Bonjour, bonjour !

DISCLAMER : L'univers et les personnages ne m'appartiennent, malheureusement, pas ^^

Je vous avais dit que ce chapitre était important, n'est-ce pas ? J'espère qu'il vous plaira !

Les informations de ce chapitre viennent d'un épisode audio produit par Big Finish Production (paru en octobre 2003) : "Master", épisode 49.

Je tiens à préciser que je n'ai pas pu voir l'épisode dans son intégralité car je suis français, alors la plupart des informations proviennent de mes recherches sur internet, principalement les articles en anglais de Wikia.

Bonne leçon ! ^^


– Chapitre 20 – L'amour plus fort que la Mort ?


« J'espère vraiment qu'un jour, vous vous confierez… »

Pourquoi le Docteur avait-elle tenu à former ce souhait ? Elle avait pourtant senti la colère de Missy. Elle aurait dû redouter cette colère, pas chercher une fissure par laquelle s'engouffrer pour la recevoir en plein visage. Pourtant, c'était plus fort qu'elle. Parce qu'elle avait également senti la peur et qu'elle voulait comprendre.

Missy n'était pas enceinte depuis bien longtemps – du moins le Docteur n'était pas au courant de sa grossesse depuis bien longtemps – qu'elle avait déjà des contractions de Talphao. Elles étaient dangereuses. Elles accéléraient la grossesse. Elles étaient le pire signe qui soit pour une Dame du Temps.

Le Docteur tourne une autre page, mauvais traitement. Elle ne pouvait pas être moins concentrée sur sa tâche. Surtout avec ses mèches blondes qui ne voulaient pas tenir en place. Finalement, les cheveux courts, mais pas trop avaient un certain désavantage : elle ne pouvait pas les attacher pour qu'ils ne la gênent plus.

Mademoiselle.

La blonde relève la tête d'un coup sec, observant attentivement la porte de la bibliothèque. Missy n'était pas ici, pas encore. Mais elle allait venir. Elle le sentait. Elle le savait.

« J'espère vraiment qu'un jour, vous vous confierez… »

Le Docteur avait de ces idées, parfois !

Missy pouvait se confier sur tout, sauf sur ça. Elle préfèrerait même lui parler d'Aila plutôt que de devoir traiter un sujet aussi délicat que celui de la Mort.

Mais elle n'avait plus le choix. Elle a vu son ventre grossit en trop peu de temps dans le miroir de sa chambre. Elle le sentait alors qu'elle passait ses mains sur son abdomen, alors qu'elle voulait se pencher. Elle savait que cette conversation était inévitable dès l'instant où elle avait su qu'elle était enceinte. Elle en avait même parlé au Maître du passé, sur Mondas lorsqu'elle l'avait fait se régénérer. Il lui avait dit qu'il avait la même sensation qu'elle. Que la Chose voudrait le bébé. Mais elle ne s'était pas attendue à ce que cette conversation arrive aussi vite.

Elle se détourna et sortit de la chambre, se retrouvant dans le couloir. Elle se concentre sur le Docteur. Son visage. Ses cheveux. Ses yeux. Sa douceur. Sa compassion. Son altruisme. Le Docteur. Elle sourit en sentant sa présence se faire plus forte dans son esprit. Elle resta là, quelques instants, s'apaiser par sa simple présence, fermant les yeux. Elle fit un pas. Puis deux. Elle ne savait pas vers quelle pièce elle se dirigeait. Elle avait gardé les yeux fermés. Elle savait juste que la présence du Docteur était plus forte. Elle sentait juste son amie la prendre par la main pour la guider vers elle. L'ancienne maîtresse du chaos sourit en sentant la présence de son premier amour l'enveloppe entièrement.

Lorsqu'elle les rouvrit, elle se trouve sur le seuil de la bibliothèque. Le Docteur l'observait avec plus ou moins de patience, toute tendue, assise sur le bord d'un fauteuil, un livre sur les genoux dont elle ne semblait pas se préoccuper.

– J'étais sûre que vous viendriez ! s'enjoua le Docteur en se levant.

Son livre tomba, mais elle n'en avait rien à faire. Elle devait plus calmer sa nervosité latente en discutant avec Missy le plus possible. Elle ne devait pas montrer ça à Missy.

– Vous ne devriez pas être de si bonne humeur, se contenter de répondre à cette dernière en fermant la porte derrière elle pour venir s'asseoir dans le fauteuil qu'occupait le Docteur.

Ne sachant pas quoi faire, Dottie ne se départit pas de son sourire et s'assit en tailleur sur le sol, face à son amie d'enfance.

– Vous savez bien que je suis toujours de bonne humeur, lança-t-elle avec son enthousiasme forcé.

– Dans ce cas, je m'en voudrais de briser votre bonne humeur, je pourrais-être retourner dans ma chambre me reposer.

Ce faisant, l'ancienne maîtresse du chaos fit mine de se relever, alors que le Docteur la retenait.

– Non, non, c'est bon. Je suis prête à vous écouter, la rassura cette dernière.

Missy se mordit la langue. Ses cœurs s'accélèrent plus qu'il ne l'aurait supposé pour leur fille, plus qu'il ne l'aurait supposé pour ne pas provoquer d'autres contractions de Talphao. Sa mâchoire se crispa tandis qu'elle essayait de rassembler son courage pour formuler ses pensées cachées à haute voix. Elle aurait voulu crier, dire un nombre incalculable de choses, partir, courir le plus loin possible, fuir, pour une fois, à la place du Docteur.

– Vous souvenez-vous de Torvic ? interrogea la rousse.

Le Docteur haussa les épaules.

– Pas vraiment, pourquoi ?

Les pupilles de Missy se dilatèrent. Comment avait-elle pu oublier ce garçon insupportable ?! Certes, la Mort avait mis son grain de sel dans leur dernier souvenir de lui, mais tout souvenir n'avait quand-même pas disparu ?!

– C'était il ya longtemps, lorsque nous étions enfants. Vous ne vous souvenez toujours pas ?

– Je vais vous donner un indice, a commencé le Docteur, mal à l'aise. Je ne suis plus très sûre d'avoir toujours été un homme. Enfin, pas quand je suis enfant, en tous cas. J'ai des doutes sur mon genre quand j'y repense à certains moments.

– Je ne crois pas avoir rencontré une personne plus exaspérante que vous au cours de ma vie. Vous ne vous souvenez plus de votre âge, de votre date d'anniversaire, de l'époque de l'Univers, vous venez et même pas de votre genre de naissance ?

– C'était il ya si longtemps, se justifie le Docteur. Je suis presque sûre d'avoir toujours été un homme puisque j'ai eu des enfants biologiques avec Arkytior.

Missy soupira, agacée.

- Peu importe. Souvenez-vous de Torvic, c'est la seule chose qui importe pour l'instant. C'était un garçon de notre âge. Il nous détestait et passait son temps à nous embêter, saccager ou voler nos devoirs. Vous vous battez tout le temps avec lui. C'est la première personne que j'ai… tuée.

Ce dernier mot était sorti comme s'il lui avait brûlé la langue. Parce que ce n'était pas vrai. Ce n'était pas son meurtre, ce n'était pas son premier meurtre. Et le pire fut que le Docteur sembla se souvenir de lui à l'instant où elle mentionna sa mort.

– Oui, c'est vrai, je me souviens de lui. Je suis désolée, je n'ai pas retenu chaque personne à qui vous souffriez fait du mal, ça aurait été trop long.

Dottie avait un air grave, mais elle tentait de garder un ton léger au possible. Elle se souvenait de cet horrible garçon qui s'en assurait toujours à Koschei. Koschei ne lui répondait jamais, ça avait toujours été Thêta qui a pris sa défense. Sauf une fois. Une fois où Koschei avait su se défendre seul. C'était étrange. Maintenant, elle s'en souvenait. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle avait facilement pu reléguer au second, voire au dernier plan, ses souvenirs sur Torvic ou sur son dernier jour. Pourtant, c'était le premier meurtre de son ami. Cela aurait dû être marqué au fer rouge dans sa mémoire.

– C'est justement là que se situe le problème, récapitule Missy qui était trop occupée à retenir ses propres pensées pour faire attention à celles du Docteur. Je ne l'ai pas tué, je ne lui ai jamais fait le moindre mal.

Les sourcils du Docteur se froncèrent. Elle ne s'applique pas. Elle se souvenait bien de Koschei en train de se noyer à cause de Torvic. Elle se souvenait bien du coup que Koschei lui avait mis à l'arrière de la tête avec une pierre. Elle se souvenait de tout le sang. Elle se souvenait de Koschei tentait de reprendre son souffle.

– Ok, murmura le Docteur, toujours confus. Qui l'a tué, dans ce cas ?

