- Oh !

L'exclamation de peine de Naomi se fit entendre en voyant Richard dans les bras de Paul. Ce dernier l'encouragea à approcher car il savait à quel point elle avait eu peur pour eux. Bien qu'il resta amorphe, Kruspe sentit l'autre homme l'allonger avec attention au milieu du lit, avant de le ressentir contre son dos. Richard n'avait plus la force physique ou mentale de s'opposer à qui que ce soit. Il n'était pas fatigué mais n'avait plus envie de rien, raison pour laquelle il resta sans réaction lorsque Naomi vint s'allonger face à lui. Cependant, il se sentit comme oppressé par ce couple autour de lui. Cet ami avec sa propre petite amie... c'était comme s'ils cherchaient à lui faire assimiler qu'il n'était plus rien par rapport à eux, et qu'il allait devoir les regarder partir en restant seul et malheureux. À cette pensée, il ferma les yeux dans le but de bloquer le passage à ses larmes, en vain. Il renifla et sentit la main de Naomi sur sa joue. Quant à Paul, il se plaça un peu plus haut sur le lit afin de le couvrir au niveau de la tête, comme pour le protéger. Naomi lui communiqua ses sentiments par un tendre sourire, avant de s'approcher de Richard pour l'embrasser. Ce dernier ayant intercepté l'échange avec Landers, il ne put surmonter son incertitude.

- Tu m'aimes encore alors ?

Envahie par une joie innommable d'entendre enfin le son calme de sa voix, surtout pour cette question encourageante, Naomi l'embrassa plusieurs fois.

- Plus que jamais, mon Ricky. La question ne se pose même pas. Mais toi, tu veux toujours de moi ? espéra t-elle.

Bien que la réponse était "oui" pour Richard, il la contourna.

- Mais... tu aimes Paul aussi.

Cette fois, elle regarda le second guitariste et fut honnête.

- Oui !

- Que tu m'aimes encore, j'en suis heureux mais je ne suis plus rien si tu me laisses seul.

- Tu m'as mal comprise, je veux rester ici avec toi. Je n'ai aucune envie de partir. Je veux juste que toi, tu me dises de rester auprès de toi. Je ne veux que ton bonheur et je veux en faire partie. J'ai été négligente avec toi mais je n'aurai jamais du, et c'est pour ça que c'est moi qui te demande si j'ai le droit de rester chez toi.

Joie et soulagement se mêlèrent dans la voix de Richard cette fois.

- Bien sûr que je le veux, tu n'imagines pas... mais Paul va faire quoi ? demanda Richard.

Sentant que cette question, pourtant inévitable, sonna comme un ultimatum malgré son ton larmoyant, les amants se regardèrent et cette fois, Paul s'inquiéta de devoir lui dire adieu car si elle voulait vraiment rester avec Richard et le rendre heureux, ils allaient devoir en finir tous les deux. Après tout, il était le premier des deux. Se sentant au bord des larmes, il se l'interdit et opta pour aller se dégourdir les jambes mais avant, il tourna la tête de Richard vers lui. Toute agressivité avait disparu de son regard, laissant place à un affaiblissement inquiétant Paul.

- Je vais te ramener un verre d'eau avec des aspirines au cas où, vous n'avez qu'à en discuter tous les deux. Mais Rick... quelle qu'elle soit, sache que je respecterai ta décision même si elle me fait mal. Parce que je t'aime aussi.

Puis il déposa un petit baiser sur ses lèvres, lui provoquant un rougissement qui fit sourire Naomi.

ooOOoo

Après avoir rangé le peu qu'il put trouver d'objets hors de leurs emplacements, Paul se laissa aller quelques minutes en pensant à Naomi. Lui dire au revoir, il le faudrait mais il aurait du s'y préparer avant de franchir la frontière sacrée de l'amitié. Tout comme ils auraient du s'attendre tous les deux à ce que Richard ne les démasque et ne hurle à la trahison. Qu'est-ce qui lui avait pris de tomber amoureux de cette femme ? Celle d'un homme qu'il aimait tout autant. Alors qu'il tomba sur le flacon d'aspirines sur le plan de travail, il remplit ensuite un verre d'eau pour son ami et se saisit des deux afin de les lui apporter. Mais alors qu'il allait sortir, il remarqua la culotte de Naomi au sol, près de l'entrée et complètement arrachée. "Merde ! Il a vraiment du y aller fort avec elle" pensa t-il avec tristesse. Malheureusement, il savait ce que devait ressentir un homme délaissé par son amour pour cause de tromperie. Il garda cette cause en tête en remontant les escaliers de l'étage, ce qui lui permit d'excuser la conduite de Richard envers cette femme.

