Disclaimer : Rappel que seule cette histoire est de moi, l'œuvre originale appartient à JKR !
NDA 05/02/2023: Je mets toujours beaucoup de temps pour écrire, et j'en suis navrée, mais je ne vous oublie pas. J'espère que ce chapitre vous conviendra. J'ai toujours un peu d'avance, donc ça restera régulier, il faut juste que j'y pense.
Une bonne lecture à vous !
Chapitre 11 : Les prémices de l'au-delà
Les jours suivants furent lourds et pleins d'animosité de partout. Poufsouffle faisait la guerre aux Gryffondors Serpentard jetait de l'huile sur le feu, et Serdaigle s'amusait à critiquer tout ça. Même certains professeurs n'aidaient pas à apaiser la situation. J'avais expliqué la réalité des choses aux directeurs et principaux enseignants sur place, mais pas au reste, et comme d'habitude, on conservait les secrets de façon particulière ici.
Même si je n'appréciais pas du tout Potter et sa façon d'être, ses colères ou autre, j'étais bien contente de ne pas être à sa place. L'école lui tournait le dos, et son meilleur ami aussi. Dans un autre contexte, j'aurais tout donné pour que Pamela et Helen me tournent le dos. En vrai je le souhaitais toujours, même, mais c'était devenu encore plus compliqué. Le fait que ma présence ait été requise lors de l'appel des champions, sans que je sois la 5e, comme la supposition avait été faite à mon départ, les avaient induites en erreur. Elles étaient donc persuadées que Potter avait tenté de me faire couler avec lui pour toutes les fois où elles et l'autre Sacha l'avaient raillé.
Du coup, retour de la garde rapprochée, à mon grand regret.
J'ai écopé de cinq heures de retenues aussi, pour pari illégal et manque de compassion envers mes camarades. Oui, c'est McGonagall. C'est marrant, parce que le trio de poufiasses n'a jamais de retenues pour les intimidations et le harcèlement constant sur les autres, mais quand on touche à Harry Potter, là, par contre…
Cependant, mes retenues étaient uniquement théoriques, et je me contentais de recopier les cours. Ce qui était franchement pratique en même temps. Car si j'avais tenté un jour la calligraphie avec une plume, je dois admettre que ce n'était pas mon fort. Je faisais des pâtés, il y avait toujours des taches… C'était plus simple de dessiner que d'écrire. C'est d'ailleurs ce qui a fini par arriver.
J'en étais à la loi de Gamp, lorsque j'ai commencé à dessiner des muffins, puis des pommes, des fraises… McGonagall me surveillait, bien sûr, et elle les a vu. Mais comme elle ne disait rien, j'ai continué, sans vraiment faire attention non plus. J'enchainais les natures mortes, fleurs, feuilles, mon parchemin s'est retrouvé couverts de dessin, et ma tête s'est mise à tourner. J'ai dû cligner des yeux une seconde, parce que soudainement, ma main était retenue par une autre, plus grande, ridée, et surtout tremblante.
« Miss O'Nigay qu'est-ce qu'il vous arrive ? » Fixant cette main qui me filait la nausée, mes yeux remontèrent sur le visage de sa propriétaire. McGonagall me regardait, livide et inquiète.
« Comment ça ? » je tentais de la faire lâcher mon poignet droit, avant de comprendre, en regardant la plume, et par extension, mon œuvre.
Adieu petits cupcakes, petites fraises et pommes, adieu jolies orchidées et callas lily… J'avais tout griffonné jusqu'à ce qu'il n'en reste plus une trace, le parchemin était presque entièrement noir, et ne laissait en blanc qu'un étrange symbole que je ne connaissais - reconnaissais - définitivement pas. Une sorte de triangle ouvert sur les côtés par une vague centrale.
« Je… Je ne sais pas professeur, j'étais totalement dans les nuages… » L'enseignante poussa un long soupir, avant de me relâcher pour de vrai cette fois, et me regarder avec une sorte de compassion mêlée à de la pitié dans les yeux.
