Depuis leur dispute à Ottery St Catchpole, Megan n'avait pas revu Kevan. Ils avaient toutefois échangé de nombreuses lettres, sans jamais aborder à nouveau le sujet d'Ally Collins, que le jeune homme se gardait bien de mentionner dans ses écrits. Malgré cela, Megan n'oubliait pas qu'ils se voyaient chaque jour au ministère, mais cette pensée ne la blessait plus autant. Loin de lui depuis plusieurs mois, au milieu des drames adolescents de Poudlard et confrontée aux aveux de Draco, sa jalousie lui paraissait futile. Il ne lui manquait pas autant qu'il aurait dû et, s'il était heureux avec cette autre fille, sans qu'elle n'en sache rien, ce n'était finalement pas une si mauvaise chose. Le plus important était qu'il soit en sécurité.
Voldemort connaissait son nom. Il figurait sur la liste des gens qu'il devait s'engager à garder en vie si elle le rejoignait, et elle lui en avait dit beaucoup sur lui. Trop. « Il n'a rien à craindre », avait affirmé la créature deux ans plus tôt, compte tenu du fait qu'il était de Sang Pur. Mais son ascendance n'était pas l'origine du danger. Elle avait avoué à Voldemort qu'ils étaient ensemble, et il l'avait vu dans son esprit lorsqu'il avait fouillé sa mémoire. Comme l'avait durement fait remarquer McGonagall, elle ne l'avait pas sauvé, elle lui avait mis une cible dans le dos.
Chaque jour qui passait sans que son nom n'apparaisse dans la Gazette du Sorcier parmi les disparus était un soulagement, mais également une agonie. Il était peu probable que Voldemort ait oublié les informations qu'elle lui avait divulgué malgré elle pendant son séjour au manoir des Riddle, alors pourquoi ne s'en était-il toujours pas pris à lui ? Se délectait-il de l'angoisse qui nichait au creux de son ventre, la dévorant de jour en jour, dans l'attente insupportable de l'horrible nouvelle ? Kevan était le seul, parmi tous ceux qui figuraient sur sa liste, à ne pas être à l'abri des Mangemorts : Ron, Hermione et Ginny étaient à Poudlard, le reste des Weasley étaient couverts par l'Ordre, les Boyd et Cal étaient en exil, et les Malfoy étaient, à leur façon, protégés d'un joug immédiat de Voldemort. Quant à Sirius, il était déjà mort.
- Penses-tu vraiment que j'aurais couru ce risque, Meganna ? lui répondit affablement Dumbledore lorsqu'elle ne supporta plus la peur et fit irruption dans son bureau le troisième mercredi de mars, à la tombée de la nuit. Bien que tu aies été la plus discrète de tous les adolescents de ce château au sujet de ton histoire d'amour, tu n'ignores pas que j'en avais connaissance.
- Toujours à vous mêler de ce qui ne vous regarde pas, hein ? grogna Megan.
- Cette insolence est inacceptable ! tonna Phineas Nigellus Black depuis son portrait.
- Merci, Phineas, le coupa Dumbledore sans lever les yeux. De toute évidence, Voldemort en a également connaissance, je me doute que ses talents de Legilimens ne pouvaient le laisser passer à côté de cette information, aussi douée sois-tu en Occlumancie – tu avais d'autres secrets à lui dissimuler, il te fallait lui donner quelque chose d'authentique à trouver en toi, sans quoi il aurait deviné que tu n'étais pas sincère.
Sincère, elle ne l'avait été ni avec Voldemort, ni avec Dumbledore, mais aucun d'eux ne savait quel dilemme s'était joué en elle tout au long de sa quatrième année. Ils étaient trop occupés à la croire dévouée à leur service, habitués à ce que leurs fidèles leur obéissent aveuglément.
- Par conséquent, poursuivit Dumbledore, je ne pouvais pas courir le risque que Mr Garrow soit exposé. Outre toute l'affection que j'ai pour lui en tant qu'ancien élève, et admirable Préfet‑en‑chef, il est un moyen efficace de t'atteindre, ce que nous ne pouvons pas nous permettre. Les membres de l'Ordre du Phénix assurent des tours de garde ininterrompus auprès de lui – à son insu, bien sûr – depuis qu'il a quitté les murs du château l'été dernier.
Un soulagement immense emplit Megan, rapidement remplacé par un sentiment brûlant de honte : comment avait-elle pu ne pas se poser la question plus tôt ? Elle avait été accaparée par le besoin de protéger Cal, et elle n'avait pas pensé une seule seconde à mettre Kevan en sécurité. Elle avait une dette envers Dumbledore, ce qui lui était insupportable. Elle se rassénéra en pensant qu'au contraire, c'était le vieux directeur qui lui rendait là l'une des nombreuses faveurs qu'il lui devait après toutes ces années passées à faire son travail à sa place.
- J'espère que vous avez choisi des gardiens plus fiables que Dung, répondit-elle avec une grimace de dédain pour camoufler sa joie.
- Mundungus a malheureusement été arrêté cette semaine, avoua Dumbledore, visiblement contrarié. Je te remercierai de garder cette information pour toi, celle-ci n'a pas encore été rendue publique.
- Qu'est-ce qu'il a fait, cette fois ? Du commerce illégal d'héritage ?
