NDA 04/05/2023 : Bonsoir, Merci aux quelques reviews déposée sur le chapitre suivant, et surtout, merci à toi Kuro no Kage, qui me pousse à écrire! J'aime notre défi! J'espère que ce chapitre sera à la hauteur de tes attentes.
Je vous souhaite à tous une bonne lecture, et n'hésitez pas à dire ce que vous pensez de l'histoire!
Chapitre 14 : Ambiance… Ambiance…
Je refermais les deux bordures de tissu rouge avec plusieurs têtes d'épingles, histoire de marquer mes futurs points. J'avais dans l'idée de fabriquer un grand nœud rouge à mettre dans les cheveux pour Luna, comme sa nouvelle héroïne favorite, Sailor V. ça lui ferait un joli cadeau de Noël, et puis, même si la situation est compliquée… Avec les différentes expulsions, je pense qu'un présent qui ne soit ni de la pitié, ni venant de son père, ça pourra être bien.
Nora m'a fait porter mes affaires de coutures, et m'a fait un mannequin supplémentaire, pour qu'on puisse toutes deux travailler, même en étant séparées. C'est agréable. Bon. Pompom a totalement halluciné en voyant tout le bazar dans la petite pièce qui m'était réservée, mais ce n'est pas grave.
En même temps, hormis mes affaires de cours, et ma valise, il n'y avait qu'un petit bureau et un lit, en plus d'une table de chevet. La pièce n'étant pas véritablement grande… Là, il y a un mannequin à côté du bureau, ce dernier est recouvert d'une bâche pour cacher mon travail, le bureau croule sous les rubans, rouleau de coton, voiles, et sac de perles en tout genre.
Et moi, je suis assise en tailleur sur le lit, en pyjama noir, avec mes épingles et le futur gros nœud rouge pour Luna entre les mains.
Je ne bouge même pas quand ça toque. Même si c'est discret. Je n'ai pas envie de bouger, de faire plus d'effort. Ça ne sert à rien. On me prend pour une folle. Et puis, si c'était Argus, il ferait semblant de gratter à la porte, c'est devenu notre code.
« Entrez… » Je dis, tout en poursuivant mon travail. Je ne regarde pas qui entre, c'est plus que certainement Pompom qui vient me demander si j'ai mal au crâne – oui – si je veux quelque chose pour dormir – non – et si j'ai besoin de parler – toujours non.
« Mais qu'est-ce que c'est… ? » Je me piquais le doigt à cause de cette voix masculine qui n'avait absolument rien à foutre là, et tournais la tête vers l'intru roux en uniforme.
« La question, c'est plutôt qu'est-ce que toi, tu fous là, Fred ? » Il se crispa. Pourquoi on dirait que je viens de brûler sa grand-mère, maintenant ?
« Je voulais discuter. » Je levais un sourcil avant de le jauger – juger – de haut en bas.
« Et en quel honneur ? Il n'y a plus besoin de marchander, je suis enfermée maintenant. »
« Je voudrais discuter et si possible, sans que tu me craches à la figure comme tu fais avec tout le monde depuis ton retour à l'école. T'en es capable deux minutes ? » L'air autoritaire me laissa perplexe. Wow.
Si je connais les colères de Mme Weasley à travers les livres, là, c'était carrément froid. Glacial. Polaire. Et je vais arrêter les synonymes parce que je sens que je me perds dans mes pensées, et que lui s'impatiente. C'est un coup à ce qu'il s'énerve vraiment. Je soupirais, avant de reposer mon ouvrage sur mes jambes.
« Ok. » Ah, maintenant il a l'air mal à l'aise. Il s'attendait à ce que je l'envois chier ? ça peut encore se faire…
« Je voulais… Te remercier… Pour Harry, pour Luna… Ce que tu as fait. Personne ne le ferait… Et encore moins de cette façon. »
« Tu veux dire en pétant les plombs et en écopant d'une détention provisoire à l'infirmerie car trop malade pour être expulsée avec les autres ? » Il grogna.
« Sans attendre de retour, Sacha. » Je ricanais. C'est marrant, il a l'air triste, et en même temps, désespéré d'être là.
« Tu voudrais que j'attende un retour ? Je suis la pétasse de Poudlard, j'ai participé à du harcèlement scolaire sur tellement d'élèves, et le pire, c'est que je sais même pas qui à part Luna. Sans compter le bordel avec ce connard de serpentard, la magie que tout le monde s'attend à voir revenir chez moi, alors que désolée, mais non. » Il a perdu des couleurs, mais je ne sais pas pour quelle partie de mon discours. « Ecoutes, Fred, je vous ais payés pour me défendre de ceux qui voulaient connaître l'avenir du tournoi, et quelques farces, mais ça s'arrête là. Je ne sais pas à quoi tu t'attends, si tu veux que je paye plus ou quoi… Tout ce que je veux moi, c'est partir d'ici… Et ça on me le refuse. »
« Tu veux partir ? » Il a l'air choqué, maintenant, et carrément malade, même.
