Explication du contexte: L'histoire se déroule presqu'un an après leur voyage de non-noces en Corse. Conformément aux derniers éléments diffusés, Candice travaille à la PJ de Montpellier et Antoine est resté à Sète. La première partie sera sans enquête et relatera des faits concernant leur vie privée. Une enquête sera introduite plus tard dans la fiction :) Bonne lecture à tous!
Le passé, c'est aussi parfois le présent...
En cette soirée estivale, les éclats de rire fusaient depuis la terrasse de la commandante. La table était remplie et tous profitaient du moment dans une ambiance chaleureuse. Les jumeaux s'amusaient à faire des farces au reste de l'assemblée et même la fille du commissaire en faisait malheureusement les frais. Bref, c'était un samedi soir on ne peut plus normal chez Candice Renoir. La petite s'éclipsa rapidement à l'intérieur pour récupérer un de ses jouets favoris qu'elle voulait absolument montrer à Emma. Elle ressortit quelques secondes plus tard, accourant vers son père.
« Papaaaa ! Ton téléphone qui sonne.
- Ah bon ? s'étonna-t-il en récupérant l'appareil. Merde c'est le boulot.
Candice souffla en l'observant quitter la table.
- Allo ? … Où ?... Ok et tu peux pas gérer ? … Nan c'est pas ça mais… Oui bon… Ok j'arrive ! J'arrive…
Le commissaire fit son retour sur la terrasse, légèrement penaud.
- Alors ? demanda la blonde.
- Bah… Je dois y aller…
- Super… bouda-t-elle en se levant vers la cuisine.
- Candice…
- Ils ont le don pour t'appeler dès que tu viens à la maison ou quoi ? Chaque fois c'est pareil !
- Je sais… Mais j'ai pas le choix… C'est juste le temps que je les briefe un peu et je reviens.
- Et ta fille on en fait quoi ?
Antoine s'approcha d'elle, l'air volontairement suppliant.
Ah donc on doit s'en occuper ?
- Mais elle est super bien ici en plus… C'est juste le temps que je fasse l'aller-retour et voilà…
- Ok…
- Papa ? l'interpella la petite en débarquant dans la cuisine. On s'en va ?
- Je dois aller au travail, y a un petit problème. Toi tu vas rester là et je reviens te chercher après…
Suzanne acquiesça timidement en s'accrochant aux jambes de son père qui s'accroupit pour lui faire face.
T'es sage avec Candice… Je reviens tout à l'heure d'accord ?
- T'es sûr que je peux pas venir avec toi ?
- Non ma chérie… Tu sais bien que le travail de papa est un petit peu dangereux… mais regarde tu finis de manger avec eux, vous rigolez bien…
- On fera un jeu après si tu veux… proposa Emma en arrivant dans la cuisine à son tour.
Depuis le comptoir, Candice observait la scène devant elle, visage fermé.
- T'as quoi comme jeux ? s'intéressa-t-elle en se retournant vers Emma.
- Ouh là ! Je te montrerai après mais on a une pièce remplie de jeux là-haut ! Tu vas voir ça va être top !
Antoine se releva pour faire désormais face à Candice.
- T'es sûre que ça te dérange pas ?
- Euh… Bah nan pas du tout… Vas-y… on s'en occupe…
- Ok… À tout à l'heure ma chérie… déclara-t-il en embrassant sa fille sur le front. Enfin mes chéries… rectifia-t-il tout bas avant d'embrasser Candice.
- T'es bête… lâcha-t-elle en esquissant un faible sourire. Bon courage….
- À tout à l'heure. »
Légèrement agacée de son départ et d'être cantonnée à un rôle de baby-sitter, Candice leva les yeux au ciel lorsqu'elle entendit la porte claquer. La petite avait suivi Emma et ne semblait plus vouloir la lâcher… La fin du repas se déroula finalement dans la bonne humeur. Entourée de presque tous ses enfants, Candice entendait bien profiter de ce moment qu'elle estimait trop rare à ses yeux. Tout le monde finit par aider la commandante à débarrasser la table, même Suzanne participait à la tâche à son niveau. La tête plongée dans le lave-vaisselle, Candice sursauta lorsqu'elle entendit un bris de verre sur le sol. Elle releva précipitamment la tête et aperçut la fille du commissaire les yeux embués par les larmes.
