NDA du 11/11/22 : Bonsoir, pardonnez toujours les retards, encore que, pour une fois, je n'ai pas trop fait traîner. J'espère que cette fiction vous plaît toujours, moi je l'écris assez rapidement, donc c'est tant mieux.
Pour rappel, Harry Potter appartient à JKR, je ne touche rien avec mon histoire, mais je considère que Sacha est mienne.
Une bonne lecture à vous, et n'hésitez pas à écrire un commentaire à la fin – ça fait mendiant, oui mais chut – ça fait toujours plaisir !
Chapitre 9 : La cour des grands
Je n'ai aucune preuve de ce que j'avance, et ça me rend dingue.
L'alliance a rejoint ma main gauche comme autrefois, et je la chéris bien plus que toutes mes possessions d'ici. Mais quelque chose me dérange, parce que j'ignore comment elle est apparue sous mon oreiller pendant que je dormais dessus. Personne n'a vu qui que ce soit monter au dortoir, et aucun homme n'aurait pu.
Argus m'avait vu débarqué dans notre salle comme une dératée, et semblait un peu perdu. Comme s'il n'était pas certain que cela puisse être une bonne chose, que Meleth soit là. Mais de mon côté, c'était l'exact opposé. Il n'y avait rien de plus beau en ce monde que cette alliance. Et tout ce que je voulais à présent, c'était retrouver celui qui me l'avait envoyée. Je voulais le voir enfin, et pas juste ces quelques secondes où notre vie s'est jouée.
Le fait est que je suis carrément sur les nerfs depuis cette découverte. Cela ne fait qu'une semaine, mais je le sens moi-même. Je suis fébrile, excitée, et pourtant, j'ai envie de pleurer pour tout et n'importe quoi. A fleur de peau. J'ai aussi de plus en plus de mal à me retenir de parler. En fait, c'est comme si porter cette alliance m'avait rappelé qui j'étais au fond de moi, écrasant les derniers petits morceaux de logique qui me disaient de rester sage pour qu'on me laisse tranquille.
Je m'en rends compte, parce que là, je n'ai qu'une envie, c'est faire taire les deux connasses qui servaient d'amie à l'autre Sacha, et pas de manière pacifique. Elles ont apparemment fait une incroyable blague à Luna, et la pauvre est donc en train de subir sans se plaindre, leurs ricanements. Il est encore un peu tôt pour le repas, mais l'adolescente fini par quitter la salle commune sous les rires, l'air triste.
« Quelle imbécile, elle va chercher dans toute l'école pour rien. » Pamela disait ça entre deux fous rires, tandis qu'Helen hochait vivement la tête.
« Pieds nus en plus, c'est génial. L'idée était parfaite ! » Je tiquais, avant de comprendre en voyant ce que la brune sortait de son sac. Une paire de chaussures.
Elles avaient envoyé une adolescente pieds nus chercher ses chaussures en plein mois d'Octobre dans un château qui n'avait absolument aucune isolation. Je me suis rappelée de mon sac de sport volé dans les vestiaires, juste après ma douche, et ma panique, en serviette, alors que je voulais cacher mon corps de la vue de tous et toutes. La prof de sport était intervenue pour m'engueuler, parce que j'avais laissé trainer mes affaires. La bile me monta dans la gorge. Je deviens une des leurs en laissant faire.
J'ai peur des représailles, je n'ai pas de magie… Mais moi je suis une adulte. Je ne suis pas une adolescente ayant perdue sa mère, seule et mal dans sa peau. Oui, je suis torturée, mais je sais déjà qui je suis et ce que je suis capable de faire. Les nausées stagnent sur place, et moi j'ai le cœur gelé. Meleth, tu m'aurais défendu, je le sais. Tu aurais démoli ceux et celles qui me causent du tort. Et moi, je suis passive depuis des jours…
« Sacha, tout va bien ? » Je ne réponds pas, et balance mon sac par-dessus mon épaule en me dirigeant vers la sortie. « Sacha attend, on vient ! »
Je me retourne sèchement, la pointant du doigt.
« Non. Je ne veux personne, sinon je porte plainte pour harcèlement et non-respect de ma vie privée. Clair ? » Les deux clignèrent des yeux, stupéfaites.
