Résumé: Au fil des jours et des morsures, Harry se montre de plus en plus bienveillant et attentif envers Severus. Une nuit, il le rejoint même dans la Bibliothèque pour partager un moment de musique avec lui et s'endort sur son fauteuil. Severus finit par le prendre dans ses bras - pour la première fois depuis le pavillon chinois - et monte le coucher auprès de Lucius...

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Je suis désolée de n'avoir pu répondre aux reviews du précédent chapitre... J'ai enchaîné trois grosses journées de boulot, suivies d'un départ en week-end sur Paris sans mon ordinateur. Et j'ai pensé que vous préféreriez avoir le chapitre en temps et en heure plutôt que de retarder la parution le temps de vous répondre :) Je tenterai de remédier à tout ça dès mon retour...

Bonne lecture :)

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Le lendemain matin, Lucius s'éveilla le sourire aux lèvres en sentant un corps pressé contre le sien et une rondeur proéminente pressée contre ses fesses. Sur son torse, une main légère le caressait et effleurait ses mamelons comme par mégarde, avant de s'y attarder plus franchement. Des lèvres papillonnèrent sur son épaule, fouillèrent dans ses cheveux pour atteindre la peau de sa nuque, pour le mordiller doucement. Les yeux fermés, Lucius sourit encore un peu plus.

Un gémissement étouffé lui échappa tandis que les doigts pinçaient plus fort un de ses tétons et qu'un sexe dur s'écrasait le long du sillon entre ses fesses.

– On croirait que Severus vient de te mordre pour que tu sois dans cet état-là ! gloussa-t-il.

Un grognement de protestation sortit de la gorge de Harry alors qu'il mordillait un peu plus fort son épaule.

– J'ai envie de toi, marmonna-t-il. … Blondie.

Lucius gloussa à nouveau devant le surnom taquin avant de se mordre la lèvre quand la main de Harry quitta son torse pour se poser sur sa fesse et l'écarter légèrement. Plaqué contre son intimité, le sexe tendu le fit haleter discrètement tandis que la sarabande du désir parcourait son ventre et son corps, électrisant le moindre de ses nerfs. Il aurait voulu ne plus réfléchir et se laisser aller, il aurait voulu que Severus soit encore dans ce lit et qu'ils puissent s'aimer tous les trois comme avant... mais Severus avait quitté le lit pendant son sommeil et Harry ne cherchait qu'à le provoquer.

Lucius eut un sourire en coin et poussa légèrement Harry pour se retourner, attrapant le sexe de son amant dans une poigne ferme.

– À propos de Severus, gloussa Harry après un gémissement surpris. Ôte-moi d'un doute... J'ai vaguement le souvenir de m'être endormi dans la Bibliothèque... C'est la magie qui m'a fait transplaner ici ?

– La magie... ou les bras de Severus, ricana Lucius.

Harry étouffa un rire tandis que la main de l'aristocrate entamait une lente caresse indécente à l'extrémité de son sexe.

– Il a toujours aimé me porter comme une jeune mariée ! pouffa-t-il avant que sa voix ne s'étrangle de plaisir.

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Quand ils descendirent – pas de bonne heure – pour le petit-déjeuner, ils trouvèrent Severus installé dans la Salle à Manger devant une tasse de thé et les journaux du jour.

– Encore là ? s'étonna Lucius. Je te pensais déjà parti à la Librairie...

– Je dérange ? ricana amèrement Severus. Je ne vais pas tarder de toute façon...

– Imbécile ! gronda Lucius en se penchant pour embrasser son mari.

Le baiser fut autoritaire. Âpre et impétueux. Et il entendait bien faire passer par là toute sa détermination à ne jamais le mettre de côté.

– Hum, gloussa Harry. C'est moi qui vais finir par déranger !

Lucius releva les yeux sur le sourire espiègle du jeune homme qui s'installait à sa place et attrapait son verre de jus de fruits. Tandis qu'il le portait à ses lèvres, son regard les observait, brillant d'une lueur amusée et... lubrique ? Comme autrefois. Comme lorsqu'ils s'aimaient tous les trois et que l'un prenait souvent plaisir à regarder faire les deux autres, voyeur d'un spectacle excitant...

Lucius secoua la tête pour reprendre ses esprits. Il valait mieux ne pas prendre ses désirs pour des réalités, sous peine de déchanter rapidement. Harry et Severus s'entendaient bien, ils étaient capables de plaisanter, de rire ensemble, de se soucier l'un de l'autre de façon tout à fait bienveillante, que ce soit Severus qui montait Harry dans son lit pour qu'il soit plus à l'aise pour dormir, ou bien Harry qui venait d'occulter complètement la lumière qui filtrait à travers les rideaux pour que Severus soit confortable dans la pièce, mais ils n'étaient plus des amants. Ils étaient capables de reconnaître chez l'autre des qualités, de s'apprécier un peu et de vivre ensemble, mais ils ne s'aimaient plus. Le seul lien entre eux, désormais, c'était lui. Et les morsures.

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Lucius pressa doucement la nuque de Severus qui grogna pour la forme et il rejoignit sa chaise pour s'asseoir à son tour. Avant même d'attraper quelque chose à manger, il se servit une grande tasse de thé qu'il but lentement en observant son mari et son amant. Harry mangeait avec son appétit habituel, picorant un peu de tout ce qui se trouvait sur la table avec une gourmandise évidente. Severus, lui, finissait son café. Il avait repris les journaux du jour et relevait de temps à autre un titre, une information, que commentaient l'un ou l'autre et qui alimentaient la conversation.

En arrivant sur les pages mondaines, Severus ricana devant une photo qu'il lui montra aussitôt. Lucius reconnut une aristocrate Sang-Pur que Severus avait dû croiser quelquefois lors d'une sortie officielle et qui, sur l'image, était parée d'une tenue pour le moins extravagante.

– À propos, fit Lucius en saisissant l'occasion. Je voudrais que l'on fasse une apparition publique tous les trois ensemble avant l'annonce du mariage... N'importe quoi, un théâtre, un concert, une exposition... ce qui vous fait envie.

– Avec plaisir, répondit immédiatement Harry. Tu sais bien que je suis toujours partant pour sortir !

Severus, en revanche, fronçait les sourcils et son visage s'était assombri.

– Pourquoi tous les trois ? Vous n'avez pas besoin de moi pour sortir et ce serait plus simple sans moi...

Lucius tourna son regard vers son mari, puisqu'il était le seul qu'il avait besoin de convaincre.

– Parce que tu n'as pas fait une seule apparition publique depuis ton retour... On nous a vus, Harry et moi, à l'opéra, sur le Chemin de Traverse, et même entrer dans ta Librairie. Mais il n'y a eu aucune photo de toi et à part tes clients, personne ne t'a vu.

Severus fronça les sourcils sous le regard insistant. Il savait très bien ce que Lucius sous-entendait sans vouloir le dire explicitement. L'annonce du mariage entre Lucius et Harry ne surprendrait pas puisque leur relation avait été rendue publique et qu'on les avait vus ensemble très récemment et pour le moins souriants. Mais Lucius ne voulait pas le mettre à l'écart. Il voulait au contraire qu'ils se montrent tous les trois pour souligner leur union, pour ne pas renier son couple avec lui, pour ne pas laisser croire que leur mariage l'an passé était une erreur ou un regret.

