NDA 07/03/2023 : Bonsoir à tous et à toutes. Je vous remercie pour ces deux reviews, ça me fait vraiment plaisir quand quelqu'un me signale son passage sur cette histoire. D'autant qu'elle me tient à cœur. Alors merci !

Ce chapitre est assez violent, je le reconnais, on part loin, et peut-être perdrais-je des lecteurs à cause de ça, mais il marque un véritable tournant dans l'histoire. Alors j'espère qu'il vous plaira tout de même.

Une bonne lecture à tous !


Chapitre 12 : Pire qu'un Dragon, une femme.

Cela fait presque trois semaines que je subis le revers de la gloire. La rumeur comme quoi je suis dotée du 3e œil s'est répandu comme une trainée de poudre, et à présent tous essaient de m'amadouer pour savoir sur qui parier.

Chaque fois que quelqu'un m'approche, j'ai envie de me pendre. D'ailleurs, je dilapide ma fortune en payant les jumeaux et Lee Jordan pour me servir de bouclier et me trouver des cachettes. Je ne compte plus le nombre de bombabouse qu'ils ont envoyés dans les couloirs pour me permettre de fuir, ou les menaces d'utiliser certains élèves comme cobayes pour leurs bonbons expérimentaux.

C'est grâce à eux que j'ai pu faire quelques achats tranquillement durant la sortie à pré-au-lard. Enfin, tranquillement. J'avais quand même droit au duo de pétasse sur le dos, ces dernières continuant d'insulter Potter, et cherchant tout de même à savoir si j'étais - au courant - de certaines choses. En revanche, l'interrogatoire le plus chiant, ce fut quand j'ai commandé du tissu, directement, chez gaichiffon. Je m'en souviens encore comme si c'était hier, alors que ça date d'une semaine.

« Miss O'Nigay, quel plaisir de vous voir vous et vos amies de nouveau. Vous désirez quelque chose en particulier ? Les nouvelles robes de la collection automnale sont là. » m'avait indiqué madame Taffetas.

J'avais secoué la tête, alors que les filles s'extasiaient déjà sur les nouveaux arrivages, qui avaient des variantes de couleurs vives, et des boucles. C'est vraiment hideux, la mode sorcière, en fait. Ceci dit, je suppose que le monde moldu n'est pas génial non plus, dans les années 95.

« Non merci. Pas de robe. Vous avez des chutes de tissu, ou des rouleaux neufs, même ? » La femme blonde m'avait regardé avec un air ahuri.

« Vous désirez… commander une création ? » Là encore, j'avais secoué la tête.

« Non. Mais j'aimerais pouvoir vous en acheter si possible. J'ai besoin de coton satiné blanc, de mousseline, de dentelle, toujours blanches, - des motifs de roses, la dentelle - des perles, blanches et dorées, des vraies, bien sûr… » Je réfléchissais un temps encore, alors qu'elle prenait en note ma demande spéciale. « Hm, du fil d'argent aussi et d'or, et… Des roses en tissu, si vous avez. »

« Ça généralement, je le fais moi-même, avec différent types de modèles, mais, pourquoi cette demande ? Que prévoyez-vous ? Pas de demander à un elfe, tout de même. »

« C'est privé, mais non, pas d'elfe. Vous pourriez me prendre tout ça ? » La vendeuse hocha la tête.

« Combien de mètres ? Pour chaque. » Il m'avait fallu un moment pour réfléchir à ce sujet. Si je voulais pouvoir travailler un peu sans avoir trop de souci, je devais prendre large.

« Des rouleaux de 5 par 5, et la dentelle… Du 3 par 3, mais j'aimerais voir vos échantillons d'abord, pour faire un choix. »

« Pourquoi tu demandes tout ça, Sacha ? Qu'est-ce que tu prépares, on n'a pas besoin de tout ce tissu, voyons ! »

« Ça me regarde » avais-je rétorqué. Puis j'étais repartie en les laissant là.

Maintenant, j'y ai droit minimum une fois par jour. Là, par exemple, elles en parlent, sauf que je n'écoute pas. Je suis à table, face à celle des lions, tandis que les deux folles me font face. Moi ? Je regarde derrière tout en hochant la tête pour faire comme si je les écoutais.