« Oui, tu crois quoi, que je vais moisir dans une école de magie alors que je ne suis plus une sorcière ? C'est débile… » Il n'a toujours pas l'air bien.
« Hm… » Il regarde la porte de la chambre, comme s'il voulait s'enfuir. Alors que c'est lui qui est venu, je n'ai rien demandé, moi. « Tu voulais quoi tout à l'heure ? »
« Pardon ? » Je crois que c'est la conversation la plus surréaliste et inutile que j'ai eu avec l'un des jumeaux depuis que je suis dans ce monde.
« Tu voulais quoi, dans les cuisines ? Tu as demandé à faire entrer quelque chose à Poudlard. C'était quoi ? »
« Qu'est-ce que ça peut te foutre, Weasley ? » Il serra les poings et me lança un regard noir, mais sa réponse fut totalement inattendue.
« Il y a que je peux te ramener ce que tu veux. Selon ce que c'est… »
« Attends, quoi ? Tu veux m'aider ? » Il leva les yeux au ciel, on dirait sa sœur, à présent. Je l'ai vu faire ça des centaines de fois depuis que je suis arrivée.
« Ça te semble si improbable que je puisse vouloir t'aider ? » Ok, maintenant il a l'air vexé. Pourquoi j'ai l'impression qu'il y a un truc que je pige pas… Dans cette situation ? Ils se connaissaient, avec l'autre connasse qui me sert de sosie ?
« Je n'en sais rien, ça me coûtera combien ? » Son poing à tapé le bureau avec violence, renversant l'un des sacs de perles d'eau douce. Ces dernières s'éparpillèrent tout autour, entre les divers rubans et colifichets présents, jusqu'à rouler et tomber du bureau.
« Merde ! » Il s'est penché et a commencé à rassembler les perles au sol tout en grognant des trucs pas très clair.
« Sérieusement, tu ne peux pas l'imaginer ? Juste une seconde ? Je te propose mon aide, c'est pour te l'offrir, pas pour que tu paies encore ! Merde enfin, Sacha, tu me fais quoi ? » C'est définitif, ils se connaissaient, mais à quel point ? « Tu sais quoi, laisse tomber, reste avec tes histoires et autres, je me tire. » Il s'est redressé et a posé sa main sur la poignée de la porte.
« C'est moldu ! » Me suis-je entendu dire. Il se stoppe, mais me fait toujours dos. « C'est moldu… Je… Je voulais… Un livret de partition pour apprendre le piano… » Il sembla réfléchir un long moment, avant de relâcher la poignée et de se tourner vers moi.
« Tu veux refaire de la musique… ? Je croyais que c'était pour les abrutis sans cervelle ?»
Ok. Ça, ce n'était pas prévu. Donc l'autre courge a fait de la musique et s'en est détournée. Je ne pensais pas qu'elle pouvait être encore plus conne, après le tableau que je m'en faisais déjà, mais en fait si. C'est impressionnant. Arrêter la musique et croire que c'est pour les abrutis ?
« Fred… Je sais que j'ai l'air de très bien me débrouiller, et de me souvenir de tout et tout le monde mais… Depuis mon réveil à sainte Mangouste, je ne sais absolument rien d'avant, hormis ce qu'on m'a dit. Donc… Je ne sais pas si j'ai fait de la musique avant, mais je sais que maintenant je veux en faire… ça me calme… »
Il ne répond pas de suite, mais vient terminer de ramasser les perles qu'il a foutu par terre avec son éclat précédent. Il les remet même dans le sachet sur le bureau.
« D'accord… » Il semble encore plus paumé, le pauvre, et maintenant je culpabilise presque de ne pas pouvoir l'aider. « Et ça, ce que tu fais, c'est quoi ? »
« Une robe. »
« Une robe ? Attends… Tu… Tu veux dire que tu couds une robe ? » J'acquiesçais. « Mais… Tu sais coudre ? » Il regarda ce que j'avais entre les mains jusque-là. « Depuis quand ? Je peux voir… ? »
« Fred… Stop. Je ne peux pas te l'expliquer. »
« Tu ne peux pas ou tu ne veux pas ? » Il reprend. Mais jamais ça s'arrête de poser des questions, un Weasley ?
« Qu'est-ce que ça change ? » AH ! j'ai réussi, il se renfrogne à nouveau.
