Chapitre 3
Le héros
"Loki, arrête de te morfondre. Tu as obtenu ce que tu voulais, non? Odin a enfin vu à quel point Thor était inapte à gouverner," déclara Sigyn d'un ton légèrement agacé, croisant les bras sur sa poitrine.
Je baissai les yeux, sentant mes épaules se voûter légèrement.
"Ils m'ont menti, Sigyn ! Toute ma vie, ils m'ont fait croire que j'étais un raté. Combien de fois me suis-je fait insulter et traiter d'Ergi ! Mais les Jotuns sont très différents des dieux ! Je ne suis même pas certain qu'il y ait chez les géants une différence entre les hommes et les femmes !"
Le visage ma meilleure amie s'adoucit légèrement, un soupçon de compréhension se lisant dans ses yeux. Puis elle décroisa alors ses bras et posa une main réconfortante sur mon épaule.
"Cela ne t'a jamais empêché d'embrasser ton côté féminin, que je sache... C'est pour cela que je t'ai toujours admiré. Tu te fiches de ce que les autres pensent."
Je soupirai profondément, laissant échapper une pointe de résignation dans ma voix. "Ce n'est pas pour rien qu'on m'a nommé le dieu des mensonges, Sigyn... Il y a des choses que je cache aux yeux de tous depuis que je suis en âge de marcher …"
"Comme le fait que tu n'es encore qu'un gamin ?"
Pris de court par sa remarque, mes yeux s'écarquillèrent légèrement. "Co... Comment ?"
Elle éclata alors de rire. "Ça fait à peine un siècle que tu es sorti de ta crise d'adolescence, Loki. Quelle amie ferais-je si je ne l'avais pas remarqué ?"
"Pourquoi ne m'avoir pas dit que tu avais vu au-delà de cette supercherie ?" m'exclamai-je soudain.
Elle haussa légèrement les épaules, son sourire s'élargissant. "Tu n'avais pas l'air de vouloir aborder le sujet, et tu sais que je ne suis pas du genre à insister."
Un soupir de désespoir s'échappa de mes lèvres, mes yeux fixés sur le sol. "Ma vie est tellement foutue."
"Ça t'arrive de voir le côté positif d'une situation ?" insista la déesse.
Épuisé, je relevai les yeux vers elle. "Où pourrais-je voir le côté positif ? Je viens d'apprendre que je suis une relique Jotun volée, un enfant adopté. Et maintenant, je découvre que Tony est en danger de mort et qu'il m'est impossible d'aller sur Midgard pour lui porter secours. Ah oui, et j'allais oublier, un de mes amis les plus chers est coincé dans la glace depuis 80 ans !"
Un sourire malicieux se dessina sur le visage de Sigyn, ses yeux pétillant d'une lueur espiègle. "Rappelle-moi, les Jotuns sont-ils des dieux ?"
Réfléchissant à sa question, je répondis un instant plus tard. "Bien sûr que non, ils..." Mes mots se figèrent brusquement alors que la réponse m'apparaissait clairement. "Ils sont mortels..."
"Et dire que tout ce temps, tu aurais pu parcourir Midgard sous ta forme Jotun au lieu de rester invisible," fit remarquer mon amie.
Je fronçai les sourcils, perplexe devant cette perspective. "J'aurais été perçu comme un monstre à leurs yeux..."
"Il se trouve que Tony aurait bien besoin d'un monstre de ton calibre pour le libérer.. Et pendant que tu y es, n'oublie pas de saluer Steve de ma part. J'ai entendu dire que les Jotuns étaient experts dans la maîtrise de la glace."
Une vague d'appréhension me submergea, mes pensées se mêlant au tourbillon de mes émotions. Je savais que Sigyn avait raison. Mais les Jotuns... cette race m'avait toujours terrifié. Les cauchemars récurrents de mon enfance prenaient soudain un sens plus profond. Ce monstre aux yeux écarlates qui hantait mes rêves, ce n'était pas qu'une simple illusion, mais plutôt un souvenir enfoui. Être moi-même une de ces créatures de glace me remplissait de terreur.
Je déglutis difficilement, cherchant à apaiser les battements frénétiques de mon cœur.
"Tu as raison..." murmurai-je en me redressant. "Je ne peux pas rester passif maintenant que j'ai enfin les moyens de leur apporter de l'aide."
Le regard de la déesse s'illumina d'un éclat satisfait.
Fermant les yeux, je cherchais alors en moi le sortilège camouflant ma vraie nature. Après quelques minutes d'intense concentration, je sentit enfin l'énergie froide de la glace m'envelopper…
Heimdall m'accueillit avec un regard interdit, ses yeux perçants scrutant mon nouveau visage alors que je m'avançai vers lui.
