Final Fantasy VII appartient à Square Enix. Merci de ne pas reposter cette histoire ailleurs sans m'en informer. Tout vol ou plagia sera signalé. Merci.


Chapitre 9

Quelques minutes plus tard, il se gara dans la maison et courut à l'intérieur. Immédiatement, l'odeur du sang et de l'essence lui attaqua le nez. Il ne mit pas longtemps à trouver l'ancien général, avachi contre un meuble dans la cuisine, la perceuse d'un côté et un bidon d'essence de l'autre. Il y avait du sang partout, du sol au plafond, en couvrant les murs au passage. Sephiroth était étalé au milieu du sang, les vêtements troués, une allumette dans les mains. Il se précipita vers lui et lui arracha.

- Ça va pas ! Mais qu'est-ce que t'as fait !

- J'arrive pas, murmura l'ancien général. J'arrive pas...

- Mais t'es pas bien ! Hurla Cloud.

- Je n'arrive pas à mourir...

Le blond écarquilla les yeux.

- Quoi ?

- Je ne peux plus continuer, murmura-t-il d'une voix faible. Je ne peux pas... J'ai essayé de mourir, mais j'y arrive pas...

Cloud le souleva et l'emmena dehors. L'odeur à l'intérieur lui était insupportable.

- Putain, je suis parti depuis dix minutes ! Tu pouvais pas attendre que je revienne ?!

- Je ne veux plus être un poids...

- Hein ?

Sephiroth se laissa tomber sur le sol et ne fit aucun effort pour se relever. Cloud le retourna sur le dos. Le peu de vie qu'il avait vu dans les yeux de l'ancien général avait disparu. Il était en train de lâcher complètement prise avec la vie. Cloud sentit son estomac se retourner.

- Pourquoi tu as fait ça ? Demanda-t-il d'une voix plus douce.

- Je suis un poids pour le monde entier. Je ne supporte plus ma vie. Je ne supporte plus le soleil parce que j'ai l'impression qu'il fait une erreur en m'éclairant moi aussi. Je ne supporte plus de respirer parce que j'ai l'impression que je prends l'air qui n'est pas pour moi. Je veux juste... Je veux juste être en paix. En finir une bonne fois pour toutes. Je ne peux plus.

Cloud sentit un immense froid le parcourir.

- C'est pour ça que tu as pris la perceuse ?

Faiblement, Sephiroth hocha la tête.

- Ça n'a servi à rien, mon corps se régénère à chaque fois. J'ai essayé sur mon crâne, mais il s'est rebouché alors...

- Alors tu t'es dit que foutre le feu te tuerait certainement.

- Je ne peux plus... Je ne peux plus continuer. Je voudrais juste que tout s'arrête...

Il ferma les yeux et Cloud soupira en regardant la maison. Ils avaient passé si longtemps à la bâtir, il pensait vraiment qu'il allait mieux. Il était occupé toute la journée et la compagnie de Cloud l'aidait, il en était certain. Alors pourquoi faire ça ? Qu'est-ce qui avait pu le motiver à ce point pour en arriver à se défoncer le crâne avec une perceuse. Et si sa régénération ressemblait à la sienne, même si sa peau se reformait après une blessure, ça faisait tout autant mal qu'un humain normal. Alors pourquoi aller jusqu'à s'infliger un tel supplice ? Comment pouvait-il être désespéré au point d'ignorer sa douleur physique et s'enfoncer un bout de métal dans le crâne ? Il a essayé de mourir quand il était en cellule et c'était y'a une semaine, dit une voix dans sa tête. Et là, il comprit qu'il avait totalement merdé. Il avait pensé, jusque-là, que le mal-être de l'ancien général était dû à tout ce qu'il avait enduré pendant les batailles qu'on lui avait demandé de gagner, et que lui changer les idées l'aiderait à aller mieux. Mais c'était bien plus profond que ça. Comment il avait pu croire qu'il pouvait le laisser seul ?

Il regarda le visage éteint de son ancien némésis, attendant la mort parce qu'il était épuisé de vivre.

Et qu'est-ce que je fais, maintenant ?


Sephiroth ouvrit difficilement les yeux. La pièce était beaucoup trop éclairée à son goût. Il se saisit d'un coussin et le plaqua sur son visage pour avoir plus d'obscurité. Il n'avait jamais trop aimé la lumière. Qui disait lumière disait soleil, et il détestait le soleil. Pour lui, ça lui rappelait trop de choses heureuses. La plage, l'été, les gens qui se promènent et qui passent un bon moment ensemble. Lui n'avait jamais vraiment passé de bons moments et il était mal à l'aise quand il était sous le soleil. Il avait l'impression de toucher du bout des doigts un bonheur qui lui était interdit. Une pureté qu'il salirait.

- Tu es réveillé ?

Sephiroth retira le coussin et vit Barret. Assis sur une chaise dans un coin de la pièce, il le toisait, les bras croisés.

- Où est Cloud ?

- Parti se reposer.

- Laisse-moi, s'il te plaît.

- Pas après ta mauvaise idée d'hier soir. Une explication à fournir ?

