Chapitre 2
L'Ami
Après la seconde guerre mondiale, de nouvelles préoccupations pour Midgard m'affligèrent. À commencer par le réchauffement climatique.
Alors que je nageais sous la forme d'une carpe noire, mes écailles se mouvant gracieusement dans les eaux tumultueuses du Fleuve Hudson, une rencontre inattendue m'attendait. Le cours d'eau, autrefois majestueux et pur, avait été souillé par l'empreinte de l'industrialisation et de la négligence humaine. Les eaux polluées reflétaient désormais la triste réalité d'une société moderne égarée.
Just like the seed
I don't know where to go
Through dirt and shadow I grow
I'm reaching light through the storm
Chantais-je au rythme des vagues.
Just like the seed
I'm chasing the water
I unravel myself
Growing in slow motion
Malgré l'obscurité et la boue qui m'entouraient, mon corps se déplaçait avec grâce, en harmonie avec les courants tourmentés. J'essayais de nettoyer le fleuve grâce à ma magie, espérant ramener sa splendeur d'antan.
Alors que ma mélodie se perdait dans le vent, un bateau de croisière surgit soudain devant moi. Ce dernier était d'un luxe déplacé dans cet environnement souillé. Les rires frivoles des passagers et la musique jazz m'attirèrent malgré moi, me poussant à m'approcher.
C'est là, près du bastingage, que mes yeux se sont posés pour la première fois sur Anthony. Dans cet océan d'adultes aux manières guindées, il se tenait là en enfant solitaire. À l'abri des vagues troubles du fleuve, je restai un moment hypnotisé par la profondeur de ses yeux bruns. Ces derniers brillaient d'une inexplicable mélancolie. Un tel regard ne pouvait appartenir qu'à une vieille âme. Il regardait aussi dans ma direction, mais ne paraissait pas surprit de voir un poisson encore vivant dans ces eaux empoisonnées.
Une irrépressible envie naquit alors dans mon cœur, celle de réveiller en lui une étincelle d'émerveillement. Mes écailles se métamorphosèrent en une peau blanche et veloutée, épousant les contours d'un enfant de son âge. Le garçon sembla enfin sortir de sa transe, ses yeux s'agrandissant de stupeur devant ma transformation.
Je lui lançai un sourire complice, tandis que nous restions là, captivés l'un par l'autre. Doucement, il s'approcha du bord, ne laissant plus qu'une poignée de mètres nous séparer. Puis, sans hésiter, il plongea dans les eaux sombres.
Incrédule à mon tour, je le rejoignis rapidement, nos doigts se rencontrant instinctivement pour s'entrelacer. Nos cheveux flottaient autour de nos têtes, portés par les douces caresses de l'eau. Nos yeux brillaient d'une excitation enfantine, tandis que les rayons du soleil pénétraient les profondeurs, créant des jeux de lumière étincelants.
Il y eut soudain un grand tumulte à la surface, perturbant notre paisible immersion. Une cloche d'alerte résonna à travers les eaux, brisant le silence harmonieux qui nous enveloppait.
Des mouvements agités se firent entendre alors que plusieurs humains se précipitaient dans les flots pour secourir le garçon. Leurs mains puissantes saisirent son corps, l'arrachant à moi pour l'emmener hors de l'eau. Je demeurai seul, silencieux, dans les profondeurs du fleuve. Quand j'entendis le moteur du bateau démarrer, je refis surface pour jeter un dernier regard à l'embarcation.
Le bateau s'éloignait rapidement, emportant avec lui le garçon. J'aperçus la lueur déchirée dans ses yeux alors qu'il se tournait vers moi. Son regard était rempli d'une émotion complexe, mélange d'adieu et de gratitude. Je restai là, suspendu entre les eaux profondes et la surface. Pour la première fois depuis des siècles, je pleurais alors.
Il m'arrivait encore parfois d'arpenter les rives du fleuve Houston. Je n'avais jamais perdu l'espoir fou que l'enfant me retrouve. Je ne connaissais pas même son nom, mais quelque chose en moi me poussait inlassablement vers le lieu de notre rencontre.
Un soir, alors que le soleil déclinait à l'horizon, j'aperçus un adolescent perché sur un vieux ponton en bois. Ayant conscience que le garçon était trop vieux pour me voir, je m'approchais sans crainte de le surprendre par ma présence. Une bouteille de whisky à la main, il regardait les flots d'un air vague.
