Bonjour à toutes et à tous !

Après avoir fait connaissance avec le héros de notre histoire, voici que nous croisons la route de l'antagoniste !

Bonne lecture !


Chapitre 2 : La Proposition

Rien qu'avec les liasses de billets, ils avaient récupéré dix mille dollars. Les bijoux, revendus à un receleur de leur connaissance, rapportèrent dix mille autres dollars, ce qui leur permit de rembourser Stane et ses sbires. Il leur restait donc une demi-douzaine de petits appareils électroniques et des montres pour leur profit personnel. Ainsi que la lampe. Pour une raison ou une autre, Tony voulait la garder. Il possédait un service à thé marocain, qui avait appartenu à sa mère, et qui était une des seules pièces de décoration de son appartement. Il trouvait que la lampe allait parfaitement avec. Le service à thé en cuivre ciselé lui rappelait sa mère, qui aimait recevoir ses amies autour d'un thé à la menthe. Lui ne s'en servait jamais, mais les objets avaient revêtu une valeur émotionnelle forte, et il ne pouvait plus s'en séparer.

Seul chez lui, Tony porta une attention plus particulière à la lampe à huile. Les ciselures étaient très différentes de celles du service à thé. Il prit des photos avec son téléphone portable et chercha sur internet.

La lampe avait une forme de bec, classique, tel que l'imaginaire collectif, imprégné de films Disney, se l'imaginait. La forme était simple, sans fioriture, avec une anse large, un long bec, et un couvercle. Tony tenta de l'ouvrir, mais impossible de le soulever. Sur le couvercle plat était gravée une scène, où un homme debout brandissait une sorte de lance vers un autre homme à genoux, le visage vers le sol. Le dessin était stylisé, entortillé dans des entrelacs complexes. Le contour de la lampe était plus classique, une simple frise courait tout du long.

Internet et Google Image l'informèrent que les entrelacs et autres motifs gravés sur la lampe étaient typiques de l'art scandinave et de l'époque viking. Il y avait aussi des inscriptions à demi-effacées, dans un alphabet qu'il ne connaissait pas. Il continua ses recherches, apprenant que les Vikings ne produisaient pas ce type de lampe, en tout cas pas cette forme, beaucoup plus caractéristique du Moyen-Orient. Était-ce une commande ? Que lui valait l'honneur d'être placée dans un coffre-fort ?

Tony bâilla et abandonna ses prospections. Il posa la lampe au milieu du service à thé et alla se coucher.

Happy et Rhodey arrivèrent en fin de matinée, alors que Tony était encore en caleçon, à demi réveillé.

« T'abuses Tony ! s'exclama Rhodey en lançant un grand sac de sport sur le canapé défoncé du petit appartement. On devait s'occuper du matos aujourd'hui !

— Ouais, ouais, je suis levé, hein. Laissez-moi juste prendre une douche et je suis à vous. »

Le jeune homme fit languir ses amis le plus longtemps possible, prenant le temps de se laver le corps, les cheveux, puis de passer à l'étape de taillage de barbe. Sa pilosité faciale était un sujet sensible. Tony s'était rasé pendant très longtemps, depuis presque le début de l'adolescence. Il avait décidé récemment de se faire pousser un bouc, et en cherchait toujours la forme parfaite pour son visage, ce qui n'était pas une mince affaire. Rhodey se moquait régulièrement de lui, mais Tony n'en avait que faire. La classe, ça s'entretenait.

Devant le miroir, concentré sur son rasage, il sursauta quand Rhodey, impatient, frappa de grands coups dans la porte en mauvais contreplaqué.

« J'arrive, putain ! jura-t-il à l'encontre de son plus vieil ami.

— T'es pire que ma meuf !

— T'as pas de meuf, fit remarquer placidement Happy un peu plus loin, la voix étouffée par la porte et la distance.

— Ouais, ben si j'en avais une, Tony serait pire qu'elle. »

Ledit Tony finit par sortir, un jeans sur les hanches, mais sans t-shirt. Il fouilla dans les coussins du canapé, avant de trouver un vieux t-shirt promotionnel pour le groupe Black Sabbath, et l'enfiler.

