Final Fantasy VII appartient à Square Enix. Merci de ne pas reposter cette histoire ailleurs sans m'en informer. Tout vol ou plagia sera signalé. Merci.


Chapitre 15

- Je n'ai pas de bonnes nouvelles, dit Reeve, la mine grave.

Quand Sephiroth avait commencé à vomir du sang, Tifa avait appelé Reeve pour qu'un médecin examine l'ancien général. Reeve avait arrangé l'infirmerie pour qu'ils puissent le recevoir et Cloud et les autres arrivèrent peu après. Barret déposa Sephiroth sur un lit d'hôpital où le personnel médical l'examina sans attendre.

Mais le diagnostic était vite tombé.

- Qu'est-ce qu'il a ? demanda Cloud, les sourcils froncés.

- Dégénération cellulaire.

- Hein ? Mais comment c'est possible ? Demanda Tifa.

Reeve soupira. C'était vraiment le côté de son métier qu'il aimait le moins.

- Ne croyez pas que je remette en cause son humanité, mais il ne faut pas oublier qu'à la base, c'est un projet d'expérimentation. Tous les autres ont connu le même sort. La dégénération jusqu'à la poussière. Le caisson a ralenti le vieillissement pendant neuf ans, mais dès qu'il en est sorti, il a repris. Durant son temps dans l'armée, je sais qu'il prenait une batterie de médicaments pour pallier à ça, mais avec son coma et la destruction de la compagnie...

- S'il les reprend...

- Ça ne fera que ralentir l'inévitable. Et je ne pense pas qu'il soit possible d'en créer suffisamment rapidement. Les formules ont été effacées en même temps que la fermeture du programme du SOLDAT.

Il soupira.

- Il a réussi à tenir le coup jusque-là, ce qui est déjà impressionnant en soi vu ce qui est arrivé aux autres spécimens...

- C'est pas un spécimen ! Cria Barret.

- Techniquement, c'en est un. Je ne dis pas que c'est une bonne chose, ou que c'est juste, ce sont juste les faits. La dégénération qui a emporté les deux autres a mis plusieurs mois à les tuer, mais je ne pense pas qu'il ait autant de temps. Elle est beaucoup trop rapide, ce qui n'est pas étonnant étant donné qu'il a subi plus de modifications que tous les autres. Et malheureusement...

Il soupira.

- Malheureusement, je crois qu'il a atteint sa limite.

- Est-ce qu'on peut faire quelque chose ? Demanda Tifa.

- Je ne pense pas. La ShinRa s'est longtemps interrogée sur le problème de dégénérescence, sans succès jusque-là. Et c'était l'époque où Hojo était encore là. Maintenant qu'il est mort...

- Il a pas laissé des notes, un truc ?

- Tout a été détruit.

Barret mit un coup de poing dans le mur.

- Y'a rien qu'on puisse faire ?!

- Je continue de chercher une solution.

Il regarda Sephiroth qui avait été mis sous respirateur.

- Mais je ne pense pas qu'il y en ait une.


Les médecins avaient annoncé que la dégénération progressait à un rythme constant et estimaient qu'il lui restait environ une semaine. Semaine que Cloud passa à son chevet. Ses amis se relayaient pour lui tenir compagnie, et il n'y avait que Tifa qui avait réussi à le faire quitter la chambre pour aller prendre une douche ou manger un morceau. Sephiroth, quand à lui, ne reprenait que très peu conscience. Les rares instants où il était éveillé, il n'arrivait que peu à parler et se contentait de serrer la main de Cloud dans la sienne. Les médecins avaient demandé au blond de sortir le soir, mais il restait campé à côté du lit, sans lâcher l'argenté des yeux. Reeve leur avait demandé d'accepter sa présence en leur promettant qu'il ne les ennuierait jamais. Et de toute façon, il savait pertinemment ce qu'il se passerait si quelqu'un essayait de le faire bouger. Ça se terminerait mal.

Durant la nuit, quand il était sûr que personne ne les voyait, Cloud s'asseyait sur le lit et lui caressait le crâne avec affection. Il lui murmurait de douces paroles apaisantes en imaginant que ça le réconfortait. À plusieurs reprises, il avait eu l'impression qu'il avait dit son prénom, mais l'argenté s'endormait presque immédiatement. Il était même arrivé une fois qu'il s'allonge contre lui et s'enroule avec son bras comme s'ils s'enlaçaient. Personne ne savait ce qui s'était passé entre eux et Cloud n'était pas prêt à en parler. Il gardait ce secret jalousement. Alors, dans les ténèbres de la nuit, entre deux rondes des infirmières, il s'installait contre lui et pendant quelques minutes, il essayait de se convaincre qu'ils étaient en train de s'enlacer dans leur maison, comme des gens normaux. Pas comme un idiot qui pleure sur le corps de son ami mourant et sur une relation qui allait s'éteindre avant même d'avoir commencé.