"Prince... Loki ?" demanda-t-il, sa voix empreinte d'une tension palpable.
"J'aurais besoin d'aller sur Midgard," déclarai-je d'un ton sans appel.
Il secoua légèrement la tête, ses yeux exprimant le conflit intérieur qui l'habitait. "Votre père avait interdit toute excursion sur Terre jusqu'à nouvel ordre. Thor devra affronter seul sa punition."
Ma voix devint plus insistante : "Ce n'était pas à mon frère que je veux secourir, mais à un humain."
Un léger froncement de sourcils se dessina sur son visage : "Un humain ?"
"Pourrais-tu me dire où est Tony Stark à l'heure actuelle ?" demandai-je, essayant de garder un semblant de calme malgré l'urgence qui me tenaillait.
"Il... Il est prisonnier dans ce qui semble être un souterrain en Afghanistan", répondit Heimdall, son expression devenant plus sombre.
"Accepterais-tu de me téléporter là-bas ?" le suppliai-je, plongeant mon regard dans le sien.
"Loki..." commença-t-il, mais je ne le laissai pas finir, espérant que mes mots touche une corde sensible chez l'homme.
"Si tu refuses, je trouverai un autre moyen, Heimdall. Mais le temps presse. Je t'en prie. Cet humain est très important pour la sauvegarde de Midgard."
" Si ton père me demande où tu es, je ne pourrai pas lui mentir," m'avertit-il en soupirant. Puis il activa le pont devant nous.
J'acquiesçai d'un mouvement de tête, lui lançant un regard empli de gratitude.
Le voyage à travers le Bifrost se révéla bien plus rapide que parcourir les branches d'Yggdrasil à pied. Dans un tourbillon de couleurs et de lumière, je me retrouvais soudain dans un endroit sombre et poussiéreux.
"Ça a marché ?" entendis-je soudain derrière mon épaule.
Me retournant prestement, j'aperçus un Tony Stark échevelé, me regardant avec une lueur de folie dans les yeux. Dans sa main, il tenait ce qui semblait être une lampe à huile.
"Reculez, Stark ! Si c'est vraiment un djinn, il doit être malveillant !" déclara un homme d'âge moyen portant des vêtements usés et a une barbe grisonnante.
"Si c'est le génie de la lampe, alors il est censé être à mon service, non ?" rétorqua Tony, arborant un large sourire.
"De quoi parles-tu exactement, Stark ?" répliquai-je, frustré de ne pas comprendre un seul mot de leur conversation étrange.
"Tu es supposé exaucer trois de mes souhaits, n'est-ce pas ?" insista Tony.
"Je ne comprends pas un traître mot qui sort de ta bouche, humain ! Sois plus clair, sinon ma colère sera terrible !" rétorquai-je, sentant mon agacement monter.
"Ok, ok, pas la peine de t'énerver, beau Na'vi ! Alors voilà : j'ai frotté cette lampe et tout d'un coup, tu es apparu comme par magie ! Comme dans le film Aladdin ! Donc je suppose que les génies existent et que tu me dois trois vœux !"
Un silence pesant s'installa, chargé d'incompréhension.
"Bien sûr, pour jouer le jeu", ajouta l'homme, "j'utiliserai mon dernier vœu pour te libérer, tu as ma parole !"
"C'est moi qui suis venu te libérer, Stark ! Je ne comprends pas ce que cette lampe vient faire là-dedans ! Et je ne suis pas un djinn !" m'écriai-je, adressant mes paroles au compagnon de Stark.
" Alors qu'es-tu " ? Demanda l'homme plus âgé d'un ton méfiant. " Un mutant peut-être ? "
"Cela n'a pas d'importance, je suis là pour vous venir en aide. Où sommes-nous exactement ?" répondis-je d'un ton déterminé, cherchant à comprendre notre situation.
Je me rendis soudain compte que nous devions être dans une sorte de souterrain. Des stalactites pendaient du plafond, témoignant de l'humidité ambiante. Les parois rocheuses nous entouraient de toutes parts, créant une sensation d'enfermement. Un amas de vieilles machines jonchait le sol.
Mon regard se posa alors sur Tony. Son visage était marqué par la faim et la fatigue. Bien que je sois toujours en colère qu'il consacre sa vie à la course à l'armement, je ne peux m'empêcher de ressentir une profonde affection à son égard. Il fait partie des humains que j'ai protégés tout au long de ma longue existence, mais il y a quelque chose de spécial à son sujet. Un lien encore plus puissant qu'avec les autres enfants...
Mon attention fut alors attirée par un objet qui brillait sur sa poitrine, et je m'approchai pour l'observer de plus près.
"Es-tu blessé ?" demandai-je d'une voix empreinte d'inquiétude en me précipitant vers lui, cherchant des signes de blessures ou de douleur.