« Je peux voir ? » Ou pas. Bon. Le malaise est de plus en plus palpable, faut arrêter le massacre, là. Vraiment.
« Quoi ? Tu veux assortir nos tenues pour le bal ? » J'ai dit ça avec ironie, par reflexe.
Il a claqué la porte.
Mais Fred ne retourna pas immédiatement dans sa salle commune, il alla d'abord se poser au bord du lac, malgré la fraicheur des nuits, et le fait qu'il n'avait pas de manteau pour.
Assis contre le rocher, il commença à se marteler la tête du poing. D'abord doucement, puis, à mesure que les secondes passaient, de plus en plus fort. Il finit par laisser un éclat de voix franchir ses lèvres. Tant pis pour les bulgares dans leur fjord, ils avaient qu'à pas être là, se dit-il.
Mais ça faisait mal. Il n'avait pas espoir de reprendre les choses à zéro, mais chaque fois qu'elle les avait abordés, Sacha lui était apparue encore plus fragile et distante. Elle avait parlé du bordel avec un serpentard, et il n'avait aucun doute sur l'identité du type en question. Est-ce qu'elle savait à quel point c'était un euphémisme ? Elle avait eu l'air blessée aussi, en parlant de ça. Est-ce qu'il l'avait agressée à son retour ? Parce qu'elle ne se souvenait pas ?
Rien que cette pensée lui donna mal au ventre. Heureusement que Harry l'avait retenue lorsqu'elle s'était écroulée le soir de l'épreuve. Couverte de sang, en pleurs et murmurant des trucs incompréhensibles. Il avait eu mal, presque aussi mal que le jour où il avait compris à quel point elle pouvait être cruelle quand elle le voulait. Elle avait l'air malade, presque possédée par des esprits inconnus.
Cette Sacha était tellement solitaire. On aurait dit un animal sauvage prêt à mordre dès qu'on s'approche. Elle était pire qu'avant sur le sarcasme, mais sans faire mal injustement non plus. Uniquement lorsqu'on tente de l'approcher, en fait. Le garçon étira un sourire triste en repensant à ce qu'il avait compris. Elle voulait rejouer de la musique… Elle faisait une robe… C'était une toute autre personne. Et pourtant… ça ne changeait pas ce qu'elle avait fait. Ce qu'elle pouvait encore faire.
Une partition moldue pour apprendre le piano… Où est-ce qu'il allait trouver ça ? Il renifla à cause du froid. Son frère allait le tuer. Mais il ne pouvait pas s'en empêcher non plus. Fred ressentait le besoin d'aider Sacha. Comme elle avait aidé Harry et Luna. Il fallait le faire, c'était tout, même s'il n'y avait rien à gagner à la sortie.
« Frangin ? » Le rouquin contre le rocher soupira, pas vraiment à l'aise.
« J'allais pas te laisser seul. J'ai attendu près de l'infirmerie. Lee pense qu'on fait un truc en solo. »
« D'accord… Merci… » George ne répondit pas tout de suite, mais alla s'asseoir sur le rocher, au-dessus de son jumeau.
« Tu as eu ce que tu voulais ? » Il ne jugeait pas, il demandait seulement.
« Non. » Fred soupira. « J'en sais rien… »
« Ah ouais. C'est un carnage. Cette fille t'aura vraiment bousillé… Faut que tu arrêtes. »
« Non, c'est pas ça… » Il inspira longuement, avant de tenter de s'expliquer. « Tu te souviens d'oncle Howard ? » George fronça durement les sourcils.
« Ouais. Quel rapport ? »
« Les derniers jours… Quand il était… »
« Mourant ? » Osa le grand roux. Fred ne répondit pas à cela. Il poursuivit juste.
« Oui. Il était agressif et tout le temps seul. Il voulait de l'aide mais… Personne ne pouvait obtenir deux mots sans que ça parte en dispute. »
« Maman s'est pris tellement d'horreur dans la gueule, elle pleurait tous les soirs. »
« Ouais… J'ai la même sensation avec Sacha. Elle est calme, presque gentille, et dès qu'on approche, c'est une claque. Elle n'arrête pas de se cacher, se couvrir… Là… »
« Fred non. Non. Ok ? Tu ne peux pas retourner là-dedans, c'est clair ? Cette fille est dangereuse. Elle n'a besoin de personne, et même si elle est malade, ça ne te concerne plus. »
« Elle veut une partition pour apprendre le piano… » Il y eut un bruit mat, et Fred tomba à la renverse après s'être prit un coup de George.
oOoOoOo
Pourtant, alors que la nuit continuait de s'écouler lentement, et qu'on approchait minuit, que le 27 novembre n'allait pas tarder à naître dans l'obscurité, l'atmosphère changea brutalement. Les jumeaux avaient regagné leur dortoir, assurant à leur ami Lee Jordan qu'il finirait par connaître leur nouveau plan.