Trop vite à l'avis général, sa condition empira. Il respirait de plus en plus mal et sa dégénération commençait à s'attaquer à son physique. Une partie de son corps était comme décomposée. Sa peau devenait de plus en plus blanche à tel point qu'elle en était translucide, son visage se craquelait à chaque toux et les endroits à vif, ou la peau s'était transformée en poussière, dégageaient une odeur de mort. Quand les infirmières et les médecins avaient commencé à porter un masque, ils en avaient proposé un à Cloud, mais il avait refusé. Il se fichait de l'odeur de mort, de la poussière et du reste. Tant qu'il restait une parcelle de lui, il serait là.

Un jour, presque une semaine après leur arrivée, des tremblements se firent sentir. Ça n'alarma personne au début, puis quand le bâtiment entier trembla, Reeve fit évacuer tout le monde. Tifa et les autres allèrent aider les patients à sortir de l'hôpital et Cloud resta au chevet de Sephiroth. Un tremblement fit secouer le lit et Sephiroth se réveilla sous la douleur.

- Qu'est-ce qui se passe ? Murmura-t-il.

- Tremblement de terre.

- Pourquoi tu es...

- Je reste avec toi.

Sephiroth toussa et enleva son respirateur.

- Cloud...

Le blond essaya de lui remettre.

- Cloud, écoute-moi.

Il le regarda en silence.

- Je veux que tu ailles aider les autres.

- Je ne te laisserais pas.

- Cloud...

Très difficilement, Sephiroth leva sa main et caressa la joue du blond.

- Merci pour tout,

Le blond resta interdit.

- Quoi ? Murmura-t-il la voix brisée.

Il avait la sale impression que Sephiroth lui disait adieu.

- Merci d'avoir cru en moi. D'avoir été là pour moi.

Le blond sentit les larmes couler, mais il s'en fichait. Il ne pouvait pas lui dire adieu. Il ne pouvait plus dire adieu à qui que ce soit, c'était au-dessus de ses forces. Surtout pas à quelqu'un qu'il aimait tant.

- Merci... Kof kof... Merci d'avoir été ma famille.

Cloud rapprocha son visage du sien. Il savait que ça allait arriver. Il le sentait dans ses tripes, peut-être plus fort encore que le soir du suicide de Sephiroth.

- Seph... Je ne veux pas que tu partes. Je ne veux pas te quitter...

- Moi non plus...

L'argenté lui sourit faiblement.

- Merci de m'avoir...

Il toussa une gerbe de sang et se rallongea, épuisé. Ses yeux commençaient à s'alourdir. Sa dernière vision fut de voir la tête de Cloud au-dessus de la sienne lui dire quelque chose.

Il sourit, heureux.

Et s'endormit.


Pour la première fois de sa vie, Sephiroth ne ressentait aucune douleur. Il avait l'impression de flotter dans un immense champ de coton. Les odeurs ambiantes n'agressaient pas son nez, la lumière était à la bonne luminosité, le son n'était pas fort. Tout était parfait. Il se demanda s'il n'allait pas rester ici toute sa vie quand il sentit une présence. Il ouvrit les yeux et se redressa d'un coup. Il chercha la personne mais s'arrêta sur la maison qu'il y avait en face de lui. C'était sa maison. Pas celle en construction. Celle qui serait finie comme il l'avait imaginée. Elle était devant lui. C'était impossible.

- Où est-ce que je suis ?

- Tu n'as pas une petite idée ? Lui demanda une voix féminine.

Il se retourna vers la source de la voix et la vit. Une femme vêtu d'une robe rose et d'un gilet rouge, ses longs cheveux roux en une tresse élégante surmontée d'un nœud en tissus et son doux visage souriant. Une femme qu'il avait déjà vu maintes et maintes fois en photo dans le bar. Aerith.

- Vous êtes...

- Oh, tu peux me tutoyer, tu sais ?

- Excuse-moi. Écoute, je ne suis pas celui qui t'a...

Mais elle rigola.

- Tu crois que je serais venu t'accueillir, si tu étais lui ? Nan. Je sais qui tu es. C'est pour ça que je suis là. C'est pour ça qu'on est tous là.

- Tous ?

Elle regarda quelque chose derrière lui et il se retourna. Devant la maison, deux personnes le regardaient, les bras croisés, le sourire aux lèvres. Il écarquilla les yeux en reconnaissant Angeal et Zack.

