Auteur : Kitsu34

Fandom : Saint Seiya (manga originel)

Couple : Milo x Camus

Disclaimers : L'univers de Saint Seiya appartient à M. Kurumada.

Page blanche – Chapitre 2

Debbie s'accouda un instant au bureau de réception du NYC Health Hospital pour souffler. Cela faisait déjà huit heures qu'elle avait pris son service et la fatigue se faisait sentir. Elle échangea quelques mots avec sa collègue à la réception et avisant le large et brillant sourire de cette dernière, se retourna pour voir un grand jeune homme à la courte crinière blonde attachée par des barrettes les saluer toutes les deux d'un grand geste.

« JJ ! Quel plaisir de te voir ! Tu viens pour ton bilan de rééducation ?

- Salut Debbie, salut Annie ! Oui, comme chaque mois ! Je suis content de te voir, Deb'. La dernière fois, je t'ai ratée de peu. »

JJ serra chaleureusement l'infirmière dans ses bras, qui lui rendit tout aussi affectueusement son étreinte.

« Eh oui, on ne sait jamais quand il va falloir partir à toute vitesse sur une opération dans ce métier. Tu as rendez-vous à quelle heure pour ta rééduc ?

- Dans une grande heure ! Mais j'espérais bien te croiser et prendre un petit café en papotant !

- Avec plaisir ! Annie, je prends ma pause : tu préviendras l'infirmière-chef, s'il te plaît ?

- Ça marche ! Discutez bien ! »

Debbie et Jj se rendirent en plaisantant à la cafétéria de l'hôpital, en habitués des lieux tous les deux. Après avoir commandé, ils s'assirent à une table dans un coin. JJ jeta un coup d'oeil autour de lui et un étrange sentiment s'empara de lui. Il avait passé tant de temps dans cet endroit, à une période difficile et sombre de sa vie… Heureusement qu'il avait pu compter sur des gens lumineux, comme Debbie, James, Sheldon et les autres… Sans ce soutien, que serait-il devenu ? Le jeune homme secoua la tête vigoureusement, secouant ses courtes mèches blondes et sourit en serrant la main de son amie qui lui rendit son sourire.

« Alors ? Que deviens-tu ? Tu reprends bien du muscle à ce que je vois. Tu fais du sport ?

- D'une certaine façon. Je fais de la danse.

- De la danse ?

- Oui, je me suis lié d'amitié avec un gars dans mon foyer qui faisait du hip-hop dans un club et un jour il m'y a traîné. J'ai adoré et depuis je m'entraîne trois fois par semaine.

- C'est génial ! C'est exactement ce type d'exercice qui est bon pour toi !

- Oui, c'est ce que Rob m'a dit aussi.

- Et… Pour le reste ? Tu ne te souviens toujours de rien ?

- Non. Mais je ne me souviendrai sans doute jamais. Tu le sais. Les médecins ont été très clairs à ce sujet : déjà le fait que je me réveille était inespéré. Je suis un miraculé. Il ne faut pas demander trop de miracles pour un seul homme ! »

JJ prononça les derniers mots avec un sourire charmeur, plongeant dans les siens des yeux d'un bleu limpide, tirant sur le vert, semblables à la mer des Caraïbes. Debbie se sentit doucement frissonner d'expectative. Ce sacré JJ… Depuis qu'il reprenait du poil de la bête avec une vitalité qui surprenait tout le monde et surtout les pontes de neurochirurgie qui avaient décrété qu'il resterait handicapé, il devenait plus affolant à chaque fois qu'elle le revoyait. Et, sourit l'infirmière avec amusement, il rencontrait un succès fou auprès des petites jeunes du service qui se disputaient la chance de s'occuper de lui tous les mois quand il visitait leur hôpital pour son bilan de rééducation.

« Et pour ta réinsertion professionnelle ? Tu prends encore ton temps ou tu as des pistes ?

- Justement, je comptais t'en parler : figure-toi qu'un pote d'un pote du foyer me propose un job ! Mannequin, s'il te plaît, ma chère !

- Mannequin ?

- Oui, pour une collection d'un jeune créateur qui débute. Et c'est bien payé, en plus.

- Tu le connais, ce gars ?

- Ben, par le pote du foyer seulement. Mais ça suffit, non ? Tant que la paie est bonne ! »

Debbie poussa un soupir et contempla le beau jeune homme souriant, au charme ravageur, face à elle. JJ était comme un enfant… Un grand enfant qui depuis plus d'une année devait tout réapprendre de la société dans laquelle il n'avait pas grandi. Et il était complètement innocent et inconscient des risques de cette dite société… Elle devait sans cesse veiller sur lui, comme une mère ou une grande sœur.

« JJ… Il faut se méfier de ce genre de propositions, tu sais.

- Pourquoi ?

- Parce qu'elles sont rarement positives. Très rarement. Et plus elles sont alléchantes, plus elles sont dangereuses.

- Dangereuses ? Tu ne crois pas que tu exagères un peu ?

- Non, justement. Je sais de quoi je parles.

- Qu'est-ce qui pourrait bien m'arriver en prenant des photos ? »

JJ riait à présent, se moquant doucement d'elle. Son charme radieux semblait le nimber de lumière, accentuant la blondeur d'épi de blé mûr de ses cheveux et soulignant le bleu-vert troublant de ses yeux. Il était vraiment de plus en plus beau, à mesure qu'il récupérait, songea Debbie avec souci. Bien trop beau pour cette fraîcheur et cette innocence d'enfant dans un corps d'adulte. Même si c'était difficile et semblait un brin cruel, elle devait lui ouvrir les yeux.

