Chapitre XXV

Il était environ 16h de l'après-midi et le jeune garçon s'ennuyait fermement. Il n'avait plus envie de dormir et n'avait rien à lire. Il ne pouvait s'empêcher de penser à tous les cours qu'il était en train de rater, ce qui le contrariait beaucoup et le mettait de très mauvaise humeur. Alors qu'il broyait du noir, la porte de l'infirmerie s'ouvrit et Théodore tendit l'oreille en croyant entendre la voix de son ami s'entretenir avec Madame Pomfresh. Il ne pu s'empêcher d'esquisser un sourire en voyant Blaise se diriger vers son lit, une liasse de parchemin à la main.

-Tu n'as pas l'air très en forme…lui fit-il remarquer en guise de bonjour.

-Tu crois ça ? rétorqua Théodore d'un ton acerbe.

-En tout cas tu es toujours aussi aimable…c'est tes hormones qui te rendent comme ça ?

-Mes hormones ? Je ne vois pas le rapport…

-Arrête de jouer les Saintes-Nitouche, je sais très bien ce que tu fais pratiquement tous les matins dans les toilettes…

Le jeune Nott devint écarlate et baissa honteusement les yeux. Il était vrai que depuis environ le début de l'année, il avait découvert quelques particularités masculines, qui l'obligeait à s'enfermer dans les toilettes quelques matins et à se soulager tout seul…

Son ami ricana et poursuivit :

-Ne t'en fais pas tout le monde le fait…

-Trêve de plaisanterie, pourquoi tu es là ? changea-t-il brutalement de sujet.

-Je suis venu t'apporter tes cours malgré ton comportement exécrable…

Il lui donna la liasse de parchemin, que Théodore feuilleta pour se donner contenance, cherchant que répondre.

-Je suis désolé…fini-t-il par murmurer du bout des lèvres.

-C'est bon ça ira comme ça, je ne vais pas te torturer plus longtemps sinon Madame Pomfresh me fera sortir de force…Je viendrais t'apporter tes cours, le temps que tu es ici.

L'adolescent remercia sincèrement son ami et le regarda quitter l'infirmerie. Ravi d'avoir de quoi faire, Théodore se plongea dans ses cours jusqu'à l'heure du coucher.

La semaine passa relativement lentement, mais malgré la douleur, le jeune garçon avait tout fait pour maîtriser ses sautes d'humeurs fréquentes en ces temps-ci et se montrer poli avec l'infirmière. Madame Pomfresh lui avait dit qu'il pourrait probablement sortir le vendredi, ce qui signifiait qu'il aurait le week-end pour travailler plus en détails les cours qu'il avait manqué.

Le vendredi, Théodore ne tenait plus en place et attendait impatiemment l'accord de l'infirmière pour pouvoir enfin sortir. Sa main était toujours très douloureuse mais avait bien désenflée. Madame Pomfresh après lui avoir apporté son petit déjeuner, en profita pour l'examiner. Alors qu'elle manipulait son membre blessé, le jeune garçon faisait tout son possible pour ne pas laisser voir sa douleur qui était toujours bien présente.

-Je suis navrée Monsieur Nott, mais je vais devoir vous garder encore un peu…

-Mais pourquoi ? Je n'ai plus mal et elle est presque redevenue comme avant ! s'exclama-t-il, terriblement déçu.

-C'est vous qui le dite…mais je ne suis pas dupe et je vois bien qu'elle vous fait encore souffrir.

Théodore eu bien supplier et harceler l'infirmière, rien n'y fit et de colère il envoya valser la poche de glace qu'il avait toujours.

-Cessez vos caprices, ils ne vous feront pas guérir plus vite…Vous avez été un patient exemplaire, vous pouvez bien tenir encore deux jours…Le réprimanda-t-elle.

L'adolescent fit la tête durant tout le week-end et se montra particulièrement rétif pendant les soins. Il se mettait à grogner dès qu'il voyait approcher l'infirmière avec son matériel. Lorsque celle-ci nettoyait la morsure et appliquait la compresse, Théodore n'avait plus fait aucun effort pour prendre sur lui et n'avait cessé de geindre.

-Vous avez été bien plus courageux que cela…lui fit remarquer Madame Pomfresh à maintes reprises, faisant empirer son humeur déjà désastreuse.

Le dimanche en fin d'après-midi, après s'être fait examiner une dernière fois, le jeune garçon fut enfin autorisé à quitter l'infirmerie. Tout en marchant jusqu'au cachot, il bougea sa main droite, pliant et dépliant ses doigts. Celle-ci était encore un peu raide mais sous son regard désespéré, Madame Pomfresh lui avait assuré qu'il pourrait de nouveau s'en servir normalement.

L'ambiance était anormalement studieuse dans la salle commune des Serpentard, ce qui surprit grandement Théodore. Repérant Blaise, assis à une table, il s'approcha et prit place à côté de lui.

-Alors comment c'était ces vacances à l'infirmerie ? le taquina-t-il.

-Horrible et particulièrement ennuyeuse…marmonna-t-il en s'empressant de sortir ses affaires de Rune.

-Tu feras plus attention la prochaine fois…

Théodore ne releva pas la remarque légèrement moralisatrice de son ami, ne voulant pas provoquer une énième dispute.