Elle doutait de ce que Missy venait de dire parce qu'elle avait des souvenirs de ce jour, mais elle sentait également Missy sincère. Et puis… Pourquoi voudrait-elle nier un meurtre qui s'était produit il y a deux-milles ans ? Surtout qu'elle avait toujours assumé ses crimes.

– C'est vous, a répondu Missy de sa voix la plus douce possible.

Un sourire incrédule apparut sur le visage de la blonde. Puis un rire nerveux sortit.

– Moi ? Pourquoi je me souviendrais de vous, alors ?

– Si vous vous souvenez bien de ce jour, vous vous souviendrez qu'il était derrière moi et qu'il me maintenait la tête sous l'eau. Et il a été frappé à l'arrière de la tête.

Le Docteur resta muette alors que son sourire disparaissait de son visage. Elle avait envie de nier, de dire qu'elle ne se souvenait pas que Torvic ait bien été frappée à l'arrière de la tête, que Missy confondait peut-être à cause de la tentative de noyade. Parce que si Missy ne se trompait pas, si cela s'était bien passé ainsi, alors Missy avait raison, elle n'avait pas pu le tuer. Et si elle n'avait pas pu le tuer, il n'y avait qu'une seule autre personne présente ce jour-là. Elle s'agita et tenta quand-même de nier ce que sous-entendait son amie :

– Je ne vois toujours pas ce que vous voulez dire.

Missy pencha la tête sur le côté. Son regard était brillant. Brillant de tristesse et brillant de colère.

– Docteur, je ne pouvais pas atteindre l'arrière de sa tête, persista la rousse.

Le Docteur ferma les yeux, horrifiée. Il devait y avoir une autre explication. Elle pouvait se remémorer ce qui s'était passé ce jour-là.

Koschei se débattant sous l'eau. Les bruits des bras tapant dans l'eau étaient toujours aussi vifs qu'à l'époque.

Torvic riant, clamant qu'il voulait assister à une régénération.

Et elle. Derrière lui. Avec une pierre. Dans la main. Sa main se levait et s'abattait dans un craquement ignoble. Mais le sang n'avait que peu d'importance. Torvic n'avait aucune importance. C'était Koschei qui importait. Lui seul. Elle se voit à nouveau se précipiter vers son ami après avoir jeté la pierre près du corps de l'autre garçon pour sortir Koschei de l'eau. Il ne bougeait presque plus. Des larmes inondèrent les joues de Thêta pendant qu'il l'appelait et jusqu'à ce que son ami ne respire à nouveau, les yeux toujours fermés.

En ouvrant les yeux, le Docteur réalisa qu'elle s'était remise à pleurer, comme à cette époque. Elle renifla et essuya ses joues le plus vite possible avant de relever la tête vers Missy. Elle n'avait toujours pas changé d'expression, en dehors d'une légère compassion visible dans le regard. Elle se mordait les lèvres.

– Vous vous êtes souvenu, murmura cette dernière.

– C'était bien votre but en me parlant de ça, non ? siffla le Docteur avec mauvaise humeur. Pourquoi est-ce que c'était si important ? Vous avez passé votre vie en me disant que c'était vous pour je ne sais quelle raison et maintenant, vous cherchez le contraire. Pourquoi ? À quoi ça rime ? C'est pour moi faire du mal ?

L'horreur et la faute avaient cédé la place à la colère chez l'une comme chez l'autre. Pendant l'espace d'un instant, d'un très court instant, le Docteur avait pensé que son amie d'enfance lui avait dit cela pour lui faire du mal.

– Comment pouvez-vous penser que je veux vous faire du mal, après ces dernières années ? Je déploie des efforts surhumains – même si j'ai déjà une force surhumaine – pour changer, pour vous prouver que vous pouvez avoir confiance en moi, et ça ne change rien ?

Missy se relève d'un geste sec et repousse le Docteur qui se mit à la suivre.

– Non, attends, c'est pas ce que je voulais dire, tenta-t-elle.

– Alors que vouliez-vous dire ?! s'emporta la rousse en se retournant pour lui faire face.

Au lieu de prendre le risque de se faire à nouveau mal comprendre ou de dire une bêtise, le Docteur laissa libre cours à toutes ses pensées et toutes ses émotions.

Elle avait déjà tué des gens. Des centaines. Des milliers. Des millions. Des milliards. Une quantité indifférente, innombrable. Son compteur sur la planète d'exécution de Missy était toujours en train de calculer. Rien que cette pensée lui cause envie de vomir. Tout le monde avait pris peur et s'était enfui en voyant son compteur. Ils n'avaient même pas tenté le moindre geste vers elle. Le commandant avait réussi à tenir quelques minutes en lui parlant et avait fini par fuir comme les autres. Et même si cela avait été le but, cela avait également été l'un de ses pires souvenirs. Parce que si Missy avait eu un compteur plus élevé que le sien ou même un peu similaire, alors ils ne l'auraient jamais fait prisonnière, ils l'auraient craint, comme ils l'avaient crain. Ce compteur était la preuve qu'elle pouvait faire pire que le Maître. Et elle n'aurait jamais assumé une telle chose si cela n'avait pas été pour sauver le Maître.

Mais elle a suppléé que c'était la Guerre du Temps qui l'avait rendu si meurtrière. Pendant longtemps, elle s'était persuadée que la faute de sa culpabilité n'était due qu'à la Guerre du Temps et au Docteur de la Guerre. C'était idiot, stupide, parce qu'elle avait déjà tué avant et elle avait encore tué après. Parfois, sans état d'âme. Elle était même prête à tuer un jeune de la Préhistoire qui les ralentissait il y a 1500 ans. Elle en avait été empêchée par Ian de justesse. C'était lui, le premier à lui avoir dit qu'il fallait faire preuve de compassion. Elle savait que son premier meurtre remontait à trop longtemps, mais elle ne pensait pas qu'il remontait à si longtemps, pas à l'enfance. Koschei et elle n'avaient que dix ans, à l'époque.

– Pour me protéger, comme sur la planète où je m'apprêtais à être effectué, lui rappela Missy avec douceur en caressant l'une des joues humides.

– Et c'est la seule raison pour laquelle je veux bien supporter ce fait, souffla le Docteur en tenté de ravaler ses larmes. Je comprends que vous me l'ayez dit. C'était indispensable pour votre rédemption. Comme je l'ai déjà dit, il y a certaines choses difficiles, mais encouragées.

Missy détourna le regard et s'éloigna à nouveau du Docteur qui sentit comme un seau d'eau glacé lui être renversé dessus. Elles retournèrent s'asseoir en silence, les cœurs du Docteur battant aussi vite que ceux de Missy un peu plus tôt.

– Docteur, a commencé-t-elle en produisant quelques mouvements incontrôlables et inhabituels pour elle. Ce n'est pas tout, je…

– Vous avez dû modifier ma mémoire pour soulager ma conscience, je suppose. Vous avez toujours été assez doué dans ce domaine pour le faire lorsque nous étions enfants.

Missy ne la regardait toujours pas.

– Ce n'est pas moi qui ai effacé vos souvenirs.

– Alors qui ? Je ne crois pas avoir déjà rencontré personne plus douée que vous dans ce domaine et il n'y a que vous qui avez activé prêt à me protéger d'une telle façon.

Missy se mordit la langue. Elle hésitait. Elle devait sans doute regarder le Docteur dans les yeux pour lui faire comprendre qu'elle ne voulait pas lui mentir, lui faire du mal. Mais elle ne se sentait pas de plonger son regard dans le sien. Elle voulait juste se renfermer sur elle-même, ne pas penser aux conséquences de son aveu sur le Docteur. Parce que ce serait plus facile. Mais elle n'avait jamais choisi la voie de la facilité. C'était une voie qu'elle avait souvent reproché au Docteur d'emprunter. Alors elle devait faire preuve de courage. Encore une fois, elle devait faire preuve de courage et être là pour le Docteur. Elle ne devait pas se laisser emporter par la rancœur qu'elle sentait encore en elle, même s'il lui serait impossible de passer complètement outre.

– Lorsque Torvic est mort, lorsque vous l'avez tué, même si vous n'aviez pas fait exprès, quelque chose est venu vous voir. Une chose, une personne, c'est un peu compliqué à expliquer. Ce n'était pas une créature matérielle.

La patience du Docteur était mise à rude épreuve. Jamais le Maître n'avait pris autant de chemin détourné pour dire quelque chose. Le maximum qu'il faisait était d'expliquer clairement un cheminement logique qui aurait mené à une action précise ou bien pour se mettre en spectacle. Mais jamais le Missy n'avait parlé avec nervosité. Pas même lorsqu'ils parlaient ensemble dans le Coffre et qu'elle pleurait devant lui.

– Cette chose est appelée la Mort.

