Final Fantasy VII appartient à Square Enix. Merci de ne pas reposter cette histoire ailleurs sans m'en informer. Tout vol ou plagia sera signalé. Merci.
Chapitre 2
Pendant les jours qui suivirent, Cloud garda son téléphone sur lui en permanence. Il vérifiait sa boite vocale bien plus qu'à l'ordinaire de peur de manquer un message de Reeve. De temps en temps, il lui faisait par des dernières découvertes. Ils avaient retrouvé le labo dans lequel Sephiroth prétendait s'être réveillé. Vincent y avait fait un tour en pleine nuit, pour s'assurer que les membres de la WRO n'aient rien manqué, avait-il justifié. Mais Cloud savait qu'il voulait juste vérifier les informations par lui-même. Mais pour l'instant, tout concordait avec le récit de l'ancien général. Ils avaient retrouvé le caisson dans lequel il avait dormi ainsi que des notes de la main d'Hojo qui n'avait pas grand sens. Il y était question d'un retard dans un de ses projets, mais rien ne comportait le nom de l'argenté.
Selon Reeve, Sephiroth était resté sagement dans sa cellule et s'était laissé conduire dans un endroit plus sécurisé sans résister. À plusieurs reprises, Cloud avait eu envie de le voir, de le frapper jusqu'à ce qu'il finisse par avouer, avec son habituel sourire arrogant, que ce n'était qu'un autre de ses plans pour avoir une raison de lui faire bouffer les pissenlits par la racine. Mais selon Reeve, il se comportait idéalement. La seule demande qu'il avait faite, c'était d'avoir accès aux dossiers de sa naissance, ce que Reeve lui avait accordé. Il l'avait observé pendant qu'il les lisait, mais selon lui, Sephiroth n'avait montré aucune émotion, seulement un profond ennui. Lorsqu'il finit, il rendit le dossier à Reeve et le remercia. Par la suite, il s'était muré dans le silence.
Cloud n'arrivait toujours pas à déterminer si c'était un plan du mégalomane qu'il avait combattu depuis neuf ans ou la preuve qu'il disait la vérité. Il avait retourné la situation dans tous les sens, mais il n'arrivait pas à la démêler. Il n'avait aucune raison de croire l'ancien général, surtout quand il savait que la manipulation était un de ses points forts. Mais il n'arrivait pas à s'ôter de la tête l'expression qu'il avait eue quand Reeve lui avait raconté tout ce qui s'était passé.
Un jour, alors qu'il pensait qu'il ne pourrait plus être confus davantage, Reeve l'appela.
- Il veut te voir.
Sans dire un mot, Cloud avait raccroché et avait enfourché sa moto pour se rendre au QG de la WRO. Reeve l'attendait devant le bâtiment et le conduit dans la nouvelle cellule de Sephiroth. Après la visite d'AVALANCHE, Reeve l'avait déplacé dans un lieu de haute sécurité. Tout le bâtiment était rempli de soldats qui avaient pour ordre d'intervenir au moindre écart. Trois des murs de la cellule étaient entièrement blancs et le quatrième était une énorme baie vitrée, épaisse de plusieurs centimètres. La pièce était meublée d'un lit, d'une petite table, d'un lavabo et d'une toilette et était en permanence surveillée. Des gardes se relayaient en permanence pour avoir une présence militaire si nécessaire. Quand il arriva dans le couloir qui menait à la cellule, Reeve le laissa et demanda à toute l'équipe de surveillance de partir.
- Vous êtes sûr, monsieur ? Avait demandé quelqu'un.
- Oui. S'il pose problème, Cloud sera suffisant pour l'arrêter.
Une fois que tout le monde fut parti, Cloud avança dans le couloir. Il savait que le bruit de ses chaussures raisonnant dans le couloir vide avait alerté le prisonnier de sa présence, mais quand il s'arrêta devant l'immense baie vitrée de la cellule, le détenu ne fit pas un mouvement.
- Tu voulais me voir ? S'annonça-t-il froidement.
Sephiroth bougea enfin et le regarda avant de parler d'une voix douce.
- Oui.
Voyant que Cloud ne répondait pas, Sephiroth soupira discrètement et continua.
