Chapitre 20 : Building Trust

Dans l'obscurité, Miredhel n'arrêtait pas de remuer. Legolas pensait qu'elle dormait, mais le cœur de la jeune elfe était bien trop préoccupé pour s'abandonner aux rêves emplis de la lumière du peuple elfique. A plusieurs reprises, elle s'était répétée qu'il fallait cesser de penser à tout ce qu'elle avait dit, au fait qu'il ne pouvait rien arriver de bon en se faisant tant de soucis, ou que de telles pensées étaient futiles. Quand il l'avait prise dans ses bras, elle avait été persuadée d'avoir fait ce qu'il fallait en lui parlant d'Annariel. Le monde entier aurait pu sombrer dans l'oubli que Miredhel n'y aurait pas fait attention. Mais, à présent, elle affrontait les ténèbres dans la solitude. Elle s'inquiétait d'en avoir trop dit, d'en avoir trop révélé. Miredhel se sentait si exposée et stupide. Que devait-il penser d'elle ? Elle se recroquevilla, l'air misérable dans son couchage, tirant la couverture par-dessus sa tête. Le parfum frais et sylvestre de la couverture lui rappela celui de Legolas. Miredhel serra les poings dans le noir, sachant inéluctablement qu'elle ne dormirait pas cette nuit.

Elle entendait les pas légers de Legolas s'approcher. Pendant tout le temps qu'elle était restée éveillée, le prince, bien vif, avait erré dans le bosquet. Une partie d'elle désirait plus que tout l'appeler, lui confier qu'elle aussi ne pouvait pas dormir, mais le son de son doux chant doux l'en empêcha ; elle se prit à écouter sa mélodieuse voix d'elfe. Au début, elle ne parvenait pas à comprendre ce chant jusqu'à ce que sa voix s'élèvât comme une couronne au-dessus des arbres sombres, voilée dans sa beauté, mélancolique dans un enchevêtrement d'émotions : désir, regret, douleur...amour.

Miredhel garda les yeux fermés. Elle en avait assez entendu pour admettre, non sans quelconque amertume, une évidence : Legolas était très amoureux. Elle n'osait espérer qu'il parlait d'elle, car sa chanson évoquait quelqu'un qui avait le bleu le plus profond et l'or le plus brillant. Elle avait peut-être la partie en or, mais ses yeux noisettes étaient tout sauf bleus. Apparemment, Legolas avait hâte d'être uni à sa dulcinée, tant son besoin et son désir pour elle étaient grands. Sa voix s'estompa au rythme de ses pas qui s'éloignaient, laissant Miredhel avec plus de questions que de réponses. Pourquoi s'est-il intéressé à elle alors qu'il en aimait déjà une autre ? Pourquoi faisait-il semblant de se soucier de leur baiser ? Miredhel se sentit manipulée et confuse. Elle ne trouva le repos qu'à l'aube.

Cette nuit-là, Legolas ne dormit pas, ne serait-ce qu'un instant. Quand les premiers rayons rosés glissèrent sur l'horizon, il réveilla Eledhel pour lui dire qu'il allait amener les deux chevaux s'abreuver. Alors qu'il passait devant Miredhel, il s'arrêta pour constater que, y compris dans son sommeil, l'inquiétude et le chagrin essayaient de gâcher la beauté de son doux visage. Il jeta un regard à la dérobée en direction d'Eledhel. Il était encore allongé comme s'il dormait. Legolas s'agenouilla à côté d'elle. Elle avait souffert, non sans courage, du chagrin et de la perte d'un être cher, et, avec un pincement au coeur, Legolas pensa qu'il avait été involontairement la cause première de sa douleur.

« — Si seulement je pouvais me charger de vos soucis pour en faire mon propre fardeau. », chuchota-t-il tout en posant sa main sur sa joue avant de se lever. Il ne s'attarda pas longtemps à ses côtés. Il décida qu'il n'était pas tout à fait prêt à tout expliquer à Eledhel.

Lorsqu'il retourna sur leur camp de fortune, Legolas fut heureux de voir que Miredhel était réveillée et qu'elle avait plié ses couvertures. Elle le salua et lui rappela qu'elle devrait vérifier ces brûlures avant leur départ.

« — Permettez-moi de vous offrir mon aide, lui proposa-t-il en s'approchant d'elle.