L'homme s'écarta prestement de moi, manifestement effrayé.
"Woh ! Pas les pattes, Jake Soully ! Ça n'a pas encore bien cicatrisé ! s'exclama-t-il.
Je m'immobilisai soudain, réalisant à quel point mon apparence pouvaient être perçues comme menaçantes. J'abaissai lentement mes mains, cherchant à apaiser ses craintes.
"Désolé, je ne voulais pas te faire peur", dis-je d'une voix plus calme, essayant de le rassurer.
Tony me regardait avec méfiance, mais aussi avec une lueur d'espoir.
"Donc, tu es un mutant envoyé par les X-Men ?" demanda-t-il enfin, son ton mêlant curiosité et scepticisme.
"En quelque sorte", répondis-je avec un sourire énigmatique.
Tony arqua un sourcil, visiblement intrigué.
" Si Ali Baba a quarante voleurs, Shérazade, mille histoires de cœur. Toi, Maître, tu es encore bien plus fort. Car tu possèdes un truc qui vaut de l'or ! " Chantait Tony, allongé sur la table d'opération. "
Je m'efforçais d'apporter les dernières améliorations à la machine logée dans sa poitrine, mais cet humain était véritablement exaspérant.
"Es-tu certain qu'il n'a pas également pris des éclats d'obus dans la cervelle ?" demandai-je distraitement à Yinsen, qui travaillait sur l'armure à mes côtés.
"Parfois, la frontière entre la folie et le génie est mince..." répondit l'homme en poursuivant son travail.
"Mais euh !" s'écria Tony, l'air offensé. "Suis-je le seul à voir vu le film Aladin dans cette pièce ?"
Ni Yinsen ni moi ne daignâmes lui répondre.
Tandis que Tony boudait dans son coin, je vissais délicatement une nouvelle pièce à son réacteur à Arc.
"Es-tu une sorte de génie parmi les génies ?" me demanda-t-il, manifestement incapable de rester silencieux ne serait-ce qu'une minute.
"Je te l'ai déjà dit, Stark, je ne suis pas un génie..."
"Pourtant, il me semble avoir souhaité très fort être guéri, et tadam ! Tu répares et améliores le réacteur qui me permet de rester en vie !"
"Tu risquais un empoisonnement au palladium si je n'étais pas rapidement intervenu."
"C'est pourquoi j'en ai déduit que tu étais un véritable génie ! Moi-même, je n'avais pas encore pensé à ce détail d'empoisonnement. Maintenant, laisse-moi me concentrer, je dois formuler mon deuxième vœu : Génie, je souhaite que tu nous fasses sortir de cette grotte !"
"C'est le plan", m'impatientais-je. "D'ici deux jours maximum, nous serons libres."
"Ne pourrais-tu pas simplement nous téléporter hors d'ici, de la même manière que tu es venu ?" demanda Tony avec espoir.
"Je ne peux pas transporter des humains avec moi," grognai-je.
"Dans le film Aladin, on a le droit à une présentation complète du génie en chanson, je me sens lésé ! Tu ne veux même pas nous dire ton nom !" s'exclama-t-il.
"Il y a malheureusement certaines choses que je dois taire...Et mon nom en fait partit." répondis-je avec regret.
"Comment se fait-il que personne ne se soit inquiété qu'un grand schtroumpf comme toi débarque dans ce bunker ? Les caméras de surveillance auraient dû alerter nos hôtes depuis longtemps."
"Magie", répondis-je simplement. "Vos appareils technologiques ne peuvent pas détecter ma présence. Mon pouvoir me permet de passer inaperçu."
"Dément !" s'enthousiasma Tony à la manière d'un enfant.
"Pour un homme à l'esprit scientifique, tu sembles accepter assez facilement cette histoire de magie," fis-je remarquer avec ironie.
"C'est parce que, enfant, j'ai déjà été confronté à ce genre de phénomènes. Je voue même un culte à un dieu !"
Je m'étranglai soudain, surpris par cette révélation.
"Un dieu ? Je ne te pensais pas croyant, Stark," rétorqua Yinsen.
"En effet. Plus précisément le Dieu du fleuve Houston aux États-Unis".
"C'est… Très précis," répondit le vieil homme en riant. "Je suppose que c'est là-bas que tu as vécu ta première expérience avec le surnaturel ?"