- J'aimerais m'excuser pour ce qu'il s'est passé. Mais je ne suis pas responsable de ça, et ça sonnerait comme un mensonge.
Cloud contracta la mâchoire et tut la remarque acerbe qui lui venait.
- Mais je tiens quand même à te dire que je suis désolé pour toi et tes amis.
Cloud attendu qu'il développe, en vain. Il sentit la rage monter. Qu'est-ce que ce psychopathe imaginait ? Qu'il allait lui demander pardon et qu'il allait magiquement lui pardonner toutes les horreurs qu'il avait commises ? Il était tellement enfoncé dans son délire mégalomane de divinité qu'il pensait vraiment que ça suffirait ? Putain de taré.
- C'est pour ça que tu m'as fait venir ?! Pour me narguer ?
- Je ne te nargue pas, dit Sephiroth en fronçant les sourcils.
- Maintenant, j'en ai marre. Dis-moi ce que tu as prévu, qu'on en finisse. D'habitude, ça te pose pas de problème de parader et de balancer ton plan. Crache-le, maintenant.
- Je n'ai pas de plan. Ce n'est pas moi qui t'ai causé ces...
- Tu te fous de moi ? C'est ça que tu veux ? Faire croire à tout le monde que c'était pas toi ? T'es le plus gros fils de pute de la Planète et t'as cru qu'on allait te croire ?
Sephiroth se leva.
- Ce n'est pas moi qui ai fait ça !
Ça, c'était la goutte de trop. Perdant le peu de self-contrôle qu'il lui restait, Cloud avisa le panneau de contrôle et l'ouvrit. Il faisait peut-être une erreur, mais l'envie de lui mettre son poing dans la figure était trop grande. Il entra et frappa sa mâchoire. Surpris du coup, Sephiroth tomba au sol. Cloud le releva et le plaqua contre le mur le plus proche. Ce n'était pas très impressionnant, vu de l'extérieur, parce que Cloud avait une bonne tête de moins que lui, mais il s'en foutait. Il ne pensait plus suffisamment clairement pour en avoir quelque chose à faire.
- Dis-le que c'est pas toi ! Dis-le ! Dis que ce n'est pas à cause de toi que Zack est mort ! Que j'ai passé cinq ans dans un tube de mako ! Que t'as pas tué Aerith ou le père de Tifa ! Dis-le que tu n'as pas tué ma mère ! Dis-le !
Sephiroth, encore un peu sonné par l'uppercut, le regarda droit dans les yeux.
- Ce n'est pas moi.
Cloud le lâcha en même temps que sa rage redescendait. Le ton franc qu'il avait employé l'avait perturbé. Et la pensée folle que peut-être, il disait la vérité, lui traversa l'esprit.
- Tu as planté ton katana alors qu'elle te suppliait de me laisser la vie sauve. Tu l'as torturé en lui mentant que tu ne me ferais rien. Tu as assassiné ma mère parce que c'était qu'un humain de plus sur ton chemin.
Sephiroth se releva et le regarda droit dans les yeux.
- Je n'ai jamais fait ça. Je n'ai jamais pris de plaisir à tuer.
S'en était trop. Cloud sortit sans répondre et verrouilla la porte de la cellule. Il marcha dans le long couloir en essayant de sortir la dernière phrase de Sephiroth de son esprit.
Je n'ai jamais pris de plaisir à tuer.
Il avait dit ça sur le même ton que Barret quand il parlait des morts dûs à AVALANCHE. Avec du regret et de la culpabilité. Alors ça lui était apparu comme une évidence.
Il disait la vérité.
Après ça, Cloud ne revint plus voir Sephiroth. Il s'enferma dans ses livraisons pour échapper aux questions de Tifa. Il ne pouvait pas gérer le fait que l'homme dans la cellule, qui avait la tête de son pire ennemi, était innocent et le regard de Tifa quand elle saurait. Et il ne voulait pas lui imposer un dilemme avec lequel lui-même avait des difficultés à gérer. Il avait alors gardé ce qu'il savait pour lui. Mais l'expression et le ton qu'avait l'ancien général quand il disait qu'il n'avait jamais aimé tuer, tournaient en boucle dans son esprit.