« Tu… Tu es sérieuse ? »
« Parfaitement. Salut. »
J'ai entendu derrière moi les remarques inquiètes, et le début d'un changement. Elles me trouvent trop hautaine, et ne reconnaissent plus leur amie. Haha… C'est la meilleure en fait. J'ai quitté la salle commune d'un pas vif. Je n'étais pas à la recherche de Luna, ça ne servirait à rien, je ne pouvais pas lui rendre ses chaussures de toutes façons, mais d'un farceur.
Deux, à vrai dire.
Les coupables doivent payer. Et à défaut de pouvoir les humilier moi, autant payer quelqu'un de doué pour le faire. Dans les livres, il est dit qu'ils bossent souvent du côté des cuisines, aux cachots, mais aussi dans les toilettes de Mimi, vu qu'elle fait fuir les plus curieux. Bordel, il ne fait pas chaud en plus. Il y a un horrible courant d'air qui traverse tout le couloir. Je n'ose même pas imaginer la pauvre fille, pieds nus… Elle va chopper une pneumonie.
J'allais et venais entre les différents couloirs et escaliers. Mais une fois devant les toilettes hantées, personne. J'ai donc rebroussé chemin, pour descendre encore. Plus je me rapprochais du hall, et plus il faisait froid, c'était horrible. Ma robe de sorcière n'était clairement pas suffisante, j'aurais dû mettre un pull. Je descendis les escaliers principaux, ignorant les quelques étudiants qui passaient par là, et j'ai pris la porte qui menait aux cachots, juste sur ma droite.
Un nouveau frisson parcouru mon échine, mais je descendais les nombreux escaliers humides et sombres. Il y avait parfois des bruits bizarres, que j'identifiais comme les paroles d'autres élèves, dans les couloirs d'avant ou d'après. Ça produisait un écho lugubre. Mais une fois devant le tableau de nature morte, j'hésitais. S'ils n'étaient pas là, alors, qu'allais-je faire ? Improviser, comme toujours. Même si j'ai horreur de ça. J'ai chatouillé la poire, et dans un grand éclat de rire, le tableau se décala, me permettant de passer.
Oh merde.
C'est vrai que cette salle est vraiment immense. En fait, il y a cinq tables, comme dans la grande salle, mais les murs sont couverts de plans de travail, et derrière la table qui corresponds à celle des professeurs, il y a une grosse porte, que j'identifiais comme la chambre froide. Les elfes de Poudlard s'activaient tous avec acharnement, et l'un d'eux semblait repousser deux humains, à l'autre bout, coté table de serpentard. Je n'entendais pas grand-chose de là où j'étais, mais je jurais que ça avait un lien avec la fiole qu'ils avaient en main.
« Si miss a faim, Miss devrait monter dans la grande salle, le diner sera bientôt prêt… » Je clignais des yeux, surprise, avant de regarder sur ma droite, contrainte de baisser la tête. Il y avait un petit elfe aux yeux verts qui tenait une marmite de sauce.
« Rassure-toi, je ne suis pas là pour manger, mais pour les deux élèves, qui sont là-bas. » L'elfe hocha vivement la tête et s'éloigna, se rapprochant d'un autre qui semblait être le commit. Je m'élançais donc, esquivant les elfes qui faisaient des allers retours entre les tables, pour rejoindre les deux troubles fêtes.
« Oh aller, laissez-nous ajouter un peu de colorant au pudding, ce n'est rien… »
« Non, c'est non, gardez vos potions dans vos sacs ! » L'elfe qui les sermonnait avait bien plus d'allure que les autres, peut-être était-il plus vieux ? Ou plus compétent… J'arrivais sur ces entrefaites, voyant que l'elfe comptait claquer des doigts, et je me plaçais entre lui et les jumeaux Weasley.
« Je suis vraiment désolée qu'ils vous importunent encore, je vais vous libérer, promis. » L'elfe fut autant surpris que les rouquins, que j'attrapais par le bras chacun et tirais vers la sortie.
« On peut savoir ce que tu fais, O'Nigay ? »
« Je n'avais pas souvenir que… » Commença l'un.
« Tu étais notre amie. » Acheva l'autre. Mais comme je les tirais toujours, ils se laissèrent faire, peut-être soucieux de se battre avec une fille.
« Nous ne sommes pas amis, en effet. » Commençais-je une fois que nous fumes dehors. « Et je ne suis pas là pour ça, mais j'ai besoin que vous vengiez quelqu'un pour moi. » Stupéfaction, ricanement et hochement de têtes se succédèrent.
« Tes copines et toi n'avaient clairement pas besoin d'être vengée, vous êtes douées pour humilier tous ceux qui n'ont rien demandés. » Je haussais un sourcil.