Lucius ne voulait pas que la position sociale de Severus soit entachée par son mariage avec Harry et il ne pouvait que lui en être reconnaissant. Severus n'accordait pas beaucoup d'importance à ce que pensaient les gens, mais il s'était battu assez longtemps pour être reconnu comme le compagnon de l'aristocrate, et pas seulement comme son amant dans le placard, pour apprécier son initiative.

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– Qu'est-ce que tu as en tête ? grimaça-t-il à contrecœur.

– J'ai toujours ma loge privée à l'opéra...

– Allez, Severus ! intervint Harry en riant. Ne te fais pas prier ! Tu adores l'opéra et je suis sûr que tout se passera très bien ! Tu serres deux ou trois mains, tu apparais sur quelques photos et tu seras tranquille jusqu'au mariage ! Et je promets de ne pas m'éloigner...

Harry avait achevé sa phrase sur un ton doux et apaisant et cela le fit grimacer un peu plus. Severus savait que son calice portait sur lui la médaille de Mihai depuis qu'il le lui avait demandé, il avait senti sa présence plusieurs fois ces derniers jours sur le Chemin de Traverse, mais il ne voulait pas retomber dans leurs anciens travers, quand leur union l'obligeait à limiter les sorties de Harry ou à lui imposer sa volonté. Il souhaitait au contraire que son calice garde toute sa liberté, comme un témoignage de sa bonne foi. Mais sortir en société alors que leur lien était si aléatoire risquait de mettre ses instincts à rude épreuve.

Et pourtant, Severus comprenait aussi les arguments de Lucius qui ne voulait pas le mettre en porte-à-faux avant l'annonce de son mariage... Aucune bonne solution ne pouvait émerger de ce dilemme.

– Il se joue Turandot vendredi soir, ajouta Lucius pour achever de le convaincre.

Severus serra les dents et jeta un regard noir à son mari. La manœuvre était basse, même si Harry ne comprenait sans doute pas tout ce que ce simple nom sous-entendait. Turandot était leur opéra préféré à l'un et à l'autre, et il était surtout celui de leur première sortie publique après la mort de Narcissa, des années plus tôt. Une façon de s'afficher sans rien d'officiel, sa première vraie introduction en société sans qu'aucun statut ne soit défini après son nom... Il n'était alors qu'un ami très proche ou un ami de longue date. Une pilule longtemps difficile à avaler.

Aujourd'hui, Severus ne souhaitait plus vraiment apparaître en public en raison de sa nature et de sa relation compliquée avec Harry mais il n'allait pas non plus se priver de certains plaisirs culturels. Et il n'allait certainement pas revenir en arrière et redevenir l'amant dans le placard !

– Très bien, céda-t-il en grognant. Je viendrai. Mais ne venez pas vous plaindre si je menace qui que ce soit qui s'approche un peu trop de toi ! prévint-il en regardant lourdement son calice.

Harry gloussa puis échangea un sourire complice avec Lucius avant de retourner à ses toasts ruisselants de confiture.

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– Harry, s'il-te-plaît ! gloussa une voix amusée. Laisse ma chemise tranquille !

Severus fronça les sourcils et s'approcha silencieusement de la porte grande ouverte de la salle de cinéma. Cette voix n'était pas celle de Lucius, et Clay, qu'il venait de croiser en sortant de la cheminée du bureau de son mari, lui avait dit que l'aristocrate s'était absenté du Manoir.

– Décale-toi un peu !... Je sens même plus mon bras !

La pièce était plongée dans l'obscurité comme elle l'était en permanence, juste troublée par la lueur de l'image sur l'écran et la faible lumière qui venait du couloir. Depuis son retour, les elfes avaient pris l'habitude de fermer le plus possible portes et rideaux, afin qu'il puisse circuler librement dans le Manoir, et de n'allumer qu'une ou deux lampes pour éclairer tout un couloir. Si Harry ou Lucius désiraient plus de lumière là où ils se trouvaient, ils ouvraient eux-mêmes les rideaux, et les refermaient en partant.

Mais dans cette pièce plongée dans le noir, Severus, lui, y voyait parfaitement clair : deux corps allongés sur un canapé déplié, deux corps enlacés... et il reconnut tout aussi parfaitement le grognement qui s'échappa de la gorge de son calice.

Dans son esprit, l'atmosphère sombre de la pièce vira subitement au rouge tandis que le vampire en lui grognait d'insatisfaction. La contrariété courait dans ses veines, flamboyante. Bien plus que de la contrariété d'ailleurs, et il sentit ses canines pointer par ses lèvres entrouvertes.

– Ah... Bonsoir, fit la voix amusée qui avait dû percevoir sa présence.

Severus essayait pourtant de maîtriser son aura qui ne demandait qu'à claquer dans la pièce et écraser celui qui tenait le corps de son calice entre ses bras, mais son pouvoir s'appesantissait malgré son semblant de contrôle.

– Inutile de me faire des gros yeux rouges, gloussa Mark. Il s'est endormi contre moi pendant qu'on regardait une série... Je savais bien que ça manquait un peu d'action, mais quand même ! gloussa-t-il à nouveau. Ou alors, il était vraiment fatigué...

Severus fronça les sourcils, un soupçon d'inquiétude balayant sa jalousie. Harry était fatigué ? Lui avait-il pris trop de sang hier soir ? Et ses insomnies nocturnes ne devaient rien arranger... Même si Severus adorait ces moments avec son calice, il devait vraiment lui dire de ne pas venir le rejoindre dans la Bibliothèque au cœur de la nuit pour écouter de la musique avec lui. Si Harry était fatigué, ce n'était pas raisonnable.

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– Rassuré ? fit Mark avec un sourire espiègle. Au moins sur le fait qu'on ne faisait rien de mal ensemble ?...

Severus maugréa contre le jeune homme qui se fichait de lui sans aucun complexe. Mark avait dû sentir que son aura se relâchait trop facilement devant ses explications. Un instant, Severus fut tenté de laisser sa puissance envahir la pièce pour lui prouver qu'il avait tort, mais Harry lui en voudrait s'il faisait du mal à son confident préféré. Et puis au fond, Mark n'avait pas tort et c'était bien le plus vexant.

– On s'est baignés un long moment, aussi, cette après-midi, ajouta le jeune homme plus doucement. Mais avant ça, il était en pleine forme... Et il ne dort pas assez profondément pour que sa magie l'ait déshabillé, c'est déjà ça !

Péniblement, Severus fit taire le sursaut de jalousie qui lui vrilla le ventre à l'idée de son calice nu entre les bras d'un autre homme. Avec Lucius, il pouvait le tolérer, mais avec Mark, même s'il ne s'agissait pas de sexe, ce serait impossible et sa partie vampire s'agitait de nouveau en lui.

– Arrête de le taquiner, pouffa Harry d'une voix ensommeillée. Il va mal le prendre !

– Si t'es réveillé, bouge un peu et prends-toi un autre oreiller, gloussa Mark. Je sens plus mon bras !

– Chochotte ! T'es à peine confortable, en plus. Ça manque de muscles !

– Je suis sûr qu'il y en a d'autres qui sont plus confortables que moi et qui ne demandent que ça !