« Pardon… ça a glissé de mes mains… s'excusa-t-elle sans bouger.
Candice s'approcha sans rien dire.
- Mais c'est le bol de Jules quand il était petit ! Oh non…. Lâcha-t-elle attristée. Super ! Vraiment…
- Maman ! l'interpella Emma. C'est pas grave… De toute façon Jules buvait plus dedans depuis longtemps…
- Oui mais quand même ! se plaignit-elle en ramassant les bris de verre alors que Suzanne se réfugia dans le canapé en pleurant silencieusement.
- Elle pleure hein… lâcha Emma tout bas à sa mère.
- Qui ?
- Bah Suzanne !
- Rooh ! Mais ça va j'ai pas hurlé non plus…
Emma haussa les épaules avant de ressortir à l'extérieur. Résignée, Candice s'approcha du canapé et s'installa à côté de la petite.
C'est pas grave Suzanne… Ça arrive de casser des choses…
- Mais tu l'aimais bien le bol…
- Bah oui ! Mais tant pis… Allez, arrête de pleurer, après c'est moi qui vais me faire disputer par ton père !
- Papa il te crie jamais dessus…
- Oh que si !
- Ah bon ?
- Bah oui ! On se dispute souvent tu sais…
- Mais tu l'aimes quand même ?
- Bah oui ! C'est pas parce qu'on se dispute avec les gens qu'on les aime plus… Et je t'en veux pas… T'as voulu aider, c'est bien… »
La petite se jeta dans ses bras en guise d'excuses. Étonnée, Candice la réceptionna, gênée par cette proximité soudaine avec sa belle-fille qu'elle ne côtoyait pas tant que ça. En fait, cette stratégie de maintenir la distance était une façon pour elle de se convaincre de leur union libre… Alors oui, Candice Renoir adorait Suzanne mais… à distance. Elle avait besoin de son père elle aussi, et préférait nettement profiter de lui tout seul… Puis la commandante avait été claire dès le début : pas de mariage, pas d'emménagement ensemble, pas de famille recomposée non plus… Elle était libre, et comptait bien le rester.
La jeune brune débarqua dans le salon à son tour, proposant à Suzanne de faire un jeu. Enjouée, la petite suivit la grande à l'étage et toutes deux redescendirent s'installer à la table du salon avec le reste de l'équipe pour une partie. Seule Candice avait refusé de jouer, préférant rester au calme dévorer son bouquin du moment.
Une vingtaine de minutes plus tard, Candice sentit sa poche arrière vibrer. Elle extirpa son téléphone de sa poche et aperçut la photo d'Antoine avant de décrocher.
« Allô ?
- Ouais euh… Ça va sûrement être plus long que prévu en fait…
- Ah merde… Et tu peux pas les laisser faire ?
- On est en sous-effectif… c'est un peu compliqué là…
- Ok… souffla-t-elle. Bah on t'attend t'inquiète pas…
- Et justement… Tu…. Tu peux me garder Suzanne plus longtemps ?
- C'est-à-dire ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.
- Bah… Vu comment c'est parti… J'suis pas rentré avant 2-3 heures encore…
- Ah quand même…
- Ouais… et je me disais peut-être que… enfin… que tu pourrais la garder cette nuit ?
- Euh bah… oui si t'as pas le choix, oui. On va bien lui trouver une place…
- Ça t'embête pas ?
- Nan… Ça va… Je vais lui préparer un lit dans la chambre de Jules.
- D'accord… Merci… Et ça va ? Elle se sent pas trop seule ?
- Nan nan… Enfin je l'ai un peu crié parce qu'elle a fait tomber un bol.
- Ah bon ?
- Ouais, c'était le bol préféré de Jules mais ça va… c'est passé…
- Bon… Ok…
- Elle joue avec les enfants là !
- Ah c'est bien qu'ils s'entendent bien tous ensemble… On fait une jolie famille…
- Ouais… se contenta-t-elle de répondre faiblement.
- Elle risque d'être un peu ronchon parce qu'elle a pas son doudou… mais, avec une petite histoire avant de dormir et ça devrait aller…
- Ok… On va voir à ça alors. Par contre je sais pas si j'ai du change pour elle…
- Merde… J'avais pas pensé à ça… sinon laisse lui son tee-shirt c'est tout.
- Ok…
- Faudrait que je pense à laisser un change chez toi… On sait jamais… Pour les prochaines fois !