– Comme dans les mythes ? se moqua le Docteur. Je sais que j'ai rencontré des dieux et des créatures étranges, mais jamais je n'ai entendu parler de la Mort en dehors des contes pour enfants que nous avions. Ces terribles histoires que ma grand-mère numéro quatre me racontaient quand je faisais des bêtises : « Si tu n'es pas sage, la mort viendra te chercher et tu deviendras quelqu'un de méchant. ».

– C'est une version un peu plus souple de la réalité, mais oui, approuvée Missy d'une voix blanche.

– Vous êtes en train de me dire que ce mythe existe ? s'exclama le Docteur qui commençait à se sentir de plus en plus mal face à cette affirmation et à ce qu'elle impliquait.

– Vous savez aussi bien que moi que tous les mythes de Gallifrey sont réels. L'écharpe de Rassilon, le…

– On a pas la confirmation que tout existe ! se précipita la blonde en se relevant d'un lien. Et puis… d'accord, je veux bien admettre que ce mythe-là a des bases réelles, mais qu'est-ce que ça impliquerait ? Que je sois quelqu'un de mauvais ? C'est ce que vous essayez de me dire ? J'ai tué quand j'étais enfant, alors la Mort est venue me voir et je suis devenu quelqu'un de mauvais ? Ça n'a aucun sens ! Certes, je ne suis pas quelqu'un de bien, mais je ne suis pas non plus quelqu'un de mauvais. Et de nous deux, c'est pas moi qui tue par plaisir.

Le Docteur avait adopté une posture défensive et chacun des mots qu'elle prononçait accentuait les nausées de Missy. Que croyais le Docteur, au juste ? Qu'elle venait lui confesser que son premier meurtre n'était pas celui qu'elle croyait et qu'elle était condamnée à devenir le Valeyard ? C'était ridicule. Pourquoi Missy a fait une chose pareille ? En se concentrant un peu plus sur les pensées du Docteur, elle comprit qu'elles fournissaient d'avoir exactement le même raisonnement. Toute cette histoire était en train d'horrifier le Docteur parce qu'elle ne s'éclairait pas le mais de cette conversation, elle ne s'éclairait pas où elles allaient et pourquoi.

– Donc la Mort a modifié vos souvenirs de ce jour parce que vous avez refusé de devenir son Champion, reprit l'ancienne maitresse du chaos avec une extrême prudence, les yeux toujours plantés dans le regard noisette face à elle. En tant que tel, elle ne pouvait pas vous laisser de souvenirs d'elle.

Dottie pousse un soupir de réduction. Refus. Elle avait refusé d'être au service de cette chose que cela sous-entendait.

– J'veux bien qu'elle m'ait effacé la mémoire, mais pourquoi vous mettre mon meurtre sur le dos ? questionna-t-elle. C'est horrible et…

– Non, ce qui est horrible, c'est ce qui s'est passé juste après que vous ayez refusé.

La voix de Missy avait été plus tranchante, plus l'empreinte de colère qu'elle ne l'avait espéré. Elle ferma les yeux pour essayer de se calmer, de dominer la colère qui émanait d'elle par vagues. Une colère que le Docteur percevait.

– Qu'est-ce qui s'est passé, juste après ? interrogea cette dernière, se rapprochant instinctivement de son amie d'enfance.

Elle avait besoin d'elle. Elle avait besoin de la sentir, de sentir à nouveau l'affection derrière la colère. Une vieille colère. Elle ne voulait pas de cette vieille colère. Elle voulait Missy. Elle voulait la mère de son enfant qui était redevenue si gentille avec elle.

– On ne peut pas refuser quelque chose à la Mort comme ça. Vous ne pouviez pas vous contenter de rejeter sa proposition. Si vous vous défilez, alors vous deviez…

Mais la voix de Missy reste coincée dans sa gorge. Elle ne pouvait pas ! Elle ne pouvait pas parler de ça ! Elle n'aurait jamais dû aborder le sujet ! Elle aurait dû laisser le Docteur le découvrir, une fois mise au pied du mur, ça aurait été tellement plus facile. Plus facile n'avait jamais été les décisions qu'elle avait prises dans sa vie. Alors elle ouvrit de nouveaux yeux pour observer le Docteur dont le regard brillait d'une supplication à peine contenue.

Parce qu'elle savait, parce qu'elle autorisait ce qui était en train de se passer. « On ne peut pas refuser quelque chose à la Mort ». « Si tu n'es pas sage, la mort viendra te chercher et tu deviendras quelqu'un de méchant. ». Colère. Douleur. Rancœur. Trahison. Ce n'était pas les émotions du Docteur, c'étaient celles de Missy, mais elle les ressentait avec une perfection absolue, elle les ressentait comme étant siennes. Peut-être était-ce bien les siennes aussi, après tout ? Oui, elle était aussi en colère. Elle ne voulait pas que Missy continue. Elle avait peur. Elle était triste. Elle avait mal. Elle était en colère. Et dans ce tourbillon d'émotions dont elle ne parvenait plus à identifier l'origine, elle réussit à percevoir la culpabilité. Et cette émotion la frappa de plein fouet parce qu'elle était la seule à ne pas avoir d'échos. C'était une sensation profonde et unique. Solitaire. Une émotion déjà trop familière.

Elle ne voulait pas connaître les prochains mots de Missy. Et Missy ne voulait pas le lui dire, de toute manière. Alors, elle se mit à genoux pour le fournisseur de les laisser dans ce silence apaisant, pour lui prendre les mains et continuer de fixer ses beaux yeux verts. Pendant un instant, un très court, très bref instant, le Docteur put oublier ce qui venait d'être dit. Il n'y avait que le regard clair de Missy dans le sien et sa voix en suspens. Il n'y avait que ces regards ajoutés dans un dernier élan de détresse avant que les mots tant redoutés ne franchissent les lèvres de la mère de son enfant. Il n'y avait que ce tourbillon d'émotions qui les submergeaient et les regards désespérément retenus l'un à l'autre.

Missy ouvrit la bouche.

Non ! Encore une minute. Quelques secondes. Quelques secondes dernières. Quelques dernières secondes où le Docteur pouvait prétendre ne rien comprendre. Quelques secondes de paix. Quelques dernières secondes à savourer, perdues l'une dans l'autre. Pitié, une dernière seconde. Toujours un peu plus, toujours une de plus. Elle en avait désespérément besoin. Et elle savait que Missy aussi. Besoin de quelques dernières secondes.

Elle pressa les mains dans les siennes alors que des larmes d'horreur coulaient sur ses joues.

– La seconde est passée. La minute est passée, Docteur, souffla Missy dont les yeux s'étaient mis à briller à leur tour.

– Ne m'appelez pas comme ça ! Ce n'est pas mon nom ! Ça n'aurait jamais dû l'être !

– Vous vous souvenez ? s'étonna la rousse alors que le Docteur se relevait, se détachant violemment, les épaules tremblantes, détournant le regard, incapable de le fixer.

– Non, je ne me souviens plus. Mais je sais ce que vous allez dire. J'ai compris. Je ne suis pas assez idiote pour ne pas comprendre. Alors s'il vous plait, ne le dites pas maintenant, je ne veux pas que ma pensée devienne réelle.

– Mais c'est déjà réel, Docteur…

– Je vous ai dit de ne pas m'appeler comme ça ! hurla la blonde en se retournant, le visage en partie caché par des mèches de cheveux.

Mais Missy a mis voir sans soucis à travers cela. Elle a mis voir les larmes abondantes et la colère dans son regard. Pas une colère dirigée contre Missy parce qu'elle aurait pensé qu'elle souhaitait lui faire du mal. Non, une colère dirigée contre elle-même, contre l'Univers.

– Vous avez proposé mon âme en échange de la vôtre et rien ne changera cela, Docteur. À présent, vous êtes le Docteur et vous restez toujours le Docteur. Et moi, je suis le Maître.

– Non… souffla cette dernière avec horreur.

– Docteur, pensez à ce que vous ressentez dès que vous me voyez. Pensez à cette culpabilité qui étrangle vos cœurs. Il n'y a aucune raison pour que cette faute existe sinon celle-ci.

– Il doit y avoir une autre explication. Je ne me souviens de rien ! nia la blonde.

– Parce que la Mort vous a effacé la mémoire après son passage !

- Non ! Je peux pas vous avoir trahie de cette façon !

– Vous avez peur, c'est normal.

Normal ? Normal ?! Missy était-elle tombée sur la tête ? En quoi cette décision de sacrifier son âme en échange de la sienne et d'échanger leurs premiers meurtres était normale ? Ce devait être à cause d'elle qu'elle devait ainsi. Parce que pendant longtemps, la seule manière de fonctionner du Maître était celle-ci. Faire du mal était normal. Alors la trahison du Docteur devait être normale pour elle, mais pas pour le Docteur.