Severus entendit Mark étouffer un cri outré devant le coup de coude qui rencontra ses côtes et il finit par sourire devant la dispute tendre entre son calice et le jeune homme.

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Malgré tout, Severus fut particulièrement tendu ce soir-là. De mauvaise humeur et presque désagréable. Il ne vint pas partager un moment dans le Petit Salon avec son mari et son calice avant le dîner, il prétexta de finir un passage de sa traduction pour ne pas se présenter à table, et il traîna encore un peu, même quand Harry vint le chercher dans la Bibliothèque. Et dès le repas terminé, il retourna s'enfermer avec ses livres et ses parchemins. Travailler était le meilleur moyen de faire taire ses inquiétudes.

Cette après-midi, Severus avait fini par tourner les talons et laisser Mark et son calice poursuivre leur dispute amicale. Il était clairement de trop, et puis Mark n'était pas son ennemi. Au contraire, il savait que le jeune homme faisait beaucoup pour son calice et quand ils étaient ensemble, l'esprit de Harry ne cessait de pétiller de joie. Peut-être était-ce cela aussi qui éveillait sa jalousie : plus que tout au monde, il aurait voulu que ce soit sa propre présence qui fasse naître cette joie chez son calice.

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Il était tard quand Harry vint à nouveau le chercher dans la Bibliothèque. La nuit était tombée depuis longtemps et Severus avait même ouvert les rideaux et les fenêtres pour profiter de la douceur de la nuit. Une brise d'air tiède soulevait parfois ses parchemins mais il appréciait de ne plus se sentir enfermé et de pouvoir contempler tout l'espace des jardins. Peut-être qu'un peu plus tard dans la nuit, il irait se promener jusqu'aux écuries... ou jusqu'au lac. Et ensuite nager dans la piscine sur la terrasse pour profiter de l'eau tiédie par le soleil de la journée.

Le grattement léger sur la porte lui fit lever la tête mais Severus avait déjà perçu les pas de son calice dans le couloir pour rejoindre la Bibliothèque.

– Je voudrais... Je vais monter me coucher, fit doucement Harry. Il faudrait que tu boives maintenant...

Severus fronça les sourcils après avoir jeté un œil sur la pendule au-dessus de la cheminée. Il était très tard et il se sentit vaguement coupable à l'idée que son calice ait attendu qu'il se manifeste pour boire sa ration de sang.

– Luce est encore debout ?

– Il vient de monter, avoua Harry avec un sourire sans joie.

Severus baissa la tête et se pinça l'arête du nez en soupirant. Il avait passé la soirée à se tenir loin d'eux, à bouder, sans un mot, sans une explication, alors que lors de leur dernière conversation, il avait péniblement concédé à les accompagner pour une future sortie. Lucius n'avait pas dû comprendre, ni apprécier...

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Severus se reprit et se leva pour rejoindre son calice.

– Je suis désolé, je n'avais pas vu l'heure qu'il était. Tu aurais dû venir me chercher plus tôt !

– Je ne voulais pas te déranger...

– Je ne pense pas que boire ton sang me dérangera jamais un jour ! grommela Severus avant de se fustiger mentalement.

Il ne voulait pas faire des reproches à son calice, ni paraître seulement intéressé par son sang et il n'était capable que de maladresses. Comme ils étaient tout aussi maladroits à se tenir l'un devant l'autre, incertains, mais bien conscients du caractère artificiel du rituel qui consistait à monter dans la chambre de Severus et à s'installer sur le lit pour la morsure.

– On peut aussi bien faire ça ici, concéda Harry avec un pâle sourire. Ça n'a pas beaucoup d'importance.

Ça en avait, pourtant... Ça en avait beaucoup pour Severus, qui voyait son calice renoncer à une autre de ses premières exigences, après le glamour qu'il avait omis d'enlever plusieurs fois et que Harry avait « oublié » jusqu'à ce qu'il disparaisse...

En accompagnant son calice vers les fauteuils, Severus se prit à espérer qu'un jour son calice se laisse mordre ailleurs qu'au poignet... Ou à d'autres moments. La Bibliothèque était l'endroit où ils se retrouvaient quelquefois la nuit, quand Harry le rejoignait pour partager la musique qu'il écoutait... Une morsure dans le creux de la nuit, dans ce moment si intime, le faisait doucement rêver.

Harry s'installa tranquillement et Severus prit place dans le fauteuil le plus proche qu'il tira un peu pour plus de commodité. Une fois sa manche relevée, son calice lui tendit son poignet avant de s'abandonner contre le dossier du fauteuil, la tête renversée en arrière et les yeux fermés. Ou Harry était vraiment fatigué, ou... il ne savait pas. Harry devait être fatigué... et cette pensée ramena Severus à la jalousie qu'il avait ressentie en trouvant son calice avec Mark. Il ferma les yeux lui aussi et se concentra sur la morsure.

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Le sang coulait dans sa gorge et Severus n'arrivait plus à s'arrêter. Il avait besoin de boire encore. Il avait besoin de sentir cette vie en lui, mais aucune gorgée supplémentaire ne parvenait à apaiser ses inquiétudes. Il buvait toujours et Harry ne disait rien. Il avait gémi au moment de la morsure – un gémissement qui n'était pas de la douleur – mais il ne protestait pas, il ne lui disait pas d'arrêter, il se taisait et il le laissait faire, et s'il continuait ainsi, Severus allait se retrouver avec une loque sur les bras dans quelques minutes.

C'était un supplice et un crève-cœur, mais il arracha brusquement sa bouche du poignet de son calice avant de ne plus pouvoir le faire. La sensation de manque déchira son ventre, étira la douleur tout au long de ses membres et de son esprit, secoua le vampire en lui, mais il n'avait pas le choix.

Surpris, Harry avait ouvert les yeux et regardait le sang couler sur sa peau tandis que l'odeur lourde et métallique emplissait la pièce. Severus soupira et se fustigea mentalement, puis reprit le poignet de son calice pour lécher la peau à l'endroit de la morsure. Il se devait au moins de faire ça correctement.

– Qu'est-ce qui ne va pas, ce soir ? murmura Harry. Tu nous as fui toute la soirée et tu as bu tellement plus que d'habitude...

L'adrénaline de la peur parcourut fugacement Severus.

– Tu ne te sens pas bien ? s'inquiéta-t-il. Tu veux t'allonger ? Manger quelque chose ?

– Non. Ça va, affirma son calice. Mais ça ne répond pas à ma question...

– Je suis désolé, tu seras peut-être un peu fatigué demain, mais je boirai moins demain soir, ne t'inquiète pas...

Harry soupira devant sa réponse évasive et renversa à nouveau la tête contre le dossier du fauteuil.

– Ça ira très bien demain.

Et Severus ne doutait même pas que ce soit vrai. Depuis qu'il mordait Harry régulièrement tous les soirs, son calice avait acquis un réel équilibre dans sa production de sang, quelles que soient les quantités qu'il lui prélevait. Si au début, il jouait le rôle de régulateur, aujourd'hui, le corps de son calice avait pris le relais et s'adaptait de lui-même à ses ponctions. Cette nuit, le système sanguin de Harry allait produire du sang à profusion jusqu'à atteindre son niveau normal, puis se mettre en veille jusqu'à la prochaine morsure. Et c'était ainsi tous les jours.

