Disclaimer : Tout l'univers de Harry Potter appartient à JK Rowling

Rating M : langage grossier, violence, viol, torture, scènes choquantes


DÉFI numéro 9 : Bourreau des cœurs

L'amour fait mal, c'est bien connu alors…

Tu dois faire croire à quelqu'un que tu es amoureux de lui

Prêt à briser un cœur ?

James ne put s'empêcher de glousser stupidement. Bon d'accord, c'était un peu cruel mais c'était juste un jeu, il n'y avait rien de grave... Ne restait plus qu'à choisir « une victime ».

Assis sur le banc dans le vestiaire du terrain de Quidditch, les cheveux encore humides après sa douche, James passa en revue les filles qu'il connaissait. Il devait en trouver une susceptible de tomber dans le piège mais qui ne risquait pas de trop mal le prendre non plus.

- JS, qu'est-ce que tu fabriques, tu t'es noyé sous la douche ou quoi ?! On doit encore terminer le devoir pour Higgs et... oh, nom d'un dragon !

Surpris, il releva vivement la tête et se retrouva face au carré de boucles blond vénitien de Mélindra. Les joues rougissantes, elle s'efforçait de regarder partout sauf dans sa direction.

- Désolée, balbutia-t-elle, je ne savais pas que tu n'avais pas fini de te changer, je pensais... Enfin j'aurais dû frapper, c'est ma faute, je...

James ne l'écoutait même plus, un sourire espiègle s'étalant sur son visage. Comment est-ce qu'il avait fait pour ne pas y penser tout de suite ?! Il se leva d'un bond, sans se soucier du fait qu'il était encore en boxer et s'avança vers elle. Alors qu'il levait un bras pour s'appuyer contre l'encadrement de la porte, elle papillonna des yeux, son regard dérivant vers ses abdominaux.

- Au fait Méli, je me demandais... ça te dirait qu'on aille ensemble à Pré-au-Lard ce week-end ?

Mélindra se figea, la bouche entrouverte, les sourcils haussés.

- Euh... oui d'accord, pourquoi pas...

- Génial !

James lui plaqua un baiser sur la joue et elle sursauta comme si elle s'était brûlée, le dévisageant avec effarement. Décidément, ça allait être trop drôle !

Le jour de la sortie à Pré-au-Lard, James était surexcité. Il avait retrouvé Mélindra près des grilles du parc puis ils s'étaient dirigés vers le village. Son amie lui jetait des regards en coin toutes les dix secondes, l'air particulièrement mal à l'aise et le Gryffondor se sentit un peu coupable. Elle devait se demander ce qui lui passait par la tête.

- Alors euh... tu voulais aller quelque part en particulier ?

- Chez madame Pieddodu ? répliqua James avec malice.

Mélindra ouvrit de grands yeux horrifiés et il éclata de rire.

- Je déconne ! Tu penses vraiment que je te traînerais là-bas pour notre rencard ? Allez, je te connais mieux que ça Méli !

Elle blêmit à l'entente du mot « rencard » mais James ne lui laissa pas le temps de s'interroger davantage. Il passa un bras autour de ses épaules pour l'entraîner sur les pavés de la grande rue, vers une petite butte arborée juste en face de la cabane hurlante.

Sous un gros chêne tordu, un banc solitaire se tenait prêt à accueillir les confidences et à supporter les émois adolescents. C'était vraiment l'endroit parfait, celui qu'il aurait choisi pour un vrai rendez-vous avec elle. Ils avaient une superbe vue sur la maison hantée scintillante de givre et seuls quelques rares passants se hasardaient dans ce coin reculé du village.

James extirpa de la poche de sa cape deux bouteilles de Bièraubeurre, en tendit une à Mélindra qui hésita à s'en saisir. Elle s'assit à l'extrême bord du banc et il posa une main sur son genou pour éviter qu'elle ne s'enfuie en courant une fois qu'il aurait commencé à parler, lui décochant un clin d'œil censé être rassurant.

- Bon, si je t'ai invitée ici aujourd'hui… c'est parce que je voulais te dire quelque chose…

Mélindra se crispa encore plus si c'était possible. Amusé, James leva un doigt pour entortiller autour une de ses mèches cuivrées. Ses joues prirent une teinte rouge vif et le brun réalisa soudainement qu'elle n'était jamais sortie avec un garçon. Pourtant, elle était adorable et très jolie avec ses grands yeux noisette, son nez retroussé couvert de taches de rousseur…

Une fois qu'il en aurait fini avec cette mascarade, James se promit qu'il tenterait de lui arranger un vrai rendez-vous pour se faire pardonner. Peut-être avec ce type de Serdaigle, Jack - ou Jim, il ne savait plus trop – Goldstein, Mélindra passait souvent du temps à étudier à la bibliothèque en sa compagnie. Ou mieux encore, avec Louis ! Malgré son physique de mannequin, son cousin préférait les filles simples et marrantes, c'était tout à fait son style. En plus, au cours d'une soirée au Terrier un peu trop arrosée de whisky Pur Feu, Louis avait laissé échapper qu'il craquait un peu pour la poursuiveuse des Gryffondor…