– Ce n'est pas votre trahison que je trouve normale, corrigea Missy, les dents serrées. C'est la peur que vous ressentiez et le fait de vouloir vous défaire le plus vite possible de cette Chose. J'aurais probablement fait la même chose.

– Probablement ? Mais « probablement » n'est pas tout à fait la même chose que « j'aurais fait pareil ».

– Docteur, vous pensez enfant, je sais que vous ne me vouliez aucun mal, que vous pensez juste effrayé. Je vous ai pardonné.

Pardonné ? Le Docteur avait déjà pardonné de nombreuses choses au Maître. Mais lui aurait-elle pardonné une telle chose, une telle trahison ? Peut être. Elle n'en savait rien. Mais elle était sûre que Missy ne lui avait pas totalement pardonné. Parce que si le Docteur parvenait toujours à pardonner sans réserve, c'était parce qu'au fond, elle était sûre que c'était sa faute, même si elle n'avait jamais su pourquoi, jusqu'à aujourd'hui. Mais ce n'était pas le cas de Missy. Missy n'avait rien fait de mal pour que le Docteur échange leurs lieux. Elle ne pouvait pas culpabiliser pour ce choix. Elle ne culpabilisait pas pour ce choix. Elle était en colère et elle était triste. Mais elle ne se rendait pas responsable de ce que son ami d'enfance lui avait fait.

Et ça, le Docteur l'avait en horreur. Bien sûr, elle ne voulait pas que Missy lui pardonne quand elle-même était incapable de se pardonner. Mais surtout, elle ne voulait pas que Missy lui mente en lui affirmant avoir accepté la situation, alors qu'une partie d'elle était toujours en colère. Cette partie, elle la sentait très bien. Elle avait refait surface sans remord depuis le début de la conversation.

– Pas à moi ! Je sens ta colère, cassa Dottie.

– Bien sûr que je suis en colère ! Parce que, comme vous avec moi, je vous faisais confiance ! Vous êtes la seule personne dans tout ce fichu Univers qui compte autant pour moi, la seule qui croit en moi. Et je me sens trahie ! Et je suis en colère parce qu'à partir de cette époque, j'ai été condamnée aux ténèbres ! Et je suis en colère parce que c'est à cause de vous ! Et aujourd'hui, je suis en colère parce que vous faîtes tout ce qui est en votre pouvoir pour m'aider à faire le bien, alors que je n'en serai peut-être jamais capable ! Je suis en colère parce qu'à l'époque vous m'avez condamné et qu'aujourd'hui vous êtes la seule personne qui réussit à faire perdu le bon en moi et que ce n'est pas ce qu'il faudrait ! Vous vous souvenez mieux, maintenant ?!

Non, elle ne se sentait pas mieux. Elle voulait se terrer dans un coin de son TARDIS et y dépérir.

– Ne dites pas de telles absurdités, soupira Missy. Ça finira par passer, comme pour… Ça finira par passer.

Elle avait failli dire « comme pour la destruction de Gallifrey ». Et le Docteur n'était pas passé à côté de ça. Oui, la culpabilité s'était atténuée avec le temps. Non, elle n'avait jamais pu se pardonner d'avoir utilisé le Moment. Même alors qu'elle avait tout réparé, elle ne pouvait se pardonner d'avoir appuyé une première fois sur le bouton. Et puis, elle ne cherchait pas à faire partir la culpabilité. Elle la fuyait, en un sens, mais elle ne cherchait pas à la faire disparaître. Elle savait à quel point sa responsabilité était importante, c'était ce qui la faisait avancer, ce qui laissait se convaincre qu'elle faisait le bien, cette promesse qu'elle ne recommencerait jamais. Sa responsabilité était importante et elle ne la laisserait jamais filer car elle ne voulait pas oublier. C'était pareil pour Missy. Elle voulait garder précieusement cette responsabilité pour ne jamais oublier que c'était sa faute, que chaque mauvaise action, chacune des vies que Missy était sa faute. Elle ne pouvait pas se permettre de se pardonner et d'oublier car Missy ne le pourrait jamais, elle. Elle devrait vivre avec ça éternellement.

– C'est très louable de votre part, mais nous n'en sommes plus là, Docteur.

L'indignation se relève, encore plus forte.

– Arrêtez de m'appeler comme ça !

– C'est le nom que vous êtes choisi, vieil idiot ! Vieille idiote, se corrigea Missy d'une voix plus basse.

Pendant un instant, elle avait été tellement aux prises avec ses souvenirs et ses sentiments qu'elle avait oublié que le Docteur était une femme.

– Je n'aurais pas dû le choisir vu à quel point je l'ai bafoué.

– Vous ne pouvez bafouer que quelque chose qui a déjà eu lieu. Vous avez pris cette décision malheureuse lorsque vous avez désigné l'enfant et vous avez pris le nom de « Docteur » en entrant dans l'âge adulte.

– Toute ma vie est basée sur un mensonge, articule la blonde d'une voix étranglée.

– C'est faux, vous avez basé votre vie sur le fait que vous ne vouliez pas faire de mal aux gens et si vous avez refusé l'offre de la Mort, c'est précisément parce que vous ne vouliez pas faire de mal aux gens.

– Sauf à vous…

Le Docteur baissa les yeux et enroula ses bras autour d'elle pour se rassurer.

Missy s'apprête à dire quelque chose. Une question qu'elle avait en tête depuis si longtemps. Mais elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait pas la lui poser car elle ne se souvenait pas de ce jour. Alors elle se leva et prit son amie d'enfance dans ses bras. Cette dernière se détendit immédiatement et agrippa les épaules de Missy. Elle s'y accrocha si fort qu'elle aurait presque senti ses ongles s'enfoncer dans sa peau. Le peu d'espace qui n'existait déjà plus entre elles lui semblait être une torture. Elle ne voulait pas seulement la prendre dans ses bras, se consoler dans ses bras. Elle avait besoin de plus que ça. Elle avait besoin de se fondre complètement en elle, dans son esprit rassurant, de ne faire qu'un avec elle. Parce que l'esprit de Missy était si rassurant, malgré la rancœur qu'elle lui témoignait.

– Tout ce que vous avez fait depuis deux mille ans compte. Vous ne pouviez pas avoir les mêmes valeurs enfant. Vous n'aviez pas les mêmes principes que vous tenez aujourd'hui à cœur. Même à quatre cents ans, vous n'aviez pas les mêmes valeurs qu'aujourd'hui. Vous n'avez pas réalisé ce que vous faisiez. Vous ne pouviez pas le réaliser, vous avez pensé si jeune. Torvic lui-même n'a sans doute même pas réalisé ce qu'il faisait. Pour lui, puisque la régénération existait, il pouvait bien tuer à loisir. Nous étions jeunes, Docteur. Vous ne vouliez pas donner la mort, vous vouliez me protéger. Et quand la Mort est apparue, vous avez ressenti ce que tout être constitué doit normalement respecter en ces circonstances : de la terreur. Je l'ai ressentie aussi quand elle est venue. Vous avez contrecarré tous mes plans lorsque vous y êtes opposés, ou presque. Vous êtes devenu ce qui reconnaît l'équilibre…

La voix de Missy était si douce, c'était un vrai délice. Elle pouvait presque lui faire oublier ce pour quoi le Docteur s'était senti si mal. Oui, Missy pouvait le lui faire oublier ! Elle recula d'un pas pour la regarder d'un air sévère.

– Vous n'utilisez pas vos capacités psychiques sur moi, j'espère ?

– Vous avez besoin d'être un peu apaisé, se justifie la rousse.

Pourquoi Missy la rassurait-elle, la consolait-elle ? C'était le Docteur qui était en faute. Certes, elle avait fait de bonnes actions, depuis, mais le fait demeurait : c'était elle qui était en faute. C'était elle qui devrait se mettre à genoux pour implorer le pardon de Missy. Un pardon qu'elle lui avait donné sans même comprendre le commentaire.

– Docteur… vous ne devez pas vous en vouloir. Peut-être même que ce que vous avez fait était la meilleure chose à faire.

– C'est le moment de faire de l'humour ? demande la blonde avec ténacité.

Elle se détourna à nouveau de Missy, s'agitant à travers les rayons de livres qui les entouraient. Pourquoi avaient-elles eu cette conversation dans la bibliothèque ? Le Docteur aimait la bibliothèque. Maintenant, elle devrait lire dans une autre pièce. Pas dans sa chambre, jamais dans sa chambre, elle y restait toujours un minimum de temps. Non, maintenant, ce serait à nouveau dans la salle de commande.

– Je suis sérieuse, répétez Missy. Que la mort vous prenne vous ou moi, j'aurais toujours eu ces maudits tambours battant de plus en plus fort dans ma tête. Et ces tambours m'auraient toujours obsédé. Ils pourraient-être aussi fait de moi quelqu'un de mauvais, même sans l'influence de la Mort. Imaginez que vous ayez répondu favorablement à la Mort…

– Je serais devenu le Valeyard, soupira la blonde en tressaillant.