Ils avaient atteint le stade d'auto-régulation que décrivait le livre spécialisé de Mihai et qui leur permettait davantage de souplesse, bien qu'ils n'en aient conscience ni l'un ni l'autre. Harry ne risquait plus l'engorgement comme les jeunes calices, et Severus pouvait boire selon ses envies, mais leur relation distendue ne leur permettait pas d'en parler librement.

– Tu n'avais même pas particulièrement faim, insista Harry. Je l'aurais su si tu avais faim...

– J'en avais besoin, murmura Severus.

– Pourquoi ?!...

Severus chassa la question de Harry d'un geste de la main avant de se rendre compte que son autre main tenait toujours délicatement le poignet de son calice en le caressant doucement du pouce. Les traces de la morsure avaient disparu, la peau était lisse et tendre et Harry avait abandonné son bras à sa caresse.

– Tu devrais monter te coucher... Il est tard et la morsure a dû te fatiguer... Tu veux que je t'accompagne à l'étage, au cas où ?

– Je vais bien, affirma Harry en retirant son bras pour poser les mains sur les accoudoirs du fauteuil et se lever malgré tout.

Malgré la quantité de sang que Severus avait prélevée, son calice n'était pas particulièrement excité il semblait plutôt las... et un peu déçu.

– On aurait dû mettre de la musique, murmura Harry avant de quitter la pièce.

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Cette nuit-là, son calice ne vint pas le rejoindre dans la Bibliothèque pour partager un moment de musique, et le soir suivant, ils montèrent dans la chambre de Severus pour la morsure quotidienne.

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– Tu es sûr que Severus ne va rien dire ? gloussa Mark en renversant son visage en arrière vers le soleil. La dernière fois qu'il nous a trouvés un peu trop proches, j'ai dû éviter sa crise de jalousie !

Harry gloussa à son tour et frotta ses cheveux avant de s'allonger sur sa serviette, la tête posée sur les cuisses de son ami. Près d'eux, le clapotis de l'eau de la piscine résonnait dans le silence surchauffé de l'après-midi.

– Mmhh... C'est plus confortable ici ! apprécia-t-il. Severus ne dira rien parce qu'il ne verra rien. Il ne supporte tellement pas la lumière que je ne sais même pas s'il serait capable de regarder à travers la fenêtre !

– Comment ça va entre vous ? demanda Mark en s'appuyant sur ses bras tendus derrière lui.

– Ça va. Mais je le trouve bizarre depuis quelques jours...

– Bizarre comment ?

– Bizarre comme... Il ne serait pas ce qu'il est, je dirais qu'il est angoissé, fit Harry en fermant les yeux.

Le mot, saugrenu s'il en était, fit pouffer Mark, mais il n'en trouvait pas de meilleur. Même s'il participait à nouveau à tous les repas sauf le déjeuner, s'il était présent le soir avec eux pour un film ou une tasse de thé, Severus restait légèrement distant, irritable, et son humeur ne s'améliorait pas au fil des jours.

Les morsures, elles, continuaient à bien se passer; il était doux et plutôt prévenant, toujours soucieux de son bien-être... Depuis la morsure dans la Bibliothèque, il semblait même se limiter drastiquement sur les quantités de sang qu'il prenait, au point que Harry ressentait parfois sa faim de manière criante. Et la seule fois où il avait osé lui en faire la réflexion, Severus avait répondu qu'il savait ce qu'il pouvait et ce qu'il devait faire.

– À trop vouloir bien faire ! gloussa Mark.

– C'est exactement ça ! sourit Harry en savourant la chaleur du soleil sur son visage.

– Il ne veut surtout pas te perdre...

– Il ne me perdra pas : je suis son calice; je suis tenu de le nourrir...

– « Tenu », c'est le mot qui blesse.

Même sans ironie, la remarque était saisissante de pertinence et Harry ne put s'empêcher de grimacer.

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– Et toi et ton Chaton, comment ça va ?

– Bien, fit la voix souriante de Mark. Il voulait vous inviter à dîner un de ces soirs, mais je lui ai dit que c'était peut-être un peu prématuré, au vu de ta relation avec Severus...

– Oh, ça pourrait le faire, songea Harry. Ça ne se passe pas si mal, et puis Håkon est tout ce qu'il y a de plus diplomate...

– Réserve ton samedi soir alors ! gloussa Mark.

– Si ça ne t'ennuie pas, on attend une semaine de plus... Vendredi soir, on va à l'opéra et dimanche, on a l'anniversaire de Scorpius chez Draco.

– À l'opéra... tous les trois ?

– Oui, confirma Harry avec un sourire. Première sortie officielle depuis son retour ! Un prélude à l'annonce de notre mariage avec Lucius...

– Alors, ça y est ? fit Mark avec air ravi. Vous avez fixé une date et tout le reste ?

– Ça avance doucement... mais ça ne ressemblera pas au mariage de Lucius et de Severus ! Moi je veux un truc sobre et en petit comité !

– Sobre ? Avec Lucius ? ironisa Mark.

Harry éclata de rire puis leva les yeux au ciel. Il devait reconnaître qu'il avait fort à faire pour obtenir ce qu'il voulait en dépit des désirs de son futur mari, mais c'était devenu un jeu entre eux.

– En tout cas, j'ai hâte d'y être ! se réjouit Mark. Si je suis invité, bien sûr...

– Imbécile ! gloussa Harry en faisant mine de lever la main pour le pincer.

Mark se tortilla en riant pour fuir ses doigts vengeurs et lui ébouriffa les cheveux en punition.

– Et c'est ça qui chagrine Severus, tu crois ? Votre mariage ?

– Je ne sais pas, hésita Harry. Il n'a pas l'air si réticent que ça... il est même très ouvert sur le sujet. Il n'est pas très motivé pour tout l'aspect public : devoir venir et se confronter aux gens, mais c'est valable même pour l'opéra de vendredi !

– Mais moi je n'oublierai pas que tu as accepté une invitation à dîner pour vous trois ! gloussa Mark. Il est obligé de venir !

– Je dirai que tu m'as forcé à accepter ! se défendit Harry en riant. Je ne tiens pas à ce qu'il soit fâché après moi !

– Il a besoin de toi pour se nourrir ! pouffa Mark. Tu pourrais le mener par le bout du nez qu'il serait obligé d'accepter ! Tu t'en rends compte, au moins ?!

En soupirant, Harry ferma les yeux avec un sourire doux et légèrement résigné.

– Mais je ne veux pas que ça se passe comme ça...

La main de Mark glissa dans ses cheveux avec une tendresse déconcertante.

– Tu tiens encore à lui.

L'espace d'un battement de cœur, Harry trouva que la chaleur du soleil sur sa peau était une brûlure cuisante et il se redressa brusquement avant de se mettre à rire.

– Tais-toi donc au lieu de dire des bêtises ! Et viens avec moi ! Je vais faire servir un goûter dans la véranda... j'ai faim et je dois jeter un œil sur mes chaudrons.

Mark haussa les sourcils, véritablement surpris, et s'empressa de se lever pour le rejoindre.

– Tu as repris les potions ?! Tu es retourné au labo et tu t'es remis à tes chaudrons ?!

