Echange de hiboux et soutien inattendu
Ilvermorny, Etats unis
Si en Ecosse, la journée touchait à sa fin, elle était à moitié entamée sur la cote est des Etats Unis.
C'était précisément l'heure du déjeuner à Ilvermorny, la plus grande école de magie du pays.
Depuis sa création, l'endroit avait grandi aussi bien en taille qu'en nombre d'élèves, accueillant des sorciers de tous horizons.
Il y avait à présent beaucoup d'hispaniques, afro américains, français, ou polonais. Si il y avait eu plus autrefois de sorciers descendant des colons espagnols, français ou anglais irlandais, les choses avaient changé dans les années 30. Suite aux vagues d'immigration, en quête d'une terre nouvelle de promesse de monde meilleur, de plus de richesses, de nombreux sorciers s'étaient établis un peu partout.
Notamment les sorciers d'origine asiatique suite à des guerres ou des conflits des non majs et sorciers japonais, coréens, vietnamiens ou originaires des philippines avaient choisi le sol américain comme terre d'accueil. Leur répartition sur le territoire restait inégale et moins importante que la population d'origine chinoise. Ainsi Hawaii, la Californie restaient des destinations visées, même si d'autres gigantesques villes telles que Seattle, Miami ou Las Vegas étaient aussi prisées.
Makoto Wol soupira en se laissant tomber à une table avec son plateau, agacé surtout par les différences entre lui et ses camarades de maison et de promotion.
Cette année encore sur deux cent élèves, il n'y en avait eu que vingt d'origine asiatique dix d'origine chinoise, sept d'origine vietnamienne, deux de Hong Kong et lui.
Ce qui ne simplifiait pas les choses, et beaucoup de ses camarades avaient du mal à faire la différence entre les origines variées. Tout comme le fait qu'il entende à plusieurs reprises : « T'es trop timide, tu devrais te décoincer un peu plus ! »
Avaient ils donc conscience que dans ses pays d'origine, être timide, ne pas parler ou rester en retrait était plus considéré comme une qualité qu'un défaut ? Tout comme non, les asiatiques n'étaient pas que de sacrés bosseurs pouvant être excentriques.
Parfois Makoto se sentait incompris, un peu comme ses parents… Son père était d'origine coréenne , sa mère Shizuka Yumishita japonaise. Tous deux des sorciers qui partageaient un autre point commun: celui d'être sang mêlés.
Même si il n'en avait jamais entendu parler, Makoto se doutait bien de la difficulté qu'avait eu sa mère ainsi son frère et leur grand-père à se faire accepter par la famille paternelle. Les relations japonaises coréennes avaient toujours étaient tendues, et même si la famille de sa mère avait fait le choix de se replier temporairement à Daejon peu avant la fin de la seconde guerre mondiale, beaucoup les considéraient encore comme des ennemis. La plupart ds habitants les observant avec mépris et antipathie. Même faire des courses ou se faire livrer le journal se faisait dans une ambiance ou l'animosité était presque palpable, avec des fois des piques bien senties.
Shizuka et Masami avaient beau avoir prétendu travailler dans des izakaya, un dôjo de karaté et chercher un endroit paisible où se réfugier avec ce qui leur restait de famille, beaucoup les voyaient comme des ordures.
Tout cela à cause de la colonisation japonaise du pays, de ces sombres histoires de femmes de réconfort. Cependant, la loyauté de Shizuka, la détermination de Young Nae conjointe à la sienne, le fait qu'ils soient fait l'un pour l'autre et éprouvaient une attirance forte et réciproque avait permis de mieux faire passer cette union.
Makoto comme premier prénom pour leur premier enfant, Sul Min en second prénom un mélange équilibré entre les deux.
Le jeune garçon repensa à sa répartition, au moment où il s'était retrouvé avec une forte nausée face aux quatre légendaires statues, ayant grand peine à ne pas regarder le sol. Il s'était écoulé trois minutes interminables avant que contre toute attente, ce soit celle du puckwoodgenie qui s'anime avec frénésie.
Finalement, il s'était senti vite à sa place dans cette maison, même, si certains le raillaient en disant que le serpent cornu était bien mieux pour lui. Il avait aussi fait la rencontre des jumeaux Perseus et Eurydice Steward, descendants lointains des fondateurs de la maison qu'il appréciait beaucoup.
La réciprocité était vrai aussi, tout comme avec Gauvain Folleforêt, issu de la Louisiane et parlant aussi bien l'anglais que le cajun.
