Armure

Percy s'acharnait sur les harnais de son armure comme jamais auparavant. Il l'avait toujours entretenue avec soin, bien sûr, comme tout sang-mêlé désireux de rester en vie.

Mais là, il tenait à ce que tout soit absolument parfait alors il s'acharnait sur les lanières de cuir avec une attention maniaque, jusqu'à ce que ses doigts soient en sang. Mais cela ne l'arrêta pas le moins du monde et il persévéra, encore et encore.

Comme souvent quand il perdait le nord, ce fut Annabeth qui l'arrêta. Elle prit simplement sa main dans la sienne et y apposa ses lèvres tendrement. Et Percy sentit la tension qu'il avait accumulé en lui depuis qu'on leur avait confié cette nouvelle quête fondre sous le regard gris nuage de sa femme. Il éclata en sanglots lourds qu'il calma à toute vitesse. La dernière chose au monde qu'il désirait, c'était inquiéter son fils plus qu'il ne l'était déjà !

Comme à son habitude, Annabeth le comprit en un regard. Elle quitta quelques instants et revint avec un pot d'onguent. Pendant qu'il en appliquait copieusement sur ses mains, elle inspecta le travail de Percy.

Enfin, elle brisa le silence apaisant qu'elle avait installé entre eux quand elle le prit dans ses bras, son mari s'accrochant à elle comme un noyé à un morceau de bois.

« -Nous allons revenir, nous sommes toujours revenus. Nous allons revoir Luke, il ne nous perdra pas. Allons, Cervelle d'Algues, on a survécu au Tartare par les dieux ! Rien dans le monde des mortels ne nous séparera de notre fils, jamais. »

La voix enrouée par les larmes et par l'émotion, il lui répondit :

« -Alors aide moi à enfiler cette fichue armure. Finissons cette quête en vitesse, d'accord Puits de Sagesse ? »

Elle l'embrassa avec la délicatesse d'une promesse.

Percy avait conscience qu'ils avaient survécu à bien des quêtes plus périlleuses et désespérées. Mais jamais quelqu'un n'avait dépendu de lui avant, mais maintenant il y avait Luke. Si le pire advenait, son fils serait orphelin de père ou de mère voire les deux.

Cette peur lui dévorait les entrailles et en plongeant son regard dans les yeux gris métal de la femme qu'il aimait, le fils de Poséidon y vit le reflet de la sienne.

Il pria tout les dieux connus et inconnus pour cette armure le protège jusqu'à ce qu'il puisse à nouveau serrer son fils contre son cœur.