– Juste une bricole dont j'ai discutée avec les frères Weasley, gloussa Harry en prenant Mark par le bras. Une version expérimentale du polynectar... qui ne ciblerait qu'un endroit précis de l'anatomie masculine.

Dans les yeux ronds de Mark, il ne vit d'abord que de l'incompréhension, puis de l'étonnement et enfin un éclat pétillant de rire.

– Et ça marche ?! pouffa-t-il.

– Je n'ai pas encore testé, avoua Harry dans un sourire. Mais il n'y a pas de raison que ça ne marche pas. Tu voudras essayer ?

– Ça dépend à qui appartient le cheveu que tu mettras dedans ! Avec un de Severus, tu crois que ce serait possible ?

Mark fit gracieusement un pas de côté pour éviter son coup de coude puis éclata de rire.

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Severus s'épousseta en sortant de la cheminée et descendit le capuchon de sa cape un peu plus bas sur ses yeux. C'était sans doute inutile, et certainement ridicule : il pouvait très bien supporter le peu de lumière qui filtrait à travers les rideaux du bureau de son mari, mais porter cette cape opaque dont le capuchon protégeait si bien son visage le rassurait. Les elfes, et même Lucius, avaient pourtant pris l'habitude scrupuleuse de fermer partout les rideaux dès qu'ils le pouvaient, et en particulier dans ce bureau, pour qu'il puisse revenir de la Librairie en toute tranquillité. En réalité, en dehors de la nuit et des moments où Harry jetait son sortilège sur les fenêtres, il n'était jamais totalement à l'aise. S'il voulait un peu plus de liberté à l'avenir, il devrait pourtant faire avec...

Le bureau était vide, le couloir silencieux et personne ne traînait dans le Petit Salon, ni dans aucune des pièces que Severus aperçut. D'un sourire contrit et d'un geste de la main, il salua Axaya qui l'accompagnait de miroir en miroir, puis referma la porte de son propre bureau derrière lui. Ici, le sortilège de Harry était permanent et ne s'atténuait que lorsque la nuit était assez sombre pour lui être confortable.

Severus retira sa cape puis ses gants qu'il laissa tomber sur le sofa, avant de s'y laisser tomber à son tour. Avec lassitude, il passa une main sur son visage. Les clients à la Librairie n'étaient pas rares, mais les commentaires en aparté des curieux le fatiguaient. Même chuchotés, son ouïe percevait les mots honteux : « anormal », « créature », « monstre »... Même avertis par le panonceau sur la porte d'entrée, il percevait leurs regards de peur quand il surgissait au détour d'un rayonnage. Les vrais clients étaient plus rares. Peut-être qu'il aurait dû vendre le magasin, ou le fermer, et ne travailler que par correspondance et sur commande.

Severus allongea les jambes et les croisa au niveau des chevilles en renversant son dos contre le dossier du canapé. Un peu plus loin après ses pieds, appuyé contre sa bibliothèque et empaqueté d'un papier noir mat, se trouvait le cadeau d'anniversaire de Harry. Un autre renoncement... Il n'avait pas voulu céder au chantage de Lucius et accepter qu'il l'offre à son calice en son nom, alors le cadeau traînait là en attendant que Severus ne se résigne un peu plus.

Il soupira en passant sa main dans ses cheveux, puis sur son ventre. Il avait faim, mais il allait devoir patienter encore quelques heures. Il ne savait pas où était Harry mais son esprit pétillait de joie et de malice, comme souvent depuis quelques jours maintenant. C'était sa seule consolation : son calice semblait aller bien. Vraiment bien. Et cela valait tous les efforts du monde.

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Le craquement discret d'un elfe de maison le fit grogner sans même ouvrir les yeux.

– Maître Lucius vous attend dans votre chambre, Monsieur.

Severus se redressa si brusquement la tête que ses vertèbres craquèrent.

– Dans ma chambre ?! Luce ?!

Devant lui, Clay hocha la tête avec un sourire indéfinissable puis disparut.

Une fraction de seconde, Severus avait cru qu'il allait enfin pouvoir se rassasier, mais c'était son mari qui l'attendait dans sa chambre et non pas Harry. Et il n'en comprenait pas la raison.

Rapidement, il se leva, rafraîchit sa chemise froissée à l'aide d'un sortilège puis sortit de son bureau pour monter l'escalier en colimaçon.

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Quand il ouvrit la porte de sa chambre, Lucius était là, dos à lui dans la pénombre, en train de parcourir du regard sa collection de photos. Droit et digne. Et beau en diable dans sa veste noire aux broderies argentées qui rehaussait l'or de ses cheveux.

– Je suis là, fit Severus en refermant la porte. Qu'est-ce qui se passe ?

Lucius secoua la tête et leva les yeux au ciel devant son ton inquiet puis se retourna pour lui faire face. D'une main sur le torse, il le poussa en arrière et Severus tomba à la renverse sur le lit avant même de comprendre ce qui se passait.

– Rien du tout. Je crois que tu as juste besoin de te détendre, et moi de passer un peu de temps avec toi...

Lucius était déjà à califourchon au-dessus de lui, les genoux de part et d'autre de ses cuisses, et d'une main rapide, il défit sa ceinture avant de s'attaquer aux boutons de son pantalon.

– Luce, arrête ! Bon sang ! Qu'est-ce que tu fous ?!

– Tais-toi donc, fit Lucius avec un sourire ironique tandis que sa baguette glissait dans sa main. Tais-toi et laisse ton vampire profiter...

Le sortilège le déshabilla avant même que Severus n'eut le temps de réagir, mais la menace de la baguette fit surgir sa sauvagerie réflexe et c'était peut-être bien l'intention de Lucius. Ses yeux rougeoyèrent brusquement, ses mains se tendirent comme des griffes, l'une pour tordre le poignet qui le menaçait et faire tomber cette baguette, l'autre vers le cou de Lucius qu'il enserra de ses doigts avant de réaliser ce qu'il faisait. Le sourire moqueur de son mari le fit redescendre sur terre, mais pas autant que les longs doigts fins que Severus sentit crispés sur son sexe.

– Laisse-toi faire...

Le tout avait duré moins d'une demie-seconde quand Severus fut secoué par la vague de désir qui parcourut son corps. Ses hanches se soulevèrent malgré lui, sa tête et ses mains retombèrent, amorphes, sur les draps, tandis que son sexe était avalé par une bouche chaude et voluptueuse.

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– Qu'est-ce qui t'as pris, bon sang ? soupira Severus les yeux fermés.

Allongé sur le flanc à côté de lui, une main sous la tête, Lucius laissa traîner ses doigts sur son ventre, dessinant sur sa peau trop froide des arabesques semblables à celles qui parcouraient le corps de Harry.

– Dis que tu regrettes ! fit-il avec un sourire narquois.

– Certainement pas, avoua Severus. C'était bien trop bon pour ça ! Mais ne me menaces plus jamais avec ta baguette ! Tu ne te rends pas compte... Je ne suis pas certain de pouvoir me maîtriser à chaque fois.

– C'est pourtant la meilleure façon de faire céder tes réserves et de te rendre un peu plus... sauvage.

Severus tourna son visage pour lancer un regard sombre à son mari.

– Ce n'est pas un jeu, Luce ! Regarde ce que j'ai failli te faire !