- Je sais que ça peut te paraître brutal parce qu'on se connaît depuis longtemps mais j'ai beaucoup réfléchi, continua James, et… je pense que je voudrais qu'on soit… plus que des amis, tu vois ? Je… voilà, je t'aime Méli…

Et pour appuyer cette déclaration fracassante, il se pencha en avant et posa ses lèvres sur celles de Mélindra, qui semblait avoir oublié comment faire pour respirer.

C'était juste un effleurement, très doux. James songea avec amusement qu'en d'autres circonstances, ça aurait pu être un baiser idéal, mignon et romantique. Mais il était plus que temps de révéler la vérité alors il se recula dans un grand éclat de rire.

- Ha, je t'ai eue ! Si tu avais vu ta tête, avoue tu y as vraiment cru !

Mélindra ne partageait pas du tout son hilarité. A la grande horreur de James et surtout, à sa grande incompréhension, elle se leva brusquement pour s'éloigner de lui, les iris emplis de larmes et les poings serrés.

- J'en étais sûre… tout ça c'était qu'un jeu stupide ! Comment tu as pu me faire un coup pareil ?!

James se leva également, les bras ballants. Ce n'était pas censé se passer comme ça. Mélindra aurait dû rigoler avec lui, menacer de le frapper puis ils seraient partis boire un verre aux Trois Balais, fin de l'histoire. S'il l'avait choisie pour remplir le défi imposé par le Jeu, c'était justement pour éviter les cris et les pleurs.

- Méli je comprends pas, qu'est-ce que…

- Je croyais qu'on était amis au moins… que ça, ça comptait pour toi ! T'as tout gâché !

Il recula d'un pas comme si elle l'avait giflé. Non mais qu'est-ce qui lui prenait ?! Évidemment qu'ils étaient amis ! C'était bien pour ça qu'elle n'avait aucune raison de le prendre aussi mal… Un amer sentiment d'injustice lui comprima la gorge et il n'en fallut pas plus pour que l'irritation prenne le dessus sur son désarroi.

- Oh c'est bon Mélindra, pas la peine d'en faire un drame ! C'était juste un baiser !

Elle ne prit même pas la peine de lui répondre, se contentant de lui décocher un dernier regard furieux avant de s'essuyer les yeux d'un geste brusque et de s'éloigner à grands pas. James resta stupidement planté devant le banc de pierre, hésitant entre lui courir après ou rester drapé dans sa fierté.

Mélindra disparut au coin de la rue et il donna un coup de pied dans le banc pour se défouler. L'une de leurs bouteilles de Bièraubeurre roula à terre, dévala la butte. Jurant entre ses dents, James s'apprêtait à aller la récupérer quand il aperçut quelqu'un de l'autre côté du chemin.

Devant la clôture de la cabane hurlante se tenait un jeune homme à la silhouette dégingandée, les épaules maigres. Ses cheveux ternes un peu trop longs tombaient sans grâce autour de son visage et à dix-neuf ans passés, son front était encore rongé par l'acné. James ne l'avait pas vu depuis un moment mais il le reconnut sans mal. C'était Alan Crivey, le frère d'Isabella. Et l'ancien Gryffondor le fixait d'un air affreusement choqué.

- Pourquoi tu as fait ça ? bégaya-t-il quand James s'approcha de lui.

- C'est pas tes affaires, grogna le jeune Potter.

Alan se mordit la lèvre inférieure, embarrassé, mais finit par se redresser pour asséner d'un ton ferme :

- Je te connais JS et je connais aussi Mélindra… c'était vraiment pas sympa pour elle et…

- Et je t'ai pas demandé ton avis, mêle-toi de ton cul, Crivey !

L'autre écarquilla ses yeux clairs puis haussa les épaules, se détournant pour repartir vers le village en extirpant une cigarette de la poche de sa veste en cuir de dragon.

James s'en voulut aussitôt. Alan était l'un de ses amis d'enfance, ils avaient été très proches pendant leurs premières années passées à Poudlard… il n'avait pas mérité de se faire traiter comme un Véracrasse. Cherchant un moyen de se rattraper, le brun avisa une boulette de papier aux couleurs criardes, abandonnée sur le sol.

- Eh attends, tu as fait tomber un truc !

Mais ce n'était qu'un stupide emballage de bonbon que James froissa avec mauvaise humeur, avant de le jeter de l'autre côté de la barrière. Les mains enfouies dans les poches de son uniforme, il prit à son tour la direction de la grande rue, en colère contre Mélindra, Alan mais surtout, contre lui-même.