- Tu as une idée d'où tu te trouves ? Lui demanda-t-elle.

Ce n'était pas difficile à deviner.

- Je suis mort ?

- Hum... Pas encore, répondit-elle d'une voix chantante. Mais voyons si on ne peut pas influencer le destin.

Il la regarda.

- Le destin ?

- Ce que tu vas choisir. Moi, j'ai déjà une petite idée. Mais c'est à toi de décider.

- Qu'est-ce que je dois faire ?

- Tu dois choisir. Entre ici, et en bas...

- Je choisis en bas, coupa-t-il.

- ... Et entre les conséquences que ça implique.

Il fronça les sourcils.

- Quelle conséquence ?

Elle prit un air grave.

- La vie ici est simple. Elle est douce. Ici, tu es avec tous tes amis tous les jours. Il n'y a plus de douleur. Plus de peine. La vie en bas est compliquée. Elle est dure. En bas, chaque nouveau jour, tu devras lutter contre la haine que tu as envers toi-même. La douleur reviendra. La peine aussi.

Il regarda la maison. Pour lui qui avait si souvent voulu mourir pour arrêter sa douleur, ça avait des allures de rêve qui devenait réalité. Il n'avait jamais ressenti autant de sérénité. Il était seul, sans personne pour le blesser, pour le juger, sans la douleur constante qu'il ressentait, ni la solitude. Il n'y avait que la tranquillité et les gens qui l'aimaient. Plus d'aile. Plus de corps difforme. Plus rien de ce qu'il haïssait tant. Juste la paix.

Sa vie, jusqu'à présent, n'avait été que douleur et misère. Il haïssait chaque partie de son être viscéralement. Il avait voulu mourir tellement de fois pour enfin connaître cette paix qu'il avait à cet instant.

Je t'aime.

C'est ce qu'avait dit Cloud. En bas, il y avait Cloud. Il sut qu'il avait pris sa décision. Peu importait la douleur. Peu importait la peine. En bas, il y avait sa vie.

Et pour la première fois de son existence, il n'avait pas envie de la perdre.

Il pourrait toujours mourir un autre jour.

Aerith sourit.


Reeve avait fait évacuer tout le monde du bâtiment. Il essaya de coordonner les équipes, malgré le bruit des tremblements et l'effondrement du bâtiment, pour vérifier que tout le monde était bien sorti. Il avait essayé de décompter tout le monde mais l'agitation ambiante rendait l'exercice difficile. Lorsque de gros morceaux du bâtiment se décrochaient de la structure principale, il alpagua un pompier pour lui donner la procédure à suivre. Tifa arriva vers lui en courant.

- Reeve !

- Tifa, je n'ai pas le temps de...

- T'as vu Cloud ? Personne l'a vu !

Le pompier partit donner les instructions à ses collègues et le brun fronça les sourcils.

- Non, je suis en train de voir si tout le monde est...

Un bout du dernier étage s'effondra sur ceux d'en dessous, créant de plus gros gravats.

- Il n'est pas encore à l'intérieur ?

- Je ne sais pas ! S'écria la brune.

Il lui posa une main réconfortante sur l'épaule, malgré l'angoisse qu'il ressentait.

- Ne panique pas, on va le trouver, d'accord ?

- Tifa !

Ça provenait de Barret. Les deux se retournèrent dans sa direction et ils le virent porter le corps de Cloud. Il le déposa doucement à terre alors que les deux autres accoururent. Cloud était à genoux, les bras serrés sur le ventre. Dès qu'elle fut à sa hauteur, Tifa lui passa un bras dans le dos. Le blond fixait le sol avec un regard vide.

- Cloud, ça va ?

Le blond ne répondit pas.

- Tu es blessé ?

Seul un hurlement déchirant lui répondit et il n'en fallait pas plus.

Ils savaient que c'était fini.

Ce qu'ils ignoraient, en revanche, c'était que quelqu'un était encore dans l'hôpital. Assez grand, l'homme portait un vieux jean usé, une veste rouge munie d'une fermeture éclair et d'une capuche et une casquette enfoncée sur sa tête. Ses cheveux cachaient son visage et même sans le tremblement de terre, il serait passé parfaitement inaperçu dans la foule de l'hôpital.

L'homme s'arrêta devant la chambre de Sephiroth. Il s'approcha du corps froid.

- Tiens, tiens, tiens, la rumeur était donc vraie.

S'il n'avait pas été seul, son sourire aurait glacé le sang de n'importe qui. Il se frotta les mains.

- Mon ami, c'est ton jour de chance.