« Parce que vous faites quoi, vous ? » Le silence me répondit. « Et non, je ne suis pas là pour venger mes copines. Enfin. Elles sont toutes deux impliquées quand même. »
« On l'aurait parié. Quel mec vous a dit non ? » Je croisais les bras, avant de poser la bombe.
« Contre deux galions chacun, je veux une humiliation publique et lourde pour Pamela et Helen. »
« Wow, j'ai raté un truc ou tu… »
« Nous demande de pourrir tes copines… ? »
« Arrêtez de poser des questions. Vous voulez 4 galions oui ou non ? » Les jumeaux se regardèrent, puis me fixèrent ensuite.
« Ok, marché conclu, mais on veut un acompte et… »
« Non, je vous paie maintenant. Et pas un mot sur ce qu'il s'est passé, vous en prenez l'entière responsabilité si on vous choppe, c'est clair ? » Je vis deux mains se tendre, et je les serrais ensemble.
« Marché conclu. » Une fois le pacte scellé, je sorti ma bourse de mon sac, et fouillais pour y piocher quelques pièces. J'en sortis 5, au lieu des quatre promise.
« La dernière, c'est pour apprendre à votre frère que les enfants ne naissent pas dans les choux. »
« Ron ? » Un début de sourire se forma sur mon visage, ils savaient directement de qui je parlais.
« Il a fait quoi, encore ? » Deuxième bombe.
« Il a demandé pourquoi je parlais de mon signe astrologique lorsque j'ai sous-entendu ne plus être vierge. » Les deux garçons se regardèrent, un peu rose sur les bords.
« Ah… »
« On s'en charge. » Me dit celui de droite, que j'identifiais comme étant Fred.
« Merci. »
Visiblement, l'autre tenta de me demander si ce que je sous-entendais était vrai, mais il se fit taire, et les deux disparurent à l'autre bout d'un couloir. Je poussais un soupir de soulagement, malgré moi. Trop de tension, trop de faux semblants. J'ai perdu cette habitude de me cacher sous un masque depuis un moment maintenant. J'ai l'impression de ne pas savoir comment faire. J'ai l'impression que retenir mes mots, ma rage, est plus dur qu'autrefois, et pourtant ce n'est plus moi la cible de toutes ces horreurs.
Un nouveau soupir, alors que je lorgnais le couloir à emprunter pour retourner dans le hall. J'étais soudainement très fatiguée, je n'avais pas vraiment faim non plus, mais si je sautais un repas, j'allais avoir droit à un cirque. Autant y aller directement. Mais au moment de passer le palier, un bras se planta devant mes yeux, et stoppa ma route.
« Qu'est-ce que… ? » Mes yeux remontèrent jusqu'au porteur du bras, le visage droit, des pommettes hautes, des yeux en amendes et une peau aussi noire que le chocolat. Blaise Zabini. « Laisse-moi passer, Zabini. »
« Non je ne crois pas. » Je fronçais les sourcils, et essayais de dégager le bras qui bloquait le passage, en vain. « Laisse tomber ton cirque, tu ne fais pas le poids. » Je frissonnais à cette voix pourtant basse, presque douce.
« Qu'est-ce que tu me veux ? » Je n'étais pas du tout à l'aise. Il me sourit, mais le regard qu'il posa sur moi n'avait rien de doux.
« Savoir qui tu es. » Le frisson devint tremblement léger, alors que je tentais de me reculer, mais son second bras me coinça de l'autre côté. Merde, il est censé avoir mon âge, mais il est beaucoup plus grand et massif… Ce n'est pas dit dans les livres, ça.
« Ne dis pas de connerie, je suis Sacha O'Nigay… » Il me colle contre le mur d'un coup d'épaule, et je crois que je préfère infiniment l'humidité des cachots à sa proximité. Je ne me sens pas bien.
« Non. Vois-tu, je connais Sacha… Même… Plus qu'intimement… » Putain. Le bras de gauche vient tenir mon épaule et remonte sur ma nuque. « Et ici… » Il remonte sa main le long de mon oreille… J'ai le cœur à cent à l'heure, je crois que je vais vomir. « Elle possède une tache de naissance, qu'elle cache… Mais toi… Tu exhibes ta nuque sans crainte… » Je déglutis, j'ai très, très chaud, maintenant, si je m'évanouis, il va me tuer ? « Alors dis-moi, qui tu es ? » Je tremble toute entière, et de ma bouche s'échappe une volute de vapeur, comme si l'air autour de nous était bien plus froid qu'auparavant.