Mais, tandis que les garçons discutaient sur le lit à baldaquin de George, Fred contemplait la lucarne couverte de givre avec incertitude. Pouvait-on vraiment changer aussi radicalement que cette fille ? Pouvait-elle devenir une autre personne, en ayant oublié toutes les horreurs commises ? Son poing se serra.
Sacha O'Nigay était une jolie fille, intelligente, avec des yeux légèrement dorés, qui semblaient capables de vous promettre monts et merveilles. Cette même fille l'avait séduit l'année passée, jouant les maladroites pourtant cultivée et prête à rire. C'était la première personne, hormis son jumeau, mais ça ne comptait pas, à le reconnaître tout le temps.
Même si elle était plus jeune que lui de deux ans, il avait eu l'impression de découvrir une fille plus mature, plus drôle, aussi, que celle qui insultait tout le monde avec ses copines. Elle se cachait pour le voir, bien sûr, en même temps, ça n'était pas très correct non plus, et il aurait dû se douter que c'était étrange. Refuser de le voir en public, faisant comme si elle ne le connaissait pas… Et l'entraînant dans la tour d'astronomie, et dans le salon de divination pour l'embrasser ensuite.
La jolie brune avait été sa première petite amie.
Et sa première trahison aussi. Peut-être avait-il été naïf, trop, ou bien romantique. Il l'ignorait. Mais cette Saint-valentin lui restait encore en travers de la gorge. Il avait dit que c'était de l'histoire ancienne, mais lui tout comme George, savait. Non. Que Zabini les surprenne en train de s'embrasser dans les cachots, avait été la plus grosse surprise et déception qu'il ait jamais ressentie vis-à-vis de quelqu'un.
Fred pensait que Sacha se cachait parce qu'elle était trop jeune, parce que leur relation n'était pas juste platonique, qu'ils étaient allés loin dans la découverte de leurs corps. Et au rappel de son parfum sur sa peau, de ses baisers… Il perdit en couleur, se redressant du matelas. Sacha ne se cachait pas pour ça. Elle se cachait, parce qu'elle faisait exactement la même chose avec le serpentard depuis des mois. Et lorsque ce dernier les avait surpris… Lorsqu'il avait compris que la trahison était double, et que Fred avait senti son cœur transit se crisper.
Elle était partie. A la poursuite de ce connard en vert et argent. C'était lui qu'elle avait voulu rattraper. Lui. Et elle l'avait laissé au milieu des cachots, seul. La nausée le prit. Il avait rongé son frein par la suite, l'observant à la dérobée. Ils n'avaient jamais pu en reparler. Mais il les avait vu… Ils étaient restés ensemble.
Et lui, couillon, s'asseyait sur son amour propre.
Mais cette version-là ne se souvenait même pas de ça. Elle ne savait pas ce qu'il s'était passé entre eux. Elle le regardait juste comme un outil pratique pour la protéger, un farceur sympa, même pas comme un ami. Il savait que tout pouvait encore basculer, que cette fille-là pouvait disparaître du jour au lendemain en se souvenant de sa vie d'autrefois. Mais il ne pouvait s'empêcher d'espérer. Que cette version reste, et s'adoucisse. Parce que cette Sacha semblait incapable de trahir quelqu'un qui l'aime.
Un frisson le prit. Il se rapprocha de la lucarne, fronçant les sourcils et plissant les yeux pour voir au travers de la vitre givrée. Il semblait il y avoir beaucoup de neige, dehors. Ou bien était-ce son imagination ? ça tournoyait vers la tour d'astronomie. Un mauvais pressentiment le saisit à la gorge, comme un sanglot ancien.
« Forge ? Tu vas où ? » demanda son frangin en le voyant remettre des chaussures aussi rapidement que possible.
« Voir Harry, je reviens ! »
Et il laissa le duo ainsi, fonçant vers leur salle commune, et priant pour que le jeunot soit encore disponible. Heureusement, ce fut le cas, et directement, il lui fonça dessus.
« Harry, est-ce que tu. » Mais il baissa d'un ton, demandant la carte du maraudeur pour une vérification.
Et l'angoisse le submergea.
Le jeune gryffondor eu à peine le temps d'embarquer sa cape d'invisibilité avec lui pour suivre le frère de son ami, sortant de leur salle commune malgré le couvre-feu. Pieds nus, en plus, il le maudissait déjà.