Potter parle avec Granger, il a l'air traumatisé le pauvre. Ils parlent d'un sort je crois, je n'en sais trop rien, mais il est évident qu'il sait pour les dragons, et que ça ne lui plaît pas. Sérieusement, comment les gens peuvent-ils penser qu'il est responsable de la pose de son nom dans la coupe ? On dirait qu'il va gerber sur sa pote ou dans son assiette, pas qu'il est super content de ce qu'il va se passer.

Krum par contre, affiche toujours sa supériorité. De marbre, alors que tous sont clairement au courant de ce qui les attends. Cracheurs de feux en attente. Heureusement pour eux, ce ne sont pas des Fury Nocturne sauvages, car je les vois mal supporter le crachat de plasma et la vitesse super sonique. Mais comme ils n'ont que de gros reptiles bien moches, ça ne craint rien.

Fin si, mais voilà.

J'ai Believer en tête. Délaissant mon observation du sauveur, je regardais de nouveau l'alliance qui ornait ma main gauche. Est-ce que c'est moi, ou la pierre de lune tire de plus en plus sur le bleu ? Je délire, je crois, j'ai tellement envie de comprendre que je vois des signes là où il n'y en a pas.

« Bonne nuit. » Dis-je d'une voix monocorde.

« Sacha ? » C'est Helen, qui se lève alors, prête pour m'accompagner, mais je secouais vivement la tête.

« Désolée, j'ai mal à la tête, j'ai besoin de calme. » Elles clignèrent des yeux elle et sa pote, avant de me laisser partir. Dans mon dos, je pus entendre qu'elles parlaient de Luna, encore une fois. Pourquoi je le sens mal, ça ?

Comme je me suis levée, les jumeaux ont commencé à faire du bruit pour que je puisse partir tranquille, et même si cette technique marche très bien, ça fait mal à la tête. Peut-être devrais-je leur dire de faire autrement ? Non… Flemme. Je les paie déjà bien assez, si je commence à leur dire quoi faire, c'est mort. Je suis montée, cependant, je n'allais pas dormir, la migraine tapait trop fort pour ça, j'ai besoin de m'occuper les mains.

Je suis allée coudre.

Severus Rogue se posait de plus en plus de questions. Il avait désormais un carnet au nom de Sacha O'Nigay, dans lequel il consignait tous les détails de son observation. La jeune fille était toujours amnésique, avec une tendance à la bipolarité et la dépression. D'un point de vu caractère, elle ne ressemblait absolument pas à une adolescente, mais à une femme adulte qui vrille.

Physiquement… Son corps absorbait les sorts qu'on lui lançait, causant parfois des réactions vives, comme des nausées et renvois. Les potions, quel que soit leur utilité, ne faisaient quasiment plus d'effet non plus d'après l'infirmière. Ce qui amenait l'adolescente à subir de plus en plus de migraines sans pouvoir soulager la douleur, et entraînait des malaises à répétition.

On l'avait vu pleurer du sang, se mettre à écrire et gribouiller des choses, le regard dans le vague, comme hypnotisée. On parlait de voyance dans toute l'école à cause de ses exploits sur son pari risqué, et il devait admettre qu'il doutait un peu de ça, aussi.

Mais sur le bas de la page, il avait noté autre chose. La température chutait dès qu'elle s'énervait, désormais. Il l'avait déjà ressentie en la raccompagnant, le soir d'Halloween, mais là, lorsqu'elle avait servi d'assistante, c'était devenu flagrant. Tous les élèves avaient soufflé de la vapeur après son intervention, lui aussi.

Était-ce la preuve que la nature d'obscurus était en marche, finalement ? Les éclats furibonds de magie se déclenchaient-ils autrement chez cette fille ?

Il n'était pas encore neuf heures du matin, que déjà, j'avais des envies de meurtre. Dans le château régnait une sorte de tension pleine d'excitation, les cours devaient s'achever à midi pour laisser le temps aux élèves de se rendre à l'enclos des monstres - sans savoir ce qu'ils allaient découvrir. Mais cette agitation me rendait nerveuse. Pas pour nos champions, non-non. Pour Luna.

C'est bête, mais le fait que son prénom soit venu dans la conversation du duo infernal, et qu'aujourd'hui, plus rien, alors qu'elles ne cessent pas de lui jeter des regards étranges… Je me sens mal à l'aise. Puis cette migraine qui tape… Effet casque douloureux, et coups sous les paupières. Cependant, aujourd'hui, ce n'était pas mon sort qui animait les esprits des étudiants, c'était celui de Potter. Rares étaient ceux qui lui souhaitaient bonne chance, et il tremblait limite plus que moi. Il n'a même rien noté pendant le cours d'histoire.