– Rien du tout... Je m'attendais même à pire, à vrai dire, gloussa Lucius.

– Ne prends pas ça à la légère, s'il-te-plaît. Je ne suis pas un vampire depuis assez longtemps pour être maître de toutes mes réactions.

Pourtant, selon les Anciens de Colibita, il restait celui qui avait le mieux fusionné en lui son côté humain et son côté vampire. Il était une entité équilibrée, sans qu'aucune partie ne souhaite prendre un ascendant, mais la menace, envers lui ou envers son calice, demeurait un geste qui déclenchait ses instincts réflexes de vampire.

– Excuse-moi, fit Lucius avec une caresse plus appuyée. Mais je te trouvais tellement tendu ces jours-ci... Tu avais besoin de décompresser un peu et le sexe a toujours été un excellent moyen de se détendre.

Severus sourit doucement dans la pénombre et posa sa main sur celle de son mari. Même privé de certaines pratiques, le sexe entre eux était toujours aussi bon et aussi libérateur. Animal quand Lucius provoquait le vampire en lui, parfois rude quand la jouissance tardait trop, mais cela le laissait enfin détendu et un peu plus serein. De toute façon, il n'avait que cela pour se satisfaire. Lucius lui offrait – plutôt généreusement – ce qu'il ne pouvait plus faire avec son calice.

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Severus tourna à nouveau la tête vers son mari et observa son sourire tranquille. Son nez droit, princier, ses yeux gris et presque doux, ses lèvres fines étirées tout en restant closes. Cette bouche qui savait si bien lui donner du plaisir...

Severus était tellement captivé par ce visage qu'il connaissait par cœur et qu'il redécouvrait pourtant, qu'il mit de longues secondes avant de s'apercevoir que Lucius jouait avec son alliance. Il l'avait légèrement descendue le long de sa phalange et il caressait doucement la marque en creux sur son doigt.

– Elle brille plus qu'avant.

Severus releva la tête pour voir de quoi parlait Lucius et aperçut le liséré vert gravé dans sa peau par son union avec Harry et qui n'avait jamais disparu.

– Oui. Depuis le rituel du caliciat, et plus encore depuis qu'il me nourrit régulièrement.

À ses yeux de vampire, elle pulsait même d'une lueur qui lui était propre et qui s'amplifiait à chaque fois que le sang de son calice circulait dans son corps. Malgré la présence de son alliance par-dessus, la marque brillante lui rappelait son lien avec Harry. Et juste à côté, la cicatrice de la brûlure de l'argent sur son auriculaire lui rappelait ce qu'il lui avait fait.

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– Comment ça va avec Harry ? fit doucement Lucius.

Severus tourna son regard vers le ciel de lit puis ferma les yeux. Lucius en était sans doute exactement là où il avait eu l'intention de le mener.

– Aussi bien que possible, j'imagine.

Harry lui donnait son sang, il était capable de tenir avec lui des conversations agréables, de plaisanter, de rire, d'être presque insouciant... Mais il n'était plus redescendu au milieu de la nuit pour partager un moment de musique depuis plusieurs jours. Depuis cette morsure dans la Bibliothèque, en réalité.

Peut-être que, comme lui, Harry restait déçu par cette première fois où il l'avait autorisé à le mordre ailleurs que sa chambre. Severus aurait voulu que ce moment soit précieux, presque sacré, mais il l'avait gâché parce qu'il avait bu trop de sang, parce qu'il était soucieux, englué dans sa jalousie et ses inquiétudes, et l'instant précieux avait été gaspillé et sali.

– Tu ne lui as toujours pas offert son cadeau ?

– Non. Je le ferai... je ne sais pas quand.

Pour le mariage, peut-être. Quoique ce serait sans doute malvenu de rappeler à Harry ce qu'ils avaient été tous les trois le jour de son union avec Lucius.

– C'est ça qui te préoccupe depuis quelques jours ? Ou bien c'est cette sortie à l'opéra ?...

Malgré lui, Severus laissa échapper un gloussement amer et les mots s'échappèrent tout aussi vite. Lucius le connaissait ou le devinait trop bien.

– Je n'y arriverai pas, Luce, souffla-t-il douloureusement. Je ne serai pas capable de rester calme et maître de moi-même. La dernière fois que j'ai trouvé Harry avec Mark, il était endormi dans ses bras et j'en ai été malade de jalousie et de possessivité. J'ai failli me montrer agressif, et pourtant c'était Mark. Peut-être le seul à part toi que je sais incapable de le blesser... Le premier qui va s'approcher de Harry à cette soirée, le premier qui va dire un mot de travers, je risque de le menacer et de vouloir le tuer.

Une main ferme sur son menton obligea Severus à tourner la tête pour croiser le regard insistant de son mari.

– Severus... Il ne se passera rien du tout à cette soirée. J'ai une totale confiance en vous deux. Tu es capable de te maîtriser quelles que soient les circonstances, même quand quelqu'un d'autre tient Harry dans ses bras, même quand je te menace... Harry sera conciliant au point de ne rien faire qui te mette mal-à-l'aise, tu boiras avant d'y aller s'il le faut et tout se passera très bien. Pendant les entractes, tu resteras dans la loge si tu préfères. Je ne te demande pas de faire de la figuration et des mondanités, je voudrais juste qu'on soit vus arrivant ensemble et repartir ensemble. Il n'est pas question que je vois le moindre torchon insinuer que tu ne fais plus partie de ma vie ou que mon mariage avec Harry vient supplanter le nôtre.

Severus sourit tristement devant la détermination de son mari. Lucius faisait tout ça pour lui, pour que rien ne vienne entacher son nom, sa réputation ou la reconnaissance sociale qu'il avait eu tant de mal à obtenir. Lucius œuvrait pour que Harry et lui soient sur un pied d'égalité, pour être impartial entre eux deux parce qu'il s'obstinait à les considérer de la même manière. Même pour ça, Lucius restait droit et intègre, toujours soucieux d'être juste. Severus pouvait bien faire l'effort de prendre un peu sur lui pour traverser cette soirée sans encombres.

En douceur, il glissa son bras libre derrière les épaules de son mari pour le ramener vers lui et sceller sa promesse muette d'un baiser. Puis il bascula dans le lit pour le surplomber de tout son corps et d'un sourire lubrique. Il pouvait faire des efforts mais il méritait des encouragements.

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ooOOoo

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Avec bonheur, Harry passa sa main dans la volumineuse fourrure d'Orion puis décrocha une à une les griffes qui venaient de se planter dans son pantalon. Allongé de tout son long sur le canapé à côté de lui, le chat se mit à ronronner sans même ouvrir les yeux tandis qu'il sortait et rétractait ses griffes un peu trop près de sa cuisse.

En relevant la tête, Harry capta le regard amusé de Lucius qui feuilletait un livre en face de lui, puis il se pencha légèrement pour attraper son verre sur la table basse. Depuis le retour de Severus, Orion fuyait son ancien maître comme la peste et s'était beaucoup rapproché de lui. C'était auprès de lui qu'il venait chercher des caresses ou se vautrer sur les genoux, c'était de son côté du lit qu'il venait parfois dormir, c'était vers lui qu'il venait réclamer à manger pendant les repas ou les goûters dans la véranda. Et Harry appréciait le caractère un peu grincheux de ce gros chat acariâtre et surtout la douceur de son poil.