- Quelque chose ne va pas, demanda Eurydice qui venait de poser son plateau en face de lui.
- Oui, que personne ne se demande franchement comment vont Calliope et son cousin, répondit il en jouant avec mauvaise humeur avec sa serviette.
Eurydice attrapa la bouteille de jus de cranberry, le regarda avec surprise comme si il venait d'annoncer une nouvelle tout à fait incroyable.
- Peut être a elle choisi elle et sa famille d'étudier ailleurs. Et puis, qui les connaissait bien à part toi et Allanon ? Ça semble normal qu'on se préoccupe moins d'eux.
Makoto leva les yeux au ciel devant tant de stupidité à ses yeux.
- Alors ça signifie dans ce cas, qu'il vaut mieux les oublier c'est ça ? Que c'est mieux de noyer dans le chaudron ce qu'ils peuvent ressentir ? Remarquable, vraiment… Ou alors ils sont assez peu importants pour ne pas qu'on se tracasse à leur sujet ?
- Je n'ai pas dit ça, modéra Eurydice en ramenant une mèche de cheveux bruns derrière l'oreille. Mais reconnais, qu'avec tout ce qu'on découvre en classe, les activités extra scolaires, les matchs, le peu dont on parle d'eux dans les journaux, c'est hélas passé au second plan. Ceci dit si leur sort t'importe autant, prends donc le risque de leur écrire.
- C'est sans doute ce que je vais faire. Même si j'aurais du le faire plus tôt grommela Makoto en jouant avec sa salade césar sans grand appétit.
Il avait beau avoir vu la fille d'Antarès au cours de matchs, ou d'un pique nique ainsi que sa jeune sœur Erato, ne pas avoir beaucoup discuté avec elles, il n'était pas non plus complètement indifférent à leur compagnie.
Leurs rencontres avaient beau avoir pour cause que leur parents respectifs soient collègues de travail, les deux enfants se respectaient et partageaient des points communs. Pas seulement dans leurs goûts mais aussi dans leurs traits de caractère respectifs et aimaient les mêmes sports.
Ils avaient pas mal parlé de leurs futures maisons, de la hâte d'être à Ilvermorny, s'envoyant même des cartes de vœux magiques pour Noël et Thanksgiving il y avait de cela trois ans.
Maintenant qu'il avait commencé à se familiariser avec sa nouvelle école, autant tenter de renouer le contact avec Calliope.
Abandonnant son assiette vide de salade et ayant engouffré une pomme et des cookies dans son sac,
Makoto repartit de la cafeteria réservée aux trois premières années.
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Après avoir marché d'un bon pas et monté deux étages, il arriva devant une grande pièce où s'étalaient de nombreux casiers. Certains étaient cadenassés, d'autres non.
Il se dirigea vers un d'eux et tapota doucement de sa baguette le cadenas en un rythme précis. Déclic, et la porte s'ouvrit, donnant accès à ses affaires.
Cinq minutes plus tard, après avoir fourré dans son sac un nouveau rouleau de parchemin, une plume et un flacon d'encre verte, Makoto referma le casier en murmurant « zentojise » un sort que lui avait appris sa mère.
A présent, même un Alohomora ou une lame magique ne pourrait ouvrir le casier. Quant aux éventuels voleurs, si ils essayaient de le forcer, ils se retrouveraient couverts d'empestine ou alors une alerte sonore se déclencherait immédiatement.
Deux couloirs plus loin, il y avait des salles de révision qui restaient toujours ouvertes pour ceux qui en avaient besoin.
Assis à un bureau, Makoto posa son matériel, plume en l'air réfléchit un instant avant de se mettre à écrire rapidement, ayant trouvé ce qu'il voulait exprimer.
Lors du scandale, son père avait parlé rapidement de ce qui s'était passé ainsi que des conditions indignes de détentions. Comme les journaux avaient parlé d'inculpation déformant partiellement les faits, Young Nae avait tenu à rétablir les faits et préciser qu'il s'agissait à ses yeux plus d'un acte odieux destiné à rassurer les sorciers d'Illinois sur le code du secret.
Rien de surprenant après des accusations ciblées, injustes sur tous les membres de la famille à ce qu'ils aient envie de partir ailleurs ! Surtout après aucune compensation matérielle ou des excuses…
Il comprenait bien leur démarche. Dans un geste de colère, sa plume perça le parchemin.