« Je suis… Sacha… O'ni… » Sa main vient saisir mon cou et serre, me soulevant de quelques centimètres du sol. Je suis sur la pointe des pieds, et je tremble de tout mon long.
« Tu mens ! » Sa main libre se leva, prête à me frapper, mais un éclair de lumière rouge fila, et percuta mon agresseur, le propulsant contre le mur d'en face.
« Bordel, Zabini, t'as que ça à foutre ? »
« Malfoy… Ne te mêle pas de ça… » Je me suis plaquée contre le mur toute seule, mes yeux alternants entre les deux serpentards.
« Oh si, je m'en mêle, t'as déjà fait perdre 50 points à notre maison pour insolence, tu veux y rajouter un viol et une expulsion ? Casse-toi. Vite. » Zabini se redressa, prêt à sortir sa baguette à son tour, mais le blond se rapprocha, et sa baguette en bois de rose menaça d'envoyer un nouveau sort. Le noir cracha au sol une floppée de sang, comme s'il s'était mordu la langue à l'impact, me lança un regard terrifiant, et quitta le couloir pour rejoindre le hall.
« …Merci… » articulais-je. Mais les yeux céruléens qui se posèrent sur moi me firent penser que c'était trop tôt pour dire ça.
« D'abord, qu'on soit clair, je ne l'ai fait que pour Rivers. » La voix trainante m'énerve, et pourtant, l'entendre est un soulagement. Trop bizarre.
« Rivers… ? » Je demandais, massant mon cou malgré mes tremblements intempestifs.
« La première année de ma maison. Celle pour qui tu es venue me chercher. » Je compris alors.
« Oh. Je ne savais pas qui c'était. » Un grognement me répondit.
« Est-ce que je veux savoir pourquoi Zabini s'en prenait à toi ? Histoire que je sache quoi faire s'il essaie encore de nous faire passer pour des malades. » J'étouffais un rire. Au moins, nous avons ça en commun, l'autre Sacha et moi. On ne tombe que sur des tarés possessifs.
« Ex copain, apparemment… Je l'ai oublié. » Je me redressais tant bien que mal, tremblante et en sueur de ce qu'il venait de se passer. « Malfoy… ? »
« Quoi ? » Presque un aboiement. Pourtant, il me fait bien moins peur, désormais.
« Merci… à Rivers. » Son regard s'éclaira, et il prit la même direction que Zabini sans dire un mot de plus.
Moi ? Je suis repartie un peu après, une fois que mes jambes se sont arrêtées de trembler. Mais je ne suis pas allée manger. Impossible. Je suis allée trouver Rusard, qui en me voyant, m'a prise à part et confiée à Miss Teigne. Il n'a pas demandé ce qu'il m'était arrivée, il m'a juste emmenée dans notre salle et m'a dit de rester là tant que ça n'irait pas. Qu'il veillerait à l'extérieur en passant le balai. C'était gentil de sa part, et pourtant, même une fois roulée en boule dans un fauteuil, avec le chat dans les bras, je savais.
Que ça n'irait pas mieux.
oOoOoOo
Les élèves des autres écoles arrivent aujourd'hui.
J'avais commencé à prendre cette sale habitude de faire tourner mon alliance dès que j'étais entourée. Je me focalisais sur elle, et sur les reflets de la pierre lorsque je la faisais tournoyer. C'était comme si, alors, je relisais les mots de Meleth Nin à son sujet… Perle de lune. C'était une façon de rester calme, malgré mon cœur brisé et mon corps fragilisé.
Tandis que tout le monde mangeait avec appétit, je fixais l'alliance, puis je me massais les tempes, je n'étais pas à l'aise ici. Et je savais que je le serais encore moins. Mais j'avais un plan. Rusard m'avait parlé de ce qui allait se passer dans les jours à venir. Beaucoup de circulation de jour comme de nuit, parce que la coupe allait devoir recevoir les noms de tous les participants possibles, avant de dévoiler les élus. Et cela m'avait rappelé un détail des livres, qui je pense, serait identique à ici. La limite d'âge de Dumbledore. Si je traversais cette limite sans être expulsée, alors, ce serait mon corps, et non celui de la Sacha de ce monde.