Ok… Moi non plus je n'ai rien noté, mais c'est normal. Lui… Granger a laissé tomber, elle ne l'a même pas rabroué pour ce manque de concentration. Il va devenir dangereux en étant sous tension comme ça. Et il y a bien assez de quatre dragons, des mangemorts et des fanatiques, pour qu'on rajoute un Potter sous pression.

En quittant la salle de classe, j'ai suivi le groupe, avant de dire aux filles de ne pas m'attendre, que je devais passer aux toilettes. Elles m'ont laissé tranquille, alors que je filais en vérité, droit aux cuisines. Il y avait sûrement quelqu'un pour mettre à exécution mes demandes… Puis je voulais prendre de quoi manger pour après, puisque je n'avais pas le choix. Je devais assister à l'épreuve.

Pourquoi les jumeaux sont là, encore ? Bof… Je cherchais un moment, alors que tous les elfes se pressaient. Normal, l'heure du déjeuner, ça court de partout. Je plissais les yeux, avant d'apercevoir le seul elfe capable d'être joyeux et de le montrer. Dobby. Il est reconnaissable entre mille, avec sa tenue si particulière. Et tout nouveau, aussi. Les autres elfes le regardent bizarrement.

« Hey, Dobby… Est-ce que c'est toi ? » L'elfe sursauta, à l'autre bout de la gazinière, alors qu'il envoyait des plats sur les tables du centre, et faisait disparaître ces derniers. Probablement pour qu'ils apparaissent dans la grande salle.

« Dobby ne connaît pas Miss. Pourquoi Miss le cherche ? »

« Tu n'as pas besoin de mon nom. » Commençais-je.

« Miss O'Nigay ? Vous avez besoin de quelque chose ? » Merde. Nora est là. Je secouais la tête en grimaçant, merde, ça fait encore plus mal.

« Non, Nora, mais c'est gentil. Je viens voir Dobby, parce que son ami Harry Potter, a besoin de soutien. »

« Nora vous laisse, alors. » Le petit elfe aux grandes oreilles quitta son poste et s'approcha de moi, surprit.

« Vous n'êtes pas une amie de Harry Potter, pourquoi vous voulez me voir pour lui ? » Il est particulièrement intelligent, lui aussi. Tant mieux.

« Non en effet, je ne suis pas une amie. Mais je sais ce que c'est que d'être sous pression, de ne plus respirer correctement, et d'avoir peur de tout. Potter a besoin de quelque chose pour se détendre avant l'épreuve, sinon sa magie va s'emballer et il risque de se mettre en danger, lui, ainsi que son entourage. » L'elfe me jaugea de haut en bas, avant de hocher la tête.

« Dobby voit très bien. Vous voulez empoisonner monsieur Harry Potter avant l'épreuve ! » Ok, j'ai parlé trop vite.

« Non, non, non. Je ne veux pas l'empoisonner. Je vous laisse choisir quoi lui donner pour qu'il se sente mieux, je ne m'en mêlerai pas plus. Mais il a besoin de soutien, et il a trop peu d'amis sur qui compter en ce moment… Je connais ça aussi. » L'elfe hocha finalement la tête, et me remercia pour ma compréhension de son ami, qu'il allait veiller sur lui.

Je fis quelques pas à reculons, avant de demander si je pouvais avoir des petits gâteaux pour plus tard. On m'assura que oui, puisque Nora m'aimait bien. Je la saluais d'ailleurs avant de quitter les cuisines, sauf qu'au lieu de passer la porte, j'ai tapé contre quelque chose de mou. Enfin mou… j'appelle ça un torse. Et j'ai sursauté, toute crispée, en me reculant.

« George ? » Criais-je en me tenant les bras.

« Il faudra que tu nous expliques comment tu fais pour »

« Nous reconnaître mieux que notre mère.

« Je le sais, c'est tout. » Dis-je, après un temps de réflexion. Il faut que j'arrête de stresser dès qu'on me touche, c'est dangereux ici. « Pourquoi vous m'attendiez ? » George roula des yeux, ils commencent à s'habituer à mes annonces et demandes bizarres.