Elle s'était toujours refusée à dire ce nom depuis qu'elle l'avait rencontré. Une version future d'elle. Une version maléfique qui devait voir le jour entre sa douzième et sa dernière incarnation. Une idée soudaine effleura son esprit.

– Vous ne devriez pas penser à une telle chose, fit Missy avec colère. C'est pour ça que je ne voulais pas vous en parler. J'avais peur que vous n'ayez cette idée lumineuse… et complètement stupide, soit-dit en passant.

– C'est une super idée. Je dois devenir le Valeyard à un moment donné, peut-être même très prochainement ! Ma prochaine incarnation pourrait devenir diabolique puisqu'il a dit que ce serait entre ma douzième et ma dernière incarnation. Et vous n'avez pas à payer le prix de mes erreurs passées. Si vous me laissiez vous débarrasser de ce fardeau…

– Vous êtes complètement malade !

– Non, je fais preuve de bon sens. Vous m'avez toujours reproché d'être trop émotif. Un jour, je serai le Valeyard. Il faut que mon avenir en tant que méchant vous aide, sinon je serais perdu pour rien.

– Non, vous vous comportez toujours de manière émotive ! Vous faîtes ça parce que vous avez de l'affection pour moi, que vous culpabilisez et que vous voulez m'aider. Déjà, j'ai une autre théorie que la future incarnation pour le Valeyard. Ensuite… Vous êtes malade ?! Vous envisagez de devenir diabolique pour moi ?

– Non, je ne l'envisage pas, je le ferai.

Missy se sentit partagée entre horreur et joie. Elle mesurait bien l'amour que lui portait le Docteur, c'était certain. Mais pour elle, il était inenvisageable de laisser son amie faire une telle chose. D'autant plus qu'il n'y avait aucune certitude que le Docteur devienne le Valeyard, et aucune certitude que les dommages chez elle n'étaient pas déjà irréparables.

– Bien… soupira-t-elle. Outre le fait qu'on ne sache pas si vous deviendrez réellement le Valeyard un jour, sans l'influence de la Mort…

– Je vous rappelle qu'on a vu le Valeyard, tous les deux.

– Oui et je vous rappelle qu'il a essayé de vous tuer dans le passé ce qui aurait provoqué un énorme paradoxe et l'aurait détruit. Ou, il semblait beaucoup tenir à sa vie. J'ai fait plus amplement de recherches quand il a essayé de vous faire condamner à mort par le Haut-Conseil et j'ai pensé qu'il pourrait très bien être une autre version de vous.

– Une version alternative comme venant d'un univers parallèle ?

– Non, plutôt votre côté sombre, Docteur. Ce que je veux dire, c'est que vous passez votre temps à faire tellement de bien, vous ne faîtes pas de mal aux gens par colère. C'est stupéfiant avec deux mille ans d'existence que vous n'ayez jamais cédé une seule fois à votre côté sombre.

– J'ai failli, une fois…

Le visage d'Adélaïde lui revint violemment en mémoire. Mars. Ce point fixe qu'elle n'aurait pas dû altérer, mais qu'elle avait changé… juste parce qu'elle se considérait comme toute puissante. Elle se souviendrait à jamais des mots de cette femme avant de mettre fin à ses jours.

« Un Seigneur du Temps victorieux, c'est mal ! »

Elle avait précieusement gardé ces mots pour toujours se souvenir.

Elle n'avait rien fait de mal au sens strict. Elle n'avait tué personne, n'avait torturé personne, mais elle l'avait senti. Elle avait senti cette supériorité infinie, cette sensation qu'elle pouvait tout faire, que les autres ne pourraient jamais égaler car elle était la seule de son espèce. Personne d'autre n'aurait pu se mettre en travers de son chemin. Elle aurait enfin été un Seigneur du Temps victorieux qui aurait commencé à parler des gens simples qu'elle rencontrait comme étant du menu-fretin, des gens médiocres, mais que serait-il arrivé, ensuite ?

– Justement ! C'est ce que je voulais dire. Vous avez failli ! Vous avez souvent failli basculer et tuer des gens pour des mauvaises raisons. Mais vous ne l'avez jamais fait.

– Et alors ?

– Et alors ?! Docteur, quand je vous dis que le Valeyard est peut-être une autre version de vous, je veux dire qu'il s'agit fort probablement d'une version de vous qui cumule tous vos mauvais côtés, votre visage la plus sombre. Et elle aurait pu se scinder de votre origine.

– Pourquoi ?

– Je ne sais pas. Mais il est déjà arrivé que des Seigneurs du Temps fassent des expériences bizarres pour se diviser, mettre de côté des défauts qu'ils ne supportent pas chez eux. Peut-être que c'est ça que vous ferez dans l'avenir. Car une chose est sûre, nous l'avons vu dans la Matrice, le Valeyard ne naîtra qu'entre votre douzième et votre dernière incarnation. Peut-être qu'un jour, vous décidez de vous débarrasser de votre côté sombre ?

– Ce n'est pas plus certain qu'une version future de moi.

– Je pense que si. Dans le cas où c'est vraiment vous, il y aurait eu un énorme paradoxe que nous aurions tous senti. Je vous rappelle que nous étions sur Gallifrey, tout le monde aurait pu sentir s'il y avait eu un si grand risque.

– Vous êtes sûre que cette théorie n'est pas plutôt faite pour me rassurer ?

– J'ai exposé cette théorie au Haut-Conseil au moment où ils étaient sur le point de vous condamner à mort à cause du Valeyard ! Et la Matrice m'a fourni des preuves. Et ce n'est pas la seule fois qu'un alter ego maléfique essaye de vous tuer.

– Comment ça ?

– Le Seigneur des Rêves !

– C'est un cas particulier. Il n'était pas vraiment fait de chaise et de sang. Et puis comment vous connaissez cette histoire avec le Seigneur des Rêves ?

– Je vous ai longtemps réfléchi pour vous envoyer Clara. Croyez-moi, j'ai raison.

– Lorsque le Valeyard est mort… il m'a dit qu'il était mon avenir.

Le Docteur baissa les yeux. Elle se souvenait de son sourire sadique alors que ces mots franchissaient ses lèvres. Cette conversation s'avérait bien plus difficile que ce qu'elle avait proposé, au départ.

– Peut-être voulu-il vous faire peur ?

La blonde hocha la tête, peu convaincue. Peu importa qu'elle devienne ou non le Valeyard, à vrai dire. Elle refusait que Missy soit condamnée par sa faute.

– C'est trop tard, Docteur. Mon âme est déjà brisée. Ne brisons pas la vôtre en plus.

– La mienne l'est également.

Missy sourit tristement.

– Non, la vôtre est encore intacte, croyez-moi.

– Vous savez combien de personnes j'ai tuées ?

– Oui. Et je sais aussi ce qu'est réellement un monstre privé d'âme et de conscience. Et je sais que quelqu'un avec une âme aussi détruite que la mienne ou celle de la Rani ne se comporte pas de la manière dont vous vous comportez. Pour une fois, ayez confiance en moi, en mon côté sombre. Pour une fois, regardez-vous tel que vous êtes.

Missy ne dit pas, cependant, que son âme n'était pas si attachée qu'elle voulait bien le faire croire au Docteur. Parce que si le Docteur savait que dès qu'elle mourrait, elle allait au Paradis, non en Enfer, elle continuerait d'invoquer cet argument pour briser le contrat passé. Mais elle devait également la rassurer sur un autre point. Un point qui faisait que Missy avait un peu de contrôle sur son destin de Champion de la Mort, l'abandonnait, mais avec un prix peut-être trop élevé.

– Je suis horrible, dit-elle avec douleur.

– Quelqu'un de vraiment horrible ne se considèrerait pas comme tel, Docteur.

– Vous vous considérez comme un monstre et nous savons toutes les deux que vous avez commis des horreurs par le passé.

– Oui, mais comme vous me l'avez dit sur Mondas, j'ai changé, vous le savez.

Dottie sourit à travers ses larmes. Elle se glissa contre la mère de son enfant. Maintenant, elle avait besoin de ce contact. Elle en avait viscéralement besoin. Elle n'avait jamais ressenti un tel besoin vis-à-vis d'elle, auparavant. Elle enfouit son visage dans son cou, respirant son odeur boisée. Elle sentit les douces mains de Missy caresser son dos, dans un geste rassurant. Elle fut secouée par un nouveau sanglot. C'était elle qui lui avait fait du mal et c'était elle qui était réconfortée. Un nouvel élan de culpabilité lui enserra les cœurs. Elle aurait tellement aimé faire plus. Mais elle ne pouvait que partager sa douleur, sa tristesse et sa culpabilité. Elle s'accrocha avec force à la chemise de la rousse, essayant de se rapprocher encore plus d'elle. Elle voulait encore ne faire qu'un avec elle. Cette fois, elle était prête à être complètement apaisée parce qu'elle était si fatiguée. Elle ne pourrait jamais faire la paix avec ce qu'elle venait d'apprendre, elle ne pourrait jamais se pardonner, l'oublier, mais elle avait tant besoin de ressentir le pardon de Missy. Peut-être même l'entendre lui mentir, lui dire que tout ceci n'était qu'un cauchemar.