Un homme chauve d'allure imposante et vêtu d'un costume élégant vint soudain le rejoindre sur le ponton.
"Ah, tu es là Tony, je te cherchais !"
J'eus un moment de surprise en entendant le nom « Tony » prononcé par l'homme, et mon cœur se réchauffa à l'idée de connaître enfin son identité.
"J'ai besoin d'être seul un moment, Obadiah…" soupira Tony en reprenant une gorgée de sa boisson.
"Ne fais pas l'idiot, mon garçon !" insista l'homme en venant s'asseoir aux côtés de l'adolescent. "Personne ne mérite d'être seul en un si tragique moment !"
Tony, d'une voix rauque, murmura : "Entre les journalistes qui ne cessent de me harceler à propos de mon héritage et toi qui insistes pour que je reprenne le flambeau de Stark Entreprise, je ne sais plus où j'en suis ..."
Obadiah posa une main réconfortante sur l'épaule de Tony. "Je sais que c'est douloureux, Tony, mais tu n'as pas à traverser cela seul. Tes parents étaient des personnes formidables, et ils t'ont laissé un héritage qui doit être préservé. Tu as le potentiel de poursuivre leur vision et de faire de grandes choses..."
Le garçon détourna le regard tandis que l'homme continuait son monologue moralisateur.
J'eus alors l'impression que ses yeux bruns me traversaient de part en part. Il semblait concentré sur moi, comme s'il pouvait me distinguer dans les eaux sombres. Mais, j'étais invisible, n'est-ce pas ? Puis, comme si rien ne s'était passé, le jeune homme ramena son attention vers son interlocuteur.
"Écoute, Obadiah, je comprends que tu veuilles m'aider", l'interrompit le garçon d'une voix ferme. "Mais, s'il te plaît, laisse-moi un peu de temps pour réfléchir."
"Si tu insites, Tony", répliqua Obadiah d'un ton légèrement irrité.
Ce dernier se leva alors brusquement, une expression contrariée sur le visage.
"Tu sais où me trouver si tu cherches quelqu'un à qui parler !", ajouta-t-il avant de s'éloigner.
Le silence se fit lourd et le crépuscule enveloppa peu à peu le paysage d'une teinte dorée. Perdu dans ses pensées tourmentées, le garçon s'abandonna à la douleur et à la colère. Sa main tremblante trouva la bouteille de whisky presque vide. Il porta le goulot à ses lèvres et but jusqu'à la dernière goutte d'alcool.
La gorge serrée, j'observais ce garçon en deuil depuis ma cachette, souhaitant de tout mon cœur lui apporter du réconfort.
Puis soudain, d'un geste rageur, l'adolescent ivre jeta sa bouteille dans le fleuve.
Mon sang ne fit qu'un tour dans mes veines. Je plongeai prestement vers les eaux profondes en pestant comme un beau diable pour retrouver l'objet sur un tas d'ordures. Bon sang ! Le fleuve était déjà assez pollué ainsi, pas besoin d'en rajouter !
Une fois remonté à la surface, je jetais à mon tour la bouteille rageusement, cette fois-ci en direction du jeune homme.
Je savais avoir un certain talent pour viser juste. Cependant, lorsque le projectile heurta sa tête avec un bruit sourd, l'assommant sur le coup, je n'en étais pas très fière…
Encore moins lorsque le garçon tomba évanoui dans les eaux froides du fleuve.
Craignant qu'il ne se noie, je me précipitais à son secours. N'étant rien de plus qu'un spectre sous ma forme divine, il m'était impossible de toucher un humain adulte directement. Je dus faire appel à ma magie pour ramener son corps inconscient sur la berge.
Créant des ondulations magiques autour de moi, je poussai délicatement Tony hors de l'eau. Je m'agenouillais alors rapidement près de lui pour vérifier sa respiration et son pouls. Le souffle régulier du jeune homme me rassura quelque peu. Il semblait plus assommé par l'alcool que par le coup qu'il avait reçu à la tête.