« On voulait te remercier pour ce que tu fais pour Harry. »

« On sait que tu ne l'aimes pas beaucoup non plus. » Je restais à distance d'eux, me tenant toujours le buste avec mes bras. Pas à l'aise.

« D'accord… Et c'est tout… ? » Cette fois, Fred secoua la tête.

« Non. Ce que tu as dit sur les amis et la pression subies, tu le penses… ? » Je fronçais les sourcils, et baissais la tête pour regarder la cravate du rouge et or.

« Qu'est-ce que ça peut te faire, ce que je pense de mes amies ? Fred Weasley ? » Il pâlit une seconde, avant de me laisser passer, et de rougir un peu.

« Sacha ! Sacha O'Nigay ?! » Mais je n'écoutais pas leurs appels.

Je suis seulement remontée jusqu'à la grande salle, où je me suis installée au seul endroit possible à la table des Serdaigle. Avec Paméla, Helen… Et Fleur Delacour... ? Pourquoi elle est là, elle, d'ailleurs ? Ah, ça parle shopping pour détendre la superbe championne. Génial. Tuez-moi…

J'ai mangé ce qui passait, des haricots avec de la sauce tomates, en grimaçant, trop acide, ainsi qu'un peu de purée. Pas de viande, ça ne passerait pas avec la tension que je ressens. J'aurais donné cher pour avoir un woak de riz, avocats et saumon… Quelque chose de frais et léger. Je n'écoutais pas les jérémiades des filles au sujet de l'épreuve, ni sur leurs envies de belles robes pour le bal de noël. Ah ah, super. Ça va parler chiffon.

Techniquement, je pourrais, moi aussi… Je suis en train de faire une robe qui dépasse définitivement toutes celles qu'elles n'auront jamais porté. Queen Serenity. Cette robe bustiers à perles et broderies, se poursuivant sur divers voiles et jupons bouffants blanc et irisés, avec le nœuds similaires à des ailes, ces épaulettes de perles et rose, voilées. Même la robe de mariée de leur rêve, n'a pas autant de classe que la tenue de ce personnage.

J'ai toujours aimé sailor moon, beaucoup imaginent un personnage niais, qui cri des phrases idiotes pour porter un uniforme de marin, et qui parle de sauver le monde avec de l'amour au nom de la lune. Peu on lut le manga. La fosse aux cadavres de Beryl, les manipulations mentales, les suicides, les tentatives de viol… Les aléas de futurs et passés qui s'entrecroisent. La partie la plus terrible étant l'arc Infinity, traitant des abus sur Saturne qui n'est qu'une petite fille. Et toutes ces histoires de choix. Choisir de laisser vivre ou mourir un ennemi, c'est impacter le futur, quoi qu'on fasse.

J'aime Serenity, parce qu'elle a fait un choix et ce, malgré tout ce que ça implique pour la suite et qu'elle devra subir ensuite. Bon, évidemment, ma création n'est pas au niveau des plus beaux cosplays qui existent, d'autant que je ne suis pas une couturière professionnelle. Mais je me débrouille de mieux en mieux à force.

Ah… Potter s'est fait embarquer… On ne va donc pas tarder à devoir rejoindre les tribunes autour de l'enclos. Prenant une petite bouchée de pudding à la vanille, je grimaçais, avant de le repousser. Tant pis, ça passe plus. Plus les secondes avancent et plus j'ai peur. Pourquoi ? Je fouille la grande salle des yeux, Luna est à l'autre bout de nôtre table, toute seule et la tête basse. Hormis le fait d'être triste, elle a l'air en un seul morceau. Je dois m'inquiéter pour rien…

oOoOoOo

Je dois reconnaître que c'est impressionnant. Le suédois à museau court est… hideux, mais puissant. Avec la diversion du chien que Cédric a créé, il aurait dû se faire avoir, mais l'animal n'a pourtant pas cessé de le surveiller. Et heureusement qu'il y a une barrière magique autour des tribunes pour nous protéger.

Quoiqu'elle ait l'air bien mince. Plus mince que celle de l'académie. Parce que oui, Sœur Catherine protège les lieux, personne ne peut rentrer, rien ne peut traverser sa barrière si elle n'a pas donné son accord, pas même une feuille d'arbre. Là, ça donne une sorte de filtre coloré visible, et ça arrête les flammes, mais la chaleur est bien présente.