« Ok, je suis prêt, tu peux arrêter de râler. T'as le matos ? »

S'en suivit une heure de bidouillage de la part de Tony pour redonner une nouvelle vie aux tablettes et ordinateurs qu'ils avaient volé la veille. Quand il en terminait un, il le donnait à Rhodey et Happy qui se chargeaient de mettre une annonce de vente en ligne, et d'imprimer de faux certificats et de fausses factures. Puis Happy aborda le sujet qui fâchait.

« On fait quoi à propos de la drogue ?

— On arrête, répondit Tony un peu sèchement. J'en peux plus de cette merde. On est passé trop près de la taule la dernière fois. Pas question que j'y mette les pieds. Mes vieux se retourneraient dans leur tombe.

— Les trucs informatiques, ça rapporte pas assez pour trois, contredit Rhodey. Ma sœur va bientôt finir le lycée, j'aimerais beaucoup qu'elle puisse faire des études. Elle cartonne en sciences. Mais il faut du pognon.

— La drogue c'est trop dangereux, je suis d'accord avec Tony, intervint Happy. Faut qu'on trouve autre chose.

— J'ai peut-être quelque chose, dit Tony. C'est moins dangereux que la vente dans la rue, mais on risque gros si on se fait gauler. Je dois voir Stane ce soir à ce propos.

— 'Tain, crache le morceau, s'impatienta Rhodey.

— Piratage informatique à grande échelle. Banques en ligne, comptes , ce genre de choses.

— Tu sais faire ça toi ? s'étonna Happy.

— Ouais, j'ai fait un peu de piratage. Tu me connais, il suffit que je me force deux, trois jours, et je deviens un expert.

— Je vois pas où on intervient, admit Rhodey. C'est un job pour toi, pas pour nous.

— À côté, on continue notre business de base. Je vous laisserai tous les bénefs des ordis. »

Rhodey s'appuya contre le dossier de sa chaise et regarda longuement Tony.

« Tu penses pouvoir continuer le trafic d'ordi et t'occuper des missions que te donnera Stane ? Tu es très optimiste.

— Je sais pas, soupira Tony. Je sais même pas l'ampleur de ce qu'il va me demander. Peut-être que ce sera que des trucs faciles et courts. Peut-être pas. J'en sais rien.

— Je vois ce que toi tu y gagnes, continua Rhodey, mais je ne vois pas ce que nous on y gagne.

— Je devrais refuser, c'est ça que tu me dis ? 'Tain, Rhodey, tu sais ce que ça veut dire refuser une offre de Stane ? On a fait le casse de la villa pour pas avoir de dette et rester en vie !

— Tu crois vraiment que te mettre directement au service de Stane, ça sera mieux pour toi ? s'énerva Rhodey.

— Parce que tu as l'impression qu'on est pas à son service peut-être ? 'Tain ! Toute la ville est à son service ! Les flics, les juges, même le putain de maire ! »

Tony s'était levé et faisait les cent pas dans le petit salon.

« Les rumeurs disent que Stane a des vues sur les capacités de Tony depuis très longtemps, et qu'il attend qu'un faux pas de sa part pour l'attacher à lui, lâcha platement Happy. »

Rhodey eut une exclamation désabusée.

« J'ai pas fait de faux pas.

— Le casse était un putain de faux pas, répliqua Rhodey.

— Hammer est pas un pote de Stane, contredit Tony.

— Ils font quand même affaire ensemble. Tu crois quoi ? Que les salauds se connaissent pas entre eux ? Décroche de tes écrans et reviens dans le monde réel Tony. Si Stane veut que tu bosses pour lui directement, il fera pression, jusqu'à ce que tu acceptes. Ou on retrouvera ton corps sur une plage un jour. En attendant, ça nous dit pas ce qu'on peut faire, nous, si tu bosses pour Stane. La drogue, c'était pas mal, on peut le faire à deux.

— Je fais plus ça, répondit Happy. Pas question. Le risque est trop gros, et les flics nous surveillent. Stane est intéressé que par Tony. Il le fera sortir s'il se fait gauler, mais pas nous.

