Les mots de Théo avaient plongé Hermione dans ses pensées et elle avait le regard perdu dans le vague, ne voyant même pas le paysage. Son compagnon de voyage était plongé dans un livre, mais il levait de temps en temps la tête pour l'observer, amusé de son mutisme.

Finalement, Hermione soupira et secoua la tête.

— Je croyais avoir pensé à tout.

Théo ferma son livre et il se laissa aller dans son siège, avec un léger sourire.

— Parlons-nous toujours de la même chose ?

Hermione émit un petit reniflement agacé, mais ses yeux brillaient d'amusement. Elle haussa les épaules, en fixant Théo.

— De quoi d'autre ? Bien évidemment.

Après un long silence, Théo finit par prendre la parole.

— Est-ce si étonnant que tu apprécies Drago ? Est-ce que c'est un problème pour toi ?

Hermione le dévisagea avec un peu de surprise, puis elle secoua la tête, avec un soupir frustré.

— Bien sûr que ce n'est pas un problème ! Bien au contraire… C'est juste que… je ne sais pas…

Théo reprit, essayant de pousser Hermione un peu plus dans ses retranchements.

— C'est parce que c'est Drago ?

La jeune femme grogna légèrement, les lèvres pincées. Puis, elle soupira.

— Je ne suis pas gênée par notre rapprochement. Je suis juste… déconcertée. Je m'étais fait une idée précise du genre d'union que j'allais avoir et je ne pouvais pas avoir plus tort. Satisfait ?

Théo ricana, amusé par son agacement.

— Pour être honnête, je connais Drago depuis des années. Nos pères se rencontraient régulièrement pour… je suppose que tu devines leurs raisons… enfin… peu importe. J'ai également appris à te connaître depuis le début de l'année et au travers des histoires de Harry à ton sujet. J'avais le sentiment que, tous les deux, vous aviez assez de points communs pour vous entendre et qu'avec un peu de chance, il y aurait quelque chose en plus. Cependant, je dois avouer que je ne pensais pas que ce serait si… rapide. Drago peut se montrer terriblement têtu et il aurait pu… mettre beaucoup de mauvaise volonté.

Hermione leva un sourcil et elle répliqua sèchement.

— Je me suis montrée très claire dès le début sur ce que j'envisageais. Je ne comptais pas me piéger dans une relation malheureuse, donc s'il avait… gardé son comportement passé, j'aurais refusé d'aller plus loin.

Théo secoua la tête avec un sourire malicieux.

— Chère Hermione. Nous sommes des Serpentard, maison de la ruse. Crois-moi, il existe bien des façons de ne pas coopérer. Il n'allait pas te repousser volontairement surtout si sa mère appuyait ta demande… mais il aurait pu rester distant ou terriblement froid. Au moins le temps d'en savoir plus sur tes intentions.

Hermione laissa échapper une légère exclamation, ne sachant pas si elle devait être amusée ou agacée.

— Mes intentions ? Je ne pense pas avoir fait de mystère sur mes raisons de…

Théo leva la main pour l'interrompre avec un sourire triste.

— Hermione. J'ai appris à te connaître et je te considère comme mon amie. Je sais que tu es quelqu'un de bien et qu'il n'y a aucune intention cachée derrière ta demande. Cependant, Drago est dans une position délicate à cause de la marque sur son bras. Sa fortune en fait une proie de choix et n'importe qui pourrait lui promettre l'absolution… uniquement pour lui faire vivre un enfer quotidien.

Hermione se tendit, les sourcils froncés.

— Je ne comprends pas.

Théo hésita et murmura, mal à l'aise.

— Si Drago devait se plaindre à ton sujet, crois-tu que quelqu'un l'écouterait ? Le croirait ? Tu pourrais littéralement le torturer avec la bénédiction du monde magique.

Hermione réprima un haut-le-cœur et elle secoua la tête, les yeux écarquillés.

— Je ne pourrais jamais faire ça !

Théo hocha tranquillement la tête.

— Je sais. Mais tu as de bonnes raisons d'être… dure avec lui, tu ne penses pas ? Compte tenu de votre passé, je veux dire.

Cette fois, la jeune femme ferma les yeux en appuyant sa tête contre la vitre en se sentant découragée. Focalisée sur son objectif, elle n'avait pas imaginé tout ce qu'impliquaient ses choix. Elle avait pensé que Drago pourrait être accusé de se servir d'elle et elle avait réfléchi à la façon dont elle pourrait le protéger et le défendre, cependant, elle n'aurait jamais suspecté que ses intentions puissent être autant déformées.

Elle entendit Théo se lever et il s'installa près d'elle, puis il posa la main sur son épaule avec un soupir.

— Je suis désolé, je pensais que tu l'avais déjà compris.

Hermione soupira et haussa les épaules avec fatalité.

— Je préfère être au courant, tu as bien fait d'aborder le sujet. Maintenant que la guerre est terminée, chacun devrait s'occuper de sa propre vie, non ? Quelle importance si je choisis Drago ?

Théo murmura, amer.

— Beaucoup de sorciers sont motivés par le besoin de venger les ravages de la guerre. D'autres agiront par jalousie, parce que Drago vient d'une famille sang-pur fortunée et qu'il… s'en sort à moindre mal…

Hermione allait protester, mais Théo reprit immédiatement avec un soupir.

— Nous savons toi et moi ce qu'il en est exactement, bien sûr. Mais son père a tellement versé de pots-de-vin et manipulé le ministère que ses méfaits rejaillissent sur son fils.

La jeune femme haussa les épaules.

— Qu'ils aillent au diable. Je ne vais pas tourner le dos à Drago pour si peu !

Théo laissa passer quelques secondes, puis il souffla, hésitant.

— Même si ça t'empêche de réaliser tes rêves ? D'atteindre l'objectif que tu t'étais fixé et pour lequel tu t'es rapprochée de Drago ?

Hermione cligna les yeux, mais sa réponse ne se fit pas attendre. Elle grogna, agacée.

— Je ne lui ferais pas ça ! Il mérite mieux !

Théo sembla surpris un instant par sa réaction presque passionnée, puis il laissa échapper un rire ravi.

— Je pense que ça répond à mes questions, finalement. Drago te fait confiance et semble assez attaché à toi, mais tout ça semble réellement réciproque.

Hermione rougit légèrement, avant de soupirer.

— Nous n'avons pas caché que nous nous entendions bien, non ?

Théo renifla, moqueur.

— Bien sûr. Mais, Hermione ? Ce baiser que vous avez échangé tout à l'heure ? De mon point de vue, ça n'avait rien d'amical ou de simulé. Vous étiez totalement concentrés l'un sur l'autre.

Hermione n'avait aucune réponse à donner, mais elle put sentir ses joues chauffer et elle ne put s'empêcher de sourire devant l'expression satisfaite de Théo.