« Miss O'Nigay, vous savez que si vous avez un problème, vous pouvez venir m'en parler, ou même à votre directeur de maison. Nous nous faisons tous du souci pour vous, vos études ne suivent plus et vous êtes de plus en plus… »
« De plus en plus quoi ? Différente de ce que j'étais ? Il paraît que ça arrive quand on prend un coup trop fort sur la tête. » Un peu amère, je me levais cependant de l'assise, commençant à ranger mes affaires. « Je suis navrée professeur, mais je n'y arrive vraiment pas. Je ne ferais jamais plus de magie, c'est certain, et suivre tout ça, à part me donner des maux de tête, on n'avance pas. »
« Bon… Je vois que vous ne faites aucun effort non plus. Votre prochaine retenue se fera en compagnie du professeur Rogue, demain après le déjeuner. » Je haussais un sourcil, ce n'était pas prévu ça, dans mes souvenirs.
« J'ai cours de sortilège, professeur… »
« Plus maintenant, Miss. Certains cours ont été annulés pour vous, étant donné le besoin constant d'usage de votre baguette et qu'il est pour le moment, inutile de vous le demander. Vos passages à l'infirmerie en sont témoins. Vous serez donc l'assistante du professeur Rogue pendant le cours de Potion de vos camarades. » McGonagall me laisse pantoise des fois.
« Super… Je suppose que je n'ai pas le choix… »
« Non. Reposez-vous bien, Miss O'Nigay, vous semblez vraiment en avoir besoin. » Je ricanais silencieusement, en fourrant tout ce qui me restait dans mon sac et en quittant la pièce.
Assistante de Rogue. Jamais dans les bouquins, la folle n'a été assistante. C'est une divergence que je cause par mon absence de magie. Super. Donc en plus, si je ne me trompe pas, ce sont les habituels serpentard et Gryffondor que je vais devoir gérer. Je ne me sens pas d'attaque du tout, là. Bon certes, c'est demain, mais c'est du pareil au même. Je n'en ai pas le courage du tout.
Mais si je trouve quelque chose qui me donne du courage, concernant cette école, je pense que ce sera un miracle.
Refusant cependant de rejoindre ma salle commune, je traçais au 7e étage, et fit quelques allers-retours devant la tapisserie des trolls en tutu, avant que la porte de la salle sur demande ne se forme. Il fallait que je me vide la tête, et pour ça, rien de mieux qu'un peu de couture et de musique.
Une fois devant mon mannequin, j'ajoutais un pli, chantant les bandes-son des films de Miyazaki. J'avais vraiment du mal, malgré la découverte de mon corps bien à moi, c'était impossible de continuer à faire semblant. Une torture, juste. Après le voyage de Chihiro, je changeais totalement de registre et passait sur du Within Temptation. Frozen.
Je me souviens, une fois, Elena avait fait une crise d'angoisse, à la fac, et la chaleur avait augmenté d'un cran autour de nous. Je lui avais chanté Frozen, devant la salle de littérature britannique, et elle s'était calmée. Ce jour-là, elle m'avait demandé quel était mon don. On avait plaisanté, j'étais la reine des glaces, celle qui roule des yeux quand les garçons s'approchent et les envoie chier, même quand ils lui plaisent. Crainte de souffrir de nouveau, d'aimer, et d'être abusée.
J'aurais eu la glace, en élément principal, c'était ce qu'elle m'avait dit. La glace peut fondre, mais uniquement si l'air autour est chaud, si le froid arctique l'emporte, elle résiste à tout. Je devais être l'arctique. Le froid polaire, la reine des glaces. Ça me permettrait de faire lâcher Helen et Pamela, certainement, et qu'on me laisse finalement tranquille.
Bon. Ce n'est pas comme si des garçons prépubères me plaisaient, ici, donc contre eux, voilà. Mais les faire tous taire, ce serait bien.
« Miss ? »
Je secouais la tête, continuant de placer mon pli, le second, pour faire un jupon plus haut à l'avant. Je piquais, posant les épingles que je tenais une à une en bouche, sur le mannequin. Je repliais à nouveau le tulle bleu pâle, et plaçais un nouveau pli, juste contre le premier, avant de piquer.
