Lorsqu'Hermione avait pu parler à Harry, ce dernier lui avait assuré qu'il allait s'occuper du problème, en lui recommandant d'être patiente et d'ignorer les bavardages autour d'elle.
La directrice lui avait assuré avec sérieux qu'elle ferait une remise au point dans la Grande Salle si les réflexions de ses camarades devenaient ingérables, mais Hermione avait haussé les épaules, avec fatalisme.
— Ça ne ferait que les encourager, je pense. Ils imagineraient qu'il y a quelque chose à cacher.
Le lendemain de la terrible une, Drago lui avait envoyé une lettre, s'excusant presque de la situation, avant de lui proposer de garder ses distances pour qu'elle puisse continuer son année tranquillement. Elle avait fulminé toute la journée ensuite, regrettant de ne pas pouvoir dire sa façon de penser à Drago — même si sa proposition partait des meilleures intentions du monde.
Après quatre jours de regards en coin et de murmures dans son dos, Hermione était à bout de nerfs. La Gazette restait silencieuse, pour sa plus grande frustration. La jeune femme avait l'impression d'avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête prête à lui tomber dessus au pire moment qui soit.
Elle se laissa tomber près de Neville, regrettant immédiatement de ne pas avoir été s'installer à la table des Serpentard lorsqu'elle vit le regard curieux de Parvati sur elle. Elle avait fait de son mieux pour l'éviter, restant à la bibliothèque jusqu'à la limite du couvre-feu et s'enfermant derrière ses rideaux dès qu'elle entrait dans sa chambre.
L'arrivée de la Gazette détourna l'attention de tout le monde et Hermione se tendit lorsque Neville posa le journal sur la table entre eux deux, pour qu'elle puisse le lire. Cependant, elle hoqueta en découvrant que la une était dépourvue de photographie cette fois. Un encadré noir, strict, prenait la page entière, et il contenait un texte d'excuses formelles à destination de Hermione Granger et Drago Malefoy.
Le journal s'excusait d'avoir violé leur intimité en prenant des clichés non autorisés et reconnaissait que leurs accusations n'avaient aucuns fondements. Il ajoutait également que Drago Malefoy avait été innocenté des charges qui pesaient sur lui en rappelant qu'il était mineur durant la guerre et qu'il avait été démontré durant son procès que tous ses actes visaient à assurer sa propre survie et celle de ses parents.
Hermione soupira en terminant de lire et elle eut un léger sourire.
— Harry peut parfois faire des merveilles.
Neville lui glissa un coup d'œil rapide.
— C'est son œuvre ?
La jeune fille ricana.
— Je voulais décrédibiliser Skeeter en révélant son sale petit secret publiquement, mais il m'a juré qu'il allait s'occuper de la situation. Je devais juste rester patiente et attendre. Je dois avouer que je n'espérais pas des excuses, encore moins aussi complètes et rappelant que Drago n'a rien fait de mal.
Neville tourna la page et émit un léger ricanement.
— Oh… tu devrais lire la suite. La Gazette déplore la perte de leur journaliste la plus brillante. Miss Skeeter a en effet été arrêtée par le ministère pour utilisation d'une forme animagus non déclarée, en violation avec toutes les lois existantes. Apparemment, elle pourra interroger d'anciens Mangemorts de première main, elle risque une peine de cinq ans à Azkaban…
Les yeux de Hermione brillèrent de satisfaction.
— Parfait. Avec un peu de chance, ça servira de leçon à tous ceux qui voudront s'en prendre à Drago gratuitement…
Elle avait probablement parlé un peu plus fort qu'elle ne le pensait, puisque Ginny leva la tête et elle la fixa avec colère.
— Comment peux-tu défendre Malefoy ? As-tu perdu la tête ?
Hermione soupira, consciente qu'elle ne pouvait pas juste ignorer les mots de Ginny si elle voulait un peu de paix. Aussi, elle haussa les épaules.
— La guerre est finie, Ginny. Nous avons tous souffert, je te rappelle. Nous étions des enfants et… Si toi tu avais la chance d'être protégée par tes parents, ce n'était pas le cas de tout le monde.
Ginny grogna, furieuse.
— Je me suis battue ! Je n'étais pas cachée derrière ma famille !
Hermione soupira et se radoucit.
— Bien sûr que non. Mais tu avais le choix, Ginny. Tu aurais pu choisir de rester à l'écart et personne ne te l'aurait reproché ! Drago n'a pas eu cette chance, il a été marqué malgré lui et obligé de commettre des actes terribles pour sauver ses parents et sa propre vie.
Ginny plissa le nez, mais Hermione reprit immédiatement, avec lassitude.
— Avant de jurer que tu aurais fait preuve de courage à sa place, aurais-tu accepté de voir ta propre mère torturée sous tes yeux en représailles de tes actions ?
Hermione se rendit compte que la grande salle était silencieuse, chacun écoutant avec attention sa conversation avec Ginny Weasley. Il était trop tard pour s'en soucier, cependant, et elle espérait qu'elle pourrait au moins convaincre quelques-uns de ses camarades de cesser de la surveiller comme si elle avait perdu l'esprit.
Ginny sembla hésitante, puis elle haussa les épaules.
— Et toutes ses insultes ? Envers Harry, envers toi ?
Hermione laissa échapper un rire sec.
— Oh par pitié, Ginny, nous lui avons répondu à chaque fois ! Ce n'était que des rivalités d'enfants, parce que nous étions dans deux maisons réputées ennemies ! Pourtant, au moment le plus important, alors que nous étions entre les mains de rafleurs, Drago nous a aidés comme il le pouvait en nous permettant de fuir. Ça, c'est probablement le plus important, n'est-ce pas ?
Il y eut quelques murmures autour d'eux et Ginny grimaça, consciente que Hermione ne lâcherait pas prise. Cependant, elle tenta d'insister un peu plus, sans quitter Hermione des yeux.
— Alors quoi ? Par gratitude pour un moment de bon sens, tu vas accepter d'être associée à lui ? Tu aurais dû le laisser se débrouiller seul, il mérite bien d'être chahuté un peu !
Hermione grogna et elle éleva la voix immédiatement, répondant sans réfléchir et sans aucune hésitation.
— Je ne compte laisser personne s'en prendre à ceux que j'aime !
Sa déclaration fut suivie d'un silence assourdissant et les joues de Hermione se parèrent de rouge alors qu'elle prenait conscience de ce qu'elle venait de dire. De crier même. Elle résista à l'envie de prendre la fuite, restant immobile et la tête haute.
Ginny sembla choquée, la dévisageant avec attention, mais elle resta silencieuse. Hermione croisa le regard amusé de Théo, qui ne semblait pas vraiment étonné de ses mots tandis que Neville la fixait avec surprise — mais sans la moindre réprobation.
Hermione déglutit, mal à l'aise, et elle crut défaillir de soulagement quand la voix de MacGonagall s'éleva, avec un peu d'impatience.
— Et bien, jeunes gens ? Il me semble qu'il y a cours aujourd'hui !