C'est assez bien pour le moment, parce qu'il fait terriblement froid et qu'il y a pas mal de vent, mais bon. Pendant une seconde, je vis Cédric se faire carboniser, et la pensée que mon cousin, Fabien, subisse le même sort, me fit perdre contenance. J'ai crié avec le public et je me suis redressée de mon siège. Mais non, il est passé au travers des flammes, c'est limite un miracle.

« Taré… »

« Il est génial ton cousin, Sacha ! » Ou pas, pensais-je. Revenant à moi. Ce n'est pas mon cousin, c'est un mensonge qui porte son visage.

M'enfonçant dans mon siège, je croisais les bras et observais le reste de la prestation sans plus un mot. Je n'ai même pas regardé les notes du jury pour Cédric, je m'en fichais. Le sentiment d'urgence revenait. Fleur remplaça Cédric, et se mit elle aussi en danger pour détourner l'attention de la dragonne et récupérer l'œuf en or. Et voilà, c'est fait. Elle va avoir plus de points que Diggory je pense.

Le coup de sifflet suivant, Krum rentra dans l'arène, et de sa position, tout en bas, je sentis qu'il me jetait un regard noir. Il se lança alors, baguette tenue bien serrée dans son poing, jusqu'à la dragonne. Et tout se passa très vite. Il mit en rogne le boutefeu chinois, qui fit jaillir des longs filets de flammes sur lui mais aussi sur nous. Clignant des yeux, je constatais que le garçon n'avait pas encore bougé, il réfléchissait visiblement, puis, il se mit à courir.

Merde.

J'ai regardé autour de moi, et je l'ai compris uniquement à cet instant. Helen était en train de murmurer quelque chose sous les encouragements de Paméla, et la barrière s'affinait sur notre tribune, un peu plus bas. Je ne serais pas touchée, ce n'était pas notre morceau de protection qu'elles tentaient d'éliminer.

C'était celui de Luna Lovegood. J'ai quitté mon siège en même temps que la foule s'est mise à hurler. La chaleur a augmenté d'un sacré cran, alors que je me sentais propulsée vers l'avant.

« Qu'est-ce que… ? » La voix étouffée de la petite blonde me parvint d'entre mes bras. Je ne pouvais pas desserrer mon étreinte, j'étais choquée, j'avais eu très chaud, très froid, mal à la tête, tout en même temps. « Sa-Sacha… ? » La voix me parvenait de très loin, c'était étrange. « Je vais bien… Tu sais… ? »

« Bien… ? » Oh bordel, ma tête tourne.

J'ai lentement relâché la jeune fille, et je l'ai fixé sans comprendre. Bien ? Où… ? Je regarde autour de nous. Et c'est comme si le monde avait cessé de tourner. Comment on est arrivé là ? Je veux dire… Dans les tribunes d'à côté ? Que s'est-il passé ?

« On peut dire qu'il n'a pas froid aux yeux ! ET ! Mais oui, il a réussi à s'emparer de l'œuf ! » Hurle Verpey dans sa baguette.

Luna m'aide à m'asseoir, je me sens vraiment paumée. Il s'est passé quoi, là ? La protection a lâché, les flammes ont manquées leur cible et… ? Comment on a fait ? J'ai couru avec elle ? Je ne me souviens même pas d'avoir atteint sa rangée.

« Merci, de m'avoir sauvée… On regarde le champion suivant ? C'est Harry, et il est gentil, je trouve. »

« Ah… Ah. D'accord. Si tu veux… Lu… Luna. »

Je continue de faire des allers-retours entre nos places précédentes, dans les tribunes d'à côté, et le dragon qu'on renvoie dans son enclos. Quelqu'un nous a aidé, non ? Dumbledore, non ? Je lève la tête pour voir le coin où se sont installés les professeurs, mais non. En tout cas, aucun ne nous regarde. J'essaie de souffler, de me détendre. Je ne comprends pas ce qu'il s'est passé du tout.

Severus déglutit. Ce qu'il venait de voir dépassait de loin ses croyances et travaux. Il avait à peine senti le changement d'affluence dans la barrière qu'il avait aidé à poser, mais lorsqu'il l'avait repéré, et qu'il avait vu les flammes se diriger vers la zone d'affaiblissement, il s'était redressé, prêt à intervenir. Sauf qu'il n'était pas le seul. Et malgré les flammes qui avaient brouillés sa vue, il l'avait aperçu. Cet éclat mauve et bleu, comme une étincelle.