« Miss ? Miss O'Nigay ? »
Perdue dans mes souvenirs en musique, je n'avais pas entendu la voix de la petite elfe immédiatement, ce qui me fit tomber hors du terrier.
« Quoi ? hein ? » Oui, super intelligent, mais je me réveille, là.
« Vous allez manquer le repas, Miss… Vous devriez y aller, je m'occupe de cacher votre travail. »
Je clignais des yeux. Manger ? Est-ce que j'avais faim ? Oui. Est-ce que je voulais me rendre dans la grande salle ? Non. Pouvais-je manger un truc dans la salle commune après être passée aux cuisines ? Non… Les deux folles viendraient me chercher.
« D'accord… Merci… Je suppose. »
« Je vous en prie, Miss. Bon appétit, et bon courage avec la foule. »
Je me surpris à sourire à la petite elfe. Elle était vraiment gentille, et elle comprenait mon problème. Comme les elfes, j'aimerais pouvoir disparaître dès qu'il y a du monde. Ils n'aiment pas l'attention, et moi… ça me stresse quand tout le monde regarde. J'ai l'impression que le moindre faux pas va m'envoyer en enfer.
Remarque, on n'en est pas loin.
J'ai toujours trouvé que la maison Serdaigle est la pire de toutes. Ils sont condescendants, se croient au-dessus des autres, parce qu'ils étudient plus, mais ce sont tous des lèches-culs. Ce seront les premiers à pactiser avec les politiciens pour avoir accès à ce qu'ils veulent. Et quand on leur demande ce qu'ils veulent faire plus tard, tous vont répondre chercheurs, enseignants spécialisés, médicomage spé, et ainsi de suite. Mais pas pour l'humanitaire, non, juste pour prouver qu'ils sont meilleurs que les autres.
Ça ne vaut pas mieux que ceux qui filent des pots de vin de tous côtés pour être aimés.
Je préfère Poufsouffle, ils sont loyaux. Et se lynchent entre eux à l'abri des regards, mais si demain, un pouffy se fait agresser par quelqu'un d'autre, toute la maison le vengera. Même s'ils détestent la victime. Solidaires à leur manière. Et ça me fait un peu penser à l'académie.
J'ai passé la porte de la grande salle, et forcément, mes yeux s'attardèrent sur Pamela qui me faisait de grands signes, de la table. Sauf qu'elle n'était pas seule. Enfin, de base, elle n'était jamais seule, mais là, il y avait quelques élèves de Durmstrang. Leur champion au milieu. Je ne sais pas pourquoi, je sens le coup fumeux. Prenant une longue inspiration, je me dirigeais vers eux à la table des aigles, et prit place en face du bulgare, dont le regard me mettait vraiment mal à l'aise.
« Viktor nous a expliqué pourquoi tu avais été appelée en même temps que les champions. Alors comme ça, c'est vrai, tu avais prédit chacun de leurs passages ? C'est fou ! »
« Oui ! ça veut dire que tu fais encore de la magie, au final, même si elle se diversifie, et c'est la preuve qu'il ne faut pas laisser tomber ! »
Et merde.
« J'ai seulement déduit ce qui allait arriver, c'était pas de la magie… »
« Oh arrête de faire ta modeste, on aurait dû le savoir, tu as toujours su prédire qui sort avec qui, des semaines avant que les couples se fassent. Tu es incroyable ! »
« Et pas que ça, les sorties de mode, les évènements du monde sorciers, même. » Bon. Ça veut dire que l'autre Sacha n'était pas aussi stupide que je le pensais. C'était donc une salope, mais elle le savait. Encore pire que ce que ce que j'imaginais.
Je pris une longue inspiration, tout en me servant de la salade de pomme de terre, avant de sursauter lorsque mon vis-à-vis prit la parole.
« Tu connaître l'avenir, alors… »
« Ah ça pour connaître l'avenir, elle nous a fait un cours de divination l'autre jour à la place du prof, c'était limite, flippant. Comme si elle savait tout sur chacun de nous. » Terry Boot. Super, moi qui pensais qu'il n'avait pas écouté mon discours, je prends conscience qu'en fait si, tout le monde m'a entendu, et pire, ils s'en souviennent.