Pendant un instant, je contemplai le visage paisible de Tony, bercé par les bruits apaisants du fleuve. Alors qu'il commençait à ronfler tranquillement, une combinaison d'empathie et d'exaspération monta en moi. Sur un coup de tête, je me penchai vers son oreille pour lui murmurer :
"Puisque tu sembles prendre plaisir à jeter des bouteilles dans mon fleuve, voici ta punition Tony : tout l'alcool que tu boiras désormais se transformera en jus de pomme dès qu'il touchera tes lèvres..."
Une fois les mots prononcés, j'eus un mélange de satisfaction et de culpabilité. Je souhaitais l'aider à se débarrasser de sa dépendance à l'alcool, mais je doutais fortement que méthode soit très éthique. J'espérais simplement que cette malédiction bénigne pourrait l'inciter à réfléchir à ses choix et à trouver une voie plus saine pour surmonter sa douleur.
Je m'éloignai alors de Tony, laissant les effets de ma "punition" opérer. Son visage se froissa légèrement dans son sommeil, comme s'il pressentait déjà ce qui se produirait lors de sa prochaine cuite.
Le temps semblait suspendu, les minutes s'étiraient lentement tandis que je demeurais à ses côtés, dans une veille attentive. J'étais peiné qu'un si jeune et beau garçon puisse noyer son chagrin dans l'alcool. Doucement, une chanson s'échappa de mes lèvres :
Suffocate me
So my tears can be rain
I will water the ground where I stand
So the flowers can grow back again
La tranquille mélopée se mêlait à la brise nocturne, créant une ambiance empreinte de douceur et de réconfort.
Cause just like the seed
Everything wants to live
We are burning our fingers
But we never forget
Le visage de Tony s'apaisait peu à peu tandis que la chanson enveloppait l'air nocturne d'une douceur réconfortante. Les lignes de tension qui marquaient son front se relâchèrent, laissant place à une expression plus sereine.
Feed me sunlight, feed me air
Feed me truth and feed me prayer
Feed me sunlight, feed me air
Feed me truth and feed me prayers
Mes paroles résonnaient dans l'atmosphère, la nature elle-même paraissait écouter, offrant son écho silencieux à notre symphonie improvisée.
You cannot eat money, oh no
You cannot eat money, oh no
When the last tree has fallen
And the rivers are poisoned
Au petit-matin, j'observais avec un sourire moqueur le garçon s'éveiller en grognant, visiblement affligé d'une terrible migraine. Avant de partir, chancelant légèrement, il lança un dernier regard au fleuve, fronçant les sourcils comme s'il cherchait quelque chose ou quelqu'un parmi les eaux troubles. Il revint alors à mon plus grand étonnement sur ses pas pour prendre la bouteille, laissée à terre.
Au fur et à mesure que le garçon s'éloignait, je le suivais du regard, tiraillé entre l'envie de le suivre et le respect de son besoin de solitude. Finalement, je tentai de me convaincre que nos chemins se croiseraient à nouveau.
Après cet épisode, je continuai régulièrement d'arpenter la rive du fleuve Houston, espérant une nouvelle rencontre. Il y avait quelque chose de spécial chez ce garçon qui m'attirait et m'intriguait. Je n'eus heureusement pas à attendre longtemps pour le voir à nouveau...
C'était dans tous les journaux. Tony Stark, l'adolescent milliardaire et génie, reprenait les affaires de Stark Entreprise, se lançant à la fois dans l'armement et…La protection de l'environnement ?
Je restais un moment bouche bée en contemplant la photo du garçon serrant la main des écologistes. L'article mettait en avant la vision audacieuse de Tony Stark, qui avait développé une technologie révolutionnaire pour nettoyer les eaux du fleuve Houston.
Sa solution était en effet à la pointe de l'innovation, utilisant des systèmes de filtration avancés et des méthodes de dépollution novatrices. Grâce à cette technologie, les polluants présents dans le fleuve pouvaient être éliminés de manière efficace, offrant ainsi une lueur d'espoir pour la préservation de l'écosystème et la protection de la biodiversité.
L'impact positif de cette invention avait été si significatif que Tony Stark allait être honoré par une décoration, une reconnaissance officielle de son service rendu au pays et à la cause environnementale.
La cérémonie était prévue au bord du fleuve et j'attendais cet événement avec impatience.
En attendant ce fameux jour, je me délectais de la beauté des eaux purifiées du fleuve Houston. Allongé sur le rivage, je sentais les rayons du soleil caresser ma peau, réchauffant mon corps et apaisant mon esprit.