— C'est très aimable, mon seigneur, répondit-elle sèchement, sans remarquer l'affliction dans le regard de Legolas quand elle omit d'utiliser son prénom, mais comme vous pouvez le voir, j'ai pratiquement fini. »

Miredhel fourra une couverture dans un sac en tissu. La moitié des affaires traînait encore. Elle jeta un regard déterminé sur Legolas qui lui souriait désormais en toute connaissance de cause.

« — Je suis sûre que je peux tout nettoyer, insista-t-elle.

— Je serais plus qu'heureux de vous aider.

— Je peux le faire. », répondit-elle, l'air obstiné, repliant une autre couverture et la serrant de toutes ses forces.

Pourtant, la chance ne lui souriait pas. Elle retira la couverture puis réitéra.

« — Elle doit être enchantée. », murmura-t-elle.

Il s'approcha et ramassa le restant de la couverture.

« — Parfois, il suffit de laisser quelqu'un vous aider. », lui dit-il.

Il lui apporta le bout opposée de la couverture pour rejoindre l'autre bout qu'elle tenait, de sorte qu'ils se trouvaient désormais face à face.

« — J'en ai bien conscience et j'apprécie que vous m'ayiez prêté vos couvertures hier soir. Je vous remercie. Si je peux, un jour, vous rendre la pareille, je le ferais. »

Legolas souleva un sourcil à cette dernière déclaration. En repensant à ses paroles, Miredhel détourna les yeux puis son visage prit une violente nuance cramoisie.

« — Ce n'est pas ce que je voulais dire !, protesta-t-elle en regardant, impuissante, son frère qui feignait d'être choqué. Veuillez accepter mes excuses, mon prince. Ce n'est pas ce que je voulais dire.

— Bien sûr que non, dit-il en souriant, puis, lui prenant la couverture, il la plia et la plaça sans peine à l'intérieur du sac en tissu.

— Monseigneur, comment avez-vous..., marmonna-t-elle en le lui reprenant.

— Je pensais que nous nous étions mis d'accord sur l'usage de moins de formalités entre nous, dit-il, un peu déçu.

— Legolas. Dites-le. », l'encouragea-t-il.

Dans son cœur, elle s'interrogeait sur l'intérêt qu'il lui portait. Chaque pensée qu'elle avait pour lui était confuse. Ses propres sentiments pour le prince trahissaient son amitié d'autrefois avec Annariel. Elle avait essayé de l'ignorer, voire de le haïr, mais elle avait échoué à ces deux tentatives. Il connaissait la vérité et cherchait toujours à être ami avec elle. Elle soupira intérieurement.

— D'accord, Legolas, mais c'est gênant. Que diront les autres ?

— Ils diront que nous sommes amis. », répondit-il joyeusement.

Eledhel, qui regardait l'échange, se joignit à eux en souriant.

« — Moi, pour ma part, je suis heureuse de le voir, et je me réjouis de te voir sourire à nouveau, ma sœur. Cela fait trop longtemps. Si combattre un dragon est ce qu'il faut pour obtenir un tel événement béni, alors je le réitèrerais un nombre incalculable de fois.

— De même, concéda Legolas.

— J'ai de la chance d'avoir un frère comme toi, Eledhel. », dit Miredhel.

Elle ajouta timidement :

« — Et un ami comme vous, Legolas. »

Miredhel et Legolas s'assirent ensuite pour qu'elle puisse contrôler les brûlures sur son dos pendant qu'Eledhel s'affairait à effacer toute trace ou souvenir de leur présence dans le petit bois. Legolas leva l'arrière de sa tunique. Par rapport à la nuit précédente, il avait nettement récupéré de ses brûlures. Miredhel tapota la peau de son dos, pas aussi doucement que la fois précédente, et Legolas ne put s'empêcher de grimacer.

« Tout va bien ?, lui demanda-t-il.

— Votre dos guérit bien. Je pense que vous serez en pleine forme à temps pour donner à toutes les dames de votre forêt une raison de s'évanouir.

— Mais pas vous, bien sûr, la taquina-t-il.

— Bien sûr que non. Étant votre guérisseuse, je suis au-dessus de telles choses. », répondit-elle.

Elle finit d'appliquer l'hélialide, et il se retourna vers elle.