Le lendemain matin, la journée commença extrêmement mal durant le double cours de potions que les élèves de Serpentard partageaient avec les Gryffondor. Le Professeur Rogue se tenait derrière son bureau, une liasse de parchemin à la main et murmura de son habituelle voix glaciale :

-Je vais vous rendre vos devoirs de la semaine dernière et sachez qu'ils sont particulièrement pitoyables…Jamais je n'ai vu de travaux aussi médiocres. Si vous ne vous mettez pas au travail maintenant vous pourrez dire au revoir à vos BUSE et cela concerne chacun d'entre vous…

Son regard passa sur les élèves de Serpentard, qui réprimèrent tous un frisson, surpris de l'attitude de leur directeur de maison à leur égard. Théodore échangea un regard affolé avec Blaise, lorsque celui-ci commença la distribution n'oubliant pas de dire les notes à hautes voix, accompagnant celle-ci de remarques acerbes. Quand son tour arriva, Théodore se liquéfia sur sa chaise.

-J'ai été terriblement déçu, Monsieur Nott…Je m'attendais à bien mieux de votre part. Si vous ne vous ressaisissez pas, je crains que vous ne deviez dire adieu au cours de potion l'an prochain, je n'accepte que les élèves ayant obtenu un optimal…Autre chose, croyez-vous que l'examinateur parvienne à deviner votre nom, simplement grâce à vos initiales ? J'en doute, alors la prochaine fois vous me ferez le plaisir de marquer votre nom en entier…

Rouge de honte, il n'osa même pas regarder son professeur en face et fut également terriblement déçu en voyant le grand A sur son parchemin.

-Un Acceptable, mais c'est vachement bien ! s'exclama son ami, un peu trop enthousiasme, se faisant vertement réprimander par le Professeur Rogue.

-Monsieur Zabini, dois-je rappeler à tout le monde la note que vous avez obtenu ?

Retenant à grand peine des larmes de déception et de colère, Théodore ne répondit pas, se contentant de fixer d'un air absent son parchemin. Le cours se déroula dans un silence absolu, dans une ambiance morose.

Lors du déjeuner, le jeune Nott ruminait toujours et ne mangea pratiquement rien, malgré son ami qui tentait de le consoler comme il le pouvait :

-Un A c'est mieux qu'un D et si ça peut te rassurer Granger a eu la même note que toi…

-Je me fiche de Granger...grogna-il entre ses dents.

Il entendit Blaise pousser un petit soupir, à court d'idée pour le réconforter, le laissant ainsi bouder à son aise. Les cours de l'après-midi ne parvinrent pas à le dérider et son humeur empira lorsqu'il monta dans son dortoir et aperçu Malefoy fouiner du côté de ses affaires.

-Qui est-ce qui t'as permis de toucher à mes affaires ? Gronda-t-il au bord de la crise de nerf, faisant sursauter son camarade de chambre.

-Je n'y ai pas touché, il se trouve simplement que ta malle est rangée près de la mienne et que je trouve que tu prends un peu trop tes aises de mon côté ! rétorqua Drago Malefoy en le toisant de son regard d'acier.

-Baisse d'un ton, je ne suis ni Crabbe ni Goyle ! Recommence encore une fois et je te promets que je te le ferais regretter…répondit Théodore d'un ton menaçant.

-Mais pour qui tu te prends Nott ? Depuis quand tu oses t'en prendre à moi de cette manière ? Hurla Malefoy.

-Je te parles comme je parlerais à n'importe qui d'autre et ce n'est pas parce que tu traites les autres comme tes chiens que tu vas m'impressionner ! Hurla à son tour le jeune Nott.

Son camarade s'apprêta à rétorquer de plus bel quand une voix les interrompit.

-Qu'est-ce qu'il se passe ici ? On vous entend depuis en bas…

-Il fouille dans mes affaires ! s'exclama Théodore.

-Je n'ai rien fait, c'est lui qui est complètement hystérique !

Le jeune Nott vit le regard de son ami passer de l'un à l'autre quand celui-ci répondit :

-J'ignore qui dit la vérité et je n'ai même pas envie de le savoir…J'aimerai simplement ne plus vous entendre hurler comme des poissonniers.

-Je n'y peux rien, s'il passe ses nerfs sur moi…se plaignit Drago Malefoy.

Théodore s'apprêta à répondre quand le regard noir de Blaise se posa sur lui et qu'il se ravisa. Prenant ses affaires il se dirigea vers la salle de bain espérant retrouver son calme grâce à une douche froide. Une bonne demi-heure plus tard, lorsqu'il revint dans le dortoir, les cheveux encore humides, il entendit son ami, tenter de prendre sa défense auprès de Malefoy.

-Tu sais bien qu'il ne supporte pas qu'on touche à ses affaires, puis il sort tout juste de l'infirmerie et la journée a été compliqué pour lui…Il n'a toujours pas digéré les commentaires désagréables de Rogue.

Il entendit Malefoy grommeler quelque chose d'incompréhensible, quand remarquant sa présence son ami se tut. Se mettant au lit, tirant les rideaux de son baldaquin, Théodore se saisit du livre qu'il avait emprunté à la bibliothèque et lut quelques chapitres avant de s'endormir, espérant se vider la tête. La nuit sembla avoir apaiser les tensions même si au réveil quelques regards noirs en direction l'un de l'autre furent lancés.

-Tu as terminé de faire la tête alors ? Le questionna son ami en lui servant du thé, une fois qu'ils furent installés à la table des Serpentard, dans la Grande Salle, pour le petit déjeuner.

-Est-ce que j'ai vraiment le choix ? questionna-t-il en avalant une gorgée de sa boisson.

-Tant mieux parce que les entretiens avec Rogue concernant nos possibles choix de métier sont en fin de semaine…L'informa Blaise.