"C'est exactement ça ! J'avais à peine huit ans et mes parents m'avaient obligé à me rendre à un gala de charité sur un petit bateau de croisière. J'étais une sorte de bête de foire pour tous les invités présents. Comme un petit Mozart ou un Léonard de Vinci des temps modernes. La vie me paraissait sans attrait. Je trouvais le monde fade et les gens insipides. C'est alors que je l'ai vu ! Un garçon de mon âge m'observait sous les eaux troubles du fleuve. J'ai d'abord cru qu'il était le fruit de mon imagination, mais son sourire me disait le contraire. Par esprit scientifique, j'ai voulu vérifier par moi-même. Je me suis jeté à l'eau pour le rejoindre. J'ai agrippé ses mains, et il n'y avait plus de doute possible ! Il était bel et bien réel. Puis on m'a repêché. Mes parents ont cru à une tentative de suicide," plaisanta-t-il. "Plus jamais je n'ai été obligé de participer à un gala."
"C'était peut-être un mutant ?" suggéra Yinsen.
"Non, je le sais car je pense l'avoir revu quelques années plus tard. J'avais eu la grossièreté de jeter une bouteille de whisky dans le fleuve," continua Tony.
"Et que s'est-il passé ?"
"Je crois qu'il m'a maudit. Je n'ai jamais plus goûté à une goutte d'alcool sans qu'elle ne devienne du jus de pomme. Et Dieu sait combien je déteste le jus de pomme !"
Mon coeur battait à toute allure dans ma poitrine. Je n'en revenais pas. Depuis tout ce temps... Tony s'était souvenu de moi ? Je me demandais alors combien de fois il avait repensé à cette rencontre, combien de fois il avait essayé de comprendre ce qui s'était passé ce jour-là ?
Sortant de mes réflexions, je remarquai que Tony baillait de fatigue
"Tu devrais dormir un peu, Stark. Tu as une mine affreuse," suggérai-je.
Il bailla à nouveau tout en secouant la tête en signe de refus. "Cauchemars," expliqua-t-il simplement d'une voix lasse.
Tony m'avait déjà raconté comment il avait assisté à la mort de jeunes soldats, se sentant responsable de cette tragédie. J'avais moi-même connu de nombreux cauchemars après les batailles menées pour Asgard.
Doucement, tout en continuant de travailler, je commençai à fredonner un air apaisant.
Je regardais avec amusement les yeux de Tony papillonner, luttant contre le sommeil.
Les contours de son visage s'adoucirent peu à peu et sa respiration se fit plus calme.
"C'est la première fois que je le vois s'endormir si facilement !" chuchota Yinsen. "D'habitude, il parle jusqu'à l'épuisement..."
"Ça lui ressemble bien..." répondis-je avec tendresse.
L'homme me jeta un drôle de regard, comme s'il comprenait soudain qui j'étais.
"Jésus transformait l'homme en vin, paraît-il. Faut-il voir quelque chose de prophétique dans le fait que Tony Stark peut transformer son whisky en jus de pomme ?" demanda-t-il finalement avec une pointe d'humour dans la voix.
" Ne faite pas la comparaison devant lui. Je doute que son égo en ai besoin ". Riais-je nerveusement.
" J'ai toujours trouvé étrange la façon dont les gens adorais leur dieu…Dit-il plus sérieusement. Je suis athée, voyez-vous. " Mais qui sait ? Peut-être que peu importe nos croyances, il y a énergie dans l'univers qui fait en sorte de nous rendre au centuple l'amour que l'on a un jour donné..."
Dans cet instant, une sorte de compréhension tacite mêlé de respect s'établit entre nous. Tandis que Tony dormait d'un sommeil de plomb, Yinsen et moi continuâmes de travailler sur l'armure et les préparatifs pour notre évasion imminente.
" Tu as le pouvoir, enfile tes gants, allume la mèche, et tu seras gagnant. Ça va faire Boum ! Au feu ! "
Soudain, une explosion puissante réduisit en poussière la porte de notre prison. Les débris volaient dans tous les sens, laissant place à une brèche béante dans notre chemin vers la liberté.
Sans perdre un instant, nous nous engouffrâmes dans l'ouverture, nous frayant un chemin à travers les décombres. Dans l'étroitesse des tunnels, une danse mortelle s'engagea alors. Les gardes étaient désorientés, pris par surprise par la soudaine évasion. La panique régnait dans leurs rangs, ce qui nous donnait un avantage crucial.
Tony, revêtu de son armure de métal, se tenait en première ligne, repoussant les gardes d'un seul coup de poing, les envoyant valser dans les airs. Son armure était d'une force imparable. Les lasers jaillissaient de ses répulseurs, frappant les gardes un à un.
De mon côté, ma lame de glace brillait d'une lueur bleue, tranchant à travers les rangs ennemis avec une aisance mortelle.
Il arrivait de plus en plus de gardes cependant, et nous nous retrouvâmes bientôt submergés par leur nombre.
Yinsen, arrachant soudain un fusil des mains d'un cadavre, était résolu à créer une distraction pour nous donner, à Tony et à moi, l'opportunité de nous frayer un chemin vers la sortie.