« Merci, Boot. Tu dénonçais les juifs aussi, en 40 ? » Demandais-je, ironique. Le serdaigle prit un air dégouté devant mes mots.
« Tu abuses, vraiment. Pour une fois que je suis sympa avec toi alors que toi jamais, tu pourrais dire merci. » J'ai levé un sourcil à son intention.
« Si tu étais si gentil que ça, tu aurais compris que je cherche à éviter la conversation, et que donc, confirmer les dires sur des dons de voyances, ça ne m'arrange pas des masses. » Il soupira bruyamment en secouant la tête.
« T'es tarée, O'Nigay. » Sauf que bien sûr, cette simple phrase déclencha les hostilités entre lui et mes deux harpies garde du corps. Je tirais mon assiette vers moi, et tentais de manger. Ils allaient me couper l'appétit avec leurs conneries, et si certes, le régime me plaît bien, puisque ma silhouette s'affine, enfin, j'ai besoin de forces pour demain.
« Alors… Le tournoi, parles m'en. » Je relevais la tête vers le joueur de Quidditch étranger.
« Pourquoi je ferais ça ? » Je demande en roulant des yeux.
« Parce que tu veux être tranquille, je parler pour toi aux autres. » Fuck. Je reposais ma fourchette, et le fixais froidement, à présent. Mais ça ne le fait pas fuir. A droite, je peux entendre Paméla insulter Terry et toute sa descendance. « La première tâche. Tu sais quoi c'est ? » On inspire, on expire… Calme… Comment je me sors de ce bourbier ?
Je tourne la tête à gauche, puis à droite, vers la porte… OH. Bordel. Mes sauveurs. Je prends un petit pain, le glisse dans mon sac, attrape mon assiette et ma fourchette, et enjambe le banc pour sortir de table.
« Sacha qu'est-ce que tu ? » J'entends derrière moi.
« Je parle pas aux inconnus ! »
J'avance jusqu'à l'entrée, où stagnent les jumeaux Weasley, en attente de quelqu'un, tout en avalant une bouchée de patate froide.
« Trois galions si vous empêchez Krum de me suivre, et que vous me ramenez du gâteau ensuite. »
« O'Nigay, on n'est pas tes potes. » Me rétorque Fred.
« Chacun. » Je sentis plus que je vis, leurs regards converger dans une seule direction. Celle du Bulgare qui se levait.
« À quoi le gâteau ? » Un très bref sourire se dessina sur mes lèvres.
« Chocolat. Merci, George. »
Posant ma fourchette sur l'assiette pour tenir le tout d'une main, je les saluais de l'autre en continuant d'avancer, sans répondre à leur question. Comment je sais qui est qui ? Haha…
oOoOoOo
Assise sur une alcôve, jambes repliées contre mon buste pour me faire une table, je mangeais en regardant par la fenêtre, le parc de nuit. C'est calme, dans ce couloir. Bon, le 3e étage, à l'heure des repas, tout le monde s'en fout, en même temps. J'aimerais bien un peu de musique, là… Du blues… Ou quelque chose des années 50. Un truc sympa et rythmé. Il n'y a pas à dire, la musique ça me manque, et ici, franchement, leur musique laisse à désirer.
J'aime la musique de chambre, hein, j'aime les airs de violons larmoyants, ou épique, et les arpèges douloureux d'un piano, qui attends qu'une voix le rejoigne. Mais… Un peu de pop, de rock, de Jazz, n'importe quoi, ça ne leur ferait pas de mal.
J'avais envie d'entendre du Sia, du imagine dragons, du scorpion… Je serais prête à offrir toutes les possessions de l'autre Sacha pour entendre « Everybreath you take » ou même « love me like you do. » L'assiette terminée, je reposais cette dernière sur le bord de la fenêtre, et desserrais un peu mes jambes, poursuivant ma contemplation de façon plus confortable.