Elle n'avait pas oublié que cette raclure de Fletcher avait pillé la maison de Sirius après sa mort pour espérer tirer profit de la situation. Bien qu'elle n'ait aucune affection pour toutes les babioles morbides accumulées au fil des ans par les Black, que Sirius détestait, elle ne supportait pas l'idée qu'on ait pu profiter de la mort de son ami. À cette pensée, son estomac se contracta douloureusement.
- Je ne peux t'en révéler plus pour le moment, l'enquête du ministère suit son cours.
- « L'enquête du ministère » ? Comme quand ils ont arrêté Stan Shunpike ? Fletcher n'est qu'un fond de benne, mais il n'a jamais pris le parti de Voldemort, pourquoi ils perdent leur temps avec ce genre de broutilles ? Où en est leur enquête pour faire tomber les Mangemorts ? Trouver le repaire de Voldemort ?
- Malgré nos désaccords, je ne peux nier que Rufus Scrimgeour accomplit un travail efficace. Les Aurors font de leur mieux pour protéger la population, celle des sorciers comme celle des Moldus, mais Voldemort est un ennemi hors du commun. Un simple Auror n'est pas de taille.
- Pourtant, vous, vous pourriez être de taille ! Et moi aussi !
- Je pense effectivement que se trouvent dans cette pièce les deux personnes les plus susceptibles de pouvoir affronter notre ennemi commun. Toutefois, j'ai mes raisons de penser que Voldemort ne peut pas être défait, pas encore. Je ne peux t'en dire plus. Pour le moment, et bien que je conçoive que cela te sera difficile, je t'exhorte à te concentrer sur ce qui se passe à l'intérieur de Poudlard, et notamment tes cours et tes examens à venir. Je me charge de la sécurité de ceux qui se trouvent à l'extérieur.
- Mes examens, ricana Megan. Comme si je serai encore à Poudlard l'année prochaine pour passer mes ASPIC. J'ai promis aux Weasley et à Remus de revenir un an de plus, cette année, mais c'est tout. Ce ne sont pas les examinateurs du ministère qui vont m'apprendre ce dont j'aurai besoin pour affronter Voldemort et les Mangemorts. Je serai majeure à la fin de l'année, ensuite je pourrai rejoindre l'Ordre et commencer enfin à me rendre vraiment utile. Et vous ne pourrez pas m'en empêcher. Vous avez besoin de moi.
Savoir Kevan en sécurité était un tel soulagement que Megan eut l'impression que les jours suivants se déroulèrent comme dans un agréable flottement. Elle ne parvint même pas à s'agacer de voir Potter réussir à transplaner pour la première fois ce samedi-là (après sept séances infructueuses), ni lorsqu'un avis affiché dans la salle commune le lendemain soir lui avait appris qu'elle ne pourrait pas se présenter au permis de transplanage puisqu'elle n'aurait pas encore dix-sept ans le 21 avril. Les élèves qui n'étaient pas dans son cas, comme Ron et Hermione, pourraient s'inscrire à des leçons supplémentaires qui seraient dispensées à Pré-au-Lard (sous l'étroite surveillance de deux Aurors) afin d'être fins prêts pour le grand jour. Ron avait été saisi de panique en lisant l'information : il n'avait toujours pas réussi à transplaner.
- Au moins, vous y arrivez quand même, vous ! fit remarquer le jeune homme d'une voix tendue en entendant Potter se plaindre de ne pas pouvoir passer l'examen en avril. Vous n'aurez aucun mal à passer le permis quand vous serez majeurs !
- Je ne l'ai fait qu'une seule fois, lui rappela Potter. Hermione, elle, a déjà réussi deux fois.
- Et Megan a visiblement fait ça toute sa vie, ajouta Ron un jetant un regard boudeur à son amie.
- Les trois D, Ronald, les trois D, lui répondit l'intéressée d'un ton léger sans lever les yeux de son devoir de potions qu'elle était en train de terminer.
Ron marmonna quelque chose d'injurieux envers Twycross qui fit froncer les sourcils d'Hermione. Ils étaient installés près du feu, dans la salle commune. Les seuls autres élèves encore debout étaient tous des sixième année. Potter avait sorti le manuel de potions du Prince de Sang-Mêlé et tournait ses pages d'un air contrarié depuis bientôt une heure. D'après ce que Megan avait compris, il n'était toujours pas parvenu à amener Slughorn à lui confier son précieux souvenir.
- Tu ne trouveras rien là-dedans, lui dit Hermione d'un ton catégorique.
- Ne commence pas, Hermione, répliqua Potter. Sans le Prince, Ron ne serait pas assis avec nous en ce moment.
- Bien sûr que si, il aurait suffi que tu écoutes en cours de potions en première année, répliqua Megan.
Potter ne réagit pas et se contenta de corner l'une des pages du manuel. Ron s'était repenché sur le devoir de Défense contre les forces du mal atrocement difficile que Snape leur avait donné. Trop occupé à s'inquiéter à voix haute des questions de transplanage, il était le seul à ne pas l'avoir terminé.