"C'est ce que je voulais", nous rassura-t-il.
"Et votre famille ?" lui demanda Tony d'une voix désespérée.
"Ils sont déjà tous morts, et je vais bientôt les rejoindre", répondit Yinsen avec résignation."Ce cesse jamais de multiplier l'amour dans les bras de ceux qui t'aiment," ajouta-t-il d'une voix douce à mon intention.
Le cri de l'homme résonna alors dans les couloirs et un éclair de lumière aveuglante illumina la grotte, suivi d'une violente explosion. Les débris volaient dans tous les sens, l'onde de choc nous projetant en arrière.
J'entendis Tony hurler le nom de son ami, désespéré. Son visage était déformé par la douleur et la colère, les larmes se mêlant à la sueur qui perlait sur son front. Nous restâmes un instant figés, choqués par la perte de Yinsen. Mais nous n'avions pas le luxe de nous laisser submerger par le chagrin.
D'un geste résolu, je poussai Tony vers la sortie, le forçant à se remettre en mouvement. Sa résistance initiale céda face à ma détermination, et il se laissa guider par mon élan.
D'autres gardes nous attendaient à l'entrée et sans plus attendre, je me lançai à l'attaque.
Ma lame de glace scintillait dans le soleil du désert, tranchant l'air avec rapidité et précision. Les gardes tentaient de riposter, mais ils étaient désorientés par notre soudaine résurgence.
Tony, reprenant ses esprits, se joignit à moi. Les répulseurs de son armure projetaient des éclairs d'énergie, pulvérisant les gardes qui osaient s'approcher de nous.
Une balle traversa soudain mon épaule et je m'effondrai au sol, rappelé à la réalité de ma vulnérabilité en tant que simple mortel sous ma forme Jotun.
Tony, réagissant rapidement, se précipita à mes côtés, éliminant d'un coup de laser l'homme responsable de ma blessure. Il se pencha sur moi, inquiet et déterminé à me protéger.
"Accroche-toi à moi, Hellboy", dit-il d'une voix urgente.
"Pardon ?" grognai-je en me tenant l'épaule.
"L'armure peut voler ! Si tu te tiens à moi, nous pourrons nous échapper de cet enfer !"
"Tu n'aurais pas pu me le dire avant, Stark ?" répliquai-je avec sarcasme.
Malgré la douleur, je saisis fermement le bras de Tony, me serrant contre lui tandis que l'armure s'élevait dans les airs.
" Tes yeux sont aussi beaux que des rubis, le savais-tu ? Me lança l'homme avec un clin d'œil.
Tandis que je roulais les yeux d'exaspération, nous nous élevâmes au-dessus de la base, laissant derrière nous le chaos et l'agitation.
Les deux jours que nous passâmes dans le désert furent particulièrement éprouvants. J'étais parvenu à endormir la douleur de mon épaule grâce à la glace. Tony quant à lui, avait enfin arrêté de parler, économisant sa salive alors que notre réserve d'eau s'épuisait.
La chaleur écrasante du désert semblait absorber toute notre énergie. Chaque pas que nous faisions dans le sable brûlant était de plus en plus difficile, nos pieds s'enfonçant avec peine. Je faisais de mon mieux pour soulager Tony de la chaleur, lui procurant un peu de fraîcheur grâce au contact de ma peau. La nuit venue, mon corps produisait au contraire assez de chaleur pour nous réchauffer tous les deux.
" Si le génie d'Aladin avait les mêmes compétences que toi, ce n'est pas dans le lit de la Princesse Jasmine que le Prince des voleurs aurait passé ses mille et une nuit…" Déclara un beau soir Tony alors qu'il se pelotonnait contre moi.
"Tu parles vraiment pour rien dire, Stark," répliquai-je, jouant le jeu. "Mais je suppose que c'est ce qui fait ton charme."
Un silence paisible s'installa entre nous, rompu seulement par le souffle régulier du vent dans le désert. Les étoiles scintillaient au-dessus de nous, offrant leur éclat dans l'obscurité de la nuit.
Ce n'est que le troisième jour que nous vîmes apparaître les secours dans le ciel. Faisant de grands signes, Tony les appela à l'aide. L'hélicoptère s'approcha avec précaution, ses pales battant l'air avec force.
L'engin se posa en douceur en contrebas des collines de sable, et un soupir de soulagement s'échappa de mes lèvres. Tony était en sécurité à présent. Cependant, je savais que mon devoir ne s'arrêtait pas là. Je devais à tout prix aider Steve avant qu'Odin n'envoie Heimdall me chercher.
Je jetai un dernier regard vers Tony, mon cœur lourd de tristesse et d'appréhension.