Arrivé au palier de l'étage, il fixa la porte qu'il avait laissée entrouverte. Amusé, il put reconnaître des mouvements assez significatifs sur le lit. Il avait passé tellement de temps au rez-de-chaussée que Richard et Naomi s'étaient laissés emporter par cette envie trop longtemps refusée. "Ça va mieux on dirait" pensa Paul avec une pointe d'espoir et d'humour. Il s'approcha discrètement dans le but de déposer le verre et le flacon à l'intérieur près de la porte, respectant ainsi leur intimité. Cependant, il regretta d'y avoir jeté un seul regard de plus car il ne put se défaire de leurs ébats, et leur intimité s'envola en fumée lorsqu'il se comporta comme un voyeur. Le couple était nu et faisait l'amour comme jamais. Voir son ami se faire chevaucher avec tant de passion par cette femme qu'ils aimaient tous les deux lui procura autant d'excitation sexuelle que de bonheur, celui-là même que Richard devait ressentir en cet instant. Paul s'en rendit plus compte encore lorsque son regard se posa là où il n'aurait pas du se poser. La symbiose parfaite entre leurs sexes et leurs mouvements, l'unisson de leurs gémissements et leurs mains solidement liées, tout éclaira Paul sur la force de leur amour. Mais ces organes mouillés et bruyants... Landers les voyait suffisamment pour constater que son ami ne portait aucun préservatif, alors il espéra qu'ils finiraient l'acte différemment. Cependant, il rougit violemment en se rendant compte que ce côté voyeur était totalement nouveau pour lui... et qu'il aimait ça. Dans leur intérêt, il espéra que sa bien-aimée utilisait un contraceptif mais se fit pas d'illusion car la dernière fois qu'il avait couché avec elle, il portait encore un préservatif. Pourtant, il refusa d'intervenir en cas de "laisser-aller" de leur part. Naomi et Richard étaient restés inactifs si longtemps qu'il ne voulait pas gâcher ce moment qui était le leur.

Au moment où Paul se sentit oppressé par l'érection qui le rendait étroit dans son pantalon, il se lécha la lèvre et commença à la presser et la malaxer. Il n'avait qu'une envie et c'était la satisfaire, pourtant il se l'interdit fermement. "Laisse ta queue, imbécile, pas maintenant. Pense à eux, ça ne se fait pas" pensa t-il. Mais lorsqu'il voulut ôter sa main, l'orgasme de Richard résonna dans la chambre et l'en empêcha. Encore plus rouge, il ne put se retenir de regarder fixement ce même endroit que celui qu'il tenait dans sa propre main. Les cuisses pileuses et brillantes de sueurs de son ami tremblèrent, et ses mains accrochèrent les cheveux de Naomi, penchée sur lui à le gâter par quelques derniers mouvements des hanches. Après un long baiser langoureux, Richard la souleva par dessous les cuisses pour se retirer lentement, laissant le sperme s'écouler du vagin de Naomi. "Oh putain ! Comment tu veux que je ne sois pas excité avec ça ?" pensa Paul en salivant.

- C'est trop bon, ma belle ! gémit Kruspe.