Mais le garçon ne pouvait s'empêcher de craindre aussi le pire. Après avoir ramassé la serdaigle dans la grande salle, il avait lui aussi, senti cette détresse et cette fragilité qui l'entourait toute entière. Elle lui était apparue aussi blessée que Ginny après la chambre des secrets.
C'est une voix nasillarde, suivit d'un feulement outragé, qui permit au 4e champion de comprendre qu'ils étaient repérés.
« Elèves hors du dortoir ! » Rusard trottinait comme il pouvait derrière les deux fauteurs de trouble, sa lanterne à la main. Il avait senti étrangement, le besoin d'aller voir près de la tour, si des élèves ne faisaient pas n'importe quoi pour fêter encore un peu, la première épreuve du tournois. Mais deux pour le prix d'un, et en pleine course, il ne s'y attendait pas. C'était le jackpot !
La suite en revanche, l'obligea à revoir ses plans.
La porte de la tour claqua une première fois, signe que le trublion Weasley était arrivé le premier. Où était son clone, d'ailleurs ? Potter, lui, continuait de courir, appelant l'autre, en grimpant comme il le pouvait, les escaliers. Il trébucha.
Argus se pencha sur lui avec la dextérité d'un soldat pour se saisir de son bras et le soulever. Prêt à l'intimider.
« Potter ! Vous allez venir avec moi voir votre directrice, on va voir si elle apprécie votre sortie noct-»
Mais une voix masculine, lointaine, et horrifiée, le coupa net dans ses menaces.
« Sacha ne saute pas ! »
Le concierge posa ses yeux bruns globuleux sur Potter, et croisa les orbes émeraudes avec inquiétude. Tant pis pour la retenue à mettre à ces imbéciles, il fallait monter tout de suite. Et il poussa Potter dans les marches, presque, allant soudainement bien plus vite pour rejoindre le sommet de la tour.
Lorsque Harry, poussé par le concierge, ouvrit à son tour, la lourde porte battante qui menait à la salle la plus haute de la tour d'astronomie, et que l'air gelé s'engouffra dans leurs vêtements, la scène qui se déroulait sous leurs yeux apparut pourtant, bien plus glaciale que tout ce qu'ils avaient vécus jusque-là.
Sacha, vêtue uniquement d'un haut de pyjama noir, tremblait de tout son corps, debout sur la rambarde qui clôturait la salle. Une quantité phénoménale de sang s'écoulait le long de ses jambes pâles, sur ses mains, qui semblaient avoir gratté la terre, ou peut-être même une surface bien plus rigide. Les cheveux au vent, elle fixait vers l'intérieur de la tour sans réellement y voir. Pas même Fred qui essayait de la ramener à la raison tout en s'approchant à pas lent.
Ses yeux n'étaient plus noisette.
Ils étaient jaunes, à la limite du doré, et sans vie, tandis que perlait sur ses joues des sillons de larmes rouges.
« Sacha je t'en prie, arrête, regarde-moi ! descend de là, aller ! S'il te plaît. Reviens moi, d'accord ? ça ira… promis… » Il était obligé de hausser la voix entre deux, pour couvrir les hurlements du vent.
Rusard ne fit rien pour arrêter le rouquin qui s'approchait. Il retenait lui-même Harry Potter du bras, les yeux rivés sur sa nouvelle protégée dont il reconnaissait là, le problème.
Une augmentation de ses dons d'héritière. Ils l'avaient supposé tous deux la veille, déjà, lorsqu'il l'avait grondé d'avoir surréagit dans la grande salle. Que bien qu'elle ne soit pas une sorcière, la présence exacerbée de magie tout autour commence à affecter sa nature. Sacha O'Nigay était piégée dans une vision.
« Non… Il n'est pas là… Plus là… Nulle part… Je ne peux plus écrire, ni pleurer… Ils ont tout fait taire… » Et ses paroles complètement déboussolées ne lui disaient rien qui vaille. Que pouvait-elle voir au point que son corps veuille de lui-même, se jeter d'une tour ?Le vent se leva.
Une bourrasque souffla sur le corps déjà chétif, qui se mit à basculer en arrière. Les trois garçons poussèrent un cri d'effroi.
Le choc ne la réveilla même pas.
Suspendue dans le vide, le bras gauche déboité alors que Fred la retenait, vautré sur la rambarde, à moitié dans le vide lui aussi. Il eut toutes les peines du monde à la remonter, malgré l'aide d'Harry, et celle, étonnamment surprenante, de Rusard. Miss-Teigne miaula une première fois, non pas à l'adresse du cracmol, mais bien de détresse, en fixant l'adolescente dans les bras du rouquin. Les deux étaient désormais à terre, et le pyjama à rayures grises de Fred s'imbibait de sang à son tour.