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Le bruit de pas dans le couloir leur fit lever la tête à tous les trois et d'un même ensemble, ils tournèrent leurs regards vers l'entrée du Petit Salon. Severus se tenait là, droit et sombre, rabattant tout juste le capuchon de sa cape sur ses épaules. Vu l'heure, ils avaient laissé les rideaux fermés et le sortilège actif en prévision de son retour et ils avaient sans doute bien fait.

– Bonsoir...

Harry salua son vampire de la tête en souriant; les yeux de Lucius brillèrent tandis qu'il embrassait son mari; Orion, lui, cracha et montra ses crocs avant de se résigner et de reposer son museau sur ses pattes.

Si la défection de son chat avait chagriné Severus, il n'en avait jamais rien dit mais il coula vers lui un regard bas et plein de reproches.

– Comment ça va ? fit Lucius d'un ton enjoué. Tu veux une tasse de thé avant le dîner ?

D'un mouvement de la tête, il désigna leurs verres sur la table basse, du vin pour lui et un quelconque jus de fruits aussi exotique que possible pour Harry.

– Je..., hésita Severus en posant la main sur l'épaule de son mari. Je ne reste pas. Je suis juste venu me changer et je repars. Je vais dîner chez Sebastiaan, ce soir. Enfin, « dîner »...

– Ah. Très bien... Il faudrait que tu l'invites également, un de ces jours.

Manifestement, l'invitation de Lucius n'était destinée qu'à camoufler sa surprise, mais personne n'était dupe.

Severus leva un peu plus la tête pour s'adresser à son calice dont la main fourrageait délicieusement dans la fourrure d'Orion.

– Ne m'attends pas, ce soir. Je vais sûrement rentrer très tard... Je boirai demain soir. Ou demain matin, éventuellement...

Harry hocha obligeamment la tête en souriant alors que Lucius se penchait pour prendre son verre. Severus hésita à ajouter quelque chose puis il fit demi-tour et disparut dans l'escalier en colimaçon.

Lucius fit longuement tourner le vin dans son verre avant d'en boire une gorgée puis releva son regard vers Harry, qui restait aussi imperturbable qu'un Malfoy digne de ce nom. Cependant, il le devinait aussi circonspect que lui.

– Ça t'ennuie si on mange dehors sur la terrasse, du coup ?

– Pas du tout, répondit Lucius en portant son verre à ses lèvres.

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oooooo

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Harry était encore au pied de l'escalier en colimaçon quand il perçut la musique. Pas la même que d'habitude, plus simple et plus riche en même temps, marquée par un tempo répétitif et des envolées de notes qui revenaient régulièrement sur elles-mêmes. Il sourit dans l'obscurité tandis que ses pieds nus parcouraient un chemin devenu presque instinctif.

Dans la Bibliothèque, les rideaux étaient grands ouverts, toutes les fenêtres fermées, mais la pièce sentait encore l'odeur des jardins et l'humidité de la nuit. Severus n'avait pas dû refermer depuis longtemps. Il se tenait debout près de la fenêtre du fond sur laquelle ses doigts pianotaient lentement, au rythme de la musique. Et à chaque effleurement, le sortilège d'argent chatoyait et ondulait doucement sur la vitre.

– Arrête avec ça.

– Tu devrais dormir.

Ils se sourirent mutuellement, même si Harry ne devinait le sourire de son vampire qu'au ton chaleureux de sa voix. Un petit reproche mutuel, codifié, presque rituel de leurs moments grappillés dans la nuit à écouter de la musique. Sauf qu'il n'était pas venu depuis plusieurs jours dans la Bibliothèque.

– J'ai entendu que tu étais rentré.

– Je suis monté prendre une douche en revenant. Je ne voulais pas vous réveiller...

Harry haussa doucement les épaules. Malgré ce qu'il avait dit, ce n'était pas le bruit qui l'avait tiré du sommeil, mais la sensation de la présence de son vampire. Un presque sentiment de complétude.

– J'ai senti que tu avais faim...

– Il n'y avait rien d'urgent. Je peux attendre quelques heures de plus.

– Je n'aurais pas réussi à me rendormir.

Sans s'attarder sur cet aveu qui laissait le vampire muet, Harry fit quelques pas pour aller s'asseoir dans un fauteuil, drapant autour de lui le mince kimono de soie que Severus avait ramené du Japon l'été passé.

La musique était douce et enveloppante. Elle aurait accompagné à merveille un moment feutré dans un bar, une conversation calme et un verre d'alcool... Encore ce soir, même si Severus avait été absent au dîner, Harry n'avait pas osé boire un verre de vin, et il avait bien fait. Même avec son accord, il se serait senti coupable de ne pas pouvoir nourrir son vampire parce qu'il avait bu.

– C'est quoi ?

– La musique ? fit Severus en venant s'asseoir à son tour. Du jazz.

– C'est très différent. Agréable. Ce n'est pas du tout chanté ?

– Ça peut... Mais je préfère les morceaux qui ne le sont pas. Les instruments ont leur propre voix...

Harry acquiesça en souriant. Il comprenait ce que voulait dire Severus. Même sans voix humaine, la musique avait une vraie personnalité. Tranquillement, il tira sur sa manche et tendit son poignet à son vampire, puis remonta ses pieds contre ses fesses pour se lover à son aise dans le fauteuil.

La nuit ne découpait que quelques ombres dans la bibliothèque et il devinait le reste par la force de l'habitude. La présence de Severus était puissante mais sa silhouette semblait presque désincarnée. Harry ne percevait ni l'éclat de son regard, ni les expressions de son visage, rien de ce qui faisait son humanité ou sa personnalité. Mais ses gestes étaient doux. Son pouce caressait l'endroit habituel de la morsure sur son poignet, attendant son assentiment ou lui laissant la possibilité de s'en aller. Il effleurait sa peau si délicatement.

Harry ferma les yeux. Il ne voyait rien, il n'avait pas besoin de voir. Plus douces encore étaient les lèvres qui se posèrent sur sa peau. Presque un baiser avant le frôlement des canines, et puis cette volupté du sang qui s'écoule. Ce plaisir si particulier qui parcourut son corps.

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La morsure se termina très vite. Du moins, le temps parut à Harry étonnamment court. La langue se promena sur la peau de son poignet puis disparut, ne laissant qu'une sensation de froid et de vide, malgré la caresse du pouce de Severus.

De sa main libre, Harry avait tiré vers lui le plaid qui traînait sur le fauteuil voisin et il s'en enveloppa sommairement. Il était presque certain que Severus l'avait laissé là à dessein et cette petite attention le fit sourire, tout comme la chaleur confortable qui se répandait dans son corps. Il se sentait fébrile et frissonnant, comme après chaque morsure. Le froid de la nuit, la perte de sang, la perte de ce contact particulier, même si Severus tenait encore son poignet dans sa main... L'excitation, aussi, que le plaid cachait judicieusement. Lucius dormait à poings fermés et ne pourrait pas y remédier, mais elle passerait d'elle-même le temps d'une conversation tranquille avec Severus. Après, Harry pourrait se lever dignement et remonter dormir sans avoir à dissimuler son érection derrière les pans de son kimono.

