Drago hocha lentement la tête, perplexe et semblant un peu sonné.

— Je suppose que c'est un problème à prendre en compte, effectivement.

Hermione sourit chaleureusement et elle continua, passionnée, les yeux brillants alors qu'elle parlait de ses idées sans la moindre hésitation.

— Quoi qu'en pensent les sangs purs, ils ont besoin des nés-de-moldus pour limiter la consanguinité dans leurs lignées. Sinon ils vont disparaître, purement et simplement. Tant de familles ont déjà disparu alors qu'un mariage hors de leur monde aurait pu résoudre les problèmes ! Ils nous reprochent de ne pas nous adapter à leur mode de vie, mais les nés-de-moldus ne peuvent pas deviner les coutumes sorcières s'ils ne sont pas éduqués à ce sujet. Si je n'avais pas lu autant de livres, j'aurais eu bien plus de mal à m'intégrer et je suis certaine qu'il me manque une grande part de l'histoire orale du monde magique.

Drago fronça les sourcils.

— La consanguinité ? Comment ça ?

Hermione roula des yeux.

— Ta famille a des liens de parenté avec la plupart des familles sang-pur du monde magique anglais ! Les parents de Sirius Black, le cousin de ta mère, ont été encore plus loin pour garder leur pseudo-pureté, puisqu'ils étaient cousins ! En dehors de diminuer drastiquement la natalité, l'un des risques est l'émergence de maladies — physiques comme mentales.

Drago haussa les épaules, avec une grimace.

— Le registre sang-pur est constitué de vingt-huit familles… je suppose que le tour en est vite fait. Certains se marient avec des familles étrangères, mais habituellement les rencontres décisives se font à Poudlard, mariage arrangé ou non.

Hermione hocha la tête.

— C'est une possibilité de vouloir préserver la pureté en épousant quelqu'un venant d'un autre pays, d'une autre école de Magie, mais dans ce cas, il faut composer avec les coutumes de l'autre, n'est-ce pas ? Les nés-de-moldus ont la même magie, les mêmes compétences. J'ai un jour lu l'hypothèse que les nés-de-moldus étaient les descendants d'un cracmol d'une lignée pure… C'est une hypothèse qui pourrait être valide, surtout en imaginant que la magie est une caractéristique héréditaire, comme la couleur des yeux ou des cheveux.

Drago renifla avec un petit sourire, mais il regardait Hermione avec un tout nouveau respect, apparemment impressionné par le soin qu'elle avait apporté à ses recherches.

— Je n'imaginais pas que tu lirais au sujet du statut du sang, surtout après la façon dont je t'ai insultée en troisième année. Disons que ta réponse a été… frappante.

Hermione eut un léger sourire satisfait et elle but une gorgée de thé avant de répondre.

— En fait, c'est à cause de toi — ou grâce à toi plutôt — que j'ai fait ces recherches. Je voulais savoir sur quoi se fondaient ces croyances stupides et d'où venait cette répugnance envers les nés-de-moldus. Lorsque Ombrage a commencé à prétendre que les nés-de-moldus volaient la magie des Sangs purs pour attiser un peu plus la haine et ordonner des arrestations arbitraires, j'ai profité de l'immense bibliothèque des Black pour approfondir le sujet. Compte tenu de l'importance de cette famille, ils avaient des ouvrages de référence sur tous les sujets imaginables, y compris la Magie noire. Je voulais pouvoir me défendre si j'étais accusée de ce genre de choses idiotes, au moins. Et sais-tu ce que j'ai trouvé ?

Drago semblait captivé, buvant les paroles d'Hermione. Son thé oublié, il se pencha vers elle, les yeux écarquillés.

— Tu as trouvé quelque chose ? À ce sujet ?

Hermione laissa échapper un léger rire, les yeux pétillants de malice.

— Rien du tout ! Il y a eu des tonnes d'études, des rapports signés par des langues de plomb dont les travaux ont été publiés par le Ministère par la suite… et rien ne permet d'affirmer que la magie peut être volée. Bien au contraire, il semblerait qu'il soit impossible de changer la quantité de magie possédée à la naissance. Il n'y a pas de lien entre le nombre de sangs purs et de nés-de-moldus. Ces derniers ne sont pas plus nombreux à mesure que les sangs purs disparaissent. Certains travaux suggèrent même que les sangs-mêlés peuvent être plus puissants que les sangs purs, puisque la consanguinité n'entre pas en jeu…

Drago grogna et il fit un vague geste de la main pour repousser les derniers mots de Hermione.

— C'est une fable, ça. Mon père disait que c'était une invention de Dumbledore pour forcer le Magenmagot à voter pour l'ouverture du monde magique aux moldus.

Hermione sourit tranquillement.

— En fait, si nous parlons de sorciers puissants, nous pouvons citer Dumbledore justement, sang-mêlé. Je suppose que même si tu ne l'aimais pas, tu ne peux pas contester sa puissance. Le professeur Rogue, également, puisqu'il a été le plus jeune maître des potions de l'histoire notamment, sang-mêlé. Je l'ai également vu se battre et… il savait se servir de sa baguette. Vol… qui-tu-sais, dont les terribles exploits n'ont pas besoin d'être rappelés, sang-mêlé. Harry, enfin, qui a accompli des miracles sans y croire lui-même, sang-mêlé.

Drago cligna des yeux et secoua la tête.

— Mais alors si cette hypothèse est connue depuis si longtemps… pourquoi personne n'a fait en sorte de… changer tout ça ? Il y a tant de sorciers rêvant de pouvoir et de puissance, ils auraient pu… renforcer leurs lignées ! Gagner de la puissance en intégrant des sang-mêlés dans leurs familles !

Hermione hocha la tête, vibrante d'excitation, sautillant presque sur son siège, penchée vers Drago.

— Exactement ! Je suppose que les différences culturelles sont un obstacle sérieux. Les moldus ne vivent pas de la même façon que les sorciers, après tout. Sans compter que la discrimination qui persiste est un sacré écueil pour ceux qui voudraient s'intégrer quand même ! Ainsi, si les sangs-mêlés sont effectivement plus puissants, l'union avec un ou une né-de-moldu est perçu comme une infamie et ne mérite pas de prendre le risque, ce qui semble totalement aberrant !

Drago reprit sa tasse et but un peu de thé, les sourcils froncés, réfléchissant aux paroles de la jeune fille. Puis, il murmura finalement, avec curiosité.

— Donc, tu veux réformer cette partie du monde magique. Très bien. Comment comptes-tu faire ? En poussant les sorciers vers des mariages mixtes ?

Hermione rit nerveusement et elle secoua la tête, amusée et horrifiée à la fois.

— Non, pas du tout. Rien d'aussi… radical ou glauque. Je suis persuadée que si nous apprenons aux premières années nés-de-moldus les coutumes sorcières et aux sangs purs et sangs-mêlés un peu plus du monde moldu, il sera plus facile de réduire les différences et de leur permettre de se connaître. La nature fera le reste, mais en attendant un changement de mentalité, les dissensions s'apaiseront.