« Il pourrait t'arriver bien des choses dont la moins grave serait de faire à ton insu ou contre ton gré des photos de charme.

- Des photos de charme ?

- C'est une expression adoucie pour dire des photos suggestives, érotiques, voire pornographiques.

- Quoi ?!

- Tu ne serais pas le premier à qui ça arrive, tu sais. C'est monnaie courante dans ce genre de plan…

- Oh… Je n'y avais pas pensé…

- Je sais bien, JJ. Je sais, que tu ne penses pas à ce genre de choses. C'est pour ça que je te mets en garde.

- Tu as dit « au mieux » : cela veut dire qu'il y a un « au pire » ? Qu'est-ce qui peut être pire que ça ?

- Eh bien… Tu pourrais avoir des ennuis plus immédiats : la drogue circule dans ces milieux et les mannequins peuvent être drogués à leur insu. Cela les rend dociles…

- Dociles ? Dociles pourquoi ?

- Pour que ceux qui le veulent puissent profiter d'eux.

- Profiter ?

- Sexuellement, JJ, sexuellement.

- Aaah ! Quelle horreur ! Ça existe vraiment, des gens comme ça ?

- Oh oui, JJ. Tu réapprends à vivre depuis un an , alors du redécouvres toute la société humaine, mais souvent, tu te rendras compte qu'elle est bien laide à contempler. Alors tu dois te protéger.

- Eh bien, c'est encourageant, ce que tu me dis là, Deb'. Mais je te remercie de veiller ainsi sur moi. Ma Deb-Deb à moi ! »

Et JJ attrapa et serra la main de l'infirmière. Celle-ci sentit une douce chaleur incongrue s'emparer d'elle et remonter doucement ses veines. C'était une onde chaude et douce mais puissante et impérieuse, parcourue d'un fourmillement étonnant, presque comme si un irrésistible et indolore courant électrique parcourait son corps. Avec un tressaillement de surprise, elle retira assez brusquement sa main, mais JJ ne remarqua rien et continua de lui sourire. Absorbée dans ses pensées, Debbie regarda sa main. Qu venait-il de se passer ? Qu'était cette drôle de sensation ? Ce n'était pas désagréable, mais pas agréable non plus. Dérangeant. C'était le mot.

Elle leva les yeux. JJ lui souriait toujours, de ce sourire charmeur un brin canaille irrésistible. Allons ! Elle vait dû rêver. Elle devait être plus fatiguée qu'elle ne le pensait… Elle lui rendit son sourire et se leva.

« Allez JJ, il est l'heure ! Rob va pester si tu es encore ne retard ! »

oOoOo

Camus s'éveilla en sursaut, malgré sa formidable gueule de bois. Tous ses muscles crispés, il demeura immobile, aux aguets, le coeur tambourinant à tout rompre dans sa poitrine, comme un oiseau prêt à s'échapper de sa cage. A mesure qu'il analysait ce qu'il venait de ressentir, un espoir fou, monstrueux et douloureux s'emparait de lui. La joie qu'il ressentait en devenait douloureuse d'intensité. Il avait l'impression de devenir fou, de se dissoudre dans la plénitude.

Il en était sûr. Il l'avait ressenti et il l'aurait reconnu dans toutes les dimensions du monde, à l'autre bout de l'univers. Cette vibration… C'était Scorpio ! Elle venait de s'éveiller, dans la grande salle d'apparat du huitième temple ! Elle qui demeurait en suspens depuis si longtemps, elle qui refusait de choisir un autre porteur et entretenait une lueur d'espoir en lui, lui faisant penser que son amour n'était pas mort puisque son armure ne l'abandonnait pas !

Elle s'était éveillée.

Cela ne pouvait signifier qu'une chose...

Camus ferma les yeux, sentant les battements effrénés de son coeur le ravager complètement. Il était presque hors d'haleine, tant sa respiration s'accélérait. Sa poitrine lui faisait mal. Son coeur lui faisait mal. Tout son corps, tendu à l'extrême, était douloureux. Mais, et un sourire désespéré, s'accrocha sur son visage, il avait lui aussi l'impression de s'éveiller.

Il sortait d'un cauchemar interminable, long comme un jour sans fin, où tout se répétait à l'infini et dans lequel il s'était noyé toutes ces années.

En un bond, avant même de le penser, il fut debout, vêtu des premiers habits qui lui tombèrent sous la main et en chemin pour le huitième temple.

Il savait qu'il n'éveillerait pas les soupçons de ses homologues, notamment aujourd'hui, sinistre jour anniversaire de son amour disparu. Les autres chevaliers d'or avaient l'habitude de le voir se précipiter au huitième temple chaque jour…

Avec émotion, le sang battant violemment ses tempes, il pénétra dans le grand hall d'apparat.

Elle était là, luisant doucement de cette énergie particulière qu'il avait désespérément voulu lui voir. Elle scintillait doucement, presque comme si elle ronronnait. Avec une angoisse indicible, il posa la main sur l'armure brillant doucement dans la pénombre.

Une légère vague de chaleur, douce et puissante, inarrêtable, monta de ses doigts et parcourut son corps. Une sensation enivrante et étrange, comme un léger courant électrique indolore qui parcourrait ses veines.

Et l'espoir effréné qui l'habitait depuis ce réveil brusque le submergea. Il glissa à terre, épuisé et dévasté, les yeux débordant de larmes, de douleur et de joie sans mélange.

Dans l'obscurité du grand hall, des pieds d'une armure de scorpion en forme totem, monta un soupir fragile, parcelle d'espoir absolu.

« Je le savais… Je savais que tu étais en vie, mon amour… Attends-moi, Milo, je vais te retrouver... »

oOoOo