Sans la relâcher, Richard trempa son pénis dans son sperme en le frottant contre l'orifice féminin, puis il commença à faire aller et venir sa verge le long du clitoris de Naomi. Cette fois, ce fut elle qui commença à grogner et se montrer sauvage, gémissant fortement tout en s'accrochant à la poitrine et au cou de Richard. Le guitariste étira son membre et se frotta longuement contre son appendice, jusqu'à ce que Naomi ne le remplace plus promptement jusqu'à en jouir. Paul écarquilla les yeux face à cette scène paradisiaque, lui offrant ce qui était encore un mystère pour lui à propos de Naomi. Cette pratique qui semblait être une des meilleures pour lui faire plaisir et qu'il ne connaissait pas encore. En revanche, Richard savait très bien de quelle façon exciter cette femme. "Ils sont vraiment faits pour être ensemble" pensa Paul avec un sourire. Richard la connaissait vraiment mieux que lui car leur couple était moins récent. Il les vit s'étreindre longuement en reprenant leurs respirations. Ce qu'il ne vit pas en revanche lorsqu'il tourna la tête vers le couloir de l'étage, ce fut Richard remarquer sa présence en voulant inverser sa position avec Naomi.

- Paul !

Ce dernier sursauta. Suite à ce retour très "observateur", Naomi regarda Richard avec appréhension de peur qu'il ne s'énerve contre Paul. Ce dernier ne tarda pas à s'excuser pour prendre les devants. Il expliqua qu'il avait ramené un verre d'eau avec les aspirines, mais qu'il repasserait plus tard.

- Pardon les tourtereaux, je ne voulais surtout pas déranger.

Malgré leur nudité, Kruspe l'invita à entrer. Étrangement, les amoureux furent autant mal à l'aise que lui. Richard par pudeur et Naomi à cause des circonstances. Pourtant, Richard insista et après avoir remonté la couverture sur eux, il demanda à Paul de s'asseoir près de lui. Quelque peu intimidé par cette atmosphère sexuellement chargée, Paul tenta d'ignorer le corps épuisé et luisant de Richard, ainsi que les retombées odorantes de leur partie de jambes en l'air. Il croisa le regard de Naomi, sereine et dont les seins n'étaient pas recouverts. Par respect pour son ami, il évita de lorgner ce corps sur lequel il venait à nouveau d'imposer sa marque pour une raison évidente. Mais bien que Richard l'avait appelé, il demeura silencieux et Paul fit le lien avec ce qu'il risquait d'entendre d'une seconde à l'autre.

- Richard ! Crache tout et dis-moi de foutre le camp. J'ai sûrement plus peur que toi alors autant abréger mes souffrances, tu ne crois pas ?

La voie de Landers était tremblante et Richard s'en rendit compte. Le surprenant complètement, Kruspe lui posa une main sur la joue avant de regarder sa petite amie.

- Seulement parce que c'est toi, ça ne me dérangera pas que Nao rende un autre homme heureux.

Paul n'en crut pas ses oreilles.

- Euh...

Il fronça les sourcils, persuadé d'avoir mal entendu.

- C'est uniquement parce qu'on a des affinités toi et moi, que je sais que je pourrai y arriver. Je sais que j'ai réagi avec excès... alors pardon de t'avoir fichu la trouille.

Alors qu'il cherchait ses prochains mots avec soin, Paul fit le rapprochement avec son propre passé.

- Richard, je sais ce que ça fait quand la douleur s'exprime après avoir été longuement refoulée. Je ne suis pas non plus un gâté des histoires sentimentales, j'ai connu ça. À la différence que toi, tu as eu le courage de dire les choses en face.

Kruspe afficha son premier fin sourire depuis des mois, qu'il partagea avec tous les deux.

- J'allais y venir. Concernant cette décision, je n'ai pas eu à y réfléchir trop longtemps à vrai dire. Je sais que les femmes t'ont fait souffrir dans la vie. Elles ont souvent passé leur temps à profiter de toi. On est proches tous les deux et je t'aime aussi, alors je ne veux pas te perdre. De toute façon, j'ai vu à quel point tu aimes Nao. Si je t'interdis de la voir, vous continuerez dans mon dos ou alors c'est toi qui finiras par te faire du mal. Pas question de te voir en arriver là. Je ne peux pas t'en vouloir de ressentir la même chose que moi pour elle.