- Je te dis que cet imbécile de Prince ne peut pas t'aider pour ça, Harry ! insista Hermione en haussant la voix. Le seul moyen de forcer quelqu'un à faire ce que tu veux, c'est le sortilège de l'Imperium, qui est illégal…
- Oui, je sais, merci, répondit Potter sans lever la tête de son livre. Voilà justement pourquoi je cherche autre chose. Dumbledore pense que le Veritaserum serait inefficace mais il existe peut-être une potion ou un sortilège…
- Tu prends la mauvaise voie, affirma Hermione. Il n'y a que toi qui puisses recueillir ce souvenir, a dit Dumbledore. Ça signifie sans doute que toi seul peux convaincre Slughorn. Il ne s'agit pas de lui verser une potion en douce, n'importe qui pourrait le faire…
- Comment tu écris « belligérant » ? demanda Ron qui secouait vigoureusement sa plume, l'œil fixé sur son parchemin. Ça ne peut pas commencer par B-E-T-E…
- Non, sûrement pas, répondit Hermione en lui prenant son devoir des mains. Et « augure » ne commence pas non plus par O-R-G. Qu'est-ce que tu utilises comme plume ?
- Un de ces modèles à vérificateur d'orthographe qu'on trouve chez Fred et George… Mais je crois que le sortilège doit être usé…
- J'en ai bien l'impression, dit Hermione en montrant le titre du devoir, car la question était comment combattre les Détraqueurs et non pas les « Détartreurs » et, à ma connaissance, tu n'as pas changé ton nom en Roonil Wazlib.
Megan se pencha sur le parchemin de Ron et éclata de rire en constatant que celui-ci était truffé de fautes : Ron n'avait visiblement pas utilisé de plume à vérificateur d'orthographe mais plutôt une des plumes piégées que ses frères commercialisaient également.
- Oh non ! s'exclama Ron d'un air horrifié. Ne me dis pas que je vais devoir tout réécrire !
- Ce n'est pas grave, on va arranger ça, assura Hermione.
Elle posa le devoir devant elle et tira sa baguette magique.
- Je t'adore, Hermione ! s'exclama Ron.
Il s'enfonça dans son fauteuil en se frottant les yeux d'un air las. Hermione rosit légèrement et répondit :
- Ne répète pas ça quand Lavender est dans les parages.
- Non, dit Ron, le visage dans les mains. Ou plutôt si… Comme ça, elle me laissera tomber…
- Pourquoi tu ne la laisses pas tomber toi-même si tu en as assez ? lança Megan, fatiguée de cette relation puérile qui n'avait eu pour effet que de faire souffrir Hermione.
- Tout le monde n'est pas aussi doué que toi pour se débarrasser des autres, répliqua Ron. Tu n'as jamais laissé tomber personne, toi, Harry ? Avec Cho, vous avez simplement…
- … cessé de nous voir, oui, acheva Potter.
- J'aimerais bien que ça se passe de la même façon entre Lavender et moi, marmonna Ron d'un air lugubre. Mais plus j'essaye de lui faire comprendre que je voudrais en finir, plus elle s'accroche. J'ai l'impression de sortir avec le calmar géant.
Il regardait Hermione tapoter en silence du bout de sa baguette chacun des mots mal orthographiés qui se corrigeaient d'eux-mêmes au fur et à mesure. Megan leva les yeux au ciel. Allait-elle devoir les jeter l'un sur l'autre, au sens propre, pour qu'ils se prennent en main ?
- Et voilà, dit Hermione vingt minutes plus tard en rendant son devoir à Ron.
- Merci mille fois, répondit Ron. Je peux t'emprunter ta plume pour la conclusion ?
Megan avait déjà terminé ce devoir depuis une semaine. Elle balaya la salle commune du regard. Ils étaient désormais seuls, Seamus étant monté se coucher quelques instants auparavant en maudissant Snape et son devoir. On n'entendait que le crépitement du feu et le grattement de la plume d'Hermione avec laquelle Ron rédigeait le dernier paragraphe sur les Détraqueurs.
- Je vais me coucher, annonça-t-elle en réprimant un bâillement. Si Brown est encore réveillée, je romprai peut-être avec elle pour toi, Weasley.
Sous le regard plein d'espoir coupable de Ron, Megan remballa ses affaires et gravit les escaliers. Alors qu'elle poussait la porte de son dortoir, il lui sembla entendre le craquement sonore distinctif des Transplanages. Seuls les elfes de maison pouvaient transplaner dans l'enceinte de l'école. Megan n'avait aucune envie d'entendre Dobby déverser tout son amour pour Potter sur le tapis de la salle commune, aussi elle haussa les épaules et traversa la pièce où ses camarades dormaient déjà, pour rejoindre son propre lit.
Le lendemain matin, au petit-déjeuner, Potter tremblait d'une impatience anormale. Lorsqu'elle ne put plus raisonnablement prétendre n'avoir remarqué, Megan posa son jus de citrouille sur la table d'un geste sec.
- Je peux savoir ce qu'il se passe ? exigea-t-elle.
Ron et Hermione échangèrent un regard ennuyé.
- Harry a demandé –
- J'ai découvert où Malfoy disparaissait quand je ne le trouvais plus sur la Carte du Maraudeur, annonça Potter en coupant la parole à Ron.
- Tu cherchais Draco sur la Carte du Maraudeur ? répéta Megan, excédée. Tu n'as rien de mieux à faire ? Comme récupérer le souvenir de Slughorn, par exemple ?
