, et je trouvais un présent sous mon oreiller. Plus encore, je reconnaissais le présent. C'était une bague. Une alliance en argent, surmontée d'une belle pierre de lune à reflet bleu. Je ne la voyais pas, mais je l'avais porté assez longtemps dans mon monde pour savoir que c'était elle. C'était un présent de Poupette à l'origine, ça aussi, mais ce dernier était différent des autres. Ce n'était pas un achat étrange, comme elle en faisait beaucoup pour moi. C'était un héritage de sa propre grand-mère.

Une alliance familiale. Elle me l'avait offerte chez moi, disant que j'étais certainement la seule à pouvoir la porter. C'était la première chose qui m'avait faite me sentir étrangement différente des autres. C'était aussi la première chose que Meleth nin avait vu de moi, et il m'avait renommée, fut un temps, perle de lune, à cause de cette bague. Il l'aimait énormément, bien que j'ignore pourquoi. Ce n'était pas une coïncidence, ce ne pouvait l'être. Personne ne savait que j'étais née le 16 Octobre, hormis Rusard, et il n'était certainement pas capable de faire ce genre de choses. Non. Il n'y avait qu'une seule personne pour me faire un coup pareil. Et je savais ce que ça voulait dire.

Meleth nin était venu ici.