Si en revanche, je me faisais éjecter, j'étais condamnée. Je préférais ne pas penser à ça, parce qu'avant même d'en être convaincue, il fallait encore qu'elle soit posée, et que je parvienne à m'en approcher sans être vue. Ce serait louche de juste vouloir passer la limite sans mettre son nom dans la coupe de feu. Et j'éveillais bien assez les soupçons comme ça. Je devais donc agir cette nuit. Attendre près de la porte menant aux grands escaliers qu'il y ait une pause durant les aléas, et foncer.
Nous n'avions pas cours cet après-midi exprès pour accueillir les élèves des autres écoles, il fallait que j'en profite pour faire un sondage sur le nombre de personnes qui risquaient de passer devant cette foutue coupe en même temps que moi. Cependant, faire la connaissance de tout ce beau monde ne me faisait aucunement envie.
Et pourtant, je savais déjà que les choses allaient être particulièrement fastidieuses. Je quittais la table sans un mot, prenant une pomme dans l'un des saladiers, et ignorais les réclamations des filles. Elles cessèrent de vouloir me garder au final, et recommencèrent à déblatérer sur mon cas. Peut-être qu'Helen et Pamela finiraient par comprendre qu'elles sont tout ce que je déteste, et me laisseront tranquille ?
Je pris un coup d'épaule de la part d'un uniforme rouge et or, et une voix basse me dit quelque chose à ce moment-là. « Retourne toi… » Je ne sais pas si ce fut à cause de la demande étrange, ou bien parce que la personne qui venait de me percuter continuait son chemin sans s'excuser, mais j'ai obtempéré. Et j'ai vu.
Les jus de citrouilles des deux taches s'étaient soudain mis à bouillir, avant de les asperger, et une odeur d'œuf pourri envahit la grande salle. Il y eu des d'abord le silence, puis les cris des filles, et enfin, des rires de tous les côtés. La silhouette qui m'avait percuté avait des dreads locks, et venait de rejoindre la table des lions, à coté de deux rouquins aux cheveux longs. J'ai alors cherché du regard la petite blonde de Serdaigle, et notais un faible sourire sur ses lèvres. Oui, elle était vengée.
J'ai alors repris ma route pour la salle sur demande, satisfaite.
J'y ai passé une partie de mon après-midi sous les yeux de Nora. La petite elfe semblait vraiment admirative de mon travail. Peut-être ne s'était-elle toujours occupée que d'uniformes scolaires. Quoi qu'il en soit, elle ne cessait de jeter des coups d'œil à ce que je tenais en main, puis à mon croquis. Nora semblait vraiment impatiente de voir le final. Mais ce ne serait pas pour de suite. J'avais décidé de faire les choses bien cette fois, et je n'avais pas beaucoup de temps libre en grosse quantité. Ce n'était pas la chemise de nuit faite en quinze jours devant Pretty Li Hui Zhen.
J'en avais probablement pour deux mois. Peut-être serait-elle prête pour le bal débile de Noël… Mais j'avais l'espoir idiot d'être déjà libre à ce moment-là, du rôle de Sacha.
« Vous n'allez pas voir les élèves des autres écoles faire leur entrée, miss ? » La voix fluette de Nora me sortit de mes pensées, et je me piquais le doigt.
« Non. Je vais déjà y avoir droit ce soir au diner, c'est bon, pas besoin de plus. » Répondis-je en coinçant de nouveau mes deux pans de tissus avec une épingle.
« D'accord. Vous êtes vraiment différentes de vos camarades, miss. Bien plus mûre. » Je la remerciais d'un sourire, et repris mon ouvrage.
En soi, c'était plutôt rassurant de ne pas être comparée aux débiles qui étudiaient ici. Certains en valaient peut-être le coup, mais ils étaient encore trop jeunes, trop fermés, pour comprendre réellement le monde et ses horreurs. Mais ça creusait encore plus le fossé qui me séparait des gens autour de moi. J'ai donc continué de faire mes bordures, point par point. Je faisais le plus attention possible, ne voulant pas tacher le tissu d'une goutte de sang parce que je me serais piquée. Et je n'avais jamais été capable d'utiliser un dé à coudre.
Je ne voyais pas vraiment l'heure tourner. Je me perdais dans ma concentration, oubliant ce qui m'entourait, et mon environnement. Je continuais de fredonner, mais bientôt, je voyais trouble. Je fini par lâcher l'affaire, lorsque je ratais totalement mon point et causait un nœud monstrueux dans le fil. Je retirais les 6 mailles que j'avais faite, coupant le fil à la base, et tirais. Ça ne servait à rien de poursuivre ainsi.