« Potter, courrez prévenir Pomfresh que nous lui ramenons une élève. Miss-Teigne ! Suis-le. »
« Quoi ? » Harry releva la tête, complètement perdu. Il avait le droit de repartir comme ça ?
« J'ai dit, courrez prévenir Pomfresh, vous êtes sourd ou quoi ? dites-lui qu'on arrive, et qu'elle soit prête ! »
L'adolescent obéit, peu désireux de prendre une retenue, tout en se demandant quelle mouche avait piqué le concierge, pour qu'il se révèle soudainement amical envers un élève, voire même protecteur. Et tandis qu'il se mettait à courir en sens inverse, souffrant du froid, son esprit vogua vers la scène à laquelle il venait d'assister. Sacha O'Nigay avait tenté de se suicider.
Fred resta un moment agrippé au corps entre ses bras. Il l'avait senti. Il avait eu cette impression de mort imminente lorsqu'il lui avait parlé, quelques heures plus tôt. Mais il ne s'attendait vraiment pas à ça. Et là, inconsciente, pleurant du sang… Il en avait partout, elle aussi. Il avait eu si peur. La voir comme ça, vulnérable, basculant dans le vide. Il avait senti son cœur s'arrêter.
Et pourtant. Alors qu'il la tenait encore, à moitié nue entre ses bras, sous les yeux inquiets de Rusard qui le fixait avec autant d'incertitude que lui, devait le faire. Il s'en rendait bien compte. Sa peau n'avait pas la même texture. Son parfum était différent. Ferreux certes, mais surtout, volubile et florale, presque… magique. Et enfin, sa présence toute entière, son aura… Ce qu'il ressentait là, en la gardant, en la réchauffant.
Ce n'était pas Sacha dans ses bras. Il tenait une fille qu'il n'avait jamais rencontré de sa vie.
Reprenant leurs esprits, les deux plus âgés se fixèrent encore un instant, avant que Rusard ne vienne tenir la jeune fille à son tour, le temps que le grand roux se redresse. Mais aussitôt, et sans même avoir besoin de se concerter, Fred glissa son bras gauche sous les cuisses gelées et sanglantes de Sacha, tandis que le droit venait faire de même sous ses bras pour la soulever.
Le cracmol retira alors sa propre cape, un peu miteuse, et vint couvrir le corps de l'adolescente inerte. Il se pencha ensuite pour récupérer sa lanterne, le souffle court des efforts qu'ils venaient tous de fournir.
« Je passe en premier. »
Et Fred suivit pour la première fois, l'horrible concierge de Poudlard, de son plein gré.
En se réveillant, Sacha n'avait absolument aucun souvenir de cette nuit-là. Et personne, parmi ses trois sauveurs, ne vint lui en parler non plus. Pomfresh expliqua seulement qu'elle avait fait une énorme crise de somnambulisme, et qu'elle avait eu beaucoup de chance qu'on l'ait ramené avant qu'il ne lui arrive malheur.
oOoOoOo
Au fil des jours, la dernière semaine du trimestre devenait de plus en plus agitée.
Les rumeurs à propos du bal allaient bon entrain, et les discussions des dindes à propos de leurs cavaliers aussi. Ça parlait robe, danse, romance… Certains enseignants avaient laissé tomber, et laissaient les élèves s'amuser pendant les classes.
Du coup, j'en profitais encore plus pour dessiner, ou faire tout sauf les cours en question. Ça m'a permis d'avancer un peu la robe, puisque je cherchais de nouvelles méthodes pour la rendre bouffante, sans utiliser de jupon en ferraille, puis de faire quelques croquis des Sailors pour Luna.
Là, j'étais dans ma chambre sécurisée, avec mon tissu, ma pelote d'aiguille au poignet, et mes tentatives de coudre vers l'intérieur, pour que rien ne soit visible. Il ne restera plus qu'à mettre des perles le long du buste, juste sous les broderies que j'ai galéré à faire. Ces foutu cercles d'or, mais quelle connerie. Heureusement, Nora m'a aidé, en secret, pour faire le grand nœud féérique, sinon j'allais devenir folle.
Et Etonnamment, c'est Luna qui m'a donné une idée pour les épaulettes. Je savais plus ou moins comment elles étaient dans le manga, mais je voulais les rendre majestueuses et naturelles, pas… déguisement. Elle m'a dit de coudre en effet de feuilles mortes, et d'ajouter des filets de perles et des roses qui descendent sur les bras.