Ne sachant quoi répondre précisément à celui qui venait de lui offrir le plus beau cadeau sur Terre, Paul sentit une larme mouiller sa joue gauche. Il le serra contre lui pour le remercier, malgré l'état poisseux de son ami après ses ébats. Bien que Richard se sentit dégoûté pour lui, il savait que Paul tenait toujours à témoigner sa reconnaissance. Et malgré le fait qu'une douche ferait du bien à Richard, il n'avait pas peur du contact.

Profitant du fait que Paul était fragilisé pour le moment, Richard murmura à son oreille :

- Par contre, Paul... J'ai dit à Nao ce que t'avait fait endurer Marlene il y a quatre ans, et ce que tu as fait depuis.

S'éloignant aussi vite que son cerveau avait traité l'information, Paul déglutit.

- Quoi ? Non, t'as pas...

Devant son ami choqué et soudainement livide, Richard encouragea Naomi à se rapprocher de lui entièrement.

- Paul, il fallait bien que je m'explique moi aussi ! Naomi a cru que je préparais un coup tordu en acceptant que vous soyez ensemble, alors il a fallu que j'argumente pour me justifier.

Désolée, celle-ci acquiesça pour le défendre mais en la voyant de plus près, Paul lui tourna la tête après avoir vu une excroissance bleutée sur sa tempe. Étrangement, il en oublia la révélation sur son passé.

- Ma puce, mais qu'est-ce que c'est que ce bleu sur ta tempe ?

- Quoi ? demandèrent Naomi et Richard en même temps.

Complètement hagarde alors qu'elle n'avait même pas senti ce détail, Naomi y passa un doigt avant de se rendre compte de la rondeur de la blessure. Richard lui tourna la tête pour vérifier également, puis ouvrit la bouche sous le poids des regrets. Quant à Paul, il le regarda avec colère.

- Qu'est-ce que tu lui as fait ?

Troublé, Richard n'eut aucun souvenir de cela car il avait eu la tête ailleurs dans la cuisine. De plus, sa petite amie n'avait pas évoqué une quelconque douleur par la suite et leur silence fut d'autant plus lourd pour Landers.

- Je... " commença Richard.

Naomi posa une main sur la nuque du brun.

- Ce n'est rien, je ne le sens pas. C'est ma tête qui a cogné contre une des chaises dans la cuisine.

- Oui, ou alors c'est une chaise qui a cogné contre ta tête ! corrigea Paul.

Bien que Landers ne l'eut pas regardé en cet instant, Richard décela facilement un sous-entendu.

- Tu crois être en position de me faire la morale sur les femmes ?

Les voyant repartir de plus belle sur la voie de la discorde, Naomi se plaça entre eux mais cela ne les arrêta pas pour autant, au contraire.

- Pour la violence, oui.

- Stop ! essaya t-elle.

- Et moi sur le vol de femmes ? rétorqua Richard.

- Le vol ou le viol ? trancha Paul.

Naomi émit un hoquet aigu démontrant son choc. Alors que cette question réaliste avait coupé la parole au couple, Paul n'en fut pas satisfait pour autant. Au contraire, un malaise s'installa en lui et prit de l'ampleur lorsqu'il constata le retour de cette étincelle de folie dans les yeux de son ami. Pour le lui prouver, ce dernier dégagea "doucement" Naomi sur le côté et plaqua brutalement Paul sur le lit en lui posant une main sur la mâchoire.

- J'ai dit stop. Richard, non ! Il n'aurait pas du dire ça, il ne le pensait pas.

- Oh que si, il le pense. Je ne vais pas lui reprocher un peu de sincérité... pour une fois !

Après un regard d'une noirceur terrifiante, Paul n'eut le temps de réagir lorsque le plus jeune descendit sur lui pour ravager ses lèvres. À l'instant où Naomi exprima sa surprise et tenta en vain de le soulever, Paul chercha à se dégager mais Richard l'écrasa de son corps et le pénétra avec sa langue. Pire encore, se redresser pour le plaquer sur le lit avait rendu sa nudité à Richard, donc sa langue ne fut pas la seule partie que Paul sentit contre lui. Il vit et entendit l'énergie que dépensa Naomi à essayer de le tirer d'affaire, mais Richard était trop costaud. Même les bribes de mots intra-buccaux qui passèrent de Paul à Richard ne purent avoir raison de la rancune de ce dernier, car il savait que Paul lui demandait d'arrêter. Sans douceur, il lui passa également une main le long de la ceinture mais sans aller plus bas, et lui mordit la bouche entièrement avant de finalement la relâcher. Après avoir observé le regard perdu de l'aîné, il balança :

- Tu t'es débattu et j'ai insisté. Ça tu vois, c'était un viol. Maintenant tu peux me traiter de ce que tu veux.