- Ah carrément ?! lâcha-t-elle tout haut sans s'en rendre compte.
- Bah quoi ?
- Nan rien…
- Bon ! Je te laisse. Je te dis à tout à l'heure.
- Oui… Bisous. »
Candice finit par raccrocher son téléphone et déserta le salon pour installer la petite à l'étage. D'abord réticente à l'idée de dormir ici sans son père, Candice finit par la convaincre et Suzanne s'installa dans le lit de son fils.
« Ça va ? T'es bien là ?
La petite acquiesça en observant la chambre.
- C'était à qui la chambre ?
- Euh c'était à Jules. Mais il est parti loin d'ici maintenant…
- Tu crois qu'il va m'en vouloir pour son bol ? demanda-t-elle inquiète.
- Mais non… Il revient plus beaucoup en plus… lâcha Candice en s'installant au bord du lit à son tour.
- Ouf… Et en face c'est quoi ?
- En face y a la chambre de Léo et Martin… mais ils sont plus beaucoup là non plus… Et à côté c'est la chambre d'Emma et Sacha.
- T'avais beaucoup d'enfants toi…
Candice rigola doucement.
- Tu crois que j'aurais un petit frère ou petite sœur un jour ?
- Euh… balbutia-t-elle surprise de sa question. Je sais pas ma puce… peut-être que si maman retrouve un amoureux tu en auras…
- Maman elle a déjà Jérôme…
- Et bah alors peut-être qu'un jour tous les deux ils auront un bébé…
- Mais, et toi et papa ?
- C'est pas possible… puis j'ai déjà beaucoup d'enfants… puis y a le bébé d'Emma aussi…
- Tant pis… lâcha-t-elle déçue.
- Bon… essaye de dormir… ok ? Et si ça va pas, tu m'appelles ?
- Et papa il rentre quand ?
- Je sais pas ma puce… il a encore un petit peu de travail.
- Il travaille trop de toute façon…
Elle rigola doucement en acquiesçant.
- Mais en même temps c'est un super policier…
- Le meilleur…
- Le meilleur, oui…
- Mais du coup j'aurais pas mon histoire… d'habitude il me raconte toujours une histoire avant de dormir.
- Euh oui… Eh bah je vais essayer de faire pareil alors…
- Ouais… Candice ?
- Oui ?
- Maintenant c'est ma chambre ici ?
- Euh…. Bah si tu dois revenir dormir ici, oui en quelques sortes…
- Ça veut dire qu'avec papa on habitera là un jour ?
- Je sais pas ma puce… pour l'instant vous avez votre maison et moi j'ai la mienne…
- Moi j'aimerais bien habiter ici… la maison elle est trop belle… papa il dit toujours qu'il aime bien venir là…
- On en reparlera… éluda-t-elle. Tu mets la petite lumière, on commence l'histoire ?»
Suzanne obéit et s'installa confortablement dans les couvertures pendant que Candice commençait à lui raconter l'histoire. Rapidement, elle vit la petite fermer les yeux et rejoindre les bras de Morphée. Elle attendit quelques minutes et finit par la border avant de redescendre dans sa chambre où elle s'installa son bouquin en mains.
Une heure plus tard, Candice sursauta lorsqu'elle entendit une petite voix l'appeler depuis la porte. Elle ne tarda pas à voir une petite fille débarquer, visiblement apeurée.
« Qu'est-ce qu'il se passe ma puce ?
- Il est pas là papa ?
- Non pas encore… Tu dors pas ?
- J'ai peur toute seule… je peux rester avec toi ?
- Viens... »
Souriante, Candice ouvrit la couverture pour que la petite puisse s'y glisser. Elle referma son bouquin et l'observa en souriant.
« Il sent papa l'oreiller.
Elle rigola doucement.
- C'est vrai… Comme ça il est un peu là avec toi….
- Oui…
- Allez… Essaye de dormir… »
Candice éteignit la lumière et sentit Suzanne s'installer contre elle. Gênée, la commandant préféra ne rien dire et attendit le retour de son compagnon…
Épuisé par cette soirée, le commissaire s'approchait doucement de la maison des Renoir. Il tourna silencieusement la clé dans la serrure et pénétra dans une maison plongée dans le noir. Il grimpa à l'étage pensant y trouver sa fille et fut surprise de voir le lit vide. Il redescendit rapidement et retrouva sa fille à sa place, endormie aux côtés de Candice. Antoine ne put s'empêcher de sourire en observant le tableau devant lui. Il s'approcha doucement du lit et extirpa Suzanne des draps pour la rapatrier à l'étage. Il passa par la salle de bain avant de venir prendre place aux côtés de Candice qui dormait à moitié.