"Je dois partir à présent," lui dis-je d'une voix empreinte d'émotion. "Prends soin de toi, Stark," ajoutai-je, sentant ma gorge se nouer.
"Attends un instant !" s'écria Tony en sortant de son armure la lampe à huile.
Je le regardais avec stupéfaction, ne pouvant croire qu'il avait gardé cette chose stupide pendant si longtemps.
"Ne me dis pas que..." commençai-je, mais Tony me fit signe de me taire et se mit à frotter vigoureusement la lampe.
" Je peux savoir ce que tu essayes de faire Stark ? " m'impatientais-je, épuisé par ses pitreries.
" Je t'avais promis d'utiliser mon troisième vœu pour te libérer, non ? Alors voilà, Beau Génie, je souhaite que tu sois libre ! "
Un silence pesant prit place autour de nous.
" Ça a marché ? " Demanda Stark ? " Je n'ai vu Aladin qu'une fois, mais il me semblait qu'à la fin du film il…"
Je tirais cet idiot vers moi, l'embrassant pour le faire taire. Il ne lui fallut que quelques secondes pour se remettre de sa surprise et répondre à mon baiser avec une passion égale. Nos souffles se mêlèrent dans une débâcle de soupirs.
Lorsque nous nous séparâmes, pantelants, Tony prononça d'une voix rauque, chargée de désir :
"Tes lèvres sont froides... C'est... très agréable..."
Pour toute réponse, je lui lançai un sourire espiègle. Ses doigts se perdirent tendrement dans mes tresses, créant des frissons délicieux le long de ma nuque.
"Tu es certain de vouloir rester dans cet horrible désert ?" me taquina-t-il.
"D'autres affaires m'attendent ailleurs..." répliquai-je avec malice.
"Oh, je vois. Tu es un djinn à l'emploi du temps très chargé. Je peux parfaitement comprendre, étant moi-même un génie..."
"Combien de fois devrais-je te répéter que je ne suis pas un Djinn..." soupirai-je.
À mes mots, Stark jeta la lampe derrière son épaule.
"Très bien, ne te fâche pas. J'ignore juste comment te remercier."
"Ne me remercie pas, je t'en devais une."
Ses sourcils se froncèrent tandis que ses doigts s'attardaient sur une perle en particulier dans ma chevelure.
"C'est impossible..." murmura-t-il, la surprise éclairant soudain son visage.
"Ne t'avise plus jamais de jeter des bouteilles de whisky dans la nature, Anthony, sinon il t'arrivera des choses bien pires que de ne plus jamais pouvoir boire une goutte d'alcool."
La bouche de l'homme s'ouvrit et se ferma plusieurs fois, cherchant ses mots.
"Espèce d'enfoiré, c'était toi ?" s'exclama-t-il, l'incrédulité et la joie se superposant tour à tour dans ses yeux noisette.
Je laissai échapper un rire enjoué avant de m'adresser mentalement à Heimdall, lui demandant de me téléporter en Antarctique. J'avais un soldat à sauver…
J'avais oublié combien l'Antarctique pouvait être agréable en hiver. Je comprenais à présent mieux pourquoi je m'y étais toujours senti comme un poisson dans l'eau pendant tout ces siècles à suivre les baleines pendant leurs migrations.
Retrouvant enfin l'avion de Steve, j'étais parvenu sous mon apparence Jotun à contrôler la glace afin qu'elle fonde doucement sans lui causer de dommages. Il se réveillerait bientôt, tout pimpant après 80 ans de sieste bien méritée.
Entre-temps, je décidai de me débarrasser du sang séché et de la crasse du désert qui maculait encore mon corps. Je plongeai dans les eaux cristallines, sentant le froid pénétrer ma peau. L'eau froide me ravivait, me donnant une nouvelle énergie.
Pendant que je me rafraîchissais, une réalisation soudaine m'envahit. J'avais enfin pu rencontrer Tony ! Les circonstances étaient loin d'être idéales, certes, mais même sous ma forme Jotun, je semblais lui avoir plu ! Nous avions même échangé un baiser !
Je doutais fortement qu'Odin m'autorise à le courtiser cela dit... Les règles strictes de notre société asgardienne interdisaient toute relation entre les dieux et les mortels. Encore moins entre deux hommes. Je priais intérieurement pour qu'Heimdall lui épargne les détails de mon voyage sur Midgard.
Un bruit au-dessus de la glace attira soudain mon attention. J'étais toujours plongé sous les eaux, mes sens en alerte. Puis une main perça la glace sans prévenir pour agripper ma chevelure et me ramener à la surface.
Un Steven Rogers, visiblement mécontent, me plaqua violemment contre le sol glacé, ses yeux brûlants de rage.
"Qu'es-tu ? Un allié de Red Skull ? Où est-il ? Dis-le moi !"