S'il était réellement innocent, ça remettait tellement de choses en question. La première, c'était bien évidemment que personne ne pouvait lui reprocher les crimes de son clone. Ni la destruction de Nibelheim, ni la mort d'Aerith, l'invocation du Météore ou le geostigma. Mais il savait que ce serait compliqué pour tout le monde. S'il n'avait pas voulu en parler avec Tifa, il en avait parlé avec Barret, parce qu'il était généralement de bons conseils, mais l'autre homme avait été intransigeant. Il ne croyait aucune des paroles qui sortaient de la bouche de l'ancien général. Et quelque part, Cloud était d'accord. Même si Sephiroth avait l'air de plus en plus crédible quant à son innocence, il y avait toujours une part de lui qui se méfiait.
Quelque temps plus tard, Reeve lui avait laissé un message en disant qu'il devait le voir de toute urgence à propos de Sephiroth. Il était partagé entre la haine profonde de voir l'ancien général et la curiosité de connaître le véritable homme qui avait été son héros pendant sa jeunesse. Il avait mis deux jours à se décider à y aller, se disant que de toute façon, si ça avait été grave, Tifa l'aurait harcelé pour qu'il revienne plutôt. Arrivé dans le bâtiment, il ne prit pas la peine d'écouter l'assistant de Reeve et monta directement dans son bureau.
- Quoi ?
- On a un problème avec Sephiroth.
- Faut que j'aille le tuer ?
Il avait dit ça sans enthousiasme. Presque en espérant que tout ça n'avait été qu'une mascarade. Ça aurait été tellement plus simple si ça avait été le cas. Il n'était pas fait pour ce genre de question morale. Il avait toujours été mauvais en gestion d'émotions.
- Non, répondit Reeve, puisqu'il a décidé de le faire tout seul.
Cloud fronça les sourcils.
- Hein ?
- Ça fait quatre jours qu'il refuse de s'alimenter.
- Pourquoi ?
- Il a dit que c'était préférable pour tout le monde. C'est la seule chose qu'il dit.
- Et pourquoi tu m'as appelé, alors ?
Surtout s'il a enfin décidé de se suicider et de tous nous soulager, pensa-t-il. Reeve le regarda en soupirant.
- Tu peux aller lui faire changer d'avis, s'il te plaît ?
Il avait dit cette phrase sur le même ton qu'employait Tifa quand elle lui rappelait à chacun de ses départs de l'appeler en arrivant. Avec la frustration et le niveau de politesse qui convenait pour demander pour la cinquantième fois quelque chose à quelqu'un en sachant pertinemment qu'il ne le ferait pas. Et Reeve n'était pas Tifa. Il savait se montrer beaucoup plus habile à lui faire faire ce qu'il ne voulait pas.
Il grogna et descendit. Depuis quand il était devenu sa nounou personnelle à ce type ? Pourquoi c'était à lui qu'on demandait de s'en occuper ? Comme s'il n'en avait pas déjà fait assez... Surtout si Sephiroth avait décidé de se suicider. À part pour lui trancher la gorge pour être sûr qu'il ne se relève pas, Cloud n'était pas franchement nécessaire.
Dans le couloir, il demanda à tout le monde de sortir. Seul, il se dirigea vers la baie vitrée et fronça les sourcils. Devant lui, Sephiroth était allongé sur son lit et il y avait un plateau de nourriture intouché sur la petite table.
- Mange, ordonna Cloud.
- Non.
- Mange, ou c'est moi qui te fais bouffer.
- Non.
Énervé, Cloud frappa dans la vitre.
- C'est préférable pour tout le monde, dit simplement Sephiroth.
- De quoi ? Que tu crèves ?
Sephiroth ne répondit pas et Cloud l'observa un peu mieux. Sa longue chevelure argentée autrefois éclatante et parfaite était sale et emmêlée. Il était vêtu d'une tenue blanche qui avait des marques de transpiration un peu partout. Et Cloud percuta.
- Tu veux te faire mourir de faim.
- Je n'ai pas ma place dans ce monde. Ça n'a jamais été le cas. Alors, autant en finir.
- Le seul qui a le droit de te buter, c'est moi.
Sephiroth eut un faible rire.