Alors que je contemplais le paysage, une pensée traversa mon esprit : et si, d'une manière ou d'une autre, Tony avait entendu mon chant cette nuit-là sur la rive ?
Quand le jour de la cérémonie arriva enfin, la foule s'était rassemblée dans une grande clameur. Alors que Tony montait sur scène pour recevoir la reconnaissance qui lui était due, je ressentis une fierté indescriptible. Mon chant avait peut-être été un grain de sable dans cet immense projet, mais il avait en un sens contribué à inspirer et à guider Tony sur cette voie.
Plus tard, après la cérémonie, je vis le jeune homme s'attarder sur le vieux ponton, comme il l'avait fait quelques années auparavant. Il semblait différent, plus confiant. D'un geste souple, il lança alors quelque chose à l'eau, créant une onde parfaite à sa surface.
"Ah non ! ça ne va pas recommencer !" m'écriais-je en allant récupérer l'objet.
Je découvris alors qu'il s'agissait d'une perle en verre. Ce même verre qui avait appartenu à la bouteille de whisky, me rendis-je compte.
Mais comment ? Sans même m'avoir officiellement rencontré... Comment avait-il pu m'offrir une perle, tout comme Steve l'avait fait avant lui ?
"Oh dieu du fleuve, accepte mon offrande !" hurla le garçon dans ma direction, sans vraiment me voir.
Puis il tomba à genoux, ajoutant : "Par pitié, libère-moi de cette malédiction maintenant que j'ai fait amende honorable. Je veux boire des mojitos, nom d'un chien !"
Bien évidement, je ne prie pas la peine de le libérer de ma malédiction. J'étais un faiseur de sort, pas un défaiseur.
Cependant, je ressenti une joie sincère en observant de loin les progrès de Tony dans sa quête écologique. Pendant un temps, je cru réellement que sa détermination à faire une différence positive dans le monde ferai de lui un héros.
Hélas, mes espoirs furent cruellement déçus par la suite des événements. Alors que l'écologie représentait une cause noble, il semblait que la rentabilité prenait le pas sur les principes fondamentaux.
Une amertume profonde s'empara de moi lorsque je découvris que Tony avait décidé de créer des armes militaires, transformant son entreprise en un géant mondial de la défense et de l'armement.
Au cours des années, j'assistais impuissant à la transformation de Tony Stark en un homme que je peinais à reconnaître. Son évolution, loin de l'enfant aux yeux mélancoliques que j'avais autrefois rencontré sur les rives du fleuve, avait été marquée par l'avidité et l'obsession du pouvoir.
Un groupe de militaires américains s'était rassemblé en pleins déserts avec une excitation mêlée de nervosité, attiré par la promesse d'une démonstration spectaculaire. Au cœur de cette assemblée trônait le missile Jericho, une création destructrice d'une envergure inégalée. Positionné majestueusement sur un imposant véhicule de transport, il évoquait la puissance et la domination d'un souverain sur son champ de bataille.
Le silence régnait, chacun retenant son souffle, tandis que les yeux des militaires étaient rivés sur cette création redoutable. Le missile Jericho était devenu l'épicentre d'une fascination mêlée de terreur.
Puis vint le moment tant attendu où Tony, vêtu d'un costume impeccable, s'était avancé avec une assurance pour présenter sa création. Sa voix portée par le vent du désert résonnait avec une autorité naturelle, captant l'attention de tous les spectateurs.
"Dames et messieurs, permettez-moi de vous présenter le missile Jericho, un chef-d'œuvre de technologie et de puissance."
Le missile fut alors libéré, et le spectacle dévastateur commença. Les murmures de fascination laissèrent place à un silence interdit, tandis que la terre tremblait sous la force des explosions. Les flammes et les éclairs illuminaient le ciel, dansant une macabre chorégraphie de destruction.
Puis Tony reprit son discours, décrivant avec une passion calculée les caractéristiques impressionnantes du missile. Il souligna sa portée étendue, capable d'atteindre des cibles lointaines avec une précision mortelle.