« — Et vous ? Comment vous sentez-vous ce matin ?, demanda-t-il.

— Ce n'est pas incroyable, mais c'est mieux. », admit-elle.

Elle baissa la voix pour ajouter « Merci. ».

« — Pour quelle raison ?

— Pour m'avoir écoutée hier soir. Cela m'a soulagée... d'être capable de dire ces choses-là. Je l'avais gardé si longtemps. Et je suis désolée si ce que j'ai dit vous a fait souffrir. Ce n'était pas mon intention. »

Legolas hocha la tête.

« — J'en ai conscience et je suis content que vous me l'ayez dit. », lui assura-t-il.

Sur cet échange, les deux elfes se firent à nouveau silencieux. Legolas ne sut pas quoi dire d'autre. Dans ce même instant, Miredhel se sentait plus que gênée. La veille, elle avait accepté le fait d'éprouver des sentiments pour lui, mais plus tard, elle l'avait entendu chanter son amour pour une autre personne, et elle avait pleuré sur son épaule comme une elfling.

Legolas lui demanda de soigner ses propres plaies et elle retroussa les manches de la tunique qu'il lui avait prêtée puis ôta les bandages. Les coupures et les égratignures semblaient un peu plus rouges et enflées que ce que Legolas ou Miredhel auraient préférées voir.

« — Les griffes du dragon étaient sales. J'ai nettoyé les blessures du mieux que j'ai pu, mais je suis certaine que toutes les saletés qui subsistent entravent ma capacité à récupérer rapidement. », se justifia-t-elle.

Miredhel leva les yeux pour voir la panique transparaître sur le visage du prince.

« — Je crains qu'il faudra un certain temps avant que je ne ressente à nouveau l'envie de porter des tuniques sans manches, plaisanta-t-elle.

— Notre premier arrêt, une fois que nous atteindrons les limites de ma forêt, sera pour vous emmener chez les guérisseurs. » dit-il.

D'une voix forte, il apostropha Eledhel.

« — Eledhel, avez-vous vu cela ? Venez par ici !

— Arrêtez ! , siffla Miredhel. Je vais parfaitement bien, et vous le savez. Ce sont juste quelques égratignures. »

Elle remit les bandages sur son bras avant de rabattre rapidement sa manche. Miredhel se dirigea prudemment vers les chevaux. Legolas arriva brusquement derrière elle, soulevant sa besace de ses mains.

« — C'est une bonne nouvelle que nous soyons tous en voie de guérison car je suis sûr que mon père a des projets pour se divertir avant que nous partions, dit-il puis il l'aida à monter sur le dos d'Arod.

— Alors c'est aussi bien que je puisse user du motif de mon épuisement pour m'acquiter de besognes aussi fatigantes, répondit Miredhel.

— Vous ne venez pas de dire que vous alliez " parfaitement bien " ? , ironisa Legolas.

— Eh bien... , commença-t-elle.

Eledhel les rejoignit.

« — Ma sœur, quoi que le roi ait prévu, je suis sûr que ce sera le remède parfait pour tout ce qui t'arrive. »

Miredhel gémit. La dernière chose qu'elle voulait voir, c'était Legolas en train de batifoler avec la jeune elfe de sa chanson. Il devait y avoir une issue.

« — Mais il vaudrait mieux que je me repose, tu sais..., tenta-t-elle.

— N'importe quoi ! Ma sœur ? Se reposer ? Je suis surpris que tu connaisses le sens de ce mot, reprit Eledhel.

— En plus, tous voudront rencontrer le tueur de dragon. Vous serez l'invitée d'honneur, dit fièrement Legolas.

— Partons pour Mirkwood, alors. J'ai l'impression que rien ne devrait nous arrêter aujourd'hui. », dit Eledhel.

Les elfes se mirent alors en route vers Eryn Lasgalen.

Miredhel secoua la tête. Elle avait juré qu'elle ne pénétrerait jamais les limites de cette forêt infernale, et maintenant elle s'y hâtait avec le prince de Mirkwood, qui plus est. Elle avait craint de voir ce jour, mais elle désirait aussi ardemment ce jour où elle pourrait le laisser derrière elle pour toujours.