- Je suis désolé, mais je crois que je vais avoir le dessus, cette fois.
- Pourquoi tu veux mourir ?
Sephiroth se redressa lentement, regarda le mur un instant, puis se tourna vers Cloud. Pas assez pour qu'il puisse voir son visage, mais suffisamment pour qu'il puisse voir sa mâchoire remuer.
- Ce n'est pas moi qui ai fait toutes ces horreurs, dit-il d'une voix faible. Mais quelqu'un qui a été créé à partir de moi. Ce qui veut dire que s'il a été capable de ça, moi aussi. Et je ne veux pas vivre en sachant que je peux provoquer un tel désastre.
Cloud fronça les sourcils pour cacher son trouble. Il n'avait pas envisagé les choses comme ça.
- Si tu voulais vraiment te suicider, tu pourrais remplir ton évier et te noyer, ça irait plus vite.
- C'est vrai, dit-il d'une voix faible.
Le blond réfléchissait. Il y avait toujours une part de lui qui se demandait si tout ça n'était pas un plan ingénieux de son ennemi juré. Leur faire baisser leur garde pour mieux les atteindre. Mais pourquoi il se laissait mourir de faim ? En quoi ça changerait son opinion ? Il pensait qu'en attirant sa pitié, Cloud lui ferait plus confiance ? Le blond n'était pas connu pour son altruisme naturel. Alors pourquoi s'infliger ça ? À part pour...
- Tu te tortures.
- C'est la seule chose que je puisse faire.
- Pourquoi ?
Sephiroth eut un autre rire faible.
- Je n'ai peut-être pas tué ta mère, le père de ton amie ou tous les gens après Nibelheim, mais j'ai fait la guerre et j'ai tué d'autres personnes. Des gens qui n'avaient rien fait de mal. Juste parce qu'on me l'a ordonné. Alors quelques semaines de torture, ce n'est rien comparé à ça.
Cloud se figea. Ça, c'était un scénario qu'il n'avait jamais imaginé. Un élan de pitié pour l'autre homme le saisit.
- Je croyais que tu voulais la liberté quand tu quitterais la ShinRa.
- J'ai été assez stupide pour croire que j'avais le droit au bonheur.
- Alors tu crois quoi ? Que te suicider en te torturant, ça va ramener les gens que tu as tué ? Spoiler, c'est pas le cas. Sinon ça fait longtemps que je...
Il s'arrêta. Il n'aimait pas parler de ça. C'était peut-être ça, son plan ? Essayer de gagner sa confiance pour mieux l'atteindre. Faire semblant de regretter pour que Cloud le prenne en pitié et lui confis des secrets ? Et pouvoir les utiliser pour mieux le détruire. Mais ça ne collait pas. Et il n'avait pas besoin d'une telle mascarade pour connaître ses points faibles et s'en servir contre lui.
- Peu importe le nombre de morts que tu as causé, dit Sephiroth. Tu as sauvé le reste du monde en arrêtant mon clone, alors tu es largement pardonné. Moi, qu'est-ce que j'ai fait pour me faire pardonner ? Je ne saurais même pas par où commencer.
- Et tu crois que c'est en t'apitoyant sur ton sort que ça ira mieux ?
Sephiroth se tourna vers lui, et ça le frappa. Il avait les joues creusées, des cernes sous ses yeux rouges et vides, une barbe de trois jours. Il avait toujours été persuadé qu'il était complètement imberbe, mais non, il se rasait, comme tout le monde. Les derniers doutes qu'il avait quant à la sincérité de Sephiroth s'évanouirent. Ce n'était pas le tueur psychotique et mégalomane qu'il avait devant lui. C'était un homme au bord du gouffre.
- Comment je fais ? Demanda-t-il d'une voix éteinte.
Cloud soupira. Quand il avait ce genre de pensées - parce que oui, il avait déjà pensé à s'ôter la vie - Barret était toujours de bon conseil. Lui aussi avait des morts sur la conscience, mais il continuait d'avancer. Il essaya d'imaginer ce qu'il dirait dans cette situation.
- Tu pourrais commencer par essayer de réparer tes erreurs.
- Et je m'y prends comment ?
Cloud le regarda longuement en ayant déjà mal à la tête.