Au plus profond de mon cœur, une profonde tristesse s'enracina. Je me sentais déchiré par la perte de l'homme que j'avais autrefois chéri. Le chemin qu'il avait choisi de suivre me laissait perplexe. Comment un homme si brillant et autrefois empli de compassion avait-il pu s'éloigner si loin de la voie qu'il avait initialement tracée ?
Les réponses à ces questions m'échappaient et je me retrouvais désormais face à un homme qui me paraissait de plus en plus étranger.
Sans me retourner, je laissai Tony à sa folie, abandonnant ainsi l'espoir que j'avais autrefois nourri à son égard…
Le couronnement de cet idiot de Thor approchait à grands pas et je m'étais fixé pour objectif de trouver un moyen de retarder l'événement. Mon frère était loin d'être assez mature pour gouverner. Ses attaques puériles sur d'autres royaumes en étaient la preuve.
Déterminé à démontrer l'inaptitude de mon frère à gouverner, je me plongeai corps et âme dans mes grimoires de magie, cherchant des incantations et des rituels capables de perturber les préparatifs du couronnement.
C'est alors qu'une idée audacieuse germa dans mon esprit : guider quelques Jotuns jusqu'à Asgard.
À ce stade, j'ignorais tout de ma parenté avec ces êtres venus des profondeurs glacées. La révélation survint lors de la bataille sur Jotunheim, quand un géant agrippa mon bras et que ma peau se teinta, faisant naître le doute en moi.
Les événements s'enchaînèrent rapidement après cette découverte. Thor fut sévèrement puni pour sa désobéissance, privé de ses pouvoirs divins et exilé sur Midgard sous forme d'un simple mortel.
Mais ma quête de vérité ne s'arrêtait pas là. En posant ma main sur l'écrin des hivers d'antan, je compris que le doute n'était plus permis. Je décidai de confronter Odin, de lui demander pourquoi il m'avait menti pendant toutes ces années sur ma véritable filiation.
Le regard d'Odin se durcit tandis qu'il tentait d'expliquer les raisons complexes derrière ses choix, invoquant la nécessité de préserver l'équilibre fragile entre les royaumes et de maintenir la paix. Malgré ses explications, je ne pouvais m'empêcher de ressentir une profonde trahison.
"Alors c'est ça ? Je ne suis rien de plus qu'une relique volée ? Pourquoi m'as-tu élevé comme ton fils si je suis l'enfant de ton ennemi ?", répliquai-je avec amertume.
"Tu n'étais qu'un enfant innocent, Loki. Je ne pouvais pas te laisser mourir...", répondit simplement le Père de Tous.
"Comme c'est généreux de ta part... Élever un monstre au sein du royaume des dieux ! Sais-tu seulement à quel point la vie a été difficile pour moi dans ce royaume ?", lançai-je avec colère.
"Tu as été l'un des plus privilégiés, mon fils. Ne t'attends pas à ce que je te plaigne !", rétorqua Odin d'un ton sévère.
"Privilégié ? Moi ? Les Ases me détestent et n'ont cessé de me rappeler à quel point je suis différent !", criai-je, la rancœur brûlant dans mes mots.
"Peut-être que si tu ne passais pas ton temps à fréquenter ces mortels, notre peuple t'apprécierait à ta juste valeur"
"C'est à Midgard que j'ai trouvé la chance d'être accepté tel que je suis, pas à Asgard !",
"Silence !", gronda Odin d'une voix tonitruante, faisant résonner sa lance sur le sol . "Montre-toi plus reconnaissant, Loki. Il me semble t'avoir laissé trop de liberté. Ne t'avise pas de retourner sur Midgard pour aider ton frère. Ma colère sera terrible si tu me désobéis !"
Un mélange de rage et de frustration s'empara de moi face à l'intransigeance d'Odin. Une fois de plus, ses préoccupations semblaient se tourner uniquement vers son précieux fils Thor.
Sans un mot, je me détournai de ce Père de tous, sauf le mien semblait-il.
Un sentiment de solitude m'envahit alors que je déambulais à travers les sombres couloirs du palais, perdu dans mes pensées.
Soudain, un sifflement perçant vint briser le silence qui régnait.
Mes sens aiguisés captèrent immédiatement ce son familier, celui émis par mes perles lorsque la détresse d'un enfant s'exprimait. Mon cœur se serra dans ma poitrine alors que j'identifiais la provenance de ce sifflement : la perle en verre de Tony.