Ils atteignirent la lisière au sud du bois à midi, et un sentiment d'effroi imprégna Miredhel alors qu'ils pénétraient dans l'obscurité du bois où les branches arquées des arbres sculptaient un chemin de forêt ombragé. Legolas, cependant, ne ressentait que de la joie à l'idée de revoir sa patrie. Ils s'étaient rendus en toute sécurité jusqu'à ses frontières sans observer aucun signe d'orques ou de dragon.

« — Bientôt, mes amis, vous apprécierez l'hospitalité des elfes des bois., dit-il, l'air ravi.

— Merveilleux... », grogna Miredhel en se plaçant devant lui.

Ses yeux scrutaient les arbres et le lierre qui s'accrochait aux branches. Elle se souvenait que Legolas avait évoqué des araignées. Elle avait donc une forte tendance à tenir fermement son arc.

« — Qu'est-ce qui ne va pas ?, chuchota Legolas à son oreille.

— Ne pouvais-je pas rester en dehors de la forêt ? , supplia-t-elle. Ne le prenez pas mal, mais je ne veux pas aller plus loin.

— Oh, Miredhel. Vous êtes mon invitée en ces lieux. Je ne laisserai rien vous arriver.

— A quelle distance sommes-nous des fosses de Dol Guldur ? », demanda-t-elle, la gorge serrée.

Son esprit se mit à divaguer. Devant elle, les bois étaient calmes et sans signes de vie, à part quelques écureuils noirs, mais toutes ses pensées convergeaient vers l'image d'Annariel tombant aux pieds de légions d'orques alors qu'ils envahissaient les bois.

A présent, Legolas comprenait son malaise.

« — Dol Guldur n'est plus ce qu'il était, Miredhel. La forêt a été nettoyée. », la rassura-t-il, calmement.

Eledhel se rapprocha.

« — Si tu peux tuer un dragon, soeurette, tu peux vaincre ça. Nous sommes vraiment en sécurité. Annariel ne voudrait pas que tu aies peur.

— Je n'ai pas peur ! », dit Miredhel, ses yeux s'étrécirent dans sa direction.

Eledhel et Legolas échangèrent des regards entendus.

« — Je n'ai pas peur mais je ne veux pas être ici, insista-t-elle. Je ne veux juste pas rester ici.

— Je comprends, Miredhel, mais je ne peux pas vous laisser seule en dehors de la forêt. D'ailleurs, nous avons presque atteint notre destination. Les gardes feront en sorte que rien ne vous arrive.

— Quels gardes ? , demanda-t-elle.

— Nous en avons déjà croisé six. Tout va bien se passer. Vous avez ma parole de prince... d'ami, qu'aucun mal ne vous sera fait. »

Miredhel n'était pas facile à convaincre. Elle avait envisagé de sauter du dos d'Arod et de courir vers les frontières. Au lieu de cela, elle se retourna et regarda Legolas. Il semblait perplexe, mais sincèrement inquiet pour elle.

« — Ce n'est pas que j'ai peur qu'il m'arrive quelque chose. Mais ces bois ont hanté mes rêves. J'ai juste... Je ne veux pas les voir dans la vraie vie, dit-elle en tremblant.

— Je suis désolé, Miredhel. Croyez-le ou non, je comprends vos propos. », lui dit Legolas.

Il s'était dit qu'il ne voudrait plus jamais remettre les pieds dans la Moria après tous les souvenirs affreux qu'il avait eus à l'intérieur de cet endroit.

« — Fermez les yeux et pensez à quelque chose de paisible. », suggéra-t-il.

— Fermer les yeux ? Et tomber du cheval ? , fit Miredhel, moqueuse.

— Je ne vous laisserai pas tomber. », répondit Legolas en enserrant sa taille élancée de son bras.

Elle regarda son bras et se tourna vers lui, le regard incertain. Elle voulait lui faire confiance, mais une partie d'elle lui criait qu'elle avait déjà trop baissé sa garde. Cette même partie d'elle lui disait de repousser Legolas, qu'il se servait d'elle. Lentement, elle plaça sa main sur son bras, la faisant glisser vers sa main qui la tenait. Elle hésita.

Elle glissa ses doigts entre les siens.

« — Combien de temps reste-t-il avant notre arrivée ?

— Nous y sommes presque. », dit-il.