Une vingtaine de minutes plus tard, il signa en lettres et avec le kanji et le hangyeul, par habitude.
En relisant sa lettre attentivement, tout lui semblait correspondre à ce qu'il voulait dire à Calliope.
De même le choix du papier, la couleur de l'encre, la petite calligraphie vite exécutée du mot espoir en japonais et en coréen… Oui c'était une missive sympathique et qui offrirait plus de réconfort ou une main tendue, qu'un pli avec des nouvelles prétentieuses et insipides.
Quand il serait dix huit heures, avant le dîner, j'irais la poster, ça arrivera sans doute deux jours plus tard dans la matinée au Royaume Uni, pensa il en la glissant dans une enveloppe.
Mais pour l'instant, dans une demie heure, les travaux pratiques de sortilèges commenceraient. Ensuite, même si les cours se finissaient, il était plus que conseillé de faire deux heures de sport ou se rendre dans un club de son choix. Même si à Ilvermorny le sport ou les clubs ne comptaient pas dans les notes, ils ajoutaient quelque chose au niveau de l'appréciation de chaque élève.
Hogwarts, dortoir des Ravenclaw.
Un seul lit était encore occupé dans le dortoir des premières années des filles. Gênée par un rayon de lumière, Calliope remua faiblement sous sa couette en se retournant avant de jeter un regard à son réveil. Il était dix heures du matin encore une demie heure et ce serait la fin du service du petit déjeuner.
Tout en se douchant rapidement, elle repensa encore aux évènements d'hier : Ses confidences avec Snape, la maladresse de Slughorn, l'intérêt de Skeeter à son égard… Avant le dîner, Lily les avait rejoints après un regard vexé à son ami. Tous les cinq étaient allés à l'infirmerie, acceptant sans broncher les remontrances de mme Pomfresh sur leur manque de bon sens.
Elle leur avait demandé à Snape, Walker et elle de revenir ce matin même après le petit déjeuner.
La Grande Salle était presque vide, à peine six ou dix élèves assis à chaque table. Sans y prêter la moindre attention, Calliope s'assit. A sa grande surprise une chouette tachetée était perchée sur une chaise et posa son regard noir sur elle.
- Ça doit être pour toi, nota un cinquième année qui lisait « Traité de métamorphose avancée » sans lever le nez de son livre. Cette chouette n'a pas bougé de sa chaise depuis que le courrier est arrivé.
Calliope se servit une tasse de chocolat avec des toasts, des œufs brouillés et des champignons avant de se tourner vers la chouette.
- Est ce moi que tu attendais ? Tu as quelque chose qui me concerne ?
Un ululement court et affirmatif lui servit de réponse. Comme si il y avait besoin de preuves, l'enveloppe portait son nom. Les bordures de l'enveloppe étaient rouges et blanches, avec un tampon estampillé US. MA.
Qui pouvait donc bien lui écrire ? Elle retourna soigneusement le pli sans apercevoir le sceau d'Ilvermorny, mais juste son nom et prénom, Hogwarts, Grande Salle.
Autant ne pas l'ouvrir tout de suite, se dit elle. Pour plus de précautions elle glissa soigneusement son courrier dans son livre de botanique avant de commencer enfin à s'attaquer à son repas.
- Veux tu quelque chose ? Demanda elle. La chouette refusa de picorer quoi que ce soit, restant sagement à ses cotés, paraissant attendre une réponse, en bonne chouette postale qu'elle était.
- Je reviendrai te voir ce soir à la volière. Tu pourras t'y reposer, après la longue route que tu as du faire, murmura elle doucement. Ce n'est pas le moment de répondre, il est plus sage de prendre le temps, continua elle.
Par chance, il n'y avait pas beaucoup de monde qui se rendait à l'infirmerie même si ça ne saurait tarder. Effectivement le temps était devenu bien plus froid et plus humide, la pelouse était encore humide. Les conséquences d'une gelée blanche, qui annonçait probablement un automne assez froid.
Elle était dans le dernier couloir quand elle aperçût quelqu'un qu'elle reconnaissait entre mille : Snape le Slytherin de seconde année. Et peut être aussi un éventuel bon ami avec le temps.
- Bonjour. Je suis contente de te revoir.
Cette fois, il ne s'agissait pas d'une simple formule de politesse, le ton était plus chaleureux, elle lui avait accordé un sourire franc, même si il n'était pas éclatant.
Étonné quelque peu par ces salutations, Snape se contenta d'un signe de tête.