« Ça a été ? réussit-elle à marmonner.
- Ouais… rendors toi… déclara-t-il avant de l'encercler de son bras gauche. »
Le lendemain matin Candice ouvrit un œil en premier et constata la présence d'Antoine qui dormait toujours à poings fermés derrière elle. Elle se retourna et esquissa un sourire en l'observant se réveiller doucement.
« T'as bien dormi ? chuchota-t-elle en caressant sa joue.
- Oui… j'ai dû ramener Suzanne dans son lit en rentrant…
- Elle avait du mal à dormir…
- J'ai bien aimé vous retrouver toutes les deux cette nuit… Si chaque soir pouvait être comme ça…
- Euh… oui… enfin… t'as bossé toute la soirée quand même Antoine… précisa-t-elle en perdant son sourire.
- C'est vrai… répondit-il en l'embrassant furtivement. Mais tu vois ce que je me suis dit ?
- Non ?
- Bah qu'on faisait une belle famille tous ensemble…
- Hum… répondit-elle faiblement en souriant avant de caresser sa barbe.
- Suzanne t'adore, et les enfants s'entendent bien… On devrait recommencer plus souvent…
- De ?
- Bah le dîner, la nuit aussi… Ça s'est bien passé…
- Ah ! Oui c'est vrai… confirma-t-elle sans engouement en se rallongeant sur le dos.
- T'es pas convaincue ?
- Si pourquoi ?
- Je sais pas… T'as pas l'air enchanté…
- Mais non tu sais bien… J'suis pas du matin c'est pour ça…
- Hum…
- J'vais préparer le petit dej… déclara-t-elle en se redressant doucement.
- Oh… Tu veux pas rester un peu ? Demanda-t-il en attrapant son bras pour la retenir. On est bien là… Tout le monde dort encore en plus… lança-t-il avec une idée derrière la tête. »
Candice rigola doucement avant de se laisser embrasser par son compagnon. Pourtant, la commandante n'avait pas la tête à ça, bien trop embuée par ce manque de communication entre eux. Et encore une fois, Antoine soumettait sa volonté d'emménager avec elle… Et encore une fois, Candice tentait de lui faire comprendre qu'elle n'était pas prête…
La commandante se mit à rire à nouveau alors qu'Antoine s'attelait désormais à son cou. Bien entreprenant, Candice profitait de sa tendresse avant qu'un bruit les interpelle dans le salon. Elle tenta de le stopper et Antoine finit par sortir la tête des couvertures.
« Quoi ? demanda-t-il bougon.
- Papa ? entendirent-ils depuis le salon.
- Tout le monde dort… tu disais… plaisanta-t-elle alors que la petite toquait à la porte.
- Oui bon…
- J'vous laisse. J'vais préparer le p'tit dej ! »
. . . . .
Main dans la main, le couple déambulait tranquillement dans les allées du marché dominical. L'air était chaud, et l'affluence le rendait presque étouffant. Inévitablement, Candice décidait de s'arrêter à chaque stand de bijoux fantaisie, pour le plus grand bonheur d'Antoine qui subissait les hésitations de sa compagne.
« On a bien fait de laisser Suzanne à Emma… Elle aurait pas supporté la chaleur… Puis y a un monde… pesta-t-il.
- Oui bah c'est l'été Antoine ! Tu sais bien que y a tous les touristes qui viennent en plus !
- Super… maugréa-t-il.
- Tiens ! T'as vu ça ?! »
Antoine souffla et finit par suivre Candice au stand qu'elle avait repéré. Insatisfaite pour la énième fois, la blonde se saisit de la main de son commissaire et l'entraîna dans sa marche avant de se stopper à un autre stand plus loin. Planté derrière elle, Antoine fixait l'horizon, le regard dans le vide. Il finit par reprendre ses esprits lorsque ses yeux se posèrent sur un visage familier. Il ravala sa salive et détourna rapidement le regard. Non… Ça ne pouvait pas être vrai. Pas cette personne… Pas ici…
Perturbé, il osa reporter le regard sur ce visage et cette fois la certitude l'envahit. Pris de panique, il reposa ses yeux sur Candice qui touchait une étoffe avant de regarder au loin à nouveau.