Les deux elfes exhortèrent leurs chevaux à accélérer le rythme afin qu'ils puissent atteindre les pavillons du roi avant le déjeuner. Bientôt, cinq membres de la garde forestière, vêtus de vert et de brun, les rejoignirent à cheval, saluant le prince et accueillant son retour sain et sauf. Miredhel ouvrit les yeux pour les regarder, ainsi que les hêtres majestueux qui encadraient le chemin. Cette partie de la forêt ressemblait plus au Bois d'Or et elle était beaucoup moins...troublée qu'au début de leur excursion dans la forêt. Elle observait au-delà des arbres un grand auvent d'un blanc pur avec des auvents verts, entourés par de nombreuses petites tentes.

Legolas sentit son cœur s'élever jusqu'à sa gorge, si heureux qu'il atteignit le camp de son père et rejoignit sa famille. Un grand nombre d'elfes avaient quitté les quartiers de son père pour lui souhaiter, à lui et à sa compagnie, un bon départ pour Ithilien. Il avait dit à son père, avant de partir, qu'il souhaitait que sa dernière séparation soit une petite réunion en famille, sachant très bien que son père, en tant que roi ne négligerait nullement un adieu dans les règles de l'étiquette.

Legolas, Miredhel et Eledhel démontèrent pour mener leurs chevaux, et l'un des cinq gardes descendit pour prendre les rênes d'Arod et du cheval d'Eledhel. Il s'inclina devant Legolas.

« — Je crois que le roi attend votre présence dans la tente principale, mon seigneur.

— On ferait mieux de ne pas le faire attendre, alors. », déclara Legolas à ses amis, et ils marchèrent ensemble vers la grande tente.

Au bout de la salle, le roi siégeait sur un trône luxuriant, portant une couronne de baies brillantes et de feuilles rouges et tenant un bâton de chêne sculpté de runes elfiques de son peuple. Il se redressa à la vue de son fils et ordonna aux trois elfes d'entrer. Legolas se précipita en avant tandis que ses amis restaient en arrière. Thranduil embrassa son fils avec joie et lui reprocha ensuite de ne pas être revenu plus tôt.

« — Nous avons eu des ennuis en chemin, père, dit Legolas sérieusement.

« — Le dragon ? Tes capitaines de la Lothlórien, Belegil et Sulindal, sont venus à ma rencontre à leur arrivée. », répondit Thranduil d'un ton assez sec, les yeux fermés.

Legolas avait la nette impression que l'elfe qui lui parlait le faisait du point de vue du roi et non du père. Il ne voulait pas que ses amis le voient se faire morigéner. Ses épaules s' affaissèrent et il supplia de ses yeux que son père attende pour le sermonner plus tard. Thranduil n'était pas idiot, et il perçut la fatigue qui s'affichait dans les yeux de son plus jeune fils. Il descendit de l'estrade et mit son bras autour de Legolas.

« — J'ai cru comprendre que vous avez eu un voyage éprouvant. Je vais vous laisser vous reposer. »

Le prince hocha la tête et s'illumina.

« — Père, s'il te plaît, laisse-moi te présenter mes amis. C'est Eledhel de la Lothlórien. »

Eledhel s'inclina.

Thranduil sourit, jeta un coup d'œil à Miredhel, puis regarda son fils.

« — Et qui est cette charmante jeune femme ? »

Miredhel effectua une révérence mais rougit sous le regard curieux du roi. Sans parler du fait qu'elle portait encore la vieille tunique de Legolas, elle savait qu'elle devait avoir l'air effrayante, négligée et décidément sans aucun charme malgré les compliments que le roi avait décidé de faire.

« — Voici Demoiselle Miredhel, la sœur d'Eledhel. », dit Legolas.

Il lui décocha un sourire.

« — Elle nous a sauvé la vie en abattant le dragon en plein vol d'un seul tir.

— Ce sera une histoire qui vaut la peine d'être racontée. Nous allons festoyer ce soir, mon fils, et tout le monde entendra cette histoire de bravoure. », répondit Thranduil.

Il retourna à son trône.