Sacha O'Nigay avait quitté sa place avec une camarade de classe, elles avaient bougé, bien trop loin pour que ce ne soit à pied. Et la jeune fille protégeait sa camarade de ses bras. Elle l'avait protégé des flammes que quelqu'un avait intentionnellement laissé approcher des tribunes. Sacha O'Nigay venait de transplaner dans l'enceinte de Poudlard pour sauver une vie. Ce n'était pas normal du tout.

Impossible. En fait.

Le potioniste se ressaisit rapidement pourtant, et laissa ses yeux transpercer l'arène, cherchant le gamin Potter. Qu'est-ce qu'il attendait, devant sa Dragonne ? Qu'elle le bouffe ? Est-ce qu'il était mort de peur ? Le sifflement dans le vent fut si léger qu'il ne comprit sa provenance qu'une fois l'éclair de feu à côté du garçon.

Harry s'envola, et je l'ai suivi des yeux, hypnotisée par le ballet qu'il performait dans les cieux. Je crois que ça me calme. Mais depuis quand étais-je en panique ? Je n'en sais rien. Je me sens nauséeuse.

Paumée.

Si personne ne nous a aidé, qu'on n'a pas couru jusqu'ici… Comment est-ce qu'on est arrivé là ? J'étais à deux rangées de Luna, je n'ai pas pu me jeter sur elle, courir jusqu'ici, et attendre. C'est insensé. Est-ce que ça veut dire que… ? Je viens de me déplacer dans les limbes ? Non. Je ne peux pas. Je n'ai pas cette capacité, il n'y a que les voyageurs comme Pluton qui peuvent la développer.

Mais j'ai voyagé jusqu'ici déjà. Est-ce que c'est possible ? Ce n'est pas un évènement extérieur qui m'a entraîné dans ce monde ? ce serait moi ? Non… Je ne peux pas y croire, je n'ai toujours eu que la seconde vue et le lien avec Meleth. Pourquoi maintenant, d'un coup, je pourrais voyager dans les limbes ?

Je fixe toujours le ciel, mais je ne vois plus Potter. J'ai l'impression que tout ce que je savais sur l'académie, sur nos dons, est en train de foutre le camp. Je ne suis pas une sorcière, je suis une héritière. Je ne peux pas soudainement développer des dons, après deux ans sans rien de nouveau, si ? Est-ce que c'est parce que ce monde est surchargé en magie que la mienne se développe… ? J'ai un peu de mal à y croire.

Voyager dans les limbes n'est pas une sinécure. J'aurais pu y passer. Me foirer, nous tuer toutes les deux, ne jamais réussir à ressortir. Bref, tout un tas de catastrophes sont possibles. Ça n'est pas possible.

Putain de merde !

Potter vient de me passer sous le nez avec son balai. Et il a l'œuf d'or. Il s'éloigne de la Dragonne qui s'énerve. Il a réussi ? Quand ? Pourquoi j'ai l'impression que tout se passe trop vite pour moi aujourd'hui, bordel !

oOoOoOo

Tout le monde parlait de cette première tâche et des diverses techniques employées par les champions du tournoi pour distraire la dragonne qu'on leur avait choisi et lui chiper l'œuf d'or. Déjà sur le chemin du retour, ça n'avait eu de cesse, de discuter de tout ça. Moi, j'avais esquivé la foule et filé droit vers le château pour piquer ma crise dans la salle sur demande. Il le fallait, sinon, ça n'allait pas bien finir.

Je ne voulais plus jamais voir Pamela et Helen. Je ne voulais ni les entendre, ni les croiser, ni même savoir qu'elles existent. Ce n'était plus possible. Elles avaient délibérément causé un trou dans une barrière magique pour qu'un dragon blesse une pauvre fille. Et pourquoi ? Parce que cette fille n'est pas comme elles. C'est pire que du harcèlement. Elles auraient pu la tuer, et ça ne leur est même pas venu à l'esprit. Bande de grosses connes décérébrées.

Putain, mais personne ne capte jamais rien en fait. Si ça ne touche pas saint Potter, on ne dit rien. Ceux qui se font harceler continuent de subir, et tout va bien. Déjà pour Rivière, si je n'avais pas prévenu Malfoy, la petite se serait faite tabasser dans une alcôve et aurait probablement dit avoir trébuché dans des escaliers. On marche sur la tête ce n'est pas possible !