Il fait froid, quand même, ici. Je donnerais tout pour un plaid. Quand j'y pense, cette nuit d'automne est un temps à Lana Del Rey. Des morceaux dépressifs, comme je les aime… Aaron aussi, s'y prêterai. Me perdant dans mes pensées, je me rendis à peine compte que je m'étais mise à chanter. J'ai dû passer tout mon répertoire de dépressive, lorsque j'ai entendu quelqu'un se racler la gorge. Mais j'ai poursuivi.
« In the land of Gods and Monsters, I was an angel living in the garden of evil, Screwed up, scared, doing anything that I needed, Shining like a fiery beacon… » Un autre raclement de gorge, un peu plus fort, se fit entendre, et je cessais de chanter pour tourner la tête.
Les jumeaux étaient là.
« O'Nigay… » Ils semblent gênés, mais je n'arrive pas à savoir pourquoi. Parce que je chantais ? Ou parce qu'ils ont écoutés depuis un moment ? Nouveau raclement de gorge. « On… On a eu du mal à te trouver. » J'ai ricané brièvement.
« Je n'y crois pas une seconde. Mais merci pour Krum. » Celui que j'identifiais comme George détourna la tête pour fixer une torche.
« Ouais, fin… Il nous a fait un speech sur toi et »
« Ton troisième œil capable de tout savoir du tournoi. » Je suivais les garçons des yeux, avant de secouer la tête.
« C'est tout ? » Demandais-je.
« À peu près, ouais… Il nous a dit que tu savais pour la première tâche » Commença George.
« Ce qui est totalement impossible. » Acheva Fred
« Oh non, il a raison. Je sais très bien ce que sera la première tâche. » Les jumeaux secouèrent la tête de concert. Persuadés du contraire.
« Impossible. »
« Votre frère arrive bientôt, d'ailleurs ? » Cette fois, Fred tiqua, et me lança un regard mitigé. Entre perplexité et méfiance.
« Lequel ? » Demanda George.
« Charlie. » Ils perdirent en couleur. « Je connais la première tâche, oui, et Krum ne mentait pas. Sauf qu'il se trompe sur un point. Je ne sais pas tout du tournoi. »
« Pas tout du tournoi ? » Leur dire que je sais tout, tout court ? Non. Mauvaise idée. Même si je sais qu'ils le garderaient secret, ce n'est pas le bon endroit pour parler, et je n'ai pas envie qu'ils soient trop méfiants non plus. Je me sens déjà assez seule ici, autant avoir des alliés de temps en temps.
« Compliqué. Pourquoi avoir menti en disant que j'étais difficile à trouver ? » Là, ils semblèrent inquiets.
« Parce que c'était le cas. »
« Arrêtez, je sais que la carte du maraudeur est magique et indique tout le monde. Pourquoi mentir ? » Ils n'ont pas l'air bien, et font désormais silence, sourcils froncés. « Ok, un galion de plus si vous me le dite. » Ils soufflèrent, je pense que ça commence à les emmerder. Finalement, celui à ma droite parla.
« On n'a pas menti… J'ignore comment tu sais pour la carte, mais »
« Elle ne t'indique pas toujours. Ton nom est »
« Totalement flou. » Cette fois, c'est moi qui tique.
« Est-ce que je peux voir… ? S'il vous plaît… C'est important. Promis je ne dirais rien. »
« Tu nous excuses un instant ? » Demanda Fred.
Il me laissa ma part de gâteau, la sortant d'une serviette, et la posant dans mon assiette sur le rebord, avant de s'éloigner avec son frère. Je les vois discuter. Même si je ne les entends pas, je sais de quoi ils parlent. Ils hésitent, ils ont peur. Est-ce que c'est de la comédie ? Est-ce que ce que je dis est vrai ? Suis-je réellement une voyante depuis que j'ai perdu la magie ? Les pauvres. Ils n'ont jamais vécu ça, dans les bouquins. Ils sont moins cons, aussi, je trouve, plus sérieux.
« Ok, mais si tu en parles à qui que ce soit, tu paieras le prix fort. » Je sursautais, toussant après avoir avalé de travers ma part de gâteau.