Elle se concentra sur Missy. Son visage. Ses cheveux roux tombant en cascade. Son regard plein de tendresse et la douceur dont elle faisait preuve pour la rassurer, en cet instant. Son souffle calme dans son cou. Sa colère. Sa culpabilité. Sa peine. Et même sa douleur. Elle voulait les ressentir aussi clairement qu'elle ressentait ses propres émotions. Elle sentit son premier amour se faire plus présente dans son esprit, l'enveloppant avec la plus grande douceur possible. Elle ne se souvenait pas avoir déjà senti le Maître aussi doux. Elle sourit en réalisant que leurs esprits étaient en parfaite harmonie. C'était une sensation si paisible…. Si rarement et parfaitement paisible. Elles n'avaient plus fait cela depuis si longtemps. Le Docteur ne ressentit qu'à cet instant à quel point cela lui avait manqué, à quel point cela lui était vital. Elle aimait ses compagnons, mais ils étaient humains. Elle ne pourrait jamais se sentir complète avec eux, comme Missy la faisait se sentir en ce moment, comme elle l'avait fait se sentir dans leur jeunesse. Ils ne pourraient lui apporter qu'un oubli éphémère.

Brusquement, Missy s'éloigna d'elle et posa ses mains sur son ventre, les sourcils froncés.

– Un problème ? s'inquiète la blonde.

– Plutôt un coup de pied, sourit l'ancienne maîtresse du chaos en posant les mains du Docteur sur son ventre.

Cette dernière sourit, ravie. C'était magnifique de sentir cette vie bouger à l'intérieur.

– Oui, magnifique… La prochaine fois, c'est avec votre vessie que le bébé joue au ballon.

Dottie rit et se concentre sur les battements de cœurs de leur fille.

– D'accord, mais il faudra vite redevenir un homme parce que je ne sais pas combien de temps je resterai une femme, ni si je le redeviendrai après moi.

Missy prit un air plus grave. Lorsqu'elle avait dit cela, c'était sous le coup de l'agacement, elle n'avait pas retenu une seule seconde d'avoir un autre enfant. Pourtant, malgré le rire du Docteur, elle avait été saisie d'une image : deux enfants, pas un. Elle ne pouvait pas la laisser croire que ce serait possible. Elles n'allaient pas fonder une famille. Leur bébé n'était qu'un accident. Un accident merveilleux, certes, mais un accident quand-même. Enfin, pour elles, ça avait été un accident. Pour la Mort, elle n'en était pas complètement sûre.

– Docteur ? Si je vous ai caché ça pendant plusieurs siècles, c'était pour vous protéger. Maintenant, nous allons avoir un enfant et la Mort n'est pas revenu me voir. Il n'y a aucune raison pour que la mort me laisse pendant des dizaines d'années me faire désintoxiquer par vous. C'est une violation du contrat que vous avez passé avec elle il y a deux mille ans. Par conséquent, elle a un autre mais en tête, mais elle ne peut avoir qu'un Champion à la fois et je la sens toujours associée à moi. De plus, tant que je ne lui offre pas une âme en échange de la mienne, elle ne peut pas… aller voir ailleurs, en quelque sorte.

– Qu'est-ce que vous sous-entendez ?

Missy se mordit la langue. Elle avait une pensée en tête. Une pensée persistante depuis quelques mois. Mais elle ne voulait pas l'aborder avec le Docteur. Elle ne voulait pas prononcer ces mots.

– Je vous interdis de penser à ça ! répliqua vivement Dottie en se remettant à arpenter la pièce de long en large.

– Soyons réalistes, tenta l'ancienne maitresse du chaos. Cet enfant aura nos deux patrimoines génétiques combinés. Imaginez une créature munie de toutes les aptitudes, les capacités du Maître et du Docteur réunies. Une telle créature serait assez redoutable pour…

– Déjà, arrêtez de parler de notre fille comme d'étant une créature, intervint le Docteur avec colère. Ensuite, oui, c'est vrai que la combinaison de nos ADN fournit un enfant peut-être plus intelligent que vous et moi. Et il est vrai aussi que si nous l'élevons, cet enfant assimilera certains de nos comportements. Cependant, ça ne signifie pas que notre fille deviendra une créature plus dangereuse que nous deux.

– Qui parle de notre fille comme d'une créature, maintenant ?

- Peu importe…

– Vous avez raison, peu importe la façon dont nous parlons d'elle parce que je sais que la vie qui grandit en moi peut être dangereuse et pas uniquement pour moi lors de l'accouchement. Un mélange de nous deux apportera tout ce que désire la Mort. Vous avez noté son premier choix et je suis son Champion depuis très longtemps. Je sais qu'elle veut notre enfant, Docteur.

– Vous avez dit vous-même qu'elle ne pouvait pas changer, que c'était à vous de proposer un autre nom. Vous ne proposerez jamais celui de notre fille.

– Certainement pas, mais je suis sûre qu'il se prépare quelque chose en rapport avec notre fille.

– D'ailleurs, si vous pouvez proposer d'autres noms en échange de votre, pourquoi vous ne le faites pas ? Les choses seraient arrangées.

– Je ne vais pas condamner une âme innocente comme on me l'a…

– Fait subir, finit le Docteur avec amertume. Ok, très bien, alors vous n'avez qu'à proposer celui d'une personne mal naturellement comme Davros ou la Rani ou n'importe quel Dalek. Oui, les Daleks, les Cybermen et les Sontariens sont nés pour conquérir.

Missy déglutit et regarda le Docteur avec une expression qu'elle ne s'autorisa pas. Peut-être un peu d'horreur ?

– Je ne vous ai peut-être pas expliqué en détails ce que signifiait devenir le Champion de la Mort, dit-elle d'une voix lente.

– Vraisemblablement, distribuer la mort là où vous passez.

– Oui, mon rôle est de provoquer le chaos, pas nécessairement la mort, mais le chaos. Mais ça, ce n'est que mon rôle dans l'Univers. Être le Champion de la Mort n'est pas simplement un titre honorifique.

– Je l'ai bien compris. Elle vous rend maléfique.

- Non. Enfin, si, mais elle ne fait pas que cela. Cette Chose confère certaines capacités à son Champion. Des capacités que je ne mettrais jamais entre les mains de la Rani, de Davros ou des Daleks si je veux vous voir rester en vie.

– C'est-à-dire ?

– C'est-à-dire que moi je suis gentille avec vous parce que nous avons un passé et que malgré des siècles de colère et de dégoût, je n'arrive pas à étouffer l'affection. De plus, vous me connaissez depuis ma naissance et vous savez parfaitement comment je fonctionne, vous me trouvez prévisible au possible, la plupart du temps. Mais une créature que vous connaissez moins bien et qui n'a aucun semblant d'affection pour vous, ce n'est même pas la peine d'y penser.

– Vous êtes gentille avec moi ?

– Je ne vous ai jamais tué.

– C'est pas l'envie qui vous manquait, pourtant.

– Oui, à certains moments, approuva Missy. Mais finalement, je n'y arrivais jamais donc ça me frustrait, donc je me vengeais comme je le pouvais sur la Terre ou vos petits animaux de compagnie.

– Je vois…

– Docteur, j'ai choisi quelque chose de plus important à vous dire. Je ne crois pas que vous soyez la seule responsable de ce qui m'est arrivé.

La blonde fronça les sourcils sans comprendre. Missy lui avait bien dit que c'était sa décision de vendre son âme en échange de la sienne. Comment cela pourrait-il être la faute de quelqu'un d'autre ?

– Lorsque la Mort est venue me voir sur Perfugium, elle m'a montré le souvenir de ce jour. Elle m'a dit que si je voulais vivre et me venger de vous, j'étais son serviteur et sous le coup de la colère, j'ai dit : « Bien sûr, je n'ai pas le choix ». J'ai eu beaucoup de temps pour ressasser ça et j'en suis venue à la conclusion que c'était une manière détournée de me lier complètement à elle. Ne vous méprenez pas, lorsque vous m'avez proposé en échange de vous, elle a accepté et s'est lié immédiatement à moi, je l'ai senti. J'ai senti un changement en moi dès ce jour-là. Mais je pense qu'elle s'est assurée d'avoir mon « consentement », bien que ce ne soit pas volontaire.