« Miss O'Nigay, tout va bien ? » La voix de Nora résonne dans mon dos, et je fais demi-tour pour lui faire face.

« Non. Non ça ne va pas. Ça ne va pas du tout. Cette école c'est de la merde. Faut pas laisser passer ça. Je ne peux pas. Je peux plus. J'ai cautionné toutes leurs conneries pendant presque trois mois. Je peux plus. C'est mort. »

« Miss, de quoi parlez-vous ? Vous allez bien ? »

« NON ! SI… Si ce truc n'était pas arrivé, Luna aurait cramé avec leurs conneries, putain. Et je l'ai vu, je l'ai vu ! Une seconde, c'est tout ce que j'ai eu comme temps pour réagir ! Une putain de seconde, c'est rien. J'aurais pu tout foirer et Luna serait crevée ! » Je paniquais enfin pour de vrai.

« Miss, asseyez-vous, s'il vous plaît, ne vous faites pas mal ! » La petite elfe venait carrément de m'asseoir de force sur un fauteuil. Mais j'en pouvais plus.

Les larmes se sont mises à couler d'elles même sur mes joues. Je n'en pouvais plus. J'avais été traumatisé pendant des années de collège et Lycée, et là, c'était le retour du harcèlement. Je n'étais pas la victime, mais je le voyais. J'y assistais tous les jours. Ça allait beaucoup trop loin. C'était trop.

J'ai craqué ainsi presque une heure. Me tenant la tête, tremblant, pleurant, et ruminant la terreur que j'avais ressentie pour cette petite. Puis, la descente de pression se changea en colère froide. Mes tremblements avaient cessé, ou bien peut-être que je ne m'en rendais plus compte. Tout ce que je voulais, c'était leur faire payer. Parfois, le seul moyen d'éviter que les horreurs ne se poursuivent, c'est de faire justice soi-même.

Je n'ai même pas bu le chocolat chaud que m'avait porté Nora. J'ai quitté la pièce et je suis allée dans la grande salle où la plupart des élèves s'étaient réunis pour parler. On servait tout juste le diner, et beaucoup étaient encore debout devant l'entrée. Je reconnus le groupe de gryffondor de 5e année, qui félicitait Harry d'être leur champion, et je me suis approchée des jumeaux, me glissant dans leur dos.

« Weasley, bloquez les profs pour moi, c'est urgent. »

« Quoi ? O'Nigay qu'est-ce que tu. » Fred croisa mon regard, et frémit. Il se saisit du bras de son frère et les deux se rapprochèrent un peu plus de l'entrée, tout en me suivant des yeux.

Je pouvais sentir leur insistance dans mon dos. Mais je m'en foutais. Il y avait déjà le duo de pétasses à table, et elles discutaient avec plusieurs bulgares. Viktor était à notre table de nouveau. Il s'est levé à mon arrivée, et m'a suivi des yeux, alors que je fonçais vers mes supers « copines. » Une fois dans leur dos, j'ai ignoré les paroles des bulgares, et je les ais attrapés par les cheveux, avant de leur étaler la tête contre la table sèchement. Puis j'ai tiré sur les cheveux alors qu'elles criaient, couvertes de sauce.

Leurs visages étaient rouges, et des larmes leurs montaient déjà aux yeux. Mais rien à foutre, alors que je les tirais en arrière pour qu'elles basculent du banc sous les exclamations de surprise et d'horreur des autres élèves autour.

« Alors, ça vous plaît ? » Ma voix est froide, cynique, un peu folle sur les bords aussi, je le sens.

« Mais t'es complètement malade ! » Hurle Pamela qui essaie de se relever. Helen tente d'attraper sa baguette, à terre, mais je marche délibérément sur sa main.

«Moi ? Malade ? Mais enfin, je pensais que vous aimiez torturer vos camarades ! »

« Sacha arrête, tu me fais mal ! » La blonde pleure.

« Tu veux que j'arrête ? Pourtant, quand tu t'en prends aux autres, toi tu t'en fous qu'on te supplie d'arrêter. Pourquoi je le ferais ? »

« SACHA ARRÊTE ! » Hurle Pamela qui s'est redressée, mais je lui colle une gifle. Mes ongles y laissent d'ailleurs une belle empreinte sur la joue.