« Tu t'en remets ? C'est à prendre ou à laisser. » Je finissais de m'étouffer, main droite sur la bouche, gauche levée pour leur faire signe de s'approcher de mon perchoir.
« Oui. Juste… Plus sérieusement. Si Potter ne s'en est pas rendu compte, ne lui en parlez pas non plus, à personne. D'accord ? »
Nous nous sommes serrés la main.
oOoOoOo
Je n'avais que très peu mangé au déjeuner.
Je ne me sentais déjà pas à l'aise avec l'idée de jouer les potiches pour Snape pendant un cours, mais la découverte des jumeaux sur la carte des maraudeurs constituait un nouveau poids sur mon estomac. Etais-je floue parce que je n'étais pas une sorcière ? Est-ce parce que la carte sait que je ne suis pas de ce monde ? Ou est-ce mon lien avec Meleth qui rend mon nom clignotant ? Ils ne peuvent pas me répondre, et moi je ne peux pas l'expliquer non plus.
Appuyée contre le mur froid, à gauche de la porte, j'avais les bras croisés, et je fixais le vide. Enfin, le vide. J'avais devant moi la horde de serpentard exhibant un badge coloré « Vive Cédric, le VRAI champion de Poudlard ! » C'était ridicule, et leur ricanement à ce propos commençait à me foutre la migraine.
Mais le pire, c'est quand Potter se pointa avec Granger. Là, les rires sont devenus tonitruants. J'ai porté la main à ma tête, comme si ça pouvait soulager la douleur. Mais non. Granger tenta de les moraliser, ce qui sembla faire pire que mieux.
« Tu en veux un, Granger ? » La voix de Malfoy. Je n'ai pas écouté la tirade, je n'en ai pas eu besoin. Je l'ai senti.
Être un oracle, ce n'est pas juste lire les fonds de tasse ou les boules de cristal. Les rêves prémonitoires remplacent peu à peu les rêves classiques, et il faut savoir jongler entre la réalité et la vision, pour le comprendre. Ce qui apporte évidemment des troubles du sommeil, des grosses fatigues, et une irritation quasi constante. Mais les flashs, ce sont des visions instantanées, des impressions, des émotions soudaines qui nous submergent.
Ça peut arriver n'importe quand, pour n'importe quelle raison et de n'importe quelle façon. On entendra une voix, on verra le monde entier en rouge pendant une seconde, un coup de poing dans le ventre… Vraiment, ça prend n'importe quelle forme.
À l'instant même où Malfoy a parlé à Granger, la bouffée de chaleur qui m'a saisie, me brûlant le visage et faisant monter les larmes, fut plus qu'explicite. Réflexe ou stupidité, j'ai réagi comme à chacun de ces flashs.
Je me suis mise au milieu. Deux sorts avaient déjà touché des élèves autour, et deux autres fonçaient sur moi. Je ne savais même pas d'où ils venaient, je les ais sentis me frôler, et la bouffée de chaleur s'est arrêtée soudainement.
« Le premier qui bouge, ou l'ouvre, je lui pète les rotules, c'est clair ? » C'est marrant, je ne me sens pas bien, de nouveau. « Et que les poules la ferme, bordel ! » je gueule sur les filles de serpentards, en train de rire de Granger et ses dents qui s'allongent. C'est moi ou il fait plus froid, d'un coup ? De la vapeur sort de leurs bouches, comme si on était tous dehors…
« Qu'est-ce que c'est que tout ce bruit ? » Là, c'est devenu le bordel. Snape venait d'arriver, et absolument tous les serpentards se mirent à parler en même temps. « Silence, bande d'incompétents. O'Nigay, expliquez-moi. » Ah, en qualité d'assistante, je sers de balance ? Il l'a voulu.
« Ok. Coq vert a nargué coq rouge, coq rouge s'est énervé, les deux se sont battus pendant que les poules vertes riaient. Des victimes dans les deux camps jusqu'à ce que j'intervienne. » à la lueur dans ses yeux, on dirait qu'il me découvre. Moi, pas l'autre Sacha. Il resta calme, cependant.