- Chut, la pressa Hermione, effrayée, en jetant un regard autour d'elle.
Mais les autres collégiens étaient tous trop excités par le permis de Transplanage qui approchait, inquiets pour leurs devoirs à rendre ou les disparitions quotidiennes pour prêter attention aux discussions du quatuor infernal.
- Il passe son temps dans la Salle sur Demande et demande à des élèves de faire le guet, répondit plutôt Potter. Tu ne peux pas me dire que tu ne trouves pas ça louche !
L'estomac de Megan se contracta. La Salle sur Demande ? Bien sûr, Draco en connaissait l'existence puisqu'il en avait chassé l'Armée de Dumbledore l'année précédente. Ça ne voulait pas dire que son rêve était réel.
- Louche ? répéta-t-elle d'un ton sarcastique. On n'a pas nous-mêmes passé des heures et des heures dans cette salle, l'année dernière ? Pourtant on ne préparait rien pour Voldemort.
- Pas pour Voldemort, mais on se cachait, c'est à ça que sert cette salle, non ? Qu'est-ce que tu crois qu'il fait, là-dedans ?
Boire du whisky Pur Feu dans un canapé moelleux ?
- Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire des « divers autres élèves » qui l'accompagneraient là‑haut ? interrogea Hermione d'un air songeur. Il a combien de personnes autour de lui ? Normalement, ils ne devraient pas être nombreux à être au courant de ses manigances…
- Oui, c'est bizarre, admit Potter, les sourcils froncés. Je l'ai entendu dire à Crabbe que ce qu'il faisait ne le regardait pas… Alors qu'est-ce qu'il raconte à tous ces… tous ces…
La voix de Potter se perdit. Il contemplait quelque chose d'indéfini devant lui.
- Mon Dieu, ce que je peux être bête, dit-il à voix basse. C'est pourtant évident, non ? Il y en avait tout un chaudron dans le cachot… Il pouvait en voler à n'importe quel moment pendant le cours…
- Voler quoi ? demanda Ron.
- Du Polynectar. Celui que Slughorn nous a montré à notre premier cours de potions… Il a dû en prendre un peu… Et donc, il n'y a pas « divers autres élèves » qui font le guet pour Malfoy… C'est simplement Crabbe et Goyle, comme d'habitude… Oui, tout se tient !
Potter se frotta vigoureusement le visage avec les mains, puis reprit sa réflexion :
- Ils sont suffisamment bêtes pour lui obéir même s'il ne leur dit pas ce qu'il fabrique… mais il ne veut pas qu'on les voie rôder autour de la Salle sur Demande, alors il leur donne à boire du Polynectar pour qu'ils changent d'aspect… Ces deux filles avec lesquelles je l'ai vu quand il a raté le match de Quidditch… C'étaient Crabbe et Goyle !
- Tu veux dire, murmura Hermione, que cette fille dont j'ai réparé la balance…
- Oui, bien sûr ! s'écria Potter en se tournant vers elle puis en baissant précipitamment la voix. C'est évident ! Malfoy devait être à l'intérieur de la salle à ce moment-là et donc elle a – qu'est-ce que je raconte ? – il a laissé tomber la balance pour le prévenir qu'il ne devait pas sortir parce qu'il y avait du monde dans le couloir ! Et aussi la fille qui a fait tomber les œufs de crapaud ! À chaque fois, nous sommes passés devant lui sans nous en rendre compte !
- Il a obligé Crabbe et Goyle à se transformer en filles ? s'esclaffa Ron.
Megan refusa d'admettre qu'elle était soulagée de découvrir qu'il n'était pas en train de faire un plan à trois avec d'illustres inconnues pendant le match de Quidditch.
- Pas étonnant qu'ils n'aient pas l'air très heureux, ces temps-ci…, songea Ron. Je suis surpris qu'ils ne l'envoient pas promener…
- Ils ne se le permettraient pas s'il leur a montré sa Marque des Ténèbres.
- Hmmm… La Marque des Ténèbres, nous ne sommes pas sûrs qu'elle existe, intervint Hermione, sceptique.
Megan ne dit rien. Ils n'avaient pas besoin de le savoir.
- Nous verrons bien, décréta Potter d'un ton confiant.
Il jeta un coup d'œil à Megan, visiblement agréablement surpris que la jeune femme n'ait fait d'esclandre en l'écoutant exposer son raisonnement. Au contraire, elle était satisfaite d'avoir découvert à quel endroit elle pourrait le trouver, et lui proposer de nouveau son aide.
- Oui, nous verrons, répéta Hermione. Mais, Harry, avant de t'emballer, je continue de penser que tu ne pourras pas entrer dans la Salle sur Demande sans savoir d'abord ce qu'elle contient. Et à mon avis, il ne faudrait pas oublier que tu es censé te concentrer sur la façon d'obtenir le souvenir de Slughorn, ajouta-t-elle d'un ton impérieux.
