La voix de George s'éleva soudain, morne et presque éteinte, bien loin du jeune homme enjoué qu'il était avant de perdre son jumeau.
– Elle a raison. Trop de vies ont été détruites. Si tu veux envoyer ce Serpentard à Azkaban pour des insultes, tu devras aussi m'y expédier pour toutes les farces stupides que nous avons fait avec… Certains de nos… cobayes n'ont pas apprécié après tout.
Les yeux de Hermione se remplirent de larmes et elle hésita à enlacer le jeune homme, mais Arthur prit la parole, la voix rauque et la tête baissée.
— Une seconde chance. Nous avons vécu dans la haine depuis bien trop longtemps, peut-être qu'il est temps de pardonner et d'aller de l'avant.
Hermione hocha la tête et quitta la pièce, prenant la fuite devant cette famille brisée, en songeant qu'ils auraient bien besoin d'aide pour se reconstruire.
En sortant dans le jardin, Hermione prit une grande inspiration et avança de quelques pas, savourant le calme, lorsqu'elle vit Harry, installé dans l'herbe un peu plus loin.
Elle le rejoignit et il l'accueillit avec un sourire.
— Je suppose que j'ai déclenché l'apocalypse ?
Hermione ricana nerveusement.
— Oui… et non. Ron pensait que j'étais au courant de tes intentions et il a vivement protesté contre ton initiative. Cependant… George a pris ta défense et Arthur s'est rangé à son avis.
Harry sembla surpris un instant et il hocha la tête lentement. Il glissa un regard prudent sur Hermione, avant de murmurer, incertain.
— Et toi, tu en penses quoi ?
Hermione soupira.
— J'ai honte d'avouer que je n'y aurai pas pensé moi-même, mais tu as fait ce qu'il fallait. Tu as raison, ils n'étaient pas coupables des actes de leurs parents.
Harry se détendit, avec un soupir.
— Je suis heureux que tu partages mon point de vue. J'ai dû batailler pour ça, tu sais. Sans Kingsley pour me soutenir, tous les Serpentard auraient été envoyés à Azkaban juste parce qu'ils avaient des parents sang-pur et rétrogrades.
Hermione hocha la tête, pensive.
— Je m'assurerai qu'il n'y a pas de problèmes à Poudlard, pour ceux qui reviendront. Mais dis-moi… alors tu es décidé, tu entres au ministère ? Tu semblais hésiter à terminer ton cursus l'autre fois.
Harry se mordilla la lèvre, puis il haussa les épaules.
— J'ai longuement hésité et j'en ai beaucoup discuté avec Kingsley. Je viendrais probablement à Poudlard de temps à autre pour… combler mes lacunes, tu vois ? Mais… après cette année à courir sur les routes, je doute de pouvoir me plier de nouveau au règlement de l'école.
Hermione ricana, moqueuse.
— Comme si tu l'avais déjà suivi…
Harry sourit et une expression malicieuse traversa ses traits. Puis, il se rembrunit et il soupira.
— Et surtout, je ne suis pas certain de pouvoir supporter Ginny dans la même classe que nous. Elle continue d'espérer l'impossible.
Ils échangèrent un regard plein de compréhension, mais Hermione préféra garder le silence. Harry la poussa cependant à donner son avis, baissant la voix.
— Qu'est-ce que tu en penses ? De leurs réactions en ce moment ?
Hermione souffla doucement, puis secoua la tête.
— Ils ont besoin d'aide. D'une thérapie. Bon sang, Molly s'accroche à toi pour remplacer son fils disparu, Arthur… il n'est plus que l'ombre de lui-même. George semble totalement perdu, bien qu'il me semble être le plus lucide malgré son chagrin. Quand à Percy… il oscille entre la colère et la culpabilité.
Harry leva un sourcil, attendant son avis sur les deux plus jeunes membres de la famille. Hermione marqua une pause et reprit, avec un soupir désolé.
— Ginny… Elle s'est battue comme une lionne pendant notre absence. Neville m'a dit qu'elle était… surprenante. Je pense qu'elle s'est construit une illusion pour ne pas devenir folle et pour continuer encore et encore, une illusion dans laquelle, à la fin de toutes ses souffrances, tu étais là pour elle.
Harry ferma les yeux, avant de chuchoter, la voix rauque.
— Je l'ai fait aussi. Je veux dire, je ne l'aime pas. Pas comme ça. Mais pendant notre fuite, j'imaginais… que je me battais pour elle. Je surveillai la carte du Maraudeur pour m'assurer qu'elle allait bien et à chaque fois que j'avais envie de flancher, je pensais à son sourire ou à ses cheveux roux…
Hermione hésita, puis elle se pencha vers lui, lui pressant l'épaule.
— Tu es certain qu'avec un peu de temps, ça ne pourrait pas s'arranger ? Je veux dire entre vous deux ?
Harry secoua la tête, avec une expression sombre.
— Pas vraiment, non. Elle est jolie, bien sûr, et forte. Mais… je crois que tout était emmêlé dans ma tête. D'un côté, elle m'offrait une famille nombreuse, pour que je ne sois plus jamais seul. De l'autre… Sirius m'avait fait plusieurs fois remarquer qu'elle avait plusieurs points communs avec ma mère et… j'avais pris ça comme un genre d'encouragement avant de trouver ça terriblement écœurant.
Hermione eut un rire nerveux et elle secoua la tête.
- Ok. Mais Ginny ne ressemble pas vraiment à ta mère d'après les photos que j'ai vues, tu sais ? Elle est juste rousse comme elle et gryffondor. Ce n'est pas suffisant pour la rejeter.
Harry fronça le nez.
— Bien sûr. Mais le monde magique y pensera. Non pas que je m'en soucie, si j'aimais réellement Ginny, je ne m'arrêterai pas à ça. C'est juste que c'est… perturbant.
Hermione hocha tranquillement la tête, le regard dans le vague, en se demandant à quel moment Harry avait pu faire le point sur sa vie avec autant d'acuité. Comme s'il avait lu ses pensées, Harry murmura soudain, amusé.
— Kings m'a aidé à y voir plus clair. Il est pas mal occupé dans son poste de ministre, mais il me demande parfois mon point de vue. Au début, il se sentait coupable que l'Ordre du Phénix se soit servi de moi pendant la guerre, même si c'était les ordres de Dumbledore, puis, je ne sais pas… il est un genre de mentor. Il m'aide à me poser les bonnes questions, quel que soit le sujet. À avancer.
La jeune fille hocha la tête, à la fois heureuse et soulagée que son ami ait quelqu'un sur qui s'appuyer.
— Je ne savais pas que vous étiez devenus si proches, mais c'est bien pour toi. J'avais peur que tu aies du mal à… aller de l'avant.
Harry laissa échapper un rire nerveux.
— Ouais. Mais tu vois, il paraît que je suis un survivant. C'est probablement inscrit au fer rouge dans mon esprit que je dois surmonter les épreuves et reprendre ma vie tranquillement… Et avant que tu ne t'éloignes du sujet initial, tu ne m'as pas donné ton avis au sujet de Ron…