« Voyons…50 points en moins pour Gryffondor. Potter, une retenue. Les victimes, à l'infirmerie. Maintenant. Les autres, rentrez en classe ou je vous donne à tous une semaine de retenue. » Je roulais des yeux devant tant de partialité, mais acquiesçais.
« En ma qualité d'assistante du jour, je vais mener les victimes à l'infirmerie, professeur. » Annonçais-je. Il balaya ma réponse de la main en entrant après les autres élèves.
Je m'approchais de Granger et lui tendit la main pour l'aider. Elle leva ses yeux pleins de larmes sur moi, mais obtempéra.
« Mmmhh… » ça doit faire mal, vu les gémissements.
« Laisse, tu parleras plus tard. »
« Et moi ? » Je me tendis à la voix de Goyle, dans mon dos.
« Toi, tu te bouges le cul et t'y vas comme un grand, à l'infirmerie. » Il serra sa baguette dans son poing, et je levais l'index dans sa direction. « Oh je ne crois pas non, aujourd'hui, je suis pas ta camarade, et tu as très bien vu ce que les sorts font sur moi, ils s'évanouissent. Donc avance et ferme la, clair ? » Il sembla lutter un instant, fronçant ses sourcils, avant de secouer la tête et obéir, sous les yeux ahuris de Granger.
On fit le trajet en silence, elle, elle ne pouvait pas parler, et moi, je priais pour que la migraine se tire. C'était loin, en plus, l'infirmerie.
« Ah non, pas encore vous ! » La douce voix de Pompom… J'ai l'impression de l'entendre chaque jour… Bientôt elle me bercera dans mon sommeil.
« C'est pas pour moi, cette fois ! » Elle s'approcha alors d'Hermione, lui retirant la main qu'elle utilisait pour cacher - sans y parvenir - son visage et ses dents de castor désormais immenses. Elle grogna quelques paroles, avant de l'embarquer pour s'asseoir sur un lit vide.
« Ne bougez pas, Miss Granger, je me charge de vous rapidement. » L'infirmière délaissa sa patiente et se rapprocha de moi.
« Vous êtes sûr que vous ne voulez rien ? » Pourquoi je me sens décortiquée comme une crevette, quand elle me fixe de cette façon ?
« Non. » Répondis-je d'une voix faiblarde.
« Sûre ? » Elle posa ses poings sur ses hanches.
« Ok, j'ai mal à la tête… »
« Ça se voit. » Je me tendis, ouvrant des yeux stupéfaits. C'est une façon de dire que j'ai une sale gueule ?
Je suis retournée en cours de potion, après avoir ingurgité un truc supposé m'aider à ne plus voir trouble ni tout entendre version amplifiée. Sans grand effet, sa potion. Potter venait à peine de quitter les lieux avec Crivey, laissant Snape et Weasley enragés.
Je me suis occupée de rappeler les consignes trente fois et d'aller chercher les ingrédients pour Snape, qui faisait visiblement autre chose, que l'antidote qu'il avait demandé aux élèves. Je n'étais toujours pas bien, et je me sentais nauséeuse, tremblante, malgré la potion anti-douleur de Pomfresh.
« Combien ? » La voix, basse mais autoritaire du maître des potions me sortit de mes pensées.
« Combien quoi ? » Il me parle de quel ingrédient, là ?
« Ne faites pas l'idiote. Combien de sorts. » Je clignais des yeux. Il parle de quoi, là ? « Vous avez reçu des sorts pendant l'escarmouche de vos imbéciles de camarades. Combien ? » Je cligne des yeux à plusieurs reprises. J'avais complètement zappé, déjà. Qu'est-ce que ça peut foutre, d'ailleurs ?
« Je n'en sais rien, moi. Plusieurs… Deux ou trois… » Il ne me met pas à l'aise, mais je mets un point d'honneur à ne pas croiser ses yeux, histoire d'éviter les problèmes.
« Et vous vous sentez mal depuis ? » Cette fois, je secouais la tête lentement.
« Non. J'étais mal avant. »
« Remettez-vous au travail. » Entendis-je. Quelle amabilité. C'est quoi son délire ?