Le Docteur écarquilla les yeux. Le nom de Perfugium lui disait quelque chose, mais elle ne parvenait pas à se souvenir précisément de quoi il s'agissait. Missy était en train de lui dire que la Mort l'avait piégée pour obtenir un consentement supplémentaire ? Mais ce n'étaient que des théories, elle ne pouvait pas en être sûre. La seule choisie de sûre, c'était que le Docteur avait bel et bien échangé leurs places et que la Mort s'était liée directement au Maître. Ne lui mentait-elle pas, plutôt, pour soulager son amie ?

– Non, je ne mens pas, assure Missy. Quoi qu'il en soit, je pense qu'un jour, je prévois à nouveau de m'éloigner de vous. Je ne sais pas quand, mais vous…

Le Docteur sentit ses cœurs se serrer violemment dans sa poitrine. Chaque instant où elle s'était retrouvée en compagnie du Maître lui revenait en mémoire. Chaque instant où elle lui avait demandé de rester auprès d'elle. Chaque instant d'hésitation de son ami. Chaque instant de refus. Chaque mort du Maître, les réelles comme les fausses. Cette douleur du dernier regard échangé. Mais pire que tout, les fois où ça avait été le Maître qui avait recherché l'amitié du Docteur et elle qui l'avait rabroué. Elle ne voulait plus s'éloigner de Missy. Elles l'avaient déjà été bien assez. Non, elle ne laisserait pas son amie l'abandonner. Pas après avoir tant espéré. Pas après l'avoir vu changer. Pas alors qu'elles s'étaient enfin retrouvées, comme dans leur jeunesse.

– Je ne le veux pas, mais c'est peut-être la seule option qu'on a.

– Jamais. Vous ne voulez pas que je devienne le Valeyard. Eh bien, moi, je ne veux pas que vous m'abandonniez.

– Mais je suis habituée à un tel train de vie, Docteur.

– Vous pouvez être habituée à ce que vous voulez, si vous cherchez à me fuir, je trouverai le moyen de rentrer en contact avec la Mort et je la convaincrai de me prendre à votre place.

– C'est vous qui fuiez, Docteur. Moi, j'essaye simplement de vous protéger. Si je ne tue personne, ce sera vous et je le refuse.

– Et je n'ai pas travaillé aussi dur. Je n'ai pas tant espéré pour que tout soit réduit à néant pour une erreur d'enfance. Il y a pour cela un autre moyen.

En disant ces mots, le Docteur sentit une vague de nausées la saisirent. Réduire la trahison qu'elle avait commise à une « erreur d'enfance », c'était ignoble.

– La Mort a besoin d'un Champion. Il faut impérativement me remplacer. Et elle semble beaucoup attachée à nous deux. Peut-être qu'elle voudra notre fille. Et peut-être que pour je ne sais quelle raison, elle réussira à l'atteindre. J'essaye trop de m'éloigner de cette Chose, de ne rien comprendre d'elle que j'ignore tout l'étendu de son pouvoir. Je sais juste que pour répandre le chaos, elle doit le faire à travers un Champion.

L'angoisse forma une boule dans sa gorge. Elle ne laisserait jamais l'âme de son enfant en échange de la sienne. Et le Docteur non plus. Mais peut-être qu'elles n'auraient pas le choix. Cette attente était insupportable. Elle avait envie de voir la mort, de lui poser des questions. Mais elle ne voulait pas tenter le Diable. Chaque seconde loin de la Mort laissait en paix, la conscience tranquille et près de son amie. Peut-être que l'attente et l'incertitude la tuaient, mais c'étaient également les seuls moments qu'il lui restait avant de faire un choix.

– Promettez-moi de rester avec moi, avec nous, priez la blonde les larmes aux yeux. Si vous restez avec moi, je pourrais trouver un moyen de vous aider, on pourrait…

– Vous supporteriez que je me remette à tuer des gens ?

– Et vous ?

La rousse baissa la tête. Le supporter ? Comment le savoir ? Tuer était si addictif. Mais sa conscience se tait-elle à nouveau ou l'entendait-elle lui crier que c'était mal ? Que ces gens avaient le droit de vivre. Elle pourrait se remettre à tuer des gens. Elle y était habituée. Elle n'hésiterait pas à tuer des dictateurs, des meurtriers, mais elle le ferait bien plus de temps avant de tuer à nouveau des personnes innocentes.

– Je le supporterai mieux que vous, ça c'est certain, se contenta-t-elle de répondre.

– Ça répond pas vraiment à ma question.

– Mais qu'est-ce que vous voulez que je vous donne une réponse ? Je n'ai aucune certitude sur rien. Je ne sais pas si j'ai réellement une chance de faire le bien comme vous. Je ne sais pas si un jour je ne me réveillerais pas avec l'envie de faire du mal à quelqu'un parce que je suis en colère. Je ne sais pas si je pourrais me réhabituer à tuer sans état d'âme. Je ne sais pas si ma culpabilité sera si forte que je ne pourrais-être même plus tuer de ma vie. Je ne sais pas si notre fille sera en sécurité. Je ne sais pas ce que compte faire la mort. Je ne sais même pas quand elle reviendra. La seule chose dont je suis sûre c'est qu'il vaut mieux un Univers protégé par le Docteur. Un Univers que le Docteur pourra protéger de moi au besoin. La seule chose dont je suis sûre c'est que si je vous ai parlé, ce n'est pas pour vous faire du mal, c'est pour que vous compreniez qu'il est probable que je me remette à tuer, même si je ne vous abandonne pas. Et la seule a choisi dont je suis absolument sûre c'est que je veux rester auprès de vous et de notre enfant. Je veux continuer de veiller sur vous. Et si je dois continuer à vous protéger, je dois rester le Champion de la Mort parce que sinon ce sera vous ou notre fille. Et je pensais vraiment ce que je vous ai dit, tout à l'heure. Peut-être que ce que vous avez fait était la meilleure chose à faire. Je ne pense pas qu'à vous ou notre fille. Je pense aussi à l'Univers. essayez de penser à ça aussi. C'est mieux pour tout le monde si je reste le Champion de la Mort. c'est pour que vous compreniez qu'il est probable que je me remette à tuer, même si je ne vous abandonne pas. Et la seule a choisi dont je suis absolument sûre c'est que je veux rester auprès de vous et de notre enfant. Je veux continuer de veiller sur vous. Et si je dois continuer à vous protéger, je dois rester le Champion de la Mort parce que sinon ce sera vous ou notre fille. Et je pensais vraiment ce que je vous ai dit, tout à l'heure. Peut-être que ce que vous avez fait était la meilleure chose à faire. Je ne pense pas qu'à vous ou notre fille. Je pense aussi à l'Univers. essayez de penser à ça aussi. C'est mieux pour tout le monde si je reste le Champion de la Mort. c'est pour que vous compreniez qu'il est probable que je me remette à tuer, même si je ne vous abandonne pas. Et la seule a choisi dont je suis absolument sûre c'est que je veux rester auprès de vous et de notre enfant. Je veux continuer de veiller sur vous. Et si je dois continuer à vous protéger, je dois rester le Champion de la Mort parce que sinon ce sera vous ou notre fille. Et je pensais vraiment ce que je vous ai dit, tout à l'heure. Peut-être que ce que vous avez fait était la meilleure chose à faire. Je ne pense pas qu'à vous ou notre fille. Je pense aussi à l'Univers. essayez de penser à ça aussi. C'est mieux pour tout le monde si je reste le Champion de la Mort. Je veux continuer de veiller sur vous. Et si je dois continuer à vous protéger, je dois rester le Champion de la Mort parce que sinon ce sera vous ou notre fille. Et je pensais vraiment ce que je vous ai dit, tout à l'heure. Peut-être que ce que vous avez fait était la meilleure chose à faire. Je ne pense pas qu'à vous ou notre fille. Je pense aussi à l'Univers. essayez de penser à ça aussi. C'est mieux pour tout le monde si je reste le Champion de la Mort. Je veux continuer de veiller sur vous. Et si je dois continuer à vous protéger, je dois rester le Champion de la Mort parce que sinon ce sera vous ou notre fille. Et je pensais vraiment ce que je vous ai dit, tout à l'heure. Peut-être que ce que vous avez fait était la meilleure chose à faire. Je ne pense pas qu'à vous ou notre fille. Je pense aussi à l'Univers. essayez de penser à ça aussi. C'est mieux pour tout le monde si je reste le Champion de la Mort. essayez de penser à ça aussi. C'est mieux pour tout le monde si je reste le Champion de la Mort. essayez de penser à ça aussi. C'est mieux pour tout le monde si je reste le Champion de la Mort. C'est mieux pour tout le monde si je reste le Champion de la Mort. Je veux continuer de veiller sur vous. Et si je dois continuer à vous protéger, je dois rester le Champion de la Mort parce que sinon ce sera vous ou notre fille. Et je pensais vraiment ce que je vous ai dit, tout à l'heure. Peut-être que ce que vous avez fait était la meilleure chose à faire. Je ne pense pas qu'à vous ou notre fille. Je pense aussi à l'Univers. essayez de penser à ça aussi. C'est mieux pour tout le monde si je reste le Champion de la Mort. essayez de penser à ça aussi. C'est mieux pour tout le monde si je reste le Champion de la Mort. essayez de penser à ça aussi. C'est mieux pour tout le monde si je reste le Champion de la Mort. C'est mieux pour tout le monde si je reste le Champion de la Mort. Je veux continuer de veiller sur vous. Et si je dois continuer à vous protéger, je dois rester le Champion de la Mort parce que sinon ce sera vous ou notre fille. Et je pensais vraiment ce que je vous ai dit, tout à l'heure. Peut-être que ce que vous avez fait était la meilleure chose à faire. Je ne pense pas qu'à vous ou notre fille. Je pense aussi à l'Univers. essayez de penser à ça aussi. C'est mieux pour tout le monde si je reste le Champion de la Mort. essayez de penser à ça aussi. C'est mieux pour tout le monde si je reste le Champion de la Mort. essayez de penser à ça aussi. C'est mieux pour tout le monde si je reste le Champion de la Mort. je dois rester le Champion de la Mort parce que sinon ce sera vous ou notre fille. Et je pensais vraiment ce que je vous ai dit, tout à l'heure. Peut-être que ce que vous avez fait était la meilleure chose à faire. Je ne pense pas qu'à vous ou notre fille. Je pense aussi à l'Univers. essayez de penser à ça aussi. C'est mieux pour tout le monde si je reste le Champion de la Mort. essayez de penser à ça aussi. C'est mieux pour tout le monde si je reste le Champion de la Mort. essayez de penser à ça aussi. C'est mieux pour tout le monde si je reste le Champion de la Mort. je dois rester le Champion de la Mort parce que sinon ce sera vous ou notre fille. Et je pensais vraiment ce que je vous ai dit, tout à l'heure. Peut-être que ce que vous avez fait était la meilleure chose à faire. Je ne pense pas qu'à vous ou notre fille. Je pense aussi à l'Univers. essayez de penser à ça aussi. C'est mieux pour tout le monde si je reste le Champion de la Mort. essayez de penser à ça aussi. C'est mieux pour tout le monde si je reste le Champion de la Mort. essayez de penser à ça aussi. C'est mieux pour tout le monde si je reste le Champion de la Mort. Je pense aussi à l'Univers. essayez de penser à ça aussi. C'est mieux pour tout le monde si je reste le Champion de la Mort. essayez de penser à ça aussi. C'est mieux pour tout le monde si je reste le Champion de la Mort. essayez de penser à ça aussi. C'est mieux pour tout le monde si je reste le Champion de la Mort. Je pense aussi à l'Univers. essayez de penser à ça aussi. C'est mieux pour tout le monde si je reste le Champion de la Mort. essayez de penser à ça aussi. C'est mieux pour tout le monde si je reste le Champion de la Mort. essayez de penser à ça aussi. C'est mieux pour tout le monde si je reste le Champion de la Mort.

