Bonjour à toutes et à tous !

Vous l'attendiez avec impatience ! Le moment est venu ! Loki arrive !

Enfin, quand je dis qu'il arrive... en réalité, il était là depuis le début !


Chapitre 3 : La Lampe

Tony se réveilla beaucoup trop tard pour faire tout ce qu'il voulait avant son rencart. Il gémit pitoyablement dans son lit, n'ayant aucune envie de se lever. Il envisagea de décommander. De poser un lapin. De ne pas ramener la fille chez lui. Il finit par se motiver assez pour mettre un pied hors du lit, et au moins se faire du café. Beaucoup de café.

Il avait mal dormi. La proposition de Stane tournait dans son esprit, même après toutes ces heures à dormir. Tony connaissait les rumeurs, de protégés qui avaient voulu se détacher de l'influence du parrain de Miami et qui l'avaient payé de leur vie. Rien que d'y penser, il avait des sueurs froides. Faire le sale boulot informatique de Stane ne le tentait pas du tout.

Décoiffé, en caleçon et torse nu, il alluma la cafetière électrique bon marché qu'il possédait et regarda au frigo ce qu'il pouvait manger. Il ne trouva rien de comestible dans l'immédiat. Le pot de crème datait déjà de plusieurs semaines, et développait certainement son propre microcosme. Dans un placard il trouva des biscottes molles, qu'il mâchonna lentement en tentant d'oublier le goût infect de pain pas frais pendant que le café filtrait. Enfin, il put se servir une grande tasse dans un mug ébréché, et décida d'aller la boire sur son canapé devant la télé. Mais le destin devait être de mauvais poil, car il trébucha sur une canette vide qui traînait dans la cuisine. Son mug bouillant à la main, il eut le réflexe de l'envoyer loin de lui pour ne pas se brûler et quasiment l'intégralité de son café se renversa sur le service à thé de sa mère. Le mug rebondit, faisant tomber la lampe et deux tasses en bronze, et se fracassa sur le carrelage.

Heureusement, Tony ne se fit presque pas mal, mais il jura copieusement, insultant la canette, le sol, le mug, le service à thé, les matins qui finissaient trop vite, les enfants qui jouaient dehors et l'univers tout entier tant qu'il y était. Son mug ébréché était mort, éclaté en cinq morceaux et des poussières sur le carrelage sale, dans une mare de café clair, décédé sur le coup, sans souffrance.

Tony tenta de balayer les morceaux, mais le café imbiba les poils du balai, salissant encore plus le sol et le faisant jurer à nouveau contre les balais en poils et pas en silicone, le café froid, les morceaux de faïence, le karma, les éboueurs qui eurent la malchance de passer sous sa fenêtre, et tous les dieux de tous les panthéons possibles.

Il ramassa donc les morceaux les plus gros à la main, avant d'éponger ce qu'il pouvait des traînées de café sur le carrelage. Il se coupa le bout du majeur droit avec un minuscule morceau du mug évidemment, et comme les extrémités, ça saigne fort, il en mit partout. Il jura donc contre la peau fragile, les éclats de faïence traîtres, le sang trop rouge, le carrelage trop blanc, le chien du voisin qui se mit à aboyer sans raison apparente, Miami, et la chance qui avait décidé d'aller voir ailleurs ce jour-là.

Finalement, après avoir enroulé un pansement autour de l'extrémité de son majeur, et être parvenu à nettoyer la majorité du sol, il put passer au plateau rempli de café. Il le vida dans l'évier et rinça rapidement toutes les tasses et la lampe, puis passa à l'essuyage, reposant chaque tasse minutieusement à sa place sur le grand plateau. Puis il se saisit de la lampe et commença à l'essuyer également.

La lampe se mit à briller.

Surpris, Tony faillit la lâcher, et la posa précipitamment sur la table de la cuisine. Il cligna des yeux, les frotta, pas certain d'être complètement réveillé.

La lampe brillait d'une lueur dorée, très jolie et très flippante. La lueur s'intensifia jusqu'à devenir une véritable lumière éblouissante. Tony protégea ses yeux comme il le put, avec ses mains et ses bras, puis soudainement, tout s'arrêta. Aveuglé, Tony cilla plusieurs fois pour chasser les points noirs de son champ de vision. Quand il regarda à nouveau la cuisine, il n'était plus seul.

« Putain de bordel de merde ! »

Il se recula violemment contre l'évier, tâtonnant pour trouver de quoi se défendre.

Il y avait quelqu'un avec lui dans la cuisine. Une personne habillée d'un costume noir, chemise noire, cravate noire. Une personne aux longs cheveux noirs qui tombaient sur ses épaules. Une personne à la peau bleue et aux yeux rouges.

« Putain de bordel de merde ! répéta Tony.

— J'avais compris la première fois, humain, dit l'apparition.

— T'es qui putain ? Et t'es rentré comment ?

— C'est toi humain qui m'a introduitæ dans ta maison. Je suis Loki, le génie de la lampe. »

Tony cilla puis explosa dans un rire nerveux, à s'en faire pleurer. Torse nu, en caleçon, éclaboussé de café, Tony rit comme jamais il n'avait ri.