- Tu sembles aller mieux qu'hier, dirait on. Une constatation dite sans sourire, mais qui était un énorme progrès de sa part.
- Oui, en effet. Parce que j'ai la chance d'avoir des personnes qui se soucient vraiment de moi. Mais et toi ? Pas d'éventuel mal de gorge, de fièvre ? Avec ce temps hier, c'était un risque à attraper aisément une angine blanche, et ça, c'est pire qu'un rhume.
- Si c'était le cas, ne crois tu pas que Mme Pomfresh m'aurait gardé plus longtemps voire en observation ?
- Difficile, vu que je n'ai jamais eu affaire à elle, admit elle redevenant sérieuse.
Elle promena son regard avant d'ajouter :
-Ton ami Lily n'est pas avec toi ?
- Elle a décidé d'aller à la bibliothèque sans moi, ce matin. Si le ton était dédaigneux, une amertume restait perceptible.
- Sans te proposer de venir avec elle, pour des révisions ? La voix de la Ravenclaw était calme mais froide. Ce manque d'attention l'étonnait de la part de la rousse qui avait pourtant la réputation de penser aux autres.
Snape croisa les bras, se décidant à résumer brièvement les faits. En effet, la rouge et or lui avait demandé la veille ce que Calliope avait de si particulier à ses yeux pour qu'il lui préfère sa compagnie. Elle avait précipitamment ajouté qu'elle était étonnée et surprise qu'il fasse cela pour quelqu'un d'autre qu'elle, mais que c'était une bonne surprise.
Sur quoi, il lui avait dit que la jeune américaine était effectivement particulière, spéciale et de façon différente de Lily. En lui demandant en quoi elle y voyait à redire, puisque la Gryffindor avait aussi tout un groupe de filles avec qui elle adorait traîner la plupart du temps. Il avait aussi ajouté que la bleue et bronze n'était pas dans son assiette la veille, qu'après avoir passé du temps au contact de Lily, il avait appris certaines choses, dont l'écoute. Tout en lui répétant que malgré tout, elle restait sa meilleure amie, quoi qu'il arrive.
- Il semblerait qu'elle ait du mal à accepter que je passe du temps avec quelqu'un d'autre qu'elle.
- Peut être est elle simplement jalouse ? Elle peut avoir peur que je sois plus importante qu'elle et que tu l'oublies ? Sourcils froncés, la fillette avait l'air aussi surprise et sure de son idée.
Quand une toux légère la rappela à sa visite à l'infirmerie.
- Je dois y aller. Ne t'en fais pas, si ça te travaille vraiment, pose lui la question franchement.
- C'est sans doute ce que je ferai. Bonne journée à toi, Calliope.
Sur ces mots, chacun partit à ses occupations respectives.
De retour à la salle commune, elle adressa un signe de la main à Yuan et Dharma qui devaient travailler sur le compte rendu d'histoire de la magie ou le contrôle de botanique.
Montant les marches du dortoir quatre à quatre, elle se posa sur son lit en tirant les rideaux. Par chance, elle était la seule dans la pièce.
Après s'être adossé confortablement à l'oreiller et pris un balisto, friandise non maj qu'elle appréciait, Calliope tira de son livre la précieuse enveloppe. Un détail la frappa tout de suite : le nom de l'expéditeur était inscrit en trois alphabets, de plus ça lui était familier. Se pouvait il que ?
Le coeur battant, elle ouvrit lentement la lettre avant de commencer sa lecture.
Bonjour Calliope, je ne sais pas si tu te souviens bien de moi.
Je suis Makoto Wol, nous nous sommes vus de temps en temps bien qu'on ait peu parlé ensemble au court de nos anciennes rencontres. Nos pères se connaissaient très bien, et de fait, on s'est rencontrés. Inutile de te demander si tu vas bien, ce serait grotesque ! Il est sûr que tu as du avoir des jours très difficiles à vivre, entre cet exil, ce changement radical qui te concerne ainsi que ta sœur ton cousin et ton oncle et ta tante. Comme tu as sans doute encore des restes de cette odieuse et infecte incarcération, que ces dorcas cruels ont complètement oubliés qu'il est inadmissible de traiter les enfants. Tout comme tu dois te ronger les sangs, en pensant à tes parents, à comment ils vont emprisonnés et si ils tiennent le coup, quand les revoir…
J'espère qu'il te sera possible lors des vacances de Noël de revenir tous au pays et que vous ayez une permission de visite. Même si ça semble dur, inatteignable, c'est quand même la moindre des choses, vu ce dont ils sont accusés. Ce ne sont pas non plus des criminels de première classe !