Un peu renfrogné, Potter leva les yeux pour regarder les hiboux postaux arriver en grand bruit dans la Grande Salle. Comme d'habitude, l'un d'eux se posa devant Hermione pour lui livrer la Gazette du Sorcier un second lui apportait une lettre de ses parents. Megan reporta son attention sur son petit-déjeuner, tandis que Potter se penchait vers Hermione pour lui chuchoter à l'oreille ses plans pour forcer l'entrée de la Salle sur Demande, indifférent à ce qu'elle venait de lui dire au sujet de sa mission pour Dumbledore ou à l'attention qu'elle pouvait vouloir porter aux nouvelles que lui apportait sa famille. Aucun de ses plans ne fonctionnerait, se convaincu Megan. La Salle sur Demande était protégée par d'anciens charmes qu'il n'avait pas la capacité de percer. Mais elle, peut‑être.
- Tu n'as pas croisé Lavender, hier soir, pas hasard ? s'enquit Ron en découpant une saucisse d'un air anxieux.
- Elle dormait déjà, répondit Megan. Sérieusement, ce n'est pourtant pas difficile de juste lui dire que tu n'en peux plus d'elle, si ?
Tous deux se penchèrent en avant pour jeter un coup d'œil à l'adolescente qui jacassait avec ses amies une vingtaine de places plus loin.
- Elle n'a pas l'air de s'en douter, s'inquiéta Ron. Elle est agaçante, mais elle n'est pas méchante… Je n'ai pas envie de l'envoyer balader comme un… un goujat.
Megan leva un sourcil.
- Je ne te savais pas aussi sensible aux sentiments des autres, fit-elle remarquer. Du coup, il serait peut‑être temps de se soucier de ceux de la bonne personne.
Au moment où Ron ouvrait la bouche pour lui demander des explications, Potter posa sa main d'un coup sec sur l'exemplaire de la Gazette que Hermione s'apprêtait à déplier, visiblement frustré qu'elle reste ostensiblement indifférente à ses différentes suggestions ingénieuses.
- Écoute, asséna-t-il. Je n'ai pas oublié Slughorn mais je ne sais absolument pas comment lui arracher ce souvenir, alors, en attendant d'avoir une idée géniale, pourquoi ne pas essayer de découvrir ce que Malfoy prépare ?
- Je t'ai déjà dit que tu dois convaincre Slughorn, répondit Hermione, agacée. Il ne s'agit pas de le prendre au piège ou de l'ensorceler, sinon, Dumbledore aurait pu régler la question en une seconde. Au lieu de perdre ton temps à traîner devant la Salle sur Demande – d'un coup sec, elle reprit La Gazette et la déplia pour regarder la une –, tu devrais plutôt aller voir Slughorn et essayer de faire appel à ses bons sentiments.
- Ils parlent de quelqu'un qu'on connaît ? demanda Ron pendant qu'Hermione parcourait les titres.
- Oui ! s'exclama-t-elle.
Potter et Ron avalèrent de travers, et Megan se retourna brusquement vers elle.
- Mais ce n'est pas grave, il n'est pas mort. C'est Mundungus, il a été arrêté et envoyé à Azkaban ! Il s'est fait passer pour un Inferius au cours d'une tentative de cambriolage…
- Le sale fils de -
- Il y a aussi un certain Octavius Pepper qui a disparu… Oh, ça, c'est horrible, un garçon de neuf ans a été arrêté pour avoir essayé de tuer ses grands-parents, on pense qu'il était soumis au sortilège de l'Imperium…
Ils terminèrent leur petit déjeuner en silence. Tout de suite après, Megan et Hermione partirent à leur cours de runes anciennes, laissant Ron retourner dans la salle commune où il devait toujours achever la conclusion de son devoir sur les Détraqueurs, et Potter se diriger vers le couloir du septième étage où était accrochée la tapisserie de Barnabas le Follet enseignant la danse classique à des trolls. Sa tentative de pénétrer dans la Salle sur Demande se solda visiblement par un échec, comme s'y attendait Megan, et il arriva en retard au cours de Défense contre les forces du Mal du matin.
- Encore en retard, Potter, lança Snape d'un ton glacé alors que le garçon entrait en hâte dans la classe éclairée par des chandelles. Dix points de moins pour Gryffondor.
Potter regarda Snape d'un air mauvais et se laissa tomber sur une chaise à côté de Ron. À dire vrai, la moitié des élèves étaient encore debout, prenaient des livres et disposaient leurs affaires, il n'était pas beaucoup plus en retard qu'eux.
- Avant de commencer, je vais ramasser vos devoirs sur les Détraqueurs, annonça Snape.
Il agita sa baguette d'un geste nonchalant et vingt-cinq rouleaux de parchemin s'envolèrent pour venir atterrir sur son bureau en une pile bien nette.
- Et j'espère pour vous qu'ils seront meilleurs que les détritus auxquels j'ai eu droit la dernière fois sur les moyens de résister au sortilège de l'Imperium. Maintenant, si vous voulez bien ouvrir vos livres à la page… Qu'y a-t-il, Mr Finnigan ?
- Monsieur, je me demandais comment on peut distinguer un Inferius d'un fantôme ? Parce qu'ils ont parlé d'un Inferius dans La Gazette…
- Non, ils n'ont parlé de rien du tout, répliqua Snape d'une voix lasse.
- Mais monsieur, j'ai entendu des gens raconter que…
- Si vous aviez véritablement lu l'article en question, Mr Finnigan, vous auriez su que le soi‑disant Inferius n'était en fait qu'un petit chapardeur malodorant du nom de Mundungus Fletcher.