Après s'être massacrés du regard pendant plusieurs secondes, le guitariste dominant daigna relâcher les épaules du second. Il se rassit correctement afin de se recouvrir, mais pouffa lorsque sa petite amie se focalisa en priorité sur l'état émotionnel de Paul, qui était resté figé à le regarder. Sentant se raviver le feu, Naomi regarda Richard en aidant Paul à se rasseoir également.

- Je ne veux plus entendre une seule dispute entre vous, je croyais qu'on était d'accord. En plus, vous étiez sur la bonne voie... Richard, ce n'était pas la peine de "jouer au violeur" pour lui faire la leçon sur la signification du mot. Qu'est-ce que tu crois qu'il pense maintenant ? Quant à toi, moi aussi j'ai mon mot à dire parce que c'est moi qui étais visée. Il n'y a pas eu le moindre viol parce que même si Rick y a été fort, je le voulais aussi. C'est uniquement sa colère justifiée qui me faisait peur, parce qu'il me poussait à révéler ton nom. Et comme je refusais, ça le rendait méchant mais sache que je ne lui en veux pas le moins du monde. Le rapport était consenti et surtout, il ne m'a pas frappée avec cette fichue chaise. Vous n'avez qu'à considérer que vous êtes quittes maintenant. Je dirai même que vous avez intérêt.

Les amis se regardèrent avec honte alors que leur adrénaline et leur dépit diminuèrent. Ils semblèrent avoir accepté leurs torts et stoppèrent les hostilités. Malheureusement, Paul savait qu'il y avait été trop fort avec en insinuant que Richard était un violeur et intérieurement, il ne le pensait pas. Mais de toute façon, Richard était persuadé de l'avoir fait avec Paul ensuite, et avait donc mentalement replongé dans l'atmosphère malsaine de la cuisine. Le seul point résolu était celui de la chaise, mais voyant que les deux hommes ne se lâchaient pas du regard, Naomi resta nerveuse mais trouva une solution. Elle émit un geignement de douleur en portant une main à sa tempe. Comme prévu, cela coupa leur lien visuel car Paul porta son attention sur elle, et un autre affrontement fut sans doute évité. Mais alors qu'elle apprécia dans son regard cette éternelle attention bienveillante, ils ne virent que trop tard Richard sortir du lit en remettant son caleçon. La vitesse à laquelle il avait agi ne laissa pas aux autres le moindre doute : il se sentait mal à nouveau.

- Hé, où vas- tu ? demanda Paul en se levant.

Mais l'autre homme était déjà sorti et il ne le rattrapa que dans le couloir. Il se plaça vivement sur sa trajectoire et lui posa les paumes sur les épaules pour l'empêcher d'aller plus loin. Refusant de croiser son regard, Richard insista pour passer sans même le toucher mais Paul concentra toute sa force contre lui.

- Richard, regarde-moi.

Son ami continua de forcer dans le sens opposé.

- Je foire tout... vie de merde !

- Ce n'est pas vrai du tout. Si tu avais tout foiré, tu serais complètement seul et tu vois bien que ce n'est pas le cas. Je sais ce qui te tracasse mais je ne me suis pas senti violé, Richard.

- Ni moi ! ajouta Naomi.

Cette dernière les avait rejoints mais resta derrière Richard pour les laisser discuter.

- N'essaie pas de me mentir, je l'ai fait. Peut-être même deux fois aujourd'hui... mais maintenant vous allez tous les deux me mentir.

- Chéri, tu donnes l'impression de vouloir t'enfoncer tout seul.