« — Je sais que vous devez tous être fatigués. J'ai préparé un endroit pour vous, et j'enverrai un serviteur vous apporter des vivres. »

Legolas décida de rester quelques instants de plus avec son père tandis que Miredhel et Eledhel allèrent chacun de leur côté vers les tentes qui les attendaient. Legolas se préparait au pire des discours. Il aurait aimé partir avec ses amis, mais il savait qu'il ne pouvait pas éviter son père pour toujours et il préférait faire face aux désagréments sans leurs présences. Quand il regarda dans les yeux de son ada, le prince y lut la déception qui persistait.

La déception et quelque chose qu'il ne pouvait pas déceler...de la préoccupation, peut-être ? Le cœur de Legolas le tirailla profondément. Il ferma les yeux et soupira.

« — Legolas, commençant son père lentement.

— Père ?, s'entendait-il dire.

— Approche-toi, mon fils. », dit-il en lui faisant signe.

Legolas marcha d'un pas timide vers le trône de Thranduil. Son père mit sa main sur son front et secoua la tête.

« — À quoi pensais-tu, Legolas ?, demanda-t-il. Te mettre en danger alors que tant de gens dépendent de toi ? N'importe quel elfe aurait pu rester pour attendre. Tu n'as pas toujours à jouer les héros !

— J'ai choisi d'attendre. C'était mon ami. C'est moi qui ai pris la décision, déclara Legolas avec fermeté.

— Non. Inacceptable. L'intégrité de ta compagnie dépend de toi. Tu étais leur chef, et tu les as abandonnés !, répliqua Thranduil, et le ton royal reprit le dessus dans sa voix.

— Je ne les ai pas abandonnés. J'ai mis en avant leur sécurité par rapport à la mienne, insista Legolas.

— Parfois, mon fils, diriger signifie qu'il faut faire confiance aux autres. Tu ne peux pas t'attendre à tout faire tout seul. Tu dois permettre aux autres de le faire pour toi. Tu dois permettre à ta compagnie de te protéger. Si tu veux que le domaine de l'Ithilien porte ses fruits, tu dois faire confiance à la force de ton peuple. »

Legolas baissa la tête. Son père avait raison à bien des égards. Soudain, il se sentit très las et faible.

« — Tu as raison, Ada. Comme toujours, souffla-t-il.

— Non, Legolas...juste comme un bon nombre de fois. »

Il adressa un sourire affectueux à son fils qui était passé d'un si adorable petite elfe à un guerrier si habile, et maintenant un leader parmi son peuple. Il attrapa la main de son fils et la serra.

« — Ce que tu as fait était très courageux et ton peuple t'aime déjà. Et c'est cela qui construit vraiment un royaume, qu'il soit grand ou petit. »

Il se leva, s'étira et prit le bras de Legolas.

« — Et si je t'escortais jusqu'à ta tente ? Tu pourras raconter à ton vieux père tes aventures... et celles de Miredhel. Je veux entendre parler d'elle... »

Pendant ce temps, Miredhel suivait une jeune elfe le long d'un chemin forestier entre de grands hêtres et une tente ouverte. Toutes les tentes étaient fabriquées dans le même tissu léger qui, pour la plupart, avait été rassemblé à l'aide de liens verts en soie pour révéler quatre poteaux droits. Ils étaient spacieux et aérés ; et à l'intérieur, on pouvait voir des coussins verts et un lit mou, bas, avec des oreillers en peluche. Finalement, le serviteur du roi s'arrêta à la tente qui devait être la sienne, et Miredhel soupira de soulagement. Tout à coup, elle se sentit terriblement fatiguée, probablement parce qu'elle avait à peine dormi la nuit précédente. Son estomac grogna et elle réalisa qu'elle avait aussi faim. Tout ce qu'elle voulait, c'était manger, puis dormir et peut-être prendre un bain. Elle commença à demander à la jeune elfe de lui apporter quelque chose à manger, lorsque Dame Limaer apparut de l'intérieur de sa tente.

« — Bien sûr qu'elle voudra manger quelque chose ! , lança Limaer. Dame Miredhel a eu un voyage très difficile. Heureusement, je suis là pour m'occuper d'elle. »

Cela dit, elle tira Miredhel à l'intérieur de la tente et la fit s'asseoir sur l'un des lits.

« — J'ai demandé aux elfes des bois si je pouvais partager une tente avec vous.

— Vous n'auriez vraiment pas dû... vous êtes trop clémente. », murmura Miredhel, trop épuisée pour protester.