« Je vais me réveiller, hoqueta-t-il. Je vais retourner me coucher et quand je me réveillerai, tout sera revenu à la normale. Ouais, je vais faire ça.

— Je suis parfaitement réelæ, humain, répliqua l'apparition bleue d'un ton agacé. Je suis ici, dans ta très humble demeure. Si tu me touchais, tu sentirais ma chair. Mais je te déconseille de le faire, si tu ne veux pas que je te casse le bras.

— Et quoi ? J'ai trois vœux à exaucer ? Comme dans Aladin ?

— C'est très grossièrement dit, mais c'est l'idée générale en effet. Je peux exaucer trois de tes vœux. Cependant, ce n'est pas aussi simple que cela en a l'air. Je ne suis pas tout-puissantæ, loin s'en faut. Et je n'ai jamais servi le moindre Aladin, en mille ans d'asservissement, que cela soit dit.

— Asservissement ? bégaya Tony qui ne comprenait pas ce qui lui arrivait.

— Oui, humain. Asservissement. Au cas où ce ne serait pas évident, je ne donne pas trois vœux par générosité. J'y suis obligæ.

— Tu parles très étrangement. Pourquoi tu dis "obligè" ou "puissantè" ?

— Je n'ai rien dit de tel, humain, s'impatienta l'apparition.

— Ah, si je t'assure ! »

L'apparition eut l'air de réfléchir.

« Oh, oui, j'avais oublié. Apparemment, c'est un problème de traduction.

— De traduction ?

— Eh bien, oui. Tu ne crois tout de même pas que je parle l'humain. Ma magie fait la traduction. Dans ma langue, j'utilise le neutre pour parler de moi. Ça passe mal à la traduction.

— Ok, ok, stop. Pause. Temps mort. Ça va trop vite, et j'ai même pas bu mon café. »

Tony tourna le dos à l'apparition, en priant très fort pour qu'elle disparaisse. Il se resservit dans un nouveau mug. À la réflexion, il ajouta une lichette de whisky, puis compta mentalement jusqu'à dix et se retourna. L'apparition n'avait pas disparu. Déprimé, Tony avala la moitié de son café et se brûla la langue et la gorge.

« Ok, donc pour résumer, tu étais kéblo dans la lampe, tu en es sorti parce que, parce que, et maintenant tu m'offres trois vœux parce que tu es obligé de m'offrir trois vœux. Et tout ça est magique. Où est la caméra cachée ? C'est un coup de Rhodey, c'est ça ? »

L'apparition leva les yeux au ciel en soupirant.

« Tu ne veux pas t'habiller avant de faire quoi que ce soit d'autre ? C'est très gênant. »

Tony, imaginant pendant un instant être filmé, piqua un fard et se précipita dans la salle de bain. Dix minutes plus tard, il était lavé et habillé, et l'apparition était toujours dans son appartement, dans le salon cette fois-ci.

« Tu vas rester là longtemps ? C'est vachement bien fait comme maquillage, n'empêche. »

Le regard de l'apparition se fit glacial.

« Ce n'est pas du maquillage, humain. C'est ma vraie peau. Ma peau de naissance. Et tout ceci n'est pas une farce. Je suis réellement magique et je te propose réellement trois vœux.

— La magie, ça n'existe pas. »

L'apparition, qui se trouvait de l'autre côté de la pièce, s'évapora littéralement dans un nuage vert et doré, pour réapparaître juste à côté de Tony. Celui-ci sursauta et poussa un cri suraigu.

« Putain de bordel de merde !

— Quand j'affirme maîtriser la magie, ce ne sont pas des paroles en l'air, humain, dit l'apparition avec un sourire mauvais. Convaincu ? »

Tony dut s'appuyer contre le chambranle de la porte pour ne pas tomber, et reprendre son souffle.

« Putain de bordel de merde ! jura-t-il encore.

— Tu te répètes. C'est une chose que j'ai remarquée, tu te répètes souvent. Et tu me fais répéter. C'est très déplaisant.

— Peut-être parce que c'est un peu dur à avaler ? Non, mais, la magie quoi ! Putain ! C'est pas censé exister d'abord ! Comment tu fais ça ?

— Je me concentre sur ce que je veux. Ma magie fait le reste.

— Le coup des trois vœux devient un peu plus réaliste maintenant, j'avoue. Où est l'arnaque ?

— J'ignore de quoi tu parles, humain.

— L'arnaque, le truc. Trois vœux, rien que pour moi. C'est trop beau pour être vrai. Il y a forcément quelque chose, les petites lignes en bas du contrat. Je demande trois vœux et tu possèdes mon âme à la fin ? »

L'apparition eut un sourire mauvais.

« Rien d'aussi extrême.

— Donc, il y a bien une arnaque.

— En vérité, il ne suffit pas de faire un vœu. Il faut qu'il soit réalisable. Je ne ressuscite pas les morts. Je ne peux pas faire tomber une personne amoureuse d'une autre personne. Je n'offre mon corps à personne.