Mais pas tout de suite. La musique était agréable, il avait un peu plus chaud et il se sentait bien. Confortablement cotonneux, même s'il regrettait de ne pas distinguer le visage de Severus ni son regard.

– C'était bien, ta soirée avec Sebastiaan ?

– Oui. Ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas vus.

Longtemps. Depuis... avant son retour, avant sa transformation. Au moment où Severus était encore un être humain de chair et de sang. Et aujourd'hui, c'était son propre sang qui courait dans les veines de son vampire...

– Il va bien ?

– Oui, répondit Severus avec un sourire dans la voix. Et il te salue.

– Tu lui rendras le bonjour quand tu le reverras. Ou quand tu lui écriras.

Durant ces semaines de distance, Severus et Sebastiaan n'avaient échangé que des lettres. Une lettre d'adieu d'abord, que Severus avait écrite à la fin de sa transformation, peu de temps avant de mourir, et puis les lettres rageuses de Sebastiaan, que Lucius avait fait suivre dans le pavillon chinois puis en Roumanie. Des lettres agacées par le silence.

– C'était prévu, votre dîner ?

– Non. En fait, il est passé à la Librairie dans la journée, avec une espèce d'ultimatum pour que je lui concède un moment. Il voulait que je vienne dîner chez lui ce soir, mais nous devons aller à l'opéra. Et dimanche, nous serons chez Draco.

– Il te restait le samedi soir, fit Harry en cherchant le regard de son vampire dans l'obscurité.

– C'est lui qui ne pouvait pas, fit la voix souriante de Severus. Il a invité son ex-femme au restaurant.

Harry releva brusquement la tête, surpris, avant de remettre sur son épaule le plaid qui venait de glisser dans son mouvement.

– Sebastiaan a été marié ? Avec une femme ?!

– Oui. Pourquoi ça te surprend tant que ça ?

– Pour rien, pouffa Harry. Je le pensais célibataire par choix. Il est plutôt critique envers ses semblables...

Severus ne répondit rien d'autre qu'un gloussement amusé. Sur cet aspect-là, il ne pouvait pas défendre son ami. Sebastiann était un homme du monde, peut-être plus féru encore de mondanités que Lucius, mais il n'en aimait que l'humour caustique qui servait à dire des horreurs sous couvert de traits d'esprit, l'ironie, la dérision, le sarcasme... et le ridicule de ceux qui se retrouvaient bouche bée sans parvenir à répliquer.

Leur amitié n'était née que de cette habitude de persifler de concert sur les mêmes victimes. Jusqu'à devenir autre chose...

– Un moment, j'ai même cru qu'il avait des vues sur toi, gloussa Harry.

– Non, affirma Severus en reprenant sa caresse sur son poignet. Et même si ça avait été le cas, tu n'aurais rien eu à craindre.

Un silence étrange suivit ces quelques mots, seulement troublé par la musique qui s'était faite discrète elle aussi. Sans sourciller, Severus avouait une sorte d'impossibilité de se tourner vers quelqu'un d'autre que lui – et Lucius. Bien malgré lui, Harry frissonna. Est-ce que Severus parlait d'avant, quand ils étaient encore amants ? Ou bien d'aujourd'hui, alors qu'ils étaient liés par le sang et les morsures, alors qu'il serait son calice jusqu'à la fin de sa vie...

Tu n'aurais rien eu à craindre... Des paroles qui résonnaient amèrement depuis le pavillon chinois. Harry ferma les yeux et se mordit les lèvres, puis se concentra sur la musique. Le moment était trop agréable pour songer à cela. La musique, elle, était douce, calme et voluptueuse. Derrière ses paupières closes, le décor était de velours rouge, de soie noire, de la caresse satinée d'une peau sur son poignet et de la chaleur apaisante que pouvait faire naître un verre d'alcool.

Là, tout de suite, maintenant que Severus venait de se nourrir, Harry avait envie de boire un verre de cognac en sa compagnie. Juste assez d'alcool pour sentir la chaleur se répandre partout dans son corps, pour se sentir légèrement flou, pour savourer sans arrière-pensée ce moment délicat, son poignet toujours dans sa main, et céder aux impulsions qui tenaillaient son ventre.

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Mais Severus rompit le silence avant qu'il ne se laisse aller à demander son cognac.

– Et vous ? Qu'est-ce que vous avez fait ce soir ?

– Rien de spécial. On a dîné sur la terrasse et on a discuté toute la soirée.

– Les préparatifs du mariage ?

– Entre autres...

Comment avouer qu'ils avaient parlé de vacances aussi... qu'ils avaient cherché des solutions pour pouvoir partir tous les trois, tout en conciliant cela avec l'aversion de Severus pour la lumière, qu'ils avaient parlé de la maison en Provence et des aménagements possibles, qu'ils avaient soulevé plus de problèmes qu'ils n'avaient trouvé de réponses...

– Luce voudrait que tu sois son témoin, reprit Harry en se tournant complètement de côté vers Severus et en posant sa tête contre le dossier du fauteuil.

– Je sais. Il me l'a demandé.

– Tu as accepté ?

– Pas encore... Je voulais en parler avec toi avant. Ça ne te dérangerait pas ?

– Pourquoi ça me dérangerait ? sourit Harry. Ça paraît tellement évident.

Severus témoin de son propre mari pour son deuxième mariage... Quel plus grand symbole de leur union malgré la transformation, malgré ce qu'il était devenu ? Harry imaginait déjà les titres plus que romantiques des journaux people, les photos qui les montreraient soudés tous les trois même si la réalité était légèrement différente. Quoique...

Il n'avait plus de sentiments pour Severus, ils n'étaient plus amants pour son plus grand soulagement, mais Severus restait important pour lui. Il était son vampire, il était celui qu'il devait nourrir, il était essentiel dans la vie de Lucius et quoi qu'il arrive, Harry ne laisserait personne s'en prendre à lui. Pas même ces stupides journalistes capables d'insinuations perfides sur sa nature ou ce qu'ils étaient les uns aux autres.

– Qui sera le tien ?

– Mon témoin ? fit Harry en sortant de ses pensées. Je ne sais pas encore... Je n'ai pas très envie de choisir entre Draco et Matthieu. Et puis, ils étaient tous les deux témoins à votre mariage... Je pensais plutôt demander à Mark.

– Il serait ravi.

– Plus que ça, je crois ! gloussa Harry. Ça ne te dérangerait pas ?

– Ça paraît tellement évident, fit la voix souriante de Severus, avant de s'éteindre sur un murmure : Et qui suis-je pour que cela puisse me déranger ?

Le cœur serré par cet aveu douloureux, Harry chercha le regard de son vampire dans l'obscurité sans le trouver. Alors, il fit un geste qu'il n'aurait jamais pensé faire quelques heures plus tôt : il tourna son poignet qui était toujours entre les doigts de Severus pour attraper sa main et la presser légèrement. Puis il se leva, souhaita bonne nuit à son vampire et disparut rapidement.

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Merci à tous de votre lecture! J'espère que le chapitre vous a plu ;)

La semaine prochaine, la soirée à l'opéra et donc la première sortie publique de Severus, et une rencontre inattendue...

Au plaisir

La vieille aux chats