— Sottises ! »

Limaer rit puis détailla d'un regard inquiet l'apparence de Miredhel.

« — Que vois-je, ma chère ! Qu'est-il arrivé à votre robe ?

— Il y avait du sang dessus, Limaer. Nous l'avons donc brûlée, répondit-elle catégorique. Est-ce qu'une de mes robes est là ?

— Bien sûr qu'elles sont là ! J'ai demandé au capitaine Sulindal de vous les apporter. Aimeriez-vous en mettre une ? Ou peut-être voulez-vous prendre un bain d'abord ? », demanda-t-elle en regardant Miredhel.

— Je pense que j'aimerais vraiment me reposer, Limaer. Nous avons beaucoup chevauché. »

Limaer hocha la tête, mais elle ne put se retenir un instant de plus.

« — J'ai entendu dire que vous chevauchiez avec le prince. Comment cela s'est passé ? Comment va-t-il ?

— C'était bien, Limaer. Je vais très bien. Legolas va bien. Nous allons tous bien. »

Elle s'effondra sur les oreillers derrière elle et croisa les bras sur la poitrine.

« — Mmmh. Vous l'avez appelé par son prénom, observa Limaer. Je croyais vous avoir entendu dire plus tôt qu'il n'y avait rien entre vous deux. »

Miredhel étouffa l'envie de jeter un des oreillers sur Limaer. Elle n'allait jamais cesser de poser des questions sur le prince. Miredhel décida qu'une nouvelle tactique s'imposait.

« — Limaer ? , demanda-t-elle gentiment. Je crois que j'aimerais prendre un bain. Soyez gentille, voulez-vous bien m'apporter de l'eau ?

— Bien évidemment, je reviens tout de suite, répondit Limaer avec enthousiasme.

— Oh, mais je ne voudrais pas que vous vous sentiez pressée par ma faute. Prenez votre temps. », dit Miredhel.

Dès que Limaer partit, Miredhel retira ses chaussures et s'appuya contre son oreiller. Elle commençait tout juste à avoir sommeil quand elle entendit des pas s'approcher.

« — Pas déjà... »

Elle grogna et s'assit. Elle regarda vers la porte et ne vit pas Limaer comme elle s'y attendait, mais Legolas debout dehors.

« — Oh ! », dit-elle, un peu effrayée.

Elle commença à se relever.

« — Je m'attendais à Limaer, pas à vous.

— Je peux entrer ? »

— Vous êtes toujours le bienvenu, dit Miredhel.

— Je ne croyais pas que vous me diriez ça un jour. Que se passe-t-il avec Dame Limaer ?, lui dit-il en souriant.

— Oh, Legolas. C'est incroyablement vexant. Nous cohabitons dans la même tente. Elle m'a surtout forcée à la partager. »

Elle le regarda avec désespoir.

« — Voulez-vous bien arrêter de sourire comme ça ? Ce n'est pas amusant ! »

— Oui, et vous le savez, Miredhel. Elle veut juste être gentille avec vous, dit Legolas, un peu trop joyeusement pour le plaisir de Miredhel.

— Je ne suis pas sûre qu'il n'y ait que cela en jeu, dit-elle dans le noir.

— En tout cas, je ne suis pas venu vous voir pour parler de Limaer.

— Pourquoi êtes-vous venu ? Je pensais que vous parleriez encore à votre père.

— Le roi... et moi, bien sûr, aimerions que vous assistiez à la fête ce soir en tant qu'invitée spéciale. »

Miredhel ne s'attendait pas à ce qu'il dise cela. Elle était si stupéfaite qu'elle se retrouva en train de dire qu'elle serait ravie.

« — Merveilleux, alors. Je passerai avant le coucher du soleil pour vous escorter. Oh, et Miredhel ? Vous devriez prendre un bain !, ajouta-t-il méchamment.

— Ha, ha, ha, Legolas ! »

Elle ricana avec sarcasme et lui jeta un oreiller alors qu'il sortait de la tente.

« C'était peut-être une bonne chose après tout, qu'elle ait envoyé Limaer puiser de l'eau pour le bain », se dit-t-elle en se penchant en arrière et en essayant de se rendormir. Elle aurait besoin de tous ses esprits pour les festivités à la soirée à venir.