— Putain, ça sonne comme du vécu.

— Trop de fois réclamé malheureusement. Ensuite, faire un vœu n'est pas suffisant. Tu ne peux pas souhaiter être plus fort par exemple. Mais tu peux demander à ce qu'à chaque entraînement, ton potentiel s'accroisse.

— Donc, si je demande à être riche, ça va pas marcher ?

— Non. Par contre, tu peux faire quelque chose pour gagner de l'argent, et je peux forcer la chance. Comment penses-tu que Justin Hammer a fini riche à millions ? Alors qu'il n'a aucun talent.

— Ben ça ! C'est pour ça qu'il gardait la lampe dans un putain de coffre-fort ! Ça a beaucoup plus de sens maintenant !

— Hammer avait des projets, je les ai fait réussir. C'est aussi simple que ça.

— Et ses autres vœux ?

— Rien de très original. Être désirable auprès des femmes. Il n'avait pas fait son troisième vœu.

— Mais ça fait combien de temps qu'il avait la lampe ?

— Je l'ignore. Quelle est la date d'aujourd'hui ?

— 3 novembre 2017.

— Dix ans. À deux ou trois ans près.

— Et il te gardait dans un coffre ? Mais, tu pouvais pas sortir ?

— Ce n'était pas dans mon intérêt. »

Quelque chose dans la voix de l'apparition stoppa le flot de questions qui franchissait les lèvres de Tony. Quelque chose lui disait que Hammer était loin d'être une agréable compagnie.

L'apparition s'était installée dans le canapé, dans une posture flegmatique.

« Tu as dit que c'était quoi ton nom ?

— Loki.

— Ok, Loki. Comment tu as atterri dans une lampe à huile ?

— C'est une longue histoire dont la narration ne m'enchante guère.

— D'accord. Sur quoi j'ai le droit de poser des questions ?

— Sur rien. Je t'octroie le droit de formuler trois vœux. Je ne suis pas de nature généreuse. »

Tony marmonna qu'il avait remarqué, merci beaucoup, et se mit à réfléchir.

Il repensa à sa rencontre la veille avec Stane, et à la manière dont il pourrait échapper à ses griffes tentaculaires. Il repensa à ses rêves, ceux d'avant le décès de ses parents, quand il voulait être ingénieur. Il repensa à ses deux meilleurs amis, sans qualifications, sans espoir d'avenir meilleur. Il regarda son petit appartement miteux, aux murs sales et aux meubles brinquebalants. Il pensa à toutes ses connaissances mortes d'overdose, de règlement de compte ou juste disparus sans laisser de trace. Il imagina un instant la vie idéale qu'il s'était toujours interdit de rêver. Il s'imagina à la tête de sa propre entreprise, avec sa propre assistante de direction, sa secrétaire, son chauffeur, et même, pourquoi pas, un majordome. Il s'imagina employer ses amis et les sortir du besoin. Il s'imagina voguer de succès en succès, toujours plus riche et intouchable. Il s'imagina libre de toutes contraintes, libre de Stane et de ses manigances, libre de la justice et de ces flics qui leur pourrissaient la vie.

Mais pour s'assurer de mettre son ancienne vie de côté, il allait devoir être minutieux. Le moindre faux pas pourrait lui être fatal. Leur être fatal, à lui et ses deux amis. À lui, ses deux amis, et toutes les personnes à qui ils tenaient.

Dans un premier temps, il leur faudrait se mettre à l'abri, loin de Stane et de son influence. New York lui paraissait une bonne alternative. Des millions d'opportunités attendaient certainement au sein de la grosse pomme. Mais pour ça il leur faudrait quitter tout ce qu'ils avaient toujours connu. Ce serait difficile de convaincre les deux autres, surtout Rhodey qui devrait également faire déménager sa mère et sa sœur. Tout ceci sous le nez de Stane qui allait vite s'impatienter.

En parlant du diable, Tony reçut un message du parrain de Miami qui lui demandait s'il avait réfléchi à sa proposition. Tony décida de ne pas répondre tout de suite. Mais aussitôt qu'il eut replacé son téléphone dans sa poche, il reçut un nouveau message, de Carina cette fois, qui lui proposait un bar où la rejoindre dans quelques heures. Tony devait admettre avoir complètement oublié son rendez-vous. Il n'avait plus du tout la tête à ça.

Dans son esprit tournaient les différentes étapes de son plan pour une vie meilleure. Le plus dur serait certainement de choisir les bons mots.

« Mon premier vœu est… »


Quel est donc ce vœu que Tony s'apprête à faire ? Cela suffira-t-il à le sortir d'affaire ?

Vous avez pu remarquer que Loki se genre au neutre dans cette fanfiction. J'espère que ça ne vous a pas trop choqué. Iel se genrera au neutre dans toute l'histoire, mais les personnages le feront à des degrés divers, donc il est possible qu'il y ait quelques incohérences, dues à mon inattention.

A bientôt !