— Alors, quoi ? On se cherche un boulot ? T'as peut-être une chance, mais pas moi. »

Tony se frotta le visage avec les mains.

« On va attendre de voir ce que me propose Stane. Je peux peut-être vous négocier quelque chose. »

Les deux autres ne parurent pas convaincus, mais ils n'avaient pas d'autre alternative.

« Tu l'as gardée ? fit Rhodey pour changer de sujet. »

Du menton, il pointa le plateau supportant le service à thé de Maria Stark, au milieu duquel se trouvait la lampe à huile en bronze.

« Ouais. Impossible de trouver quoique ce soit dessus. J'en suis venu à croire que c'était une commande pour Hammer. Une lampe orientale avec des décorations vikings. Ce type a aucun goût.

— Dommage. Ça aurait pu valoir du fric. Elle rend bien, là, j'imagine. J'espère pour toi qu'elle a réellement aucune valeur, parce que sinon, Hammer pourrait bien vouloir la récupérer. Et vu qu'elle est chez toi, en évidence-

— Arrête de parler de malheur. Bon, je vous vire. Faut que je finisse de me préparer pour ce soir.

— Mais qu'est-ce que tu racontes, c'est dans plusieurs heures !

— Justement ! J'aurai le temps de peaufiner mon bouc. Allez ! Dehors ! »

Ils s'insultèrent encore un peu gentiment, puis Tony promit de les appeler le soir même, et enfin Rhodey et Happy s'en allèrent vaquer à leurs propres occupations.

Tony n'avait pas du tout l'intention de se préparer aussi tôt pour son rendez-vous avec Stane. A la place, il s'affala sur son canapé, une bière à la main, alluma la télévision, et prit son téléphone. Il alluma Tinder. Il avait deux messages en attente d'une jeune femme de Hialeah, Carina, à qui il parlait depuis une petite semaine.

Pourquoi pas aller boire un verre ce weekend ?

On peut passer par SMS, ce sera plus pratique, je pense.

C'était clairement un reproche. Elle en avait marre de languir en attendant que Tony se connecte. Il envoya son numéro de téléphone et quelques minutes plus tard il recevait un texto.

C : Hey, c'est Carina. Tu as eu mon message finalement. Tu as pas la 4G ou quoi ?

Il enregistra le nouveau numéro comme appartenant à Carina Tinder, puis répondit.

T : J'ai pas beaucoup de forfait internet. Du coup je coupe les données quand je suis pas chez moi.

Puis il ajouta quelques secondes plus tard :

T : Comment ça va depuis hier ?

Il abandonna son téléphone momentanément pour aller se chercher une part de pizza froide au frigo. Sur le canapé, ça vibra deux fois. Il mordit à pleines dents dans la tranche qu'il tenait entre les doigts et retourna sur le canapé. À la télévision, un homme en costume donnait les prévisions météorologiques, promettant un weekend radieux pour Miami.

C : Qu'est-ce que tu penses de se voir en vrai ce weekend ?

C : Je connais un bar sympa dans Midtown. Ça te dit ?

Tony répondit que pourquoi pas, ça pourrait être sympa. Il regarda autour de lui et se fit la réflexion que s'il voulait ramener Carina chez lui, il avait intérêt à faire un brin de ménage, pour ne pas la faire fuir à toutes jambes. Il se promit de s'en occuper le lendemain.

Il finit sa bière puis attrapa son ordinateur. Depuis quelque temps, il passait son temps libre à coder une petite application pour téléphone. Rien de très complexe, ni de révolutionnaire, mais il espérait pouvoir tirer un petit revenu, légal cette fois, de son programme. Le monde de l'application sur mobile était devenu une jungle, mais Tony espérait que par bouche-à-oreille, il parviendrait à un petit quelque chose. Cela occupa le reste de son après-midi, puis il fut l'heure pour lui de se préparer pour rejoindre la villa de Stane, à Fort Lauderdale.