Je n'ai pas revu Fred en seul à seul. Et je pense même que les jumeaux m'ont évité, ces jours-ci. Parce que dans la grande salle, ils se mettent désormais toujours dos à la table de Serdaigle. Ceci dit, il n'y avait pas que ça qui me dérangeait. Paméla et Helen étaient revenues, bien sûr, pour les cours. Bien qu'elles ne fassent plus autant les malines, après un tel châtiment, et que personne ne cautionnait leurs actions révélées, ces filles restaient… Et bien. Elles-mêmes.
Et je suis leur cible.
J'ignore comment elles ont su que je ne me souvenais pas de ma crise enragée, mais depuis, je prends les insultes les plus incroyables de tout Poudlard. D'abord, je suis une traînée, ensuite une coincée, puis une voleuse, une malade mentale. J'ai eu droit d'être l'hypocrite, aussi, parce que je n'ai pas reçu la même sanction qu'elles deux. Sauf que, ça, je n'en suis pas responsable. Il va d'ailleurs falloir que j'aille manger. J'ai sauté le petit-déjeuner en prétextant avoir des nausées, Pompom ne laissera pas ça passer une seconde fois.
Cependant, c'est le cas. J'ai un retour de nausées depuis le retour des filles. Je ne me sens pas à l'aise, en danger. J'ai honte d'être. Tout simplement. C'est bête. Je me sentais forte, adulte, et je voulais protéger ceux qui ne le pouvaient pas. Mais… Dès que les insultes ont commencés à pleuvoir pour de vrai, je me suis écrasée. C'est con.
Protéger les autres, s'ignorer soi. Encore une fois, je suis ainsi. Incapable de me défendre toute seule, justifiant mes actions et celles de mes bourreaux. Et je me cache. Oui, j'avance sur ma robe, je peux dessiner, mais… Rien de tout ça ne me rend libre. Je suis encore plus prisonnière qu'à mon arrivée à Poudlard.
Heureusement que je n'ai plus certains cours, et que d'autres sont désormais inutiles. Je range un peu mon matériel, recouvre le mannequin, et quitte la chambre de l'infirmerie d'un pas lourd. Je ne me sens toujours pas à l'aise en jupe, même avec la robe de sorcier par-dessus. Il me faut des collants, et pas de jupe, vraiment… Mais ce n'est pas comme si j'avais le choix.
Faisant le chemin silencieusement jusqu'à la grande salle, j'essayais de me persuader que ça irait, mais… Je savais que ce n'était qu'une illusion. J'avais véritablement des nausées, et elles venaient des céphalées que je subissais encore.
Je ne me souviens pas de mon rêve de cette nuit, mais je sais qu'il était important. Comme lorsqu'on est dans l'urgence, qu'il y a un problème. Je me suis réveillée avec ces sensations, sans savoir pourquoi ni comment. Je sais seulement qu'y réfléchir m'a donné encore plus mal à la tête, et que je n'ai rien trouvé. Je suppose que c'est toujours mieux que d'être retrouvée au milieu de nulle part, comme la dernière fois, mais bon. Là non plus, je ne m'en souviens pas.
« Tiens, voilà la traitresse. » C'est la blonde qui m'accueille. Evidemment.
Mais je ne les regarde pas, je me contente de m'asseoir en bout de table, loin d'elles, et en face de Luna.
« Ça va aller… ? » Je redresse la tête, à la question de la petite blonde.
« Ça ira. J'ai juste mal à la tête, et la voix dégueulasse de l'autre me saoule, mais ça passera. » J'entendis ladite voix hausser le ton à mon adresse, m'appelant dégueulasse tout court. Tout juste baisable.
« Mais n'est-ce pas ce qu'elle fait, en même temps ? Se faire sauter par tous les ploucs du coin ? » Ok… ça fait mal. J'avais droit à ça, aussi, même après mes agressions, quand j'étais plus jeune.
« Ouais. Tu sais quoi ? J'ai plus faim, l'odeur d'O'Nigay m'a coupé l'appétit. » Les deux ricanent et se lèvent en chœur, avant de me lancer un regard menaçant auquel j'ai répondu brièvement.
J'ai levé ma fourchette pour avaler un bout de viande, quand on m'a bousculé sèchement, et ma main a tout envoyé voler sur la table à cause de ce geste.
« Oups ! Je ne suis pas désolée ! » De nouveaux rires. J'ai chaud à la tête, et je sens que je tremble un peu. C'est fou, je n'arrive plus à rien.
« Oh, tu trembles ? Tu veux aller pleurer dans les bras de ton dernier copain ? C'est lequel, d'ailleurs ? Je les confonds toujours ! »
« Hey, les vieilles biques, vous aimez les expériences ? Parce qu'on manque de cobayes ! » Entendis-je finalement, derrière moi. Lequel des deux est-ce ? Je n'en sais rien, mais après un bref échange entre les jumeaux et les connasses, ces dernières sont parties.