Megan eut un ricanement approbateur.
- Mais Potter semble avoir beaucoup de choses à dire sur le sujet, poursuivit Snape qui pointa soudain l'index vers le fond de la salle, ses yeux noirs fixés sur Potter, qui s'était penché vers Ron pour lui chuchoter quelque chose. Demandons donc à Potter de nous expliquer la différence entre un Inferius et un fantôme.
Toute la classe se retourna vers lui. Megan ne s'attendait à rien d'impressionnant, et il sembla le lire dans son regard.
- Heu… eh bien, les fantômes sont transparents…
- Oh, excellent, l'interrompit Snape, avec une moue méprisante. Tout le monde pourra aisément constater que les six années, ou presque, pendant lesquelles on vous a enseigné la magie n'auront pas été une perte de temps, Potter. Les fantômes sont transparents.
Pansy Parkinson laissa échapper un petit rire aigu. Plusieurs autres élèves ricanèrent – dont Megan. Potter respira profondément et poursuivit d'une voix calme :
- Oui, les fantômes sont transparents, alors que les Inferi sont des cadavres, ils ont donc une consistance solide…
- Un enfant de cinq ans aurait pu nous en dire autant, répliqua Snape d'un ton moqueur. L'Inferius est un cadavre qui a été réanimé par les maléfices d'un mage noir. Il n'est pas vivant, c'est une simple marionnette qui obéit à la volonté du sorcier. Un fantôme, je pense que vous devez le savoir maintenant, est l'empreinte qu'un défunt a laissée sur la terre… et bien entendu, comme Potter nous l'a fait si judicieusement observer, il est transparent.
- Ce que Harry a dit est bien plus utile à savoir quand on essaye de les reconnaître ! fit remarquer Ron avec loyauté. Si on se retrouve face à l'un d'eux dans une allée obscure, il vaut mieux jeter un coup d'œil pour voir s'il a une consistance solide plutôt que de lui demander : « Pardon, monsieur, ne seriez-vous pas par hasard l'empreinte d'un défunt ? »
Il y eut une vague d'éclats de rire, à laquelle se joignit Megan, mais les élèves furent rapidement refroidis par le regard assassin que Snape lança à la classe.
- Encore dix points de moins pour Gryffondor, annonça-t-il. Je ne m'attendais à rien de plus raffiné de la part de Ronald Weasley, le garçon à la consistance si solide qu'il est incapable de transplaner de deux centimètres.
Megan tapa du poing sur sa table de classe et l'aquarium qui se trouvait derrière Snape se fissura en laissant échapper plusieurs filets d'eau puissants qui éclaboussèrent la robe du professeur. Celui-ci ne sembla toutefois pas vouloir avouer devant toute la classe que l'une de ses élèves était à l'origine de cette petite prouesse magique, car il se contenta de réparer le verre d'un coup sec de sa baguette, et d'étouffer les hoquets de surprise et les petits rires d'un nouveau regard noir.
- Ouvrez vos livres à la page 213, dit-il froidement, et lisez les deux premiers paragraphes sur le sortilège Doloris…
Pendant tout le reste du cours, Ron parut très effacé. Lorsque la cloche retentit, à la fin de la classe, Brown rattrapa Ron et Potter, et Hermione disparut aussitôt en entraînant Megan avec elle. Cette dernière était bien déterminée à tenter sa chance à son tour avec la Salle sur Demande. Après le déjeuner, elle faussa compagnie à Hermione et se rendit à son tour au septième étage. Il n'y avait personne pour faire le guet – Draco n'était donc pas à l'intérieur. Elle laissa ses doigts frôler la pierre qui dissimulait l'entrée en marchant le long du couloir. Poudlard était une ancienne forteresse qui regorgeait de magie. Elle était si habituée à cet environnement qu'elle n'en ressentait plus les effluves dans chaque pièce, mais en se concentrant attentivement, elle pouvait distinguer, faiblement, les vibrations qui émanaient de la paroi. Mais les enchantements qui protégeaient la salle étaient anciens et complexes, elle ne parvenait pas à les distinguer et à les comprendre. Elle avait l'impression d'être à l'extrémité d'une toile d'araignée savamment tissée, qu'il convenait de détricoter pour atteindre le cœur qu'elle ne distinguait pas depuis l'endroit où elle se trouvait. Elle leva sa baguette, traça plusieurs mouvements silencieux dans l'air, mais elle ne ressentit qu'à peine un léger bourdonnement, rien de suffisant pour faire trembler la toile.
Chaque jour, à une heure différente et en prenant soin d'éviter Potter, elle se rendit au septième étage et puisa au fond d'elle-même, dans les pouvoirs puissants et difficiles à manier que lui avait transmis Voldemort, pour essayer de percer le mystère de la porte, sans parvenir à progresser. Son échec la frustrait, elle voulait à tout prix réussir à faire mieux que Potter, qui n'était pas non plus parvenu à entrer.
Le samedi, après la leçon de transplanage, elle tomba nez à nez avec une petite fille qui tenait une cloche à la main.
- Subtil, fit-elle remarquer à l'enfant. Vas-y Crabbe – ou Goyle ? –, sonnes la cloche, il ne faudrait pas que Draco sorte maintenant alors que je suis là.