« Tu vois… C'est de ça dont je te parlais la dernière fois !
- Ouais… répondit-il évasivement en fixant au loin.
Candice se retourna et suivit son regard avant de le regarder à nouveau.
- Antoine ? insista-t-elle.
- Tiens ! Viens par-là, y en a plein d'autres… déclara-t-il en l'attrapant par la main.
- Quoi ? Hein ? mais… »
Candice eut presque du mal à le suivre. Le commissaire l'avait entraîné de force hors de l'allée et malgré ses protestations, Candice n'était parvenu à se défaire de son étreinte. Condamnée à le suivre avec énervement, elle réussit finalement à l'arrêter en haussant la voix.
« Aïe ! Mais tu me fais mal, Antoine ! cria-t-elle pour l'arrêter.
- Hein ? Pardon… bégaya-t-il en s'arrêtant visiblement nerveux.
- Mais qu'est-ce que t'as ? s'agaça-t-elle.
- Rien ! Y a moins de monde ici, c'est mieux…
- Forcément, on est à la sortie du marché ! se plaignit-elle.
- Ouais mais ça me saoule quand y a trop de monde…
- Pourtant c'est tout le temps comme ça…
- Oui mais j'sais pas…
- Oh la la… souffla-t-elle en roulant des yeux.
- On va manger ? proposa-t-il en attrapant sa main pour l'attirer plus loin.
- Déjà ? Mais il est à peine midi… s'étonna-t-elle. On a le temps de faire un tour…
- Mais après y aura trop de monde au restaurant… Non on mange maintenant… S'te plaît… proposa-t-il d'une voix enfantine.
- D'accord mais on y retourne après. J'ai pas vu tout ce que je voulais voir…
- Oui ! acquiesça-t-il en l'entraînant hors du marché avant de se retourner vers la foule. »
Candice insista pour retourner dans le restaurant où Antoine avait l'habitude de l'emmener. Étonnamment il protesta. Étonnée face à sa réticence, la blonde parvint tout de même à l'y traîner. Il y entra le premier et interpella le gérant qui attendait le client.
« Salut Fernand… Est-ce que t'aurais une table pour 2 s'te-plaît ? demanda Antoine.
- Mais pour vous deux, évidemment… J'en ai même quinze des tables… Alors, terrasse ou intérieur ?
- Terrasse ! / - Intérieur !
- Ah il va falloir vous mettre d'accord… plaisanta le patron en les observant.
- Il fait hyper beau, on va pas s'installer dedans quand même… s'agaça la blonde.
- Oh mais j'ai pas envie de choper froid avec les courants d'air.
- Les courants d'air ? Mais quels courants d'air ?
- Non plutôt intérieur s'te plaît… insista-t-il sans plus d'explications.
- Ok… Alors allons-y pour l'intérieur… finit-t-elle par accepter avec agacement. »
Rassuré, Antoine prit les devants et s'installa à une table isolée. Au moins ici, il ne pourrait pas être aperçu. Et il s'assurait de ne pas revoir son visage. Pourtant, son esprit ne pouvait s'acquitter de cette image. Douze ans sans la voir et il l'avait reconnu entre mille. Douze ans sans nouvelles et elle était de retour devant lui, dans sa ville qu'elle avait pourtant décidé de quitter… Le commissaire était secoué, ressassant les évènements du passé. Le film repassait dans sa tête, indéfiniment… alors qu'il était enfin parvenu à oublier et passer à autre chose.
Embrumé par ses souvenirs, Antoine n'écoutait même pas l'histoire que lui racontait sa compagne. Déroutée par son comportement depuis le début de leur sortie, elle le fixait avec insistance avant de se rendre compte que son esprit était ailleurs. Elle souffla d'agacement et fit exprès de raconter n'importe quoi.
« Sinon je suis enceinte de triplés. Et le père c'est Marquez…
Pas de réaction. Candice tapa doucement sur sa main.
Antoine !
Il sursauta.
- Oui pardon tu disais ?
- T'es sûr que ça va ? T'es hyper bizarre depuis tout à l'heure…
- Oui ça va ! J'suis juste crevé…
- C'est pour ça que tu m'écoutes pas ?
