Chapitre 5 : In the Garden

Un cercle de paisibles mellyrn entourait le jardin de Galadriel et la promesse de tranquillité qu'on lui conférait. Durant d'innombrables générations d'hommes, ce jardin avait tenu ses promesses envers la Forêt d'Or, tandis que de jeunes arbres devenaient robustes et s'élevaient jusqu'à atteindre le firmament. Une arche faite d'un treillis de plantes grimpantes entrelacées s'élançant jusqu'aux cimes promettait une douce solitude. Maintes mains habiles avaient œuvré en cet endroit,entretenant verdure et végétation. De nombreux vœux d'amour avaient été murmurés sur ces magnifiques bancs sculptés dans une pierre blanche étincelante, au milieu des lits de lierre et de fleurs parfumées. De jour, le jardin baignait dans une douce lumière qui filtrait à travers les arbres, et de nuit, les étoiles s'y accrochaient comme des flambeaux, s'embrasant au-dessus de l'étendue sylvestre.

Legolas trouvait le jardin magnifique. Il s'y était déjà rendu, en compagnie de Gimli. Les nains n'avaient cure des pétales et des feuilles, préférant la pierre froide et le métal, et Legolas avait eu peu de temps pour explorer le jardin dans ses moindres détails. Une fois de plus, Legolas constata qu'il ne pourrait pas profiter du jardin à son aise. Il devait réparer ses torts auprès de cette malheureuse elfe.

Le jardin était si calme que, en dépit du troublant sens de l'audition commun à la race elfique, il crut à tort qu'il était désert. Dame Miredhel, dans sa longue robe blanche, était prise entre la pénombre et les rayons du soleil, qui pénétraient dans le jardin à travers les branches de mellyrn s'agitant sous l'effet de la brise.

Elle était étendue sur l'un des bancs, et son souffle resta bloqué dans sa poitrine alors que le Prince entrait dans le jardin.

Elle fut vexée par sa soudaine apparition. Legolas s'arrêta à hauteur de la voûte, grand et l'air réservé,et pourtant ses yeux trahissaient sa préoccupation tandis qu'ils sondaient le jardin. Elle se rappela que ces yeux pouvaient mentir, et qu'il lui avait donné peu de raisons de lui faire confiance.

Finalement, elle rompit le silence.

« — Mon seigneur, qu'est-ce qui vous amène en cet endroit? »

Ses yeux peinèrent Legolas. Ils étaient aussi sombres que les feuilles de la Forêt Noire. Il croisa son regard pendant un moment, s'excusant silencieusement jusqu'à ce qu'elle détournât les yeux.

« — Est-ce mon frère qui vous envoie ?

— Non, je suis ici de mon propre chef. »

Legolas se rapprocha d'elle. Elle se redressa et posa ses mains fines sur ses genoux, tordant par moments une bague à sa main droite.

« — Êtes-vous encore venus vous moquer de moi ? », l'interrogea-t-elle d'un ton neutre, le visage inexpressif. Elle tordit à nouveau son anneau.

A présent, Legolas se tenait juste à côté du banc.

« — Puis-je ? »

Il fit un geste vers la place. Elle hocha la tête et glissa à l'extrémité opposée. Elle regarda ailleurs dans le jardin, souhaitant qu'il prenne congé.

« — Je suis venue ici en quête de solitude, mon seigneur. Je désire être seule avec mes propres pensées. », lui dit-elle.

Legolas hocha la tête. Il comprenait vraiment.

« — Je ne veux pas m'imposer. », dit Legolas.

Mais au lieu de partir, il plaça ses mains derrière la tête, ses yeux scrutant la cime des arbres.

« — Je dois m'entretenir avec vous de quelque chose d'une grande importance. Je vais donc attendre, si cela n'importune pas Ma Dame, bien sûr. »

Il se leva et s'installa à un autre banc.

Une heure passa, et à présent, le soleil avait poussé les nuages vers les abords de la forêt. Miredhel était toujours assise sur son banc, presque immobile comme une statue, jusqu'à ce qu'un tressaillement occasionnel de ses mains ne la trahisse. Legolas était parfaitement immobile. Au début, il avait examiné le jardin, béat d'admiration devant ses nombreuses beautés, mais à présent ses yeux avaient un regard vague, très éloigné, comme s'il revivait de vieux souvenirs et des rêves.

Miredhel jeta un coup d'œil vers lui. Il semblait complètement détendu. Sa chevelure était illuminée par les lueurs du soleil, et son visage était plus que beau. Elle lui enviait sa sérénité. En silence, elle se leva. Elle pouvait s'en aller, maintenant qu'il dormait. Elle se glissa devant lui, ramassant l'ourlet de sa robe pour ne pas froisser les feuilles. Elle était presque à la voûte quand Legolas se mit à parler.