Personne ne vient m'arrêter pour autant, tout le monde fait cercle autour de nous, même Krum, comme s'ils craignaient que je puisse leur faire subir la même chose. Et le bulgare semble me fixer avec une sorte de défi dans les yeux.

« Quoi ? T'aime pas ? Pourtant il me semble que t'étais prête à tuer quelqu'un pour continuer tes conneries, tout à l'heure, pétasse ! »

« De quoi, tu… Tu parles ! » Les profs approchent, ils engueulent les jumeaux pour pouvoir venir jusqu'ici et intervenir, mais je compte poursuivre.

« Tu sais très bien de quoi je parle ! Luna ! » J'ai senti plus que vu, que cette dernière s'était redressée sur le banc, à l'autre bout, et nous regardait désormais.

« C'était pour s'amuser, enfin ! On voulait pas lui faire de mal, tu le sais, Sacha, arrête, maintenant… S'il te plaît ! »

« Miss O'Nigay, relâchez vos camarades immédiatement ! » C'est la voix de McGonagall.

« Ce n'était pas pour s'amuser et tu le sais, Paméla. » Je me tournais brusquement vers l'écossaise qui arrivait, les jumeaux sur ses pas, blêmes. « Vous, quand c'est pas sur Saint Potter que ça tire, vous bougez pas le petit doigt. Vous n'avez rien vu, je pari, hein ? » J'ai commencé à applaudir, prise dans mon enfer personnel, je ne pouvais plus m'arrêter. C'était ma vendetta. Adieu la fausse Sacha.

« Miss O'Nigay, vous serez en détention jusqu'à ce que. »

« Rien à foutre de vos retenues. Vous voulez me punir pour quelques coups, mais pour elles, qui ont essayé de tuer Luna sciemment pendant l'épreuve, c'est quoi ? Ah, parce que c'est vrai, c'est pas votre élève, du coup vous savez pas. Mes chères putes de copines ici, complotent depuis hier pour faire un sale coup à Luna. Et vous savez quoi ? Elles ont failli réussir ! » J'ai continué d'applaudir, en pleine crise de nerf, mais j'ai cessé d'écraser la main d'Helen.

« Affaiblir la barrière, alors qu'il y a un Dragon enragé prêt à tout pour défendre ses œufs. Si je l'avais pas vu, à plus de Luna, cramé la Luna ! Mais vous vouliez pas lui faire de mal, non… C'était pour s'amuser ! » Je continue…

« On le jure, on voulait pas ! » Pleurniche Pamela. « On pensait pas qu'elle serait blessée »

« Ah donc c'était pas de la cruauté, c'était juste de la connerie ? Tu me rassures ! » J'ai éclaté de rire, ironique, avant de me tourner vers tous les professeurs qui viennent d'arriver. Ils ont tout entendu. Ils savent désormais. « Franchement, j'en ai marre de vous. J'ai honte de faire partie des Serdaigles. Ah, elle est belle l'élite de Poudlard. Elle met la vie de ses camarades en danger pour s'amuser ! »

J'ai reniflé, mon rire vire aux larmes, alors que Chourave vient aider mes camarades à se lever, avec des gens de serdaigle.

« Je suis désolée, Luna. J'aurais dû réagir avant, t'épargner leurs horreurs. C'étaient elles, tes chaussures disparues, ta veste, tes devoirs… Et là. Je ne disais rien parce que je ne me sentais pas en droit de le faire. Mais ça va trop loin. Maintenant tu le sais. » J'ai frotté mes yeux, je me suis encore écartée, ça parle beaucoup, à présent. « Elles ne te toucheront plus, je te le promets. » Je dis, en tremblant, je commence à avoir trop chaud.

Les filles se font engueulées, je crois, je ne suis pas sûre. Je n'entends plus rien. Je vois Luna qui me fait un petit sourire larmoyant. Pourquoi ce silence me semble plus assourdissant que les applaudissements tout à l'heure ? Qu'est-ce qu'il m'arrive encore ? Putain ça tremble !

Je me sens partir, alors je m'accroche au premier truc qui passe, c'est noir… Une cape ? ça vient me soutenir. Je ne me sens vraiment pas bien, ça cogne dans ma tête. On m'essuie les joues, mais je n'arrive même pas à voir qui le fait. Pourquoi tout est flou, on est où ?

Meleth Nin, s'il te plaît, vient me chercher, je ne me sens pas bien…

S'il te plaît… Je veux partir d'ici.