C'était un bâtiment immense, luxueux et sans âme, exactement comme son propriétaire. Stane dépassait Tony d'une bonne tête, portait des costumes sur mesure qui devait coûter le prix d'un immeuble à Little Haiti, et n'hésiterait pas à le poignarder lui-même s'il comptait le trahir. L'homme chauve, un cigare à la bouche, impressionnait Tony, même si celui-ci tentait de ne pas le montrer. Stane se leva et écarta les bras.

« Tony ! s'exclama-t-il en abattant ses deux immenses mains sur les épaules du jeune homme. Je suis ravi de te voir, Tony ! Comment vas-tu ? Tu dois te demander pourquoi je t'ai fait venir directement chez moi, n'est-ce pas ? Viens, viens, entre, mets-toi à l'aise. Tu veux quelque chose à boire ? Bien sûr que tu veux à boire. Un whisky pour Tony. »

Tony accepta le verre de whisky, surpris par l'accueil jovial peu naturel.

« Tu es un bon élément, Tony, reprit Stane en le faisant asseoir dans un canapé à côté de lui. Ce petit incident avec le dernier colis, c'est pas grave. Vous avez payé, tout est rentré dans l'ordre. Mais j'ai l'impression que tu es celui qui a le plus d'avenir dans votre petit trio. Garrett t'a peut-être déjà renseigné, mais j'ai de grands projets pour toi Tony.

— Dans le piratage ?

— Exactement ! Garrett a fait passer le message. Bien sûr, de petites cibles au départ. On ne va pas tenter le diable tout de suite. Voilà le deal : je te fournis du matériel de pointe, la connexion la plus sécurisée de la ville, c'est ici, tu l'auras peut-être deviné. En échange, je te donne les cibles, et tu t'en charges.

— Je sais pas, c'est risqué le piratage. Et puis, j'veux pas laisser tomber Happy et Rhodey. »

Stane leva les yeux au ciel et grogna.

« Les amis, ça va ça vient. Hogan et Rhodes sont des boulets pour toi. Ils freinent ton potentiel. Tu es un génie Tony ! Tu as un intellect supérieur. Ne t'embarrasse pas de ceux qui ne veulent que profiter de toi. Je t'offre une opportunité en or. »

Tony resta silencieux, les pensées contradictoires tournaient dans sa tête. Ses amis n'étaient pas des parasites. Il était le cerveau de l'équipe, mais ils avaient tous leurs qualités. Happy était toujours content de donner un coup de main, et Rhodey lui permettait de garder les pieds sur terre et lui rappelait de payer ses factures. Ce n'était pas honnête de dire qu'ils profitaient de lui. Et Stane alors ? N'essayait-il pas de profiter de Tony d'une certaine façon ?

Honnêtement, Tony se sentait piégé. Il ne pouvait plus sortir de l'influence de Stane. Celui-ci était beaucoup trop intéressé par son potentiel pour le laisser vivre sa vie tranquillement. Ne restait qu'à obéir maintenant, et préparer un plan de secours au cas où les choses tourneraient mal. Car elles allaient mal tourner un jour ou un autre.

« Concrètement, c'est quoi que vous avez en tête ? »

Stane eut un sourire prédateur beaucoup trop grand pour être rassurant.

« Tu vas voir, c'est très simple. Je suis sûr que tu vas faire des merveilles. »

Tony rentra chez lui dans la nuit, épuisé et un peu effrayé. Stane voulait l'utiliser pour détruire numériquement ses opposants. Vider leurs comptes bancaires. Pirater leurs réseaux sociaux. Lire leurs mails. Écouter leurs conversations téléphoniques. Pister chacun de leurs trajets. Et c'était lui, Tony qui allait faire tout le sale boulot.

Il se laissa tomber dans son canapé en poussant un profond soupir et se tortilla pour sortir son téléphone de sa poche arrière. Il vérifia la qualité de l'enregistrement audio et sourit. Au moins, il aurait des preuves.

Il était vraiment tard, mais il envoya quand même un message à Carina.

T : Demain soir, 20h30, tu choisis le bar ?

Il espérait pouvoir se détendre un peu. Puis il se rappela qu'il allait avoir du ménage à faire, et cela finit de le déprimer.


Tony est-il crédible en Aladdin ? Dites-moi ce que vous avez pensé de ce deuxième chapitre !