- Ne cherchez pas à me...

- Shhht...

Paul lui prit doucement le visage en éternisant sa syllabe. Bien que son ami s'agita en tremblant plusieurs secondes tant il ne croyait plus en rien ni personne, il finit par le regarder dans les yeux et vit un sourire qui se voulut rassurant chez Landers. Se demandant encore s'il était feint et à des fins de ruse, Kruspe lui posa les mains sur les hanches sans réfléchir et songea à ce qu'il pourrait lui dire.

- Je n'aime pas quand tu me mens, Paul. Pas toi. Si je t'ai fait du mal, j'aime autant que tu me le dises. Sinon comment veux-tu que j'assume ?

- Reesh, je vois parfaitement ce que tu veux dire. Mais j'insiste, je ne me suis pas senti agressé. Un peu surpris, mais pas agressé.

Semblant un peu plus rassuré, Richard hocha la tête en baissant les yeux.

- Et si je te dis que j'ai aimé ? demanda Paul.

Cette fois, ce fut au tour de Richard d'être frappé par la surprise, et il releva un regard à la fois troublé et hésitant. Paul, lui, sembla soudainement enjoué car il ne voyait là aucun tabou. Après tout, la dissolution des tabous était leur raison de vivre depuis toujours.

- Reesh ! Tu arrives à te souvenir combien de fois on s'est embrassés toi et moi ?

Kruspe afficha une totale incompréhension, sans voir le lien avec ce qu'il venait de faire.

- Bon d'accord, c'était sur scène dans le but de provoquer mais ça restait des baisers. On en a pris l'habitude et même si je suis hétéro, j'ai fini par adorer ça.

Il lui passa l'index le long des lèvres. Déglutissant à ce contact, Richard sentit les bras de Naomi lui entourer les hanches et il les serra contre lui en frissonnant. Paul continua :

- Tout ça pour dire que je connaissais déjà cette partie de toi, en tout cas de l'extérieur.

Paul sortit de sa poche la culotte déchirée qu'il avait trouvée dans la cuisine, et la lui donna doucement. Voyant les réactions mitigées du couple, il baissa les yeux et fit en sorte de ne pas voir son ami se renfermer sur lui-même.

- C'est uniquement ça qui m'a fait peur. Quand j'ai vu dans quel état elle était, j'ai cru que tu avais pété un plomb avant que je n'arrive, et que Naomi cherchait juste à te couvrir. Comme tu le sais, on ferait n'importe quoi quand on aime quelqu'un.

- Ben... " commença Richard, coupable.

Naomi serra sa prise contre lui et l'embrassa dans le cou.

- Non, n'exagère pas. Ta facette bestiale ne m'a pas dérangée, au contraire. Ce sont les conditions dans lesquelles c'est arrivé qui ont fait que je me suis débattue. C'est là que je me suis cognée la tête. Alors après, j'ai eu peur quand tu as jeté la chaise, parce que j'ai cru que j'allais la recevoir. Son humeur était le résultat de sa douleur, Paul, et ça c'est...

Ce dernier acquiesça sachant qu'elle parlait de leur relation. Il n'y eut aucun changement d'expression chez Richard, mais Naomi le contourna pour se placer entre eux. Même s'il n'en montrait rien, ses pensées le martyrisaient et ce fut Paul qui lui proposa d'aller boire le verre d'eau qui l'attendait encore. Ce dernier accepta et traversa le couloir pour retourner dans la chambre. Pendant ce temps, Naomi et Paul se prirent les mains et s'embrassèrent pour libérer toute leur pression. Cependant, ils n'eurent pas le temps de prononcer un mot.

- Vous auriez pu le faire devant moi.

Les amants se séparèrent et après un rire partagé, Paul l'embrassa à nouveau avant que la saxophoniste ne confie devoir se rendre aux toilettes. Il la regarda descendre, heureux que son ami lui eut permis d'embrasser cette femme sous son propre toit. "Richard" pensa t-il avant de se retourner... et se trouver nez à nez avec lui. Il se sentit si heureux en cet instant qu'il voulut le serrer contre lui. Même plus encore !

à suivre...