Certes, je n'étais pas un excellent guerrier, mais j'avais tout de même plus de mille ans d'entraînement en combat rapproché à mon actif. C'est donc instinctivement que, d'un coup de tête, je tentai d'assommer Steve.
Mal m'en prit, car j'avais oublié un détail crucial : sous ma forme Jotun, je n'avais pas la même résistance qu'un Ase. Je sentis une de mes cornes se briser sous le choc et poussai un cri guttural de douleur. Steve avait la tête dur, c'était le moins qu'on puisse dire.
Le soldat, peu impressionné par ma combativité, me retenait toujours. J'avais beau me débattre, il semblait au meilleur de sa forme après une sieste de plus de 80 ans.
"Parle, démon !", m'ordonna-t-il, ses doigts se resserrant autour de ma gorge, menaçant de m'étouffer.
L'air me manquait et d'une voix étouffée, je tentai de répondre :
"C'est ainsi que tu traites ton sauveur ?"
"Que veux-tu dire ?"
"Tu étais prisonnier de la glace. C'est moi qui t'ai libéré."
Le visage de Steve scrutait le mien avec méfiance. Finalement, ses doigts se relâchèrent légèrement, me laissant reprendre mon souffle. Il ne me lâcha pas complètement, mais sa prise était moins étouffante.
"Pourquoi devrais-je te croire ?" grogna-t-il d'un ton dur. "Tu ressembles à une de ces créatures à la solde de Red Skull."
Le sifflement offensé que je produisis ne me rendit pas service. Le soldat me regardait comme si j'étais un monstre, et mon cœur se serra. J'avais pris tellement de risques pour le sauver. Un profond sentiment d'injustice me submergea alors que je plongeais mes yeux rouges dans les siens, plus bleus encore que la glace.
"Allons, Steve... Devons-nous vraiment jouer à ce jeu ?" répliquai-je. "Je te ferais remarquer qu'à l'heure où nous nous parlons, nous sommes en plein milieu de l'Antarctique. S'il te prenait soudain l'envie de... Je ne sais pas... Disons, retourner à la civilisation, saurais-tu quel chemin emprunter ? Ah non, j'oubliais ! Il n'y a pas de chemin ici !"
L'homme semblait réfléchir à mes paroles. Il attrapa soudain ce qui ressemblait à des menottes. D'où sortait-il ces choses grotesques ? Lorsqu'il m'attacha les poignets avec, je pris conscience que je ne pouvais pas les briser.
"Elles sont en vibranium," m'informa-t-il. "Si tu tentes quoi que ce soit pour t'échapper, je te promets que tu le paieras cher."
"Je suis terrorisé..." ironisai-je en me redressant.
J'aperçus alors mon reflet sur sol glacé. "J'espère que ça repousse," me dis-je en songeant à ma corne brisée.
"A présent, guide-moi vers la civilisation. Je te préviens, si je vois que tu me mènes en bateau, je..."
"Je sais..." le coupai-je avec une moue ennuyée. "Tu me le feras payer... Très cher..." terminai-je en lui lançant un regard lubrique.
Mon amusement fut complet lorsque je vis les joues de l'homme rougir adorablement.
"N'as-tu pas de vêtements ?" me cria-t-il, essayant de cacher son embarras face à ma nudité.
Je haussai les épaules tout en continuant de sourire. "Je n'en ai pas besoin, mon corps est fait pour résister aux températures extrêmes. Hier encore, je faisais une balade de santé dans le désert en compagnie de Tony Stark. C'est un sacré personnage, ce Tony."
"Tony Stark ? Tu voulais certainement dire Edward Stark, je me trompe ? Est-ce lui qui t'a envoyé pour me sauver ? Ton apparence est-elle le résultat d'une nouvelle expérience ?"
Je soupirai de fatigue devant l'étendue de son ignorance. Tant d'années à rattraper en si peu de temps…
" Mettons-nous en route avant que tu ne gèles définitivement. Je te raconterai tout ce que tu as raté en route."
La traversée de l'Antarctique fut effectivement longue et laborieuse. Nous dûmes faire face à de violentes tempêtes de neige et Steve avait du mal à tenir le rythme. Mais je ne le laissai pas abandonner. Pas question de m'être donné tant de mal pour rien, même si ce demeuré était aussi têtu qu'un troll.
"Tu veux vraiment me faire croire que j'ai dormi pendant 80 ans ?" s'exclama Steve une fois que je lui résumais la situation.
J'acquiesçai sérieusement, sachant que mes mots pouvaient sembler tout à fait fous pour lui. "Oui, c'est bien ça. Tu as été piégé dans la glace pendant près de 80 ans. Pour toi, c'était comme une sorte de sommeil profond, mais pour le reste du monde, le temps a continué de s'écouler."