- Excuse-moi… C'est… C'est cette enquête aussi… On avance pas et ça m'énerve… réussit-il à trouver comme excuse.
- J'croyais qu'on s'était dit qu'on devait pas parler boulot…
- C'est vrai… T'as raison…
La cloche de la porte d'entrée du restaurant sonna, signalant l'arrivée de nouveau clients. Antoine se retourna vivement avec appréhension.
- Mais qu'est-ce que t'as ? On dirait que t'as peur de voir quelqu'un !
- Mais non… Alors ton nouveau collègue, tu disais ?
- Euh… Oui… »
Perplexe, la commandante recommença ses explications pour un commissaire nettement plus attentif. Pourtant, la blonde était convaincue que quelque chose n'allait pas mais comme toujours, son compagnon tentait de ne rien laisser paraître.
De retour chez Candice quelques heures plus tard, le couple se satisfit de la fraîcheur de la maison. Le temps était si lourd dehors… Antoine aida sa compagne à ranger leurs achats dans le frigo et la quitta pour rejoindre sa fille qui dessinait sur le canapé.
« T'as vu ? Emma a dit que j'y arrivais de mieux en mieux… lâcha-t-elle fièrement.
- C'est vrai elle a raison !
- Et c'est qui ces gens dessus ?
- Bah c'est une famille sur un bateau en vacances.
- Ah oui…
- C'est nous !
- Nous ? demanda Antoine perplexe.
- Candice, toi, Emma, Sacha, Léo, martin, le bébé, moi… bon j'ai pas fait Jules parce que je le vois jamais.
Ayant brièvement entendu la discussion Candice s'approcha doucement, gênée.
T'as vu Candice ?
- Oui… C'est mignon…
- Comme ça tu pourras l'accrocher sur le frigo !
- Ouais…
- Mais faut faire attention au requin… rajouta-t-elle.
- Au requin ? s'étonna Antoine.
- Bah oui, là ! Parce que si le requin croque le bateau… Tout le monde coule et la famille elle disparaît dans l'eau… »
Antoine fixa le dessin de sa fille. Un requin… L'incarnation du danger, de la menace. L'annonce d'un péril. C'était comme si sa fille avait pressenti la faille qui s'écartait davantage au fil des jours. Et depuis ce matin-là… elle était devenue béante. En une fraction de secondes Antoine avait été plongé dans ses souvenirs. Lui… Elle… Eux… Ce lien indéfinissable qui s'était brisé en un claquement de doigts… Tout lui revenait de plein fouet et le tourmentait.
« Oh Antoine !? lança sa compagne depuis la cuisine.
- Ça va ?
- Oui ! Qu'est-ce qu'il y a ? mentit-il.
- Vous restez dîner ce soir ? répéta-t-elle pour la troisième fois.
- Euh je sais pas…
- Oh dis oui papa s'te plaît !
- Je dois te ramener chez maman, Suzanne. Puis j'ai pas mal de dossier à finir pour demain aussi.
- Pffff… souffla la petite en boudant.
- D'ailleurs on va pas trop tarder. Tu vas récupérer tes affaires ma chérie ?
- Ok… bouda-t-elle en s'exécutant.
Antoine se leva et rejoignit Candice en cuisine.
- Elle veut plus vous lâcher dis-donc…
- Ouais… répondit la blonde en souriant faiblement. Tu sais… Tu peux ramener Suzanne chez sa mère et revenir après hein… Ça me dérange pas… lança-t-elle en enserrant son cou. Au contraire…
- Ce serait avec plaisir mais j'ai plein de dossiers en retard… On remet ça une prochaine fois ?
- Ok… capitula-t-elle avant de l'embrasser.
- Beuuuurk ! lâcha la petite en débarquant à son tour dans la cuisine.
Candice lâcha Antoine en rigolant.
Tiens ! C'est le dessin.
- Merci… Il est super beau en plus…
- C'est bon Suzanne ? T'es prête ? Elle acquiesça. Bon bah c'est parti ! »
Candice salua père et fille et les observa quitter sa maison. Elle posa ses yeux sur le dessin de la petite qu'elle fixa avec émotion avant de l'accrocher sur le frigo. Pour l'instant, la famille naviguait sur les flots, évitant la menace du requin. Le danger était donc loin... Enfin, en apparence...