– Vous restez avec moi ?

– Je risque de me remettre à tuer des gens et vous êtes le Docteur.

– Tous vos massacres ou tortures n'ont jamais altéré mes sentiments à votre espérance.

– Oui, nous sommes restées amies, malgré les épreuves…

– Oui, nous sommes amies, approuvons vivement la blonde. Nous sommes amies. Vous êtes ma plus vieille amie dans tout l'Univers, la première. La première amie que j'ai eue. Le premier amour que j'ai eu. Vous avez été la première personne à être tout dans mon Univers. Vous avez été mon ami, mon amour, celui que j'ai embrassé pour la première fois, celui avec qui j'ai été intime pour la première fois. Et c'est vrai que je suis retombée amoureuse dans ma vie. Je ne me suis pas arrêté à vous. Je suis tombée amoureuse d'Arkytior, puis de Sarah Jane et finalement de Rose. Et vous êtes les quatre personnes que j'aime le plus dans l'Univers. Celles que j'aimerai toujours, jusqu'à ce que mes cœurs ne puissent plus supporter de battre tellement ils se sentiront désespérés sans vous. Missy, entre nous, il y a plus que de l'amitié. Même si nous nous sommes mariés à d'autres personnes, par la suite, je n'ai jamais vraiment cessé de vous aimer. Je vous ai toujours aimé et je vous aimerai toujours.

Missy écarquilla les yeux. Elle ne s'était certainement pas attendue à une telle déclaration. Jamais, elles n'avaient réellement mis des mots sur leur relation. Il y avait eu des sous-entendus, des actes plus romantiques et intimes. Mais c'était la première fois qu'elles en parlaient clairement. Et c'était étrange. Missy savait que le Docteur était son amie. Missy savait également qu'elle était la personne la plus importante à ses yeux. Missy savait qu'elle avait été amoureuse du Docteur comme de ses deux épouses. Mais ce que Missy ne savait pas c'était bien ses sentiments actuels envers sa chère amie. Tout ce qu'elles rendraient les renvoyait à un couple humain classique. Et même ces sentiments. Mais elle sentait aussi que cet amour n'était en rien un amour classique. Il y avait quelque chose d'autre qu'un sentiment aussi simple que l'amour ne pouvait pas comprendre. Et aussi cette chose qui l'avait empêché pendant très longtemps d'avouer ses sentiments au Docteur. Une rancœur tenace liée à ce dont elles avaient déjà parlé. Oui, elle n'avait jamais dit « Je t'aime » au Docteur. Lorsqu'ils étaient jeunes et que le Docteur le lui disait, elle l'embrassait pour toute réponse, ne souhaitant pas s'attarder. Et ce sentiment de dégoût permanent qui l'avait suivi depuis Perfugium… Elle n'avait pas pu se repenser à ses sentiments pour le Docteur. Une rancœur tenace liée à ce dont elles avaient déjà parlé. Oui, elle n'avait jamais dit « Je t'aime » au Docteur. Lorsqu'ils étaient jeunes et que le Docteur le lui disait, elle l'embrassait pour toute réponse, ne souhaitant pas s'attarder. Et ce sentiment de dégoût permanent qui l'avait suivi depuis Perfugium… Elle n'avait pas pu se repenser à ses sentiments pour le Docteur. Une rancœur tenace liée à ce dont elles avaient déjà parlé. Oui, elle n'avait jamais dit « Je t'aime » au Docteur. Lorsqu'ils étaient jeunes et que le Docteur le lui disait, elle l'embrassait pour toute réponse, ne souhaitant pas s'attarder. Et ce sentiment de dégoût permanent qui l'avait suivi depuis Perfugium… Elle n'avait pas pu se repenser à ses sentiments pour le Docteur. elle n'avait jamais dit « Je t'aime » au Docteur. Lorsqu'ils étaient jeunes et que le Docteur le lui disait, elle l'embrassait pour toute réponse, ne souhaitant pas s'attarder. Et ce sentiment de dégoût permanent qui l'avait suivi depuis Perfugium… Elle n'avait pas pu se repenser à ses sentiments pour le Docteur. elle n'avait jamais dit « Je t'aime » au Docteur. Lorsqu'ils étaient jeunes et que le Docteur le lui disait, elle l'embrassait pour toute réponse, ne souhaitant pas s'attarder. Et ce sentiment de dégoût permanent qui l'avait suivi depuis Perfugium… Elle n'avait pas pu se repenser à ses sentiments pour le Docteur.

– Je ne peux pas vous dire si vos sentiments actuels sont partagés. J'ai besoin de plus de... temps. J'ai encore beaucoup de choses qui m'inquiètent et je ne peux pas réfléchir correctement.

– Oh, vous vous inquiétez pas, je sais très bien que vous avez toujours une affection débordante pour moi, sinon vous ne seriez pas là et vous ne voudriez pas me protéger.

Missy a coupé un sourire triste parce que malgré l'air enjoué du Docteur, elle pouvait voir derrière.

– Vous restez avec moi ? s'inquiète Dottie.

L'ancienne maîtresse du chaos passe une main sur son ventre et prend celle de son premier amour dans l'autre. Puis elle se plongea dans ses yeux noisette. Elle sourit, d'un sourire plus rassurant. Qu'importe la couleur de ses yeux, elle se sentait toujours si apaisée en s'y plongeant. Et en cet instant, ce regard lui permet à nouveau d'espérer.

– J'essaye toujours de vous suivre partout, Docteur.


J'espère que ce chapitre vous aura plu !

N'hésitez pas à me laisser une revue pour que je sache ce que vous pensez de la direction que j'ai prise entre le Docteur et le Maître !

A dimanche prochain ! ^^