J'ai repris mon souffle, un peu, et j'ai essayé de manger, en ignorant les regards chargés de pitié tout autour de moi.
« Seul un miroir pourrait leur montrer leur pire cauchemar, tu le sais ? » La petite voix éthérée de Luna me fit grimacer un début de sourire.
« Je le sais… Merci… » J'avalais une bouchée de petits légumes, avant de soupirer. « Comment ce sont passés tes cours de métamorphose, aujourd'hui ? »
« Oh, ça va… Je n'aime pas trop quand on doit transformer des animaux, en objet inanimé, parce que je ne sais pas où ils vont, alors, mais je ne me suis pas trop mal débrouillée. Je préfère sortilège, cependant. »
« C'est cet après-midi, ça, non ? »
« Oui. Tu as appris mon emploi du temps par cœur ? »
« Presque. Disons juste que j'ai du temps libre et que mon cerveau retient n'importe quoi… »
« Comme tes visions ? » Je grimaçais de nouveau.
« Ouais, non. Ça… C'est plutôt ce que mon cerveau refuse de retenir en ce moment… »
« C'est à cause des joncheruines, ça cause beaucoup de stress. Et elles sont attirées par le gui. » J'allais répondre, lorsque j'entendit quelqu'un se racler la gorge derrière moi. Luna leva la tête, signe que la personne était grande, et je me tournais, avant de frissonner.
« Miss O'Nigay, veuillez me suivre dans le bureau du directeur. » Dit Rusard en tenant Miss Teigne, qui semblait vouloir bondir.
« Oh… D'accord… J'arrive. » Je saluais ma nouvelle presque amie, et quittais la grande salle en suivant le concierge. Mais à peine les portes se refermèrent derrière nous, que Miss-Teigne se retrouvait dans mes bras, cherchant des caresses.
« J'ai entendu les étudiantes… Comment te sens-tu ? »
« Pas génial… du tout. J'aimerais partir, mais je suis encore plus surveillée, comme tu le sais. »
« Oui… J'ai sondé le directeur, il pense devoir te garder le plus possible, que tu es un danger pour toi-même… Fuir l'école sera compliqué. »
« Je ne sais pas pourquoi ils pensent tous ça, comme si j'allais me changer en spectre, tiens… » Mon ami me regarda bizarrement à cet instant. Comme si les paroles qu'il venait de prononcer étaient légèrement en accord avec ses pensées. Il me parut inquiet pour moi. Sincèrement.
La salle commune des gryffondor était particulièrement calme comparée aux soirs précédents. Il y avait quelques filles dans les canapés, d'autres près des cheminées. Deux cartes furent posées sur le château de bataille explosives, et ce qui devait arriver, arriva. Le château explosa, laissant Ron couvert de suie et les sourcils légèrement brulés.
« Bravo Ron, tu es très bien comme ça… ça ira très bien avec ta tenue de soirée ! »
C'était Fred et George. Ils s'assirent avec eux à la table tandis que Ron se tâtait les sourcils pour évaluer les dégâts.
« Ron, on peut t'emprunter Coquecigrue ? » Demanda George.
« Non, il est en train de porter une lettre » répondit Ron. « Pourquoi ? »
« Parce que George veut l'inviter au bal » dit Fred d'un ton narquois.
« Parce qu'on veut envoyer une lettre, sombre idiot. » rétorqua George, en lançant un regard étrange à son jumeau.
« À qui écrivez-vous comme ça ? » Demanda le plus jeune de leur fratrie.
« Ne met pas ton nez dans nos affaires, sinon je te le brûle aussi » menaça Fred en sortant sa baguette. « Alors… ? Vous avez des filles pour vous accompagner au bal ? » La question lui valut un regard légèrement courroucé de son frère, une fois de plus.
« Non… » Répondit Ron.
« Tu ferais bien de te dépêcher, vieux, sinon il ne restera plus que les moches. » Se permit Fred.
« Et vous, vous serez avec qui ? » Le regard de George pesa sur Fred, mais ce dernier répondit Franchement.
« Angelina. »
« Quoi ? Tu lui as déjà demandé ? »
Et Fred le fit à cet instant précis, récoltant un petit sourire de la joueuse de Quidditch qui discutait avec Alicia Spinnet. Lorsqu'ils quittèrent la pièce cependant, laissant les garçons traumatisés à l'idée d'être seul pour le bal, George était rassuré. Fred irait avec Angelina… Il n'avait pas demandé à O'Nigay. C'était pour le mieux. Il s'en voulait de brimer son double mais… Il ne pouvait pas s'en empêcher. C'était ce qu'il fallait faire pour le protéger.