On ne peut que croiser les doigts et laisser les adultes, les négociations se faire, hélas.
Sur un autre chapitre : Te fais tu à Hogwarts ? A l 'Angleterre ? Tout doit être aux antipodes de ce que tu connaissais : la langue, la culture, le climat, l'histoire… Et c'est certain qu'on peut être amer en étudiant pas là où on révérait de le faire, déraciné dans un endroit inconnu. Ca me frappe que si peu de personnes se demandent pourquoi tu n'es pas en première année. Comme si vous étiez transparents ! Ou que déménager dans un autre pays est aussi banal que de jeter un sort ou envoyer un hibou… On devine que des fois ils ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, c'est navrant.
Même si on est séparés, qu'on n'a pas été particulièrement proches, même si je ne sais pour quelle raison, je pense quand même à toi. A ce que tu dois éprouver, si tu es découragée, que tu as envie de repartir, ou si tu commences à te faire bon gré mal gré à ces changements. Il y a beau avoir des heures et des miles qui nous séparent, des différences entre nous, ça ne signifie pas qu'on doive tout oublier comme si on nous avait jeté un « oubliettes »
Il est certain que ta famille doit beaucoup t'épauler, mais parfois ça ne paraît pas assez. Ça peut être la même chose avec ce qu'on apprécie même si on est pas spécialement de supers amis.
Il n'y a que des lignes dans ce courrier, mais je prie pour que mon soutien te parvienne.
Si tu as envie de hurler ta rancœur, de pleurer d'impuissance, tu as le droit de le faire, de t'exprimer pleinement. Tu ne pourras pas tout garder pour toi, et accepter tous ces sentiments t'aidera peut être à avancer. Je sais de quoi je parle, ça m'est arrivé en apprenant les kanjis et le coréen, parfois, je croyais que je ne m'améliorerais jamais. Je refusais de croire que ce n'était pas ma faute, je me forçais, sans succès. Jusqu'à ce que j'en parle que j'ai besoin de me défouler, de mettre des mots là dessus, et aussi subitement qu'un Alohomora ça s'est petit à petit débloqué.
Enfin, aimes tu la maison dans laquelle tu as été envoyée ? Les cours et les profs te plaisent ils ?
Comment sont les journées, l'uniforme ? As tu des envies particulières d'activités extra scolaires ? Peux tu encore avoir des comics que tu aimes et des activités rien qu'à toi ?
En attendant, je te joins une calligraphie en japonais et coréen, c'est le mot espoir.
Tu en as besoin, comme tous dans ta famille.
Passe le bonjour à Walker, ainsi qu'à Erato, Madison et Deneb.
Respectueusement,
Wol Makoto Sul Min.
Une bouffée de gratitude immense gonfla dans sa poitrine après avoir reposé la feuille. La calligraphie était belle et pouvait tenir dans un livre, ce serait un précieux porte bonheur.
Avec un sourire et un soupir de contentement, pour la première fois, Calliope se sentait comprise par quelqu'un d'autre qu'un membre de sa famille.
On s'était intéressé à ses ressentis, à ce qu'elle éprouvait, mettant le doigt sur son indécision : faire semblant continuellement d'être forte ou accepter de se laisser aller de temps en temps ?
A la différence de la lettre d'Allanon qu'elle avait brûlé, il n'y avait pas de claironnements sur les petites joies individuelles, mais plutôt une invisible main sur l'épaule pleine de sollicitude.
Une évidence apparaissait aussi dans son esprit « Malgré la distance, il restait encore des relations fiables dans son pays d'origine. »
Plus motivée par cette missive inattendue et bénéfique, Calliope fourragea aussitôt dans son sac avant d'en tirer des feuilles de papier, un stylo bic et de poser sur une chemise avec soin sa feuille.
Et elle se lança, vingt minutes plus tard, elle relut son texte avec vigilance.
Bonjour ou Bonsoir, Makoto,
Difficile à dire avec le décalage horaire si la réponse t'arrivera par les courriers du soir ou du matin.
Quoi qu'il en soit, merci merci Merci ! Merci, de m'avoir envoyé cette lettre, de m'avoir redonné un peu de moral, tu as réussi. Soyons honnêtes, je ne vais pas dire qu'il y a un arc en ciel avec la marmite du leprechaun et les oiseaux qui gazouillent dans le meilleur des mondes. Mais au moins ça donne l'envie d'aller comme tu le dis de l'avant.
