Hermione craignait une nouvelle confrontation, mais Ginny resta dans son coin, triste et perdue dans ses pensées. Luna s'approcha et rassura Hermione.
— Elle a besoin de faire la paix avec elle-même.
Hermione hocha distraitement la tête, sans pouvoir s'empêcher de se sentir un peu coupable.
Le week-end suivant, Harry vint à Poudlard. Il enlaça tour à tour Hermione, Neville et Luna, avant de se rendre dans le bureau de la directrice pour un entretien dont il ne dévoila aucun détail.
Lorsqu'il termina avec MacGonagall, il était l'heure du repas et il fut invité à manger sur place. Avec un sourire, Harry prévint ses amis qu'il allait manger à la table des Serpentard, pour prendre de leurs nouvelles, et qu'ils se retrouveraient ensuite après pour passer du temps ensemble.
Neville se mit à rire et lança un coup d'œil complice à Hermione. Hermione secoua la tête, avec un sourire moqueur.
— Le repas risque d'être… agité.
En entrant dans la Grande Salle, Hermione décida cependant qu'elle pouvait elle aussi bouleverser les règles établies. Elle s'approcha de la table des professeurs, déterminée, et elle attira l'attention de la directrice.
Minerva MacGonagall la dévisagea un bref instant, la tête légèrement penchée, avant de hocher brièvement la tête pour l'encourager à parler.
Hermione passa la langue sur ses lèvres et se concentra uniquement sur la directrice, ignorant les autres professeurs.
— Madame, je me demandais s'il était possible de… changer provisoirement de table pour manger ? Je veux dire, je sais qu'on doit habituellement rester avec nos maisons, mais…
Elle rougit et s'interrompit, mortifiée d'être aussi hésitante. Il y eut quelques hoquets de surprise de la part des autres professeurs qui avaient écouté la conversation, mais personne ne fit la moindre remarque et McGonagall sourit doucement.
— Et bien, Miss Granger, je m'attendais à ce qu'une élève connaissant aussi bien le règlement que vous se souvienne qu'il n'y a aucune interdiction à fréquenter les élèves d'autres maisons. Il est évident que vous pouvez vous installer n'importe où tant qu'il ne s'agit pas de répandre le chaos.
Soulagée, Hermione hocha la tête.
— Merci, madame.
Elle allait se détourner quand la vieille femme la rappela, avec un petit sourire en coin.
— Miss Granger ? Je ne peux que vous féliciter de votre initiative.
Hermione s'empourpra légèrement et sourit, avant de faire face à la Grande Salle.
La table des Gryffondor était bruyante et animée comme toujours, personne ne faisant attention à ce qui se passait autour d'eux. Elle tourna légèrement la tête, vers la table des Serpentard, et nota que tout le monde s'installait en silence, tête baissée, essayant de ne pas attirer l'attention.
Harry entra et s'y dirigea sans la moindre hésitation, puis il prit place entre une Pansy Parkinson maussade et un Blaise Zabini souriant. Théo Nott s'installa face à lui et sembla surpris de le voir en levant la tête.
Avec un sourire décidé, Hermione approcha de la table, ignorant les chuchotements sur son passage et se pencha vers Théo.
— Je peux m'installer près de toi ?
Le jeune homme la dévisagea, l'air choqué, puis il hocha la tête en silence, en se décalant un peu pour lui laisser de la place. Harry souriait d'une oreille à l'autre, visiblement satisfait de sa décision.
Parkinson plissa un instant les yeux, hésitant probablement à faire une réflexion — après tout, elles s'étaient détesté une partie de leur scolarité — avant de se renfrogner et de baisser la tête vers la table.
Hermione hésita à lui faire une remarque narquoise avant de se reprendre, un peu honteuse d'avoir failli céder aux anciennes querelles. Harry lui lança un regard malicieux, comme s'il avait deviné ses pensées et elle roula des yeux, réprimant l'envie puérile de lui tirer la langue.
Neville s'approcha, offrant une distraction bienvenue.
— Je peux venir aussi ou c'est sur invitation ?
Blaise lui fit signe de se placer face à lui, avec un large sourire.
— Viens par ici, cher binôme de potions. Notre collaboration restera dans l'histoire de Poudlard !
Neville gloussa, les yeux brillants, et il se pencha vers Harry avec un rictus moqueur.
— Imagine : mon chaudron n'a pas explosé !
Harry éclata de rire, attirant l'attention sur eux et l'enfer se déchaîna.
Hermione avait noté quelques mines renfrognées à la table des Serpentard, surtout parmi les plus jeunes, mais ils étaient restés silencieux, fixant la table, estimant probablement que leur avis ne serait pas entendu.
Depuis la fin de la guerre, après tout, leur maison était ostracisée et en faire partie n'était plus un motif de fierté.
Les autres maisons cependant ne cachèrent même pas leur colère en voyant Harry Potter — le héros qui avait sauvé le monde magique — à la table des Serpentard qu'ils considéraient comme des criminels. La présence d'Hermione et Neville à ses côtés était un affront supplémentaire et beaucoup exprimèrent leur rage bruyamment.
Chez les Serdaigle, la révolte avait rapidement été maîtrisée par Luna. Elle s'était adressée à ses camarades fermement, bien loin de son air rêveur habituel, et les protestations avaient diminué en volume, se résumant à quelques regards noirs.
Les Poufsouffle et les Gryffondor ne se privèrent pas de protester de plus en plus fort, la personne la plus virulente étant Ginny Weasley, sans surprise, qui les observait avec colère.
Harry fronça les sourcils en notant l'agitation et il grogna, ses yeux s'assombrissant sous la colère.
— S'ils pensent me faire changer d'avis de cette façon, ils ne me connaissent pas du tout. Et ils risquent d'avoir une sacrée surprise.
Hermione ne put s'empêcher de ricaner, consciente du caractère de son meilleur ami.
Lorsque le chaos s'installa pour de bon dans la Grande Salle, McGonagall se leva, les lèvres pincées et elle brandit sa baguette, qui envoya une gerbe d'étincelles avec un grand « boum » sonore. Aussitôt, la grande Salle redevint silencieuse et tous les regards étaient tournés vers la directrice.
Minerva McGonagall prit le temps de regarder chaque tablée, par-dessus ses lunettes, la pointe de son chapeau tremblant presque d'indignation, puis elle soupira.
— Poudlard a quatre fondateurs. Il y a toujours eu quatre maisons. Il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises maisons, chacune a ses qualités et ses défauts. Cette école… cette école a été créée pour être un refuge pour les jeunes sorciers et elle le restera. Quiconque cherchera à attiser la haine et la rancœur entre ces murs se verra sévèrement puni pour ses actes.
Elle marqua une pause et son regard s'attarda sur la table Gryffondor. Elle eut un petit sourire narquois et ajouta tranquillement.
— Pour ceux qui ont une objection au sujet du changement de tablée de certains de vos camarades, vous pouvez toujours venir me voir dans mon bureau avec le passage du règlement qui interdit formellement ce genre d'interactions. Dans le cas où une telle règle n'existerait pas… et bien, chacun peut manger où il le veut.