Il était temps.
J'ai quitté la salle sur demande, et j'ai descendu les nombreux escaliers en mouvements pour rejoindre la grande salle. J'y suis parvenue au bout d'un bon quart d'heure. Ça m'énervait de faire tous ces trajets en silence, avec pour seul fond, les murmures des tableaux. J'avais vraiment besoin de musique. Une fois devant les deux battants, je savais que j'allais, en quelque sorte, me faire remarquer, vu que j'arrivais après tout le monde. Mais c'était mieux que d'assister à cette mascarade.
Albus Dumbledore était au centre, et toutes les têtes se tournèrent vers moi comme un seul homme. Bulgares, anglais et français. Garçons et filles de tout âge. Et bien sûr, je sentis la désapprobation de mes professeurs en douche froide. Mais étant adulte, et ne me sentant plus concernée par ce qu'ils disent, j'ai seulement retourné leurs regards.
« Vous êtes en retard, Miss O'Nigay. Vous avez manqué les salutations envers nos hôtes. » La voix de Dumbledore m'énerve autant que celles de McGonagall ou Rogue. Mais cette fois, il y a deux autres directeurs avec lui. Je fais quelques pas, et relève la tête.
« Je suis désolée, mais je n'avais pas envie d'être là. » Il y eut des exclamations choquées tout autour de moi. Je me suis tournée alors vers la géante, et dans ma langue d'origine, j'ai prononcé exactement le même discours. Je me suis alors tournée vers le directeur russe, et là, je me suis sentie bête, avant de prononcer de simples excuses, dans sa langue. On me regardait à présent avec intérêt ou ahurissement. Je me suis assise à ma table sans un mot de plus, et j'ai attendu que la suite ne vienne.
Le directeur excusa mes frasques, expliquant que j'étais souffrante suite à un accident moldu, ce qui ne manqua pas de me tirer un sourire amer. Mais s'il voulait propager cette idée, grand bien lui fasse. J'ai grignoté en silence, ignorant les propos à mon encontre. Il arrivait qu'on me pose une question en français, question à laquelle je répondais à peine, toujours poliment. Au final, les élèves des autres écoles décidèrent que j'étais juste une emmerdeuse qui voulait se rendre intéressante. Et je me suis dit que c'était mieux de ne pas les contredire.
Alors, une fois le repas terminé, le vieux barbu a d'abord présenté Croupton, le directeur du département de la coopération magique internationale, puis Ludo Verpey, directeur du département des jeux et sports. Et avec cet air si solennel, il a demandé à Argus de porter le reliquaire. Je n'ai pas pu m'empêcher de rire. Cette coupe n'avait probablement pas mille ans, et était enchanté par les sorciers. Ce n'était pas une relique, ça n'avait rien de tel. Et j'ai pris des regards noirs de la part des gens à ma table, comme cette blonde de beaubâton qui avait parlé du respect de ses ainés tout le long du repas. Certainement pour essayer de me l'apprendre.
Mon seul ami ici porta le lourd coffre ancien couvert de pierres précieuses grossières. Le coffre fut posé sur la table, tandis que notre super directeur débile expliquait les différentes qualités qu'il fallait avoir pour devenir un champion lors du tournoi des trois sorciers. Là aussi, j'ai eu envie de rire. Il ne m'en manquait qu'une seule, la magie. J'avais assez d'audace pour accepter de mettre ma vie en jeu pour un homme que je n'avais jamais croisé. J'étais capable de comprendre qui frappait qui sans qu'aucun bleu ne soit visible, et bien que je m'écrase la plupart du temps devant le danger, je fini toujours par le contourner d'une façon ou d'une autre.
J'ai attendu que les gens quittent la grande salle et se dispersent. La coupe fut déposée dans le hall, après que le directeur nous ait à tous donnés les consignes pour y mettre son nom. Puis la plupart des élèves étrangers retournèrent dans leurs embarcations, et moi, je me suis faite toute petite dans un coin, entre deux statues. Et j'ai attendu. Personne ne m'a vu, personne ne m'a réclamé. J'ai attendu que les chandelles s'éteignent tout autour, et lorsque l'horloge sonna minuit. J'ai pris mon courage à deux mains, et je me suis avancée vers cette dernière. Il fallait faire vite.
Plus qu'un pas, et peut-être, je serais libre.