Sephiroth ne répondit pas et se retourna dans le lit pour ne plus le voir. Il entendit Barret se lever et après quelques pas lourds, il sentit un poids s'ajouter dans le lit derrière son dos.

Il ne voulait pas le voir. Il ne voulait voir personne. Il ne voulait pas imposer son mal-être à qui que ce soit. Mais une large main se posa doucement sur son épaule.

- J'aimerais juste comprendre, dit Barret d'une voix étonnamment douce, comment tu as pu t'infliger ce genre de chose.

- Tu ne comprendrais pas...

- Essaye toujours. Parce que porter le poids des morts que tu as causé, je sais ce que c'est. Se faire détester de tout le monde aussi.

Sephiroth le regarda. L'autre homme avait un regard à la fois doux et triste qu'il ne lui avait jamais vu.

- Et je sais, continua-t-il, que même si tu n'es pas responsable des morts qu'à causer l'autre fils de pute, tu sens quand même leur poids.

- Je ne sais pas comment faire pour m'en débarrasser.

- Tu ne peux pas. Tu dois apprendre à vivre avec. Comme le regard des gens qui pensent que tu n'es qu'un tueur sanguinaire sans savoir que tu as fait de ton mieux pour éviter le massacre.

- Je n'y arrive pas...

- Tu dois essayer. Je sais que c'est dur, mais ce n'est pas impossible.

- Comment peux-tu le savoir...

Barret soupira.

- Parce que si je n'avais pas eu ma fille pour m'empêcher de sombrer, j'aurais fini à ta place il y a bien longtemps.

Il écarta une mèche de cheveux de son visage.

- Je n'ai personne à qui m'accrocher...

- Et Cloud ne compte pas ?

- Je ne fais que lui faire perdre son temps...

- Pour connaître le porc-épic depuis un bout de temps, s'il n'avait pas eu envie de s'occuper de toi, il ne se serait pas imposé ta présence. Il a vu avant tout le monde que tu avais besoin d'aide. Il n'a pas perdu son temps, tu comprends ? Il te l'a donné parce qu'il en avait envie. Et essayer de te foutre en l'air avec la maison, c'est une bien piètre façon de le remercier, tu ne crois pas ?

Sephiroth déglutit.

- Je suis désolé, c'est juste que...

- Tu ne supportes plus la douleur, je sais. Mais la douleur est là, et elle restera tant que tu la laisseras s'installer.

- Comment je fais pour la faire partir ?

- Tu te bats. Tu te pardonnes. Et tu avances.

- Je ne sais pas si j'en suis capable.

- Alors Hojo a bien fait de te remplacer.

Sephiroth écarquilla les yeux. Il n'aimait pas la tournure que prenait la conversation.

- Pardon ?

- Tu m'as parfaitement entendu. Il voulait une arme de guerre et il t'a eu toi. Un type qui n'est pas foutu de se battre pour ce qu'il veut. À sa place aussi, j'aurais voulu te remplacer. Et je pense qu'il aurait été heureux de savoir que tu veuilles mettre fin à tes jours. Parce que tu lui aurais épargné la tâche d'avoir à se débarrasser de toi.

Sephiroth le contempla en silence, méditant sur ses paroles. Elles avaient un désagréable fond de vérité.

- La question, maintenant, reprit Barret, c'est de savoir ce que tu vas faire. Soit tu fais ce qu'il voulait et tu continues de chercher un moyen de te suicider. Soit, tu l'envoies se faire foutre, lui et tous les salopards de la ShinRa, et tu traces ton propre destin. Tu montres à tous ces enfoirés qu'ils avaient tort. Que tu es plus que ce qu'ils pensaient. Et je ne pense pas qu'au fond de toi, tu veuilles donner raison à ces fils de putes.

Sephiroth secoua faiblement la tête.

- Alors maintenant, reprit-il d'une voix plus douce, tu te lèves et tu avances. Et tu t'accroches à Cloud, à moi, à tous les autres aussi fort que tu peux. Et tu montres à tout le monde qui tu es vraiment.

- J'ai l'impression... J'ai l'impression que je n'ai pas le droit...

- Sephiroth, tu as autant le droit d'être heureux que n'importe qui.

Ce fut la phrase de trop et Sephiroth fondit en larmes. Barret le prit contre lui et le berça doucement. L'ancien général lui raconta tout ce qu'il ressentait. Le dégoût de lui-même, de ses actions, de son corps anormal, de son être profond. Il lui parla de son impression de ne pas avoir droit au bonheur, de sa peur de fondre devant la lumière. De son sentiment d'être en permanence engouffré dans les ténèbres et lutter constamment pour essayer d'en sortir. De sa haine de la solitude qui le poursuivait depuis si longtemps.

Barret écouta attentivement, sans l'interrompre. Et quand il finit sa longue tirade, il alla lui chercher un verre d'eau, le reprit contre lui et lui donna son point de vue. Sephiroth n'avait jamais imaginé que cet homme si fort puisse être aussi doux. Peut-être qu'il avait raison et qu'il pouvait se reposer sur lui, quand ça n'irait pas. Et peut-être qu'il pouvait se reposer sur Cloud aussi. Mais il n'était pas prêt à se reposer sur les autres.

Pas encore.