Tu es bien un des rares à te soucier de moi dans cette école, ça sidère que même les profs ou la directrice n'ait pas encore envoyé de hibou à notre sujet. Ne serait ce que pour les examens de fin d'année, la validation d'acquis ou le contenu des programmes. Mais peut être que ça viendra, ou que ce sera directement adressé à mon directeur de maison. Bien sur on peut se tromper.
En effet, j'ai de la chance, sujet famille. Même si je suppose que comme moi, chacun a des hauts et des bas, que parfois le blues nous prend. Je pense aussi beaucoup à mes parents, n'hésitant pas à envoyer des hiboux. Quand on pense qu'il doit leur être interdit d'envoyer du courrier ! C'est franchement révoltant, encore heureux qu'ils n'aient pas été condamnés à la potion de mort.
Ça fait bizarre de recevoir du courrier de chez soi, après tout ce temps, ça me rend heureuse et inquiète. Heureuse parce qu'il y a encore des gens qui pensent à moi, inquiète car j'ignore ce qui m'attend si par un fantastique coup de chance je puisse temporairement revenir. Aurais je le mal du pays, envie de revenir là où on habitait ? C'est une bonne question qu'il vaut mieux se poser deux fois qu'une.
Pour finir, sache aussi que je serai enchantée de garder le contact avec toi, et d'apprendre à mieux te connaître. Excuse moi pour cette lettre un peu courte, mais mieux vaut en garder pour la suite ne crois tu pas ? Comme les baguettes fourrées surprise au chocolat.
De plus, j'ai un projet qui me tient beaucoup à cœur : créer un journal, ce qui avec les devoirs et le reste va me prendre pas mal de temps. Je ne sais pas si je pourrais t'écrire très très souvent, mais au moins une ou deux fois par mois, ça c'est possible.
Enfin, je suis à Ravenclaw, la maison qui ressemblerait à celle du Serpent Cornu. Et toi, où as tu été réparti ?
L'uniforme est moins coloré que celui d'Ilvermorny, mais on a les couleurs de nos maisons sur la doublure des capes, des cravates, les bordures des pulls et chemises.
J'aime tout spécialement les cours de métamorphose, même si notre prof est sévère voire intransigeante et à cheval sur la discipline. Et toi, aimes tu toujours autant la botanique que quand tu m'en parlais ? Ou as tu commencé à aimer aussi les potions ?
Les comics d'Uncle Scrooge m'arrivent toujours par hiboux. Et toi, les lis tu ou préfères tu ceux de D.C ou de Marvel ? Ou d'autres que je ne connais pas ?
Merci beaucoup ta calligraphie est vraiment super, tu l'as faite au pinceau ? As tu aussi amené des bâtons d'encre et du papier, une pierre à encrer pour continuer à t'exercer ? Après tout ce sont les trésors du calligraphe.
A très bientôt salue de ma part ton père et ta mère !
Avec beaucoup de gratitude de ma part.
Calliope Darkholme.
Sur ce, elle tira de sa malle un set d'enveloppes, elle en choisit une bleue claire, et écrivit avec le plus grand soin l'adresse de son destinataire. Par la même occasion, elle remit soigneusement la lettre dans sa cachette avant de redescendre dans la salle commune alors que midi sonnait.
- Tu as l'air rayonnante, que t'arrive il ?
Walker était éberlué de voir sa cousine avoir un regain d'énergie et ce léger sourire aux lèvres si inhabituel. Était ce le résultat de ses conséquences d'hier ou y avait il autre chose ?
- Du courrier, et de chez nous, du Massachussets plus précisément.
Elle tapota la sacoche, et ajouta :
- Qui ne vient pas d'un dorcas, mais de quelqu'un que je connaissais et souhaite vraiment garder le contact avec moi. Viens, on en parlera après le déjeuner ! Mieux vaut y aller le plus vite possible ensuite on ira à la volière.
Un sourire enchanté s'étala sur le visage de Walker, quoi qu'il se soit passé, ça allait beaucoup mieux, autant faire en sorte que ça dure.
- Autant ne plus te lâcher tant que tu ne m'auras pas dit ce que c'était, plaisanta il en éclatant de rire . Dans une bonne ambiance, tous deux quittèrent la salle commune.
A suivre