« — Ma Dame, partez-vous si tôt ? »

Ses yeux étaient clairs et lumineux.

« — J'ai cru que vous dormiez. », balbutia-t-elle.

Il était resté éveillé tout ce temps. Miredhel se sentit idiote.

« — Je ne voulais pas vous déranger, mais vous n'êtes plus, et bien, endormi. Je vous en prie, faites-moi part de ce dont vous vouliez me parler. »

Elle traversa le jardin et retourna à sa place.

« — Je suis venu m'excuser pour l'embarras qu'auraient pu causer mes mots. Je ne pensais pas à mal, et je m'excuse pour toutes les libertés que j'aurais prises lors de notre conversation. Je ne voulais pas vous porter préjudice. »

Sa voix et ses yeux semblaient sincères mais Miredhel n'était pas dupe.

« — Mon seigneur, quelle autre intention auriez-vous pu avoir en servant un tel mensonge en guise de vérité ?

« — Vous vous trompez, madame. Je ne vous aie jamais menti, ou à d'autres dames d'ailleurs. dit Legolas, catégorique. L'histoire est véridique en tout point. La lame ne s'éclaire qu'à l'approche des ennemis.

— Qui était cet ami qui possédait une telle arme ?

— Un membre de la Communauté. », dit calmement Legolas en fermant les yeux.

Il passa sa main sur son front et à travers ses cheveux.

« — Est-ce que cela vous fait souffrir de parler de l'un de vos compagnons ? », demanda Miredhel, curieuse.

Elle avait lu la douleur dans ses yeux avant qu'il ne les fermât.

« — Seulement quand je me remémore les grands sacrifices qui ont été faits. », répondit Legolas et il ouvrit les yeux.

Le moment de tristesse était passé.

« — Me croyez-vous, Dame Miredhel,lorsque je vous dit que je ne vous ait jamais menti ? »

Il la fixa droit dans les yeux.

Elle se sentait petite et insignifiante sous son regard.

« — Oui, je vous crois, mais je dois également demander pardon. Je crains de vous avoir mal jugé.

— Tout est oublié. », dit-il en souriant.

Il se leva du banc avec la grâce propre à son rang et quitta le jardin. Il s'arrêta à la voûte, une pensée en tête.

« — Dame Miredhel, avez-vous vraiment l'intention de participer au tournoi ?

— Hélas, je le dois. Je l'ai déjà annoncé à Eledhel, affirma-t-elle. Je ne suis pas si mauvaise au tir à l'arc que mon frère veuille bien le faire croire. »

Il rit et s'arrêta au niveau du portail de sortie. Il venait d'avoir une idée et lui suggéra, l'air machiavélique.

« — Voulez-vous rendre ce tournoi plus intéressant, ma Dame ? »

Elle leva les yeux au ciel.

« — Une telle suggestion est à peine possible quand presque tout le monde pense que vous allez terminer premier.

— Eh bien... »

Legolas réfléchit puis il suggéra :

« — Si j'arrive à terminer premier, alors je gagne le pari. Si vous parvenez à vous placer devant Eledhel, alors vous gagnez.

— Que faire si les deux événements se produisent - vous finissez premier, et je bats Eledhel ?

— Alors, nous gagnons tous les deux, nos paris s'annulent l'un l'autre, et nous partageons le prix de Dame Galadriel de manière équitable.

— Quelles sont les conditions ?, demanda-t-elle.

— Que désirez-vous ? », répondit-il, les yeux brillants.

Elle se mordit la lèvre, hésitante.

« — Si je gagne le pari, vous ne devez pas autoriser mon frère à partir en Ithilien.

— Nous ne pouvons pas passer un tel accord derrière son dos, répliqua Legolas. C'est injuste pour lui. Il faut que ce soit quelque chose que je puisse vous accorder.

— Et s'il rejoint le pari et approuve les conditions ?

— Alors, je n'aurais rien à dire, convint Legolas.

— Eh bien, que voulez-vous de moi ?, demanda-t-elle, l'air sérieuse.

— Un baiser. »

Les mots avaient échappé de sa bouche avant même qu'il ne les arrête. Ah, voilà bien un autre exemple démontrant pourquoi son père avait dû mal à le laisser s'occuper des missions diplomatiques.

Elle rougit et se déplaça pour se joindre à lui sous la voûte.

« — D'accord. », dit-elle.

Ils se serrèrent la main.

« — Que ce jardin soit notre témoin. »

Alors, ils quittèrent ensemble le jardin, chacun croyant qu'il ou elle avait le mieux tiré profit de leur accord.