L'enfant écarquilla les yeux d'horreur et agita frénétiquement sa cloche. Agacée, Megan fit taire l'objet d'un coup de baguette.
- Dégage.
Sans demander son reste, ni comment elle avait découvert leur secret, le sbire de Draco détala. Megan poussa un profond soupir et prit du recul pour contempler le pan de pierre immuable.
- Il faut que je demande gentiment, c'est ça ? s'énerva-t-elle. Je ne veux pas lui faire de mal, je veux juste l'aider. L'aider, tu comprends ? Alors tu devrais me laisser entrer, parce qu'au fond c'est ce qu'il veut lui aussi ! Oh, il est trop têtu et trop fier pour le reconnaître, ça c'est sûr, mais ça ne change pas la vérité. Quoi que lui ai demandé Voldemort, il n'y arrive pas, et c'est certainement une tâche très difficile, mais moi je peux y arriver ! Pourquoi il l'a choisi lui, hein ? Parce qu'il faut être à Poudlard pour le faire ? Parce qu'il veut punir Lucius de ne pas avoir réussi à voler la prophétie l'année dernière ? Les deux ?
Son monologue adressé à un mur aurait parachevé sa réputation de folle dangereuse si un élève de l'école était passé par-là. Heureusement, le couloir était résolument vide.
L'année dernière, Draco était parvenu à entrer dans la Salle sur Demande car il savait ce qu'elle contenait – grâce à la pitoyable Mariette Edgecombe –, il était donc possible de pénétrer à l'intérieur même lorsqu'on n'y était pas invité. À condition de savoir ce qu'elle contenait. Megan se mit à faire les cent pas devant l'entrée cachée, en se répétant tout ce qu'elle pouvait imaginer Draco faire à l'intérieur. Un endroit caché, où préparer la mission de Voldemort en secret. Un endroit où il pourrait accomplir la volonté de son maître. Un endroit où se réfugier ? Après tout, était-elle certaine que Draco utilisait la Salle sur Demande pour stocker un collier ensorcelé et une bouteille d'hydromel empoisonné, ou se servait-il de cet endroit comme d'un havre de paix, où il pouvait échapper à la mission périlleuse que lui avait confié le Seigneur des Ténèbres ? Comme une petite pièce chaleureuse et confortable, où brûlerait un feu de cheminée et où on pourrait se servir à boire et s'installer confortablement, retrouver quelqu'un qu'on pensait avoir perdu…
Furieuse contre elle-même de se laisser aller à des rêveries stupides alors que deux élèves avaient failli mourir à cause des machinations sordides que Voldemort faisait peser sur son ami d'enfance, Megan poussa un cri de rage et quitta les lieux. Elle savait que Draco l'avait entendue parler, aussi clairement qu'il avait entendu la cloche de son guetteur. S'il était malin – et elle savait qu'il l'était – il viendrait la trouver de lui-même.
Les cours supplémentaires en vue du permis de transplanage avaient lieu ce dimanche, dans la rue principale. Ron et Hermione s'y étaient inscrits, comme plusieurs autres de leurs camarades. Megan était frustrée de ne pas pouvoir se rendre à Pré-au-Lard, où elle aurait été contente de retrouver Kevan et de sortir de l'ambiance de plus en plus étouffante de Poudlard. Potter, lui aussi, semblait jaloux en observant les préparatifs des autres.
- Il fait un temps magnifique, en plus, regretta-t-il en jetant un coup d'œil au grand ciel bleu derrière les fenêtres du château.
- Le parc n'a pas disparu, fit remarquer Megan.
- Je sais, mais… j'ai d'autres projets.
Tenter à nouveau d'entrer dans la Salle sur Demande, devina Megan. Grand bien lui fasse. Pendant ce temps, il n'avait toujours pas recueilli le souvenir de Slughorn, qui s'empressait de quitter les cachots à la fin de chaque cours pour ne pas se retrouver seul à seul avec Potter, et feignait de ne pas être dans son bureau lorsque le garçon venait y frapper. Même en cours de potions, il était devenu moins enthousiaste face aux succès de Potter, sponsorisé par le Prince de Sang-Mêlé.
Pas mécontente de disposer d'un peu de temps libre, Megan opta pour une sieste dans le parc, dissimulée aux regards de ses camarades par de grands buissons qui les avaient abrités, elle et Kevan, à de nombreuses reprises au cours des années précédentes. Elle fut toutefois tirée de son sommeil par des bruits suggestifs qui témoignaient du fait qu'elle n'était pas la seule à connaître cet emplacement stratégique. Mécontente d'avoir été dérangée dans un des rares moments où elle était parvenue à oublier les drames qui se jouaient dans et hors les murs de l'école, elle ramassa ses affaires et quitta les lieux après avoir pris soin de mettre le feu à l'un des buissons, afin de ne pas être la seule à souffrir du dérangement. Elle avait toutefois pu dormir une bonne partie de la matinée, et eut le plaisir de retrouver Ron et Hermione en entrant dans la Grande Salle pour déjeuner. e
- J'ai réussi à transplaner, Megan ! annonça Ron, surexcité, dès qu'il la vit s'asseoir avec eux. J'ai réussi !