Le visage de Steve était un mélange de confusion et de choc. "Mais comment est-ce possible ? Comment ai-je pu survivre tout ce temps ? Avons-nous gagner la guerre ? "
"Je t'expliquerai tout, je te le promets," répondis-je doucement. "Mais pour l'instant, concentrons-nous sur le fait de rentrer chez toi et de t'adapter à cette nouvelle réalité."
Steve hocha la tête, semblant encore déboussolé par toutes ces informations. Puis il eut l'air de prendre une décision et s'approcha de moi afin de me libérer de ces horribles menottes.
"J'ignore comment l'expliquer autrement, mais j'ai l'impression de te connaître…" finit-il par avouer, cherchant ses mots avec précaution.
Je lui lançai un petit sourire en coin avant de continuer à marcher.
Finalement, après des jours d'efforts épuisants, nous atteignîmes une base militaire abandonnée. Steve était épuisé, mais il était sain et sauf. Je savais que depuis ce poste, il pourrait aisément appeler des secours.
Tout en attendant qu'il passe son appel, je regardais d'un œil inquiet les bateaux se découpant sur l'horizon glacé.
"Des baleiniers", compris-je soudain, le cœur amer.
Ces tueries ne cesseraient-elles donc jamais ? J'aurais bien volontiers nagé jusqu'à leur navire pour détruire tout leur équipement, pour stopper cette barbarie sans merci. Sous ma forme Jotun, j'étais à présent capable d'intervenir directement.
Hélas, je m'étais déjà trop mêlé à la vie de Midgard ces derniers jours, et une telle action risquait d'attirer davantage l'attention sur moi. Je redoutais d'avance la colère d'Odin. Me punirait-il comme il l'avait fait pour Thor, en m'envoyant sur Terre pour une existence mortelle ? Je ne demandais pas mieux… Une vie de simple mortel répondrait à mes rêves les plus fous, loin des intrigues et des batailles divines.
C'est alors que mes oreilles sensibles captèrent le chant d'une baleine à l'agonie et ma vision se troubla de larmes. Combien de ces belles créatures étaient mortes à cause de l'avidité des hommes ?
Alors que les larmes coulaient le long de mes joues, je répondis à cette sœur de l'océan d'une voix étranglée par la peine, laissant mes mots s'élever dans l'air glacial :
Il y a des cœurs au fond de l'océan
Il y a l'erreur qu'on fait depuis longtemps
De croire que les baleines ne pleurent pas
Comment parler de ça, sans briser ma voix ?
Comment te dire les choses ?
Le mal que l'on cause
Si je savais comment sauver les géants
De nos mains qui les tuent
À perte de vue…
"Qui es-tu ?" demanda la voix de Steve dans mon dos "Qui es-tu réellement ? ".
Je n'avais pas entendu l'homme me rejoindre, et je séchai vite les larmes sur mon visage avant de me retourner pour lui faire face.
"Juste un inoffensif petit serpent…" répondis-je en lui souriant tristement.
Puis des bras fermes vinrent me tenir pour m'enlacer. La chaleur réconfortante de son étreinte me surprit. Depuis combien de temps on ne m'avait pas tenu ainsi ? Je pouvais le dire.
"C'est toi…" murmura Steve d'une petite voix, ses doigts trouvant dans ma chevelure la perle en bois qu'il avait taillée pour moi autrefois.
Je fus prise de court par sa réaction. Comment pouvait-il finalement se rappeler de moi après tout ce temps ? Avait-il des souvenirs de notre rencontre passée ? Je restai silencieux un instant, cherchant les mots justes pour lui répondre.
"Steve, je..." commençai-je, mais il posa doucement un doigt sur mes lèvres pour me faire taire.
"Je ne sais pas comment, mais je sais que tu es important pour moi," dit-il avec une sincérité touchante dans son regard bleu.
Mon cœur se serra devant cette déclaration, et je lui retournais son étreinte.
Un peu plus tard, son regard devint sérieux alors qu'il me demandait : "Maintenant, vas-tu me dire ce qui t'a fait pleurer ainsi ? Que je règle le problème..."
Y'a Steve qui va aller casser d'la gueule aux baleiniers wesh (*bruit de crachat version Rose DeWitt Bukater*) Ça va saigner !
Prochain chapitre : le méchant sorcier (parce que oui, j'écris une version Marvel de la petite sirène héhé.)
Plus Team Steve ou Tony ? Je sais que j'ai dit que c'était du Frostiron, mais je demande quand même car ce chapitre est…Disons…Ambigüe au niveau des relations entre les persos. Non ? N'avez-vous pas senti cette odeur légère de…
Avec plein d'Amour
Miss_Healthy_OneShot