- Félicitations, Ronald, se réjouit sincèrement Megan en lui accordant un de ses rares sourires.
- Comme quoi, ça valait le coup de s'inscrire, s'amusa Hermione.
Elle était visiblement ravie d'avoir partagé un moment seul à seule avec Ron qui ne se soit pas soldé par une dispute.
- Qu'est-ce que tu as fait, toi ? s'enquit-elle en se retournant vers Megan.
- J'ai essayé de dormir un peu. Mais il y a toujours des gens pour me déranger, où que j'aille, déplora-t-elle.
- Tu devrais essayer le sommet d'une tour, se moqua Ron.
- Même là-bas, je ne suis jamais tranquille.
Ron était en train de déterminer si elle se moquait de lui lorsque Potter arriva à son tour à la table.
- Harry, j'y suis arrivé… enfin presque ! annonça Ron d'un ton enthousiaste en levant les yeux vers son meilleur ami. Je devais transplaner devant le salon de thé de Madame Puddifoot et je suis allé un peu trop loin, j'ai fini près de chez Scribenpenne, mais au moins, j'ai bougé !
- Bravo. Et toi, Hermione ?
- Oh, elle a été parfaite, bien sûr, répondit Ron avant qu'Hermione ait eu le temps d'ouvrir la bouche. Parfaite délibération, divination et déréliction ou je ne sais quoi… Après, on est allés boire un petit verre aux Trois Balais et tu aurais dû entendre ce que Twycross disait d'elle. Ça m'étonnerait qu'il ne la demande pas bientôt en mariage… Alors que Megan a quand même réussi dès le premier cours ! Mais a priori tu ne lui as pas tapé dans l'œil, toi…
- Et toi, alors ? interrogea Hermione sans prêter attention à Ron. Tu as passé tout ce temps-là à t'occuper de la Salle sur Demande ?
- Ouais. Et devine sur qui je suis tombé, là-haut ? Sur Tonks !
- Tonks ? répétèrent Megan, Ron, Hermione d'une même voix surprise.
- Oui, elle a dit qu'elle venait voir Dumbledore, mais il n'était pas là. Elle était bizarre quand je lui ai demandé pourquoi… Elle m'a dit qu'elle avait entendu des rumeurs sur des gens qui auraient été blessés, et qu'il saurait peut-être ce qu'il se passait.
- Des rumeurs ? répéta Megan, alerte. De quoi elle parlait ?
- Aucune idée. Je pensais qu'elle parlait de ce que Hermione nous avait lu dans la Gazette, mais elle a dit que la Gazette était « souvent en retard sur l'actualité ».
- Ça veut dire quoi, ça ?
- J'aimerais bien le savoir.
- Si vous voulez mon avis, elle devient un peu dingue, déclara Ron. Ses nerfs craquent depuis ce qui s'est passé au ministère.
- C'est un peu bizarre, remarqua Hermione, très inquiète. Elle est censée garder l'école, pourquoi abandonne-t-elle soudain son poste pour venir voir Dumbledore alors qu'il n'est même pas là ?
- J'ai pensé à quelque chose, risqua Potter d'un air étrange. Vous ne croyez pas qu'elle aurait pu être… disons… amoureuse de Sirius ?
Hermione le regarda avec de grands yeux.
- Qu'est-ce qui peut bien te faire penser ça ?
- Je ne sais pas, répondit Potter en haussant les épaules, mais elle pleurait presque quand j'ai prononcé son nom… et puis son Patronus est devenu une grande forme à quatre pattes… alors je me demandais si ce n'était pas… vous comprenez… lui.
- Une grande forme à quatre pattes ? répéta Hermione Quel genre de forme ?
- Une espèce de chien.
- Une espèce de loup, pauvre idiot, s'agaça Megan. Sirius était le cousin de Tonks ! Si tu avais un minimum de sens de l'observations, tu aurais remarqué que Tonks est amoureuse de Remus !
Les propos de la Métamorphomage au sujet d'attaques dont seul Dumbledore aurait connaissance avaient ravivé une vive inquiétude chez Megan, et entendre les âneries que proférait Potter au sujet de son ami décédé la rendait inutilement agressive. Ron, Hermione et Potter semblèrent toutefois trop abasourdis par la nouvelle pour se soucier de son ton.
- Quoi ? hoqueta Ron. Tonks et Lupin ?
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ? s'enquit Hermione.
- Leur comportement. Et maintenant son Patronus qui change. Mais de toute façon, ça n'explique pas pourquoi elle débarquerait tout d'un coup au château pour aller voir Dumbledore.
- On en revient à ce que je disais, commenta Ron, qui s'était remis à enfourner de la purée de pommes de terre, elle est devenue un peu cinglée. Ses nerfs lâchent. C'est ça, les femmes, ajouta-t-il à l'adresse de Potter, sur le ton de la sagesse. Elles se laissent facilement dominer par leurs émotions.
- Pourtant, répliqua Hermione, je ne pense pas qu'on puisse trouver une seule femme qui bouderait pendant une demi-heure parce que Madame Rosmerta n'a pas ri à son histoire drôle sur la harpie, le guérisseur et le Mimbulus Mimbletonia.
Ron se renfrogna tandis que Megan éclatait de rire.
